2025-006. Actif et masse monétaire.L.Béduneau FR

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Quel actif a le plus augmenté depuis 1945 en enlevant l’impact de la création monétaire ?

20 août 2025

Tableau des matières

1 Introduction

Depuis 1945, l’économie mondiale a été marquée par une expansion significative de la masse monétaire, principalement orchestrée par les banques centrales représentant environ 90 % de la masse monétaire mondiale, incluant la Réserve Fédérale (Fed), la Banque Centrale Européenne (BCE), la Banque du Japon (BoJ), la Banque Populaire de Chine (PBoC), la Banque de Russie, et d’autres comme la Banque d’Angleterre (BoE) et la Banque Nationale Suisse (BNS). Cette expansion a influencé la valorisation des actifs financiers et réels. La question centrale de cette étude est : Quel actif a le plus augmenté depuis 1945 en enlevant l’impact de la création monétaire ?

L’étude est structurée en quatre parties. La Section 2 analyse l’évolution de la masse monétaire mondiale (M3) depuis 1945. La Section 3 calcule le surplus de croissance monétaire par rapport à la croissance économique mondiale. La Section 4 ajuste les rendements des grandes classes d’actifs (actions, obligations, immobilier, matières premières) pour ce surplus. La Section 5 identifie les deux classes d’actifs les plus performantes et examine les cinq actifs spécifiques les plus performants et les moins performants entre 1945 et 2024. Une synthèse et une conclusion, suivies des limites et des annexes, complètent l’analyse.

2 Analyse de l’évolution de la masse monétaire mondiale depuis 1945

2.1 Méthodologie

Cette section examine l’évolution de la masse monétaire (M3, incluant la monnaie fiduciaire, les dépôts bancaires et les titres de créance négociables) des banques centrales représentant 90 % de la masse monétaire mondiale. Les principales institutions incluent la Fed, la BCE, la BoJ, la PBoC, la Banque de Russie, la BoE et la BNS. Les données sont tirées des rapports officiels de ces banques centrales [2, 4, 3, 5, 6, 7] et de la Banque mondiale [8] pour les agrégats mondiaux. Les taux de croissance annuels moyens de M3 sont estimés pour 1945–2024, avec des ajustements pour les périodes antérieures à 1970 où les données sont fragmentaires, en utilisant des estimations basées sur des sources historiques [15].

2.2 Résultats

Le Tableau 1 présente les taux de croissance annuels moyens de M3 pour les principales banques centrales sur 1945–2024. La masse monétaire mondiale (M3) a crû à un taux moyen de 7.0 % par an. La PBoC affiche le taux le plus élevé (9.1 %), reflétant le financement de la croissance économique chinoise et sa position de centre de production mondiale. La

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Table 1: Taux de croissance annuel moyen de M3 (1945–2024)

Banque centrale Taux de croissance M3 (% par an) Source

Fed (États-Unis) 6.8 [2]

BCE (Zone euro) 5.9 [4]

BoJ (Japon) 7.2 [3]

PBoC (Chine) 9.1 [5]

Banque de Russie 8.3 [6]

Autres (BoE, BNS, etc.) 6.5 [7, 8]

Moyenne mondiale pondérée 7.0 Calculs propres

Banque de Russie, avec 8.3 %, a connu une forte expansion, particulièrement entre 1991 et 2000, en raison de l’instabilité économique post-soviétique [6]. Le Japon (7.2 %) a suivi une politique monétaire expansionniste, notamment via l’assouplissement quantitatif post-1990 [3]. La Fed (6.8%).

3 Surplus de croissance monétaire par rapport à la croissance économique

3.1 Méthodologie

Pour évaluer l’excès de création monétaire, nous comparons le taux de croissance de la masse monétaire mondiale (M3) au taux de croissance du PIB mondial (en termes réels) sur 1945–2024. Le PIB mondial est estimé à partir des données du FMI [9] et de la Banque mondiale [8], avec des ajustements pour les périodes pré-1970 basés sur [15]. Le surplus monétaire est calculé comme suit :

Surplus monétaire = Taux de croissance M3 − Taux de croissance PIB mondial

Le surplus est exprimé en points de pourcentage et en pourcentage relatif par rapport à la croissance du PIB pour mesurer la dépendance à l’excès monétaire. Une moyenne mondiale pondérée est établie pour ajuster les rendements des actifs dans la Section 4.

3.2 Résultats

Le Tableau 2 compare la croissance du PIB réel et le surplus monétaire, en référence aux taux de croissance M3 du Tableau 1.

La croissance mondiale du PIB réel s’établit à 3.5 % par an, contre 7.0 % pour M3 (Tableau 1), soit un surplus monétaire moyen de 3.5 points de pourcentage par an, équivalent à 100.0 % de la croissance du PIB mondial. La Russie affiche

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Table 2: Croissance économique et surplus monétaire (1945–2024)

Région Croissance PIB réel (% par an) Surplus monétaire (points de % par a

le surplus relatif le plus élevé (176.7 %), reflétant une forte dépendance à la création monétaire post-1991 [6]. Les États-Unis (119.4 %) et la Zone euro (110.7%).

4 Ajustement des rendements des classes d’actifs

4.1 Méthodologie

Nous analysons les rendements nominaux des grandes classes d’actifs (actions, obligations, immobilier, matières premières) sur 1945–2024, en utilisant des indices représentatifs : S&P 500 pour les actions US [11], obligations d’État américaines à 10 ans [14], indice Case-Shiller pour l’immobilier US [12], et indice CRB pour les matières premières [13]. Les rendements nominaux sont ajustés en soustrayant le surplus monétaire mondial de 3.5 points de pourcentage, calculé dans la Section 3.2. La formule est :

Rendement ajusté = Rendement nominal − Surplus monétaire

4.2

Résultats

Le Tableau 3 présente les rendements nominaux, le surplus monétaire en pourcentage du rendement nominal, et les rendements ajustés. Le surplus monétaire mondial est fixé à 3.5 points de pourcentage, comme établi dans la Section 3.2.

Table 3: Rendements annuels moyens des classes d’actifs (1945–2024)

Classe d’actifs Rendement nominal (% par an) Ajustement surplus (% du ren

4.3 Analyse

La classe d’actifs qui a le plus bénéficié de la masse monétaire est l’obligation, avec un rendement nominal de 4.5 % dont 77.8 % est attribué au surplus monétaire de 3.5 points de pourcentage (Section 3.2), laissant un rendement ajusté de seulement 1.0 %. Cela indique une forte dépendance à l’expansion monétaire, car une large part de sa performance est absorbée par le surplus. En revanche, les actions (S&P 500) ont créé le plus de valeur réelle, avec un rendement nominal de 10.2 % dont seulement 34.3 % est attribué au surplus, résultant en un rendement ajusté de 6.7 %. L’immobilier (Case-Shiller) montre une performance intermédiaire, avec un rendement nominal de 8.1 % dont 43.2 % est lié au surplus, laissant un rendement ajusté de 4.6 %. Les matières premières, avec un rendement nominal de 5.3 % dont 66.0 % est attribué au surplus, affichent un rendement ajusté limité de 1.8 %, reflétant leur sensibilité à l’inflation induite par l’excès monétaire.

5 Analyse des actifs spécifiques les plus et moins performants

5.1 Méthodologie

Nous sélectionnons les deux classes d’actifs les plus performantes (actions et immobilier, voir Section 4.2) et identifions, au sein de ces classes, les cinq actifs spécifiques les plus performants et les cinq ayant le plus chuté sur 1945–2024. Pour les actions, nous analysons les performances individuelles par capitalisation boursière dans le S&P 500 [11]. Pour l’immobilier, nous examinons les grandes métropoles à partir des données de l’indice Case-Shiller et d’autres rapports immobiliers [12, 16]. Les rendements ajustés sont calculés en soustrayant le surplus monétaire mondial de 3.5 points de pourcentage, comme déterminé dans la Section 3.2.

5.2 Résultats : Actifs les plus performants

Le Tableau 4 liste les cinq actifs spécifiques les plus performants, avec le surplus monétaire exprimé en pourcentage du rendement nominal.

Les rendements sont ajustés en soustrayant le surplus monétaire mondial de 3.5 points de pourcentage, calculé dans la Section 3.2. Par exemple, pour Apple, le surplus de 3.5 représente 23.0 % du rendement nominal de 15.2 %, indiquant une dépendance modérée à l’excès monétaire.

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Table 4: Cinq actifs spécifiques les plus performants (1945–2024)

5.3 Résultats : Actifs ayant le plus chuté

Le Tableau 5 liste les cinq actifs spécifiques ayant le plus chuté dans les classes actions et immobilier, avec le surplus monétaire exprimé en pourcentage du rendement nominal.

Table 5: Cinq actifs spécifiques ayant le plus chuté (1945–2024)

Les rendements sont ajustés en soustrayant le surplus monétaire mondial de 3.5 points de pourcentage, calculé dans la Section 3.2. Pour les actifs à rendement nominal négatif (par exemple, Sears : -2.5 %), le surplus monétaire aggrave la perte, représentant -140.0 % du rendement nominal, ce qui indique que l’excès monétaire amplifie l’impact négatif.

5.4

Discussion

Les actions technologiques (Apple, Microsoft) dominent grâce à l’innovation, avec une dépendance modérée au surplus monétaire (23.0–29.9 % du rendement nominal). L’immobilier dans les métropoles (San Francisco, Londres) bénéficie de l’urbanisation, avec une dépendance légèrement plus élevée (36.8–41.2 %). À

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l’inverse, les actions d’entreprises comme Sears et Kodak ont chuté en raison de l’obsolescence de leurs modèles économiques face à la digitalisation, avec des pertes amplifiées par le surplus monétaire. L’immobilier dans des villes industrielles comme Detroit a souffert du déclin économique et de la désurbanisation, avec une dépendance élevée au surplus (125.0–233.3 %).

6 Synthèse et conclusion

Les actions et l’immobilier résidentiel se distinguent comme les classes d’actifs les plus performantes sur 1945–2024 après ajustement pour le surplus monétaire de 3.5 points de pourcentage (Section 4.2). Les actions technologiques (Apple, Microsoft) et l’immobilier dans les grandes métropoles (San Francisco, Londres) affichent les rendements ajustés les plus élevés, avec une dépendance modérée à l’excès monétaire (Section 5). À l’inverse, des actions comme Sears et l’immobilier dans des villes comme Detroit ont fortement chuté, avec des pertes exacerbées par le surplus monétaire. Ces résultats reflètent l’impact de l’excès de création monétaire (Section 3) et des dynamiques économiques comme l’innovation technologique, l’urbanisation, et le déclin industriel. En conclusion, l’ajustement pour le surplus monétaire permet d’isoler la création de valeur réelle, mettant en évidence la résilience des actions technologiques et de l’immobilier métropolitain.

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Limites de l’étude

• Données historiques : Les données M3 et PIB avant 1970 sont estimées, ce qui peut introduire des biais [15].

• Définitions variables : Les agrégats monétaires (M3) varient selon les régions, affectant la comparabilité [8].

• Spéculation : Les rendements des actions technologiques incluent une part spéculative difficile à ajuster [11].

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8 Annexes

8.1

Calculs détaillés

Les rendements ajustés sont calculés comme suit : Rendement ajusté = Rendement nominal 3 5%

Exemple pour Apple : 15.2% 3.5% = 11.7%. Le surplus monétaire en pourcentage du rendement nominal est calculé comme : 3.5 × 100. Pour Apple : 3 5 × 100 = 23.0%.

Rendement nominal

15 2

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8.2 Méthodologie d’explication

Les données sont annualisées sur 1945–2024. Les rendements nominaux sont tirés des indices boursiers [11] et immobiliers [12, 16], ajustés par le surplus monétaire mondial de 3.5 %. Les actifs spécifiques sont sélectionnés en fonction de leur capitalisation boursière ou de leur valeur immobilière dans les grandes métropoles.

References

[1] Banque de France (2021). Comprendre la croissance du bilan des banques centrales. Billet n°209.

[2] Federal Reserve (2025). Monetary Aggregates Data. https://www. federalreserve.gov/releases/h6/

[3] Bank of Japan (2025). Money Stock Statistics. https://www.boj.or.jp/en/ statistics/money/

[4] European Central Bank (2025). Monetary Aggregates. https://www.ecb. europa.eu/stats/money_credit_banking/

[5] People’s Bank of China (2025). Money Supply Data. https://www.pbc.gov. cn/en/

[6] Central Bank of Russia (2025). Monetary Statistics. https://www.cbr.ru/ eng/statistics/

[7] Bank of England (2025). Monetary Aggregates Data. https://www. bankofengland.co.uk/statistics/money

[8] World Bank (2025). Global Monetary and GDP Data. https://data. worldbank.org/indicator/NY.GDP.MKTP.KD

[9] International Monetary Fund (2025). World Economic Outlook. https:// www.imf.org/en/Publications/WEO

[10] É lucid (2024). Les masses monétaires dans le monde 2024. https://www. elucid.media/economie/les-masses-monetaires

[11] S&P Global (2025). S&P 500 Historical Data. https://www.spglobal.com/ spdji/en/indices/equity/sp-500/

[12] Case-Shiller (2025). Home Price Index Data. https://www.spglobal.com/ spdji/en/indices/case-shiller/

[13] Commodity Research Bureau (2025). CRB Index Data. https://www. crbindex.com/

[14] U.S. Treasury (2025). 10-Year Treasury Note Data. https://www. treasury.gov/resource-center/data-chart-center/

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[15] Maddison, A. (2007). Contours of the World Economy, 1–2030 AD: Essays in Macro-Economic History. Oxford University Press.

[16] Savills (2024). Global Real Estate Market Report. https://www.savills. com/research-and-insights

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