Memento Vivere - op. 1

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Lou camino Memento Vivere

10 mars - 10 avril 2015


Cet opus rassemble un mois de duos tels que je les publie quotidiennement sur mon site Internet. www.loucamino.com Photographies, textes : Lou Camino Tous droits rĂŠservĂŠs, 2015


Lou camino Memento Vivere

10 mars - 10 avril 2015





Faites vos jeux !

Face à ce quatuor de marches a priori banales si ce n’est qu’elles sont recouvertes d’algues fraîches que vous identifiez assez rapidement comme potentiellement dangereuses car glissantes, ce qui les rend, dans l’instant, singulières, vous allez prendre une décision qui en dit long sur votre relation au risque… Cela va se passer extrêmement vite, et avec un peu de chance, vous ne vous rendrez absolument compte de rien. Mais moi, si. Certains prendront donc leur élan, synthétisant en 6 microsecondes leurs lointains cours de triple saut et de saut en hauteur, pour se hisser de la dernière marche saine (en bas) à la première à peu près exempte d’algues (ici, la 5e), en croisant tout ce qu’ils peuvent pour ne pas tomber à la renverse en l’atteignant (ou pas). Les inconscients pour qui rien n’est impossible jusqu’à preuve du contraire. D’autres contourneront soigneusement le tapis vert en empruntant le chemin de pierres découvert à sa gauche, assez pentu, sans prise et nécessitant, à défaut de ventouses de geckos, des semelles antidérapantes et des mollets de cycliste. Les témé-

raires avertis enclins à remplacer un risque par un autre, modéré. Certains encore affronteront courageusement autant que prudemment l’obstacle en posant lentement et à plat chacun de leurs deux pieds sur les marches, un peu à la manière d’un enfant face à ses premiers escaliers, mais en allant un peu plus vite à chaque pas. Les pragmatiques qui pèseront toujours le pour et le contre avant d’agir, à la recherche d’un compromis satisfaisant. Quant aux fans du principe de précaution, que d’aucuns voient plutôt comme un principe de stagnation, ils balanceront la tête à gauche puis à droite (ou inversement, cela n’a pas de réelle importance dans le cas présent) et se dirigeront vers un escalier voisin, parfois lointain, dénué d’algues et donc, sans risque… Rien ne dit toutefois, qu’en chemin, le cœur léger et les yeux rivés vers l’horizon, ils ne tomberont pas dans un trou creusé dans le sable par une marmaille partie sans prendre le temps de le reboucher…

mots clés : algue, danger, escalier, humour, principe de précaution, risque, Saint-Malo



Y voir plus clair ! Les plus attentifs d’entre vous noteront une ressemblance manifeste et symbolique avec la photo publiée hier dans Faites vos jeux ! Une ambiance verte, des marches, un piège et une vague théorie sur la gestion du risque que je pourrais également développer ici, mais de façon plus poétique. C’est totalement fortuit. Du moins, cette juxtaposition. Le sujet l’est sûrement un peu moins puisque, dans les deux cas, je suis l’auteur de la photo. Devrais-je pour autant en déduire que mon inconscient cherche à communiquer avec moi par l’intermédiaire de mon appareil photo ? Laissons ce sujet majeur de côté pour l’instant car j’ai prévu autre chose pour ce soir. Oui, ce soir, c’est le grand déballage ! Photographique, rassurez-vous… Même si, comme nous venons de le voir, une photo n’est jamais simplement une photo… Pas de déménagement cette fois-ci, ni de stand de bric-à-brac à installer dans un quelconque vide-grenier, mais un grand besoin de faire le vide. Ce qui revient un peu au même. C’est bientôt le printemps, la saison officielle du nettoyage, ça tombe bien ! Naïvement, je me dis que prendre un nouveau départ s’accompagne forcément d’une remise à zéro des compteurs. Idéalement, je me débarrasserais bien des piles de vieux magazines qui traînent à gauche et à droite (mais je ne les ai pas encore triés), ou je rangerais bien mon bureau (mais je n’y retrouverais

plus rien), ou j’apporterais bien ce sac de vêtements végétant dans un coin depuis plusieurs mois à l’association du coin (un autre : que de coins, je suis d’accord !). Arrêtons de fantasmer : je vais me contenter de faire le vide dans mes dossiers. Sur mon ordi. C’est une grande satisfaction que de réussir à le faire. Malheureusement, supprimer 1 ou 1000 fichiers de votre ordinateur ne change absolument rien à l’état de votre appartement ! Ou les désavantages du virtuel… Ceci n’est pas tout à fait correct. Je ne vais pas les supprimer, je vais vous les montrer. Pour mieux m’en débarrasser et faire d’autres choix donc, puisque j’ai décidé d’écrire à nouveau sous/sur ces images. Ces images que je traîne dans le dossier des photos potentielles de la semaine, dans lequel je pioche parfois, et que je transvase dans un nouveau dossier si je ne l’ai pas diffusée. Je vous les livre d’un coup, d’abord pour la raison évoquée juste au dessus, et aussi parce que, comme pour les piles de vieux magazines, je suis fatiguée de les voir chaque semaine dans ce fameux dossier. Si elles pouvaient prendre la poussière, on ne les verrait déjà plus. Donc, les voilà, dans leur désordre naturel, sans autre lien les unes avec les autres que ceux que vous pourrez imaginer en les découvrant.









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Rapports de force

Pour me retrouver fortuitement face à cette inattendue peinture murale qui m’a instantanément envoyée à 11 817 km de là 3 ans 4 mois et exactement 4 jours auparavant, il a fallu que je me laisse guider par plusieurs indices, non perçus comme tels sur le moment. Le premier ? Une irrésistible, autant qu’incompréhensible, envie de voir le minuscule Manneken-Pis avant de quitter Bruxelles. Le deuxième ? Fuir ledit lieu le plus vite possible en remontant la rue du Chêne, car totalement déserte. Le troisième ? Quelques dizaines de mètres plus tard, tomber œil à œil avec son pendant vêtu, géant et voyou peint sur un mur donnant sur une ruelle a priori sans intérêt. (..)


(...) Le quatrième ? S’approcher pour prendre une autre photo sur laquelle ne figure pas le matériel rouge de Kontrimo. Et découvrir que la ruelle n’est pas si banale car elle ne donne sur rien. Plus précisément, il s’agit d’une impasse. Et au bout de cette impasse se cache une forêt. Celle ci-dessus. Une forêt bidimensionnelle. Une forêt de fiction en somme. En moi, une joie – cette sensation d’avoir découvert un trésor sans avoir eu à creuser, littéralement – teintée de tristesse – voilà où les hommes de la ville en sont rendus : peindre des arbres sur les murs pour

faire venir la nature à eux. Et c’est à cet instant précis que m’est apparue le souvenir de cette vieille maison hawaïenne, méthodiquement mangée par les racines d’arbres immenses dont la croissance n’est entravée par personne… Quel magnifique contre-pied à ce mur bruxellois, que je suis toutefois heureuse d’avoir rencontré pour le lien indéfectible qu’il a permis de créer avec son écho hawaïen, illustrant ainsi des rapports de force diamétralement opposés entre le bâti et la nature.

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(Presque) seule au monde

Le réveil sonne. Doucement mais sûrement. Je l’éteins rapidement pour ne pas me faire remarquer. La chambre est encore plongée dans la pénombre et le monde dans un silence bienveillant. Il n’est pas encore 6h et le lit dont je viens de m’extraire se trouve dans une grande maison de bois entourée de pins Douglas à quelques encablures d’un charmant village de pêcheurs posé à l’un de ces bouts du bout du monde tels que je les affectionne : Tofino, sur une péninsule du flanc ouest de l’île de Vancouver.

Je suis seule sur cette longue langue de sable blond. Je jubile. Je me sens, comme rarement, en parfaite harmonie avec les éléments. Et plus encore lorsqu’il se pointe enfin, à son rythme, lent mais invariable, se frayant un chemin entre les branches des arbres faisant face à l’immensité océanique. Il monte petit à petit et efface délicatement les mystères de la brume nocturne. Le ciel s’éclaircit, la vie dore et le monde s’éveille peu à peu. D’abord les oiseaux, puis mes congénères, que je vois traverser la forêt et converger vers la plage, comme ce couple qui transcende et magnifie soudainement mon horizon…

Il fait frais, je me couvre bien et sors de la maison sur la pointe des pieds. Traverse lentement la bande de forêt qui me sépare de l’océan Pacifique et je l’at- Je ne suis plus seule et c’est beau, aussi. tends. Il est encore un peu tôt mais il ne devrait plus tarder. On s’est donnés rendez-vous vers 6h30 sur cette plage que la marée basse rend immense. Je ne m’inquiète pas vraiment, il est toujours très ponctuel. Pendant quelques minutes, je me laisse envelopper par cette douce atmosphère aurorale et bercée par la musique des vagues qui, chaque seconde, grappillent du terrain à la terre.

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A partir de là…

Pour les besoins de ce billet (et faire perdurer la magie de nos errances citadines), faisons donc cette hypothèse pré-nostalgique que vous préférez toujours lire des cartes. Le plus souvent, associées à un certain sens de l’orientation, elles suffisent amplement ! Mais il peut arriver également que ce ne soit pas le cas. « A partir de là, les noms de rue ne sont plus indiquées sur le plan, demandez votre chemin. » Retour à la phrase départ. C’est bien beau mais vous ne parlez pas javanais, ni japonais d’ailleurs, ou si peu. Même si vous êtes incapable de vous repérer finement, vous Dans le premier cas, seule votre envie et votre curio- savez toutefois que vous n’êtes pas si loin du but. sité vous guident. Peu importe, au final, que vous ne Alors, vous vous lancez vers l’inconnu. En l’occurrensachiez pas précisément où vous êtes. Cela fait partie ce, un épicier à qui vous essayez de faire comprendre du voyage. Dans le second cas, une carte peut être que vous cherchez un ancien sento reconverti en café utile. En écrivant cela, je réalise à quel point cette tout près d’un très vieux onsen. Fastoche ! phrase est potentiellement une espèce en voie de disparition. Car aujourd’hui, pour se repérer et se Malheureusement, vous n’avez pas imaginé, en porendre quelque part sans effort, nombreux sont ceux sant la question dans l’idiome local que votre inqui s’appuient sur leur extension connectée : leur terlocuteur allait logiquement en déduire que vous smartphone géolocalisé doté d’un GPS. Que c’est le maîtrisiez et donc vous répondre tout naturellement – c’est-à-dire très rapidement – dans sa langue triste ! natale. Interloqué mais poli, vous l’écouterez (...) … les rues ne sont plus indiquées donc demandez votre chemin ! Une évidence bien entendu ! En pratique, tout dépend de l’endroit où vous êtes. Où que vous soyez dans le monde, vous avez en effet deux façons de découvrir une ville que vous ne connaissez pas. Bien entendu, il y en a bien plus que deux, mais c’est parfois reposant d’aborder la vie avec une âme binaire ! La première : partir à l’aventure sans plan ni objectif précis en tête quitte à passer juste à côté de l’incontournable. La seconde : définir un plan d’attaque avec étapes prédéfinies.


(...) patiemment en hochant la tête comme vous l’avez vu mille fois fait depuis votre arrivée, ce qu’il interprétera comme un acquiescement et un signe de compréhension de votre part, alors que vous n’y entendez absolument rien et n’attendez qu’une chose : la fin de son interminable explication, qui vous incite à vous poser une nouvelle question. Est-elle aussi longue car fourmillant de détails sur tout ce que vous allez rencontrer sur votre chemin ou car le lieu recherché est finalement bien plus loin que vous ne le croyiez ? Evidemment, vous ne le saurez jamais.

rez la porte sans y croire vraiment et vous vous poserez dans un coin avec cette sensation d’avoir traversé la terre entière pour y arriver, aussitôt remplacée par celle, délicieuse, d’être dans un monde à part.

De fait, après l’avoir remercié dix fois minimum, vous vous éloignerez lentement mais sûrement vers la première direction indiquée (et que vous aviez miraculeusement comprise), disparaitrez à un angle avant de vous arrêter net pour vous replonger dans votre carte pleine de défauts mais ayant cet avantage indéniable à ce moment de parler la même langue que vous. Là , faute d’alternative, vous combinerez les deux façons de découvrir une ville : « ça doit être par là ! » (accompagné d’un geste vague vers là-bas donc). Quelques minutes après, chance ou pas, vous tomberez sur ledit sento tant convoité. Vous pousse-

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Empathie du soir

J’aime cette heure tardive et sans nuage de la journée où la vie devient bidimensionnelle et où même notre ombre semble si fatiguée qu’elle s’étale de tout son long sur un macadam transformé en immense divan collectif.

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Défaut de conception

tualité que vient l’expression « avoir le bras long » ?) Et cela nécessite une logistique que l’on a peine à imaginer. Combien de fois, dans la précipitation, cet éléphant a-t-il marché dessus, puis trébuché, devenant la risée du plan d’eau de récréation dès son plus jeune âge ? Et à quoi est-ce dû : un problème de coordination de la croissance de la trompe et de celle du reste du corps ? « Ach, zut, elle a poussé trop vite » remarque l’ingénieur en chef du rayon éléphant. « Trop tard ! Et puis, on peut bien vivre avec un petit défaut » lui répond laconiquement le sous-chef en sortant néanmoins la bête de la chaîne pour lui éviter la sauvage élimination par l’intraitable responsable du contrôle qualité qu’ils entendent d’ici : « combien de fois devrais-je vous répéter d’arrêter la trompe à 30 centimètres du sol ? Ça vous plairait, à vous, d’avoir les bras qui ratissent le sol ? (Vous voyez !) Et Jusqu’à ce que vous ne tombiez sur cet éléphant à la en plus, vous l’avez fait sur le petit aussi ! Allez, aux réserve d’Etosha en Namibie. Franchement, c’est quoi lions ! » En fait, là, spontanément, vous lui trouvez cette trompe ? Vous en avez déjà vu, vous, des trom- quand même un avantage à cette trompe anormalepes qui traînent à ce point par terre ? C’est comme si ment longue : celui de pouvoir l’enrouler autour du vos bras touchaient le sol ! Je vous assure, c’est loin cou en hiver, telle une écharpe intégrée ! Oui, je sais, d’être pratique au quotidien (est-ce de cette éven- ce n’est pas gentil de se moquer… Comme moi, vous avez sûrement entendu, dans votre prime jeunesse, qu’il était méchant de se moquer du physique de vos petits camarades d’école ou de jeu. Car ce n’était pas la faute de Pierre si la nature l’avait doté de grandes oreilles (et peut-être un peu son père aussi, qui devenait indirectement la cible collatérale de la moquerie) ni celle de Nora si elle louchait un peu (ce qui la faisait immanquablement ressembler à votre chat complètement fêlé). A l’époque, vous n’étiez qu’un enfant et vous appreniez juste le pouvoir des mots. Or, pour apprendre, il fallait tester donc se moquer. Vous aviez ensuite appris à tourner sept fois votre langue dans votre bouche avant de lancer des sentences susceptibles de blesser vos interlocuteurs et aviez tranquillement poursuivi votre vie sans subir ni créer de traumatisme inoubliable…

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Mort à Venise

C’est un peu comme le nez au milieu de la figure… Il a beau être au milieu donc, très présent forcément, voire plutôt imposant (le relief principal de notre visage, jusqu’à parfois se transformer, pour certains, en véritable péninsule), il arrive que nous passions à côté, tout absorbés que nous sommes par ses satellites gravitant autour avec harmonie – la gondole (à Venise, oui), le vaporetto, le motoscafo, le traghetto, le taxi bateau ou encore la barge – ou bien si peu préparés à le voir là, à cet instant précis, qu’en effet, nous ne le voyons pas.

Aberration écologique évidemment : ces bâtiments flottants de près de 100 000 tonnes, de plus de 300 mètres de long (presque deux fois plus que la place Saint-Marc elle-même) et quasi 40 de large, hauts comme de grands immeubles, provoquent des remous qui fragilisent dangereusement les fondations, donc les millions de pilotis sur lesquels repose la Cité des Doges depuis des siècles.

Humaine forcément : comment les passagers peuvent-ils ainsi parader sur le pont supérieur pour admirer une ville qu’ils contribuent à détruire ? A croiEt au milieu donc, il y a un énorme paquebot rempli re qu’ils ne voient pas plus loin que le bout de leur de fiers croisiéristes qui glisse sur les eaux peu pro- … (hum, trop facile) ! Bien sûr, lobbies et riverains fondes de la lagune et auquel personne ne semble s’écharpent depuis des années, des voies alternatives faire attention. Logique, me direz-vous, tout le mon- sont étudiées. Mais pour l’heure, les premiers ont la de lui tourne le dos. C’est que le traître ne fait qua- main. Et en attendant la prochaine bataille navale, ce siment pas de bruit ! Mais quelle surprise quand les nez-là continue malheureusement de défigurer afyeux tombent dessus en balayant naïvement l’hori- freusement le paysage ! zon à la découverte des innombrables splendeurs architecturales de la Sérénissime ! Et quelle aberration que ces monstres qui convergent régulièrement vers le bassin Saint-Marc via le canal de la Giudecca.

mots clés : bateaux, écologie, gens, gondole, Italie, lagune, paquebot, tourisme, Venise



Bouillon de culture

Dans la vie, il faut choisir entre se déshabiller à 6h du matin alors qu’il fait 3°C dehors pour se glisser 4 minutes chrono dans une eau à 32°C avant de se sécher (et de se changer) rapidement et partiellement en plein air ou, rester emmitouflé dans son blouson et se satisfaire de prendre cette première catégorie de courageuses personnes en photo.

mots clés : Bolivie, eau, eau chaude, matin, montagne, Potosi, silhouettes, soleil, source, vapeur



Le hasard au placard Lapalissade liminaire : aujourd’hui, il y a des Applis pour tout. Inutile donc de les lister. Le propre de certaines est d’être pratique, sachant que de nos jours, est décrété « pratique » ce qui nous permet de gagner du temps – car, comme chacun sait, ce dernier passe très (trop) vite et il est, de fait, ridicule d’en perdre inutilement si des alternatives existent – mais également ce qui nous évite de réfléchir par nousmêmes – une activité jugée hautement dangereuse par certains esprits manipulateurs. Les deux – temps et réflexion – étant, par ailleurs, intimement liés. Conçues pour nous fournir des certitudes, donc nous rassurer, ces Applis me semblent surtout gober à la fois hasard et/ou magie. Tout dépend de la manière dont vous abordez les choses de la vie. Un exemple concret et trivial de ce désenchantement du monde – très bien, de mon monde – inhérent à ces serviciels ? Je suis une fervente utilisatrice des Velib’ parisiens. Par chance (hasard, magie ?), il y a deux stations à côté de chez moi dont une vraiment très proche, jusqu’à laquelle je préfère bien sûr aller (un peu comme en mer avec la bouée…). Si vous aussi fréquentez ces vélocipèdes au cœur lourd, vous savez à quel point il est rageant d’arriver à une station pleine, qui plus est, sur le chemin du retour chez soi, et de devoir repartir en quête d’une place ailleurs, donc potentiellement ajouter un peu de marche à l’exercice physique du moment…

De fait, jusqu’à l’an dernier, j’avais arrêté une sorte de code ou de règle pour décider, sans hésiter, si je tentais la station la plus proche de chez moi ou si je m’arrêtais à la seconde, un peu plus loin donc. Ainsi, si le feu du carrefour à proximité de la station la plus lointaine était vert, alors, cela signifiait – et je pèse mes mots – qu’il y avait de la place à la station proche de chez moi. Par conséquent, s’il était rouge, c’était le signe qu’elle était pleine et qu’il fallait que je me gare à la première. Je ne me posais même pas la question, persuadée d’avoir réussi à établir une communication privilégiée entre les feux tricolores et les stations Vélib’. Sentiment d’autant plus tenace que cette règle avait toujours fonctionné ! Et à vrai dire, j’en étais à chaque fois surprise et émerveillée ! Et un jour, je ne sais plus pourquoi exactement, j’ai installé une Appli « pratique » sur mon smartphone. M’informant en une seconde de la disponibilité en vélos, donc en places, à telle ou telle station. A fortiori, celle à côté de chez moi. Du jour au lendemain, j’ai ainsi snobé la couleur du feu tricolore au carrefour, qui ne m’avait pourtant jamais trompée, pour mater mon écran de téléphone, et vérifier qu’il restait des places près de chez moi avant de m’y aventurer. Et ainsi, en deux glissements de pouce sur un écran tactile, l’ennui de la certitude a remplacé la magie de l’incertitude…

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Pardonnés !

Parfois, comme aujourd’hui, ils nous gâchent le spectacle, alors même que nous sommes fin prêts, que nous avons appris par coeur la trajectoire de l’éclipse partiellement totale, tout retourné pour retrouver, in extremis, les lunettes opaques de celle de 1999 et que, pour couronner le tout, nous avons décidé de braver courageusement les mentions « usage unique » et « à ne pas utiliser après l’an 2000 » malicieusement apposées dessus. Et parfois, ce sont eux qui assurent un spectacle dont il est difficile de décrocher. Alors, sans racune les nuages, et à la prochaine !

mots clés : avion, ciel, coucher du soleil, éclipse, nuages



A une seconde près !

ça, se démarquant nettement dans la fumée ? Le père du premier plan aurait-il eu la tête tournée, en tout cas suffisamment pour nous laisser deviner un sourire, et faire comprendre, par la même occasion, que ce qui se trame ici n’est certainement pas un drame ? L’homme à droite aurait-il eu son appareil photo ainsi levé et dirigé dans la direction opposée à celle vers laquelle les regards semblent se concentrer, accroisMalgré tout, je me dis, c’est dommage. C’est dom- sant encore un peu plus le mystère : pourquoi regarmage de ne pas avoir déclenché une seconde plus de-t-il dans cette direction alors que tout semble se tôt. Une seconde plus tôt, le lutin rouge à casquette passer de l’autre côté ? En fait, une seconde avant, la actuellement au milieu de l’image se serait glissé photo aurait peut-être été complètement différente dans la seule zone vide d’humain de la composition. et beaucoup moins intrigante… Il aurait été entier ; la petite fille du premier plan n’aurait pas eu n fond perturbant le regard, et l’homme central en polo vert et lunette de soleil (qui, je n’ai pas encore compris pourquoi, me fait penser au T1000 de Terminator 2), n’aurait pas été tronqué lui non plus. Le regard serait passé d’une silhouette à l’autre sans s’arrêter. On ne sait pas trop par quel bout la prendre, cette photographie… Il y a des signes – des gens essentiellement, beaucoup même – et des indices – l’environnement dans lequel ils évoluent, leurs postures – en pagaille. Mais je l’aime ce fouillis pictural, cette atmosphère éthérée à la fois festive, mystérieuse, peut-être angoissante un peu aussi.

Mais, qui peut réellement savoir ce qui se serait passé une seconde plus tôt pour les autres… La main de la femme au T-Shirt blanc aurait-elle été levée, comme

mots clés : fumée, gens, parc, public, Sceaux, silhouettes, spectacle



Les preuves du temps qui passe

Lorsque j’emprunte un escalier en pierre, je finis toujours par me poser cette question : comment un geste non agressif mais répété inlassablement – un pas devant l’autre – peut-il à ce point altérer un matériau aussi solide que du marbre – en déformant irrémédiablement ses marches ? C’est la même interrogation qui s’est affichée sur mon écran interne lorsque je suis tombée nez à feu-nez sur cette tête-bouton de porte sculptée, originellement pleine de détails que nous ne pouvons qu’imaginer aujourd’hui, à l’instar de ces archéologues qui

réussissent à reconstituer un visage sur la seule base d’un squelette. Mais ce qui m’étonne le plus dans cette affaire, est que ce polissage si efficace et impitoyable soit l’œuvre involontaire de paumes de mains, parmi les zones les plus douces de nos corps… Un peu comme le temps, finalement, qui passe sans que nous puissions y faire quoi que ce soit et finit par nous faire disparaître.

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En toute logique

Lorsque vous arpentez une ville avec un appareil photo en bandoulière, la probabilité de survenue de certains événements particuliers augmente drastiquement. C’est un peu comme lorsque vous fumez une cigarette en plein rue, il y a plus de chance qu’une personne ayant le tabac mais pas le feu vous interpelle pour que vous l’allumiez, la cigarette, plutôt que votre camarade de marche qui a décidé d’arrêter de fumer pile poil la semaine passée (ce qui fait de vous un ami pas très empathique au passage, mais c’est une autre histoire). Les informations que son cerveau a eu à traiter pour en arriver à cette conclusion ne sont pas très complexes : puisque votre cigarette est allumée, alors vous devez disposer de ce que nous appelons communément, un briquet. A défaut, des allumettes. Bien sûr, la probabilité pour que vous ayez vous-même demandé du feu à une autre personne qui fumait à une terrasse accompagnée d’un ristretto et d’un journal n’est pas nulle. Et ainsi de suite. Mais elle est faible. Même chose avec l’appareil photo. En plus d’augmenter la probabilité que vous vous en serviez et donc preniez effectivement des photos, en avoir un

autour du cou vous expose à certaines demandes, en particulier dans les lieux touristiques. Gestuelles parfois : un couple (ou trouple ou groupe) s’approche de vous, hésitant et souriant à la fois, vous indique son propre appareil photo puis un monument dans le champ (visuel), enchaîne avec des allers-retours de la main entre l’appareil, le monument (ou autre), eux et vous, avant de simuler une prise de vue avec l’index. Vous aviez compris bien avant cette ultime étape… Les demandes peuvent aussi être verbales : « Could you take a picture of us, please? ». Oui, souvent, les gens qui demandent à être pris en photo sont polis. Comme les joyeux lurons ci-dessus, qui m’ont vue me contorsionner au sol pour prendre de sombres et menaçants nuages que vous ne pouvez malheureusement pas admirer ici. J’en entends déjà plusieurs se dire : « Mais comment se fait-il que tu aies la photo si tu l’as prise avec leur appareil ? » (Oui, mes lecteurs peuvent me tutoyer.) Facile, mais pas systématique : une fois leur photo prise, je demande si je peux en prendre une pour moi, pour ma galerie personnelle d’heureux anonymes…

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L’adage dit vrai

Et l’adage dit : « Qui se ressemble s’assemble »… En l’occurrence, dans le cas présent, je serais plutôt tentée de l’inverser pour le transformer en : « Qui s’assemble se ressemble ». Dans certaines cirsconstances, en particulier, de représentation publique, je plébiscite l’harmonie vestimentaire au sein du couple, notamment colorimétrique, en optant, entre autres possibilités, pour des couleurs complémentaires. C’est symbolique bien sûr (peut-être même un cliché pour les rabat-joie). C’est beau aussi. Et le beau est toujours un ravissement pour l’esprit. Ce quatuor, dont les paires bleue et jaune ne se connaissent a priori pas, semble plutôt atteint du « syndrome du jumeau », ce qui est totalement différent ! Ne cherchez pas dans Wikipédia, il n’existe pas, je viens de l’inventer. Mais je suis certaine que cela ne vous empêche pas de deviner ce dont il s’agit car vous vous êtes forcément retrouvés face à des jumeaux-melles habillé-es à l’identique (c’est assurément bien plus pratique pour les parents devant déjà se dédoubler pour assurer la maintenance de base). Un face à face soulevant deux types de réaction : « Oh, c’est mignon, ils sont habillés pareil ! » versus

« C’est malin ! Je n’arrivais déjà pas à les distinguer, c’est pire maintenant ! ». Le culte du même poussé à son paroxysme. Est-ce le même critère de « praticité » qui préside chez ces couples ? Achètent-ils tout en double ? Se concertent-ils le matin pour décider de la tenue du jour ? Ou, pire, n’ont-ils pas conscience que d’une certaine manière, ils se diluent l’un dans l’autre, et donc s’effacent en tant qu’individu pour former un tout indivisible, une cellule en somme ? Ce qui soulève une question majeure à laquelle je ne répondrai pas ici : qu’est-ce que le couple ? Où commence le « nous », où s’arrête le « je » ? Evidemment, lorsque j’ai pris cette photo, je n’ai pas pensé une seule seconde à toutes ces implications sociales et personnelles. J’ai trivialement été attirée par le comique de l’effet miroir à peine rompu par la femme de droite, subtil intrus car la seule à ne pas tenir d’appareil photo… Mais on ne sait jamais vraiment où l’analyse a posteriori d’une image peut nous conduire.

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Des tours visuels

Prendre un reflet en photo, c’est une manière simple de capturer un intérieur et un extérieur, c’est donc s’autoriser à ne pas choisir entre l’un ou l’autre. D’une certaine manière, c’est aussi avoir des yeux dans le dos (ou sur les côtés plutôt pour limiter les risques d’autoportrait involontaire), ce qui est physiquement impossible malgré l’expression consacrée, donc extrêmement satisfaisant. C’est un peu tricher finalement.

C’est privilégier une approche globale également, certes parfois un peu confuse, plutôt qu’un point de vue unique et directif. C’est surtout choisir de créer un dialogue artificiel entre deux scènes géographiquement proches tout en étant éloignées l’une de l’autre. Comme ici, entre ces parts de pizza d’un côté, les gondoliers de l’autre, l’eau entre les deux. En somme (au sens propre comme au figuré), une certaine image de Venise, et, plus largement, de l’Italie…

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Une fois n’est pas coutume

Pour créer cette photo (avais-je vraiment besoin d’aller jusque là pour constater que ce grillage était infranchissable et qu’il n’y avait rien de l’autre côté ?), je me suis forcée à faire ce que, souvent, je m’interdis, à savoir demi-tour.

de se tromper (ce qui peut-être le cas quand on doit faire marche arrière) que de ne pas s’ennuyer à reparcourir un même chemin. De fait, quand le cas se présente, je préfère changer de route ! On a tous des bizarreries plus ou moins cachées…

Ou remarcher dans mes pas, qu’ils soient motorisés ou pas. La question n’est pas tant de ne pas accepter

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Sous le sable

Ces petits grains de sable qui s’insinuent sans s’annoncer dans une mécanique bien huilée, que l’on perçoit d’abord et logiquement comme des obstacles, donc négativement, avant de réaliser, en prenant un peu de recul, combien ils peuvent, au contraire, se transformer en atouts…

mots clés : argentique, désert, Maroc, mouvement, palmier, sable, scan, vent



Tentative d’extrapolation

Encore aujourd’hui (c’est-à-dire, plus de 3 ans après sa naissance), cette photo m’intrigue. J’en suis pourtant l’auteur. D’ailleurs, les deux ne sont a priori pas incompatibles. Pourquoi le photographe serait-il tenu de comprendre ce qu’il fait au moment où il le fait, les raisons qui le poussent à cadrer comme ceci plutôt que comme cela, à préférer tel couple vitesse/ouverture plutôt que tel autre etc ? Déclencher n’a jamais fait disparaître le mystère. Au mieux, il le fige.

Car, finalement, difficile de deviner la fonction de cette « brique » simplement en la regardant ou d’imaginer de quoi elle est la constituante. Ce qui laisse grand ouvert le champ des possibles. Alors que, lorsque nous voyons une image d’une épaule par exemple, nous n’avons aucun mal à nous représenter ce qui n’est pas montré, le hors-champs, à savoir le bras d’un côté et le cou de l’autre. Puis la tête et le torse. Et finalement le corps entier. En associant instantanément, spontanément et mécaniquement la partie au tout, le mystère de la partie se dissipe…

En fait, à chaque fois que je regarde cette image, quelque chose d’indéfinissable me perturbe. Les formes, les couleurs, l’objet lui-même, la combinaison de tout cela… C’est d’autant plus étonnant que cette photographie n’a rien de particulier. Mis à part qu’il s’agit d’un détail. D’un bout d’ouvrage. Une extraction un peu flottante – alors que nous l’imaginons aisément lourde – et finalement assez abstraite – car sans ancrage ni à la terre, ni vers le ciel. Donc un peu surréaliste. Et c’est très certainement là, dans cette décontextualisation quasi totale et la pseudo liberté qu’elle confère à ce monolithe à rivets au pouvoir illuminateur, que réside mon trouble (et, au passage, mon attirance pour cette image).

mots clés : abstraction, architecture, ciel, forme, lumière, métal, nuage, partie, tout



Marcher sur l’eau

Une montagne de paradoxes pour de nouvelles perceptions et d’étranges visions. D’abord, de l’eau dans le désert. Et pas vraiment un ru. Ensuite, une étendue d’eau dans laquelle il est impossible de rester droit ou d’atteindre le fond, qui, a priori, n’est pourtant pas bien loin. Pour le toucher, il suffirait de mettre la tête sous l’eau et de nager jusqu’à lui. La première étape est déjà fortement déconseillée. Surtout pour les yeux, à qui il en faut moins pour être durablement agressés. La seconde, nager sous l’eau, est carrément, et même physiquement, impossible. D’ailleurs, rester trop longtemps dans cette eau-là tout court est contreindiqué. Après quelques minutes seulement, un picotement un brin désagréable saisit en effet chaque parcelle indemne de votre corps. Imaginez un peu être piqué par des centaines de micro-aiguilles simultanément. Et il se fait clairement douleur si, par malheur, il vous reste quelque part une égratignure, une petite coupure, une ampoule, un bout de peau à vif…

Ce corps, dont vous ressentez le poids à chacun de vos pas, ce fardeau parfois, n’existe quasiment plus. Il vit une expérience extraordinaire : défier la pesanteur sans dépasser la stratosphère ! Littéralement, flotter. Cela ne sert pas à grand chose, j’en conviens, mais ne pas être capable de maîtriser ni de contenir ses mouvements dans un environnement familier est confondant, renversant, grisant même si cela donne la sensation, toujours un peu dégradante à mes yeux, de n’être qu’un pantin. Mieux vaut donc le vivre comme un lâcher-prise naturel ! Et de temps en temps, ça fait un bien fou !

mots clés : Chili, désert d’Atacama, eau, flotter, gens, Laguna Cejar, nager, sel, sensation, silhouettes



Mieux que l’arbre à trouvailles

Je suis certaine que cela vous est déjà arrivé… De ne pas mettre la main sur votre magazine de voyage, votre stylo rouge, votre super recette de scones, votre pull bleu pétrole, votre objectif à décentrement, votre brosse à dents de lait, votre ampoule de 50 W, votre trousseau de clés rondes, votre tapis persan, votre paire de chaussettes jaune, votre élastique en plastique, votre poésie préférée de Verlaine, votre jouet en bois, votre gant de soie… alors que vous étiez persuadé qu’ils étaient sur la table basse du salon, sur le bureau de la chambre, dans une chemise posée sur le frigo, au fond du sac à linge sale, dans vos rêves, dans le verre à côté du lavabo de la salle de bains, dans le carton sous votre table de chevet, dans le tiroir de l’entrée, sous vos pieds, autour de vos pieds, dans la petite boîte à pois rouges sur votre bureau, dans les arcanes insondables de votre mémoire, sous le lit du petit, dans la poche de votre jogging…

perdu ces choses-là. Et à défaut de grille à trouvailles arborant fièrement ces effets égarés par mégarde et ramassés par d’autres, nous avons toujours la possibilité d’appeler à l’aide. Ce qui, dans ce genre de circonstances, se résume souvent à un unique mot, voire cri désespéré, notre dernier espoir en quelque sorte : « Mamaaaaannnn ! » « Ouiiii ? » « Tu sais où est mon magazine-stylo-recette-pull-objectif-brosse-ampoule-clés-tapis-chaussettes-élastique-poésie-jouet-gant dont j’ai absolument besoin là tout de suite maintenant sinon je fais un malheur mais je n’ai pas cherché ? » C’est bien connu, les mamans, c’est encore mieux que la NSA, ça sait vraiment tout. Car, comme le dit ce dicton entendu il y a peu et que tout le monde a inconsciemment intégré : « Tant que maman n’a pas cherché, rien n’est vraiment perdu ! ».

Parfois, ce que nous croyons être à tel endroit n’y est pas ou plus. Il a tout bonnement mystérieusement disparu. Souvent, c’est plutôt parce que nous ne cherchons pas assez que nous ne le retrouvons pas… Parfois aussi, même si c’est rare, nous avons vraiment

mots clés : Amsterdam, doudou, gant, grille, habitude, Pays-Bas, humour, mouchoir, parc



(Pas) vu, (pas) pris

Si je ne vais pas naturellement vers le face à face lorsque je suis à l’étranger (j’ai toujours tendance à me mettre dans la peau de l’autre : apprécierais-je, moi, qu’un inconnu se poste devant moi et me tire le portrait comme si j’étais une espèce en voie de disparition ? Pas du tout, alors pourquoi l’imposer aux autres ?), les locaux, les autochtones, les hôtes, les visités, n’en sont pas moins présents dans les images que j’emporte avec moi. Des tranches de vies. Parfois, certains s’imposent plus que d’autres, involontairement et sans que je ne m’en rende forcément compte sur le moment, car cachée derrière mon viseur et concentrée sur l’ensemble. Un peu comme une autruche…

pêche chacune de me regarder en retour. A fortiori, que nos regards se croisent. Même si c’est à retardement. De fait, ces rencontres inattendues, pensée finalement assez naïve, me donnent parfois l’impression d’être prise la main dans le pot de miel de châtaignier, impression proportionnelle au sentiment que j’arrive à déchiffrer sur le visage de ces regardés regardant. Dans le cas présent, le léger agacement qu’affiche la dame à droite est largement compensé par le sourire franc que m’offre celle au centre !

Ce qui ne me rend pas invisible pour autant. Et, subséquemment, fait donc de moi une entité visible. Par-delà, ce que je suis en train de faire. En l’occurrence, des photos de Kyotoïtes traversant un passage piétons abrités sous des parapluies. Je dois en effet confesser une tendresse particulière pour les parapluies ainsi que pour les passages piétons. Imaginez donc la combinaison des deux ! De fait, au même titre que j’observe ce groupe de personnes, rien n’em-

mots clés : gens, Japon, Kyoto, mouvement, parapluie, passage piéton, photographie, pluie, portrait, ville



LA MUSIQUE ADOUCIT LA MER

Toujours avoir un océan un tant soit peu agité à côté de chez soi pour pouvoir répéter ses classiques de trompette à pleins poumons sans craindre de se faire houspiller par des voisins peu mélomanes ! D’ailleurs, le pare-son fonctionne si bien qu’ils sont tout bonnement inaudibles. Espérons simplement qu’eux-mêmes s’entendent jouer…

mots clés : bruit, Chili, garçon, Iquique, jeunes, musique, océan, trompette



Le temps de sourire

Dans la vie (oui, c’est un peu pompeux de commencer ainsi, je vous l’accorde, d’autant que cela crée une attente de pensées très profondes pour la suite…)… Donc, dans la vie, il nous arrive d’apprendre des choses qui nous sont utiles au quotidien – je vous laisse dresser votre propre liste – et d’autres qui ne servent strictement à rien, mais qui nous enchantent sur le moment. En tout cas, moi. Un exemple, un exemple ! Plantez-vous devant une vitrine d’horloger ou de joaillier, ou bien, plus simple encore, ouvrez un magazine et trouvez une publicité pour une montre, puis une autre, puis une autre… Ne remarquez-vous rien ? Très souvent, même si la rébellion a bel et bien commencé, ces donneuses de temps – à aiguilles, je précise, sinon, ça n’a absolument aucun intérêt – affichent toute la même heure : 10h10. Comme si, derrière ces double-vitrages ou sur ces pages glacées de magazine, le temps s’était arrêté en plein milieu de la matinée – à l’heure salutaire du café – ou de fin de journée – à l’heure où l’on commence enfin à souffler –, et que cette minute, 10h10, durait éternellement. Evidemment, c’est un leurre ! Le temps ne s’arrête

pas. Mais cette osmose entre ses gardiennes d’ici et d’ailleurs n’en est pas moins poétique. Et une convention des horlogers de part le monde qui ont presque inventé le smiley. Car, à 10h10, quelle que soit l’heure de la journée, la montre que vous regardez vous crie V comme victoire, et surtout, vous sourit ! Ne craignons pas l’anthropomorphisme ! Or un sourire sera toujours plus agréable que la moue désabusée de 8h20, à l’heure du rush matinal entre la tartine tombée sur le parquet côté confiture (c’est mathématique), le petit à déposer fissa fissa à l’école, et le métro déjà bondé qui vous met d’emblée dans l’ambiance… ou alors, de 20h20, de retour du bureau épuisé, pas encore nourri, puant et absolument pas envie de faire d’effort… Avec 10h10, harmonie et esthétique sont donc au rendez-vous. Et puis, à 10h10, le nom de la marque est souvent visible entièrement. Bonus marketing ! En réalité, les DA des agences de publicité n’auraient rien à voir là-dedans… Et il faudrait remonter à 1884 pour trouver l’origine de cette habitude quasi indéboulonnable. Direction Washington où se tient la conférence internationale… de Washington. (...)


(...) Depuis le Vieux Continent, il faut compter une bonne semaine en paquebot transatlantique à voile et à vapeur pour atteindre le Nouveau Monde. Allez, venez, je vous ferai un mot pour votre employeur ! 25 pays participent à cette réunion où il se décide quelque chose d’assez incroyable et de si intégré aujourd’hui que l’on croirait qu’il en a toujours été ainsi : la planète va être divisée en 24 fuseaux horaires (bien plus pratique pour les horaires de trains !) et le méridien zéro, de référence donc, va être élu. Trois sont en compétition : le méridien de l’Observatoire de Paris, le méridien situé sur l’Ile de Fer aux Canaries et le méridien de Greenwich. Inutile de faire durer le suspens plus longtemps puisque vous êtes un lecteur du futur : au terme de trois semaines de débats houleux et argumentés, c’est le méridien de Greenwich qui a remporté le plus de suffrage, devenant ainsi le méridien d’origine, celui du « temps universel », de l’heure GMT. Et ce, au grand dam des Français, of course, qui se sont d’ailleurs abstenus de

voter (comme quoi, ça ne date pas d’aujourd’hui !). Et bien, figurez vous que ces braves gens auraient conclu cet accord le 22 octobre exactement à 10h10. Et il se dit donc que les horlogers lui rendraient hommage depuis lors ! Je mets au conditionnel, car, un peu comme pour l’origine du nom de la marque à la pomme, les hypothèses sont multiples. Je crains d’ailleurs que cette dernière, pourtant assez massivement relayée (ce qui n’est pas un gage de véracité), soit fausse à en croire les minutes de ladite Conférence : elles stipulent que, ce fameux 22 octobre 1884, la réunion a débuté à 13h dans le Hall diplomatique du Département d’Etat pour s’achever à 15h30 le même jour. Pas de 10h10 dans cet intervalle… Oups ! Ce n’est pas grave ! Et confirme une douce pensée : en creusant une information qui ne sert a priori à rien, on finit toujours par s’instruire !

mots clés : Biennale d’architecture, conférence internationale de Washington, Greenwich, histoire, horloge, Italie, méridien, montre, oeuvre, temps, Venise



Bruit de couloir

Une flèche nous indique de poursuivre en empruntant l’escalier blanc. Quatre étages sont annoncés. Nous entamons la descente normalement. Enfin, comme toute descente d’escalier réalisée sans empressement ni lourdeur particulière. Après un premier étage, un bruit sourd commence à se faire entendre. Un son qui va crescendo au fur et à mesure que nous descendons et résonne dans cette grande cage d’escalier aux parois en parpaings. Nous nous lançons tour à tour des regards interrogateurs… Le son est régulier, un peu comme celui que produirait un métronome, mais plus grave, amplifié. Des coups répétés et réguliers de plus en plus forts donc. Nous formulons quelques hypothèses joyeuses quant à son origine, tout en continuant à descendre paisiblement les marches. Nous approchons. Nous n’avons croisé personne sur notre chemin. Pour le retour, il y a l’ascenceur…

Nous y sommes, nous avons atteint le 4e sous-sol, encore quelques pas et nous saurons ce qui produit ce son sourd, répétitif, presque dérangeant, qui a suffisament attisé notre curiosité pour que nous plongions tête baissée dans les entrailles de cet immeuble. Nous voilà face au couloir d’où provient le son. Il ne peut pas être plus fort. Les sourires laissent alors place à l’effroi. Au bout de la longue allée, une silhouette de garçon, de dos. C’est de lui que provient le son. De sa tête qu’il cogne inlassablement sur le mur en béton. Comme un fou dans sa cellule. Bien sûr, nous sommes dans un musée, bien sûr, il s’agit d’un automate, bien sûr encore, personne ne souffre réellement dans cette histoire. Mais alors, d’où vient cette soudaine nausée face à ce bruit de couloir artificiel ?

mots clés : art, Bâle, bruit, couloir, curiosité, escalier, Fondation Tinguely, musée, silhouette, Suisse




Les possibilités d’une île

A l’heure où le soleil se couche, comme les étourneaux avec leurs étourdissantes et magiques murmurations vespérales, les nuages se rassemblent avant de s’effilocher en silence derrière les hauts plateaux tabulaires de cette île, injustement dite de la désolation, où l’on a parfois l’étrange et fascinante sensation d’être seul sur Terre.

mots clés : argentique, coucher du soleil, falaise, Kerguelen, noir et blanc, nuages, plateau tabulaire, reflet, scan, taaf



Memory géographique

Retourner volontairement dans un quartier d’une ville étrangère – Amsterdam en l’occurrence – pour retrouver un ensemble architectural découvert par hasard et de nuit deux ans auparavant. M’appuyer sur mes seuls souvenirs nocturnes et ceux des photographies prises à l’époque mais toujours à l’esprit – dont celle-ci – pour tenter de reconstituer le cheminement qui m’a conduite au pied de ce lotissement encore anonyme. Reconnaître des pièces du puzzle ici et là. Errer pourtant trois quart d’heures durant, sous la pluie, dans un quartier similaire et contemporain, en repassant parfois deux fois par les mêmes rues, au cas où, tout en étant intimement persuadée

que le site convoité, même s’il n’est pas là, n’en reste pas moins « dans le coin ». Profiter du passage de la seule personne croisée en 30 minutes pour tenter de lui faire comprendre ce que je cherche, déceler une lueur d’espoir dans son regard et recueillir ses indications comme de précieux sésames : gauche, droite, droite, gauche, par là-bas (en néerlandais)… Appliquer à la lettre la recette et me retrouver au coeur de De Dageraad, fleuron de l’école d’architecture d’Amsterdam où la brique était reine, cité construite dans les années 1920 pour des populations ouvrières. Savourer. Reprendre quelques clichés de jour pluvieux et repartir. Soulagée et heureuse.

mots clés : Amsterdam, architecture, De Dageraad, école d’Amsterdam, Pays-Bas



A côté

Plutôt que d’immortaliser le contre-champ, c’est-àdire l’objet de l’attente de ces dizaines de personnes, j’ai préféré saisir la singularité de l’attente elle-même, en particulier ces petits êtres colorés savamment dispersés sur ce granite rose taillé au couteau, jusqu’à en oublier l’objet lui-même… Le plus intéressant n’est pas systématiquement là où les regards convergent.

mots clés : Acadia National Park, attente, couleurs, enfants, Etats-Unis, foule, gens, Maine, monde, parents, rochers, silhouettes, tourisme, voyage



Hey, do you know the way to Shell Beach?

Vous l’avez entendu ? Le train ? Un son assourdissant de ferraille bringuebalante lancée à toute berzingue sur cette ligne La Spezia – Monterosso jouant les passe-muraille avec la montagne. Dites, vous l’avez vu ? Le train ? Sortir du tunnel tout proche pour mieux s’engouffrer dans le suivant. Sans s’arrêter ni même ralentir. Comme si cette gare-là n’existait pas. Comme s’il n’avait jamais été question d’y marquer une pause. 3 secondes. Cela n’a duré que 3 secondes. Trois secondes d’appel d’air qui n’ont presque pas fait ciller les candidats au voyage sur le quai. A peine un léger mouvement de recul au début, par surprise. Je les ai entendues régulièrement ces trois petites secondes ces jours-là. Depuis les hauteurs. Comme un cri dans la ville. Et dès la toute première fois, j’ai pensé à Dark City d’Alex Proyas. Dès la toute première fois, j’ai donc pensé à Shell Beach. En 3 secondes

à peine, je me suis retrouvée dans la peau amnésique de John Murdoch, sur le quai de la gare de cette sombre, mutante et inquiétante cité où chaque nuit, vacille la mémoire des hommes, cherchant désespérément à la quitter pour rejoindre ce paradis perdu dont il serait originaire, sondant les uns et les autres sur le quai pour savoir comment s’y rendre et constatant, amèrement, alors que chacun s’apprête à lui répondre, que finalement personne ne se souvient. Impossible de sortir de la ville que les trains ne font que traverser à toute berzingue, sans jamais s’y arrêter. Comme si Shell Beach n’était qu’un leurre, une vue de l’esprit… pourtant capable de s’imposer dans un esprit réel. A moins que tout cela ne soit également qu’une simulation…

mots clés : Alex Proyas, Cinque Terre, Dark City, film, gare, Italie, Shell Beach, silhouettes, train, Vernazza, village







Tsundoku numérique

Il s’agit là d’une déclinaison moderne du tsundoku classique, une sorte de mot valise japonais fusionnant les notions d’empilement vain et de lecture. En somme, c’est l’art de faire des piles avec des livres achetés (ou empruntés) que vous ne lirez (ou ne finirez) jamais. Vous croisez généralement ces édifices équilibristes sur votre table de nuit, au pied de votre bibliothèque, près de la fenêtre, juste à côté du fauteuil où vous seriez pourtant si bien installé pour lire quelques pages. Ces piles prennent la poussière (surtout le premier et les tranches qui dépassent), vous gênent pour passer l’aspirateur (vous essayez de tourner autour sans les faire tomber, ce qui arrive malgré tout une fois sur deux) et vous rappellent à chaque coup d’œil que les journées ne font que 24h et que cette ambition de lecture n’est absolument pas compatible avec les 3 minutes de temps libre dont vous disposez chaque tranche de 2h47 (même si vous pouvez les réunir pour les vivre en une fois). Personnellement, je ne construis pas de tsundoku, ou si peu. Conclusion logique : soit je ne lis pas, soit je lis tous mes livres… Je vous laisse avec cette interro-

gation fondamentale. En revanche, je suis une pro de ce que j’ai donc appelé le « tsundoku numérique » et qui me semble beaucoup plus pervers que sa version ancestrale, car, et la photographie numérique l’a bien montré, il est invisible, il ne prend pas de « place » – physiquement, matériellement, concrètement j’entends – et se fait donc vite oublier. Ce tsundoku numérique consiste tout simplement à avoir des dizaines et des dizaines d’onglets ouverts dans plusieurs fenêtres de son navigateur (évidemment, je ne parle ni de tendre pièce de bœuf ni de grands explorateurs) en se disant qu’on les regardera plus tard, car là, présentement, « ce n’est pas le moment ». Autant de liens vers des articles intéressants, des podcasts passionnants, des listes de choses à faire avant de mourir, des tendances à découvrir, des expos à visiter, des Mooc interrompus, des recherches en cours qui conduisent souvent là où vous n’aviez absolument pas prévu d’aller… Autant de savoir à portée de clic donne le vertige et l’agréable sensation d’être plus intelligent, plus informé, plus cultivé, plus tout… Encore faut-il se donner la peine – en l’occurrence, le temps – d’accéder au contenu et ne pas (...)

mots clés : argentique, habitude, livre, Namibie, numérique, onglet, scan, temps, Terminator, Terre, tsundoku


que-pages. L’onglet disparaît de ma vue – satisfaction de façade toujours bonne à prendre – mais il a juste été relégué au deuxième sous-sol ! Nous nous reverrons dans un an au mieux ! Mais, au-delà de ces travers individuels un peu lâches, au même titre que les livres dans une bibliothèque, ces onglets en disent surtout beaucoup sur ce qui attire notre attention et attise notre curiosité, sur nos lubies passagères, sur De temps en temps toutefois, un peu comme avec les nos rêves, nos projets, nos hésitations, nos idées, nos urgences du moment, agacée par tant d’immobilisme peurs, a fortiori, sur nous, même si c’est une photoet la vision de tous ces intercalaires tronqués, je me graphie à l’instant t. Mais un instant qui dure parfois plante devant une de mes fenêtres ouvertes, me lan- éternellement… ce dans une lecture effrénée d’un article au contenu désormais obsolète puis d’un autre puis d’un autre, dans l’écoute d’une émission que je n’entends qu’à moitié car ce n’est toujours pas le moment, je teste une nouvelle appli, découvre l’œuvre de tel ou tel artiste… J’essaye d’aller plus vite que le temps en faisant du tri. Et donc en réussissant à fermer quelques onglets. Parfois même, je triche. Oui, je crée des mar(...) se contenter de le regarder. Car malheureusement, cela ne rentre pas encore tout seul (le rêve de tout écolier !). Ce qui nous ramène au problème évoqué précédemment et à maintes reprises dans ces pages, à savoir que les journées ne font que 24h. Enfin, sur cette planète. De fait, plus tard n’arrive jamais.




Détachement

S’extraire temporairement du monde réel pour mieux le voir et le capter. Puis y retourner avec une sensibilité exacerbée.

mots clés : femme, France, homme, micro, silhouette, surexposition, Trouville



Pensée à retardement

C’est le genre de petite phrase devant laquelle il faut passer deux fois pour réaliser qu’elle est beaucoup plus subtile que ce que la succession des mots simples qui la compose laisse imaginer suite à une première lecture un peu rapide. Bien sûr, nous interprétons souvent ce type de sentences à l’aune de notre propre vie, de nos ruminations, de ce qui s’y trame à l’instant t (toujours lui…) pour leur faire dire ce que

nous avons envie d’entendre, comme s’il s’agissait d’un augure ou mieux, d’un signe. De qui ?, de quoi ?, ce sont là deux questions auxquelles je ne cherche pas obligatoirement de réponse. Aussi ce que je lis ici est le sort d’une personne s’étant déjà perdue au moins une fois mais étant en passe de se retrouver après avoir consenti à faire quelque effort…

mots clés : académie d’art, citation, Pays-Bas, Rotterdam, université, Willem de Kooning


Lou camino Memento MORI 10 mars - 10 avril 2015

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