Lino'Mad 8 - avril 2020 - Confiné

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2 Sommaire

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directeur de la public Léo Devillers ation : rédacteur en Pierre-Louis chef : Cotteret ont aimableme nt Anne-Sophie confiné : L'Antik Arbone Anniston, Sélim Bolcaud,, Beuville, Adrien Dénoue Lo Canal, Jocelyne, Mar tte, Totale Joly, Tanner ie-Christine Slichlich, PhiMemlec, Jean Trémoille, Iri libert de la s Winckler, M. Zehèle le logo et la Une son Ludion Depojo t de :

p.3 p.4 p.5 p.6 p.7 p.8-9 p.10 p.11 p.12 p.13 p.14 p.15

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palier: bureau: chambre: Salledebain: dressing: appentis: Aménagementintérieur: balcon: localpoubelles: Attestationdesortie: Exil: Escalier:

“Lavetespiedsavantd’entrer!” “TheOffice” “L’encouettementdulenthomme” “UnGéotourunique.." “L’étoffedeshéros” "Uneaventuredezingambois" “LederniermurporteurdeParis” “LesjardinssuspendusdeSèvres-Babylone” “Protocoleexpérimentaldesécurité” “Itinéraired’unétudiantduquartierlatin” “l'Exildel'intérieur”

“Ohmonbeautapis”

LEGRANDRAOULT p.16-17 p.18-19p.20 -

Interview: Feuilleton: PUBLICITE:

"Raoult,Didier,profession:Mars,dieudelaguerre(sanitaire)” "Ensemblec’esttoux" "Lapâtedechloro"


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Palier Lave tes pieds avant d'entrer ! J’ai installé un bain d’acide sur le palier. Comme je ne sors guère plus de chez moi, et que j’attends personne, mon paillasson « Attention beau gosse » n’est plus d’aucune utilité. C’est dommage, je l’aimais bien, mais l’heure n’est pas aux petites phrases. Ce bain c’est mon sas de sécurité, mon talisman d’1m50 de large ; il prévient du mauvais œil, jamais ce putain de covid n’osera rentrer chez moi. Puis c’est pratique, le livreur Uber sait où il doit s’arrêter. Une fois il a pas fait gaffe, il est tombé dedans ; j’avais pas assez dilué, ses pieds ont fondu jusqu’aux genoux. Apparemment il a été viré peu après - saleté de capitalisme. Je trempe tous les emballages dans l’acide, parfois même directement les aliments. Paraît que c’est comme ça qu’on fabrique les knackis. Un bain de plus, un bain de moins… Je garderai le bain pour après le confinement, c’est sûr. On ne pourra plus revenir sur les gestes barrières les plus élémentaires. Puis ça rassurera mes futurs date Tinder. Je mets une cartouche de Sodastream tous les soirs à 20h pour qu’il fasse des bulles. Je déteste l’infirmière du 5ème. Cioran disait : « Là où sévissent la paix, l'hygiène et le confort, les psychoses se multiplient ». Je l’emmerde. J’adore l’odeur de la chloroquine et du gel hydroalcoolique au petit matin. Mon bassin purifie le corps et l’esprit ; j’ajoute quelques gouttes d’huiles essentielles avant mes exercices de méditation. Quelle triste époque quand même : l’œil de Juda n’a pas servi depuis le 17 mars. J’ai toujours considéré le palier comme un lieu métaphysique. On le franchit mais peut-on vraiment le connaître ? Je pourrais écrire une thèse entière làdessus. L’acide ronge peu à peu mes poumons. Je ressens quelques difficultés respiratoires et de la fièvre ; en plus je me suis enfermé de l’extérieur – les serruriers font-ils partie des commerces de première nécessité ? Pierre-Louis Cotteret

COUPONS DELATION (Pour voisins indisciplinés)

Motif : Sort sans son masque Nom : ························ Adresse : ····················· Profession : Chômeur

Motif : Achats peu judicieux Nom : ························ Adresse : ····················· Profession : Chômeur

Motif : Poids mort pour la Nation Nom : ························ Adresse : ····················· Profession : Chômeur

Motif : Enculé de joggeur Nom : ························ Adresse : ····················· Profession : Chômeur


4 bureau

The Office

Dans un coin du salon, installés sur deux tréteaux et une planche : un clavier, une souris et deux écrans composent un bureau épuré. Parfait pour laisser fuser les idées, qu'un stylo et des feuilles de brouillon sont prêts à accueillir à tout moment de la journée ! Le tout, face à la fenêtre côté rue pour me sentir tourné vers le monde, et aussi je dois l'avouer pour ne pas avoir trop de reflets dans l'écran.

Quand on est indépendant, le bureau c'est à la maison. Pas de patron, pas de compta', pas de commerciaux, c'est bien connu, on est les couteaux suisses des temps modernes... alors nous autres auto-entrepreneurs, ça nous a bien fait marrer de voir le pays s'arrêter, et entendre toujours les mêmes litanies sur la soi-disant incapacité du gouvernement à gérer la crise, l'indignation habituelle du bobo bien caché derrière son écran. Côté boulot, j'ai appris à me faire respecter. À faire comprendre à mon interlocuteur que derrière mes prestations, il y a un savoir-faire, une expertise.Je tiens à mon indépendance. Si j'avais des enfants je leur dirais ceci : « Dans la vie, il y a qu'une seule vérité. Il faut vivre libre et surtout vivre de sa passion. » Et ma passion à moi, c'est le cinéma. Les westerns de John Wayne, le cinéma d'Orson Wells, les Oscars, tout ça n'a plus aucun secret pour moi. Après des études poussées à l'Université, j'ai ouvert ma boîte en 2016. S'il y a bien une chose que j'ai appris en lisant les biographies des plus grands, c'est que rien n'arrive par hasard. Si certains abandonnent l'idée de travailler pendant le confinement, soit pour prendre un peu de repos, soit par respect pour la « période trouble » que la Nation traverse, moi je vis ma vie à fond, je suis un mec à cent à l'heure. Le travail, c'est ma came ! D'ailleurs, au moment où je vous parle, je suis sur un gros coup.

Sans surprise, hier matin, mon téléphone a sonné. Au bout du fil, un gros poisson. Voici le brief :

« Bonjour M. Zehèle, Pour la convention de fin d'année de notre entreprise, nous préparons un film destiné aux employés et aux cadres, afin de les remercier de leur engagement tout au long de l'année. C'est M. Delormeau en personne qui nous a donné votre contact, il était très satisfait du film que vous avez fait pour la bar-mitzvah de son fils. » Autant vous dire que lorsqu'on reçoit un mail comme ça, la journée commence plutôt bien. Je me suis étiré dans mon fauteuil, et je leur ai fait ma proposition :

« Ce que votre demande m'inspire, c'est un film dynamique de 5 à 6 minutes, très rythmé, avec une musique entraînante. Mon angle ? Placer l'humain au cœur du film. Pour coller à l'image de votre entreprise, je vois des portraits, des sourires, des interactions, du lien social. » C'était gagné, il n'y avait plus qu'à attendre leur offre, et à ce sujet, je n'ai pas été déçu :

« L'enveloppe pour ce film s'élève à 250 euros. C'est la première fois que nous travaillons ensemble, si nous sommes satisfaits, il y en aura d'autres. Au nom de tous les collaborateurs, Merci.» Mais de rien, c'est moi qui vous remercie. J'ai enfilé une veste de printemps, pris mon matériel sur moi, une caméra et un bon micro, et suis descendu dans la rue, prêt à relever le défi d'un nouveau film façon Nouvelle Vague, portraits pris sur le vif ! En dévalant l'escalier, je pensais déjà à différentes approches pour ne pas effrayer les personnes que j'allais interroger avec mon masque. Sur l'attestation de sortie, j'ai sobrement indiqué : voleur de sourires, chasseur d'imprévu et magicien de l'instant. M. Zehèle


chambre

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6 salle de bain

UnGéotouruniquepourcomprendrel’originedesminérauxetduvivant Rien de tel qu’un rendez-vous avec Gaïa pour contempler l’infini et l’incroyable constance des formes qui commandent l’univers. Salle de Bains est un lieu unique pour observer l’élément clé de l’équation du vivant = l’eau. Pour mieux comprendre comment l’eau façonne la terre et les écosystèmes, suivez le guide ! DOH DOH DEUH STROMATOLITHE BWAH ARRETE

Les tourbes de Lavabo

Les milieux saturés en eau sont favorables au développement de la maOH PUTE PUTE tière organique. Lorsque PUTE PU DOH DOH PU PU PFU celle-ci se développe PFU TUFS-CALCAIRES PFFFF PFFFF dans un milieu peu perOUIIIIIIN OUUUUUIIIIIN turbé, elle prolifère jusqu’à envahir complèteDOH DOH DOH PU ment le milieu et le BAAH POILS-CHEVEUX-GLAIRES mettre en déficit d’oxyPU PTIN PFFFFU gène. C’est ce qu’on appelle l’anaérobie ! L’anaérobie est le milieu préféré des organismes pouvant évoluer sans diLa résurgence de Douche oxygène, notamment toutes les bactéries utilisant Rendez-vous sous le pommeau de Douche et ouvrez le la fermentation. Ces milieux sont caractérisés par robinet. Incroyable mais vrai, l’eau jaillit et des processus d’oxydation importants, reconnaissort en trombe, comme si elle attendait impatiem- sables par une couleur bleuâtre – rouille moisie, ment depuis des millénaires ce petit geste de rien caractéristique des dépôts très anciens. Les orgadu tout que vous venez de faire. D’où lui vient nismes utilisant la fermentation et les processus cette force extraordinaire ? d’oxydo-réduction (oxydation bleu-rouille moisie) L’eau de Douche a parfois parcouru plusieurs mil- sont les premiers organismes à avoir pu se dévelopliers de kilomètres avant de pouvoir vous at- per sur la terre, avant l’apparition de l’oxygène teindre. Elle est le résultat cumulé de plusieurs photosynthétisé par les fameux stromatolithes ! averses qui, une fois le sol atteint, se sont di- Au fond de Lavabo, tirez la bonde de vidange et obvisées en deux camps. Une partie de l’eau a décidé server le micro-milieu de poils-cheveux-glaires. de rester à la surface pour ruisseler jusqu’aux Vous voici face à un monde naissant... rivières. L’autre partie s’est enfoncée dans les profondeurs pour rejoindre les nappes phréatiques. Les polygones de dessiccation de Plafond Commence alors un long voyage souterrain, aux tra- Plafond est en périphérie des principales sources vers des différents aquifères, qui renferment cha- d’eau et ne bénéficie que de rares apports en eau cun l’histoire de mondes disparus. On pense sous forme liquide. L’eau l’atteint principalement évidemment au magnifique aquifère de l’Oligocène, sous la forme gazeuse. La perméabilité des matéoù les eaux souterraines côtoient planorbes et riaux bas de gamme composant Plafond permettent à limnées fossiles !!!! l’eau sous forme gazeuse de s’infiltrer dans ses pores jusqu’à buter sur la couche étanche de la Les tufs-calcaires de Bac à Douche dalle de plancher béton. Lorsque les pores de PlaA chaque fois qu’elle s’écoule, l’eau entraîne avec fond sont saturés en eau gazeuse, elle se condense elle de petits éléments minéraux. En les étudiant, et redevient liquide. Elle imprègne alors les inon peut donc reconstituer son parcours, à la ma- terstices vides à l’origine de la porosité de Planière d’un enquêteur ! Lorsque la vitesse de l’eau fond et les dilatent, puis s’évapore. Lorsque ce diminue, elle dépose une petite partie de ces élé- phénomène se reproduit à plusieurs reprises, se ments, qui sédimentent s’ils ne sont pas perturbés. forment alors les fameux polygones de dessiccation, L’accumulation des dépôts crée dans certains cas ces formes de paysages de western que l’on retrouve des séquences de tufs-calcaires qui ont archivé des d’habitude dans les déserts limono-argileux ! millénaires de parcours. Regardez dans le fond de Fun fact: des polygones de dessiccation ont aussi Bac à Douche, ils sont là ! Prêts à mener l’enquête ? été retrouvés sur Mars ! Anne-Sophie Aniston


dressing

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s o r é h s e d e f f o t L’é "Tempora si fuerint nubila, solus eris"”nous avait pourtant dit ce sage Ovide...

L a menace d’une épidémie mondiale allait entrai- L’humanité se divisant généralement en deux caner un confinement strict, nécessaire pour stopper cette crise sanitaire, sociale et économique mais également sartoriale.

S’il est un lieu au sein de l’habitat humain qui souffre en ces temps troublés, c’est bien celui de la garde-robe. Victime d’un terrorisme acharné et largement financé par des entreprises multinationales depuis 40 ans, cette crise du Covid-19 serait-elle le coup final porté au cœur de l’élégance ? La fin parait proche, nous pouvons l’entendre résonner au son des frottements de chaussettes contre le parquet, du crissement artificiel des chaussures à tige haute en toile renforcée et à semelle et rebords de caoutchouc portant le nom de la Déesse de la Victoire du mauvais goût. L’entendre mais la sentir également... Aux effluves émanant de membranes en polyester se mêlent les exhalaisons des fibres de nylon entourant voracement les corps dépourvus progressivement d’allure et d’agréments.

tégories, les gentils et les méchants, une troisième catégorie est néanmoins bien souvent omise, les élégants en temps de crise mondiale : les héros sartoriaux dont le monde a besoin. Regardons nos garde-robes, respectons-nous les distances minimums de sécurité afin de protéger nos étoffes du virus de la négligence impudique ? Où se trouvent les attestations de déplacement pour nos costumes de chez nos amis Rubinacci, Cesare Attolini ou A.Caraceni, pour nos chemises de chez nos très chers Charvet, Budd ou Matuozzo, sans parler de nos souliers de chez ces aimables George Cleverley ou Edward Green? Que faire si nous ne possédons pas de masques ? Utiliser ses cravates de chez E Marinella pour un dandysme discret et abordable, faisons marcher notre imagination ! Pendant que le valeureux personnel médical et social se bat chaque jour pour sauver des vies, notre garde-robe peut sauver âmes. Par petites touches étudiées et raffinées nous pouvons structurer le volume et créer de l’aisance morale et spirituelle.

Mais l’espoir existe toutefois : “Consepulti enim sumus cum illo per baptismum in mortem, ut quomodo Christus surrexit a mortuis per gloriam Patris, ita et nos in novitate vitae ambulemus.”

Une proposition : applaudir le matin à 6h les personnes apprêtées élégamment afin d’encourager plus de monde à le faire et recréer un lien social véritable fondé sur nos artisans si chers à nos cœurs.

En effet Ιησούς Χριστός (ou ‫ ירצונה ושי‬pour les intimes) a eu le bon goût de ressusciter afin que l’on ne puisse pas le voir médiocrement drapé au sortir du tombeau. Nous pouvons (et nous devons) suivre Son exemple.

I Have A Dream ( Spem habeo pour les non-anglophones) que les hommes naissent égaux en élégance sartoriale et notre garderobe, humble et généreuse, ne demande qu’à nous aider à devenir des héros. Est dies Lunae Idibus Aprilibus MMXX Anno Domini Philibert de La Trémoille


8 Appentis


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Lo Canal


10 amenagement interieur

Le dernier mur porteur de Paris A l’attention de M. Julien Denormandie, ministre du logement

C’ est en tant qu’ ingénieur civil (formation GRETA de dessinateur projeteur brillamment validée l’ an dernier) que je me permets d’ attirer votre attention sur la crise majeure que traverse actuellement notre profession en raison du confinement prolongé de la population parisienne.

Ont-ils oublié de prévenir l’impitoyable syndic de copropriété ? C’est possible. De toutes façons il ne répond plus depuis le 17 mars. La semaine dernière, en même temps que le bilan des victimes du Covid-19 s’alourdissait, nous dénombrions la démolition de 15 283 murs porteurs clandestins dans le seul 20ème arrondissement.

Comme vous le savez, ce sont parfois des familles entières qui se retrouvent agglutinées 24 heures sur 24 dans des appartements exigus, des chambres de bonne insalubres, des trous à rat miteux, car votre politique d’ encadrement des loyers est désastreuse. Dans ces conditions, puisque les gens ne peuvent s’ offrir des logements décents et spacieux, ils doivent s’ organiser par eux-mêmes pour améliorer leur confort de vie. De vous à moi, j’ arrive à les comprendre.

C’est pourquoi je vous interpelle, M. le ministre. Je vous prie de bien vouloir faire cesser au plus vite cet abattage systématique. C’est notre savoir-faire, notre raison d’être qu’on assassine chaque jour davantage. Historiquement, les murs porteurs ont été conçus pour nous faire vivre, nous autres bureaux d’études structure. Quoi de plus beau qu’une descente de charges rondement menée, qu’un diagramme des moments parfaitement exécuté ? Considérez ces us et coutumes comme notre impôt à nous, nous qui le prélevions chaque année par centaines aux pigeo propriétaires parisiens.

Or, quelle solution plus simple, quel remède plus évident pour eux, que d’ abattre tous ces murs porteurs qui bariolent, qui cloisonnent et étriquent leur sinistre quotidien – Paris regarde ta faute : Haussmann, Front-de-Seine, Italie 13, où est le salut du peuple là-dedans ? Une exposition plein-sud retrouvée, un salon agrandi, les toilettes du palier annexés, autant de petits détails qui vous changent une vie. Le bon sens populaire n’étant plus à démontrer, ces gens savent comment s’y prendre. Etaiement des ouvrages, sciage mécanique de la paroi - pas d’outils à percussion, ainsi la structure ne vibre pas -, renforts métalliques adaptés – ce brave HEA 200 passepartout -, scellements au mortier sans retrait pour la finition, évacuation incognito des gravats dans la poubelle verte, les voilà qui percent, qui trouent sans ménagements ni complexes.

Quelques grammes d'acier, un peu d'huile de coude : cela peut réserver de belles surprises

J’en appelle donc, M. le ministre, à votre raison : ne laissez pas notre doux monopole, celui de l’expertise ès destruction de murs porteurs, être battu en brèche par quelques bricoleurs du dimanche ! Nous vous attribuerions alors toute la responsabilité morale de la mort de notre profession. En espérant pouvoir compter, M. le ministre, sur votre compréhension, Sélim Bolcaud Ingénieur structure


balcon

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Les jardins suspendus de Sevres-Babylo ne

Dans ce nouveau monde confiné, des bruits courent évoquant un balcon fleuri, n’ayant rien à envier aux jardins suspendus de la deuxième merveille du monde...…

Lorsqu’on pénètre en ce lieu, ce qui frappe à première vue, c’est l’éclatante verdure se dégageant des espèces végétales qui l’habitent. On s’y perdrait à en faire l’inventaire : des avocatiers (dont un de plus de 12 ans d’âge, le doyen du balcon) , des citronniers, des cactus, des plantes sauvages poussant dans les bacs, de la mousse… Et que dire de la faune : outre pigeons et corneilles qui s’y aventurent parfois, le visiteur pourra être intrigué par les mouches blanches qui se développent sous les feuilles des plantes (et qui représentent une sérieuse menace pour les cultivateurs de cannabis) . Vous l’aurez compris, ce lieu possède une importante biodiversité, en plein essor… En se frayant un chemin parmi les plantes occupant presque tout l’espace du balcon, on pourrait avoir une impression d’exiguïté. Pourtant, on raconte que, suivant les époques, il n’en a pas toujours été ainsi. Une terrasse de restaurant y aurait été aménagée autrefois. Plus loin encore dans le passé, l’endroit aurait accueilli une piste athlétique, pour les sportifs amateurs appréciant de courir en tournant en rond… sur de courtes distances ! Riche de ce passé, le jardin suspendu peut aujourd’hui accueillir (outre les botanistes) les amoureux de l’alpinisme. Attention cependant aux vertiges de l’altitude, si vous regardez vers le bas depuis le 4e étage ! Tenez-vous bien à la barrière, et vous pourrez alors admirer le panorama : un magnifique vis-à-vis avec l’immeuble d’en face, situé à moins de 10 mètres. Vous vous direz alors que l’ascension (en funiculaire ou à pieds, pour les plus expérimentés) en valait la peine…

Mais on ne peut décemment pas parler de ce balcon sans évoquer l’étrange rituel qui s’y déroule chaque soir à 20h : on peut alors y entendre des gens applaudir (ou même faire sonner des cloches) , en soutien aux personnels soignants. D’ailleurs, la pratique fait débat parmi l’actuel occupant du lieu. S’agit-il de défendre un service public affaibli par des années de politiques austéritaires ? Ou bien est-ce juste de la bonne conscience bourgeoise, qui héroïse les personnels de santé pour mieux les soumettre aux nouvelles normes managériales ? On peut aussi considérer ce rituel comme un moment de sociabilité avec le voisinage. Un moment pour s’extraire de nos existences confinées et atomisées… En profiter pour discuter, faire du troc à travers les balcons (par exemple, des carottes contre des chocolats de Pâques) , s’épier, s’envier, se rassurer… Finalement, l’important n’est pas le balcon, mais ce que l’on y fait… Et c’est sans doute cela qui révèle l’état de notre société. En attendant de redescendre de notre balcon et d’avoir de nouveau les pieds sur terre, on médite… On se dit que ce qui nous entoure est à la fois fragile et précieux… Qu’aucune merveille n’est vraiment éternelle… Et que Babylone pourrait encore brûler… Tanner Memlec (qui conclut ces lignes en écoutant Burn Babylon de Sylford Walker)

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12 Local poubelles

Protocole expérimental de sécurité Avant de vous rendre dans les zones Katya, Nina et Masha, balisez un sas de décontamination de 2m x 2m à l’entrée de l’appartement avec de l’adhésif ou de la rubalise. Tous les éléments (vêtements, accessoires, etc.) entrés dans les zones Katya, Nina et Masha pendant plus de 40 secondes doivent impérativement être déposés dans le sas avant le passage à la douche. En cas de non-respect de cette procédure de sécurité, vous serez tenu comme unique responsable des dommages matériels et humains entraînés et ne percevrez aucun dédommagement. Vous serez également dénoncé par le sycophante de la copro.

Zone Katya : 1 000 röntgens perçus

La zone Katya correspond au couloir menant aux parties communes. Il y a deux passages techniques : la porte menant aux escaliers et la porte du hall.

Zone Nina : 2 000 röntgens perçus

La zone Nina correspond au hall d’entrée desservant le local à poubelles. C’est une zone de passage très fréquentée. L’ensemble de la zone a éventuellement été exposée au virus Durant la progression veillez plusieurs fois dans la journée. à ne pas : Vous devez atteindre le local - Toucher les murs ou toutes poubelle sans croiser d’individu autres parois et sans toucher les murs. - Faire des bruits pouvant éveiller la curiosité des voisins En cas d’apparition d’un inde palier dividu, veuillez vous référez à - Toucher les interrupteurs avec ce protocole de défense : vos mains : utilisez plutôt le - 1/Cachez-vous derrière le stick non déplié compteur électrique et attendez La porte menant aux escaliers doit que l’individu passe être poussée avec le pied. L’in- - Si échec de 1 : 2/Toussez terrupteur de la porte du hall fortement en vous approchant de doit être activé avec le stick. l’individu tout en maintenant une distance de sécurité de 5 m Durée maximale de l’opération : - Si échec de 1 et 2 : 30 secondes 3/Repliez-vous en prétextant une urgence si l’individu reste communicatif Equipementobligatoire(enplus - Si échec de 1, 2 et 3 : d’unecouverturetotaleducorps) 4/Dépliez le stick à sa longueur maximale (4m) et servez- Masque aux normes FFP2D vous-en pour faire reculer - Textile bactériostatique - Gants plombés de radioprotection l’individu - Chaussures de sécurité Durée maximale de l’opération : - Un stick dépliable de 4m 20 secondes

Zone Masha : 12 000 röntgens perçus

La zone Masha est la zone de contamination maximale car elle est au contact de sources de virus extérieures (éboueurs en provenance de quartiers pauvres, gardiens d’immeubles étrangers) et intérieures (mouchoirs usagés d’individus infectés par le SARSCoV-2) . Le caractère exceptionnel de la situation nous a amené à supprimer de manière temporaire la nécessité du tri sélectif. L’opération dans la zone Masha doit être expéditive et aller au plus efficace : - Utilisez le stick pour ouvrir la porte à la manière d’un pied de biche et bloquez la porte avec votre pied gauche - Ouvrez la porte en poussant avec votre pied gauche et saisissez-vous du sac poubelle - Jetez le sac poubelle le plus loin possible dans le local poubelle - Repliez-vous et utilisez le protocole de défense 4 de la zone Nina si vous croisez un individu sur le chemin du retour Durée maximale de l’opération : 10 secondes Marie-Christine Joly


Attestation de sortie

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o-porno à la e licence philo-socio-psych L’Antik Arbone – quadrupl moment de au ier dern mars 17 le ce Sorbonne – n’a pas eu de chan resté Il ). rimé familiale (TER supp sement.est rentrer dans sa résidencdee bonn e seul Sa ndis arro 5ème du e bloqué dans sa chambrepar semaine, ie sort te peti une il s’autorise consolation : une fois n d’un kilomètr e. rayo un dans e heur d’une les ! Je me désinfecteé la e ru la ns da n fi referm 0h02 - En ent après avoir mains immédiatemJ’utilise ensuite un autre porte d’entrée. gel hydroalcoolique pour flacon de emier. désinfecter le pr

0h05 - Je passe par la rue Champollion. C’est la rue des cinémas : les murs sont tapissés de tags "Violanski" et "Besson assassin". Je croise Mathilde Seigner justement ; je m’enquiers de l’état de santé du beau-frère. "Il en touche pas une depuis un mois"

0h07 - Place de la Sorbonne. Grande famille quand tu nous tiens… Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon font la manche. Les temps sont durs, je lâche mon dernier ticket resto. King Jouet est encore fermé. Positivis attitude te Jules Vrin aussi, mais je m’en branle. devant le 0h10 - Rue Victor Cousin. Juste un biclou Cinéma Panthéon je remarque longtemps. comme j’en avais pas vu depuisama, tout le Cadre Reynolds, raccords Boc de musée. Je groupe Mafac gold. Une pièce pe-boulon. repasserai ce soir avec un cou

0h14 - Je réalise qu’au-dessus de Picard, des gens possèdent un rooftop avec vue directe sur le Panthéon. Aux riches hommes, la patrie pleine de seum.

0h22 - La rue SaintJacques m’épuise. Arrivé au niveau de l’Institut de géographie, un agent de police m’interpelle. Il me demande si j’ai cinq minutes. A priori oui. Il rentre dans le bâtiment – dont il a les clés, en revient avec un vieux plan cadastral du quartier, qu’il déploie devant moi. Il m’explique un tas de choses sur la montagne SainteGeneviève, sur l’histoire de certaines rues. Passionné le type. On sympathise, je parviens à localiser la position exacte de ma chambre de bonne. Il sort alors une règle millimétrée, fait une règle de trois. 1,07km. 135€ d’amende. 1h03 - Je croise un autre flic, rue de Condé. Celui-ci ne met pas les formes. 200€ pour deuxième manquement aux règles de confinement. J’ai pas à me plaindre, c’est l’Etat de droit.

e 1h08 - Enfin de retour. Je n’tsoubli pour emen étir mes e pas de fair

ne pas avoir de courbatures demain. L'Antik Arbone


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L'exil de l'interieur

Il a dû vous arriver, comme à moi, fuyant le sobre espace de notre enfermement, de penser qu'il aurait été plus souhaitable de se retrouver confiné sur une île grecque. Mais avez-vous pensé que le sort pourrait vous attribuer la peu chaleureuse île de Gyaros, située dans les Cyclades, pauvre rocher dégarni, paysage désertique et blanchâtre, pareil au sommet du Mont Ventoux mais hélas sans l'intérêt d'une ascension ?

l

es légendes y sont d'ailleurs tout autre : cette île a été choisie par la dictature des Colonels (1967-1974) , dans le prolongement de la guerre civile qui déchira la Grèce après la guerre, pour y déporter ses ennemis politiques et les torturer (nous allons au Ventoux très volontairement, sauf quelques sprinteurs rêvant des Champs-Élysées) . L'idée est tout de suite moins séduisante, n'est-ce pas. C'est ce que s'est dit également un confiné de force, c'està-dire un exilé deux millénaires avant nous (sommes-nous en l'an 1?) . Aulus Avilius Flaccus s'est vu ainsi, après une brillante carrière au service de Rome (il était le « gouverneur » de l'Égypte, une des provinces de l'empire) , imposé Gyaros comme lieu de son exil. Il faut dire qu'à côté de quelques affaires de corruption, d'enrichissement personnel au détriment du fiscus, Flaccus avait regardé très favorablement l'émeute antijuive d'Alexandrie en 38, lors de laquelle les Juifs de la ville furent pour certains trucidés, pour la plupart volés et coincés dans un ghetto avant l'heure. Incapable de maîtriser le désordre qu'il avait soutenu au départ, Flaccus perdit le soutien de l'empereur, et Caligula lui dit : va-t’en à Gyaros, c'est une belle île. Évidemment, Flaccus avait ses renseignements, et par son entregent il se fit affecter plutôt Andros, une île voisine et somme toute plutôt acceptable.

Il devait y vivre son exil, seul, sans connaissance, sans visite, sans possibilité de tisser des amitiés : en ces temps-là, à Andros, en Grèce, les maîtres étaient les Romains, les Romains de l'empereur, et les ennemis de l'empereur ne sont pas les amis des amis de l'Empereur. Même si Flaccus parlait grec (Alexandrie est une ville grecque, les nobles romains faisaient LV1 grec ancien, enfin contemporain pour eux) il ne pouvait donc parler à personne. Ses tentatives de sortie se déroulaient sous le regard lourd des habitants de l'île, l'hostilité régnait, le lynchage n'était pas loin, comme marqué par l'infamie du COVID-19 ou une absence d'attestation dérogatoire : « Fuyant les rassemblements de la foule, à cause de la honte qui le suivait partout, il ne descendait pas au port et n'osait pas sortir jusqu'à l'agora, mais se terrait, verrouillé, à son domicile, sans même oser franchir la cour intérieure. »

Flaccus se lamentait alors sur son sort, lui qui était l'homme le plus puissant de la plus riche province romaine : « Que signifie un pareil changement ? La nuit comme lors d'une éclipse s'est étendue en plein jour sur ma vie. Que dire de cet îlot ? Le lieu de mon bannissement ou une nouvelle patrie ? Un lieu de refuge, un exil malheureux ? » Confiné sur une île ; appropriation d'un nouveau territoire en même temps que d'une nouvelle vie. Il faut dire ici que ce que l'on sait de cet exil de Flaccus, on le doit à Philon d'Alexandrie, un intellectuel juif qui fut le témoin des émeutes antijuives qui valurent l'exil à Flaccus, un ennemi de ce dernier, donc ; l'histoire de Flaccus est pour lui un moyen de réfléchir au retournement de situation dans une vie, de la richesse à la pauvreté, des honneurs à la misère ; son brûlot contre Flaccus s'appelle ainsi « Contre Flaccus ou de la providence. »


escalier

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Lino'Mad n°8 - avril 2020

Enfin, après quelques mois de cette vie, Caligula réfléchit au sort de Flaccus. Loin de vouloir l'adoucir, il pense s'en débarrasser. Il a cette réflexion : « C'est une espèce de villégiature que le bonnaissement de pareilles gens [il pense aux magistrats bannis sur une île] , qui ont en abondance le nécessaire et peuvent mener une vie sans tracas et bien calme ; il est absurde de laisser ces gens-là vivre dans les délices en jouissant de la paix et des avantages d'une vie de philosophe. » Il envoya alors une petite troupe de légionnaires

abréger la vie de Flaccus, qui mourut ainsi après une course-poursuite où ce dernier ressemblait plus à un cerf dans la forêt de Compiègne qu'à un ancien préfet d'Égypte. Cette remarque de Caligula me fait penser que je n'ai pas vu passer le 2e épisode du journal de confinement de Leïla Slimani. L'expérience de Flaccus semblait toutefois contredire ce qu'en pensait Caligula. Confiné pour confiné, ce qui semblait manquer à Flaccus, c'est bien la vie qu'il avait construite. Jean Slichlich


16 interview

Raoult, Didier, profession :

Mars, dieu de la guerre (sanitaire) À ma droite, des milliers de morts, des chercheurs sur le qui-vive, un président démasqué, un premier ministre anglais en intubation d’idées neuves et une pénurie des pizzas. À ma gauche : Marseille, ses flâneurs en roue arrière, ses policiers en congés sans solde, ses dealers ouverts h24, son taux de pollution au beau fixe et sa pénurie d’anxiété. La différence ? Un homme. Ou plutôt, un druide, un guide : Didier Raoult, dit le Waddle de la Timone. Rencontre. Lino'Mad : Bonjour Dr Raoult (il nous serre la main

de force) … Pas de gestes barrière, ici ?

Didier Raoult : Lol. On a du Plaquenil en veux-tu

en voilà.

L'Md : Je comprends mieux. Ceci explique que le

L'Md : Et Macron vous rend visite ! Sans

journalistes, sans gardes du corps, il vous a obéi au doigt et à l’oeil contre l’avis de son comité scientifique… DR : Héhé, oui. J’en ai fait ma pute.

Président Macron se soit déplacé à votre labo au lieu de faire un Skype…

L'Md : l’expression n’est pas très heureuse.

DR : Exactement. J’ai refusé tous ses appels…

DR : Pfff. Encore un coup des Décodeurs du Monde et

L'Md : Mêmes les masqués ?

Mdr, vous êtes bons... Oui. Je lui ai dit que s’il avait quelque-chose à me demander, qu’il se déplace, car nous avions du pain sur la planche. Mon dir’com’ m’a même conseillé de lui répliquer « On sauve le monde ici, pas le temps pour les mondanités confinées ». Ce que j’ai fait.

D’autant qu’on vous accuse de harcèlement sexuel…

de Libé. Tout est bon pour me discréditer. Ils m’accusent même de climatoscepticisme… L'Md : Est-ce le cas ?

DR : Le climat ? Rien à foutre, à Marseille il fait

L'Md : Vous avez un dir’com’ ?

beau tout le temps. Faut pas aimer les UV pour crier au loup. Tiens, regardez Greta, elle milite juste pour la sauvegarde des sports d’hiver, faut pas faire attention… Vous ne préférez pas revenir à mon statut de star internationale ?

DR : C’est JUL, le rappeur (il se livre à une

L'Md : Si, pardon. En quelques semaines, vous êtes

interprétation de « On m’appelle l’Ovni ») . C’est lui qui m’avait conseillé de publier une vidéo sur Youtube fin janvier, sans tests ni rien, et de l’intituler « Covid fin de partie ! ». Je trouvais ça cavalier mais ça a porté ses fruits. Depuis, je suis une star.

passé d’anonyme à personnalité la plus médiatique du monde. Qu’est-ce qui a changé pour vous ? DR : À titre médical, pas grand-chose. Comme ces

abrutis de complotistes ont fait de moi leur mascotte, dans la communauté scientifique personne ne prend mon protocole au sérieux. Macron a dû faire le mur en prétextant une visite chez ces gros nazes du Kremlin-Bicêtre pour venir me voir… C’est dire ! L'Md : Et au quotidien ? DR : À Marseille les choses vont très vite. Dès les

premiers jours du confinement, l’OM m’a proposé le poste de gardien de but. J’ai refusé, plus l’âge… et puis j’aime bien Steve Mandanda. Sinon je prépare un featuring avec JUL et Sopra, qu’on va chanter en direct-live sur Skyrock. Ça s’appellera « Et un, et deux, et trois euros la boîte de Plaquenil ». L'Md : Pas mal…


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Lino'Mad n°8 - Confiné 2020

DR : Sinon, Gaudin m’a proposé la mairie de

Marseille, Renaud Muselier la Région PACA, et Trump le Gouffre du Mordor (mais je crois qu’il regardait un film en même temps) . L'Md : Le monde politique vous ouvre ses cuisses ?

Pardon, « Ses portes » ! Vous m’avez perturbé avec vos propos sexistes et votre poignée de main… DR : Vous auriez préféré une bise ? L'Md : Revenons à ma question sur la politique je

vous prie.

DR : Oui, la politique me tend les bras.

D’ailleurs - tenez un scoop, vous m’êtes sympathique -, c’est la vraie raison de la visite du Président : il venait me demander de ne pas me présenter en 2022. L'Md : Vous êtes sérieux ?

L'Md : Mais au fait, de quoi se compose la

Chloroquine ?

DR : Aussi sérieux que deux et deux font cinq, et

DR : Grosso modo c’est un mélange de cocaïne,

L'Md : Deux et deux ne font pas cinq…

L'Md : Mais vous êtes un putain de dealer !

DR : D’après les rapports chinois, si. Mais

DR : Hellooooo ! On est à Marseille ici, Calimero !

que mon protocole fonctionne.

évidemment, personne ne les lit. L’orthodoxie scientifique n’en a rien à faire, je suis le seul à y jeter un œil ! L'Md : Vous êtes vraiment un guignol. DR : Peut-être, mais j’ai toute une ville d’un

d’héroïne et de Nutella.

Ça fait un siècle que la population carbure au Plaquenil. Pourquoi tu crois que les immeubles s’effondrent, que personne ne vote, que les automobilistes jouent à Mario Kart et qu’on a gagné la Ligue des Champions ? (Tu vois, on y revient toujours) .

million d’habitants qui t’attend en bas. Si je veux, je te mets dans les douves du Vélodrome ou je te fais boire un verre d’eau du vieux port.

L'Md : La drogue aurait-elle quelque chose à voir

C’est le genre de châtiment que vous infligez à vos contradicteurs ?

DR : T’es débile ou tu le fais exprès ? À ton avis

DR : Comment penses-tu qu’on a gagné la Ligue des

Champions en 93 ?

L'Md : Mais ça n’a aucun rapport ! DR : Que tu crois. À Marseille, tous les

chemins, toutes les conversations, mènent à la victoire de 93. L'Md : Ok. Je vous écoute. DR : À la demande de Tapie, j’avais prescrit de la

Chloroquine à toute l’équipe. On avait fait des tests sur Maradona en 86. Tu peux me croire : c’était concluant. Du coup, on a filé double dose à Basile Boli. Et hop, un but contre le grand Milan de Berlusconi (qui depuis est devenu l’un de mes principaux clients) .

avec le faible taux de mortalité dû au Covid-19 à Marseille ? on a parlé de quoi avec Manu ? C’est un secret de polichinelle que la coke diminue les symptômes, négative le virus et fait gagner la Ligue des Champions. Pourquoi crois-tu que ça chagrine tant le monde médical, médiatique et politique ? L'Md : Je comprends mieux… C’est une sombre affaire

de secret d’État… On nous mentait depuis le début. La drogue, en fait, c’est bien !

DR : Tu en tires les conclusions que tu veux mon

grand. Tout ce que je peux te dire, c’est qu’en plus de faire gagner la Ligue des Champions, ça marche aussi contre le Corona. L'Md : Vous êtes vraiment quelqu’un d’exceptionnel. DR : C’est exactement ce qu’a dit ton Président en

partant (avec son gramme de Plaquenil) . on en reparlera !

Adrien Dénouette


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Iris Winckler



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