N°3 janvier 2018
Prix libre
doubs
Mensuel nomade
12 Pages
2 Sommaire Communications avec
Le
medianimiques
Charles Fourier
4-5
castor
de
Beure
et
la
cascade du bout du monde
6-7
Metaphysique 10
des tubes 103
nee Nouvelle jour de violence
Arnaques,
chocolat
et
botanique
11
8
a Pontarlier
24H avec ma Lip
9
L'histoire de la
12
femme-serp
ent
Par monts et par vaux
directeur de la pub lication : Léo Devillers directeur de la réd act Pierre-Louis Cotterion : et rédactrice en che f: Dina Moreau ont participé à Rodrigue Florac, ce numéro : Lo P'Othe, Louis- L'Antik Arbone, Olivie Jeanne, Rosina Shor Lapébie, wers le logo et la Une
sont de : Ludion Depojo
maquette : DodZ Lino'Mad est un mag cratif créé dans azine à but non lule Pays d'Othe en octobre 2017. participation vol Il repose sur la ontaire de ses aut eurs nous n'avons mal temps de vérifier heureusement pas eu le toutes les inform ations édité par l'associa tion Lino'Mad en cours de création contact@linomad.fr ou retrou notre page Facebo vez-nous sur ok
Nous lisions dans le Petit Doubiste illustré (janvier 1938) la présentation suivante : « Nous voici dans le Doubs, une terre de champions de ski alpin et nordique. Mais aussi de Gustave Courbet, Victor Hugo, Pierre Joseph Proudhon, Charles Fourier et des frères Lumières… « Ce siècle avait deux ans ! […] Alors dans Besançon, vieille ville espagnole… ». Du XVe au XVIIe siècle, le comté de Bourgogne, comme on appelait la Franche-Comté, est rattaché au Saint-Empire qui possède les Flandres et l'Espagne. C'est une terre de passage ni plus ni moins. Et toujours un endroit où il fait bon passer ! La FrancheComté est la troisième région la plus boisée de France (la première étant la Corse) . Les activités touristiques n'y manquent pas. À ce propos, durant les beaux-jours, inutile de perdre son temps sur une énième route des vins. Il y a bien plus exotique dans le Haut-Doubs : la route de l'absinthe franco-suisse menant de Pontarlier au Val-de-Travers. Sachez, par ailleurs, que Pontarlier a vu naître et exercer en qualité de médecin des pauvres, le premier député musulman de l'histoire française ; qu'en 1901, une distillerie d'absinthe était en feu, qu'un ouvrier bien malin a ouvert toutes les cuves avant que la ville ne soit rayée de la carte. Tout cela est déversé dans le Doubs, les soldats et pompiers y boivent « à plein casque » et c'est ainsi qu'on découvre que la Loue, une rivière et une vallée superbe, est une résurgence du Doubs. » On ne nous tiendra pas trop rigueur, période des fêtes oblige, d'avoir eu la flemme de publier notre propre édito (subversif, pour sûr) et privilégié plutôt le charme désuet de ces vieilles brochures touristiques… La rédaction vous adresse ses meilleurs vœux ! Dina Moreau
En bref
Montbéliard
La guerre des épiciers a eu lieu. À Montbéliard. Ils ne se sont pas bombardés à coups de harengs saurs ou de pois cassés. Mais ils se sont livrés à une concurrence féroce, telle que le prix du litre d'absinthe est descendu jusqu'à 5 euros. Comme toujours, cette guerre n'a profité qu'aux neutres, pour une fois, aux consommateurs, qui ont fait leurs provisions à bon marché. Ainsi que me disait Gilbert Patraque : « Voilà une guerre où j'aimerais que mon canard préféré m'envoyât comme correspondant de guerre ! ».
courrier
3
Le Doubs est connu pour ses fromages, moins pour sa galette des rois. C'est pourquoi l'association des Petits Marmouthons (à Mouthe) nous partage cette recette traditionnelle, sans frangipane qui reste sur l'estomac, mais à base d'une délicieuse pâte à choux :
« Dans une casserole, faire bouillir 1/4 de litre de lait avec 80 grammes de beurre, 4 cuillères à soupe de fleur d'oranger et 2 cuillères à soupe de sucre. Quand tout cela commence à bouillir et que le beurre est fondu, il faut enlever la casserole du feu et mettre d'un coup, d'un seul, la farine (125 grammes). Il faut remuer la mixture avec un fouet, la pâte doit faire une boule. puis incorporer un à un les 4 œufs. Mettre au four à 180° pendant une bonne demi heure. On peut enduire le dessus de la galette avec un jaune d'œuf dessus et faire des dessins avec les pointes d'une fourchette. Fra
nc
suc
cès rédà la ac
Beure
Une fête sera bientôt organisée par la municipalité pour célébrer les sept ans de l'installation du premier radar tronçon de France, voie des mercureaux. Vuillafans
La petite entreprise familiale de smartphones Vuillaphone vient de lancer, pour son dernier modèle, une série limitée de coques à l'effigie de Pierre-Joseph Proudhon et Charles Fourier. De quoi renouer, nous n'en doutons pas, avec la clientèle locale, réaffirmer certaines valeurs, et aussi dissiper cette histoire contrariante de cobalt en République démocratique du Congo. Venise
Bonne nouvelle pour le dynamisme régional ! Pour la première fois, Venise s'associe avec Rioz en Haute-Saône pour l'organisation du carnaval 2018 (27 janvier-13 février) . Le cortège, long de 10km entre les deux villages, promet d'être animé ! Qui a dit que la coopération interdépartementale n'existait plus ?
Cette pâte à choux peut tout aussi bien servir pour faire des gougères. Enlevez le sucre et la fleur d'oranger et rajoutez à la fin du comté ou de l' emmental râpé. Cela fait toujours plaisir à l'heure de l'apéritif. Cela étant dit, la galette est un moment de partage tirant son origine d'une fête païenne [ndlr : non sans malice, Jeanne ajoutait ici : « comme à chaque fois complètement réappropriée par l’Église », une phrase polémique que nous n'avons pas cru bon de garder] . Un homme devenait roi le temps d'une journée, la société en était toute renversée. La galette a peut être aussi un lien avec le solstice d'hiver, date à laquelle la nature redémarre ; d'ailleurs, ce n'est pas anodin, on mettait à l'intérieur une fève, le premier légume à pousser au printemps... » (Jeanne, 21/12/2017)
4 ésotérisme Communications médianimiques avec Charles Fourier Le fantasque Bisontin Charles Fourier (1772-1837), bien connu pour sa théorie de l'attraction passionnée et sa critique aiguë de l'ordre social, l'est beaucoup moins pour ses travaux plus occultes mais tout aussi foisonnants – et convergents – sur l'immortalité de l'âme. Exceptionnellement, nous avons bien voulu faire tourner les tables pour converser avec lui... Lino'Mad : On aurait vite fait de vous traiter
de fou, voire de gourou, mais quand on vous entend parler avec un tel entrain de corps éther-aromaux, de vie trans-mondaine et d'harmonie planétaire, on a qu'une envie, c'est de s'abandonner avec vous à ces passions célestes. D'ailleurs, comment se sent-on dans votre monde ? Charles Fourier : Vous n'avez pas connaissance
du bien-être qu'on ressent, le plaisir d'exister et de se mouvoir, comparable à celui d'un aigle qui plane sans agiter les ailes. Tel est dans l'autre monde l'état des défunts ou trans-mondains ; pourvus d'un corps aromal bien plus léger que l'air, ils planent dans l'air, et de plus dans l'épaisseur de la terre, dont ils peuvent sans obstacle traverser les rochers les plus compacts. L'Md : Il fait plus de 5000 degrés au centre
de la terre…
CF : Vos corps cis-mondains sont hors d'affi-
nité avec le feu, dont ils ne supportent que 32 degrés en chaleur et 24 en boisson. Les trans-mondains sont incombustibles à très haut degré, et peuvent fonctionner dans l'intérieur brûlant de la planète. L'Md : Enfin, je vous cite, c'est pas un peu
ennuyant à la longue de « planer et voguer en tout sens comme des oiseaux et poissons » ? CF : On peut rassurer nos Sybarites, Gastro-
nomes et autres, qui dédaignent l'autre vie dans la crainte de n'y trouver la table mise : elle y sera servie avec une toute autre splendeur qu'en votre monde. Il en sera de même de tous les plaisirs, amour ou autres. L'Md : Vous décrivez une relation très forte
entre les petites âmes, les nôtres - qui ont trois existences, passée, présente et future -, et la grande âme, celle de la planète. Ditesnous en plus. CF : Notre siècle, qui admet en principe que
tout est lié dans le système de la nature, qu'il y a unité entre ses parties, prétendrat-il qu'il n'existe pas de relations entre les âmes humaines et la grande âme planétaire ? Autant vaudrait avancer qu'il n'existe pas de rapports administratifs entre César et cent millions d'hommes soumis à son sceptre, ou bien qu'il n'y a point de rapports entre les feuilles d'un arbre et la tige qui leur distribue ses sucs et en reçoit d'elle. Si pendant quelques années consécutives on laisse dévorer les feuilles par les chenilles, l'arbre languira et périra : cette même relation s'établit de corps et d'âme entre une planète et ses habitants ; leur retard en échelle sociale cause le déclin matériel de la planète : aussi voyons-nous la nôtre en dégénération climatérique très rapide, par effet du retard d'avènement à l'Harmonie. Ce vice devient plus sensible chaque année. L'Md : Impressionnant ! Personne le sait, mais
en fait vous êtes le père de l'écologie sociale ! Revenons-en à nos défunts, ça a l'air d'être une charmante perspective que cette vie future…
Lino'Mad n°3 - Doubs
CF : Elle n'a de fâcheux que la transition as-
cendante, appelée la mort.
L'Md : Mais, au delà de l'ignorance, n'y a t-
L'Md : C'est à dire ?
il pas aussi une certaine volonté, notamment des sciences physiques, d'occulter l'immortalité de l'âme ?
CF : Les âmes participent dans l'autre vie aux
CF : Ne soyons pas étonnés de l'ignorance qui
sensations corporelles de la planète ; elle est languissante et presque malheureuse, tant que dure l'état de limbe sociale, état commun à la grande âme comme aux âmes individuelles. Cet état réduit la grande âme, et par unité le grand corps planétaire, au rôle de lépreux, êtres infectés de contagion physique et morale, séquestrés du monde céleste, privés de commerce aromal avec les autres astres. Ceuxci risqueraient l'infection s'ils communiquaient en plein avec une planète. Les âmes des défunts sont aussi malheureuses que vous, tant que dure l'état de gêne et de quarantaine que je viens de décrire. L'Md : C'est marrant, on nous a souvent affirmé
au contraire que la mort était une fin, un arrêt, et non pas une transition ou un voyage ! CF : Hé, maudit philosophe ! Comment peux-tu
exister et renaître sans les deux transitions dites naissance et mort ? Il faut donc admettre l'étude des transitions, triviales ou non, dans un calcul régulier et intégral sur le mouvement. Les exclure, c'est imiter l'homme qui voudrait ne pas admettre le fumier dans l'agriculture, parce qu'il est trivial. Je reprocherai souvent aux philosophes de Paris cette grossière bévue.
règne sur l'immortalité, ni de l'insuffisance des sciences connues sur cette question. Dieu ne doit pas permettre que les humains acquièrent des notions scientifiques sur la vie future. Si l'on en était convaincu, les plus pauvres des civilisés se suicideraient ; il ne resterait que les riches, qui n'auraient ni aptitude ni penchant à remplacer les pauvres dans leurs ingrates fonctions. L'Md : On avait dit « pas de politique »… Vous
êtes incorrigible !
CF : Je peux juste me permettre un commentaire
sur les vœux du Président et sa « Nation française » ? L'Md : Je vous en prie… CF : Placez un chien affamé près d'un pâté,
son premier soin sera de commettre le mal, voler et manger l'objet convoité ; mais faiteslui voir le fouet suspendu sur sa tête, le pauvre animal s'éloignera et semblera vous dire : si j'étais libre, je mangerais le pâté, mais tu me rouerais de coups ; j'aime mieux souffrir la faim. L'Md : Merci Charles Fourier, on en reparlera ! Propos recueillis par Pierre-Louis Cotteret
C'est donc une charmante perspective que cette vie future : elle n'a de fâcheux que la transition ascendante, appelée la MORT ) s Fourier (Charle
N.B. : Toutes les citations de Charles Fourier sont issues des textes « Sur l'immortalité et la transition », « Thèse de l'immortalité bi-composée » et « Du Libre Arbitre ».
5
6 tourisme Le castor de Beure et la cascade du bout du monde
la D683, à 5km d'une des entrées particulièrement embouteillées de Besançon Sur – alors qu'il y a l'EuroVelo 6 juste en contrebas –, se trouve mon village d'adoption. Au bord du Doubs (en train de sortir de son lit), se trouve le village de Beure. Une pharmacie dernier cri, une boulangerie banette, une boucherie-épicerie, (encore) une poste, un salon de thé, la restauration rapide de chez Paulette et bien sur l'Escale, tabac-bar-restaurant – nous y reviendrons –, mais aussi le musée des armées.
beure.fr
Sachez que les traces d'occupation humaine les plus anciennes de Besançon ont été retrouvées vers Beure. La grotte de Casamène (fouillée en 1969) a abrité des néandertaliens (Paléolithique moyen, 50 000 ans avant notre ère, d'après l'Inrap) . Il s'agit certainement d'une halte de chasse. On y a retrouvé quelques outils moustériens. Non loin de là, sur la colline du Peu, après avoir gravi la côte du Maillot, on trouve toujours une cabane de chasse, avec poêle et pattes d'animaux cloués. Ça ripaille sec ladedans aussi de temps à autre.
On préserve à Beure. Une voie romaine est classée monument historique et la station essence Agip est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 2013. Réalisée par Jean Prouvé (oui, le même du palais omnisports de Bercy) , cette station à treize facettes est en aluminium. La boutique, le logement à l'étage du pompiste ainsi que le auvent pour les voitures et les pompes sont concernés par cette inscription. Cette station est conçue comme déplaçable et c'est l'avant dernier modèle en place en France. Le gérant est inquiet pour son projet de station de lavage, confiait-il à l'époque à un journaliste de l'Est républicain ainsi qu'au Parisien. Les consommateurs ont un avis partagés sur la question. « Moi je regarde surtout les prix, après le reste », nous confie un automobiliste mou. « On classe vraiment tout et n'importe quoi », dit un autre plus en forme. « Y'en a une juste en face [de station] mais j'aime bien aller à celle-ci depuis que je sais » nous dit une jeune femme qui n'arrive pas à refermer son réservoir... ie pro ner Lam Pla de
On préserve aussi du côté de la nature. Une zone de protection de biotope (le lieu de vie en gros) a été instaurée par arrêté préfectoral en 2009. Préserver les ruisseaux beurots et leurs pourtours nécessaires à la reproduction, à l’ alimentation, au repos et à la survie des espèces concernées : écrevisse à pattes blanches, truite commune, lamproie de Planer, salamandre tachetée (j'en ai vu plusieurs cet été écrasées sur la route) , crapaud sonneur à ventre jaune.
Ca fi sto be r r
Le village est découpé, une partie est tournée vers le Doubs, pour ne pas dire vers cette départementale, une autre est complètement encastrée par des coteaux aujourd'hui boisés, encore une autre se trouve tout en hauteur, derrière ce petit cirque. Deux ruisseaux traversent le village, les Mercureaux et la Pisseur. Ces deux ruisseaux nous font l'honneur de cascader dans ledit quartier encastré, aux maisons vigneronnes bien préservées, appelé le quartier de Metz.
Depuis la vélo-route, en arrivant à Besançon, on peut voir des castors. Eh bien il paraîtrait que la toponymie beurote doit beaucoup à ce rongeur aquatique. Buyres en 1290, Bures en 1346, Beurre jusqu’ au début du XIXè siècle seraient issus du terme germanique « bûr », désignant l’ habitat isolé des castors. Dans le langage toponymique, « Beur » en Isère, signifie cabane. Ce qui se rejoint. La cabane est un abri pour homme autant que pour les castors après tout. Ainsi, le blason de la commune est d’ azur semé de billettes d’or au castor assis du même brochant sur le tout.
Lino'Mad n°3 - janvier 2018
À Beure passait autrefois le train à vapeur appelé le Tacot qui reliait Besançon à Pontarlier. Les vignerons reconvertis en maraîchers au début du XXe siècle utilisaient ce tacot pour se rendre à la ville écouler leur production en semaine. Le chemin inverse était fait par les Bisontins le dimanche. C'était l'invasion pour manger au restaurant du Bout du Monde, au pied de la cascade, des matelotes et
des pauchouses (des plats aux poissons de rivière) . Du tacot et du chemin de fer, il ne reste rien, mais il perdure encore des noms : l'Escale, le restaurant-café-tabac et la rue de la gare. Pour plus d'informations, ne manquez pas lors de votre prochain passage en Franche-Comté de visiter le musée du Tacot à Cléron. Dina Moreau
La station essence Agip inscrite à l'inventaire est monuments historiques des puis 2013. Réalisée par de Prouvé, cette station à trJean facettes est en alumin eize Conçue comme déplaç ium. able, c'est l'avant dernier mod èle en France.
7
8 géopolitique Les apprentis jardiniers-botanistes du centre de formation de Châteaufarine, localisés dans la zone d’activité de la Planoise, en face de Conforama, n’ont pas pour habitude de faire parler d’eux. Et pourtant... « On est une des dernières formations en Botanique de France, voire d’Europe, affirme Pascal Clante, le directeur du centre, plus personne ne s’intéresse au monde végétal, tout le monde quitte le Doubs, sauf quelques rares visionnaires pris pour des marginaux... Mais méfiez-vous du loup qui dort dans le bois ! ». En effet, les douze apprentis botanistes de la promo 2015-2016 ont été au cœur d’une des révélations politiques majeures de l’année passée.
« Au milieu de la deuxième semaine, alors que l’on commençait à explorer le secteur de la Chapelle les bois, le paysage végétal s’est brutalement éclairci pour laisser place à des rangées de cacaoyers, une plantation ! ».
La Suisse dans le viseur Ce jour-là, les apprentis botanistes mettaient le doigt sur un des plus grands scandales agro-alimentaire et politique de l’ année Une bien curieuse découverte 2016 : les plantations de cacao, que l’ on sait aujourd’ hui avoir été génétiquement modifiées Un après-midi d’ octobre 2015, le groupe, à des fins productivistes, appartenaient à un alors en plein inventaire floristique dans les grand groupe de chocolatiers suisses dont le forêts ceinturant le lac de Saint-Point, a chocolat, à très haute valeur ajoutée, était diagnostiqué une essence jusqu’ ici inconnue vendu à l’ international. « Qu’ils aient vendu « On a d’abord cru reconnaitre un Malvacée peu de la merde à tout le monde passe encore mais commun dans la région, Tilia platyphyllos que ces plantations suisses aient reçu un obscordifolia (tilleul à feuilles cordées) , ra- cur soutien financier de la PAC, ça c’est conte Julien, depuis le bureau de sa start-up mettre le doigt entre l’arbre et l’écorce ! » « Le Tavaillon connecté », ce qui était déjà raconte Jean Gouvinet, un des premiers journaune sacrée surprise car cette espèce ne se dé- listes à s’ être emparé de l’ affaire, auveloppe que dans le Nord et le Centre de la jourd’ hui rédacteur pour l’ Est Républicain. France ». « En plus de jouer un double jeu et d’être Les étudiants ont, ce jour-là, récupéré un européaniste quand ça les arrange, les Suisses échantillon de l’arbre pour la soumettre au ont employé au black 2500 doubistes sans emdiagnostic de François Hadlé, professeur émé- ploi pour l’entretien des plantations et le rite aujourd’hui connu pour ses films documen- conditionnement des fèves, c’est du néocolotaires et autobiographiques dont « L’arbre nialisme primaire ». L’ image du voisin Suisse tombe toujours du côté dont il penche » et plus a été ternie à la suite de cette affaire, la récemment le blockbuster « Betula dentata ». plantation rasée et le chocolat produit à parAprès une analyse botanique poussée, le pré- tir des fèves transgéniques retiré des ventes. tendu tilleul a révélé une identité surprenante Theobroma cacao Hadlé « Theobroma cacao Hadlé [2015] » soit une nouvelle espèce de cacaoyer non répertoriée. « Cette espèce, dont on ignore tout, est exceptionnelle, explique François Hadlé, il est normalement impossible pour un cacaoyer de se développer en climat continental-montagnard ». Les semaines suivant la découverte botanique ont été consacrées à des prospections complé« Quelque part cette histoire de plantation, mentaires dans le secteur du lac de Saint-Point c’est l’arbre qui cache la forêt, constate et de Pontarlier. « Nous voulions savoir si Claire, ancienne apprentie botaniste aujourd’hui l’espèce était endémique au Doubs, subspontanée propriétaire d’une galerie d’art contemporain ou introduite et s’il existait d’autres re- spécialisée dans l’épicéa et ses représentaprésentants de ce spécimen dans la région », tions, on a toujours su que notre position fronraconte Nicolas, ancien étudiant de la promo talière comportait des atouts et des contraintes 2015-2016, aujourd’hui directeur d’une entre- stratégiques… maintenant que les cacaoyers sont prise affiliée Weight Watchers produisant du partis les choses ont repris leur cours et la metton bio 0% de matières grasses. vie n’a pas changé pour autant ! » Rogrigue Florac
lifestyle
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Lino'Mad n°3 - doubs
collection, L'Antik Arbone friand de nouveaux biclouser,de au détour d'une brocante sé tent s'est exceptionnellement lais montre bracelet Lip. une par , nçon Besa à on place de la Révoluti net, sa vie a poig son à enfilée Au moment où il l'a gé. incommensurablement chan .
Toujours
r car elle 23h59 : Je retire ma montre pour dormid'une envie pris suis Je et. poign au mal fait me offres en soudaine de regarder les dernières e. montr ma s remet Je i. intérim sur Pôle Emplo
rosée, le un peu ar ée pasir so de t. n effe enEn so mé, re 6h30 :liReertour om co -n en it bi Pontar r lefapont Battant,leleprincipe puis sant pate un patron pour s (peu profond à sava e dans le Doub 21h30 : Plaisir simple mais efficace. Il n'y a décidément je balanc le rien de meilleur que quelques cuillerées de cancoillotte cet endroit). fondue sur des pommes de terres dorées avec une pointe d'ail et de fleur de sel. J'en reprends deux fois. 6h35 : Histoire de, décide de finir la nuit sur un je banc au Jar16h45 : Je m'étais promis din des Sens près de la stat ue de de fai re la Prou côt dhon. Il fait frisquet mais e de Montfaucon avant la tombée la de la prés nui ence du premier anarchiste me t. J'enfourche mon vieux Peugeot PKN10 et réch auff je e fil le e. cœur Dan . s Lors un que sec je teur à 10 % je high kick un réalise qu'il s'agit en fait du tout Shimano. C'est à causemec en Cannondale carbone marq uis de Jouf froy d'Ab bans je me pèle vraiment. si y'a plus de made in Fra de fils de pute comme ça nce auj ourd'hui.
16h00 : Je croise une femme à l'air déprimé mais tout à fait charmante vers la Gare d'eau. Malgré mon extinction de voix, je tente un « Lip, Prozac, même combat ! » qui reste lettre morte.
ut est pas to 14h00 : C'ut aller traça mais fa J'ai repéré vailler. ière la zone juste derre, à l'entrée commercials, un panneau de Franoi de vitesse indicateurJ'appelle Lola solaire. t pour récuet Gilber panneau et la pérer le C'est du 12 batterie. de rien. Ce volts mine faire fondre à soir on va oillotte canc . la le ab el nouv l'énergie re
12h00 salue : DoMac à estime pas la ser Chateaufar capital pour les veuse, j'ai ine. Je fish et isme. Je c idiots ut aucune iles une sal ommande du un ade, je suis ve filet-ogan.
9h00 : Je crains un début d'angine. J'achète une boîte de dolipranes. Laboratoires Sanofi, anciennement Aventis, anciennement Rhône-Poulenc, ça craint. Tant pis le mal de gorge passera, je veux pas passer pour un traître.
sant en ter10h00 : Café-crois erre. Je pars Pi tin Sa e rasse plac scrupule. À sans payer. Aucun t un franchitous les coups c'es fé appartient sé, la machine à ca même pas à eux.
11h00 : Pause pipi devant la maison natale de Victor Hugo au 140 Grande rue. Jamais pu pardonner sa période royaliste. Et tant pis si c'était au premier étage, le voisin du dessous est forcément complice.
11h03 : Dix mètres plus loin je me laisse convaincre par un paki qui me refourgue son stock de 100 000 boules à neige « Citadelle Vauban » garanti « fait main ». Bah, je finirai bien par les écouler dans l'année.
10 rétro
Metaphysique des tubes 103 L'histoire commence par ce qui pourrait passer pour une ritournelle enfantine : I've got a bike. You can ride it if you like / It's got a basket, a bell that rings and / Things to make it look good. J'ai un vélo, si tu l'aimes tu peux l'essayer / Il a un panier, une sonnette / Et toutes ces choses qui le rendent joli. Pas si enfantine que ça.
Car déjantés Pink Floyd et le génie Efficacité et élégance du braquet, Syd Barret. de quoi calmer tous les détracteurs. Déjantés pour une histoire cyclo musicale, on commence bien. Sur mon vélo il est fièrement écrit : Tube spécial Peugeot 103 Fabriqué par Cycles Peugeot Beaulieu Valentigney.
Je roule sur un vélo heureux, fabriqué dans le Doubs, à Valentigney, au milieu des années 70, l'usine rayonnait alors à plein tubes.
En 1971 Pink Floyd réédite Bike sur son opus Relics. En 1971 Peugeot Cycles sort un cyclomoteur dénommé 103, comme le tube de mon vélo.
tits vélos sortir des chaînes montbéliardes, dont certains iront même se loger dans des imaginations fertiles et d'autres gagner le Tour de France.
Comme Pink Floyd, Peugeot Cycles
J'ai un beau vélo qui par monts traverse allègrement les années 70. et par vaux me promène. Un siècle d'activité verra des millions de peComme la plupart des nombres assignés par un constructeur à un élément de sa marque, nous n'en saurons pas plus sur les raisons qui pousseront quelques temps plus tard Peugeot Cycles à coller ces mêmes 3 chiffres sur des tubes de sa production.
Tube spécial, c'est un peu comme pâtes aux œufs frais, ça veut tout et rien dire, est-ce à cause de ça que le 103 n'est pas l'objet d'une grande considération de la part des connaisseurs ? Le héros de The
Puis progressivement, rien ne va plus, pour les uns cramage de neurones, Great Gig in the Sky , pour les autres changement de mode, la bicyclette traditionnelle ne fait tristement plus recette.
Notre parallèle troublant prend alors la forme d'un mur qui tombe, faisant basculer les protagonistes dans un autre monde qu'ils n'ont pas souhaité.
Wall avait construit son mur pour ne pas faire face à la Laissons les dire ! réalité et sa destruction le Car lisez bien : 103 est un nombre propulse vers ce qu'il fuyait. heureux, c'est ce que nous apprennent les mathématiques. En 1987, la fermeture de l'usine de ValentiLà il faut suivre : un nombre est dit heureux si la suite des carrés successifs des chiffres qui le composent conduit à 1.
gney propulse la fabrication des vélos Peugeot dans l'Aube à Romilly.
Ultime coïncidence de notre histoire, du Doubs vers l'Aube, Facile : le même chemin que Lino'Mad en 1 au carré + 0 au carré + 3 au carré sens inverse. = 1+0+9 = 10 1 au carré + 0 au carré = 1+0 = 1 CQFD en 2 coups, c'est simple, clair Peugeot Beaulieu Valentigney, et net. Wish You Where Here.
Lo P'Othe
faits divers
Lino'Mad n°3 - janvier 2018
Nouvelle journée de violence à Pontarlier
Les vitrines sont en miettes, les bancs arrachés, les poubelles agonisent. Et les habitants du quartier n'en peuvent plus, telle Bérénice, 55 ans, fleuriste : « Quand j'ai encore entendu leurs pétards et leurs cris de brutes, j'ai fermé rapidement ma boutique. C'était tellement violent, et à chaque fois, si on ne prend pas nos précautions, on se retrouve avec nos commerces dévastés ! ». Son ami Aurélien opine du chef : « C'est la deuxième bagarre en un mois. Et jamais la police n'arrive à temps pour les arrêter. À croire qu'ils les soutiennent... ». Que s'est-il donc passé cette nuit, rituel qui semble immuable, reproduit, selon la police, une trentaine de fois en 2017 ? Deux bandes se rencontrent, en plein jour, le visage couvert par des foulards et le torse par des t-shirt à message, sur le même carrefour qu'ils monopolisent pendant leur affrontement. Bâtons, chaînes, culs de bouteille, tout est bon pour se faire mal sans aller jusqu'à l'extrême. C'est que la haine est profondément ancrée chez ces ennemis de toujours.
Guerre des clans « Réformiste », « koulak », « malade infantile du communisme », telles sont les insultes que les riverains peuvent entendre lorsqu'ils détalent pour se réfugier chez eux, devant l'avancée des deux bandes, l'une bien ordonnée derrière leur chef (ou « secrétaire de cellule », selon leur dénomination) , l'autre plus désorganisée (« c'est notre spontanéisme, vous comprenez » confesse l'un des participants qui a voulu rester anonyme) . Les uns reprochent aux autres d'avoir suivi le « camarade Mao », les autres aux uns d'être restés fidèles à « Léon ». Et ainsi depuis 40 ans, apparemment : « Mon père déjà tapait le Mao-Spontex, il m'a appris à le détester quand j'étais tout petit » nous dit Edmond (le nom a été modifié, cette fois) derrière son écharpe rouge. « Ils trahissent la cause révolutionnaire en faisant confiance aux ouvriers pour un soulèvement spontané alors qu'il nous faut une élite ouvrière structurée en parti révolutionnaire, et en plus ils font confiance à ce qui n'est pourtant qu'un ennemi de classe, les paysans, qui ne désirent qu'une chose : la propriété privée ! ». « C'est faux ! » s'indigne de l'autre côté Blanche en détachant sa bicyclette (le prénom n'a cette fois pas été modifié) . « Trotski lui-même insistait sur la nécessité de recourir aux prolétaires de la terre. Subséquemment, notre action en direction des campagnes est nécessaire au dîner de gala qui augurera le Grand Soir ». Et d'ajouter avec un air entendu :
« C'est nous qui sommes restés fidèles à la Révolution et à son pays. On ne s'exile pas, nous ».
Un ennemi commun Cet air, nous ne pouvons l'entendre qu'incomplètement. De ce que l'on a pu comprendre, la partition entre « maoïstes » et « trotskistes » a été violente dès l'origine, dans les années 1960, et relèverait d'un ésotérisme inaccessible à celui qui n'a pas été élevé parmi les « camarades », selon un terme que les deux camps revendiquent. Cependant, ces deux bandes semblent tomber d'accord pour tomber à bras raccourcis sur un ennemi commun : « Les apparatchiks du Parti ! », crient-ils en cœur, c'est-à-dire du Parti Communiste français, dont ils saccagent en commun, deux fois par an (à l'anniversaire du Pierre Laurent et à celui de la mort de Georges Marchais) le local. « Et dire, se lamente Bérénice, notre fleuriste, que c'est la mairie qui paie les réparations. Il n'y a plus personne qui y va pourtant ! » Une personne semble pourtant prendre plaisir à ces échauffourées. Paul, vêtu pour la chandeleur et de lin noir malgré la saison, lâche en ricanant : « Ils paient pour Kronstadt ! ». Louis-Olivier Lapébie
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L'histoire de la femme-serpent Les soirs d'hiver, les familles se réunissaient cher l'une ou chez l'autre le temps de la veillée, ce jusqu'à l'arrivée de la télévision. En Franche-Comté, l'hiver durait très longtemps sur les plateaux alors on ressassait certaines histoires, mais toujours avec plaisir. Devant le feu, les femmes filaient la laine ou le chanvre, les hommes triaient l’orge tout en racontant la légende de la vouivre sur l'instance de leurs enfants. Quoi de mieux que de frissonner légèrement de peur avant d'aller se coucher..
Voici l'histoire... Il était une fois… Une femme très riche mais tellement vilaine avec les pauvres qu'un jour une fée la transforma en serpent. Au bout de cent ans ce serpent devint une vouivre, une créature femme de la tête au nombril, serpent du nombril aux orteils et gratifiée d'ailes de chauve-souris. Elle fut condamnée à rester dans cette enveloppe pour l'éternité. Depuis sa mésaventure, la vouivre ne voulut plus du tout avoir affaire aux hommes. On peut parfois encore l'apercevoir dans des ruines, des grottes ou le cœur sombre de certaines forêts. On dit qu'elle est aveugle de ses yeux mais qu'elle porte sur sa tête une escarboucle, une pierre telle un rubis, lui servant de troisième œil et lui assurant son immortalité. Des hommes se sont mis en tête que cette fameuse pierre dérobée les rendrait très riches. A priori, rien de plus simple que de lui voler car elle défait de son front son diadème supportant l'escarboucle afin de se baigner. Or la vouivre se baigne tous les jours tant elle aime cela. Pourtant, personne n'est jamais parvenu à voler sa pierre et presque tous ceux qui s'y sont essayé, y ont laissé leur vie. La plupart ont été purement et simplement lacérés. En tant que reine des serpents, et surtout des vipères, il lui suffit de fourcher sa langue, et tous les serpents rampant autour d'un large périmètre se ruent sur le voleur. La victime meurt en quelques secondes de morsures et d'épouvante. Une femme avait un jour réussi à voler la vouivre, mais la pierre est devenue poussière dans le creux de ses mains à peine la croix du village passée, et les yeux de son mari furent crevés la nuit venue. Le reste du temps, la
vouivre est absolument inoffensive à condition de la laisser en paix. On raconte même qu'un jour elle tomba amoureuse d'un homme qui était venu se désaltérer à la source où elle se baignait.
Aux veillés, des gens racontaient qu'ils l'avaient vue et qu'elle ressemblait à un dragon, d'autres disaient que c'était une vielle femme, d'autre encore un crapaud à tête de chat, si bien qu'à la fin on avait bien du mal à imaginer son apparence et chacun avait ainsi son idée. Les vieux racontaient quand le vent se levait fort tout à coup dans la vallée, ou quand une étrange étoile traversait le ciel, que c'était la vouivre qui passait. Les conteurs-veilleurs ont fait vivre cette histoire jusqu'à nous. Le premier à l'avoir mis par écrit est Désiré Monnier en 1818 dans son Essai sur l'origine de la Séquanie. Mais c'est surtout le roman de Marcel Aymé, efficacement intitulé La Vouivre paru en 1934 qui a l'a fait renaître. La vouivre est décrite comme une femme se mêlant au quotidien des paysans dans le pays de Dole. L'année 2015 a vu paraître le roman de Carole Martinez, La Terre qui penche. La vouivre devient la Loue, une très belle rivière qui coule en bas de Mouthier-HauteHélas pour les gallica.bnf.fr Pierre. paysans, dans cette vallée, la terre dévale siècle après siècle vers les folles eaux de la Loue... Parfois même, la femme-rivière déborde et noie tout ce qu'elle trouve sur son passage. Dans ce livre, la petite Blanche, surnommée « petite Minute » par sa nourrice, et son fiancé Aymon côtoient cette sublime vouivre aux cheveux verts, folle d'amour et de rage en l'an 1361.. Éternelle redite, mais, ne dit-on pas « ce sont dans les vieux pots… » ? Jeanne