Lino'Mad n°1 - nov 2017 - Yonne

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N°1 Novembre 2017

Prix libre

Yonne

Mensuel nomade

12 pages


2 Sommaire du pays L'independance tions d'othe en 9 ques

Le proces du pioupiou de

4-5

9

Joigny : frissons

a Saint-Andre

6-7

l'yonne

Le cremant de

une bourgogne est-il

nre ? boisson cisge

10

dicy, schiste a du gaz de oi pas ? et pourqu 8

j'ai tue 11

531 cyclistes

ans l d a ç n e m m o c Et tout

directeur de la pub lic Léo Devillers ation : directeur de la réd ion : Pierre-Louis Cotact teret ont participé à ce Arbone, Lola Godler numéro : L'Antik , Gilber Louis Séguin t Patraque, le logo et la Une son t Ludion Depojo de : maquette : DodZ Lino'Mad est un mag lucratif créé dans azine à but non le Pays d'Othe en octobre 201 participation vol7.ontIl repose sur la aire de ses auteurs nous n'avons malheu sement pas eu temps de vérifireu er toutes les le informations édité par l'associa tio cours de créatin onLino'Mad en contact@linomad.fr ou retrouvez-nous sur notre page Facebo ok

'

Yonne

À la base on devait descendre sur Lyon, et de là on aviserait : le sud-ouest ou le sud-est, qu'importe, mais le numéro UN de Lino'Mad serait à son image, gorgé de soleil. On partit donc de Daumesnil à bord du combi de Lola par une journée d'octobre clémente, le comité de rédaction permanent au grand complet – Lola Godler, Gilbert Patraque, l'Antik Arbone et moi-même. Nous roulions depuis une heure et demie environ quand un énorme bruit, et que l'on mit plusieurs secondes à identifier, anéantit net notre formidable équipée ; le cardan raclait le sol de manière trop insistante pour continuer à avancer en toute sérénité. Heureusement dans notre malheur on avait à peine cinq ou six kilomètres à pousser jusqu'à la sortie suivante – Monéteau, juste au dessus d'Auxerre –, et l'on put, malgré de fugaces frayeurs, mettre à mal l'idée reçue selon laquelle l'espérance de vie au bord d'une autoroute était de vingt minutes. L'Antik Arbone fulminait : « Bande de cons, ça serait jamais arrivé sur les petites routes ! », ce qui était loin d'être une évidence vu l'état du véhicule. Pour notre part on préférait être beaux joueurs : puisque le destin avait choisi de nous mener dans l'Yonne, nous y resterions ! Et puis, comme on devait l'apprendre peu après, un département qui se repose entièrement sur son vin et ses faits divers fructueux, c'était un peu le paradis du pigiste précaire. Bref, bien nous en a pris, nous garderons un souvenir impérissable de ces quelques semaines passées à radiographier les Icaunais, arpenter le vignoble et déambuler de camping municipal en camping municipal – mention spéciale à l'accueil qui nous a été réservé à Toucy, la patrie éternelle de Pierre Larousse et France Gall. Au nom de toute la rédaction, c'est donc avec un plaisir au moins égal à celui que nous avons eu à l'écrire que l'on vous souhaite cette lecture du tout premier numéro de Lino'Mad – édition de l'Yonne. Pierre-Louis Cotteret


agenda

faq

mer. 8 - Vincelottes dans le noir

Nous avons organisé une présentation publique de Lino'Mad ce mardi 24 octobre à la Maison de quartier des Piedalloues à Auxerre. Nous publions les principaux échanges qui sont ressortis de ce chaleureux moment de partage.

Le collectif NO PUB 89 éteindra toutes les lumières du centreville de 18h00 à 18h30 pour protester contre la pollution visuelle et le gaspillage des énergies.

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jeu. 9 - Rencontre avec Alain Brouard

Séance de dédicace autour du dernier recueil du poète et explorateur icaunais intitulé De Looze à Bernouille, escapades bucoliques. Lieu à définir. dim. 12 - Marché aux truffes

Pour le traditionnel marché aux truffes de Vézelay, Lino'Mad vous offre votre poids en truffes. Sous réserve de bonnes ventes du présent numéro. lun. 16 - RDV des Icaunoclastes

Lola Godler (à g.) et Gilbert Patraque à Auxerre le 24/10/2017

Le cercle d'entrepreneurs auxerrois organise sa réunion annuelle ouverte au public. Au programme : s'épanouir dans une startup nation, les clés de la réussite.

Vous faites un journal d'information qui change de lieu chaque mois. Or, tous les départements ont déjà leur journal local comme ici l'excellente Yonne républicaine. N'avez-vous pas peur de faire doublon ?

jeu. 23 - Thin Lezzin' en concert

C'est pourquoi on a opté pour un format A5 plus compact, plus pratique à transporter, pour au moins se distinguer sur la forme.

Le fameux tribute band, originaire de Lézinnes, remonte sur scène le temps d'un show pyrotechnique exceptionnel à l'AbbéDeschamps. Complet. dim. 26 - L'Isle-sur-Serein s'engage

La commune, rebaptisée L'IsleEsle-sur-Serein-e pour l'occasion, vous convie à un débat sur l'écriture inclusive. Venez nombreu-x-ses.

Lino'Mad : Hélas si, et c'est une question qu'on s'est déjà posé.

On ne peut pas connaître par cœur la centaine de départements français, sans même parler de l'outre-mer… Comment allez-vous faire pour sortir à chaque fois un nouveau numéro pertinent ? Lino'Mad : Grâce à l'utilisation des big data. C'est ce qui a notam-

ment permis à Emmanuel Macron de faire des discours sur mesure partout où il allait durant sa campagne. Cet outil est prodigieux. Quelle est votre vision du journalisme ?

Lino'Mad : Zéro concession avec la réalité et les faits, et juste ce

qu'il faut de complaisance pour gagner sa vie.

Votre nom c'est un jeu de mots entre limonade, nomade et mad la folie ? Si c'est ça c'est un peu pourri. Lino'Mad : Nous n'y avions pas du tout pensé. En réalité « lino » fait

référence au linoléum et « mad » est l'acronyme de Maison Autonome Durable. Un parquet solide et un bon toit, c'est un peu notre philosophie du bonheur. Où pourrons-nous vous lire ? Lino'Mad : Sur internet bien sûr. Pour les exemplaires papier, nous en

enverrons sur demande moyennant des frais d'expédition ; nous essayerons aussi de faire quelques marchés et mettre des numéros à la disposition des bibliothèques.


4 politique

L'INDÉPENDANCE

DU

PAYS D'OTHE

EN

9

QUESTIONS

A priori l'épineuse question de l'indépendance catalane, aussi scrutée soit-elle par nos concitoyens, n'a que peu de chances de faire des émules en France. Les régionalismes les plus divers ne sont pas ce qui manque, mais, pour des raisons bien souvent de gestion administrative ou d'ordre économique, rares sont ceux qui excèdent leur dimension folklorique et nourrissent de véritables enjeux autonomistes. Le Pays d'Othe, zone rurale partagée entre l'Aube et l'Yonne et récemment sacrifiée par la réforme territoriale qui a, respectivement, confié l'ensemble des nouvelles commandes à Strasbourg et au pôle Dijon-Besançon, a pourtant des arguments à faire valoir pour s'essayer à l'aventure de l'auto-gestion.

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P é re n n i t é

Aucune dérive id à craindre du fa entitaire n'est de mythe région it de l'absence en dépit d'un aliste, et ce, ralliement à trsymbole fort de avers la figure du voirloup.

S u p e rf i c i e i dé al e

La taill celle due du Pays d'Ot l'épanou Liechtensteinhe (deux fois e ce n'esissement person) garantit à t demie variés) t pas à né nel de chacun la fois les tran ainsi qu'une gliger, des p (outre, sports e a g t les éc rande facilité ysages hanges pour

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Sacré voirloup

Au t o n o m i e al i m e n t ai re

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Autonom ie énergétique

plu t s peuvent forêts peuvenistes et des vastes ir des activ n, ériger de accueill et, si besoi réfugiés s ZAD nouvelle

Auto-suffisance alimentaire en céréales, maraîchage et autres produits spécifiques comme le cidre ou le Ressource s énergétiques soumaintrain (ndlr : fromage de en grande vache à pâte molle) (essentiellement quantité bois et colza, mais rappel toutes fins utiles ons à pétrole a été décque du du côté de Joignyouvert dans les années 70) Le P ays d'Ot he

Unanim ité l e n o u ve a s u r u nom

U n t i s s u l o c al s u r l e q u e l s ap p u y e r '

l'activité locale, qu'elle soite agricole ou artisanale, offrde déjà un certain nombre s services et rend les habitant eur peu dépendants de l'extéri de (et vice versa est-on tenté croire)


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Lino'Mad n°1 - Yonne

VOUS

ENSEZQU'EN P

?

C o n t re

Nous avons interrogé, pour les besoins de cette édition icaunaise, des habitants du Pays d'Othe côté Yonne pour savoir ce qu'ils pensaient d'une éventuelle indépendance de leur région.

mitigé

Pour

Steven, demandeur d'emploi à Champlost (28 ans)

Rémi, ouvrier agricole à Chailley (33 ans)

Gabrielle, cueilleuse vers Villechétive (22 ans)

Le changement d' échelle de gouvernance ça m' est complètement égal. Si c' est pour déplacer la capitale de Paris à Aix-en-Othe pour moi c' est du pareil au même. En plus c' est même pas dans l' Yonne soit dit en passant, j' y vais juste l' été quand y' a des potes qui montent un bon sound system au festival. Et puis une capitale sans le Louvre est-ce vraiment une capitale ? Enfin je dis ça j' y suis jamais allé mais paraît que y' a des trucs à voir. Tout ça pour dire c' est pas ça qui fera que je vais me sentir mieux quand je me ballade dans la rue. Mon complexe c' est pas ma nationalité, c' est mon statut tu vois. J' ai un master et tout ce qu' on me propose aujourd' hui c' est de distribuer des tracts ou torcher des vieux. Le pire c' est que je suis même pas compétent la dernière fois je croyais que je l' avais bien en main mais il est tombé comme une merde dans les escaliers c' était pas beau à voir en bas, j' ai dû tout ramasser et rembourser le cabas à la société.

J' entends des gens autour de moi dire le Pays d' Othe libre c' est l' occasion en or d' enculer (sic) Macron et Bruxelles, on va arrêter de filer notre pognon aux banquiers qui part dans on ne sait quel paradis fiscal, c' est cool on va pouvoir participer à des vrais projets d' intérêt collectif, des trucs utiles qui nous touchent directement, blabla et d' autres conneries bourrées d' angélisme comme si le Pays d' Othe c' était un site de crowdfunding. J' entends, j' entends, tout ça c' est très sensé mais faut pas croire que ça se fera sans contrepartie, les gars ils vont nous foutre un putain d' embargo sur la gueule comme en Grèce et va falloir être prêts à bouffer du cidre et du soumaintrain frais toute l' année, le mou là celui qu' a pas eu le temps d' affiner (ndlr :

Aujourd' hui avec notre réseau des Voiloups Blocks on est obligés de vivre dans l' illégalité. Comme la créature légendaire dont notre nom s' inspire on sort la nuit pour pas trop se faire remarquer, on fait de la récup par-ci, par-là dans les vergers et les jardins (que les fruits ou les légumes tombés au sol, je précise) . On a construit des cabanes dans les arbres entre Villechétive et Bussy sur une parcelle où y' a jamais un garde forestier qui passe mais là avec la réouverture de la chasse c' est un peu l' angoisse. On s' en sort pas trop mal niveau confort, on a des panneaux solaires, de l' eau chaude, et nos vieux vans roulent au colza, ça encrasse un peu le moteur mais ça avance c' est le principal. Par contre on est conscients que le jour où on se fait chopper on risque l' expulsion et une condamnation. Du coup nous on attend de voir ce que ça peut donner l' indépendance du Pays d' Othe, l’ État en a rien à carrer de nous alors pourquoi on devrait subir sa loi en retour, c' est d' un non sens !

reconnaissable à sa croûte de couleur blanche), et là

je crois qu' à ce stade on manque encore d' usines de Smecta dans le Pays d' Othe.

Lola Godler


6 faits divers

t­AndRé In a s à s n o S Is r joIGnY : F Toujours en émoi une semaine après les

cien tribunal faits, le quartier de l’an lication au exp une de Joigny cherche ortage. Rep 21. du t nui la de e tèr mys

Un calme inquiétant

Mais que s’est-il réellement passé le soir du 21 dans le paisible quartier de Saint-André à Joigny ? Si nous posons la question, c’est pourtant sans aucune réponse que nous entamons la rédaction de cet article bénévole. Aucune réponse mais quelques éléments tout de même, indices épars qui, assemblés, ne semblent former aucun faisceau. Reprenons depuis le début. Ce soir-là, le froid presse les habitants du quartier chez eux au sortir de leur travail, pour ceux qui ont la chance d’en avoir un. « Le ciel était assez dégagé même si ça peut vite se couvrir par ici », se rappelle Mme Frot, boulangère officiant rue Jacques d’Auxerre. Ce mardi, elle range comme d’habitude les viennoiseries invendues dans un sachet plastique, sur lequel elle inscrit au feutre noir : croissants et pains au chocolat de la veille – 2€ les 5. Soudain, elle s’interrompt dans son activité. « Ce n’était pas vraiment un bruit, ni une lueur ; c’était… c’était… l’absence de bruit et de lueur, presque, qui m’a mise mal à l’aise » balbutie-t-elle. Tous les témoignages concordent : l’inquiétude a surgi au milieu d’un calme total, sans pour autant que personne ne soit en mesure de dire précisément ce qu’il s’est passé. De quoi donner des migraines aux forces de l’ordre… Un crime sans traces

Car la gendarmerie nationale, aussitôt alertée par un appel anonyme, en est intimement convaincue : un crime a eu lieu. Trois heures à peine après le coup de téléphone – le temps de décider de la marche à suivre en pareil cas, si rare dans la région, les gendarmes ont débarqué dans le petit quartier médiéval. Sur place, la stupeur est grande lorsqu’ils ne constatent pas la présence de corps, ni d’arme du crime et encore moins de suspect. En effet, l’ambiance est résolument celle d’un lieu du crime, mais le crime lui-même est insaisissable. Le quartier Saint-André d'ordinaire sans histoire

Mme Cossard, interrogée dans sa pharmacie le soir même par les gendarmes, confirme qu’ « [elle] n’avai[t] jamais connu cette angoisse » auparavant. Elle ajoute : « Le quartier est très tranquille, parfois trop. Mais c’est pour ça qu’on l’aime. Alors ce soir-là, quand l’inquiétude a recouvert les murs de nos maisons, les pavés de nos rues et le ciel bourguignon des nuits d'automne, je pense qu’on a tous été parcourus d’un grand frisson. Personnellement, il ne m’a pas vraiment quitté depuis. »

À la gendarmerie de Joigny c'est l'incompréhension

Des pistes fragiles

Très vite, les gendarmes cherchent à la ronde des étrangers sur lesquels porter leurs soupçons. Il trouve d’abord un Sénonais, bibliothécaire de son état, qui ne vit dans le quartier que depuis huit ans. Après une nuit en garde-à-vue, Serge Z. est malheureusement relâché, faute de preuve… Nous l’avons rencontré. « Je comprends tout à fait la décision des gendarmes, j’aurais probablement fait la même chose. Mais ce soir-là nous sommes restés à la maison avec mon enfant, et comme nous avons skypé un cousin de Dijon pendant plusieurs heures, j’en avais la preuve vidéo ». Quant à ce qui a bien pu se passer à Saint-André ce soir-là, l’employé de la médiathèque Jean-Christophe Rufin reste muet, tout en reconnaissant qu’il s’est « forcément passé quelque chose ». Autre piste des gendarmes qui ne semble pas devoir déboucher, celle d’une jeune femme, Alice Château. D’abord suspectée de par son origine géographique (elle a longtemps vécu à Paris) , les militaires se sont adoucis en apprenant que la fille de la capitale vivait actuellement dans la maison de sa grand mère, rue des Moines. Connue et respectée dans tout Joigny et au-delà, la famille est hors de tout soupçon. Nous n’avons pas réussi à nous adresser directement à Mlle Château, qui communique peu avec les gens du quartier d’après les témoignages que l’on a recueillis. Une source anonyme nous prétend qu’elle « ne dit même pas bonjour


Lino'Mad n°1 - novembre 2017

lorsqu’elle vient acheter des chaussons aux pommes ». De là penser que la Parisienne a du sang sur les mains, le pas serait trop vite franchi. En outre, plusieurs témoins assurent l’avoir vue avec son jeune cousin dans les champs qui surplombent le quartier à l’heure du drame supposé. Pendant que ce dernier ne décollait pas les yeux de l’écran de son téléphone, Mlle Château regardait mélancoliquement l’horizon. Au bout de celui-ci, le Mont Tholon, la ligne de chemin de fer par laquelle passent les trains de nuit Paris-Rome. Au premier plan les vignes en forte pente, qui donnaient un vin si apprécié du Versailles du Grand Siècle. Alors que la lumière déclinait brusquement pour laisser place à la noirceur frissonnante de la nuit, la jeune femme détaillait les cheminées fumantes et les vitres fragiles, derrière lesquelles se jouent chaque soir tant de tragédies tranquilles et hors du temps. On attend d’un jour à l’autre l’arrivée de la police parisienne, réputée pour sa gestion musclée des manifestations ; une poigne qui devrait faire la différence dans ce dossier sensible, et permettre de passer l'hiver.

Louis Séguin Photos issues de Les Mystères de Joigny de Laura Tuillier et Louis Séguin

Rouvray

L'imposteur qui repeignait les amanites phalloïdes en amanites des Césars dans la forêt de Saint-Germain vient d'être confondu par les gendarmes (soit dit entre nous, drôle de région et drôle de saison pour se laisser avoir…). Peu méfiant, il aurait utilisé la même couleur orange pour refaire son portail. Tonnerre

L'office de tourisme de Tonnerre n'en finit plus de se réjouir des retombées médiatiques suite au film éponyme de Guillaume Brac sorti en 2014 avec Vincent Macaigne et Solène Rigot. Cet été encore près de deux millions de touristes ont afflué autour de la Fosse Dionne. Neuvy-Sautour

Les propriétaires de la Maison close & boucherie « Bovi-Sautouz' » informent leur aimable clientèle qu'ils ne vendront plus de viande à partir de 2018. Saint-Sauveur-en-Puisaye

Le parc d'attractions Colette a du plomb dans l'aile après que son promoteur chinois a déclaré préférer George Sand. Chéu

On s'impatiente à l'aérodrome : à quand le premier vol direct en planeur jusqu'à Notre-Dame-des-Landes ?

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8 conso

article sponsorisé

Du gaz de schiste à Dicy, et pourquoi pas ? La jeune startup Coligaz, née en juin 2017, se propose de dédiaboliser le gaz de schiste en France à coup d'idées et de moyens révolutionnaires. Le site de Dicy, commune limitrophe du Loiret au nord de la Puisaye, devrait lui offrir d'un double défi à sa mesure : faire du gaz un fleuron de l'économie sociale et solidaire icaunaise ainsi qu'une appellation d'origine contrôlée aussi prisée qu'un Chablis ou un Irancy pour le vin. Et pour ça, ce gaz " made in d'ici " a toutes les raisons de séduire... Plateforme à visage humain

Ne vous fiez pas à la récente déclaration du ministre de la Transition écologique et solidaire disant vouloir « mettre fin immédiatement à tout nouveau permis d'exploration d'hydrocarbures » (6/09) . Il s'agit certes de la feuille de route générale du gouvernement pour les années à venir mais elle est trop réductrice et ne tient pas compte, au cas par cas, des projets qui s'inscrivent dans la durée comme celui de Coligaz : récupérer le « permis de Dicy » en vue de produire un gaz de schiste équitable et collaboratif. En effet Coligaz se distingue des autres producteurs de gaz non conventionnel dans la mesure où son but premier n'est pas de se positionner sur le marché international mais au contraire de s'inscrire dans une dynamique de développement local et solidaire. « Pourquoi penser systématiquement global dès qu'on parle d'hydrocarbures ? Notre objectif n'est pas de devenir une multinationale comme Gazprom ou Total. Par contre on a bien saisi les enjeux locaux, économiques comme humains, que pouvait revêtir le gaz », nous explique Yann Cozy, cofondateur de la société. Exit le cliché de la plateforme de forage opaque et complètement déshumanisée avec ses machines tout droit sorties de l'univers de Star Wars et ses dédales de pipelines qui relient le gaz au réseau de gazoducs. Avec Coligaz, le site de Dicy va devenir un lieu d'émulation collective sans précédent, avec à terme on imagine des locaux alloués aux associations et aux artistes de la région. Tout sera conçu sur le lieu même de production, de l'extraction au libre service. De la vente au détail de gaz produit sur place ? Oui, vous avez bien lu, comme si vous alliez chercher votre baguette à la boulangerie. « Comme une AMAP ou une coopérative plutôt, préfère dire Yann Cozy. C'est un peu le modèle qui nous a inspirés en tout cas chez Coligaz, mettre en lien des producteurs locaux et des consommateurs sociétaires sans passer par un fournisseur superflu et surtout encourager la petite distribution ». Repères :

La demande (par un groupe canadien) de permis pour l'exploitation de gaz de schiste dans les environs de Dicy remonte au début des années 2010 La mobilisation des associations écologistes a alors empêché le projet d'aller plus loin L'organe de presse partial et militant (et néanmoins confrère) Yonne L'autre dénonçait à l'époque des méthodes douteuses : absence de prévention de la population, approche discrète d'élus locaux Il ne tient qu'au nouveau gouvernement de remettre le permis de Dicy à l'ordre du jour

DICY. - Mairie, Ecoles et puits de gaz de schiste

La technique du robinet

Pour impliquer l'ensemble de la population locale, Coligaz souhaite recruter en priorité des personnes en réinsertion pour l'ensemble de ses postes non qualifiés (caisse, surveillance, entretien, etc.), une initiative qui, on n'en doute pas, devrait ravir l'ensemble des partenaires territoriaux. Et pour ce qui est des aspects plus techniques, qu'en est-il ? « Finalement notre technique d'extraction ne diffère pas tant de celles existant déjà. Pour faire simple, on creuse, on creuse, on injecte à très forte pression quelques millions de litres d'eau, du sable (ndlr : provenant non loin de la forêt de Fontainebleau) et un peu de détergents pour fracturer la roche à deux ou trois kilomètres de profondeur, et on tube quoi. C'est à la sortie qu'on se distingue des autres puisqu'au lieu d'acheminer le gaz aux quatre coins du monde avec des gazoducs on va se contenter d'un système de robinet. Les gens viendront avec leur propre bonbonne vide pour limiter le gaspillage inutile et se serviront eux-mêmes en fonction de leurs besoins. Un surveillant veillera bien-sûr à ce que le robinet soit bien refermé après chaque utilisation ». Ironie de l'histoire, il est vrai que depuis que l'exploitation de gaz naturel existe, c'est à dire creuser un tunnel vertical de plusieurs dizaines de mètres et remonter une substance liquide souterraine, personne encore n'avait vraiment fait le lien avec son plus illustre modèle, le puits à eau, comme s'il était trop démodé pour qu'on en assumât la filiation. Or Dicy, aux confins de la Puisaye et du Gâtinais, est typiquement le petit village français anachronique avec son clocher et ses bâtisses de charme. Réinscrire une entreprise innovante comme peut l'être Coligaz dans une gestuelle du quotidien d'autrefois, aller chercher son gaz au puits comme on allait chercher son eau, les habitant risquent d'adorer. Et ce serait occulter que la population locale n'est pas uniquement composée de résidences principales mais aussi d'un certain nombre de « bobos » parisiens, un public déjà acquis à la cause. Qu'on se le dise, et c'est ici que vous l'aurez lu en premier, cuire des œufs en meurette avec sa bonbonne estampillée « gaz de Dicy » devrait très rapidement devenir le raffinement suprême des touristes en goguette dans l'Yonne. Pierre-Louis Cotteret


rétro PASSÉ EN ÇA S'EST

.. NOVEMBRE.

Lino'Mad n°1 - yonne

13/11/1901. Le procès du Pioupiou de l'Yonne

Le journal anti-militariste et socialiste fondé la même année par Gustave Hervé, professeur agrégé au lycée de Sens, est attaqué en justice dès son premier numéro.

Bandeau du Pioupiou de l'Yonne (1901-1912). Source : Adiamos-89

C'est une ambiance électrique, ce mercredi-là au Palais de justice d'Auxerre, dans un pays déchiré en deux et bien loin d'avoir refermé les plaies de l'Affaire Dreyfus. Selon son camp, c'est le même clivage qui se remet en place, les patriotes contre les traîtres à la nation, les progressistes contre les obscurantistes ; chez les détracteurs du Pioupiou, c'est aussi une hostilité mal contenue à l'égard des élites car le pédagogue Hervé, franc-maçon et universitaire (« 30 ans, gros, petit, à la figure sanguine », dixit La Croix du 14/11) , est montré du doigt – déjà il y a un siècle ! – pour sa supposée mauvaise influence sur nos chères têtes blondes. Dans les faits, le Pioupiou est accusé d'appel à l'insurrection chez les conscrits, que ceux qui sont issus des classes populaires déposent les armes ou se retournent contre leurs chefs. Car dans l'Empire colonial français des années 1900 ce sont surtout les travailleurs récalcitrants, plus que les puissances étrangères, qui tâtent l'armée au jour le jour. Pourtant, malgré un chef d'accusation qui ne prête pas à l'hilarité générale dans la France de l'époque, le journal est – du moins jusqu'au procès suivant - acquitté au nom de la liberté d'expression. Il faut dire que, fort d'un avocat de renom en la personne d'Aristide Briand – venu surtout « en ami » – et de la présence de centaines d'adhérents des différentes Fédérations socialistes départementales venues en masse à Auxerre, le Pioupiou avait au moins pour lui le jury populaire. Gustave Hervé sera toutefois révoqué de ses fonctions de professeur au lycée de Sens. Plus tard, quand une vraie guerre se présentera, il se ralliera au camp des patriotes. Fervent admirateur du Duce en Italie, il sera l'un des plus fidèles soutiens du maréchal Pétain lors de son accession aux pleins pouvoirs. Il mourra en 1944, juste avant d'être tondu. Une vie en somme bien remplie. Il existe aujourd'hui à la Maison de la parentalité de Sens des ateliers Piou-Piou lectures pour les enfants de deux à quatre ans. Lola Godler

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10 société

Le Crémant de Bourgogne est-il une boisson cisgenre ?

Bien loin des symboles progressistes véhiculés par son rival multiséculaire, le champagne, breuvage iconique des marges auréolé d'une indéniable ambiguïté sexuelle (que l'industrie cinématographique et de la mode savent, du reste, exploiter avec brio), le crémant de Bourgogne souffre, à rebours, d'une image de terroir et de tradition qui freine sa croissance dans un monde gender fluid. Simple méprise de consommateurs peu avertis ou conséquence logique d'une boisson restée ancrée dans un autre âge ?

s

ûrement un problème d'agenda. Ou une visite qui dérange : tous – bien sûr des vignerons blancs et mâles – prétextent n'avoir aucune seconde à m'accorder en cette période de vinification. J'y sens plutôt une tentative de me tenir à l'écart. Enfin Marc, vigneron de père en fils depuis sept générations (il s'appelle ainsi en référence au marc de Bourgogne) , veut bien me rencontrer à condition que je ne le ralentisse pas dans sa charge de travail. Il m'emmène dans une parcelle de chardonnay près de Beine sur les hauteurs d'Auxerre ; la vigne, toute en nuances d'ocre et d'orange, est magnifique en cette saison. Il inspecte chaque travée, coupant ça et là au sécateur un bout de liane trop envahissant, pendant que je le suis tant bien que mal. Entre deux notes sur le calepin je souffle frénétiquement dans mes mains, l'air matinal est glacial malgré le soleil rasant. Au bout du deuxième aller-retour mes Stan Smith neuves ont triste allure, lui se tient droit dans ses bottes molles embourbées à mi-hauteur, inflexible. C'est sa première visite depuis la fin des vendanges. « Faut butter tout ça avant qu'ça gèle », marmonne-t-il dans un vague mouvement de bras vers l'horizon. À 10h c'est la collation. Il me tend une rondelle de « sifflard » – que je décline poliment étant vegan depuis peu – et un gobelet de ratafia de moût de raisin d'une précédente récolte : « On peut pas le vendre y'a trop de dioxyde de souffre soi-disant, c'est des fiottes (sic) les gars qui font les normes dans les bureaux ». La formule maladroite m'offre une transition toute trouvée vers le motif de ma

présence. Comment analyse-t-il la faible attractivité du produit Crémant de Bourgogne aux sein des différentes minorités, et notamment sexuelles ? Doit-on parler d'une politique discriminatoire à leurs égards ou d'un simple manque de communication (il est vrai qu'aucune campagne publicitaire, aucune cuvée spéciale, ne leur a jamais été consacrées) ?

aussi violent à l'establishment ». La très sérieuse Revue du Trinqueur a pour sa part épluché les cahiers de comptabilité des principales associations engagées lors de la Marche des Fiertés qui s'est tenue à Paris le 24 juin dernier – dont le collectif La République en marche –, et, surprise, pas une n'avait prévu la moindre caisse du célèbre vin effervescent bourguignon pour défiler dans la rue de Rivoli ; là où des boissons émergentes comme les bières de microbrasseurs ou les cocktails tout prêts aux couleurs suggestives (curaçao, Aperol...) raflent la mise. Un œnologue nous explique : « Il y a cette désagréable impression quand on boit du crémant qu'un chat est un chat. Je mets quiconque au défi de me dire que tel crémant Manifestation "Crémant, fachos, ni oubli ni n'a pas le goût de crémant, ça pardon" à St-Bris-Le-Vineux le 15 octobre 2017 n'arrivera jamais ! Or je crois que J'eus le tact de ne pas le vi- les gens n'en peuvent plus en 2017 ser personnellement mais cela ne de ces identités trop figées ». suffit pas à lui faire délier sa langue : « J'en sais foutrement rien moi. Tu finis pas ton verre ? Bois ça va te réchauffer au lieu de dire des conneries ». Je notai encore deux ou trois dérobades subtiles afin d'éviter le sujet polémique et je quittai Marc sur le coup de midi guère plus avancé dans mon enquête. Or les faits sont là. Si les producteurs de crémant ne snobent L'interdiction de vente de crémant aux mineurs pas ouvertement la communauté LGBT les rend plus perméables à la théorie du genre En guise de conclusion, je ne (mais, plus grand monde n'est dupe) , cette dernière ne s'en prive résiste pas à ce court échange pas. Désirant témoigner anonyme- entendu au détour d'une cave dont ment, l'adjointe au maire d'une je tairai le nom : commune de l'Yonne de plus 20000 « Vous mettez du merlot dans habitants m'a confié : « Aux trois votre crémant ? mariages entre personnes de même - Ça va pas non ? On n'est pas chez sexe auxquels j'ai pu assister ces baltringues de Bordelais ! » Au pays du crémant, définiticette année, aucune bouteille de crémant n'a été débouchée. En vement non, on ne fait pas dans pleine Bourgogne on croit rêver… le mélange des genres. J'ai rarement vu un pied de nez Gilbert Patraque


loisirs

Lino'Mad n°1 - novembre 2017

" s e t s li c y c 1 3 5 " J'ai tué

Claude Chapperon, chineur et restaurateur infatigable, a consacré sa vie au vélo. Il a bien voulu nous ouvrir les portes de sa collection chez lui à la Rue-Chèvre.

Pénétrer dans l'univers de Claude Chapperon c'est Mais rapidement il passe à la vitesse supérieure, car, d'abord un accueil impeccable – le café moulu à la main selon sa logique, si le vélo est coupable le cycliste est s'il vous plaît – dans son splendide corps de ferme si aussi responsable. Ses premiers « coups » fleurent bon typique du coin avec ses murs tout en silex apparent. encore l'amateurisme : un câble tendu de part et d'autre Cela suffirait largement à notre bonheur et pourtant nous de la route sur la Paris-Brest, une portière qui s'ouvre n'avons encore rien vu. Car là n'est pas la raison de par inadvertance lors l'un dépassement en voiture un peu notre visite. Sitôt le café bu – véritablement exquis –, serré… Le néo-retraité fait ses premières victimes mais il direction un immense hangar de l'autre coté de la rue – manque encore de méthode. Puis l'expérience – la on aurait plutôt dit celui d'un agriculteur ; c'est ici confiance aussi – s'accumule et Claude Chapperon commence que Claude range et bichonne depuis plus de cinquante ans à faire des carnages : « Je savais exactement à quelle toutes ses reliques dédiées à la « Petite Reine ». On y minute les clubs locaux partaient s'entraîner et sur aperçoit de tout, de glorieux maillots en laine à peine quelles routes. Je peux vous dire que sur la ligne droite effilochés – « il y a encore la sueur de Jean Robic sur entre Sormery et Saint-Mards j'ai fait quelques strikes celui-là ! » -, des bidons glanés au fil des ans sur les avec mon Trafic ». Un coup en entraînant un autre, l'anbords de route d'Europe et cien agent de tri s'intéresse parfois même de plus loin, très vite à des courses de plus des photos dédicacées par en plus cotées telles les les plus grands champions Boucles de L’Yonne ou le Cird'hier… il y a surtout, cuit Icaunais… avec à chaque comme flambant neufs, près fois le même succès dévastad'un millier de cycles – teur. Mais comment a t-il fait tous prêts à rouler, nous pour ne jamais rencontrer assure leur propriétaire – d'ennuis logistiques ou judiqui nous font de l’œil : ciaires durant tout ce temps ? cela va de la première bi« Qui se soucie des cyclistes cyclette Bianchi de 1885 au carbone ? Généralement c'est légendaire Ti-Raleigh rouge des gars dans le tertiaire, ils de 1980. « C'est après que bossent pour une boîte de com' ça a dégénéré, nous glisse Claude Chapperon ne manque jamais de se rendre à l'AMAP avec son Terrot ou d'assurance, ils ne sont Claude dans un soupir, quand Tapie a introduit la pédale d'aucune utilité pour le corps social, bien au contraire, automatique et que Shimano a raflé tout le marché. Mais j'abrège juste des existences aussi flasques que leurs jusqu'à cette date il y a autant de merveilles que de biclous ». Pourtant, Claude Chapperon commettra le casse vélos ! ». S'il suit toujours le cyclisme actuel ? « Non, de trop lors de Paris-Auxerre en 2005. Manque de chance on ne peut pas dire que ça m'intéresse encore. Enfin si, pour lui, parmi les victimes – cette fois il avait empoije continue de regarder le calendrier des courses ». sonné les musettes – figurait le fils d'une personne haut Car voilà, ce passionné de vieux vélos en acier, que placée. Le coupable est rapidement démasqué et il écope de d'aucuns qualifieront de fanatique – lui récuse le terme la peine maximale pour ce genre de forfait : trois se–, a développé une sacro-sainte horreur du carbone, ce maines de travaux d'intérêt général (TIG) aux espaces matériau plus léger qui a conquis le peloton il y a verts de Saint-Florentin. L'homme se fait sage quelque maintenant quelques décennies. « Ma parole, on dirait du temps, finit par reprendre du service mais avec moins plastique. Petit-Breton et Coppi pouvaient-ils s'imaginer d'ardeur, ni la même envie. que leurs descendants rouleraient sur des vélos FisherAujourd'hui il se dit rangé des « affaires », préféPrice ? C'est proprement indécent ». Dès lors, comme s'il rant consacrer son temps à ce qui a toujours été sa s'était assigné un rôle de résistant, Claude Chapperon ne première passion, la restauration et la collection de manque jamais une occasion de rappeler à ses contempo- vieux vélos. « De toutes façons, j'ai atteint mon chiffre rains certaines valeurs qui lui sont chères. « Quand j'ai fétiche, 531 comme les mythiques cadres Reynolds, je peux démarré dans les années 90, je me souviens, c'était du dormir tranquille », et, sortant l'énorme classeur atpetit larcin : un câble de frein qu'on sectionne par-ci testant ses exploits, il nous montre les quelques coupar-là, un coup de canif dans les pneus, une poignée de pures de presse consacrées à ces banalement célèbres clous sur la chaussée, la peinture du cadre qu'on égra- « Disparus de l'Yonne ». tigne, etc., rien de bien méchant ». L'Antik Arbone

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12 belles lettres

Notre facétieux bouquiniste :

Lis-pas-cher

(à Lichères-près-Aigremont) a sélectionné pour vous trois extraits d'écrivains nés dans l'Yonne autour de la thématique

#BalanceTonPorc

Ursule couverte de fange

Je fus parée comme dans les jours de ma gloire, mais en coureuse des rues, avec des mouches ridicules sur mes contusions, et en cet état, livrée à la dérision des valets. L'Italien, à côté de son nègre, commandait cette canaille, qui d'abord, à la vue de quelques restes de beauté, demeura interdite : « Point de pitié ! », s'écria le vieux monstre. Aussitôt les uns me dirent des infamies, ou m'en firent ; les autres tiraient les loques de mes falbalas déchirés ; ceux-là puisèrent de l'eau sale dans la mare, et m'inondèrent d'ordures ; ceux-ci poussaient la barbarie jusqu'à me frapper. On me lava ensuite, en me jetant dans un bassin ; puis je fus livrée au nègre, qui m'enferma avec lui. an perverti, 1775-1776 Rétif de la Bretonne, Le Pays

— Entrez ! On vient de frapper, et j'ai répondu machinalement, absorbée... Ce n'est pas Brague, ce n'est pas la vieille habilleuse, c'est un inconnu, grand, sec, qui incline sa tête nue et débite tout d'un traitnoir, : — Madame, je viens, depuis une semaine, vous applaudir dans l'Emprise. Vous excuserez ce que ma peut avoir de... déplacé, mais il me semble quevisite mon admiration pour votre talent et votre plastique.. justifie une présentation aussi... incorrecte, et. que... Je ne dis rien à cet imbécile. Moite, essoufflée encore, la robe demi-ouverte, j'essuie en le regardant avec une férocité si visiblemesquemains sa belle phrase meurt soudain, coupée... Faut-il le gifler ? Marquer sur ses deux joues mes doigts encore humides d'une eau carminée? Faut-il élever la voix et jeter à cette figure anguleuse, toute en os, barrée d'une moustache noire, mots que j'ai appris dans les coulisses et dans la les rue ?... Il a des yeux de charbonnier triste, cet envahisseur... Je ne sais pas ce que lui disent mon regard, et mon silence, mais sa figure change tout à coup : — Ma fois, Madame, je ne suis qu'un serin grossier personnage, je m'en aperçois trop ettard.un Mettez-moi à la porte, allez, je l'ai bien mérité, mais non pas sans que j'aie déposé à vos pieds mes respectueux hommages. Il resalue, comme un homme qui va s'en aller... et ne s'en va pas. Avec cette rouerie un peu catin des hommes, il attend, une demi-seconde, le bénéfice de son revirement, et - je ne suis pas, mon dieu, si terrible ! — l'obtient : — Je vous dirai donc gentiment, Monsieur, je vous aurais dit sans aménité, tout à l'heure ce : que allezvous en ! Je ris, bonne fille, en lui montrant la porte. ne rit pas. Il reste là, le front en avant, et sonLui poing libre pend, serré. Cette attitude le fait presque menaçant, gauche, avec une dégaine un peu lourde de bûcheron correct. La lampe du plafond se mire dans ses cheveux noirs, rabattus de côté, lisses et comme qués ; mais ses yeux m'échappent, reculés sous laune profonde orbite... Colette, La Vagabonde, 1910

Un écho de Londres, qui fut capté par les illes pub l'influence qu' elle peu liques, s annonçait une avoir par la suite. « feu nouvel dans les théâtres de Lont dre Une petite révolu nnous'a ccomplit actuellementle, —dedisgrande importance par décidé le Conseil du comté, s et surtout de la banlieue : tout letiomon ait cet dépêche, — de, est admis de consumer sa pip sur la demande de quelques directeurs de spe désormais, semble y pouvoir fumer.te Ain en a On fumera désormais sans eégaou son cigare — leur fissent une trop facilectaconcles se plaignant que les music-halls si — où il demi-peau, comme déjà on le rd pour les femmes ; on imposera, dans les currence » . nombre de réunions daines leur imposait aux tea rooms, au restaurant, théâtres, le supplice du tabac aux élégantes ou sportives. ngleterre en cafés-concerts, France le charme etmon nous avait déjà dotaux den-parties et dans sprit d'intimité et L'A és de coutumes déplorauxablgar de conversation des apr le sol britannique, aul'epay es qui dét rui èssir dîn ent s ers beau soir, la dissoc ion des gentlemen, des vieux squires et des gracie et le goût des causeries de salon. C'est en des hommes et femmes aus sur use nes, que l'égoïsme contraindre dans une iat masculin imagina, un sitôt la fin du repass rei rection galante faides pris en commun. Ces mes te de petites prévenanc daient se dédommager, cor sie urs , es, ent las re d'a de eux des deux sexes, aussitôt le , aussitôt le service de la poire et du frottentions délicates, de boisson modérée, pré se ten bec torché, me auraient mage. C'est ainsi que s'opér ky, le brandy and sod dit nos pères. Les hom a et tous les spiritcom mes prirent l'habitude d'aallele brutal divorce s variés en fumant comme abandonnées, avec dédain r boire le Polonais, loin de leurs aim mode qu' adoptèrent, hélas, !à leurs caquets et aux bavardages sur lesdes ables et fines compagwis soins du home, de la nur en partie, les mondains fra ser y et des chiffons. Affreunes nçais ! se

Octave Uzanne, Sottisier des moeurs, 1911


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