Gazette Noel 2012 - Librairie le square

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LIBRAIRIE LE SQUARE

La Gazette

Noël 2012

du Square

e-mail : libsquar@ club-internet.fr, site : www.librairielesquare.fr et sur facebook

SPECI ALE SEL EC TI ON NO ËL

Les mille et une nuits Hazan-Institut du monde arabe

Sélection Noël

Littérature française, littérature étrangère, poésie polar, essais, beaux-livres, arts, images et sons, B.D, jeunesse

Exposition

Ô Roubaud! L’Ecole Estienne interprète en sérigraphie L’Ode à la ligne 29, publiée aux éditions Attila

LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE 0476466163


NOËL

LITTERATURE

Littérature

Oeuvres complètes

L.Blondel, F.Folliot N.Trigeassou

Romans nouvelles et récits, F. Scott Fitzgerald, 2 volumes sous coffret, La Pléiade,

Gallimard, 125 € (140 € à partir du 1er février), volumes séparés 70 € L’auteur mythique de Gatsby le magnifique et de Tendre est la nuit, ses deux œuvres les plus connues, fut aussi un grand nouvelliste et ce n’est pas le moindre des atouts de l’édition de ses œuvres complètes en Pléiade que de donner à lire au lecteur francophone des textes majeurs et néanmoins méconnus du grand romancier américain. On lira entre autres avec bonheur Les contes de l’âge du jazz dans lesquels Un diamant gros comme le Ritz figure en bonne place. On doit sans doute au mythe lui collant à la peau d’un Fitzgerald noceur et superficiel, frivole ou au mieux glamour, l’édition si tardive des œuvres telles que les voulait l’auteur. Les récits, textes et essais souvent autobiographiques réunis dans le deuxième volume nous donnent un éclairage essentiel sur un auteur incontournable de la littérature américaine. Ecrivain avant tout sensible, Francis Scott Fitzgerald n’a pas son pareil pour décrire les atmosphères, s’emparant avec justesse des travers d’une société bourgeoise et superficielle, déjouant les sentiments, malmenant les illusions de chacun. Il aura fallu du temps pour lui rendre enfin la place qu’il méritait dans la littérature dont ces deux volumes sont l’éclatante illustration. F.F.

Amours & autres tracas, Laurie Colwin, Autrement, 29 €

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne Berton et Elishéva Marciano Laurie Colwin, c’est une petite musique, en mineur, qui n’a l’air de rien, une légère acidité, un parfum fugace, une dent qui accroche légèrement et qui finit par blesser la gencive. Laurie Colwin, ce sont des histoires de couples, d’adultères, de jalousie, d’amitié ou d’intimité, des dizaines de détails qui viennent vous tirailler, vous asticotez jusqu’à produire ce ton étonnamment juste, cette critique d’une société aux apparences tranquilles, cet humour léger et dévastateur à la fois, cette tendresse aussi sans pathos. Vous l’aurez compris, Laurie Colwin ce n’est pas la littérature sentimentale un peu évanescente, sans réel propos à laquelle on veut vous faire croire, c’est beaucoup plus. Et les éditions de l’Olivier ne s’y sont pas trompées lorsqu’elles ont édité son premier roman traduit en français, Frank et Billy. Les éditions Autrement non plus qui nous propose dans Amours et autres tracas quatre romans de la romancière décédée prématurément en 1992. Laissez-vous emporter par le charme de la prose de Laurie Colwin, sa façon inimitable de dire les sensations du quotidien, celles qui bornent le monde de chacun mais qui peuvent sous le regard décalé de l’auteur vous entraîner bien plus loin que prévu. F.F.

Herzog/La planète de Mr. Sammler, Saul Bellow, Gallimard, Quarto, 22 €

nouvelle traduction de l’anglais (Etats-Unis) par Michel Lederer, textes présentés par Philip Roth « A l’époque, il donnait des cours du soir pour adultes dans une école de New York. En avril, il avait encore les idées assez claires, mais à l’approche du mois de juin, il se mit à dérailler ». Voilà qui résume la vie de Moses Herzog, professeur d’université qui un jour s’extrait des codes sociaux de la vie sans raison précise mais ne s’en trouve pas plus malheureux. Il voyage à travers les Etats-Unis, pour finalement s’installer à la campagne et envoie des lettres aux amis, parents, journaux et même aux morts. Herzog nous parle aussi et beaucoup des femmes parce qu’il en a connu de nombreuses et sait nous faire rire avec l’amour. Ce roman paraît en 1964 et a tant marqué la littérature américaine de la seconde moitié du vingtième siècle qu’il serait impossible d’établir une liste d’écrivains influencés par ce personnage, Philip Roth en tête. Ce dernier consacre à Bellow toutes les présentations de textes dans ce volume exceptionnel. L.B.

Redécouvrir...

La vraie vie est ailleurs, Jean Forton, Le Dilettante, 20 € Saute le temps, Roger Rudigoz, Finitude, 19,50 €

Saluons le travail des libraires-éditeurs qui tentent d’arracher de l’oubli des écrivains que le temps a déclassé. Deux inédits pour (re)découvrir des voix singulières. Tous les thèmes de Jean Forton se retrouvent dans La vraie vie est ailleurs. Le temps de l’apprentissage, les nondits familiaux, une ville Bordeaux et des brouillards, mais surtout cette langue unique, qui sous une apparente douceur crache la violence et fait de Forton le poète des limons. Autre rage, le journal de Rudigoz, écrivain Julliard des années 60, qui dissèque les faux-semblants de son temps avec la même exigence qu’il examine son passé…une passion et une élégance rares.


F.Calmettes

Exercices d’assouplissement, Pierre-Albert Jourdan, Voix d’encre, 18 €

Pierre-Albert Jourdan (1924-1981) s’est toujours tenu à distance des « autoroutes littéraires ». Pourtant, il est un poète contagieux, de ceux qui changent vos rapports avec la terre comme avec autrui. Se méfiant du culte de la forme comme de l’idolâtrie des mots, « méfie-toi des majuscules petit con », il considérait « sa petite maison d’écriture comme une maison de redressement ». Sa présence au monde lui importait plus que son œuvre. Il a donc très vite décidé de croire « aux mots comme souliers et non comme épingles de fixation ». Avec ses Sandales de paille et « la sagesse à claques », (Lin-Tsi fut l’un de ses compagnons), Pierre-Albert Jourdan mesure le poids de chaque mot pour mieux se défaire des évidences, il use de sa faculté de juger sans jugement. Sa poésie avance intérieurement en déambulant avec souplesse. Ces Exercices d’assouplissement sont une gymnastique mentale, une manière de saluer, un exercice spirituel. « Le lieu des signes est un lieu caché. Sur la place publique, il n’y a que des incidents ». Il s’agit de s’assouplir encore et toujours pour respirer quotidiennement, pour mesurer le silence. « Où tu respires il y a une Respiration. C’est très simple mais tu l’oublies. Ta respiration, elle, ne l’oublie pas ». Sa lucidité sur notre extrême indigence intérieure, même si elle est blessure proche du soleil, est surtout poignée de main à l’autre et feu de joie avec l’ordinaire. Avec la publication de ces Exercices d’assouplissement, on peut espérer que Pierre-Albert Jourdan soit mieux entendu et « se voie donner l’importance que lui ont déjà reconnue les poètes les plus renommés ».

NOËL

Poésie

LITTERATURE

Chant d’amour, Hallaj, calligraphies d’Henri Renoux, Orients/Sables, 29 € Hallaj (857-922) était un poète et mystique soufi. Il fut célébré par Hafez et Attar et, à l’image de maître Eckhart, il n’a eu de cesse de chanter la mesure de l’homme dans la démesure de l’amour. Les éditions Orients nous offrent un magnifique ouvrage, où les calligraphies d’Henri Renoux, miroir de l’écriture, font résonner les vers d’Hallaj. En parcourant ces pages, on éprouvera le sentiment puissant d’une sagesse universelle partagée. Ce livre élégant est en réalité un émerveillement où le calligraphe et le poète, chacun à sa manière et selon sa tradition, nous accordent leur ressenti du mystère. La brillante postface de Salah Stetié, nous invite à nous laisser guider par ces lettres de plusieurs alphabets dont l’existence pourrait bien se confondre avec nos propres musiques intérieures.

Nos incontournables de l’année, à lire et à offrir absolument :

L.Blondel, F.Folliot N.Trigeassou

Laissez-moi, Marcelle Sauvageot, Phébus, 7,70 €

La réédition d’un texte essentiel. Le long cri d’une femme malade de la tuberculose, passionnément amoureuse et que son amant abandonne. Un récit d’une implacable intégrité, véritable chef-d’oeuvre littéraire.

Pourquoi être heureux quand on peut être normal, Jeanette Winterson, L’Olivier, 21 €

Le récit autobiographique d’une figure marquante du féminisme. Le cheminement affectif et intellectuel vers la liberté d’une toute jeune-fille déterminée et lucide. Une écriture puissante au ton inimitable.

Peste et Choléra, Patrick Deville, Seuil, 18 €

L’histoire d’un homme, Alexandre Yersin, scientifique de génie, qui tente de s’échapper à lui-même. Avec toute son élégance et son ironie, Deville nous raconte une vie et ses parallèles. Un enchantement!

14, Jean Echenoz, Minuit, 12,50 €

Ou comment la magie du style peut faire rentrer l’Histoire en 120 pages. Toute la pudeur et la douceur d’Echenoz pour dire l’inéluctable, le destin de cinq hommes broyés par l’Histoire.

L’hiver des hommes, Lionel Duroy, Julliard, 20 €

Ce récit nous raconte le parcours géographique et philosophique d’un narrateur journaliste, double de l’auteur, taraudé par la question de l’enfermement des hommes. Sur la trace des enfants des bourreaux, il rejoindra en République serbe de Bosnie des hommes et des femmes pris dans un filet idéologique aux mailles serrées. Un très beau roman/reportage sur l’héritage et les peurs que les peuples et les individus portent d’une génération à l’autre.

Arrive un vagabond, Robert Goolrick, Anne Carrière, 21,50 €

Charlie Beale, le vagabond, en rencontrant Sylvan Glass va révolutionner la vie d’une petite ville. D’une histoire vraie, Robert Goolrick fait un roman irrésistible.


NOËL

LITTERATURE

Littérature étrangère

L.Blondel, F.Calmettes A.Giraudeau

Un voyage en Inde, Gonçalo M. Tavares, Viviane Hamy, 24 € traduit du portugais par Dominique Nédellec

En ouvrant Un voyage en Inde, on découvre dix chants et mille cent deux strophes à l’image des Lusiades de Canoës. On s’attend à trouver une œuvre difficile. Aucunement ! Épopée cosmique et comique, épopée audacieuse et ambitieuse, ce livre est un chef-d’œuvre. À coup d’explosions philosophiques et de détonations poétiques, Tavares nous livre des phrases magiques. L’ensemble est fragmenté comme une bombe, mais règne en ces pages limpides une incroyable cohérence. En hommage à Homère pour l’épopée, et à Michaux pour le cocasse d’un Plume, le personnage de Tavares : Bloom (clin d’œil à l’Ulysse de Joyce) part à la recherche du sens de la vie. Bloom fuit Lisbonne, il a tué son père pour venger la mort de sa bien-aimée. Tantôt à Paris, à Londres et à Vienne, il cherche à apaiser ses pulsions barbares. Voyage initiatique vers un fantasme de l’Orient, ce labyrinthe aboutit à une mélancolie où résonnent des fulgurances éthiques. Chant contre le nihilisme du monde, il éloigne le désastre et son cortège de prétention. « S’il-te-plaît, Bloom, fais attention à ce détail : ne remplis pas la maison de meubles et autres objets, de grâce, garde l’espace pour la beauté, pour que la beauté ait sa place : une lézarde à droite en entrant, par exemple. Que les choses belles soient ton poste de vigie ; car le monde comme toute chose, ne devient beau que lorsqu’il est regardé par la beauté ». Ce livre laisse le lecteur émerveillé du salut possible qu’offrent les mots et reflète ce « non voyage que nous sommes nous-mêmes ». Heureux ceux qui n’ont pas encore lu ce déjà classique, ils découvriront un ouvrage qui marque à jamais tout lecteur. Un voyage en Inde est à considérer sérieusement « car l’Inde n’est pas un endroit où l’on arrive, mon cher, l’Inde est un endroit où l’on chemine ». F.C.

Mitsuba, Aki Shimazaki, Actes Sud, Babel, 6,50 €

Après sa pentalogie que vous avez surement déjà appréciée voici en Babel le premier tome de la nouvelle série de Shimazaki. Seulement 130 pages pour assister à la rencontre de Takashi et Yûko les deux personnages récurrents de cette saga aux mille et une cachettes. Mitsuba c’est le trèfle. Quoi de plus simple et pourtant de si poétique qu’un trèfle symbole de la promesse? Mitsuba c’est le nom secret que donneront Yûko et Tukushi au café de leurs rendez-vous. La promesse de se marier, la promesse de s’aimer, la promesse d’être fidèle… ça semble romantique mais rien n’est aisé dans une société japonaise régie par les contraintes des grandes sociétés aux politiques démentielles, les rigidités sociales et la pression familiale. Le Japon pays de la poésie, de l’art de vivre et du respect. Le Japon le pays où tout va trop vite, trop loin et trop profond. Simplicité, poésie, zénitude, beauté, humilité…Quelques mots et tout est là : le Japon de l’endroit comme celui de l’envers. La preuve en prose que même dans un univers parfois grotesque une petite musique douce peut se jouer en chacun de nous. A lire comme un petit ravissement de la littérature ! A.G.

La famille Moskat, Isaac Bashevis Singer, Stock, 26 €

nouvelle traduction de l’anglais (Etats-Unis) de Marie-Pierre Bay et Nicolas Castelnau-Bay

Au moment où les éditions de l’Herne consacrent un cahier à Isaac Bashevis Singer, les éditions Stock publient La Famille Moskat. Cette saga retrace l’histoire de cette famille juive polonaise de la fin du dix neuvième jusqu’au milieu du vingtième siècle et conclue un tryptique commencé avec Le manoir et Le domaine. On y retrouve tous les amours et les préoccupations de Singer : la mutation de la société polonaise, ses description de Varsovie, l’Amérique mais aussi et surtout son humanité qui refuse tout angélisme. 750 pages en chapitres très courts constituent cette œuvre magique du Prix Nobel 1978, de quoi accompagner une partie de l’hiver avec intelligence et bonté. L.B.

Le bonheur des Belges, Patrick Roegiers, Grasset, 22 €

Le bonheur des Belges est un clin d’œil au Chagrin des Belges de Hugo Claus, œuvre littéraire « belge » incontournable. Ici Roegiers écrit l’Histoire de la Belgique dans un roman drôle et érudit, sans chronologie spécifique : Tintin et Simenon croisent Bruegel, Yolande Moreau (qui entame le livre de façon sublime) fait place à Jacques Brel, Jean-Claude Van Damme à Godefroy de Bouillon, François Weyergans au Tour des Flandres et ainsi de suite. Le livre n’en demeure pas moins limpide et passionnant. Roegiers avait déjà écrit une «autobiographie de la Belgique » dans le Mal du pays (Points-Seuil 2003) mais il se surpasse ici et nous donne l’envie d’être belge ou de le rester. En somme un beau chant d’amour venu du nord. L.B.


NOËL

Polar

POLAR L.Blondel

Liquidations à la grecque, Petros Markaris, Seuil, 21,50 €

Traduit du grec par Michel Volkovitch Petros Markaris n’est pas seulement le scénariste du cinéaste Théo Angelopoulos, ce metteur en scène de théâtre, traducteur de Brecht et de Goethe, il est aussi et surtout un grand romancier. La création du commissaire Charitos, désabusé, râleur et tête de mule comme on aime, porte un fascinant personnage. Après Le Che s’est suicidé, Actionnaire principal et L’empoisonneuse d’Istanbul (parus aux éditions du Seuil), Charitos reprend du service. En pleine crise économique, on retrouve à Athènes quelques personnalités de la finance littéralement décapitées. Le commissaire traque un assassin singulier à travers une ville mouvante, sous tension qui parfois, pour un instant, retrouve son flegme d’antan. Et puis tout s’anime à nouveau, les angoisses en premier. Markaris excelle dans la description de cette ambiance pesante qui offre pourtant un roman vraiment superbe.

So much pretty, Cara Hoffman, Stock, 20 €

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Emmanuelle et Philippe Aronson L’excellente collection La Cosmopolite chez Stock se lance dans le roman policier.C’est dans cette nouvelle Cosmopolite noire, qu’un auteur méconnue Cara Hoffman, signe un très beau So much pretty. A Headen, petite ville de l’Etat de New York, Wendy serveuse, est retrouvée assassinée. Stacy Flynn, journaliste ambitieuse couvre cette histoire pour le journal local. Alice de son côté est une adolescente que ce triste fait divers fascine. Ces deux personnalités bien différentes s’enfoncent dans une enquête bien étrange. Le roman pose les bases d’un thriller classique mais Cara Hoffman détourne ces codes pour nous plonger dans un livre bien plus fin et profond que la résolution d’une affaire de meurtre, on sort de là admiratif.

La demeure éternelle, William Gay, Seuil, 21 €

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Paul Gratias Affreux, sales et méchants, ainsi pourrait-on qualifier les personnages de ce roman qui ne sont pas sans rappeler les Snopes de Faulkner. Dans les années 40 à Mormon Springs dans le Tennessee, Dallas Hardin incarne le mal absolu s’appropriant par la brutalité l’affaire d’alcool de son voisin. Seul Nathan Winer s’oppose à lui mais le paiera très cher. Une dizaine d’années plus tard Nathan Winer Junior 17 ans n’a pas soif de vengeance mais souhaite régler les problèmes du passé. Avec une écriture d’abord lente William Gay nous raconte les histoires d’enfants privés de la figure paternelle, violents ou absents, leurs vies semblent tristement identiques. Puis le rythme s’accélère jusqu’au dénouement implacable et déroutant. On pourra lire du même auteur Mort au Crépuscule (Folio policier), Grand prix de littérature policière 2010, qui demeure l’un des meilleurs romans policiers de ces deux dernières années.

Les meilleurs polars de l’année

La forteresse de Breslau Marek Krajewski Gallimard, 23 €

Pike Benjamin Whitmer Gallmeister, 22,90 €

Un ancien officier de la police criminelle de Breslau mène une enquête sur la mort d’un général qui aurait fomenté un attentat contre Hitler. Dans la lignée de Kerr...

Le dernier lapon Olivier Truc Métailié noir, 20 €

Un ancien truand enfin rangé s’occupe de sa petite-fille après le décès de sa fille. Un flic véreux décide pourtant de lui gâcher la vie. Le roman noir ici à son apogée.

Le meilleur thriller français de l’année se passe néanmoins en Laponie où la disparition d’un tambour de chaman déchaîne les passions...


NOËL

ESSAIS

Histoire, anthropologie

Mélancolie ouvrière, Michelle Perrot, Grasset, 11 €

F.Calmettes, C.Meaudre N.Trigeassou

Qu’est-ce qu’une héroïne ? N’est-ce pas là une catégorie d’hommes ? Pour cette nouvelle collection qui s’attache à réunir des vies de femmes dévouées à leur cause, Michelle Perrot raconte celle d’une quasi-inconnue. Un texte autobiographique, publié dans une revue syndicaliste (fait rarissime pour un femme à l’époque), une tentative de suicide…Que sait-on de plus de Lucie Baud, cette ouvrière frondeuse qui en 1905 mène la révolte dans les usines textiles de Vizille et Voiron, ces « couvents de la soie » où un paternalisme catholique cachait l’exploitation. Dans un bouleversant récit-enquête, Michelle Perrot explore les vides autour de cette « bouche d’ombre » et restitue avec une profonde humanité le tragique et la dignité d’une vie. Lucie, cette inconnue, et avec elles toutes ces jeunes femmes des ateliers, sont désormais sorties du silence de l’Histoire. N.T. Michelle Perrot viendra présenter à la librairie son livre lors d’une rencontre, Jeudi 24 janvier à 18h30.

Avant l’histoire, Alain Testart, Gallimard, 25 €

"Sur quels faits, sur quel ensemble de faits, les principaux étant ethnographiques et archéologiques, fonder notre connaissance de l'évolution passée des sociétés?" C'est ce à quoi tente de répondre l’anthropologue Alain Testart. Avant de saisir le sens global de l'évolution il fait une mise au point sur les questions de méthodologie et d'interprétation en archéologie. Il célèbre l'héritage culturel laissé par les savants du XIXème siècle, Lewis Morgan et Fustel de Coulanges qui ont eu "la grandeur de penser une évolution globale de l'humanité".Le livre s'ouvre ainsi sur une brève histoire de l'idée d'évolution des sociétés, puis il pose la question de comment penser l'évolution, une succession de cultures ne faisant pas un évolutionnisme. Alain Testart, extrêmement érudit, s'appuie sur des données archéologiques qu'il compare aux données historiques et ethnographiques afin de traiter de l'art des cavernes, du totémisme, de l'évolution des chasseurs-cueilleurs, de l'origine de l'agriculture, de l'invention de la richesse (et l'apparition récente de la misère). Il pose la délicate question de la mise en place des premières sociétés, des premières formes de vie sociale, à la lisière entre archéologie préhistorique et anthropologie sociale. Merveilleux! C.M.

Sciences

Sur les épaules de Darwin, Jean-Claude Ameisen, LLL, 22,50 €

Jean-Claude Ameisen est médecin immunologiste. Ses recherches portent sur l’origine des phénomènes d’autodestruction cellulaire ainsi que sur le rôle de « la mort programmée dans le développement des maladies ». Vous êtes nombreux, chaque semaine, à écouter sa douce et chaleureuse voix sur France-Inter. Et pour cause, il est rare de trouver une émission de cette qualité en termes de vulgarisation scientifique. Nous est donnée aujourd’hui la possibilité, avec la transposition de « la mélodie de la voix en musique pour les yeux », de lire certaine de ces émissions, où avec intelligence on s’émerveille du monde. À l’image de ce moment radiophonique, ce livre est un voyage où « juché sur les épaules d’un géant, on n’est pas plus intelligent mais on voit plus loin et autrement ». Un voyage où l’on s’enjoue des choses en découvrant la magie et la beauté de la nature. Et pour ce faire, Jean-Claude Ameisen n’hésite pas à jeter des ponts entre les disciplines (science, philosophie, art, histoire, religion, etc.) afin de faire entrer en résonnance les champs. Surgit alors une conversation avec le monde, avec les autres et en réalité, un voyage à la rencontre de nous-mêmes. Avec ce livre, Jean-Claude Ameisen poursuit singulièrement son travail d’éclaireur des consciences, ne cessant de tisser et de relier avec gaieté afin de « donner l’amour d’aller chercher soi-même ». F.C.

Image

Les pubs que vous ne verrez plus jamais, Annie Pastor, Hugo Desinge, 14,99 € Imaginez une publicité comme…Un slogan, « une femme, une pipe, un pull » et l’image d’une famille unie et nue, on est dans les années 70, entremêlée en position pyramidale sur une moquette bien épaisse : par terre la femme lascive, plus haut, assis dans un fauteuil, l’enserrant de ses jambes écartées, l’homme moustachu, un enfant sur un bras, une pipe dans l’autre main, et habillé d’un seul pull jersey de la marque Paul Fourticq « pour l’homme et lui seul ». Ou encore une affiche début de siècle, vantant les vertus de la bière pour la mère allaitante, c’est celle qui a la chope à la main qui a les seins les plus gonflés pour nourrir l’enfant. Toutes les publicités présentes dans ce recueil ont bien existé…une manière de dire par le rire combien les représentations ont changé. Assurément, c’était bien pire avant ! N.T.


C.Meaudre

Journal de la mer d’Arabie, Claire et Reno Marca, La Martinière, 39 €

LIVRES

Beaux livres

BEAUX

Le couple Marco récidive cette année avec un carnet de voyage qui nous mène du Yemen à l'Inde, à la découverte des dhows, ces énormes boutres de bois qui sillonnent la mer d'Arabie. Auteurs déjà de 3 ans de voyage, Madagascar 3 mois de voyage sur l'île rouge ,et Algérie, soyez les bienvenus, (les trois aux éditions Aubanel), ils semblent avoir fait de leur vie un long périple qu'ils savent merveilleusement mettre en couleur par des photos et peintures. L'itinéraire qu'ils ont choisi cette fois démarre au Yemen pour se rendre ensuite au large des côtes de la Somalie, sur l'île de Socotra où pousse une espèce endémique d'arbre mythique, arbre qui fut à l'origine du projet de voyage. Puis vient Oman et l'excentrique Dubaï, ensuite embarquement par cargo pour rejoindre l'Inde, le pays des dhows, déjà aperçus à Dubaï. Mais le livre n'est pas qu'un carnet de voyage illustré, le récit est tout à la hauteur de la qualité des illustrations. Six mois d'aventures et d'émerveillement!

Seule sur le Transsibérien, Géraldine Dunbar, Transboréal, 20,90 €

Transsibérien : 9288 km de Moscou au Pacifique dans la baie de Vladivostok. Le rêve de Géraldine Dunbar germe en elle depuis ses 7 ans lorsqu'elle découvre dans un atlas la Sibérie, "Sibir" en bouriate, "la terre qui sommeille" et qui occupe un tiers de l’hémisphère nord! S'ensuit l'étude du russe au collège, puis un DEA d'étude slave et 3 ans passés à Moscou. En 2004 elle retourne en Russie en empruntant le légendaire train mais en faisant des haltes ici et là à la rencontre des habitants. Elle parcourt les plaines, les steppes, la taïga, les collines boisées et les montagnes de 2 continents. Elle visite un temple bouddhiste à Oulan Oudé, chevauche dans les steppes de l'île d'Olkhon, contourne le lac Baïkal... et arrive à Vladivostok. Puis retour en train d'une traite cette fois-ci. En juin 2010 elle embarque avec 17 autres écrivains (Dominique Fernandez, Mathias Enard, Maylis de Kérangal...) à bord du transsibérien de Moscou à Novossibirsk dans le cadre de la célébration de l'année France-Russie.

Hubert Wilkins, les folles aventures d’un explorateur de génie, Simon Nasht, Paulsen, 23 €

Voici un illustre inconnu au bataillon des explorateurs. Et pourtant il méritait la biographie que lui consacre son compatriote Simon Nasht, journaliste et réalisateur. Hubert Wilkins pilote et géographe australien fut un autodidacte, passionné de photographie et de cinéma, reporter, naturaliste... En 1923 il fait une étude à la demande du British Museum au nord de l'Australie; en 1929 il exécute le premier vol transarctique d'Alaska au Spitzberg et se fait anoblir pour cet exploit et ses travaux scientifiques. Puis en 1931 il mène l'expédition Nautilus à bord d'un sous-marin américain de la première guerre mondiale qu'il transforme en laboratoire, mais en raison du froid et de la vétusté du matériel, (notamment l'absence de gouvernail!) il échoue à 800 km du pôle nord. Il mena également des expéditions en Antarctique. Bref peu d'hommes avant lui n'avaient vu autant de terres et de mers inexplorées, personne n'a aussi souvent frôlé la mort, et avec autant d'humour que Sir Hubert Wilkins. Simon Nasht nous embarque dans les rocambolesques aventures d'un pionnier, conscient avant l'heure des enjeux de la sauvegarde des régions polaires.

Pochettes six livres de la collection «Dix façons de préparer», L’épure, 33 € l’une

Voici une idée originale qu'ont eue les Editions de l'Epure, à qui nous devons la célèbre collection "dix façons de préparer". Pour cette fin d'année l'Epure propose 8 pochettes en papier kraft brun, fermées par une fourchette ou une cuiller en bois, contenant 6 exemplaires tirés de la collection. Chaque poche propose une thématique, et il y en a pour tous les goûts. Ainsi on trouve "terre à terre" avec les petits pois, navets, endive, radis... "Plus frais c'est dans la mer" pour les recettes de poissons, "y a bon bidoche" pour les carnivores, "aller voir ailleurs" réunit des recettes à base de menthe, pains sec, miel, couscous... Mais vous pouvez également "changer de crémerie", avoir "une verte attitude", préférer les "avantages en nature", car si "c'est bon c'est bien" (pour les amateurs de tofu et gingembre). A vos fourneaux.


BEAUX

ARTS

Livres d’art

Le petit Tokaido, Hiroshige, Hazan,19 €

F.Folliot

Ce joli petit coffret recèle un dépliant coloré, les 53 étapes peintes par Hiroshige de la route du Tokaïdo reliant Edo à Tokyo. Cette route, qui inspira de grands peintres japonais, Hiroshige l’a parcourue de nombreuses fois à la recherche d’un angle nouveau pour aborder le paysage et les hommes. Désireux de rendre compte de la totalité du monde, Hiroshige ne se lasse pas de peindre les gens dans leurs tâches quotidiennes au milieu de la nature. Il fit ainsi plus de trente séries du Tokaïdo. Celle-ci, plutôt rare, fût éditée en 1840, chaque vue étant accompagnée d’un poème. Un petit livret explicatif de Nelly Delay présente l’ouvrage.

Canaletto à Venise, Gallimard Musée Maillol, 39 €

Nombreux sont les peintres de Venise, parmi eux Canaletto, peintre du XVIIIe siècle, amoureux de la Sérénissime nous laisse des toiles réelles et fantasmées à la fois qui donnent à voir une autre Venise, devenue pourtant une de celle que l’imaginaire de chacun porte. Utilisant une technique toute particulière, Canaletto crée l’art du panorama. Ouvrant et déployant les monuments, dilatant l’espace, il offre à chacun une Venise faite d’illusions et qui pourtant dévoile ses détails cachés. Jouant de la perspective et des moyens optiques qu’elle offre, Canaletto recompose l’image, pas si loin de la photographie ou du cinéma d’aujourd’hui. Il peut même ajouter ou enlever des bâtiments au gré de l’élaboration de ses peintures. C’est ainsi que les édifices qui bordent certaines vues du Pont Rialto ont quelquefois été déplacés. Venise, par le prisme de Canaletto, ce sont une cinquantaine de toiles de la jeunesse à la maturité, baignées d’une lumière intense qui exalte les couleurs, une vision éternelle et poétique d’une Venise intime et monumentale, vivante et silencieuse, auréolée d’une atmosphère magique.

Penone, Laurent Busine, Actes Sud, 69,95 €

Giuseppe Penone, né à Garessio, artiste contemporain proche de l’Arte Povera, peintre, dessinateur et sculpteur, est l’auteur d’une œuvre singulière et vivante. Utilisation de matériaux proches de la nature, oeuvres pleines, beauté des formes, Penone rend compte à la fois du mouvement de la vie et de celui de la création. Laurent Busine, directeur du musée des Arts contemporains au Grand-Hornu, développe l’œuvre de Penone selon sept thématiques dont les noms à eux seuls disent tout de l’extraordinaire travail de l’artiste : le souffle, le regard, la peau, le cœur, le sang, la mémoire, la parole. Un long entretien avec Benjamin Buchloh éclaire l’histoire de l’œuvre. Matériaux et formes happent le regard du spectateur, le dialogue entre nature humaine et règne végétal créant une présence particulière et une émotion étrange qui nous questionnent intensément. Un très bel ouvrage sur l’art vivant d’aujourd’hui à travers l’un de ses plus grands représentants. Une exposition est prévue en Arles en 2013.

Don Quichotte illustré par Gérard Garouste, Cervantès, D. de Selliers, 95 €

En ouvrant l’ouvrage, l’évidence saute aux yeux, qui mieux que Garouste et sa folie créatrice aurait ainsi pu illustrer de si belle manière l’aventure du génial et chimérique Don Quichotte. Les deux univers s’imbriquent totalement et l’on ne sait plus lequel illustre l’autre. Entre réalité et imaginaire, sagesse et folie, le chevaleresque Don Quichotte de la Mancha est révélé magnifiquement par les couleurs et la force du trait du peintre. Deux oeuvres rien moins qu’universelles, totalement hors du temps, pour former cet ouvrage sans pareil. Relire le chef d’œuvre de Cervantès, comme hanté, sublimé par les gouaches de Garouste, dans cette superbe édition sous coffret, est un régal pour le bibliophile. Deux volumes à déguster, dans la « petite édition » de Diane de Selliers, réunis dans un coffret lui-même illustré.

La ville magique, Lille métropole/Gallimard, 35 €

Regard tout à fait original et transversal sur quatre grandes métropoles d’aujourd’hui, La ville magique nous fait entrer dans l’univers particulier d’artistes qui ont par leur travail rendu compte d’une ville moderne en pleine transformation. C’est donc la période des plus grands bouleversements urbains entre les deux guerres qui a été privilégiée. De Manhattan, la ville verticale à New York, toile de fond de Metropolis, de Berlin à Paris ou Amsterdam, une ville étrange et fascinante vient façonner notre imaginaire. Surréalisme, réalisme magique, fantastique, des courants divers traversent les œuvres des peintres, des photographes et des cinéastes. Cet album lui aussi tout à fait magique nous entraîne dans un voyage passionnant, à la suite de Matisse, Brassaï, Giorgo de Chirico, Fritz Lang et de tous ces nouveaux flâneurs des temps modernes. Une réflexion d’une très grande richesse sur l’histoire de l’homme et la ville et la naissance des mythes urbains.


Vers l’Orient,Marc Riboud, Editions Xavier Barral, 55 €

N.Trigeassou

C’est Henri Cartier-Bresson qui exhorte le tout jeune photographe Marc Riboud à prendre la route de l’Orient. En 1955, celui-ci part, un peu comme Nicolas Bouvier quelques années plus tard, de la Turquie vers le Japon. Durant trois ans, des lettres de Cartier-Bresson le guideront dans cette recherche du regard : apprendre à ouvrir l’œil, à recevoir. L’éditeur Xavier Barral a conçu en choisissant parmi des milliers d’images, un coffret, regroupant comme plusieurs carnets de voyages, cinq petits volumes reliés dans une toile bleu de Chine. Et le choix d’un tirage mat sur un papier ivoire rend la sensualité de l’image, en révèle aussi la modernité. Magnifique hommage à un élan, ce qui fait dire à Marc Riboud : «en feuilletant ces pages, je retrouve presque intacts le désir, la volonté d’aller voir. Voir. »

DES SONS

Photographie

DES IMAGES ET

Ici au loin, Pentti Sammallahti, Actes Sud, 53 €

Les panoramiques de Penti Sammallahti ne sont pas des coupes arrachées au réel mais semblent se couler dans une éternité. Une étrange délicatesse se dégage de ses images : devant une douceur que ses gris amènent, un détail tout en précision noire amène un angle. Et c’est bien souvent un animal, caché, qui semble en savoir plus… Un imaginaire envoûtant dont le merveilleux est superbement restitué par le soin des tirages.

DVD

Etudes sur Paris, André Sauvage, Carlotta, 21,50 €

Fascinantes années 20, où le cinéma muet ne cesse d’expérimenter : prises de vues audacieuses, montages saccadés, pour composer des poèmes visuels à la gloire du mouvement, de la modernité. Et la ville est le lieu de cette effusion : Vertov syncope la ville soviétique, Ruttmann fait danser Berlin, Vigo se joue de Nice. Mais Paris ? Chef d’œuvre oublié, réalisé par un cinéaste au destin maudit, Etudes sur Paris, dans une version restaurée, subjugue l’œil d’aujourd’hui. Moins frénétique que Vertov, plus languide, Sauvage approche la capitale par les canaux. Et aux superbes trouées lumineuses et contre-plongées, s’ajoute le souci documentaire, l’attention au peuple et aux petits métiers. Places tourbillonnantes, sorties sur les routes défoncées de la zone, puis retour sur les péniches fumantes, cette capitale, aujourd’hui perdue, a rarement été aussi bien chantée.

Welcome in Vienna (trilogie), Alex Corti, Montparnasse, 28 €

En 1986 sortait sur les écrans Welcome in Vienna. La critique salue l’œuvre, ce qui n’empêche pas l’auteur, Alex Corti, mort prématurément, et le film de tomber dans l’oubli. Grâce à la passion d’un distributeur, la totalité du projet a été récemment redécouverte. Ce que l’on avait vu n’était que le troisième volet d’une trilogie, inédite en France, dans laquelle Corti, à partir d’un scénario autobiographique de G.S. Troller retraçait le destin de jeunes juifs autrichiens pris dans l’Histoire : depuis la fuite de l’Autriche après la nuit de Cristal en 1938, l’exil en France puis aux Etats-Unis, jusqu’à leur retour au pays avec l’armée alliée en 45. Images d’un noir et blanc intense, montage intégrant de façon étonnante des images d’archives, narration au plus près du quotidien, ce chef d’œuvre méconnu sonde dans ce récit d’exil, l’âme humaine, tout en attaquant frontalement le refoulement autrichien. Magistral.

Cinéma

Un noël de Cinéma avec Cinesquare!

Vous retrouverez dans notre nouvelle librairie d’images Cinesquare, installée dans le nouveau Méliès, Caserne de Bonne, un fonds et toute l’actualité des livres de cinéma. Notamment l’incroyable enquête de Sam Wasson sur la genèse et le tournage de Diamants sur canapé (5e avenue, 5 heures du matin, Sonatine, 29 €), ou encore le catalogue de l’exposition de la Cinémathèque consacrée aux Enfants du Paradis (EXB, 48 €). Mais vous découvrirez aussi un choix de DVD de films art et essai, de documentaires et le meilleur en DVD jeunesse, animation et classiques. Cinesquare est ouvert tous les jours du Mercredi au Dimanche de 13h30 à 20h30.


NOËL

JEUNESSE

Jeunesse

V.Salamand

Histoires pour se poiler, Seuil, 20 €, à partir de 3 ans Voici un petit recueil de 10 albums (parus au cours des 20 dernières années) qui font sourire, rire, et parfois même rougir. Du plus célèbre opus de Tony Ross Je veux mon p’tit pot décrivant les aventures d’une petite princesse apprenant (ou presque) la propreté, en passant par Vincent Malone (Le roi des papas) qui avec son album, Papa Houêtu ?, métamorphose les expressions favorites des adultes en images cocasses à destination des plus jeunes lecteurs, les éditions du Seuil jeunesse nous proposent un assemblage de récits espiègles, loufoques et parfois insolents qui réjouira à coup sûr les plus jeunes lecteurs. Le petit garçon de la forêt, Nathalie Minne, Casterman, 14,95 €, à partir de 5 ans

C’est l’été, le petit garçon de la forêt attend son nouvel ami du village, il hésite à sortir de sa forêt mais plus tard son ami du village est à son tour inquiet à l’idée de pénétrer dans les bois. A l’automne personne n’a plus vraiment peur et cet hiver ils seront bien ensemble…Nathalie Minne nous offre ici un superbe album poétique dans lequel le lecteur prend plaisir à découvrir grâce à une multitude de détails, l’inépuisable richesse du monde qui entoure les deux amis. Un bel ouvrage à déguster au temps de fêtes.

Cartes, A.Mizielinska et D. Mizielinski, Rue du monde, 25,80 €, à partir de 8 ans

Voici un ouvrage de référence qui vient de paraitre aux éditions rue du monde. Sous l’aspect d’un vieil atlas le lecteur découvre une multitude d’informations déclinées au travers de 4000 petites vignettes un peu naïves et parfois drôles parsemées sur toutes les cartes de 40 pays. Chaque page recèle de nouveaux trésors à chercher et de nouvelles informations à intégrer. Un album dont on devrait avoir beaucoup de mal à se passer. Lunerr, Frédéric Faragorn, Ecole des loisirs, 14,20 €, à partir de 12 ans

« Ailleurs » est un mot interdit au sein de la cité de Keraël, îlot entouré de sable à l’infini. Pourtant le jeune Lunerr prononce ce matin-là le mot défendu et devient banni par les élus et habitants de la cité. Sans aucune ressource, sa mère et lui acceptent donc de travailler auprès de Ken Werzh, vieil homme fortuné, redouté et redoutable. Petit à petit l’ancien lui confie son savoir et l’histoire de la cité. Le vieil homme lui propose alors un accord : la fortune en échange de son sacrifice …Construit comme une quête initiatique, le récit qu’offre Frédéric Faragorn est riche de résonances symboliques et suscite la curiosité envers le mystère des origines de Keraël. Voilà un beau roman qui tout à la fois dépayse et passionne le lecteur en offrant le plaisir d’une plongée dans un univers étrange et trouble qui donne matière à réfléchir.

Les dix droits du lecteur, Daniel Pennac, Gallimard, 19,90 €, de 7 à 77 ans

Un livre qui s’ouvre comme une boîte à merveilles, des saynètes naïves et colorées en 3D dérobées aux grands romans d’aventure de notre enfance et qui accompagnent harmonieusement un droit du lecteur page après page. Parus dans Comme un roman en 1992, voici une magnifique « mise à jour » des dix droits du lecteur de Daniel Pennac. Un superbe ouvrage dont le raffinement de la mise en page est accompagné d’un texte de référence qui sollicite l’imaginaire et encourage toute forme de lecture. Pour tous les âges.


L.Paillet, V.Salamand N.Trigeassou

Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, Jacques Tardi, Casterman, 25 €

Après plusieurs adaptations des romans de Jean-Patrick Manchette, Tardi revient à ses amours pour l'histoire et nous offre un album on ne peut plus personnel sur la détention de son père au Stalag IIB en Allemagne de 1939 à 1945. Avant de mourir, René Tardi a consigné le récit de sa captivité dans plusieurs cahiers et c'est de ces notes dont s'est servi Jacques Tardi pour faire cette bande-dessinée. Dans cet album, il y a la grande histoire bien sûr, celle de ces hommes faits prisonniers au début de la guerre et abandonnés par le gouvernement français qui ne seront jamais reconnus comme des héros car aux yeux de tous la guerre ils ne l'ont pas faite. Et puis il y a l'autre histoire, plus intime, celle d'un père et de son fils qui ne se sont jamais vraiment bien entendus. Tardi se met en scène jeune adolescent questionnant son père sur son expérience, essayant de mieux comprendre l'homme en colère avec qui il a vécu et restaure ainsi le dialogue qui n'a jamais eu lieu entre eux. De son histoire familiale, l'auteur fait un album riche et émouvant. Rarement, le secret d’une œuvre n’avait été à ce point approché… L.P.

NOËL

Bandes dessinées

B.D

L’enfance d’Alan, Emmanuel Guibert, L’Association, 19 € La guerre d’Alan (Intégrale), L’Association, 28 €

Le propre des chefs d’œuvre n’est-il pas de proposer et d’imposer comme une évidence une façon jusque là inédite de raconter des histoires. Je n’ai jamais vu avant Guibert, de dessinateur réussissant à ce point à se glisser dans la voix d’un témoin. Guibert a depuis raconté l’anecdote : le hasard, demander son chemin, qui lui a fait rencontrer Alan, un vieil américain qui vivait en France depuis 40 ans. D’heures de discussion, Guibert écrit un premier récit, La Guerre d’Alan (3 tomes depuis réunis en intégrale), qui raconte la guerre en Europe d’un soldat américain ordinaire. De ce monde d’hommes, on passe aujourd’hui à une intériorité avec l’Enfance d’Alan, une enfance dans une Amérique des années 30 où les classes moyennes sont le jouet de la crise. Un dessin toujours plus épuré, qui se dessine par les blancs plus que par les lignes, une pudeur du regard qui ne peut endiguer l’émotion, la vraie. Je le répète : chef d’œuvre. N.T.

Dali, Baudoin, Centre Pompidou/Aire Libre, 22 €

Un fou, paranoïaque, provocateur, difficile de cerner qui était vraiment Dali, lui s'était autoproclamé génie. A l'occasion de la rétrospective de son œuvre monumentale au Centre Pompidou, les éditions Dupuis nous proposent une étonnante biographie de l'artiste espagnol. Pour ce faire, Jeanne Alechinsky, directrice de l'ouvrage a cherché « un auteur avec un univers solide, un guerrier du trait qui ne se laisserait pas engloutir par l'atmosphère Dalinienne » et c'est le talentueux Baudoin qui s'est imposé. Il est en effet difficile d'imaginer deux univers graphiques plus éloignés que ceux de Dali et de Baudoin, pourtant la magie opère. De son trait de pinceau noir, le dessinateur explore, s'approprie et réinvente le monde halluciné de Dali allant parfois jusqu'à trahir son œuvre pour nous permettre de mieux comprendre l'homme qui se cachait derrière le peintre. Baudoin réussit sans conteste le pari de rendre un très bel hommage à Dali avec son propre style, original et envoûtant. L.P.

Disgrazia !, Coline Picaud, Le Monde à l’envers, 10 €

Peut-être est-ce la naïveté du dessin qui donne le sentiment de s’immiscer avec une telle vérité dans une archive personnelle ? Disgrazia raconte, comme sur les pages d’un cahier d’écolière, la mémoire d’une famille d’immigrés italiens grenoblois. En suivant les méandres de l’arbre généalogique, Coline Picaud retrouve, dans les échanges avec sa grand-mère, les raisons du départ de la Sicile, la pauvreté, la violence, et en entrecroisant joies et malheurs familiaux, luttes et espoirs collectifs, elle recrée un quotidien d’immigré fait de labeur, douleur (la honte notamment des enfants), mais aussi d’émancipation pour les femmes. Et dans ce mélange d’intime et de collectif- avec des planches remarquablement découpées où des documents, souvent inattendus s’intègrent aux scènes- renaît toute l’histoire du quartier Saint-Bruno, avec ses usines, ses cafés et leurs travailleurs immigrés : la famille de Coline Picaud, dans ce livre réellement touchant, devient alors mémoire de tous. N.T.

Jeangot,T1 Renard Manouche, Johann Sfar et Clément Oubrerie, Gallimard, 14,50 €

Niglaud est un hérisson né en 1910 qui échappe à une fin tragique lors d’un repas de famille chez les Renart. Il devient le porte bonheur du nouveau né nommé Jeangot. Les années passent et les deux amis découvrent ensemble les joies du Banjo, de la pêche et des filles…Reconnu et apprécié bien au-delà des cercles bédéphiles, Johann Sfar est devenu ces dernières années un biographe inspiré. Cette nouvelle bande dessinée illustrée par Clément Oubrerie avec dynamisme et humour rend pleinement hommage au regretté Django Reinhardt. Les amateurs mais aussi les novices trouveront là l’occasion de sourire au destin peu commun d’un guitariste de génie. V.S.


Informa

tions

et du monumental en art...

F.Folliot

Une sélection cette fois des très beaux livres d’art parus pour cette fin d’année. Des ouvrages cadeaux au prix élevé pour de grandes circonstances ou peut-être à plusieurs ...

Le cantique des oiseaux, illustré par la peinture en Islam d’Orient, Attar, D.de Selliers, 195 €

prix de lancement jusqu’au 31 janvier 2013. « 207 miniatures persanes, turques, afghanes et indopakistanaises du XIVe au XVIIe siècle illustrent l'intégralité du Cantique des oiseaux dans une nouvelle traduction versifiée réalisée par Leili Anvar, normalienne, agrégée et docteur en littérature persane. Le Cantique des oiseaux, chef-d’oeuvre de poésie mystique, écrit en persan à la fin du XIIè siècle, chante le voyage de milliers d’oiseaux en quête de Sîmorgh, oiseau mythique, manifestation visible du Divin. Ils seront guidés à travers sept vallées par la huppe, messagère de Salomon, qui les encourage sur la Voie en leur racontant des histoires de sagesse. Seuls trente oiseaux parviendront finalement au bout du chemin, trouvant en Sîmorgh le reflet d’eux-mêmes. Le Cantique des oiseaux est un récit initiatique par excellence : chacun peut voir dans les oiseaux le reflet de lui-même, à travers le prisme de ses propres expériences, de ses quêtes personnelles et intimes. Chacun peut se perdre dans les vallées pour mieux se retrouver. Il n’est pas besoin de croire pour être saisi par ce poème : ce qu’Attâr exprime résonne et vibre dans tous les cœurs. » Note de l’éditeur Un merveilleux ouvrage au texte poétique et enchanteur et dont les illustrations ont été recueillies dans les plus grands musées orientaux. Un remarquable travail éditorial !

Le Musée absolu, Amanda Renshaw, Phaïdon, 175 €

Monumental à tous égards, le musée absolu vous propose de parcourir en images et notices toute l’histoire de l’art du monde. D’un format impressionnant (50cm /30cm), le livre d’Amanda Renshaw réunit 2700 œuvres de la Préhistoire aux installations contemporaines au fil d’un millier de pages. Vous vous promenez dans l’ouvrage comme dans un musée virtuel, somme des plus beaux et complets musées du monde. Un musée à la maison en quelque sorte dans lequel des codes de couleur vous permettent de rejoindre des galeries, des pièces, des expositions particulières. La possibilité pour chacun, de façon claire et simple d’accéder à l’histoire de l’art comme il ne l’aurait jamais rêvé. Il a fallu dix années pour qu’une équipe de spécialistes réalisent ce musée idéal.

Départ...et transmission

Je quitterai Le Square en cette fin d’année 2012. Nicolas Trigeassou deviendra le nouveau directeur de la librairie à compter du 1er janvier 2013. Merci pour toutes ces années de complicité et de fidélité. Nous avons encore tout le mois de décembre pour mes derniers conseils et un salut amical. D’ors et déjà bonnes fêtes de Noël à tous ! Françoise Folliot

Pour vous aider à mieux seconder le Père Noël... La librairie étend ses horaires cette fin d’année, en ouvrant les Dimanches 16 et 23 décembre, de 10h à 18h. Nous serons également ouverts, les Lundi 17 et 24 décembre toute la journée, de 10h à 19h. D’autre part, nous organisons pour ceux qui auraient une liste de cadeaux bien longue, une livraison, jeudi 20 décembre. Nous contacter avant le 15 décembre au 04.76.46.61.63.

Le Square, une librairie, trois lieux: Place Dr Léon Martin, Kiosque MC2 ouvert tous les soirs de spectacle et Cinesquare au Méliès (Caserne de Bonne), ouvert du mercredi au dimanche, de 13h30 à 20h30.

La Gazette du Square, directrice de publication et rédactrice en chef : F.Folliot

Le Square

Rédacteurs : L.Blondel, F.Calmettes, F.Folliot, A.Giraudeau, C.Meaudre, L.Paillet, V.Salamand, N.Trigeassou

Gazette réalisée avec le soutien de la Région Rhône-Alpes

librairie

2, place Dr Léon Martin. Grenoble. Tel 0476466163


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