Gazette été 2012 - Librairie le Square

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La Gazette

été 2012

du Square e-mail : libsquar@club-internet.fr, site : www.librairielesquare.fr Horaires d’été de la librairie du 2 juillet au 1er septembre : ouverture du mardi au samedi, 10h-13h, 14h-19h.

Lectures pour l’été

Cinésquare, notre espace dédié au cinéma et à l’image a ouvert ses portes dans les nouveaux locaux du Méliès, Caserne de Bonne. Venez nous retrouver du mercredi au dimanche de 14h à 21h.

LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE 0476466163.


Litté

rature Romans étrangers Kornél Esti, Dezso Kosztolanyi, Cambourakis, 11 € Traduit du hongrois par Sophie Képès Voici enfin la traduction dans l’ordre original des 18 nouvelles écrites par l’immense romancier hongrois et qui forment l’univers de Kornél Esti - une partie avait été publiée sous le titre Le traducteur cleptomane chez Viviane Hamy. 18 nouvelles donc qui ensemble font un roman irrésistible dont le personnage fantasque, caustique, diablement humain nous promène entre réalité et imaginaire avec une tendresse évidente pour les faiblesses humaines mais aussi un appétit de liberté contagieux. Nous sommes dans les années 20 à Budapest ou dans quelques autres endroits du monde, voire même dans un lieu totalement imaginaire. Le quasi double de l’auteur avec humour et finesse pose un regard aigu sur ses contemporains. C’est à la fois drôle et triste. Le narrateur nous porte au centre des sensations et des émotions des personnages avec une sensibilité et une intelligence remarquables. Il sait dans une langue très classique et d’une extraordinaire précision ménager souvent du mystère et nous dérouter totalement. Tout nous donne matière à philosopher sur l’âme humaine comme sur le monde comme il va. Une lecture d’été formidable. Et pour ceux qui ne les ont pas encore lus, jetez- vous sur Ana la douce (absolument remarquable de justesse et de cruauté sur la société bourgeoise de l’époque) ou Alouette(terrible !), les deux romans de Dezso Kosztolanyi édités chez Viviane Hamy. Vous découvrirez une oeuvre majeure et sans doute l’un des plus grands romanciers hongrois du XXième siècle. F.F.

L’observatoire, Edward Carey, Phébus, Libretto, 11,80 € Traduit de l’anglais par Muriel Goldrajch Paru voilà onze ans, l’Observatoire d’Edward Carey sort maintenant en version poche. Ce chef-d’oeuvre absolu compte parmi les cinquante meilleurs livres lus par le libraire que je suis. Les anti-héros de ce roman, à commencer par Francis le personnage principal, vous feront rire autant qu’ils déclencheront votre pitié. Il faut imaginer un homme exerçant le métier de statut vivante dans un musée, qui porte des gants blancs, qui est kleptomane, qui possède un caractère épouvantable, qui vit dans un ancien observatoire et qui… A vous de lire la suite du chef-d’oeuvre en question. L.B

Pourquoi être heureux quand on peut être normal, Jeanette Winterson, L’Olivier, 21 € Traduit de l’anglais par Céline Leroy

Les oranges ne sont pas les seuls fruits, L’Olivier, 18 € Traduit de l’anglais par Kim Trân Il y eut d’abord Les oranges ne sont pas les seuls fruits (qui vient d’être réédité par les éditions de l’Olivier) . Le roman autobiographique de Jeanette Winterson rencontra immédiatement en Angleterre un succès fulgurant. Repris dans une série télévisée à la BBC, ce conte flamboyant, baroque qui met en scène une petite fille surdouée, adoptée par une mère démesurée dans sa folie comme dans ses engagements pentecôtistes a fait de Jeannette Winterson une sorte d’icône. Ses prises de position féministes et ses essais sur le genre en font une figure marquante dans l’Angleterre d’aujourd’hui. Il y a maintenant Pourquoi être heureux quand on peut être normal, titre qui reprend une phrase de Mrs Winterson à sa fille et qui en dit long sur le prodigieux déni d’une mère, sur l’enfermement dans lequel elle vit et sur cette folie quelquefois fascinante qui l’habite. Car c’est bien de la même histoire qu’il s’agit mais nous sommes cette fois dans l’autobiographie, le récit de la vie de cette enfant en quête d’un bonheur qui lui appartiendrait dans une Angleterre soumise aux traditions, une famille bancale, mère abusive, père absent, avec le poids d’une histoire dont quelques pans essentiels se lèveront au fil du récit. Farouche, déterminée, provocante, la jeune fille est en marche vers la liberté et dans cette version de la vie de Jeannette Winterson, plus ample que le roman précédent, nous passerons autant par son itinéraire intellectuel, son amour des mots et de la littérature que par la découverte de son homosexualité et nous irons à l’origine jusqu’à la rencontre avec sa mère biologique. La force terrible qui se dégage du récit, le regard lucide posé par la narratrice sur sa vie, ses réflexions sur le monde et ce ton inimitable de Jeanette Winterson fait de férocité et de tendresse, de fantaisie et de rigueur, c’est tout cela qui fait de Pourquoi être heureux quand on peut être normal un livre magnifique. F.F. Quand ma mère se fâchait contre moi, ce qui lui arrivait souvent, elle disait : “Le Diable nous a drigés vers le mauvais berceau.”


Romans français

rature

Litté Avenue des Géants, Marc Dugain, Gallimard, 21,50 €

Même si les médias ont beaucoup parlé du livre de Dugain, Avenue des Géants mérite davantage de lecteurs tant il reste un des meilleurs livres parus ces derniers mois. Le personnage de ce roman existe réellement, il se nomme Ed Kemper (ici renommé Al Kenner). Cet homme au physique atypique mesurant 2 mètres 20 et possédant un QI supérieur à Einstein devient dans les années 60 un tueur recherché par toutes les polices américaines. Ses premières victimes vont être ses grand-parents, assassinés le même jour que Kennedy et suivront plusieurs meurtres d’étudiantes. Le meurtrier ne cherchera ni le pardon ni à se cacher vraiment tout au long de ces années. Il sera arrêté et sa vie carcérale pourrait servir de scénario à Hollywood. Sa personnalité déroute tout comme son intelligence. Dugain restitue méticuleusement le destin maléfique de Kemper tout en décrivant l’air d’une époque. Ce livre glaçant est magistral. L.B.

Anquetil tout seul, Paul Fournel, Seuil, 16 € “J’avais 10 ans, j’étais petit, brun et rond, il était grand, blond et mince et je voulais être lui. Je voulais son vélo, son allure, sa nonchalance, son élégance. J’avais trouvé en même temps mon modèle et mon contraire. Les deux choses étaient irréductibles, c’est dire si j’avais un bout de chemin à faire”. Ce récit est un livre miroir : l’histoire d’une passion fougueuse d’un enfant pris dans un corps maladroit et le récit d’une vie prisonnière du vélo. Avec la tendresse bienveillante qu’on lui connaît Paul Fournel raconte le merveilleux de l’enfance mais aussi l’abîme de solitude d’un homme-loup qui cherchait à se fuir. Tout simplement admirable. N.T.

La Montagne, Jean-Noël Pancrazi, Gallimard, 10 € En 1962, l’Algérie gagne son indépendance. Dans un village proche de Constantine, le narrateur nous raconte les dégâts de cette guerre absurde qu'il a vécu enfant. Il décrit la disparition des habitants subitement arrachés à leurs proches sans explication et sans retour. Les gens autour de lui se sont haïs et trahis alors qu'ils vivaient et travaillaient ensemble depuis des années. Il a vu aussi la chute de son père, qui était responsable d'une minoterie, son père qui, jusqu'au bout, a cru qu'il pourrait rester dans ce nouveau pays indépendant où désormais "les pieds noirs" sont tués ou chassés pour les plus chanceux. Mais surtout, il partage avec nous le poids de sa culpabilité, le regret d'avoir été trop prudent et de ne pas avoir subi le même sort que ses camarades. La culpabilité d'être tout simplement un survivant. Le narrateur nous emporte dès les premières lignes dans sa terre natale grâce à une écriture sobre mais envoûtante et transmet avec justesse son infinie tristesse. La représentation de la montagne lui rappel son destin miraculeux et le hantera jusqu'à la fin de sa vie. Il ne voit de libération qu’en la mort qu'il aurait du partager avec ses amis. Ce roman court mais touchant restera longtemps dans votre mémoire. C.L..

Voyage La terre est l’oreille de l’ours, Jil Silberstein, Noir sur Blanc, 24 € À l’origine de ce livre on trouve une nuit d’automne où, égaré en pleine forêt, au pays des Amérindiens, le narrateur ressent la frayeur de sa vie. Aujourd’hui proche de la soixantaine, Jil Silberstein décide de revenir sur son parcours, ses détours, et de recourir à l’école de la forêt afin d’affronter ses peurs et d’exalter ses joies. À la fois carnet et récit, ce journal est un livre mosaïque plein de considérations et d’informations sur Mère Nature. Écrit avec un rythme lent il consigne l’infinie leçon des choses et donne à approfondir notre rapport au monde. On pense évidemment à L’homme des bois des frères Reclus qui vient de paraître aux éditions Héros-limite par cette bienveillance dans le choix des mots et cette invitation constante à lire et à découvrir. On pense aussi à Edward Abbey pour son appel à considérer la nature comme un tout. Cet ouvrage est bien une célébration du vivant où, malgré le temps passé, prédomine encore l’émerveillement. Écrit avec un ton juste on y retrouve l’indien qui est en nous, on réapprend le chant des pistes, et au fond, on ne peut que penser à prendre soin et à remercier. F.C.

L’Asie au coeur, Jean-Noël Robert, Les Belles Lettres, 25,50 € Jean-Noël Robert, latiniste, historien, a publié une quinzaine de livres sur l’Histoire des mentalités dans l’antiquité romaine. Il nous livre ici un récit personnel de ses voyages en Asie. Une première partie relate ses expéditions auprès de “certains peuples oubliés” au mode de vie proche de celui pratiqué pendant la préhistoire européenne. Hommes chasseurs cueilleurs, nomades, pratiquant encore pour certains quelques rites de cannibalisme, pour d’autres exerçant une médecine chamanique, il nous entraîne auprès des papous, des torajas, des hommes fleurs de Siberut. Une deuxième partie concerne les peuples opprimés de Chine notamment du Xinjiang, du Tibet, des ethnies muselées du Yunnan de Birmanie. L’accent est mis sur des rencontres avec des hommes très différents de nous et pourtant nos contemporains, qui tentent de survivre et de perpétuer leurs traditions dans un monde en pleine mutation. L’auteur pose indirectement la question du devenir de notre propre civilisation. C.M.


Romans policiers

B.D

Polar Red grass river, James Carlos Blake, Rivages, 23,50 €

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Emmanuelle Pailler. A lire absolument au soleil cet été le sixième roman de James Carlos Blake. Toujours aussi fou, Blake nous raconte l’histoire du Gang Ashley où les membres sont à la fois trafiquants d’alcool, bandits, braqueurs de banque, spécialistes de l’évasion. Tout cela ressemble à un western classique perdu dans les grands espaces américains sauf que l’action se déroule au sud de la Floride dans les marécages. Tous les faits sont rigoureusement exacts, la famille Ashley a bel et bien existé. Cette saga est rocambolesque,tragi-comique et violente mais surtout incontournable. L.B.

Noyade en eau douce/Cible mouvante, Ross Macdonald, Gallmeister, 10 € le volume. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jacques Mailhos. Pour dix euros par livre, on pourra lire enfin l’intégralité des romans de Ross MacDonald, un des papes du roman noir. Dans une traduction revue et corrigée, les aventures de Lew Archer en Californie sont disponibles depuis quelques semaines. Celui que Paul Auster, James Crumley et Michael Connelly considèrent comme un des meilleurs écrivains américains est à portée de toutes les bourses. Cependant comme tout roman écrit dans les années quarante et cinquante, certains termes paraîtront désuets voir vieillots mais ne laissez pas le passé vous contrarier, Macdonald reste surprenant et imprévisible. L.B.

Mapuche, Caryl Férey, Gallimard,Série Noire, 19,90 € Jana, une jeune indienne Mapuche, cherche de l’aide auprès de Ruben, détective privé, pour élucider le meurtre de son ami assassiné dans la nuit noire et sordide de Buenos Aires. La misère, les prostitués transsexuels, la crasse et le mensonge, voilà le décor. Jana et Ruben, deux écorchés vifs par la dictature argentine, vont lutter contre les bourreaux de leurs parents. Férey signe un hard-boiled à l’américaine, révélateur d’une vérité que tant de personnes ont, encore aujourd’hui, besoin de maintenir bien enfouie. Ruben et Jana sont deux âmes-soeurs qui hurlent et pleurent ce que le monde ne veut plus voir. Se battre contre des êtres capables de jeter des personnes vivantes d’un avion c’est littéralement combattre le pire de l’espèce humaine. A.G.

Bandes dessinées Egon Schiele vivre et mourir, Xavier Coste, Casterman, 18 € Parmi les nombreuses biographies en bandes dessinées qui paraissent en ce moment, certaines valent vraiment le détour. Egon Schiele vivre et mourir de Xavier Coste fait partie de celles-ci. Inutile de chercher des antécédents éditoriaux à ce tout jeune auteur fraîchement sorti de son école d’art (23 ans seulement !) car c’est son premier album et pour tout dire un véritable coup de maître ! Pour ce très bel hommage à Schiele, dont la vie fût aussi brève que tumultueuse, Xavier Coste a su investir l’univers artistique du scandaleux peintre autrichien sans jamais tomber dans l’imitation et c’est bien là que réside toute la réussite de ce magnifique album. Un peintre à (re)découvrir et surtout un auteur à suivre de très près. L.P. Le voyage extraodinaire T1, Filippi et Camboni, Vents d’Ouest,13,90 € Grande Bretagne, 1927. Après plusieurs années passées dans un pensionnat, les deux cousins Noémie et Emilien retrouvent enfin le manoir familial. Mais quand on a des parents respectivement explorateurs et inventeurs, la vie de famille n’est pas vraiment de tout repos. D’autant plus que le père d’Emilien a disparu dans des circonstances plutôt étranges. Les deux adolescents vont alors se lancer à la recherche de ce dernier et se retrouver au coeur d’aventures extraordinaires. Le duo Filippi (scénario), Camboni (dessin) est déjà à l’origine de la charmante série pour enfants Gargouilles et inaugure avec cet album une très belle nouvelle série d’aventures qui n’est pas sans rappeler les romans de Jules Verne. A lire à partir de 10 ans. L.P.


rayon

essais Rayon essais Ma guerre d’Espagne, Sygmunt Stein, Seuil, 19 € Est-ce parce qu’il a été écrit en yiddish et qu’il contredisait la lecture stalinienne longtemps dominante de la Guerre d’Espagne que ce témoignage est resté méconnu jusqu’à aujourd’hui ? On n’ignore pas les précautions que l’on doit prendre quand on lit un récit écrit a posteriori – ici dans les années 50- mais on recommande ce témoignage pour plusieurs raisons. Il éclaire tout d’abord sur une composante peu connue des Brigades internationales, l’engagement des juifs communistes. Stein, membre du parti communiste polonais en exil à Prague, militait pour la création du Birobidjan. Ecoeuré et inquiété par les procès de Moscou, il demande à rejoindre les Brigades afin de retrouver dans le combat un sens à son engagement. Mais il est nommé bien malgré lui commissaire politique à son arrivée en Espagne. C’est alors de l’intérieur, à Albacete, qu’il assiste impuissant à la mainmise des Staliniens. Ce livre est la description au quotidien d’une entreprise folle de sabotage. Mais c’est aussi et surtout le récit étonnamment romanesque d’un destin pris dans l’Histoire. N.T.

On a retrouvé l’Histoire de France, Jean-Paul Demoule, R. Laffont, 20,30 € Un titre racoleur, au goût douteux, une couverture désastreuse, tout concourait à ne pas ouvrir ce livre et pourtant…cet essai est passionnant. L’ancien président de l’Institut national de recherches archéologiques préventives réussit en quelques pages et dans un exposé d’une grande clarté à nous dire ce que l’on sait aujourd’hui de l’archéologie de l’espace français et par-là même : définir et défendre ce qu’est et doit être l’archéologie. Aucun musée dédié en France, des récriminations récurrentes des politiques contre le prix de fouilles obstacles à la modernisation économique…le désamour des Français pour l’archéologie est réel. Pourquoi ? L’archéologie se construit contre le roman national – ceux que nous nous sommes donnés pour ancêtres sont des vaincus, que ce soient les Gaulois ou les Francs qui bien qu’envahisseurs ont du très vite abandonner leur culture. Nombre d’idées reçues tombent lors de ce rapide voyage depuis la préhistoire et J.P. Demoule dévoile la complexité des échanges, l’ancienneté des métissages. Mais surtout, il montre combien l’objet même de l’archéologie a changé. Affranchie de l’Histoire de l’art, elle ne s’intéresse pas qu’à la sauvegarde des belles antiquités, plus anthropologique, elle essaie de retrouver les anciennes façons de vivre et de faire. On comprend mieux alors la passion de l’auteur à défendre cet art de faire se révéler un passé qui nous dit combien dominations et inégalités se sont construites et n’ont rien de naturel. N.T.

Démons me turlupinant, Patrick Declerck, Gallimard, 18,90 € Patrick Declerck est né en 1953. Après des études consacrées à la désocialisation, il crée les premières consultations d’écoute auprès des sans domicile fixe de Paris. Psychanalyste, il fait lui-même l’expérience de la vie dans la rue. De cette dernière, naît un essai qui fait référence, Les naufragés, paru dans la collection Terre Vivante, et un pamphlet, Le sang nouveau est arrivé en folio. Son dernier ouvrage est son histoire, celle de son analyse. Écrit avec des mots qui cognent, il raconte, comment à l’âge de cinq ans, il est devenu névrosé, puis trente ans plus tard analyste. Entre une mémé “ mygale castratrice “, un tonton “ bâti comme un frigo soviétique “ et un père “oedipien et intime ennemi “, on découvre comment se construit l’auteur au milieu de cette famille qui ressemble à beaucoup d’autres, c'est-à-dire “normalement dingue”. En fait, sa grande affaire devient vite celle de la libération de l’homme et pour ceci il use du miroir. Exercice terrifiant pour qui s’y adresse avec honnêteté, mais aussi vertigineux et toujours plus ou moins désagréable. Le miroir où l’on identifie ces “ épuisants morceaux d’étrangeté, et qui pourtant sont bien nous “. Roman d’une mémoire hantée,Démons me turlupinant est aussi l’éloge de ceux qui reconnaissant leurs fantômes peuvent leur rire au nez, ceux qui ont le courage de “ s’explorer eux-mêmes et de se grandir “. Declerck n’a de cesse de vouloir réconcilier le réel avec luimême, avec nous tous, et son humanisme nous invite à penser que l’on se construit comme on peut et surtout “comme souterrainement on doit “. F.C.

Petite histoire des grands singes, Chris Herzfeld, Seuil, 20 € Philosophe des sciences, spécialiste de l’histoire de la primatologie et des relations entre humains et grands singes, Chris Herzfeld est également peintre, sculpteur et photographe. Dans cette enquête elle s’intéresse à la fascinante relation entre les hommes et les grands singes que sont les chimpanzés, les bonobos, les orang-outans et les gorilles. Leur capacité exceptionnelle d’imitation des comportements humains est vécue comme une menace par l’homme qui se sent fragilisé dans son humanité. Mais cette oscillation entre crainte et attirance traverse les siècles depuis l’Antiquité et ne saurait s’arrêter maintenant. Un premier chapitre ouvre sur l’étrangeté du même, l’homme sauvage et le simien; puis Chris Herzfeld aborde la place du singe dans les collections muséales; un autre chapitre traite de la recherche expérimentale sur les singes. Les ressemblances physiques et comportementales entre les deux ainsi que l’intelligence des singes qui soulève des questions méthodologiques conceptuelles et éthiques, lui permettent d’établir une notion de devenir-humain qui fait écho à celle de devenir-animal de Deleuze et Guattari.Et le titre d’un de ses livres écrit avec Pascal Picq Les grands singes, l’humanité au fond des yeux, en dit long sur le lien qui unit les deux communautés, les deux membres de la famille des hominoïdes. C.M.


Jeunesse

rayon

jeunesse Au chat et à la souris, J.Vallery et R.Saillard, L’élan vert,11,20 € à partir de 3 ans

1,2,3,4 chats.5,6,7,8 souris qui la nuit tombée jouent à se cacher sous le plancher ou le tapis jusqu'à s'enfuir à Haïti . Un album qui joue au chat et à la souris, dynamique et amusant, voilà ce que nous proposent avec succès les éditions de L'élan vert pour les tout-petits. Le style figuratif, l'audace des couleurs sombres contrastent avec la cocasserie d'un texte rythmé avec justesse et l'ensemble séduira sans aucun doute les petits lecteurs. Un album à lire et à regarder ensemble pour entretenir une complicité entre l'adulte et l'enfant. V.S.

Les mots autour du monde, MP Oddoux, Rue des enfants, 13,50 € à partir de 5 ans Voilà un album qui emmène les enfants dans un voyage culturel mais surtout linguistique à travers une vingtaine de pays disséminés au coin des cinq continents, tels que le Maroc et son souk, le carnaval de Rio, le Pérou des hauts plateaux, la banquise des Inuits. Chaque symbole est représenté à la fois dans une scène en page centrale et individuellement sous forme de vignette accompagnée de son nom français, son nom dans la langue et l'écriture d'origine, sa prononciation et sa définition. En dépit d'un texte parfois un peu rapide pour présenter le pays et la scène qui l'illustre cet ouvrage est une invitation à la découverte de nombreuses traditions quelquefois méconnues des enfants. Une maquette aérée ainsi qu'une iconographie aux couleurs acidulées rendent ce livre attractif et divertissant. V.S.

Madame Pamplemousse et le café à remonter le temps, R. Kingfisher, Albin Michel jeunesse, 8,50 € à partir de 8 ans Madame Pamplemousse possède à Paris une boutique nommée « Délices », c'est une petite boutique où l'on peut trouver 700 fromages différents mais aussi des pattes de tarentules au vinaigre d'estragon et toutes sortes d'aliments plus mystérieux les uns que les autres, elle vit là avec son chat borgne « Camembert ». Mais le gouvernement qui tente d'empêcher tout lieu plaisant à Paris d'exister, décide de démolir le délicieux magasin de madame Pamplemousse. C'est une toute jeune demoiselle prénommée Marguerite, excellente cuisinière et amie de Madeleine, qui, elle aussi recherchée par les agents du gouvernement, va vivre des aventures extraordinaires et empêcher l'avenir tragique prévu pour Paris et ses habitants.Dans la lignée directe de Roald Dahl et Quentin Blake un roman un peu désuet, mais truculent et rigolo, délicatement illustré à l'encre de chine,qui séduira les lecteurs en quête de magie, d'étrangeté et d'humour. V.S.

Nom de code Digit, A. Monaghian, La Martinière jeunesse, 13,90€ à partir de 12 ans Digit est le surnom de Farah Higgins, jeune lycéenne qui tente de cacher à tout le monde qu'elle est un génie des maths, mais un jour, alors qu'elle regarde une série à la télévision, Farah remarque des chiffres qui défilent en bas de l'écran. Le lendemain après avoir passé sa soirée et la matinée à chercher comment décoder cette énigme numérique elle fait le lien avec une attaque terroriste à New York. Farah décide de prévenir le FBI. Un tout jeune et bel agent se trouve responsable de sa sécurité, et le couple entame alors une cavalcade pleine de surprises et rebondissements. Une intrigue mêlant calculs, enquête et humour, avec une héroïne haute en couleur, voici un pari réussi par les éditions de La Martinière qui contenteront à coup sûr les jeunes adolescents en manque de lectures d'été !!! V.S.

Cabaret ingénue T1, J. Larkin, Bayard Jeunesse, 16,90 € à partir de 13 ans Chicago, les années 20, ville du gang organisé mais surtout l'un des berceaux du jazz. On y croise le destin de trois jeunes filles issues de riches familles. Malgré les interdits et les dangers elles n'ont qu'une chose en tête: sortir dans les cabarets et devenir de parfaites « garçonnes ». Gloria, pourtant promise à l'un des hommes les plus influents de la ville, se fait engager comme chanteuse pour impressionner un jeune musicien noir qui ne la laisse pas indifférente... Autour d'elle gravitent Lorraine sa meilleure amie, qui essaie par tout les moyens d'attirer l'attention sur elle et Clara sa cousine, tout juste arrivée de New-York et cachant un lourd passé. Dans ce roman à trois voix, amitié, trahison et amour sont au rendez-vous. Amatrice de musique et d'histoires d'amour, n'hésitez plus ce livre est fait pour vous ! C.L..

La Gazette du Square, directrice de publication et rédactrice en chef : F.Folliot Rédacteurs : L.Blondel, F.Calmettes, F.Folliot, A. Giraud, C.Lucas, C.Meaudre, L.Paillet, V. Salamand, N. Trigeassou

Gazette réalisée avec le soutien de la Région Rhône-Alpes

Le Square librairie

2, place Dr Léon Martin. Grenoble. Tel 0476466163


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