LM magazine 195 - mars 2024

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N°195 / MARS 2024 / GRATUIT A RT & C ULTUR E Hauts-de-France / Belgique

NEWS – 08

Une expo trop mignonne, une fête au Musée d’histoire naturelle, un grand festival pour les petits et de l’art numérique !

RENCONTRE

Grandpamini – 12

Un petit pastiche ?

Mélanie Lerat – 70

Les 150 ans de l’impressionnisme

PORTFOLIO – 18

Andrei Nicolescu

Grains de beauté

ÉVÉNEMENT

Séries Mania – 56

Le stream parfait

Cabaret de curiosités – 98

Surface de réparation

Guerrières ! – 102

Des femmes puissantes

Le Grand Bain – 112

En corps et encore

Youth is Great – 120

Va y avoir du sport !

3 magazine SOMMAIRE LM magazine 195 - mars 2024
Séries Mania, Hannibal © 2013 NBC Universal Media, LLC © Grandpamini
Girl With a Rose © Andrei Nicolescu

SOMMAIRE selection

MUSIQUE – 28

DIIV, Mézigue, Grandbrothers, Whispering Sons, Les Enchanteurs, Hannah Jadagu, Vieux Farka Touré, The Smile, Mike, Étienne Fletcher, Ekkstacy, Bolis Pupul, Jalen Ngonda, Bill Ryder-Jones, Ann O’aro, Say She She, Lescop, Arthur H

CHRONIQUES – 52

Disques : Bolis Pupul, Nouvelle Vague, Real Estate, MGMT, Aline

Livres : Le Fauve de Corleone, Deep It, La Chanteuse aux trois maris, Le Bureau des prémonitions, Les Fantômes du lac

ÉCRANS – 56

Séries Mania, Revivre, Ferrari, La Nouvelle femme, Yurt, Les Rois de la piste

EXPOSITION – 70

Les 150 ans de l’impressionnisme, Fares Cachoux, Magritte-Folon, Peter Knapp, Derrick Ofosu Boateng, Sempé et ses amis, Daumier, Agenda

THÉÂTRE & DANSE – 98

Cabaret de curiosités, Guerrières !, Tristan & Isolde, Glenn, naissance d’un prodige, Les Palmes de M. Schutz, Pierre Richard, Olympicorama, Shelly Shonk Fiffit, Le Grand Bain, Festival Legs, La Beauté du geste, Youth is Great, Agenda

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Jalen Ngonda © Rosie Cohe
LM magazine 195 - mars 2024
La Beaute du geste, Bébé © Marie Li é bart

GRAND PARTENAIRE

FESTIVAL INTERNATIONAL

LILLE | HAUTS-DE-FRANCE

15 > 22 MARS 2024

GRATUIT

AVANT-PREMIÈRES

EXPOSITIONS

MASTERCLASSES CONFÉRENCES

SOIRÉES & DJ SETS ATELIERS SÉRIES CULTES

Direction de la publication Rédaction en chef

Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com

Rédaction

Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Clémence Ménart info@lm-magazine.com

Publicité pub@lm-magazine.com

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Direction artistique & graphisme

Cécile Fauré

cecile.faure@lastrolab.com

Couverture

Cry Me a River

Andrei Nicolescu andreinicolescu.com

@the_andrei_nicolescu

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Administration

Laurent Desplat

laurent.desplat@lastrolab.com

Réseaux sociaux

Sophie Desplat

Impression

Tanghe Printing (Comines)

Diffusion C*RED (France / Belgique) ; BHS.MEDIA (Bruxelles / Hainaut)

Ont collaboré à ce numéro : Selina Aït Karroum, Fatma Alilate, Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Marine Durand, Hugo Guyon, Grégory Marouzé, Andrei Nicolescu, Raphaël Nieuwjaer, Florent Servia et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L’astrolab* - info@lastrolab.com

L’astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales.

LM magazine est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

PAPIER ISSU DE FORÊTS GÉRÉES DURABLEMENT

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LM magazine – France & Belgique 28 rue François de Badts
LA MADELEINE
F
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Scannez-moi
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tél : +33
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MAGAZINE www.lm-magazine.com

Cucute

Outre un symbole satanique, ce petit chat licorne exprime la quintessence de la culture kawaii. Comprenez : du "mignon". C'est tout l'objet de Cute, exposition montée au bord de la Tamise. Où l'on trouvera donc beaucoup de petits minous trop "mimis"(du xixe siècle à nos jours), des peluches de toutes les couleurs, des émojis en pagaille... et une cagoule rose fuchsia du groupe Pussy Riot. Ouf !

Londres, jusqu'au 14.04, Somerset House somersethouse.org.uk

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© Graphic Thought Facility (1990, UK). Playing Dress Up With AI, 2023 / Louis Wain –Bethlem Museum of the Mind / DR

L'Enfance des arts

C'est un grand festival pour les petits. Organisée dans toute la France, la deuxième édition de cette « fête des arts vivants, pour et avec la jeunesse » propose des spectacles sortant des sentiers battus, à l'image de Trait(s), "essai de cirque graphique". Au Boulon toujours, on découvre des pièces d'utilité publique comme Cataclysme, qui apprend aux mômes à trier les informations parmi l'océan de fake news polluant nos écrans. Bien vu.

Vieux-Condé, 20.03 > 08.04, Le Boulon 21.03 : Cataclysme // 06.04 : Trait(s)

Ce n'est qu'un au revoir...

Après un premier lifting (salutaire, pour une institution de 200 ans) le Musée d'histoire naturelle de Lille ferme ses portes pour deux ans... mais rouvrira deux fois plus grand ! À quoi ressemblera-t-il ? On le découvrira lors de ces trois jours de fête. Après avoir parcouru les différentes "mémoires et métamorphoses" du MHN au fil du temps, puis ouvert ses chakras lors d'une séance de yoga, on se lâche avec des DJ sets… tout naturellement ! Lille, 30.03 > 01.04, Musée d'histoire naturelle, gratuit, mhn.lille.fr

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© DR
Cataclysme © Kalimba
/ MHN

LES SAFRA'NUMÉRIQUES

Nos futurs ?

Où trouver le meilleur des arts numériques et des nouvelles technologies ? Dans la cité de Jules Verne, pardi ! Entre installations, spectacles ou concerts, ce festival initié par le Safran interroge notre rapport aux machines avec une indéniable poésie. En témoigne Huang Yi & Kuka, où le chorégraphe et inventeur taïwanais Huang Yi entame un troublant ballet... avec un bras robotisé. Évidemment, au fil de cette huitième édition, il sera beaucoup question de l'IA. Faut-il craindre l'autonomie grandissante de nos créatures de métal ou de pixel ? Cette angoisse est parfaitement illustrée par la compagnie Exoot, qui colonise la ville avec des animaux robotisés aux grands yeux. Doués de mouvements propres, ceux-ci interagissent d'eux-mêmes avec le public, (pré)figurant un monde où la technologie serait hors de contrôle... Mais les machines peuvent aussi nous vouloir du bien, à l'image de Dumb City, une peau de banane intelligente sur roulettes qui fuit les humains pour leur éviter la chute. Dans le cas contraire, gare aux conséquences ! À travers l'installation The Punishment, le Portugais Filipe Vilas-Boas condamne un robot à une punition préventive, l'obligeant à recopier une phrase : "I must not hurt humans"... Bien compris ?

Amiens, 19 > 23.03, Le Safran & divers lieux, gratuit (sauf les spectacles : Mirkids, Silmukka, Huang Yi & Kuka et Sugar Sugar : 7€), amiens.fr

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© L é a Collet
Produit
Le Fresnoy news
-
par
festival qui ose. La scène. Le corps. En toute liberté. 17 → 28.03 – Mons (BE) www.surmars.be
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Njaheut
© Gilles
Valler
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GRANDPAMINI La presse revue

Connaissiez-vous Destination Burn-Out, "le guide du manager toxique", Appropriation culturelle magazine (et ses bons conseils pour devenir latino !), Radin Malin ou encore Escrotérisme ("la spiritualité au service de votre portefeuille") ? Non ? C’est normal, ces revues n’existent pas. Enfin si, mais seulement à l’état de couverture. Ces titres fictifs ou parodiques sont nés de l’imagination fertile de Juan Loaiza, aka Grandpamini – les quadras auront reconnu la référence aux Minipouss. Depuis un peu plus de deux ans, ce DJ parisien met son sens du nonsense et du sampling au service d’hilarants pastiches de presse publiés sur les réseaux (et disponibles en affiches), quelque part entre le Gorafi et les sketchs de Chris Esquerre. On l’a interviewé, pour de vrai. a

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© Nathalie Mohadjer

Comment vous est venue l’idée de créer ces Unes satiriques ?

En fait, dès que j'ai eu Internet, je m’en suis servi pour publier des blagues. J'ai fondé avec des potes un site humoristique qui s’appelait 10 min à perdre, ensuite on a travaillé sur un format court pour Canal +, La Question de la fin, en 2012. À côté de ça je suis aussi DJ.

« C’était surtout pour amuser les copains »

Pendant le confinement je ne pouvais plus bosser, donc je me suis remis à faire des bêtises sur le Web… jusqu’à créer la Une d' Escalator magazine. C’était surtout pour amuser les copains, et ça a bien marché sur les réseaux. J’ai donc enchaîné avec Passion concombre. À partir de là j'étais coincé, et obligé d'en sortir une par semaine !

Qu'est-ce qui vous inspire en général ?

Il y a beaucoup de moi là-dedans. Quand je suis malade par exemple, je sors un truc sur les médicaments ! De façon plus générale, je dirais qu’il y a deux axes dans mon travail : absurde d’abord, car j'adore François Rollin et Chris Esquerre. L’autre dimension, c’est

évidemment le regard sur l’actualité, comme le mouvement MeToo, la lutte contre le patriarcat, le wokisme… des terrains très fertiles pour l’humour.

Vos Unes disent en effet des choses pertinentes sur notre société… Oui, mais jamais frontalement. Je préfère l’humour "hors-champ", jouer avec le non-dit, c'est beaucoup plus fort. Mes blagues sont courtes et je fais confiance à l’intelligence du lecteur. Par exemple sur la couverture de Serein !, "le magazine qui laisse la justice faire son travail", sous la photo de Luc Besson, il y a ce titre : "Morandini héberge de jeunes migrants", avec une citation : « Ils sont adorables »… Pas besoin d’en rajouter !

« Je fais confiance à l’intelligence du lecteur »

Évitez-vous certains sujets ?

Oui, j’ai publié beaucoup de Unes sur le patriarcat, et j'ai reçu en réaction des messages masculinistes m’incitant à parodier aussi les femmes, ces "manipulatrices". Mais je me l’interdis, car il me semble qu’elles ont eu leur dose de blagues, non ?

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Aujourd’hui le pastiche est devenu un exercice périlleux, avec des gens qui se sentent immédiatement offensés, ne comprennent plus le second degré…

C’est vrai, j’ai parfois suscité l'incompréhension, notamment avec un numéro qui s'appelait Auto Diagnostic ironisant sur la multiplication des troubles du déficit de l’attention, avec des accroches comme "Tendance : TDAH is the new Covid". Beaucoup l’ont mal pris, me taxant de "psychophobe".

« Trouver la phrase qui tue »

En même temps, j'ai aussi reçu de nombreux messages de soutien de gens atteints de ces maux, qui ne comprenaient pas pourquoi j’avais retiré l’image sur Instagram...

Vos Unes sont-elles des caricatures ou des créations ?

Ç a dépend. C'est un peu l'occasion qui fait le larron. J’avais sorti le Point chaud par exemple, un pastiche du Point avec pour thème le wokisme, parce que c'est vraiment leur obsession. J’ai aussi parodié Valeurs actuelles que j’ai renommé Mauvaise foi, soit l’hebdo des gens qui disent « je ne vois pas de quoi tu parles » ! Sinon, j’invente des magazines de toutes pièces.

Comment vous y prenez-vous ?

Je ne suis pas seul. Généralement j’ai un sujet, un nom et je crée la Une sans aucune accroche. Puis je l’envoie à mes potes, qui forment la rédac. On s’échange alors des blagues, on les transforme 10 000 fois, soupesant chaque virgule pour trouver la phrase qui tue.

Alors, quelle est la recette d'une bonne Une ?

Il n’y a qu’une seule règle : qu’elle me fasse marrer !

Quelles seraient vos revues favorites ?

Je suis très fier d’Agresseurs magazine, avec PPDA sur la couv qui déclare : « Si on ne peut plus faire de compliments » ! J’aime bien aussi la revue Patriarcat, sous-titrée : « on va pas se laisser emmerder ! » et dont le numéro 2 annonce : "Endométriose : arrêtez vot’ cinéma les filles !". D’ailleurs, j’ai fait valider ce titre par des copines qui souffraient de ça. C’est important pour moi, car je préfère "rire avec" plutôt que "rire de".

Propos recueillis par Julien Damien Photos © Grandpamini

À visiter / grandpamini.bigcartel.com c @grandpamini

À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com

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Mirror Mirror

ANDREI NICOLESCU

Grains de beauté

« Un contraste entre la géométrie et l'aspect organique »

Ne vous fiez pas aux apparences ! Avant de trouver sa voie dans les arts visuels, l'auteur de ces œuvres acidulées fut architecte. À y regarder de plus près, on distingue d'ailleurs chez Andrei Nicolescu un sens aigu de la composition qui ne peut être dû au hasard. « J'adore le contraste entre des lignes ou des formes géométriques simples et des touches organiques plus expressives », confie l’artiste installé à Bucarest. Le jeune Roumain a d'abord expérimenté le dessin numérique en marge de ses missions, comme un loisir créatif. Puis en 2021, il a franchi le pas avec une première collection d’images inspirées des magazines de mode (la série Fabulous Fashion ). « C’était libérateur de faire ce que j’aime », témoignet-il humblement. Le trentenaire, qui place le cinéaste Wes Anderson au sommet de son panthéon personnel (aussi renommé pour ses compositions graphiques et couleurs vives) absorbe chaque jour, comme une éponge, une bonne dose de « matériau visuel ». Classés et conservés sur Pinterest, illustrations, extraits de films d’animation ou planches de BD nourrissent les œuvres captivantes, voire cinématographiques, qui sortent de sa palette numérique. On y retrouve un grain singulier, dont il a fait sa marque de fabrique (un bête calque sur Photoshop, assure-t-il). De quoi inspirer aussi le début d’une histoire. Des larmes sur une joue, un numéro au creux d'une nuque, un regard interrogateur dans un miroir… L’ex-architecte ne se cacherait-il pas également derrière cet oiseau qui recouvre la liberté ? Marine Durand À visiter / andreinicolescu.com // c @the_andrei_nicolescu

À lire / L'interview d'Andrei Nicolescu sur lm-magazine.com

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20 Funky Lifestyle
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New Spots
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Yellow
23 Blue
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Fashionista
Hope

Al’Tarba x Senbeï

→ Rogue Monsters ven. 01 mars | The Black Lab - Wasquehal

Doully ven. 01 mars | Thé. Sébastopol - Lille COMPLET

Good Bana ven. 01 mars | La Bulle Café - Lille FOLIES DU RIRE

Monsieur Poulpe jeu. 07 mars | Le Kursaal - Dunkerque Djamil Le Shlag ven. 08 mars | Le Kursaal - Dunkerque Pierre Thévenoux sam. 09 mars | Le Kursaal - Dunkerque Aupinard jeu. 07 mars | La Bulle Café - Lille COMPLET

OVO Cirque du Soleil jeu. 07 mars | Le Zénith - Lille ven. 08 mars | sam. 09 mars | dim. 10 mars |

Mézigue (Live) sam. 09 mars | Le Splendid - Lille

Meryl sam. 09 mars | La Condition Publique - Roubaix

Lord Apex mar. 12 mars |

I Muvrini mar. 12 mars |

Le Flow - Lille

Thé. Sébastopol - Lille

Jewel Usain + Infinit’ mer. 13 mars |

Le Flow - Lille

Roland Cristal ven. 15 mars | Le Grand Mix - Tourcoing

Laurie Darmon ven. 15 mars |

La Bulle Café - Lille

RÉSA:

agauchedelalune.tickandyou.com et dans les points de vente officiels habituels graphisme : marceau truffaut - hypothèse.studio

Jey Brownie

sam. 16 mars | La Bulle Café - Lille Avatar

dim. 17 mars | La Cond° Publique - Roubaix

COMPLET Shaka Ponk

jeu. 21 mars | Scénéo - Longuenesse DJ Bens jeu. 21 mars | Le Splendid - Lille Shake Shake Go jeu. 21 mars | La Bulle Café - Lille Vérino ven. 22 mars | Thé. Sébastopol - Lille

COMPLET Fabrice Éboué

sam. 23 mars | Thé. Sébastopol - Lille

COMPLET PLK

dim. 24 mars | Le Zénith - Lille

COMPLET

Astonvilla mar. 26 mars | La Bulle Café - Lille Martin Luminet mer. 27 mars | La Bulle Café - Lille Aymeric Lompret jeu. 28 mars | Le Splendid - Lille COMPLET ven. 29 mars | Le Métaphone - Oignies COMPLET Sasha Velour mar. 02 avril | Thé. Sébastopol - Lille Météo Mirage mer. 03 avril | La Bulle Café - Lille Slimka jeu. 04 avril | Le Splendid - Lille Tip Stevens ven. 05 avril | The Black Lab - Wasquehal

© Yuki Kikuchi

DIIV

Ex-fans des nineties

Une histoire de poule et d’œuf : DIIV aurait-il connu le même retentissement sans les frasques de son leader ? Peut-être. Mais sans cette vie dissolue, ces chansons auraient-elles vu le jour ? On n’en sait rien. Il est certain, en revanche, que le premier album des New-Yorkais ( Oshin , 2012) avait joui du prestige de son label, Captured Tracks. Mené par un ex-membre de Beach Fossils (Zachary Cole Smith) et baptisé en hommage à Dive de Nirvana, DIIV s’adonnait à une noisy pop noyée dans la réverb’ comme il en sortait un paquet à l’époque. C’est après que ça se complique. Smith, écorché vif aux faux-airs de Julie Gayet et mannequin à ses heures perdues, plonge dans l’héroïne. Tiens, comme un certain Cobain avant lui. Depuis, deux disques ont suivi, inlassablement présentés comme ceux de la rédemption. Sans doute. On y a surtout entendu un groupe, parfois renouvelé, jouant l’épure et qui, sans renier son amour pour l’indie rock bruyant, sait souffler le chaud et le froid, avec des morceaux moins monolithiques. On demeure dans l’axe Sonic Youth – My Bloody Valentine – Smashing Pumpkins, avec suffisamment de talent pour ne pas sombrer dans le plagiat. Et le revival 90’s peut se poursuivre. Thibaut Allemand

Bruxelles, 06.03, Ancienne Belgique, 19h, 30,50/29,50€ abconcerts.be

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Mézigue

Mézigue, c’est moi. Enfin, c’est lui, mais c’est moi , en argot désuet et joliment remis au goût du jour par ce gonze, fer de lance du renouveau house-techno hexagonal. Un renouveau qu’on n’imaginait pas masqué comme un Muppet le dernier jour des soldes, mais c’est ainsi. Figure de proue du label D.KO Records, Mézigue se joue des codes, transforme une rengaine eighties ( Je ne veux pas rentrer chez moi seule de Regrets) en banger rave et profane joyeusement toutes les chapelles – Detroit et Underground Resistance, Chicago et l’acid house. T.A.

Bruxelles, 07.03, Botanique, 19h30, 29,50 > 23,50€, botanique.be Lille, 09.03, Le Splendid, 20h, 26€, le-splendid.com

Grandbrothers

Compositeurs avertis, ces "grands frères" sont aussi de sacrés bricoleurs. Révélé avec le morceau Bloodflow, ce duo germano-suisse a inventé un système de marteaux électromécaniques qu’il a accolé à un piano à queue. De cette créature de cordes et de fils surgit alors une transe poétique, évoquant les mélodies répétitives de Steve Reich ou John Cage. Soit l’accord parfait entre musique classique et ambient, pour un concert hors du temps. J.D.

Lille, 08.03, L’Aéronef, 20h, 21/14€, aeronef.fr

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© DR
© Dan Medhurst

[9-9club]

TALISCO

[Festival Les Enchanteurs]

BANDIT

Rue

Accès

[Festival Les Enchanteurs]

ZED YUN PAVAROTTI

[9-9Club]

SARAH

WARM-UP

Structures

Le Temps d'une Lune #8 : Vieux Farka Touré

Sextet + Mossäfer

Roland Cristal + guest

Tourcoing Jazz Club : Ann O'aro

Le Temps d'une Lune #8 : So ane Saidi (solo)

Tom McRae solo

A erwork gratuit :

+ Naked So Men
+ Lynn Adib
+
Bali Dou
Lescop
Look Mum No Computer
+ guest
13/03 14/03 15/03 21
23/03 28/03 29/03 30/03 SCÈNE DE MUSIQUES ACTUELLES TOURCOING LE GRAND MIX mars 2 024 LE MIX legrandmix .com design_les produits de l’épicerieL-R-22-4685 / L-R-22-4687 / L-R-22-4689
Joanna + guest
/03 22/03
Alain Bashung • OIGNIES
9-9bis.com OIGNIES
A1 sortie 17.1 ‘’Site minier 9-9bis’’ À 30 min de Lens - Arras - Lille
Mars Avril
DUO RUUT
+
DUB FOUNDATION + MANUDIGITAL
feat.
PIERRE GUÉNARD ASIAN
MEETS TETRA HYDRO K
10
Tracy de Sá & Dapatch 9-9bus > aller/retour Arras
16 23
BANDIT + METRO VERLAINE 9-9bus > aller/retour Lille
+
Guest
CUCARAMAS + THE SILVER LINES
MCCOY 9-9bus > aller/retour Douai
HELLFEST BENIGHTED
+
11 13 19 30
+ TEN 56.
Queen(Ares) 05

Whispering Sons

Soyons clairs, ces "fils chuchotant" n’ont pas inventé la poudre, mais ils savent la faire parler. Révélé en 2018 avec l’album Image , le quintette venu du Limbourg s’est depuis imposé comme l’un des meilleurs groupes post-punk du moment. Évidemment, les références se bousculent au portillon, de Joy Division à Interpol. Un œil dans le rétro, certes, mais l'avenir devant eux. Car ces Flamands tirent leur épingle du jeu grâce à un songwriting inspiré, une interprétation virtuose et surtout la voix grave et profonde de leur chanteuse, Fenne Kuppens. Sur les planches, leurs performances habitées traduisent à merveille cette énergie du désespoir propre à notre époque. J.D.

Béthune, 09.03, Le Poche, 20h, 14/12€, theatre-bethune.fr // Bruges, 17.03, Cactus, complet ! // Bruxelles, 20.03, Botanique, complet ! Anvers, 22.03, De Roma, complet ! // Liège, 23.03, Reflektor, 19h30, 24,50€, reflektor.be // Tourcoing, 31.05, Grand Mix, 20h, 19 > 11€, legrandmix.com...

Whispering Sons

The Great Calm ( [PIAS] )

Annoncé par les synthés glacials de Cold City , ce troisième album confirme tout le bien qu’on pensait de Whispering Sons. Mieux, il nous surprend. Contrairement à ce que promet le titre du disque, ces 12 morceaux tempétueux témoignent d'une maîtrise totale de leur sujet comme d'un perpétuel renouvellement. Le jeu de guitare stupéfiant de Kobe Lijnen sur Something Good renvoie au meilleur de Sonic Youth, quand Still Disappearing ou Poor Girl évoquent le rock gothique de Nick Cave. La comparaison vaut pour la voix d’outre-tombe de Fenne Kuppens, mais aussi pour ces envolées et ruptures dignes de Tupelo, du précité Australien. Un chef-d’œuvre sombre et lumineux. J.D.

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© Lucinde Wahlen

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JULY

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LENNY KRAVITZ

GRETA VAN FLEET � DROPKICK MURPHYS � PARKWAY DRIVE

THE HIVES � THE GASLIGHT ANTHEM � STONE

JANE’S ADDICTION � PJ HARVEY � BLACK PUMAS � MEUTE

EEFJE DE VISSER � JALEN NGONDA

THE STREETS � NATHANIEL RATELIFF & THE NIGHT SWEATS

SLOWDIVE � JOHNNY MARR � BOMBAY BICYCLE CLUB

THE CAT EMPIRE

THE SNUTS � THE CLOCKWORKS � DEHD � ALICE MERTON � KINGFISHR

THE SOUTHERN RIVER BAND

MÅNESKIN

SUM 41 � YUNGBLUD � TOM ODELL � SIMPLE PLAN

THE BEACHES � FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES

SNOW PATROL � dEUS � BAD OMENS � GARY CLARK JR.

SLEAFORD MODS � LOVERMAN

JAMES ARTHUR � TOM MORELLO � ARCHIVE � GLINTS

DECLAN MCKENNA � KNEECAP

AGAINST THE CURRENT � NECK DEEP � THE ARMED � HOT MULLIGAN

THE RUMJACKS � SPRINTS

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JULY

DUA LIPA

KHRUANGBIN � AVRIL LAVIGNE � NOTHING BUT THIEVES

THE KOOKS � BRIHANG � EQUAL IDIOTS

RÓISÍN MURPHY � THE BLAZE � JANELLE MONÁE � JESSIE WARE

THE LAST DINNER PARTY � NO GUIDNCE

BENJAMIN CLEMENTINE � MARC REBILLET � ARLO PARKS

CIAN DUCROT � J. BERNARDT � NONAME

PRINS S. EN DE GEIT � PALAYE ROYAL � BOB VYLAN

PSYCHEDELIC PORN CRUMPETS � DEADLETTER � PEUK

FOO FIGHTERS

ROYAL BLOOD � PRETENDERS � IDLES � THE BREEDERS

BRUTUS � BLUAI

JUNGLE • MICHAEL KIWANUKA � SAMPHA � FROUKJE

WHISPERING SONS � ISAAC ROUX

PARCELS � ZARA LARSSON � LOYLE CARNER

LAUREN SPENCER SMITH � LAWRENCE � MATT MALTESE

HIGH VIS � SKINDRED � SOCCER MOMMY � SCOWL � HOTWAX � ISE

main stage the barn klub c slope
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LES ENCHANTEURS

La contre-allée

Voilà pile 25 ans que ce festival itinérant célèbre la chanson française, sous toutes ses acceptations. Festive pour commencer, à l’image de Picon mon amour, qui ouvre les hostilités en mariant accordéon et ukulélé. Ska ensuite, avec Marcel et son orchestre (évidemment !) ou même a cappella avec Chauffe Marcelle !, collectif de cantatrices qui reprend des standards tous azimuts, de Nina Simone à Nirvana. Les amoureux du beau texte trouveront leur compte auprès de Christian Olivier (les Têtes raides) ou de... Rim’K ? Eh oui, l’ancien du collectif 113 a lui aussi le sens de la formule qui claque. « On fait désormais la part belle au rap, c’est une nouveauté de cette édition, soutient Audrey Kaltenbronn, chargée de projet pour l’association Droit de Cité, à la baguette de l’événement. Il s’agit d’élargir encore le champ des possibles ». La présence de Lexie T, championne de France de beatbox, témoigne parfaitement de cet esprit d’ouverture (et Ça va le faire, comme elle dit). Au fil de cette balade composée dans 27 villes du Pas-de-Calais, on croise aussi de vieilles connaissances (Elmer Food Beat, Hervé Vilard) et on musarde dans des lieux inattendus comme… une école primaire. En l’occurrence, on y attend Captain Parade, pour un concert de rock à hauteur de marmots, histoire d’apprendre les bonnes manières dès le plus jeune âge ! Julien Damien

Hauts-de-France, 08.03 > 27.04, divers lieux dans le bassin minier du Pas-de-Calais 1 concert : 20 > 5€ • pass 18 concerts : 70€, festival-lesenchanteurs.com

Sélection / 08.03 : Picon mon amour // 10.03 : Hervé Vilard // 21.03 : Christian Olivier 23.03 : Jef Kino, Asian Dub Foundation // 30.03 : Elmer Food Beat // 11.04 : Zed Yun Pavarotti 12.04 : Lexie T, Le Noiseur... // 13.03 : Blankass // 18.04 : Didier Super // 19.04 : Marcel & son orchestre // 20.04 : Rim’K // 24.04 : Captain Parade // 26.04 : Volo // 27.04 : Chauffe Marcelle

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Marcel et son orchestre © Deborah Priem

20.03

LE STOCK

21, 22.03 LE THÉÂTRE LA LOUVIÈRE

toute la saison ↓
CESTCENTRAL.BE
Zar Electrik CESTCENTRAL.BE toute la saison ↓
Alma FABRICE MURGIA ET PEGGY LEE COOPER

Hannah Jadagu

Où il sera question de fuite. Quitter fissa le Texas, d’abord, pour rejoindre New York et ses promesses. Puis, s’évader de sa chambre d’étudiante… en y demeurant cloîtrée. C’est entre quatre murs et sur son smartphone qu’Hannah Jadagu enregistra What Is Going On ?, son premier EP. Signée par Sub Pop, la voici en France pour enregistrer Aperture (“ouverture”, en VF) premier album gavé de pop songs à la fois nerveuses et intimistes –comme une rencontre au sommet entre Steve Lacy, Caroline Polachek et Arlo Parks. Reste à voir si ces échappées solitaires passeront le test de la scène, mais on peine à croire que nos espoirs se volatilisent. T.A.

Lille, 09.03, L’Aéronef, 20h, 6/3€, aeronef.fr // Bruxelles, 15.03, Botanique, 19h30, 10/7€, botanique.be

Vieux Farka Touré

Fils du légendaire Ali, Vieux Farka Touré demeure marqué par cette figure paternelle. On se souvient qu’en 2022, il consacrait un album à son père. La même année paraissait Les Racines, à l’honneur ce soir. Le Malien semble sans cesse revenir aux sources. Celles de la musique songhaï. Entouré de cinq musiciens, le "Hendrix du Sahara" mêle sa six-cordes aux harmonies de la n'goni, de la kora et de la flûte pour concevoir un blues éminemment moderne. T.A. Tourcoing, 14.03, Le Grand Mix, 20h, 18/14€, legrandmix.com (Festival Le Temps d’une Lune)

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© DR ©
Kiss Diouara

14 MARS ZAZIE

Grand Théâtre - 20H30 - Concert

COMPLET

15 MARS

SEA GIRLS

Gérard-Philipe - 20H30 - Humour musical

20 MARS

USURE

Grand Théâtre - 20H30 - Hip-Hop

23 MARS

BROKEN BACK + NUMÉROBÉ

Gérard-Philipe - 20H30 - Pop-Folk

28 MARS

BRITANNICUS TRAGIC CIRCUS

Grand Théâtre - 20H30 - Tragédie Dé-RACINée

Retrouvez le programme ici

Retrouvez la billetterie : www.billetterie.calais.fr

www.spectacle-gtgp.calais.fr

THE SMILE Dimension parallèle

Derrière ce sourire, on trouve deux ex-membres de Radiohead et Tom Skinner, batteur de Sons of Kemet, combo jazz anglais plus méconnu mais non moins estimable. Apparu par surprise lors du Glastonbury Festival en mai 2021, le supergroupe rempile avec un deuxième album aussi émouvant que sophistiqué. Le voici à l’épreuve de la scène.

Avouons-le, Radiohead avait fini par devenir la marque de fabrique d’une pop “progressive”, certes admirable, mais passablement minée par son esprit de sérieux. Est-ce pour contredire cette image de jansénistes indés que le side-project de ses deux têtes chercheuses (Thom Yorke et Jonny Greenwood) se nomme The Smile ? À l’écoute de leurs chansons aux atmosphères crépusculaires, on peut en douter. Pourtant, là où l’inaugural A Light for Attracting Attention, publié en 2022, recyclait paresseusement des titres en friche, son successeur, Wall of Eyes, s’avère plus convaincant. C’est bien simple, ce projet s’impose comme ce que Yorke et Greenwood ont produit de meilleur depuis In Rainbows. De retour en début d’année, le "power trio" démontre une sophistication qui n’empêche pas l’émotion. Mais ne réduisons pas The Smile à Radiohead. Cette bande à part trace son propre chemin. Elle s’affranchit de l’ombre portée de son aîné, en se nourrissant notamment des constructions enveloppantes de Greenwood pour le cinéma – ses collaborations avec Paul Thomas Anderson. Gageons que ces singularités seront mises en lumière lors de cette nouvelle tournée, alléchante comme une madeleine de Proust pop. Rémi Boiteux

Bruxelles, 15.03, Forest National, 20h, complet !, forest-national.be

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© Frank Lebon
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TUMETONNESPRODUCTIONS LICENCES : R-2021-012664 / R-2021-012665CRÉATION GRAPHIQUE : L'ASTROLAB*INFO@LASTROLAB.COM AGENDA COMPLET & RÉSAS : COMPLET COMPLET COMPLET COMPLET COMPLET COMPLET COMPLET COMPLET COMPLET COMPLET COMPLET COMPLET COMPLET COMPLET
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MIKE

Le futur dans le rétro

Figure de la scène underground new-yorkaise (et petit chouchou de Pitchfork ), Michael Jordan Bonema est encore méconnu de ce côté-ci de l'Atlantique – mais ça ne devrait pas durer. Déjà auteur de onze albums (dont Burning Desire, sa dernière pépite en date), ce prolifique Américain s'est distingué avec un style nourri de jazz, de funk, de soul, de rap oldschool et d'expérimentations sonores tous azimuts à faire pâlir le collectif Odd Future, dont il est fan. En réalité, notre homme a connu son épiphanie... à Londres, où il vécut enfant, en découvrant le grime de Skepta. C'est une fois de retour aux États-Unis, à Philadelphie puis dans le Bronx, qu'il se forgera une culture hip-hop américaine, et alignera ses premières rimes à l'âge de quatorze ans. Aussi connu sous l'alias dj blackpower, notre homme peut aussi compter sur un solide crew, où figure en bonne place Earl Sweatshirt, dont il s'est largement inspiré avant qu’ils ne deviennent de proches amis – il en parle même comme d'un "mentor". Mike partage d'ailleurs avec le Californien une certaine mélancolie, un regard acerbe sur la société et cette propension à inventer le futur de son art. Florent Servia Bruxelles, 15.03, Botanique, 19h30, 21,50 > 15,50 €, botanique.be

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© Ari Marcopoulos

Étienne Fletcher

Né d’un père anglophone et d’une mère francophone, Étienne Fletcher célèbre les noces entre la grande musique nord-américaine et la chanson à texte française. Ses morceaux sont traversés de paysages majestueux. Aventureuses, dans la grande tradition du blues et du folk, ses ballades dessinent des rivières agitées et de grandes étendues où il fait bon se perdre, comme dans l’Ouest canadien d’où il est originaire. De sa voix éraillée, il raconte dans la langue de Molière des moments de vie écorchés, de la solitude au deuil, de l’amour qui se refuse au voyage vers l’inconnu. Et nous embarque irrémédiablement. J.D.

Amiens, 12.03, Le Safran, 20h, 14 > 5€, amiens.fr // Charleville-Mézières, 14.03, Théâtre, 20h, 21 > 13€, charleville-mezieres.fr // Namur, 15.03, Le Delta, 20h, 12 > 3€, ledelta.be

Ekkstacy

Derrière cette tronche tatouée comme un bizuth de cartel colombien se cache un jeune homme anxieux. Une boîte à rythmes et des guitares trempées dans la réverb’, lointaines héritières d'une Angleterre pluvieuse ou de The Drums (à qui le Canadien doit pas mal), servent de véhicule à son mal-être – solitude, drogues et tout le toutim. On ne garantit pas sa longévité, mais voici un agréable instantané d’une époque tourmentée. T.A.

Bruxelles, 21.03, Botanique, 19h30, complet !

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© DR
© Little Jack Film

FESTIVAL LES

HYUK LEE

INVITÉ D’HONNEUR

AMAURY VASSILI | KHATIA BUNIATISHVILI

ALEXANDRE DOVGAN | EVELYNE BEREZOVSKY, PLAMENA MANGOVA | CLAIRE-MARIE LE GUAY

MARIE-JOSEPHE JUDE AVEC L’ORCHESTRE DE DOUAI

HERVÉ BILLAUT | GUILLAUME COPPOLA

NATHALIA MILSTEIN

LE FESTIVAL DE MUSIQUE CLASSIQUE DU TOUQUET-PARIS-PLAGE

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BILLETTERIE : POINTS DE VENTE HABITUELS ET OFFICE DE TOURISME | WWW.LESPIANOSFOLIES.COM ANS LIBÉRATION DE LA

BOLIS PUPUL

Cavalier seul

L’échappée solitaire et le retour aux racines d’un Sino-Belge qui ne s’était jamais penché sur ses origines… Absolument pas passéiste, nombriliste ou identitaire, Bolis Pupul mêle cette quête intime et personnelle à une electropop ouverte, et n’oublie pas d’injecter du plaisir au cœur de la mélancolie.

Ces dernières années, le nom de Bolis Pulpul fut inlassablement accolé à celui de Charlotte Adigéry. En tandem, ils exploraient alors des thèmes chers à la Gantoise, comme le féminisme ou l’identité. Cette dernière question tarabuste justement Bolis : né d’un père Belge et d’une mère Chinoise, le producteur ne s’était jamais vraiment intéressé à la culture asiatiquetrop occupé, sans doute, à errer dans les clubs de Gand et à peaufiner ses beats dans sa piaule. C’est après la tragique disparition de sa mère, en 2008, que le musicien s’est penché sur ses racines. Il entama des cours de mandarin, voyagea à Honk Kong… Attendu depuis 2016 pour succéder à un maxi sur le label Deewee son premier album constitue une fervente déclaration d’amour à l’Empire du Milieu. Il livre d'ailleurs un disque très réussi, les influences chinoises ne relevant pas, ici, de l’exotisme bon marché (voir chronique p. 52). On est désormais impatient de (re)découvrir Pupul sur scène. Sans la présence charismatique de Charlotte Adigéry, le voici en pleine lumière. En ces temps malheureux de crispation identitaire, voir Bolis passer des claviers aux guitares et donner vie, corps et joie à une quête personnelle met du baume au cœur ! Thibaut Allemand

Gand, 21.03, Music Club Wintercircus, 19h30, 22/19€ // Anvers, 22.03, Trix, 19h30, 24 > 20,50€ Bruxelles, 31.03, Bozar, 20h, 22€ (Listen Festival)

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Magnum Photos
© Bieke Depoorter /

L’AÉRONEF

LILLE MARS 24

Ve. 01 mars

Complet

EDDY DE PRETTO + YASSINE STEIN

Je. 07 mars

Sa. 02 mars

Complet

LES INROCKS FESTIVAL THE LIBERTINES + FAT DOG + RAVAGE CLUB

Ve. 08 mars

STEVE COLEMAN & FIVE ELEMENTS + guest

Sa. 09 mars

HANNAH JADAGU + ALBERT NEWTON

GRANDBROTHERS + VONFELT

Je. 14 mars

TSEW THE KID + YUSTON XIII

Di. 17 mars

Ve. 15 mars

MAX COOPER 3D/AV LIVE + ODALIE

Complet

MILES KANE ONE MAN BAND + TEN TONNES

Ma. 19 mars

PRAM + MEMORIALS

Je. 21 mars

Me. 20 mars

CINÉ-CONCERT BREAKING BAD + CAMION BAZAR (DJ SET) + blind test

Ve. 22 mars

INTERGALACTIC BALL PAR VOGUE IN LILLE : KIDDY SMILE + VANILLE

Ma. 26 mars

JALEN NGONDA + MT JONES

Me. 29 mars

LES FATALS PICARDS + première partie

Complet

Me. 27 mars

CARAVAN PALACE + BOOGIE BELGIQUE (SOLO)

Complet

YANN TIERSEN

Sa. 30 mars

ISAAC DELUSION + SAINT DX

Je. 28 mars

TALK SHOW + GETDOWN SERVICES

Licences : 1-012328 / 2-012329 / 3-012330 Design graphique : les produits de l’épicerie / Lille
ET PLUS ! AERONEF.FR

JALEN NGONDA

Soul Brother

Surgi de nulle part, ou presque, un jeune Américain installé en Angleterre reprend les choses là où les maîtres soul et les pionniers de la pop anglaise les avaient laissées. Croisant ses influences, le musicien imagine des chansons au conditionnel passé, et crée des morceaux dont on entendra parler dans un futur proche.

Aux premières notes de Just Like You Used To, voici deux ans, on pensait être tombé sur un incunable soul. C’est-à-dire une merveille échappée des radars et retrouvée par hasard. Eh bien non. Ce disque venait de paraître, et avait été enregistré aux studios Daptone Records. Tout s’expliquait : fonctionnant comme Stax ou Motown (avec son groupe maison, The DapKings) ce label avait déjà accueilli Charles Bradley ou les regrettées Sharon Jones et Amy Winehouse. Alors, quoi ? Un nouveau petit malin jouant à la manière de, comme Curtis Harding ? Heureusement, non. Guitare en main et voix haut-perchée (on pense plus d’une fois à Marvin Gaye ou Curtis Mayfield) Ngonda ne tombe cependant pas dans les travers habituels. Il n'imite jamais ses idoles. Car les totems soul ne constituent pas son seul horizon. C’est d’ailleurs sous des cieux pluvieux que s’est installé le natif du Maryland. Et c’est depuis Liverpool que l’Américain écrit désormais ses chansons. On décèle alors dans ses compositions des reflets sensiblement plus pop. Si Ngonda ne révolutionne pas le genre, son art classique de l’écriture force le respect. Et sans faire de folies sur scène, il rend justice à ses chansons, tel un artisan de jadis. Thibaut Allemand Beauvais, 21.03, Maladrerie Saint-Lazare, 20h30, 20€, zincblues.com (Le Blues autour du zinc) Lille, 26.03, L'Aéronef, 20h, 21/14€, aeronef.fr // Louvain, 01.04, Het Depot, 20h, 25/22€, hetdepot.be

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ÉTIENNE FLETCHER

12 MARS > 20h

Découvrez l’artiste francophone multiprimé au Safran ! Première partie Oli Féra.

CONCERT - CANADA

© Landon Johnson

Bill Ryder-Jones

Lorsqu’il s’échappa de The Coral, en 2008, on imaginait déjà Bill RyderJones en ermite dérangé, errant sur les rives de la Mersey. Quelle erreur ! Le guitariste et pianiste liverpuldien a depuis signé cinq albums, dont le dernier témoigne de sa bonne… santé – pas un hasard s’il s’intitule Iechyd Da , soit à la vôtre , en VF. Intimistes et volontiers orchestrées, ces chansons s’inscrivent dans ce classicisme pop typique de la Perfide Albion. Producteur demandé, on le vit chez Yard Act, Michael Head (Pales Fountains) ou Gerard Love (Teenage Fanclub). Sur scène, il rend justice à ses merveilles simplement, sans fioriture. À son image, donc. T.A.

Anvers, 27.03, Trix, 19h30, 19 > 15,50€, trixonline.be

Ann O’aro

D’abord, une fausse piste : un pseudonyme à consonance irlandaise en forme de jeu avec son propre patronyme (Hoarau). Et puis nous voilà bousculés par cette présence, cette voix et cette diction, quelque part entre Camille et Charles Pennequin. En français ou en maloya, Ann O’aro aborde sans ambages, sur lit de cuivres ou de vents, l’inceste, les violences intrafamiliales - mais aussi, heureusement, le véritable amour. Et de cette boue, elle a fait de l’or. T.A.

Tourcoing, 21.03, Le Grand Mix, 20h30, 16 > 8€ legrandmix.com // tourcoing-jazz-festival.com

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© Olivier Padre © Marieke Macklon

de chanSons itinérant dans les HautS-de-France

du 8 mars au 27 avriL 2024

elMeR FOOD Beat

saM saUVaGe riM’K JeF Kino

UnE ToUCHE d’OPTIMIsMe LeXIE T MarCEL & sOn OrCHEsTRe

ManuDIGiTaL MeeTS TeTra HYdrO K asian DUB FoUNDatiOn

lOS TrEs PUnTOS roMain WaTsON meS soULierS sOnt roUGEs

unCLE BaRD & thE dIrTY BasTardS adÉlYS le PiED De la PoMPE BlaNKasS

GUiLTY deLIGHT BoULE dIdIER TrONcHeT HeRvÉ VILaRD

CaCTUS In LOve

GraND crU CHrISTian OliVier

IsMaËL MÉtiS le NoisEUr CaPTaIn ParaDe dIdIER sUPeR PlasTIC dUcK

KorOSHY FrÉdÉric FrOMET

CHauFFe MarCElLE ! MarIE reno

VOLo ZeD YUn PaVaROTTI

PICOn mOn amOuR

Da’CHaBaDa rYOn sKaNKIn’ PaTrOL thE roUGHNecK riOt thE BlaCK sOil

PARC SAINT-PIERRE & HORTILLONNAGES
–› 9 JUIN 2024 Infos&réservations : minuitavantlanuitfr © Justine Figueiredo Licences 2.1076397 3.1076398 DISIZ EDDY DE PRETTO ZAHO DE SAGAZAN L’IMPÉRATRICE
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CHORALE ROCK
VERSYP SABB PÖ DJ SET ABRAN
DOU MASSTØ VERLATOUR ANNIE .ADAA WINNTERZUKO SAM QUEALY KABEAUSHÉ NUSANTARA BEAT CHARLOTTE CARDIN TIF OSEES
VILLES
LAURÉAT·E iNOUïS LA
NINA
BALI
27
FestivaL
WWW.F esT iva L-L esen CH a NT e UR s . c OM grafizm : nikonografik . N° de Licence de Droit de Cité : PLATESV-R-2021-011526

SAY SHE SHE

Bande de filles

Il était une fois, à Brooklyn… Et pourquoi pas ? Après tout, cette histoire arbore des airs de conte de fées. Trois copines qui s’invitent chez l’une ou l’autre, réunies par leur goût pour la musique et le chant. Elles découvrent que leurs vocalises s’accordent plutôt bien. Quelques répétitions et deux ou trois coups de fil plus tard, les Américaines Nya Brown, Sabrina Cunningham et la Londonienne Piya Malik se retrouvent entourées de musiciens officiant chez Antibalas, The Dap-Kings ou The Shack. Bref, de récréation sans prétention, l’affaire prit une autre tournure en 2022 avec la parution d’un single, Forget Me Not, qui conjuguait un discours féministe à des instrus psyché-funk – pour résumer. Leur dernier album, Silver, revisite à leur manière 40 ans de musiques noires. Cette nu-soul se réapproprie le Philly Sound comme l’afrobeat, le disco en français façon Chic ou le hiphop. En une paire d’années, Say She She a déjà inscrit son nom à la longue liste des trios vocaux féminins. Moins impérial que The Supremes évidemment, plus léger que The Shangri-Las et plus artisanal que Destiny’s Child, ce groupe cultive une place à part, en marge des modes. La garantie, peutêtre, que ce conte ne prenne jamais fin. Thibaut Allemand

Bruges, 26.03, Cactus, 19h30, 19 > 12€, cactusmusic.be Bruxelles, 27.03, Ancienne Belgique, 19h, complet !

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© Stéphane Bourgeois

Arthur H

Arthur H, c’est d’abord une voix, évidemment. Chaude, grave, éraillée. C’est surtout un conteur hors pair. En témoigne son dernier album en date (son 17e !), La vie, vaste travelling narrant les différents stades de l’existence. Gorgées de cordes et de chœurs, ses chansons drôles ou émouvantes saisissent aux tripes. Et plus particulièrement sur les planches, où l’homme au talent majuscule sait toujours distiller de bons mots au public.

J.D..

La Louvière, 29.03, Le Théâtre, 20h 35 > 8€, cestcentral.be

Lescop

Au début des années 2010, Lescop et quelques autres (Mustang ou Aline, voir page 53) remettaient la langue de Molière au goût du jour. Héritier de Joy Division, Daniel Darc ou d’Étienne Daho, ce karatéka accompli (tiens, comme Jean-Jacques Burnel, des Stranglers) mêlait pop énervée et influences lettrées. À un premier album quasi-parfait succéda un deuxième qui ne tint pas tout à fait ses promesses sur la longueur, tandis que le troisième, Rêve parti, plus raffiné et minimaliste, n’a pas encore livré tous ses secrets. Quoi qu’il en soit, ces concerts sont l’occasion de réentendre des sommets tels que La Nuit Américaine, La Forêt ou Los Angeles. T.A.

Bruxelles, 28.03, Botanique 19h30, 25,50 > 19,50€, botanique.be

Tourcoing, 29.03, Le Grand Mix 20h, 19 > 11€, legrandmix.com

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© Mathieu Teissier © Yann Orhan

disques

Bolis Pupul

Letter to Yu (Deewee / Because Music)

Boris Zeebroek s’est d’abord fait un nom aux côtés de Charlotte Adigéry, sous l’alias Bolis Pupul. Il y a pile deux ans, le duo gantois parrainé par les frères Dewaele (Soulwax) sortait Topical Dancer. Soit une géniale hybridation entre house, r’n’b et techno abordant des sujets aussi durs que le sexisme ou le racisme – mais sans jamais se prendre au sérieux. Une sorte d’electro consciente et fichtrement bigarrée que peaufine aujourd’hui en solo le beatmaker belge. Ce premier album est né d’une envie de revendiquer ses racines chinoises (le Yu du titre est adressé à sa mère, originaire de Hong Kong et décédée en 2008) pour mieux les marier à son identité européenne. En résulte onze titres minimalistes (on reconnaît ce pointillisme électronique typique de Deewee) mais d’une inventivité folle, conjuguant musiques asiatiques et occidentales. Ici se télescopent sons enregistrés dans le métro hong-kongais (Completely Half) ou electrorock sous amphétamines façon Vitalic ( Kowloon ). Plus contemplatif, Goodnight Mr Yi et ses chœurs aériens rappellent Four Tet ou la BO de Ghost in the Shell, tandis que Doctor Says résonne comme un hymne de club digne des Chemical Brothers. Un sacré trip ! Julien Damien

Nouvelle Vague

Should I Stay or Should I Go ? (PIAS)

En créant Nouvelle Vague avec le regretté Olivier Libaux, en 2003, Marc Collin était sans doute loin d’imaginer qu'on surferait encore dessus 20 ans après. Rappel du concept : des reprises de classiques new wave ou post-punk à la sauce bossa nova, saupoudrées de voix féminines à l’accent so frenchy. Soit autant de relectures inventives, et un blind test qui fait toujours mouche. Reconnaîtrez-vous ici ABC, Duran Duran ou Tears For Fears ? Nous voilà quelque part entre le plaisir (à peine) coupable, la BO fantasmée et l'hommage littéral, telle cette version langoureuse de Breakfast de The Associates. Si les puristes réécouteront l’original pour frissonner avec la voix de Billy Mackenzie, certains l’entendront pour la première fois. Et rien que pour ça, le pari est réussi. Selina Aït Karroum

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Real Estate

Daniel (Domino)

Après six albums, quoi de neuf du côté de Real Estate ?

Loin d’être défricheur, le groupe reste fidèle à ses fondamentaux : une pop-rock rêveuse, des mélodies accrocheuses et une dose de nostalgie. In Mind , en 2017 avait fixé la formule. Daniel ne fait pas exception. Le quatuor semble en jouer dans le clip de leur entêtant Water Underworld, référence à une sitcom américaine des années 1990, dans un décor de banlieue très “new-jersiaise”. La production a été confiée à Daniel Tashian, producteur country (de Kacey Musgraves). Son apport est d'ailleurs flagrant au fil du disque, avec l’ajout d’instruments typiques, comme la pedal-steel guitar sur Haunted World et Flowers . Une collaboration fructueuse qui explique peut-être le titre de cet album. Hugo Guyon

MGMT

Loss of Life (Mom + Pop Music / Bertus)

Toujours circonspect face au succès du premier album de MGMT ( Oracular Spectacular, 2008), on ne s’est jamais remis du second. Congratulations (2009) fut en effet un sommet de psychédélisme moderne et preuve indéniable de la qualité du songwriting de la paire formée par Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser. Un chef d’œuvre hélas insurpassé depuis. Alors quelle joie de les retrouver à leur meilleur ! Folk pastoral et grosses guitares, cuivres enchantés et envolées lysergiques, clavecin pop baroque... MGMT se place dans l’axe Syd Barrett / Television Personalities, et organise des bacchanales pop qui dévoilent de nouveaux atours à chaque écoute. Évidemment, ce n’est pas Congratulations , mais qu’importe : félicitations ! T.A.

Aline

La lune sera bleue (2009-2015) (Caramba Records / Virgin)

C’est l’histoire d’un immense gâchis. Au commencement fut Young Michelin. Né à Marseille et mené par l’ex-Dondolo Romain Guerret, ce quintette renouait avec une certaine tradition indie pop – pensez Sarah Records, Creation. Contraint de changer de nom par Bibendum, le voici rebaptisé Aline – ça rime avec Gamine, ça tombe bien. La troupe publia deux albums gorgés d’hymnes pop carburant aux guitares jangle et aux mélodies tombées du ciel. Mais le public ne suivit pas, et Aline disparut. En attendant un hypothétique troisième album, on se régale de ces chansons inédites (dont une reprise de Tombé pour la France d’Etienne Daho) réunies sur un délicieux florilège à l’arrière-goût somme toute amer : pourquoi ce groupe fut-il si méconnu ? Thibaut Allemand

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Le Fauve de Corleone (Delcourt)

À l’écrit et à l’écran, du Parrain de Puzo et Coppola au Traître de Bellocchio, en passant par Les Soprano de Chase, la mafia est toujours une affaire de tragédie shakespearienne. Cette BD ne déroge pas à la règle. Oui, il y a du tragique chez Toto Riina (1930-2017). Fils d’un petit paysan exploité de Corleone, en Sicile, il vit mourir enfant (ô combien bêtement !) son père et un frère devant ses yeux. Devenu le parrain de tous les parrains, organisateur de l’attentat contre le juge Falcone mais dénoncé par Tommaso Buscetta (le traître cité plus haut), le voici emprisonné, se livrant à un examen de conscience face au fantôme de son frère décédé... Outre la précision des faits, des dialogues et des planches remarquables tout en crayonné charbonneux, c’est là le tour de force du scénario : tenter de pénétrer les arcanes d’un être sadique et calculateur. Ces conversations imaginaires, où le défunt frangin se fait maïeuticien du parrain, sont empreintes de franchise et de mauvaise foi, de questionnements existentiels et de cynisme, aussi. Détestable, Riina l’était, évidemment. Mais cette œuvre explique (un peu) le pourquoi, et nous surprend en imaginant un autrement. Magistral ! 126 p., 19,99 €. Thibaut Allemand

Marc-Antoine Mathieu

Deep It (Delcourt)

On connaît le goût de Marc-Antoine Mathieu pour la remise en question permanente des formes et de la narration dans le neuvième art. En 2022, le déconcertant Deep Me (noirs profonds, jeu sur la typographie) nous présentait un héros justement… déconcerté : une intelligence artificielle perdue dans le vide d’un espace insondable. Cette œuvre est ici prolongée d’une suite plus classique dans la forme, mais tout aussi riche dans l’écriture. Brassant des thèmes d’actualité (de l’I.A. au grand effondrement), Deep It renoue également avec d’antiques questions. Cette entité programmée par d’autres et qui cherche un sens à son existence propre n’est pas sans rappeler Sisyphe – qu’il fallait imaginer heureux, d’après Camus. Adam l’est-il ? On donne notre langue au chat (GPT). 104 p., 19,99 €. Thibaut Allemand

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Nicolas Richard La Chanteuse aux trois maris

(Inculte)

La narratrice de ce roman n’est pas la chanteuse du titre, mais la fille de l’un des trois maris en question. Vous suivez ? En tout cas, nul doute que vous suivrez Nicolas Richard qui, par la voix de Jeanne, octogénaire enquêtant sur le tumultueux passé de sa famille, nous projette au début d'un xxe siècle chaotique, de Toulouse à Buenos Aires. En volutes comme chez Modiano, et échevelé comme ces baroques américains que l’auteur a traduits (Thomas Pynchon, Richard Brautigan), le récit tient autant du feuilleton populaire que de la cathédrale narrative. Mais sa virtuosité est tout entière tournée vers le plaisir de lecture. Sa folie s’enracine dans un réel traversé par le spectacle, la drogue, la prestidigitation… La quintessence du romanesque. 288 p., 21,50 €. Rémi Boiteux

Sam Knight

Le Bureau des prémonitions (Sonatine)

21 octobre 1966. Un effondrement de terrain détruit le village d’Aberfan (Pays de Galles), tuant 144 personnes, dont 116 écoliers. Or, certains avaient pressenti la catastrophe : dessins d’enfants, cauchemars d’une professeure de piano… Fasciné par le surnaturel, le psychiatre John Barker a recensé 22 personnes ayant "prédit " le drame et fonde, au Evening Standard, le Bureau des prémonitions. Son but ? Créer une banque de données pour les rêves et autres visions prémonitoires de tout le Royaume. Certaines (la mort de l'astronaute Vladimir Komarov, l’assassinat de Robert Kennedy) seront justes. Aucun deuil n’aura cependant été évité, pas même… mais on vous laisse le découvrir, dans ce récit magistral où la réalité dépasse la fiction. 256 p., 21 €. Thibaut Allemand

Manon Gauthier-Faure

Les Fantômes du lac (Marchialy)

Dans un village de la Marne, le quotidien d’un EHPAD est chamboulé par d’étranges manifestations. L’établissement serait hanté par deux fantômes… Seraient-ce les âmes perdues des jeunes sœurs retrouvées noyées dans un étang tout proche, en 1978, et que tout le monde semble avoir oubliées ? Voici le point de départ de cette enquête menée par Manon Gauthier-Faure. Car, non, il ne s’agit pas ici d’une fiction. Fidèle à la ligne des éditons Marchialy, qui publient « des histoires vraies au long cours, portées par une exigence littéraire », la journaliste entrelace paranormal et fait divers. Mais ce n’est pas tant la résolution de l’affaire qui l’intéresse. Plutôt ces liens invisibles qui unissent les vivants et les morts, au fil d’un récit fantastique, dans tous les sens du terme. 250 p., 20 €. Julien Damien

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SÉRIES MANIA Effet miroir

Le scénario de Séries Mania est désormais bien connu, mais toujours aussi haletant. Durant huit jours, Lille se transforme en capitale mondiale du binge-watching. Au programme ? Des avant-premières internationales projetées (chose rare) sur grand écran, des compétitions, des invités prestigieux, des masterclass (données par, entre autres, l'écrivain Douglas Kennedy ou le comédien Laurent Lafitte) mais aussi des soirées déjantées (en l'occurrence disco !) et pas mal de rebondissements – forcément. Voici le prequel.

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56 é c rans
The Three-Body Problem © 2023 Netflix, Inc.

Les séries ont toujours tendu un miroir au monde... et n'échappent pas non plus à ses soubresauts. La directrice générale du festival, Laurence Herszberg, observe ainsi que « la situation internationale », entre grève hollywoodienne ou embrasement au Proche-Orient « a eu un impact sur la création ».

D'ailleurs, « pour la première fois, nous ne présentons pas de séries israéliennes car la production est à l'arrêt ». À l'inverse, cette édition s'ouvre à l'Afrique du Sud, la Lettonie,

Taïwan ou la Nouvelle-Zélande, parmi 21 pays représentés. « Il s'agit d'arpenter de nouveaux territoires, de dépasser nos habitudes américaines et européennes pour changer notre vision ». Même si la soirée d'inauguration met à l'honneur une superproduction made in USA... En l'occurrence, l'avant-première mondiale de l'hyper attendue The Three-Body Problem, adaptation du roman de SF culte du Chinois Liu Cixin, par les créateurs de Game of Thrones . Et on nous annonce déjà « une œuvre graphiquement exceptionnelle ».

Intimes convictions

Au fil des 52 titres retenus pour cette édition, Laurence Herszberg

a

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« La situation internationale a un impact sur la création »
2024
Television Limited. All rights reserved / ™ © 2023 Peacock TV LLC. All Rights Reserved.
Apples
Never Fall ©
Heyday
Machine © Fabien Campoverde/ Arte France
Boarders © Studio Lambert & All3Media International
© 1975-1979 CPT Holdings, Inc. All Rights Reserved
Starsky
et Hutch
Rematch © Drowster

observe aussi un fil conducteur (« peut-être à cause des grandes tensions du monde, justement ») : l'intime. À travers ces histoires, « on se recentre en effet sur ses proches, sa famille, à rebours des grandes thématiques sociétales de ces dernières années ». C'est par exemple Apples Never Fall, relatant l'implosion d'un foyer américain après la disparation inexpliquée d'une mère. Ou encore Ourika , co-créée par Booba, qui met en scène un étudiant contraint de diriger l'empire de la drogue fondée par sa famille, durant les émeutes de 2005. Toujours plus proche de nous, certaines séries s'invitent littéralement dans notre lit, pour ausculter le désir et la sexualité. Où l'on suivra la drôle d'expérience d'un couple à la libido en berne. Dans

30 Days of Lust, des amoureux ensemble depuis l'âge de 15 ans tentent de rallumer la flamme en batifolant chacun de leur côté durant un mois.

« Arpenter de nouveaux territoires »

« Les récits historiques n'échappent pas à cette tendance ». En témoigne Une amitié dangereuse, qui dévoile « les difficultés de Louis XIII à concevoir Louis XIV » - il lui aura fallu un quart de siècle, tout de même...

Échec et mat

L'autre grand sujet de ce cru 2024, c'est l'intelligence artificielle. Parmi les œuvres ô combien symboliques, citons Rematch, qui retrace a

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30 Days of Lust © Trima film

la célèbre partie d'échecs opposant Garry Kasparov à Deep Blue, le supercalculateur d'IBM. Soit « le premier duel entre l'Homme et la machine » (spoiler : l'Homme a perdu). Oh, les nostalgiques d'un temps plus analogique se consoleront lors des séances cultes, en se repassant par exemple deux épisodes de Starsky & Hutch, réalisés par un certain Michael Mann. Et il n'est pas impossible que vous croisiez une Ford Gran Torino rouge aux bandes blanches dans les rues de Lille –en vrai, cette fois !

Julien Damien

Lille & Hauts-de-France, 15 > 22.03

Le Nouveau Siècle, UGC Ciné Cité Lille, Le Majestic, Salle Alfred Descamps, Tripostal & divers lieux, gratuit pass Séries Mania : 30€ (offre un accès coupe-file prioritaire), seriesmania.com

L'ENVERS DU DÉCOR

Après l'art du générique l'an passé (souvenez-vous Don't Skip), cette nouvelle exposition nous dévoile les métiers cachés des séries. Comment créer un faux cadavre réaliste ? Des blessures plus vraies que nature ? Des dents de monstre aussi effrayantes qu'acérées ?

Outre les accessoires, costumes et autres secrets de fabrication, on apprendra par exemple à parler le dothraki, comme dans Game of Thrones , avec les créateurs de langue David et Jessie Peterson. Et puis on s'assoira à table avec Janice Poon, styliste culinaire pour Hannibal et Star Trek : Discovery. Cette spécialiste de la jambe comestible réussit également comme personne la salade de globes oculaires. Alléchant, n'est-ce pas ?

Lille, 16 > 22.03, Tripostal, gratuit

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Hannibal © 2013 NBC Universal Media, LLC Janice Poon © courtesy Brook Palmer

Les Belles Sorties

© Pyramide Films

REVIVRE Le cœur à l'ouvrage

Dans un hôpital marseillais, de nos jours. Deux couples accompagnent leur enfant, en attente d'un don d'organe. Dans ce documentaire, Karim Dridi suit leur combat, entre peur, joie et espoir, mais aussi le formidable travail du personnel soignant. Revivre est une histoire d'amour, de courage et d'engagement.

Karim Dridi est un réalisateur engagé... et pas facile à cerner. Il faut dire que depuis ses débuts en 1994, avec Pigalle, le Franco-Tunisien ne se laisse enfermer dans aucune case. L'homme est aussi à l'aise lorsqu'il s'agit de concocter des films d’action ( Fureur), des grosses productions (le mésestimé Le Dernier vol) ou des œuvres dites sociales (formidable Chouf). Si son cinéma de fiction est passionnant, son travail de documentariste l’est tout autant. On se souvient de son portrait de Ken Loach (Citizen Ken Loach) comme de son road-movie musical (Cuba Feliz) dans lequel il suivait un chanteur de rue déambulant dans Cuba.

La valeur du don

Pour Revivre, Karim Dridi a cette fois posé sa caméra dans le service de réanimation pédiatrique de l'hôpital de la Timone, à Marseille. Il y a rencontré deux couples dont les enfants sont en attente d’une greffe d’organe. D’un côté Romane, Julien et leur petite Luna, neuf mois, en quête d'un nouveau foie. De l’autre Ismaël, Stéphanie et leur petit Sélim, trois mois, qui a besoin d'une transplantation cardiaque. Tous ont accepté d’être filmés au long cours. En résulte un documentaire dur, mais jamais misérabiliste, nourri de l’espoir et de la force de ces familles. L’air de ne pas y toucher, Dridi s’engage aussi pour l’hôpital public en montrant l'extraordinaire dévouement des soignants. Car Revivre est avant tout un film de combat. Grégory Marouzé

Documentaire de Karim Dridi. Sortie le 28.02

65 écran s

FERRARI

Moteur, action !

La dernière fois que l’on vit Enzo Ferrari au cinéma, le constructeur automobile y était présenté comme un hybride de parrain mafieux, d’artiste idéaliste et de commerçant roublard. C’était dans Le Mans 66 (2019), réalisé par James Mangold et produit par un certain… Michael Mann. Ce dernier signe enfin "son" Ferrari.

Précisons avant toute chose qu’il ne s’agit pas d’un biopic : le récit se concentre sur l’année 1957. Ce projet germait depuis une trentaine d’années dans l’esprit de Michael Mann. Y infusent, une fois de plus, des thèmes chers au maître : la minutie de la technique, la quête d’un idéal, un solitaire pris dans un dilemme entre réussite professionnelle (son entreprise est au bord de la faillite) et personnelle (il est tiraillé entre sa maîtresse et son épouse). Délaissant la caméra numérique qu’il affectionnait ses dernières années, l’Américain renoue avec une esthétique d’autrefois, plongeant parfois ses personnages dans une lumière à la Caravage – oui, façon Le Parrain , de Coppola. On pourra gloser sur le choix des acteurs (la gravité surjouée et l’accent italien d’Adam Driver) mais l’essentiel est peut-être ailleurs. En soulignant l’exigence esthétique et technique du Commendatore, sa position d’outsider, mais aussi la vanité de cette geste (en course automobile, la mort est au coin du virage), Michael Mann signe finalement un autoportrait de cinéaste. Longtemps, la rumeur bruissa d’un Ferrari incarné par Robert De Niro et réalisé par Clint Eastwood. L’approche et le résultat auraient été bien différents. Thibaut Allemand

De Michael Mann, avec Adam Driver, Penélope Cruz, Shailene Woodley, Sarah Gadon… Sortie le 08.03 (sur Prime Video et déjà en salle en Belgique)

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© Lorenzo Sisti

La Nouvelle femme

Nous sommes en 1900. Lili d’Alengy, courtisane parisienne, cherche à placer sa fille jugée idiote dans un institut spécialisé à Rome. Elle y rencontre Maria Montessori, sur le point de révolutionner l'éducation avec sa célèbre méthode (le respect du rythme de chacun, l’apprentissage par l’expérience...). Pour son premier long-métrage, récompensé au Festival de Sarlat, Léa Todorov, elle-même mère d’une fille présentant un handicap, porte un regard neuf sur la pédagogue italienne. Elle la saisit dans sa jeunesse, en pleine ascension. Son image de "madone aux enfants" vieillissante, à laquelle elle est souvent réduite, s’en trouve ainsi dépoussiérée.

L’économie des mouvements de caméra, la justesse des plans fixes accompagnent le rythme des enfants et soulignent parfaitement le propos. Selina Aït Karroum

De Léa Todorov, avec Jasmine Trinca, Leïla Bekhti, Rafaëlle Sonneville-Caby… Sortie le 13.03

Yurt

« Pourquoi les anges s'intéresseraient-ils soudain à mes posters de Bon Jovi ? », demande Ahmet à sa mère. Parce que la situation a changé. Dans la Turquie des années 1990, le conflit entre laïcs et religieux est de plus en plus tendu. Y voyant aussi un moyen d'ascension sociale, la famille de l'adolescent cherche à affirmer sa foi. Dès lors, Ahmet se retrouve partagé entre le lycée laïc et bourgeois et le pensionnat ("yurt", en turc) coranique et populaire. Si le noir et blanc traduit le monde binaire dans lequel s'enfonce le garçon, le premier long-métrage de Nehir Tuna retient par la nuance de ses portraits. La mise en scène fait preuve d'une emphase parfois fatigante, mais capte avec une certaine délicatesse la naissance de sentiments complexes. Raphaël Nieuwjaer

De Nehir Tuna, avec Doğa Karakaş, Can Bartu Aslan, Ozan Çelik... Sortie le 03.04

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© Geko Films et Tempesta

LES ROIS DE LA PISTE

Escrocs mais pas trop

Après Les Yeux de sa mère ou Tout nous sépare, Thierry Klifa met en scène une famille de malfrats de mère en fils, et même petit-fils. Entre cambriolage foireux, galerie de portraits loufoques et romance impromptue, cette comédie servie par un casting cinq étoiles se révèle hélas décevante.

Dans la famille d’arnaqueurs, demandez la mère. Fanny Ardant campe une matriarche déjantée (rôle qui lui allait déjà à ravir dans Perdrix d’Erwan Le Duc) à la tête d’une tribu de pieds nickelés, toujours à la recherche du bon coup. L’affaire se corse lorsque nos escrocs dérobent une toile de Tamara de Lempicka (celle-là même qu’on aperçoit dans le clip d'Open Your Heart de Madonna), sans vraiment le faire exprès. Débarque alors une jolie détective (Laetitia Dosch), qui va semer la zizanie… Inspiré par Family Business de Sidney Lumet, Thierry Klifa dépeint avec tendresse ce microcosme insolite qu’est la famille, une thématique clef de son œuvre. L’ancien journaliste de Studio avait d’ailleurs annoncé une comédie populaire et pétillante « comme du champagne ». Hélas, le breuvage est éventé. Le réalisateur a beau se réclamer de Blake Edwards ou Philippe de Broca, son récit manque de rythme, le scénario reste prévisible et l’aspect kitsch qu’il visait repose uniquement sur la bande-son (signée Alex Beaupain). Enfin, bien qu’attachants, les personnages s’avèrent caricaturaux. C’est d’autant plus frustrant qu’il y avait là tous les ingrédients d'un bon film – on pense parfois à L’Arnaque ou à L’Affaire Thomas Crown. Dommage. S. Aït Karroum De Thierry Klifa, avec Fanny Ardant, Mathieu Kassovitz, Nicolas Duvauchelle, Laetitia Dosch… Sortie le 13.03

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© Manuel Moutier, Nolita cinéma

Faites forte impression avec la C’ART !

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lacart.fr
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Alfred Sisley, La barque pendant l'inondation, Port-Marly, 1876 © Photo : musée d'Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt Edouard Vuillard, Le Jardin des Tuileries, vers 1894-1895 © Photo : musée d'Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Les 150 ans de l’impressionnisme

MÉLANIE LERAT

Impressions fortes

L’impressionnisme a 150 ans. Pour célébrer cet anniversaire, le musée d’Orsay, qui abrite la plus importante collection au monde de peintures de ce mouvement, prête 178 œuvres à 34 institutions françaises. Parmi elles, le MUba reçoit 58 chefs-d’œuvre signés Monet, Renoir, Pissarro, Cézanne, Caillebotte… soit la plus importante part de ce corpus. Cette exposition (impressionnante, forcément) focalise sur le paysage et plus largement la nature. Mélanie Lerat, la directrice du musée tourquennois, nous en dévoile les contours par petites touches… Propos recueillis par Julien Damien

Comment définir

l'impressionnisme ?

C'est avant tout un mouvement de peinture de plein air. Les impressionnistes posent leur chevalet dans la nature, face à une forêt ou un champ. Cette approche marque une rupture avec la tradition académique, car auparavant l'œuvre était exécutée en atelier, de mémoire. De plus, ces artistes ont renouvelé les sujets de la peinture.

De quelle façon ?

Avant eux, un paysage servait avant tout une scène historique ou mythologique, ici il se suffit à luimême. Les impressionnistes choisissent des sujets simples, qu'on n'imaginait alors pas dignes d’être

peints, il y a par exemple des compositions avec des enfants.

« Les impressionnistes capturent l'éphémère »

Cette attention portée à la vie telle qu'elle est suggère ainsi l'introduction de motifs modernes, notamment le chemin de fer, les ponts, les usines, les boulevards haussmanniens à Paris… Ces artistes témoignent d’une période de grands bouleversements, celle de la révolution industrielle.

Le fait de peindre à l’extérieur n’est pas anodin, n’est-ce pas ?

C'est vrai, car cela va pousser ces peintres à représenter la lumière

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a expositi o n

et ses changements, de porter une attention particulière à la nature et ses mouvements. L'impressionniste s'attache aux jeux de reflets, au miroitement du ciel sur l'eau. Il capture l’éphémère, le fugace, l'intangible. Il y a quelque chose de très vaporeux ici, de l'ordre de la sensation.

Est-ce pour cela qu’ils furent appelés les impressionnistes ?

Oui, et au départ c'était plutôt péjoratif, car ils furent d’abord rejetés des salons. Les critiques jugeaient qu'ils s’intéressaient à des sujets mineurs par rapport à la grande peinture d'atelier…

Pourquoi ces artistes peignentils de cette manière, obtenant ce rendu "flou" ?

Pour justement représenter ces instants fugaces. Les couches juxtaposées de matière traduisent la rapidité avec laquelle ils peignent.

« Témoins d’une période de grands bouleversements »

Auparavant, une toile achevée devait être parfaite. Ici, la touche est visible, et c'est l'œil du spectateur qui recompose le motif.

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Camille Pissarro, Potager, arbres en fleurs, printemps, Pontoise, 1877 © Photo : musée d'Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Quel serait le manifeste de l’impressionnisme ?

Impression, soleil levant, de Claude Monet, le chef de file du mouvement, dont l'aboutissement sont Les Nymphéas. Il n’y a là plus de ciel, d’environnement, seulement un jeu de reflets. La toile nous immerge dans la sensation plutôt que la représentation. Cette œuvre ouvrira beaucoup de portes, notamment celles de l'expressionnisme, pour des artistes comme Pollock ou Rothko. On bascule alors dans l'abstraction, l’expression pure de la couleur. Voilà pourquoi l’impressionnisme est un mouvement révolutionnaire !

Quel est le contexte de cette exposition ?

Pour fêter les 150 ans du mouvement, le musée d'Orsay, qui possède la plus grande collection impressionniste au monde, a décidé de diffuser ses trésors dans toute la France. Chaque musée en reçoit généralement trois ou quatre. Le MUba en accueille lui 58. C'est d’ailleurs la première fois que l'institution parisienne confie un ensemble aussi important, à la fois en quantité et en qualité, car on compte des œuvres majeures. C'est un geste très généreux, et pour le public une occasion rare de découvrir ces tableaux près de chez lui. a

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Auguste Renoir, Pont du chemin de fer à Chatou, en 1881 © Photo : musée d'Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Comment avez-vous conçu

ce parcours ?

Il est la fois thématique et chronologique, en cinq parties. On s’intéresse d’abord aux origines du paysage impressionniste, aux précurseurs possibles, issus de l'école de Barbizon ou de celle de Fontainebleau.

« L’impressionnisme est un mouvement révolutionnaire »

Ensuite on explore les motifs de prédilection de ces peintres : les bords de Seine, la représentation de l'eau, des jardins, des paysages de campagne au fil des saisons.

Qu’en est-il de la scénographie ?

Elle est conçue comme un paysage ménageant des points de vue sur les œuvres. La scénographie exploite la qualité architecturale du musée, notamment sa grande verrière. Cette clarté souligne le lien avec la recherche de la lumière propre aux impressionnistes. Et puis ces peintres utilisaient des couleurs claires, assez chatoyantes. On accorde donc les tons des tableaux et celui des murs des galeries. Nous présentons également une projection sur une surface de 12 mètres de long, pour montrer des œuvres que l'on ne pouvait pas obtenir, comme Les Nymphéas.

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Paul Signac, Herblay. Brouillard. Opus 208, 1889 © Photo : musée d'Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Qu'est-ce qui vous plaît tant dans ce dans ce mouvement ?

Il est passionnant d’un point de vue historique. Il se passe beaucoup de choses durant le xixe siècle et notamment en peinture. Ces artistes se placent dans la continuité de très grands maîtres, comme Courbet, Manet, Millet, tout en regardant vers la modernité, c’est un moment pivot. On voit aussi comme la subjectivité de l'artiste émerge, il traduit ce qu’il ressent, sa sensibilité, ouvrant un autre champ des possibles.

Peindre la nature. Paysages impressionnistes du musée d’Orsay Tourcoing, 16.03 > 24.06, MUba Eugène Leroy tous les jours sauf mardi : 13h-18h 6/4€ (gratuit -18 ans), muba-tourcoing.fr

À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com a

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Claude Monet, Meules, fin de l'été, 1891 © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski Paul Cézanne, Rochers près des grottes au-dessus de Château-Noir, vers 1904 © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay)

Les 150 ans de l’impressionnisme

Les Enfants impressionnistes du musée d'Orsay

Pour les 150 ans de l’impressionnisme, la Piscine a aussi été gâtée. Le musée d'Orsay lui prête cinq œuvres, dont des peintures de Pissarro, Renoir et l'iconique Petite Danseuse de quatorze ans de Degas. Elles sont présentées au cœur du parcours permanent, dans la salle consacrée à l’enfance, permettant des dialogues avec les trésors roubaisiens. À l’instar de cette conversation entre La Petite Châtelaine de Camille Claudel et le Garçon au chat de Renoir…

Roubaix, jusqu‘au 26.05, La Piscine , mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h • sam & dim : 13h18h, 11/9€ (grat.-18 ans), roubaix-lapiscine.com

Monet-Duhem

et aussi

Histoire de parfaire cette promenade impressionniste dans les Hauts-de-France, on pousse les portes du Palais des beaux-arts de Lille, pour y découvrir six œuvres de Claude Monet représentant le village de Vétheuil. Puis, on se rend à Amiens, au musée de Picardie, pour admirer Sur la plage d’Édouard Manet, toile peinte en 1873 à Berck-sur-Mer.

Monet à Vétheuil. Les Saisons d’une vie Lille, 11.04 > 23.09, Palais des beaux-arts

Sur la plage impressionniste. Dans l’œil d’Édouard Manet

Amiens, 16.03 > 16.06, Musée de Picardie

Côté impressionnisme, Douai n’est pas en reste. Sous l'impulsion de l'artiste Henri Duhem (18611941), le musée de la Chartreuse a en effet acquis, durant 40 ans, une collection de tableaux signés Renoir, Pissarro ou Sisley. Celle-ci est aujourd’hui mise en valeur à travers une exposition de circonstance, rehaussée par le prêt de La Rue Montorgueil de Claude Monet, par ailleurs une des sources d’inspiration de Duhem. La boucle est bouclée !

Douai, 27.03 > 24.06, Musée de la Chartreuse, mer > lun : 10h-12h & 14h-18h, 5/2,50€ (gratuit -26 ans), museedelachartreuse.fr

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Claude Monet, La Rue Montorgueil, à Paris. Fête du 30 juin 1878, détail © Musée d’Orsay, Dist. RMNGrand Palais / Patrice Schmidt Edgar Degas, Petite danseuse de quatorze ans © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / R.-G. Ojéda Claude Monet, Les Glaçons | Débâcle sur la Seine, 1880 © musée d'Orsay / Photo : P.Schmidt Fares Cachoux, Freedom Girl, 2021 © Adagp, Paris, 2024

FARES CACHOUX

Penser les plaies

Né en Syrie, désormais installé en France, Fares Cachoux s’est révélé avec des œuvres colorées, épurées et résolument engagées. Quelque part entre le graphisme, la peinture et l'affiche, ses créations dénoncent les horreurs de notre époque, de la tyrannie dans son pays natal à l’obscurantisme religieux. Publiées dans de nombreux journaux à travers le monde, ses images décryptent l’actualité avec une acuité et un sens de l’ironie évoquant les pochoirs de Banksy. À Tourcoing, l'Institut du monde arabe lui consacre sa première grande exposition en France.

L'œuvre de Fares Cachoux est avant tout affaire de contraste : entre la beauté de ses images, pop et minimalistes, et la dureté du propos, évoquant la guerre, l'exil, l'oppression des femmes... Dit autrement, l'artiste « saupoudre la mort de sucre », expliquet-il, en citant une expression syrienne.

« Saupoudrer la mort de sucre »

« Il ne s'agit pas de rendre l'horreur acceptable, mais regardable ». C'est par exemple cette mouette posée sur le dos d'un cadavre de migrant flottant dans la Méditerranée, ou cette scène s'apparentant à une superbe nuit étoilée. En s'approchant, on découvre en réalité un hélicoptère lâchant une bombe sur des maisons...

Le boucher de Damas

Né en 1976 à Homs, en Syrie (où il est désormais persona non grata) Fares Cachoux a d'abord suivi des études d’ingénieur informatique à l’université d’Alep, puis en art numérique à Paris, avant de travailler durant une dizaine d'années pour des musées, dans le Golfe. Et puis survient la révolution syrienne, en 2011. Il décide de tout quitter, pour élaborer son propre langage visuel, et dénoncer l'innommable. L'une de ses premières créations représente la « sinistre silhouette » de Bachar al-Assad faisant face à des mômes, un couteau de boucher caché derrière le dos. a

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L'image, publiée dans les manuels scolaires français, dénonce le massacre perpétré à Houla en 2012, où les milices du dictateur ont tué 108 personnes, dont 49 enfants.

Femmes libérées

« Rendre l'horreur regardable »

Profondément engagé, le travail du Franco-Syrien n'est pas non plus dénué d'humour. En témoigne la série Eye to Eye. Résultant de ses années passées dans les pays du Golfe, celle-ci interroge ce bizarre antagonisme entre rigorisme religieux et capitalisme. Son fil conducteur ? La femme, toujours cachée derrière un niqab et des lunettes de soleil. Son identité est invisibilisée, mais pas sa personnalité ni sa soif de liberté. On la retrouve ici sur un skate, là aventurière au guidon d'une moto... Faut-il y voir un symbole féministe ? « Disons que j'essaie de rendre hommage aux femmes, qui subissent tant d'injustices depuis des siècles » précise-t-il. Au terme de cette exposition, on découvre enfin la dernière grande préoccupation de l'artiste : le péril climatique. Elle est ici résumée par une image post-apocalyptique. On y voit un oiseau posé sur un caddie à la renverse, vestige de la société de consommation, sur lequel la nature a repris ses droits. Son nom ? A Better World... Tout est dit ! Julien Damien

Tourcoing, jusqu'au 14.07, Institut du monde arabe, mar > dim : 13h-17h45 5/4€ (gratuit -6 ans), ima-tourcoing.fr

À lire / La version longue de cet article sur lm-magazine.com

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Fares Cachoux © Julien Damien
© Julien Damien

À gauche : Jean-Michel Folon, Vivre en ville, encres de couleur, 1971

À droite : René Magritte, La Voix du sang, 1961, huile sur toile, 90 x 110 cm. Collection privée.

© Succession René Magritte, Sabam Belgium, 2023 – Photothèque R. Magritte, Adagp Images, Paris, 2023

Jean-Michel Folon, L'Arbre qui pense, aquarelle, 1971. © Fondation Folon, ADAGP,

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© Fondation Folon, ADAGP, Paris, 2024 Paris, 2024

MAGRITTE - FOLON Les murs du songe

Ses hommes bleus aux longs bras planant dans les airs et ses innombrables oiseaux ont fait le tour du monde. Disparu en 2005, Jean-Michel Folon laisse une trace indélébile dans l’imaginaire collectif. À l’occasion des 100 ans du surréalisme, cette exposition célèbre l’artiste belge et met en regard son œuvre avec celle de Magritte. Un dialogue poétique et onirique.

Jean-Michel Folon n’a jamais rencontré Magritte. Pourtant, celui-ci l’aura profondément marqué. C’est en effet face au Domaine Enchanté, fresque murale réalisée pour le casino de Knokke, que le natif d’Uccle découvre sa vocation. Il a alors 18 ans. « J’ai pensé : "On peut vraiment tout faire en peinture. Même inventer des mystères". Voilà ma rencontre avec l’art », dira-t-il. Ce n’est donc pas un hasard si les motifs "magrittiens" parsèment ses créations, à commencer par l’omniprésence du ciel et de nuages duveteux. Serait-il pour autant surréaliste ? Pas vraiment. Il ne se réclamera d’ailleurs jamais de ce mouvement, préférant questionner notre perception du réel à travers un prisme plus poétique. Mais les rapprochements restent nombreux...

Entre deux mondes

Joliment sous-titrée La Fabrique poétique, cette exposition propose ainsi de (re)découvrir une trentaine d'œuvres de Folon, posées en regard des collections permanentes du Musée Magritte. Le personnage à tête de tulipe errant dans un dédale d’immeubles de Vivre en ville renvoie par exemple au lampadaire fleuri dressé face à un mur de briques, signée du surréaliste (La Bonne parole). Plus loin, les branches de L'Arbre qui pense dessinent un cercle (ou un œil ?) dans une composition similaire à celle de La Voix du Sang, de Magritte, qui montre une boule nichée dans un tronc. Entre autres rêveries… C. Ménart

Bruxelles, jusqu’au 21.07, Musée Magritte, mar > ven : 10h-17h • sam & dim : 11h-18h 10 > 3€ (gratuit -18 ans), musee-magritte-museum.be

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Saki, pour Rhône-Poulenc, Étretat, 1977 © Peter Knapp

PETER KNAPP La mode fringante

Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant son influence fut immense. Peter Knapp, c'est l'homme qui a renouvelé la photographie de mode et relooké la presse, en France, à l’orée des sixties. Directeur artistique du magazine Elle jusqu'en 1977, le Suisse bouleversa les codes graphiques de l'hebdomadaire et modifia le regard porté sur les mannequins. À Charleroi, cette exposition focalise sur le travail d'un artiste touche-àtout, qui accompagna l'émancipation féminine alors à l'œuvre.

Faire tout l'inverse de ce que propose Harper's Bazaar, le magazine chic de la bourgeoisie américaine. Voici, en résumé, le projet présenté à Peter Knapp par Hélène Lazareff, la fondatrice de Elle, lorsqu'elle l'engage comme directeur artistique. Nous sommes en 1959, l'époque

« Il saisit les femmes dans la rue, sans artifice »

Marguerite Duras. Cette mutation passe également par l'image, le vêtement : il faut tourner la page d'une presse corsetée, peuplée de modèles d'une inatteignable beauté et vitrines de la haute couture – tout aussi inaccessible. Knapp ne se fera pas prier. Graphiste de formation, peintre, le Suisse ne connaît pas grand-chose à la photographie de mode, mais va en exploser les codes…

est au changement. En France, les femmes ont obtenu le droit de vote il y a 15 ans, et aspirent à plus de liberté. L'hebdomadaire doit se métamorphoser pour accompagner cette révolution. Il ouvre alors ses colonnes à des intellectuelles comme Simone de Beauvoir ou

En apesanteur

Travaillant avec les plus grands couturiers (Courrèges, Cardin...), ce « faiseur d'images » soutient la généralisation du prêt-à-porter. Sous son regard, les mannequins traduisent cette évolution culturelle au fil de compositions dynamiques.

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a expositi o n

Exit les poses statufiées. Ici, les femmes sourient, bougent et donnent l'impression de voler, photographiées par en-dessous alors qu'elles sont allongées sur des tables transparentes ou sautant sur des trampolines. « Il les saisit aussi dans la rue, comme si elles se promenaient entre copines, sans artifice », observe Peter Pfrunder, le directeur de la Fonda-

tion suisse pour la photographie, à l'origine de cet accrochage.

Pages mouvantes

Avec Peter Knapp, les mannequins s'échappent du studio, de la pesanteur terrestre... mais également du cadre. Pour cause, elles débordent sur le texte et jouent avec les lettres, les portant parfois autour de leur bras comme de gros

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Pour Courrèges, Thoiry, 1979 © Peter Knapp

bracelets ! Car Elle connaît aussi un sérieux lifting, s'orne d'une typographie plus "pop", d'une maquette sans cesse renouvelée (qui fera des émules dans la presse française). « Il y a une adéquation entre cette période d'émancipation et le mouvement insufflé dans les pages du magazine, ajoute Xavier Canonne, le directeur du Musée de la photographie de Charleroi.

Ce n'est pas pour rien que l’exposition s’appelle Mon temps, car Peter Knapp a véritablement incarné cette époque ». Et inspire toujours la nôtre. Julien Damien

Peter Knapp. Mon temps Charleroi, jusqu'au 26.05 Musée de la photographie mar > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h-18h 8 > 4€ (gratuit -12 ans), museephoto.be

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Sunday Times, Nicole de Lamargé en Pierre Cardin, 1966 © Peter Knapp Hilarity © Derrick Ofosu Boateng

DERRICK OFOSU BOATENG

Un continent de couleurs

Derrick Ofosu Boateng n’a pas besoin de grand-chose pour nous en mettre plein la vue : un iPhone, un sens certain de la composition et une bonne dose de joie de vivre qu’il parvient à transmettre avec ses clichés. Honoré par le Brussels African Art Center, qui lui consacre une exposition dans le cadre du PhotoBrussels Festival, cet artiste ghanéen de 25 ans fait déjà pas mal parler de lui. Notamment parce que ses portraits ultra léchés dépeignent un continent comme on l'a (trop) rarement vu : loin de tout misérabilisme. « Il est important que mes travaux représentent une Afrique sous un prisme positif, confirme l'intéressé. Et la photographie est un outil idéal pour échanger avec le plus grand nombre ». Ses images sont gorgées de couleurs vibrantes, saturées à l’extrême. Elles révèlent des contrastes saillants entre des fonds monochromes bleus, rouges ou orange et les peaux ébènes de ses modèles. Ici, les objets du quotidien prennent une dimension poétique. En témoigne cet instantané d'un homme casqué et armé de fleurs, allégorie vivante de l'allégresse (Hilarity). Fan de foot et de musique, le natif d’Accra, la capitale du Ghana, s’est formé en autodidacte, après avoir commencé à prendre des photos avec le téléphone de son père. Et c’est sur les réseaux sociaux que le jeune artiste a tapé dans l'œil du rappeur américain Common, qui lui a demandé de signer une pochette d’album. Sur celle-ci, on voit trois enfants africains le bras levé devant un éclatant ciel saphir, comme s’ils célébraient la force du collectif. Alors, mission accomplie ? Sans aucun doute ! Marine Durand

Capture(s) Viewing Room #3

Bruxelles, jusqu’au 31.03, Brussels African Art Center, sam & dim : 10h-17h mer, jeu & ven : sur rendez-vous, gratuit, brusselsafricanartcenter.org (dans le cadre du PhotoBrussels Festival)

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The Main Goal © Derrick Ofosu Boateng
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Stay Still Union © Derrick Ofosu Boateng

Sempé et ses amis

Jean-Jacques Sempé, c'est bien sûr le Petit Nicolas. Un regard moqueur, espiègle parfois, mais jamais méchant. En tout cas empli de tendresse et de poésie. Alors, tout at-il déjà été dit sur le Girondin ? Pas forcément, comme en témoigne cette exposition, qui rassemble une dizaine de ses dessins originaux et quelque 70 sérigraphies, sans oublier nombre d'œuvres de ses maîtres ou amis. Citons Chaval, Bosc, mais aussi l'immense Saul Steinberg, Savignac (l'affichiste avec un grand "A") ou encore l'illustrateur américain Edward Koren, qui fit les belles heures de The New Yorker. En somme, un accrochage comme un portrait en creux, et un sacré panorama ! J.D.

Marcq-en-Barœul, 07.03 > 05.05 Le Minorelle, mar > ven : 11h-18h • sam & dim : 10h-18h, gratuit, marcq-en-baroeul.org

Les Baigneurs de Daumier

Plongeons plus ou moins gracieux, enfants hurlant pour ne pas se jeter à la mer, défilé de maillots antédiluviens… Le musée de Gravelines souffle un air de week-end estival avant l'heure. Mais ces eaux sont du genre "salé". Œuvres d’Honoré Daumier, ces 90 lithographies croquent les premières baignades de ses contemporains, au milieu du xixe siècle. De son regard acéré, le caricaturiste met à nu la bonne société parisienne, au sens propre comme figuré. C.M.

Gravelines, jusqu’au 26.05, Musée du dessin et de l’estampe originale, tlj sf mar : 14h-17h30, 3,50/2,50€ (gratuit -18 ans), ville-gravelines.fr

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© Sam Cobean Honoré Daumier (1808 - 1879), Mon fils, la vessie a été donnée à l’homme, pour affronter les flots !... de la série Croquis aquatiques, pl. 8, pour Le Charivari, du 9 septembre 1854Coll. Musée de Gravelines
: www.cap.mons.be CAP/Musée des Beaux-Arts Mons - BELGIQUE
L’âge d’Airain , [1877],
de
N.Mba
musée des Beaux-Arts
de
avril 18 août 2024 Rodin Une Renaissance moderne EN DIALOGUE AVEC BERLINDE DE BRUYCKERE
Tickets
Auguste Rodin,
Bronze, fonte Alexis Rudier, avant 1952, 189 cm
hauteur
6052,
Jules Chéret, Nice © Ville
Nice 13

é Magritte, The acrobat’s ideas (1928),

Ren

Imagine !

Tout a-t-il déjà été dit sur le surréalisme ? Oh, loin de là, comme en témoigne cette exposition, qui en célèbre le centenaire. Celle-ci passera par Paris, Hambourg, Madrid, Philadelphie et, bien sûr, Bruxelles, qui inaugure cet événement international. Les Musées royaux des beauxarts de Belgique s'intéressent à une source du mouvement cher à Magritte : le symbolisme. Un parcours conçu comme un labyrinthe onirique, où se côtoient Max Ernst, Giorgio de Chirico, Salvador Dalí… entre autres !

Bruxelles, jusqu’au 21.07, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, mar > ven : 10h-17h • sam & dim : 11h-18h 18 > 6€ (gratuit -6 ans), fine-arts-museum.be

Histoire de ne pas rire

Rendons à André Breton ce qui lui appartient. Oui, l'écrivain français a signé Le Manifeste du surréalisme, en 1924. Pour autant, au même moment, le mouvement prenait également racine en Belgique. Son théoricien ? Paul Nougé. À Bruxelles, Bozar choisit cet autoproclamé « ouvrier des lettres » comme fil conducteur d'une exposition retraçant 75 ans de surréalisme belge. Celle-ci rassemble 150 documents et quelque 260 créations signées René Magritte, Jane Graverol, Paul Delvaux, Marcel Mariën...

Bruxelles, jusqu‘au 16.06, Bozar mar > dim : 10h-18h, 18 > 2€ (gratuit -6 ans) bozar.be

Giants

Les dinosaures ne furent pas les seuls géants à peupler la Terre. Leur extinction, il y a 66 millions d'années, a laissé place à d'autres mastodontes, dont onze sont ici mis en lumière à travers des représentations à taille réelle et des squelettes quasiment complets. Où l'on retrouve, par exemple, le mégalodon, soit un requin de 20 mètres ! On découvre aussi des "monstres" méconnus, à l'instar du Paraceratherium, genre de rhinocéros sans corne, et sans doute le plus grand mammifère terrestre ayant existé !

Ce n’est pas le plus connu des créateurs belges. Tombé dans l’oubli, Jules François Crahay (1917-1988) est pourtant considéré comme l’un des derniers génies de la couture. Comparé à Christian Dior, le Liégeois s’est révélé avec ses œuvres mêlant la légèreté et le strict. Passé par les maisons Nina Ricci et Lanvin, il a habillé des icônes telles que Jackie Kennedy ou Claudia Cardinale. Le voici célébré grâce à une soixantaine de ses pièces emblématiques.

Bruxelles, jusqu’au 10.11, Musée mode & dentelle, mar > dim : 10h-17h 10 > 4€ (gratuit -18 ans), fashionandlacemuseum.brussels

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Bayerische
Bruxelles, jusqu'au 25.08, Institut des sciences naturelles, mar > ven : 9h30-17h sam & dim : 10h-18h, 13 > 5€ (gratuit -3 ans) Sammlung Moderne Kunst in der Pinakothek der Moderne München
Staatsgemäldesammlungen -
Jules François Crahay

James Ensor. Maestro

Plus à une célébration près, 2024 marque le centenaire du surréalisme, les 150 ans de l’impressionnisme… et le 75e anniversaire de la mort de James Ensor ! Bozar rend ainsi hommage à l’immense artiste belge. Connu pour ses peintures de masques et de squelettes, ce précurseur de l’expressionnisme (et du surréalisme !) fut également écrivain et compositeur. Voici un portrait complet de l’Ostendais, présentant à la fois ses toiles, ses estampes et ses partitions.

Bruxelles, 29.02 > 23.06, Bozar, mar > dim : 10h-18h, 12 > 2€ (gratuit -6 ans), bozar.be

Banks Violette

Voilà un artiste rock’n’roll ! Fasciné par le heavy metal, ce New-Yorkais a puisé dans cette musique les motifs d’une œuvre dénonçant l’envers (ou l’enfer) du rêve américain. Souvent monumentales, composées de métaux, de miroirs ou de tubes fluorescents, ses installations évoquent la mort et la décomposition. Après une longue absence pour soigner ses addictions, le plasticien est honoré à Charleroi d’une première rétrospective européenne, réunissant une quarantaine de pièces historiques.

Charleroi, jusqu’au 05.05, BPS 22 mar > dim : 10h-18h, 6 > 3€ (gratuit – 12 ans) bps22.be

Les Enfants de la Piscine

Profitant de l’arrivée au musée des enfants impressionnistes du musée d’Orsay (voir page 76), la Piscine célèbre la jeunesse. Issues des collections roubaisiennes, ces œuvres témoignent de l’évolution du statut et des représentations de l’enfance, du xix e siècle à nos jours. Signés (entre autres) Félix Del Marle, Arthur Van Hecke ou Marcel Gromaire, ces trésors sortis des réserves montrent des nourrissons, des baptêmes ou des portraits de jeunes gens plutôt fringants.

Roubaix, jusqu‘au 26.05, La Piscine, mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h • sam & dim : 13h-18h, 11/9€ (grat. -18 ans), roubaix-lapiscine.com

Rémy Hans

C’est un bleu à nul autre pareil. Presque cyan, mais pas tout à fait. Il est aussi élégant que fragile, comme sur le point de s’estomper au premier regard, tel un ciel du Nord ou de Belgique. Cette couleur traverse les dessins de Rémy Hans, et lui offre toute leur singularité. Le lauréat du Prix du Hainaut des arts plastiques en 2020 investit le Musée des beaux-arts de Tournai et revisite l’œuvre de l'architecte Victor Horta à la faveur d’un accrochage empli de poésie et de symboles.

Tournai, jusqu’au 13.05, Musée des beaux-arts lun > sam : 9h30-12h & 14h-17h • dim : 14h-17h 4/3€ (gratuit -6 ans), mba.tournai.be

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Rémy Hans © Musée des beaux-arts de Tournai

PEINDRE

NATURE la

Paysages impressionnistes du musée d’Orsay 16 mars > 24 juin

Auguste Renoir, Pont du chemin de fer à Chatou, en 1881 Musée d’Orsay, Legs Gustave Caillebotte, 1894 © Photo : Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt Réalisation Service communication Ville de Tourcoing –mars 2024 Soutenu par
2024

CABARET DE CURIOSITÉS

Surface de réparation

Barbie sur le récif © Mathilde Mery

Le spectacle vivant peut-il réparer ce qui a été brisé ? C'est la vaste question posée par cette 11e édition du Cabaret de curiosités. Après avoir focalisé sur "les temps modestes" et les faillites du progrès, le festival initié par le Phénix de Valenciennes propose donc de rafistoler une planète qui déraille. Vaste chantier.

Qu'on se le dise : en mars, dans le Valenciennois, on refait le monde !

« Durant une semaine, nous créons une mini-communauté utopique », s'enthousiasme Romaric Daurier, le directeur du Phénix, qui peut s'appuyer sur des créations inédites (et largement régionales) pour ouvrir de nouveaux horizons artistiques et culturels. C'est par exemple Carine Goron qui, à travers Noue, met en scène des histoires d'amitiés féminines recueillies dans les Hauts-de-France, célébrant la sororité et « une parole invisibilisée sur les plateaux ».

Folie douce

Tandis que Nicolas Girard-Michelotti tente de déconstruire les fantasmes sur le grand amour, inculqués par le cinéma et les jouets Mattel ( Barbie sur le récif ), Philémon Vanorlé nous parle... de la mort. Plus précisément, il nous invite dans un drôle de cercueil. Pour cause, l'objet a été conçu pour recevoir un défunt aux jambes écartées, évoquant le manspreading, cette habitude prise par les "mâles dominants" dans les transports en commun. Au fil d'une conférence déjantée, il nous raconte les aventures suscitées par son œuvre. Enfin, histoire de resserrer les rangs, on rallie le Beste Cantate de Juliette Chevalier. Hommage jubilatoire au carnaval de Dunkerque, cette chorégraphie tout en perruques et paillettes renoue avec l'essence même de la fête. « Et il sera difficile de ne pas les rejoindre pour danser », prévient Romaric Daurier. Le monde peut bien attendre un peu... Julien Damien

Valenciennes & alentours, 12 > 15.03, Le Phénix & divers lieux 1 spectacle : 10 > 6€ • pass 1 j. : 28€ • pass 3 j. : 75€, lephenix.fr

Sélection / 13.03 : Philémon Vanorlé - L'échappée, Gaëlle Hermant & Ivan Viripaev - Danse "Delhi" 13 > 15.03 : Carine Goron - Noue, Igor Person & Esteban Fernandez - Dédale 14.03 : Cécile Morelle - La Trouée, Aurore Magnier - Je suis une sirène, Lucien Fradin - Portraits détaillés // 14 & 15.03 : Nicolas Girard-Michelotti - Barbie sur le récif... // 15.03 : Claudia Castellucci - Fisica dell’aspra comunione, Juliette Chevalier - Beste Cantate...

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théât re &d a n s e a

Cabaret de curiosités

La preuve par 3

Fisica dell’aspra comunione

(Claudia Castellucci / Cie Mòra)

Attention, événement : voici 15 ans que Claudia Castellucci n'était pas venue en France. Pour cette création, la sœur de Romeo s'est appuyée sur le Catalogue d’oiseaux du compositeur Olivier Messiaen, soit une partition pour piano inspirée par des chants de volatiles. En résulte une chorégraphie pour dix interprètes, traduisant toute la grâce de la nature.

Aulnoye-Aymeries, 15.03, Théâtre Léo Ferré 20h, 10/6€

Danse

"Delhi" (Gaëlle Hermant / Ivan Viripaev)

Dans la salle d'attente d'un hôpital, six personnes font successivement face à la perte d'un proche. Écrite en sept parties, comme autant de variations autour d'un même drame, la pièce ausculte notre rapport au deuil. Orchestrées par une musicienne, ces scènes oscillent entre les larmes et les rires, nouant des ponts invisibles entre la vie et la mort.

Valenciennes, 13.03, Le Phénix, 20h, 10/6€

La Trouée

(Cécile Morelle / Cie Le Compost)

À l'heure où le monde agricole s'embrase, ce road-trip rural tombe à pic. Dans ce one-woman-show, Cécile Morelle évoque ses origines paysannes et ce « désert culturel » où elle a poussé. Tour-à-tour tragique et comique, juchée sur un mont de terre ou fourche à la main, elle interroge la place des femmes dans les campagnes, la sienne, et finalement la nôtre.

Douchy-les-Mines, 14.03, L'Imaginaire 14h30 & 20h, 9/6€

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© Colin Guillemant © DR © Simon Gosselin

TRISTAN & ISOLDE

RICHARD WAGNER DU 13 AU 28 MARS 2024

Cornelius Meister Direction musicale

Tiago Rodrigues Mise en scène

opera-lille.fr Visuel : Alexis Jamet – Licences PLATESV-R-2021-000130 ; PLATESV-R-2021-000131 ;
OPÉRA
Wireless People © Barbara Buchmann-Cotterot

GUERRIÈRES

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Des femmes puissantes

En abordant des thématiques aussi cruciales que la culture du viol ou la liberté de disposer de son corps, la quatrième édition de Guerrières ! s'annonce comme un temps fort de la saison de Mars (Mons arts de la scène). D’ailleurs, ce festival féministe prend de l’ampleur, avec une quinzaine de lectures, des performances et des concerts. Indispensable !

Les habitués de Mars s’en souviennent encore. Programmé l’an passé au Manège, Rage, d’Émilienne Flagothier, s’était mué en expérience cathartique pour des dizaines de femmes, qui évacuaient avec l’interprète toutes les agressions subies au quotidien dans un final façon Kill Bill. « Chaque année il y a une proposition un peu choc, et libératrice », observe Bérengère Deroux. Mais la programmatrice et instigatrice de Guerrières ! tient à éclaircir son intention avec ce festival à la programmation 100% féminine : « Je ne cherche pas spécifiquement des œuvres féministes. La sélection est une vitrine de ce qui préoccupe les femmes aujourd’hui. »

Intimité publique

Aux pièces de groupes des éditions précédentes succèdent un grand nombre de seules-en-scène, avec des artistes qui portent au plateau leur propre histoire. Associée à la soirée d’ouverture, Amandine Naval, comédienne et ancienne strip-teaseuse, dresse la playlist de sa vie dans la création album, pour mieux s’affranchir des mécanismes de la séduction. À travers son premier projet, Jessica Fanhan revisite ses racines et propose, avec Belle dame, un conte initiatique d’où surgissent des rituels vaudous. Et puisque l’incontournable Zaho de Sagazan affiche complet, on compense avantageusement avec les percussions et polyphonies de La Mòssa, soit quatre guerrières prêtes à secouer les stéréotypes ! Marine Durand

Mons, 17 > 28.03, Théâtre le Manège & Maison Folie, un spectacle : 12€ > gratuit, surmars.be

Sélection / 17 & 18.03 : Chloé Larrère – Allô Ménie, Amandine Laval – album...

19.03 : Mina Kavani – I’m Deranged, La Mòssa // 20.03 : Zaho de Sagazan // 21.03 : Théâtre CreaNova - Classement sans suite // 23.03 : Lila Magnin – AZAD... // 25.03 : Consolate – Icirori 25 & 26.03 : Jessica Fanhan – Belle dame // 27.03 : Pascale Seys et Valérie Bauchau – Virginia Woolf, écrire dans la guerre // 27 & 28.03 : Maïa Blondeau & Greta Fjellman - Wireless People 28.03 : Ni les femmes, ni la terre ne sont des territoires de conquête

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La preuve par 3 Guerrières !

I’m Deranged (Mina Kavani)

Remarquée cet été au festival d’Avignon, cette actrice iranienne a fui la dictature puis s’est retrouvée interdite de séjour dans son pays, après être apparue sans voile et dénudée dans un film tourné en France. Dans son monologue musical, Mina Kavani raconte la douleur de l’exil et de cette vie en suspens.

Mons, 19.03, Maison Folie, 21h, 12/10€

Icirori (Consolate)

En langue kirundi, Icirori signifie « regarder son histoire en face ». Consolate, elle, n’a découvert la sienne qu’à 18 ans... Après le massacre de ses parents au Burundi alors qu’elle n’était qu’une fillette, elle a été adoptée illégalement en Belgique. Ouvrant une réflexion sur ce sujet douloureux, la comédienne s’installe près du public, et demande réparation…

Mons, 25.03, Théâtre le Manège, 19h, 12/10€

Classement sans suite (Théâtre CreaNova)

Sans doute plus classique dans sa forme que le reste de la programmation, cette pièce n’en reste pas moins importante. Des confidences à l’entourage, des dépôts de plainte au commissariat, Classement sans suite montre le parcours du combattant des victimes de violences sexuelles. Un spectacle saisissant, lauréat du label Impact (un prix "d’utilité publique") en Belgique.

Mons, 21 .03, Maison Folie, 13h30 & 20h, 12/10€ © DR

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© Laura Severi © DR

Directeur : David Michels

Théâtre Royal des Galeries

Jean-Noël Fenwick

Avec Audrey D’hulster, Alexis Goslain, Catherine Decrolier, Frédéric Nyssen, Benoît Van Dorslaer et Marc De Roy.

Mise en scène : Cécile Florin

Costumes : Béatrice Guilleaume

Lumières : Laurent Comiant

Du 13 mars au 7 avril 2024

En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge
 www.trg.be 02 512
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TRISTAN ET ISOLDE

L'amour en toutes lettres

Pour ses grands débuts lyriques, Tiago Rodrigues s'attaque au Tristan et Isolde de Wagner, son opéra préféré. Mais c'est à travers l'écriture qu'il s'empare de cette œuvre, remplaçant le dispositif de surtitrage du livret par son propre texte. Le dramaturge portugais offre ainsi sa propre vision d'un sommet du romantisme.

Nous découvrons une immense salle d'archives, disposée sur trois niveaux et formant un hémicycle. En silence, deux danseurs aux mains gantées extraient des rayonnages exactement 947 pancartes. On y lit, pêlemêle : "Quel est son secret ? "... "Pourquoi n'est-il pas venu ?"... "La femme triste est une sorcière ?"... À travers cette mise en scène audacieuse, Tiago Rodrigues a donc remplacé le surtitrage des paroles en allemand par un texte de sa composition, présenté en français sur des panneaux rectangulaires. Il s'agit de « mettre au jour le monde invisible que nous dévoile le chant », selon le Portugais. Et, accessoirement, « d'assister à un opéra sans lever la tête pour lire les surtitres ». Les phrases glissent dans les interstices de la musique, et font jaillir les jeux de l’inconscient amoureux, comme un palimpseste superposé sur l'œuvre originale. L’orchestre, cet autre personnage, évoque le désespoir, la rage, le désir ou l’ivresse mais le texte n'altère pas la partition. Il en renforce plutôt l’expressivité, au plus près de la psychologie des amants maudits. En réunissant récit, musique et chant, Tiago Rodrigues offre ainsi une lecture contemporaine à cet opéra-monument. Fatma Alilate

Lille, 13 > 28.03, Opéra, 18h (sf dim : 16h), 75 > 5€, opera-lille.fr

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© Jean-Louis Fernandez

Centre

charleroi -danse .be

chorégraphique Wallonie Bruxelles

Glenn, naissance d’un prodige

Après Venise n’est pas en Italie ou La Dégustation, qu’il a lui-même adaptées au cinéma, Ivan Calbérac se consacre au Canadien Glenn Gould. Enfant virtuose poussé à l'excès par une mère qui se rêvait concertiste, l’artiste célèbre pour son interprétation des Variations de Goldberg de Bach est au sommet de sa gloire lorsqu’il se retire de la scène, à 32 ans. Fidèle à la vie et la sensibilité du pianiste (qui souffrait du syndrome d'Asperger), cette pièce récompensée par deux Molières le dépeint dans toute sa complexité, entre humour et tragédie. La mise en scène enchaîne les époques dans un décor digne d’un tableau de Hopper. Clémence Ménart

Douai, 11.03, Théâtre municipal, 20h30, 44 > 8€ // Bruxelles, 13 &14.03, Wolubilis, complet !

Les Palmes de M. Schutz

Paris, fin du xix e siècle. Directeur de l'École supérieure de physique et de chimie, M. Schutz rêve des Palmes académiques. Frustré par le manque de résultats, il embauche une jeune Polonaise du nom de Marie Skłodowska, qu’il impose à un certain Pierre Curie. Et leur rencontre fera des étincelles… Créée en 1989, cette comédie de Jean-Noël Fenwick s’inspire (très) librement de la vie du couple de scientifiques. En voici une mise en scène tendre et… explosive ! C.M.

Bruxelles, 13.03 > 07.04, Théâtre Royal des Galeries, mar > sam : 20h15 (mat. : 15h), 29>10€, trg.be

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© DR
© Fabienne Rappeneau
WWW.LAROSE.FR SPECTACLES CINÉMA 03 20 61 96 96 02 › 07 avril 2024 PREMIÈRE ÉDITION VILLENEUVE D’ASCQ L-R-21-14539 / L-R-21-14545 / L-R-21-14546 design graphique les produits de l’épicerie / lille

PIERRE RICHARD

Le distrayant

Pierre Richard, éternel distrait du cinéma ? Rien ne serait plus faux, à en croire l’intéressé, qui tente de nous le prouver dans Je suis là mais je ne suis pas là !, seul-en-scène dont il a le secret. Se retourner sur son passé, le quasi-nonagénaire l’a déjà fait, dans des spectacles mêlant rire et émotion, souvenirs et anecdotes. Mais Dieu sait qu’il en possède encore… Quelles vies ! Au pluriel, évidemment. À bientôt 90 ans, ce kiné de formation a décliné un rôle de danseur pour Maurice Béjart, beaucoup traîné avec Moustaki, composé l’un des plus fameux duos comiques du cinéma français (avec Gérard Depardieu) et, on l’oublie parfois, excellé dans quelques drames (citons En attendant le déluge, 2004). Il fut souvent présenté en éternel distrait – titre d’un de ses films, d’ailleurs. Mais voilà, l’intéressé refuse ce qualificatif. Un grand dadais dégingandé, malchanceux, maladroit et attendrissant, certes, qui glissera parfois un peu d’acidité et de critique sociale (Le Jouet). Mais distrait, non. C’est tout l’enjeu de cette nouvelle collaboration avec l’auteur et metteur en scène Christophe Duthuron. Depuis Détournement de mémoires (2003), suivi de Franchise postale (2009) et Pierre Richard III (2012), le tandem creuse la drôle d’existence d’un grand bourgeois que rien ne prédestinait à devenir un personnage du septième art. C’est cette vie, et ce malentendu sur une prétendue distraction, que Pierre Richard revisite, en toute légèreté, à l’image de cette carrière de "funamburlesque". Thibaut Allemand

Mouscron, 11.03, C. Marius Staquet, 20h, 45/42€ // Roubaix, 12.03, Le Colisée, 20h, 39 > 15€ Caudry, 13.03, Théâtre de Caudry, complet ! // La Louvière, 31.03, Théâtre, 18h, 40 > 8€

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© Anne Gayan

Olympicorama

Et si on révisait un peu avant les JO ? Dans une hilarante série de conférences-spectacles, Frédéric Ferrer ausculte une quinzaine d’épreuves olympiques. Après le saut en hauteur ou le lancer du disque, il s’attaque au handball (ici, à Villeneuve d’Ascq, où se déroulera la phase finale du tournoi). Entre Powerpoint brindezingue et analyses scientifiques alambiquées, ce professeur zélé se retrouve vite débordé par ses propres explications, si précises qu’elles basculent immanquablement dans l’absurde. Pas sûr qu’on saisisse tous les secrets de la roucoulette ou du chabala. Mais les zygomatiques, eux, s’en retrouvent fichtrement renforcés ! J.D.

Villeneuve d’Ascq, 25 > 28.03

Salle Masqueliez, lun & jeu : 19h mar & mer : 20h, 21 > 6€, larose.fr

Shelly Shonk Fiffit

C’est une performance cosmique. Pour cause, Benjamin Abel Meirhaeghe tente ici de sonder les mystères de l’univers… à travers la musique électronique. Sous une structure évoquant le télescope spatial James Webb, lancé en 2021 pour percer l’origine du cosmos, les interprètes s’abandonnent à l’extase, sur une bande-son hypnotique. Leur chorégraphie de gestes faussement improvisés traduit tout le désir d’élévation de l’être humain. J.D.

Douai, 27.03, Hippodrome, 20h30, 25/14€ tandem-arrasdouai.eu

Bruxelles, 30.03, KVS, 20h, 25 > 15€, kvs.be

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© Fred Debrock Untitled (Some faggy gestures) © DR

LE GRAND BAIN En corps et encore

C'est l'un des grands rendez-vous de la danse contemporaine dans les Hauts-de-France. Pour sa onzième édition, le Grand Bain se déploie dans 15 communes de la région, de Dunkerque à Amiens, proposant une trentaine de spectacles issus des quatre coins du globe. Mais au-delà des chiffres, ce festival créé par le Gymnase de Roubaix est surtout affaire de partage, et d'émotion.

Le Grand Bain repose sur une parfaite alliance, entre illustres chorégraphes (Maguy Marin, Boris Charmatz, Anne Teresa De Keersmaeker) et artistes en pleine ascension. Aucun thème n'est ici imposé. Toutefois, un fil conducteur se dégage de ce cru 2024. « On distingue des grandes formes avec beaucoup d'interprètes sur le plateau », remarque Laurent Meheust, le directeur du Gymnase. À rebours de l'image élitiste que véhicule parfois la danse contemporaine, ces créations nous invitent ainsi « à faire corps commun », car cet art « est avant tout celui de la convergence ». Entre les disciplines, mais aussi les cultures.

L'essence de la fête

The House of Trouble, de Patricia Apergi, offre une bonne illustration de cet état d'esprit. Dans cette « explosive party », la chorégraphe grecque met en scène ces danses de rue symbolisant une résistance face à l'oppression, dès les années 1980, du krump au voguing. Sur une bande-son electro, la pièce célèbre la diversité et la culture club, lors d'une vibrante ode à l'humanité. Dans le même registre, on ne manquera pas non plus Via Injabulo. Au fil de ce diptyque endiablé, Amala Dianor et Marco da Silva Ferreira conjuguent hip-hop, pantsula et chants zoulous. En somme, une grande fête comme un hymne à la joie... qu'on prolongera en after, évidemment. Julien Damien

Hauts-de-France, 19.03 > 12.04, divers lieux 1 spectacle : 26 > 5€ • Carnet à partager : 5€/place (dès 10 places), gymnase-cdcn.com

Sélection / 19, 22 & 28.03 : Silvia Gribaudi - Grand jeté // 20.03 : Thomas Lebrun - Sous les fleurs 23.03 : Christos Papadopoulous - Larsen C... // 27 & 28.03 : Pina Bausch & Boris Charmatz - Club amour // 29 & 30.03 : Patricia Apergi - The House of Trouble // 30 & 31.03 : Alessandro Sciarroni - Save the Last Dance For Me // 03.04 : Kaori Ito - Waré Mono... // 04 & 06.04 : Amala Dianor, Marco da Silva Ferreira, Via Katlehong - Via Injabulo // 05 & 06.04 : Anne Teresa De Keersmaeker, Meskerem Mees, Jean-Marie Aerts & Carlos Garbin - Exit Above 09.04 : Maguy Marin - Deux mille vingt trois...

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Le Grand Bain

La preuve par 3

Grand jeté (Silvia Gribaudi)

Le grand jeté est une figure phare du ballet classique, consistant à sauter dans les airs en réalisant le grand écart. C'est aussi une belle allégorie de la vie, un élan vers l'inconnu, sans savoir si l'on va bien atterrir... Dans cette pièce clownesque, Silvia Gribaudi détourne ce geste ô combien symbolique, et nous rappelle que tout ce qui s'élève finit par retomber !

Dunkerque, 19.03, Le Bateau Feu, 20h, 10€ Valenciennes, 22.03, Le Phénix, 20h, 25 > 5€ Creil, 28.03, La Faïencerie, 20h, 20/15€

Deux mille vingt trois (Maguy Marin)

Le travail de Maguy Marin est profondément engagé. Dans sa nouvelle création, la Toulousaine dénonce frontalement l'emprise de l'argent sur le monde. Ici, elle fait danser les corps comme les noms, citant explicitement une foule de puissants (politiciens, chefs d'entreprise) qu'elle juge hérauts d’un « capitalisme perfide », tandis que des billets de banque défilent en fond de scène.

Roubaix, 09.04, La Condition Publique 20h, 10/5€

Exit Above (Anne Teresa De Keersmaeker)

Anne Teresa De Keersmaeker s'inspire de la figure du bluesman Robert Johnson pour retracer l'histoire des musiques qui nous font avancer – les fameuses "walking songs". Au fil de cette chorégraphie, la marche des interprètes s'enrichit de nouveaux pas empruntés au hip-hop ou à la house, établissant un dialogue subtil entre la musique et les corps.

Lille, 05 & 06.04, Opéra, ven : 20h • sam : 18h, 24 > 5€

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© Anne Van Aerschot © Andrea Macchia © Tim Douet
LE GRAND BLEU Design : Les produits de l’épiceriePhoto : Charly DesoubryLicences de spectacles : L-R-20-1977 / L-R-20-1978 / L-R-20-1979 Théâtre • Danse • Concert participatif rock et fitness Match-spectacle • Expo • Ateliers • After Show - DJ Set legrandbleu.com 03 20 09 88 44 36 avenue Marx Dormoy - Lille Scène Conventionnée d'Intérêt National Art, Enfance et Jeunesse YOUTH5—26AVRILISGREATFESTIVAL#9 2024

FESTIVAL LEGS La danse en héritage

Dix jours pour se jeter à corps perdu dans l’œuvre de grands chorégraphes et découvrir des trésors de la danse contemporaine. Avec Legs, Charleroi danse fait dialoguer la discipline avec sa propre histoire. Mieux qu’une séance de rattrapage, un moment pour célébrer le répertoire d’un art en perpétuel mouvement.

Un geste ne sort jamais de nulle part. Un ballet se nourrit de rituels et de folklores tandis qu'un solo, dix ans après sa création, peut muter au contact de pièces contemporaines. Ceci constitue un riche héritage à explorer pour le festival Legs. Parmi cette dizaine de spectacles conjuguant présent et passé, citons VéNus ReMix#2. Dans cette œuvre présentée il y a 15 ans à la Biennale de Charleroi danse, le Belge Jean-Luc Ducourt décortique les archétypes du ballet classique. Après Maxime Bruys, c’est à la jeune Manon Kolanowski, juchée sur pointes, qu’il a confié l’interprétation, dessinant un idéal féminin proche des divinités gréco-romaines. De son côté, Mette Ingvartsen a choisi de tourner elle-même les pages de sa carrière. La Danoise s’offre avec Rush une rétrospective avec une seule interprète, Manon Santkin. Mais ce cru 2024 ne se contente pas de "petites" formes. Madeleine Fournier, férue de danses populaires, place six danseurs et deux musiciens sur le plateau pour livrer sa version des branles, ces rondes moyenâgeuses. Sur scène, les corps réactivent les gestes d'hier dans une transe érotique : eh oui, l’artiste a baptisé le spectacle Branle, assumant totalement la polysémie... Marine Durand

Bruxelles, 20 > 30.03, La Raffinerie, 1 spectacle : 10 > 5€, charleroi-danse.be Sélection / 20.03 : Jonas&Lander - Bate Fado // 22 & 23.03 : Alireza Mirmohammadi - Lullaby, JeanLuc Ducourt - VéNus ReMix#2, Madeleine Fournier - Branle // 27 & 28.03 : Mette Ingvartsen - Rush 28 & 30.03 : Didier Ediho - Tshota // 30.03 : Taoufiq Izeddiou - Hmadcha, Alain Buffard - Good Boy

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Rush © Bea Borgers Branle © Tamara Seilman

FESTIVAL DANSE

Hautsde-France

19 MARS 12 AVRIL 2024

+33 (0)3 20 20 70 30 gymnase-cdcn.com

LA BEAUTÉ DU GESTE

La danse dans tous ses éclats

C’est un phénomène immuable dans le calendrier : à la fin du mois de mars, le bassin minier du Pas-de-Calais a toujours… bonne mine. Est-ce dû à l’arrivée du printemps ? Un peu, mais surtout à ce festival porté par Culture commune, qui durant dix jours célèbre la danse sous toutes ses formes. Pour la beauté du geste bien sûr, mais pas seulement…

C’est vrai, la danse réchauffe, rassemble, réveille les émotions et les corps. Parfois, elle traduit aussi ce que les mots ne peuvent exprimer. À Sallaumines par exemple, avec Ma Part d’ombre, le Maubeugeois Sofiane Chalal utilise son corps hors-normes (ou « gros », comme il le dit lui-même) pour déconstruire les clichés physiques du danseur. Entre mime, théâtre et hip-hop, il bouleverse (dans tous les sens du terme) le regard que l’on porte sur soi et les autres. En parlant de mélange et d'ouverture, la compagnie Sine Qua Non Art se pose aussi là. Au 9-9 bis de Oignies, elle nous plonge avec Yūrei dans un monde fantasmagorique. Sur fond de sonorités electro et de beatbox, deux interprètes couverts de miroirs, s'animent tels des fantômes en armure lumineuse pour rendre l’invisible tangible… Aurore Floreancig révèle enfin une autre hybridation. Pour cause, son Game Over appréhende le sport comme une véritable chorégraphie. La pièce met en scène dix boxeurs et dix danseurs amateurs de la région, sur des sons recueillis dans des salles de fitness, histoire de célébrer… la beauté du geste. Marine Durand

Loos-en-Gohelle, Oignies, Sallaumines, Lens & Hénin-Beaumont, 22 > 31.03, divers lieux 1 spectacle : 5 €, culturecommune.fr

Sélection / 22.03 : Sine Qua Non Art – Yūrei, Omar EK // 23.03 : YoNsK - Bébé, Visites dansées dans la Galerie du Temps avec Aziz El Youssoufi // 24.03 : Cie Chaabane – Ma Part d’ombre, Ambra Senatore & CCN de Nantes – In Comune // 26.03 : Aurore Floreancig – Les Déviations // 28.03 : Fouad Boussouf - Näss (les gens) // 29.03 : La Piste à dansoire // 31.03 : Aurore Floreancig – Game Over

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Yūrei © Lucie Gagneux

GIVE IT TO THE SKY

SHELLY

27 MARS

| 09 71 00 5678 | tandem-arrasdouai. eu
Performance
© Fred Debrock © Aude Pelhatre Musique
12 & 13 MARS
Douai Hippodrome
Arthur Russell . Ensemble O
Douai Hippodrome
SHONK FIFFIT Benjamin Abel Meirhaeghe
Lames
© Humphrey

YOUTH IS GREAT Va y avoir du sport !

C'est l'un des (trop) rares festivals du territoire destiné aux adolescents. Youth is Great, festival « pour les jeunes d’aujourd’hui qui feront le monde de demain », est de retour avec une 9e édition. Soit six propositions scéniques pour rêver, vibrer, crier et, année olympique oblige, se retrouver autour de la ferveur du sport. On enfile les baskets ?

En une petite décennie, Grégory Vandaële, le directeur du Grand Bleu à Lille, a vu les spectacles jeune public fleurir dans les programmations. Une très bonne nouvelle pour celui qui revendique de parler aux pré-ados autant qu’aux ados. « Les artistes sont de plus en plus sensibles à l’adresse à la jeunesse. On a l’embarras du choix, et cela nous permet de creuser des thématiques », se réjouit-il. Après avoir sondé des sujets forts comme l’identité et les questions de genre, Youth is Great s'intéresse au sport et ses valeurs (respect, persévérance, esprit d’équipe) sans éluder les problématiques sociétales qui émergent, comme la lutte contre le patriarcat.

On transpire

Présenté en ouverture de YIG, le match-spectacle Starting-Block , de la collective Ces Filles-là, redonne aux femmes toute la place qu’elles méritent en retraçant l’histoire de sportives « qui ont osé, et osent encore ». Ancienne patineuse, Kristel Largis-Diaz retrouve de son côté le frisson de la glace avec la pièce Lames, montrant la pression des parents ou l’emprise d’un coach sur une jeune athlète de haut niveau. Plus festif, Baraqué de Maxence Doussot mise plutôt sur le collectif. Où l'on transpire ensemble pendant un « concert fitness » durant lequel la pop-rock remplace la bande-son cheesy des salles de sport. Allez, on lève les bras bien haut ! Marine Durand

Lille, 05 > 26.04, Le Grand Bleu, le Grand Sud & divers lieux, 1 spectacle : 13/5€, legrandbleu.com

Sélection / 05.04 : Collective Ces Filles-là - Starting-Block // 06.04 : Via Katlehong, Amala Dianor & Marco da Silva Ferreira - Via Injabulo // 10 & 13.04 : Hervé Walbecq & Pierre GuilloisLe Voleur d’animaux // 11 & 12.04 : Kristel Largis-Diaz et La Vague régulière - Lames 16.04 : Cie Loba & Cie La Grive - Soli Mania // 19.04 : Maxence Doussot & L’Ours à pied - Baraqué

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théât re &d a n s e
a

La preuve par 3 Youth is Great

Via Injabulo (Via Katlehong)

Représentant la culture des townships d’Afrique du Sud, les huit danseurs de Via Katlehong portent haut les couleurs du pantsula, une danse contestataire proche du breakdance. Pour ces deux ballets réunis sous le nom Via Injabulo, la compagnie s’est associée aux chorégraphes Amala Dianor et Marco da Silva Ferreira, traduisant avec énergie l’assignation et l’émancipation.

Lille, 06.04, Le Grand Sud, 20h, complet !

Soli Mania

(Cie Loba & Cie La Grive)

D’un côté, Clémentine Maubon et Bastien Lefèvre (Cie La Grive). De l’autre, Annabelle Sergent et Christophe Gravouil (Cie Loba). Ils ne pratiquent pas la même discipline, (danse pour les premiers, théâtre pour les seconds), mais unissent leurs talents pour cette « pièce pour gymnase », où chacun convoque la figure d’un grand athlète qui l’a inspiré.

Lille, 16.04, Salle Micheline Ostermeyer 14h30 & 19h, 13 > 5€

Le Voleur d’animaux (Hervé Walbecq & Pierre Guillois)

© Cie Le Fils du grand réseau

Ne cherchez pas le lien avec le sport, il n’y en a pas ! « Mais Pierre Guillois est un grand metteur en scène, et je ne pouvais pas laisser passer ce spectacle », explique Grégory Vandaële. En l'occurrence, il retrace le parcours d'un "cancre", qui a trouvé son salut dans le théâtre, la poésie et l’amour des animaux.

Lille, 10 & 13.04, le Grand Bleu, 19h, 13 > 5€

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© Franck Couvreur © Timothée Maubon
balletdunord.fr Centre Chorégraphique National Roubaix Hauts-de-France photo © Christian Audiau | Licences PLATESV-R-2021-003066 & PLATESV-R-2021-003067 | ME 27.03 10:00 Roubaix - Conservatoire le pays de la grande fabrique de mots CIE HOCCO MURIEL MERLIN VIDIL & SYLVIE ESTRABAUT spectacle jeune public + atelier

Okhty ("Ma sœur" en arabe)

(Lina & Sarah Baraka / Collectif Mues)

Lina et Sarah Baraka sont jumelles. Elles ont grandi dans une famille franco-algérienne, d'un père qui ne trouvait pas sa place en France et d'une mère traumatisée par l'Algérie, tout cela au cœur d'une société discriminante. Au fil de ce spectacle nourri de récits autobiographiques et de vidéos de leur enfance, elles remontent le fil de leur histoire pour mieux la réinvestir. Ou comment détricoter le passé pour mieux envisager le présent, et l'avenir.

Armentières, 12 & 13.03, Le Vivat, 20h, 21 > 2€ Loos-en-Gohelle, 15 & 16.03, La Fabrique Théâtrale, 20h, 10 > 3€ Villeneuve d'Ascq, 22.03, La Ferme d'en Haut, 20h30, gratuit

Plutôt vomir que faillir

(R. Chaillon / Cie Dans le ventre)

Rébecca Chaillon nous replonge dans l'adolescence, avec toutes ses bizarreries : boutons et poils qui poussent, corps qui se métamorphose... Cet âge est aussi celui de la révolte, pour devenir soi-même, quitte à tout envoyer valser ! Voici le sujet de cette pièce pour quatre interprètes. Au sein d'un décor évoquant une grande cantine, dans une assiette géante, ceux-ci refusent d'avaler la vie que leur servent les adultes, pour trouver leur propre recette existentielle.

Lille, 12 & 13.03, Le Grand Bleu, mar : 20h • mer : 19h, 16 > 8€, larose.fr // Bruxelles 19 > 23.03, Théâtre national, complet ! Valenciennes, 03.04, Le Phénix, 19h, 25 > 5€

L'Abolition des privilèges (H. Duchêne / Cie Le Royal Velours)

Après Je m’en vais mais l’État demeure , spectacle fleuve sur le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, Hugues Duchêne revient sur un acte fondateur de notre république. Celui-ci fut décidé par la toute jeune Assemblée nationale le 4 août 1789. Dans un État en déficit, où les plus riches échappent à l'impôt, les députés votent l'abolition des privilèges (de la noblesse, du clergé...). Au sein d'un espace quadri-frontal, un acteur-narrateur livre une vivifiante leçon d'histoire.

Villeneuve d'Ascq, 14 > 16.03, Salle Masqueliez, jeu : 19h • ven : 20h • sam : 18h 21 > 8€, larose.fr

Anthologie ou presque ! (Les Sea Girls)

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas les Sea Girls, voici une parfaite entrée en matière. Et pour les autres, c'est l'occasion de revivre le meilleur de leur répertoire ! Dans cette anthologie, le délirant trio de chanteuses navigue de la samba au cha-cha-cha, au fil de paroles absurdes ou sarcastiques (« oublions un peu la guerre, c'est pas 100 000 réfugiés qui vont gâcher la soirée »). Lors de ce cabaret bien barré, elles nous rappellent surtout qu'« un peu d'humour, c'est ça la vie ».

Calais, 15.03, Centre culturel Gérard Philipe, 20h30, 12 > 6 €, spectacle-gtgp.calais.fr

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© Eva Tralala

Radio Maniok (Cirquons Flex)

Créée en 2007 à la Réunion, la compagnie Cirquons Flex porte haut les couleurs de son île. Dans son nouveau spectacle, elle interroge les notions d'autosuffisance et de solidarité, en s'appuyant sur un fait historique : durant la Seconde Guerre mondiale, la Réunion fut coupée du monde, car aucun bateau ne vint la ravitailler. Comment s'en sortir ? En comptant les uns sur les autres. Dans leur mini-chapiteau, ces circassiens mêlent acrobaties, musique et dessinent une autonomie heureuse...

Lille, 15 & 16.03, Le Grand Sud, ven : 20h • sam : 19h, 15 > 5€, leprato.fr

Back to Reality

(Catherine Hargreaves & Adèle Gascuel / Cie Les 7 sœurs)

C'est l'histoire de trois sœurs dont l’ainée, Rachel, est trisomique. Durant des années, Rebecca, la cadette, l'a filmée pour réaliser un documentaire, mais a perdu l'enregistrement. La benjamine, Catherine, a récupéré les vidéos brutes, qui nourrissent aujourd'hui la matière de ce spectacle. Entre images d'archives et récit intime, Back to Reality interroge avec tendresse et humour notre relation aux personnes handicapées, et leur place dans la société.

Armentières, 16.03, Le Vivat, 20h, 21 > 2€ levivat.net

Boule à neige

(Mohamed El Khatib & P. Boucheron)

Qu’il mette en scène une femme de ménage ou des supporteurs du RC Lens, Mohamed El Khatib éreinte les clichés en se frottant au réel. Dans cette nouvelle pièce, il s’associe à l’historien Patrick Boucheron pour agiter la boule à neige comme jamais. Le duo a réuni des témoignages de collectionneurs à travers le monde pour nourrir un récit inédit. Cet objet populaire s’appréhende ici comme un théâtre miniature, où il sera question de monde sous cloche, de valeurs, du bon et du mauvais goût.

Lens, 18 & 19.03, Louvre-Lens (avec le Tandem Arras-Douai), mar : 19h30 • mer : 20h30, 14 > 5€

Usure (Brahim Bouchelaghem / Cie Zahrbat)

C'est sûr, on n'a pas tous les jours 20 ans ! Brahim Bouchelaghem, lui, en a plus de 50 aujourd'hui, mais le chorégraphe roubaisien conserve une créativité intacte. Ici, il interroge la notion d'usure, et nous prouve qu'elle peut être bénéfique. Il met en scène sept interprètes, qui tous ont subi une intervention (cheville, poignet...). Mais chacun s'adapte à l'évolution de son corps, pour donner naissance à d'autres mouvements et repousser ses limites. Une belle leçon de vie.

Calais, 20.03, Grand Théâtre, 20h30, 18 > 9€, spectacle-gtgp.calais.fr

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© Romain Philippon

OUT OF HOME COMMUNICATION

Urban Posting

Display Racks

Visitor Information

Cultural Spots

Hotels, Bars & Restaurants

Universities

Libraries

Bicycle parkings

Bus Stops

Indoor Posting

Banners on Street Lamps

Amusement Parks

En mars à La Condition Publique

07.03 JMSN concert 09.03 MERYL concert/hip hop/dance hall

15.03

Soirée Labo 148 / Pas.Sages

17.03 AVATAR concert/metal

20.03

Inauguration œuvre Flora Moscovici Fête du Printemps

Sous les fleurs spectacle+ after party

22.03

La Grande Nymphe spectacle + after party

29.03

The House of Trouble spectacle + after party

LA CONDITION PUBLIQUE .COM

Nuit d'octobre

Alma (Fabrice Murgia & Peggy Lee Cooper)

Et si Faust demeurait la figure contemporaine par excellence ? À l'heure où la célébrité et l'image valent plus que tout, Fabrice Murgia et la drag queen Peggy Lee Cooper transposent le mythe séculaire dans notre époque troublée. Le rideau s’ouvre sur la finale d’une émission de télé-réalité. La candidate Alma, sur le point de perdre, fait appel au diable. Grâce à son aide, elle atteindra des sommets... mais à quel prix ? Nous le découvrirons dans cette comédie musicale jubilatoire.

La Louvière, 21 & 22.03, Théâtre, 20h, 18 > 8 €, cestcentral.be Bruxelles, 26 > 30.03, Théâtre national, mar, jeu & ven : 20h15 mer & sam : 19h15, 21 > 7€, theatrenational.be

(Myriam Boudenia & Louise Vignaud / Cie La Résolue)

Nos livres d’histoire regorgent d’anecdotes sur la guerre froide ou la construction de l’Europe. Mais sur le massacre du 17 octobre 1961, à Paris ? Pas grand-chose... Ce jour-là, les Algériens de banlieue défilent pour protester contre un couvre-feu imposé par le préfet Papon. La manifestation sera réprimée dans le sang... Louise Vignaud et Myriam Boudenia comblent ce manque avec un spectacle mêlant fiction et réalité, faisant du théâtre un lieu de mémoire.

Dunkerque, 22.03, Le Bateau Feu 20h, 10€, lebateaufeu.com

Le Pays de la grande fabrique de mots (M. Merlin Vidil & Sylvie Estrabaut / Cie Hocco)

Adapté du livre jeunesse d’Agnès de Lestrade, ce spectacle nous emmène dans un drôle de pays. Pour cause, ici les gens ne parlent presque pas, car il faut acheter les mots et ensuite les avaler pour les prononcer. Dans ce monde, comment Philéas pourra-t-il avouer son amour à Cybelle ? Il n'a pas beaucoup d'argent, et tant de choses à lui dire... Sur scène, au milieu d'un décor parsemé d'objets, une danseuse donne littéralement corps au langage, livrant une ode à la magie de l'écrit.

Roubaix, 26 & 27.03, Conservatoire, mar : 10h & 14h30 • mer : 10h, 10 > 5€, balletdunord.fr

Maison de poupée (Henrik Ibsen / Yngvild Aspeli & Paola Rizza)

Connue pour ses spectacles peuplés de marionnettes à taille humaine et hyperréalistes, Yngvild Aspeli s'attaque à la Maison de poupée d'Henrik Ibsen. Et ça n'a rien d'illogique, tant il est ici question d'illusion, de manipulation. Soit l'histoire de Nora, qui prend conscience des faux-semblants sur lesquels reposent son mariage et sa vie. Sur scène, la marionnettiste norvégienne anime tout un monde de pantins, mais aussi de grosses araignées, tirant les fils d'une pièce spectaculaire.

Dunkerque, 28 & 29.03, Le Bateau Feu, jeu : 19h • ven : 20h, 10€, lebateaufeu.com

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© Cici Olsson

L’ENFANCE DES ARTS 2024

Spectacles au Boulon pour les jeunes (et moins jeunes) générations du 20 mars au 08 avril leboulon.fr

levivat.net I 03 20 77 18 77 I Place Saint Vaast, Armentières « UNE TRAVERSÉE DE L’INTIME » THÉÂTRE I CRÉATION MAR. 12 + MER. 13 MARS I 20H I LE VIVAT OKHTY (MA SŒUR EN ARABE) Lina et Sarah Baraka I Collectif MUES
la
toute
saison du Boulon sur leboulon.fr
ARTS

THE

DOGGO

JAMAIS

BENJAMIN

BETHUNE
Artwork © L’astrolab* -Photo © Good Faces, UnsplashLicences 1-001911 / 2-001912 / 3-001913 23 I 24
THEA TRE
AMY WINEHOUSE BAND
(dernières places)
/ ELLIE JAMES • AVE CÉSAR !
/ JAVIER ARANDA • ISLANDS / CAROLYN CARLSON
VIDA
CONTENTS - UN SPECTACLE CARRÉMENT SOUCHON / BEN RICOUR, CHEVEU & FRANÇOIS GUERNIER
TRANIÉ • ZAZIE (complet)
SYLLA (complet) • BELLES DE NUIT THÉÂTRE MUNICIPAL DE BÉTHUNE Boulevard Victor Hugo F - 62400 Béthune Renseignements et réservations 03 21 54 97 40 - theatre-bethune.fr Billetterie : application B-Tick
AHMED
21.02 > 21.07 2024 @FineArtsBelgium fine-arts-museum.be Image: Marion Adnams, A Candle of Understanding in Thine Heart (1964), (RAW) Rediscovering Art by Women © Marion Adnams | All rights reserved, 2024 R.E.: Sara Lammens, rue du Musée | Museumstraat 9, 1000 Bruxelles | Brussel
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