LM magazine 192 - novembre 2023

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N°192 / NOVEMBRE 2023 / GRATUIT

ART & CULTURE

Hauts-de-France / Belgique


Lionel Estève Les Saisons 12.11.23 > 17.03.24 Musée des Arts Contemporains au Grand-Hornu


SOMMAIRE

LM magazine 192 - novembre 2023

magazine

SOCIÉTÉ – 10 Weird Things in Brussels Retour à l’anormal Musée des égouts En souterrain conquis

PORTFOLIO – 20 Annabelle Ariane Sur le fil

Aket Kubic – 78 Géométrie variable Mohamed Bourouissa – 84 Vision périphérique

© Cato Beljaars

RENCONTRE

Alexis Le Rossignol – 116 Drôle d’oiseau

ÉVÉNEMENT Le cri de liberté. Chagall politique – 68 Le grand témoin

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Lolly © Annabelle Ariane

Au bout de mes rêves – 88 Pièces de collection


SOMMAIRE selection

LM magazine 192 - novembre 2023

MUSIQUE – 30 Lloyd Cole, MorMor, Robert Finley, Thee Sacred Souls, Voyou, November Ultra, Johnny Jewel, Peet, The Magnetic Fields, Micah P. Hinson, Oldelaf, Jungle, Peter Cat Recording Co., Nabihah Iqbal, Étienne Daho, Yazmin Lacey, Bar Italia

Étienne Daho © Pierre-Ange Carlotti

CHRONIQUES – 56 DISQUES : The Kills, Suzanne Ciani & Jonathan Fitoussi, Mélanie de Basio, Beirut, Animal Collective LIVRES : Stephen Graham Jones, François de Riberolles & Ugo Bienvenu, Samuel Piquet, Andreas Malm, Gaëtan & Paul Brizzi, E.A Poe ÉCRANS : Arras Film Festival, The Pod Generation, Second tour, Les Voies jaunes, L’Abbé Pierre. Une vie de combats

EXPOSITION – 68 Chagall politique, Modernism in Ukraine : 1900–1930s, Aket Kubic, Mohamed Bourouissa, Au Bout de mes rêves, Bertrand Meunier, Marc Ronet, L’Automne à l’institut, Fanny Bouyagui, Didier Mahieu, Agenda

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© Aket Kubic

THÉÂTRE & DANSE – 104 Next Festival, Skatepark, Forever Young, Avant la terreur, Les Ailes du désir, Alexis Le Rossignol, Fary, Baptiste Lecaplain, Thomas Ngijol, Typhus Bronx, Madame Arthur, Agenda


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38e Salon des Antiquaires et Galeries d’Art H I PPO DROM E D U VEN. 8 AU LUNDI 11 DÉCEMBRE 2023

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LM magazine – France & Belgique 28 rue François de Badts 59110 LA MADELEINE - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09

MAGAZINE

Direction de la publication Rédaction en chef Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com

Direction artistique & graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Couverture Ivresse et folie Annabelle Ariane anaariane.com @anaariane.illu

Élise Coquille info@lm-magazine.com Publicité pub@lm-magazine.com

Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com Réseaux sociaux Sophie Desplat Impression Tanghe Printing (Comines) Diffusion C*RED (France / Belgique) ; BHS.MEDIA (Bruxelles / Hainaut)

Ont collaboré à ce numéro : Fatma Alilate, Thibaut Allemand, Annabelle Ariane, Rémi Boiteux, Mathieu Dauchy, Flo Delval, Marine Durand, François Lecocq, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer, Marie Pons, Florent Servia et plus si affinités.

Scannez-moi

www.lm-magazine.com

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L’astrolab* - info@lastrolab.com L’astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours

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L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM magazine est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

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Interceptor III , Alexandra Bircken © Achim Kukulies

OIGNIES

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NOVEMBRE

09 VOYOU + Weekend Affair 10

AMADOU & MARIAM + Michelle & Les Garçons

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[Festival Haute Fréquence] WAX TAILOR + ProleteR + Ours Samplus

25 MADAME ARTHUR

RETOURNE LE MÉTAPHONE

À SUIVRE

02 DÉC.

FESTIVAL DE LA SAINTE BARBE avec la cie La Machine

Rue Alain Bashung - Oignies - Accès A1 Sortie 17.1 “ Site minier 9-9bis“ À 30 min de Lens-Arras-Lille

Illustration : Roxane Campoy

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16 MICAH P. HINSON + Matt Van T.

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Retour à l’anormal Ici un avis de recherche pour une chaussure perdue, là un matelas trônant en équilibre sur un parcmètre, une voiture circulant sur les rails du métro ou encore des piétons déambulant nus sous des buissons… Oui, on voit parfois des choses surprenantes à Bruxelles, pour peu qu’on ouvre les yeux. C’est justement le talent de Cato Beljaars. Depuis la pandémie, cette jeune journaliste photographie les loufoqueries qui fleurissent dans la cité de Magritte. Elle les compile ensuite sur un compte Instagram (le bien nommé Weird Things in Brussels) et désormais dans un livre. Prises sur le vif, parfois saisies par ses abonnés (plus de 85 000 !), ces petites scènes dessinent un drôle de portrait de la capitale. Vous avez dit bizarre ? Quand avez-vous commencé à photographier des choses insolites à Bruxelles ? L'idée m'est venue durant la période du Covid. Pour me changer les idées, je parcourais la ville. En me baladant, j'ai remarqué beaucoup de choses étranges dans la rue, j’ai donc acheté un appareil photo pour les capturer. Un jour, dans une longue file d'attente au supermarché de mon quartier, le titre "Weird Things in Brussels" m'est apparu évident pour nommer

ces découvertes. J'ai alors décidé de créer un compte Instagram pour partager ces images loufoques. Quelle est la première chose que vous avez immortalisée ? Un mendiant, dans le centre-ville. Devant lui se trouvaient quatre gobelets. Vous pouviez choisir dans lequel jeter votre argent. L’un était destiné à la "baise", un autre à la "bière", puis au "manger" et le dernier au "LSD".

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© DR

WEIRD THINGS IN BRUSSELS


Quelles sont les principales catégories de bizarreries ? Certains thèmes reviennent fréquemment. La mobilité est un sujet récurrent. Croyez-le ou non,

« Tout est possible à Bruxelles ! »

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il se passe beaucoup de choses étranges dans le métro, par exemple une mini-voiture circulant au milieu du couloir... J’ai aussi plein

de photos de trottinettes. On en voit partout à Bruxelles. Elles sont garées dans des endroits improbables, au sommet d'une poubelle ou suspendues dans les arbres. Que disent ces choses sur la ville ? Que tout est possible à Bruxelles ! Ses rues sont comme un musée rempli de pièces uniques. Il suffit d’ouvrir les yeux. Elle n'est pas la ville de René Magritte pour rien. Ces bizarreries traduisent son surréalisme.


© Robbe Petit Jean

Comment les Bruxellois réagissent-ils face à votre travail ? Ils l'apprécient parce qu'ils s’y reconnaissent. Je ne montre pas le

meilleur côté de la ville, mais cela reste une bonne publicité car ces images la rendent unique ! Je pense que mon livre et mon compte Instagram incitent à séjourner ici pour des raisons optimistes et drôles ! Quelles sont vos images préférées ? Celle où il est écrit "I Love My Mom" sur un banc, dans la rue, et sur lequel trois types sont assis. J'ai photographié cette scène dans mon quartier. Le soir, il y a des hommes a 13

Reflètent-elles aussi une sorte d’anticonformisme ? Oui, je crois. Il y a un certain chaos et je-m'en-foutisme à Bruxelles. Par exemple, les gens déposent leurs ordures dehors quand ils le veulent. Les passants ne relèvent même plus les trucs bizarres et passent leur chemin.


© Victor Rahman

qui traînent là en buvant de la bière. J'aime le contraste entre cette phrase si douce et l'atmosphère, sombre et dure.

« Les passants ne relèvent même plus les trucs bizarres » Brussels. It is considered the de facto capital of the European Union. But is also the capital of Belgium and, as such, of surrealism. This has not escaped the notice of twenty-something Cato Beljaars. With an eye for peculiarities and a well-functioning camera, she roams the streets of Brussels, recording absurdity, humour, creativity and joyful chaos. Hold on tight, this is going to be weird.

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Il y a aussi cette publicité de Chanel avec Angèle. L'affiche qui s'est ratatinée et froissée donne un air fou à la chanteuse. Enfin, cette image

surréaliste colle parfaitement au projet car Angèle est bruxelloise. Propos recueillis par Julien Damien Photo © Cato Beljaars À visiter / c @weirdthingsinbrussels À lire / Weird Things in Brussels, de Cato Beljaars (Borgerhoff & Lamberigts) 200 p., 22,99€ borgerhoff-lamberigts.be À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com


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Rattus norvegicus © Musée des égouts


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MUSÉE DES ÉGOUTS

En souterrain conquis Bruxelles ne manque pas de charme, ni de surréalisme. Parmi les visites insolites, on vous aurait bien conduits au musée de la frite ou de la bière, voire dans la garde-robe du Manneken-Pis. On a préféré vous emmener six mètres sous terre… Oui, c’est ça, dans les égouts ! Oh, pas de tortues ninjas à l’horizon. Par contre, vous saurez tout sur le rat, qui n’a pas grandchose à envier aux chevaliers d’écaille, question super-pouvoirs. Un musée des égouts ? Quelle drôle d’idée. Enfin pas tant que ça, à bien y regarder. Car ce qui se passe sous les pieds des Bruxellois est fascinant. Les entrailles de la capitale cachent en effet un labyrinthe de plus de 350 km, passant sous chaque rue et habitation. On y trouve même une rivière souterraine, la Senne, autour de laquelle la ville s’est construite et où finissaient tous les déchets et déjections. Dans les années 1870, on décida « Déconstruire de voûter ce dépotoir et d’élaborer un les clichés sur le rat » réseau des égouts. Voisins invisibles Voilà le genre de choses que l’on apprend en visitant le Musée des égouts, inauguré en 1988. Dans ce dédale, on découvre aussi le métier d’égoutier ou le cycle de l’eau. On peut même se balader au sein d’un collecteur, sur une cinquantaine de mètres. Y croisera-t-on des rats ? « On en aperçoit le matin ou le soir, furtivement, car ils sont très craintifs, répond Aude Hendrick, la conservatrice. Cette question revient souvent parmi nos visiteurs. C’est d’ailleurs ce qui nous a donné envie de nous intéresser à cet animal méconnu. Aujourd’hui, on en sait plus sur l’ours blanc ou la baleine bleue, pourtant c'est notre voisin depuis des siècles ». Le mal-aimé Ainsi naquit l’exposition Rattus, qui s’ouvre avec un spécimen naturalisé… tenant une frite dans la gueule ! L’objectif de ce parcours ? Déconstruire les clichés. « Oui, la peste lui colle à la peau. Or, cette maladie était en

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Collection de pièges © Herwig Leirs

© La Minute Sauvage

fait transmise par la puce du rat noir, qui lui a quasiment disparu de nos contrées ». La bestiole qui fouille les poubelles de nos villes est essentiellement un rat brun, ou Rattus norvegicus. Et, comme en témoignent les clichés du photographe animalier Thomas Jean, qui l’a "traqué" dans les rues de Bruxelles, il ne manque pas de grâce. Ni d’hygiène. Pour cause, « il peut se laver jusqu’à sept fois par jour ». Le rongeur affiche aussi pas mal de super-pouvoirs. Tenez, ses dents, dont l'émail est constitué de fer : elles sont aussi dures que l'acier ! Ce qui lui permet de grignoter du béton – sa dentition poussant à raison de 14 cm par an, il aurait tort de se priver. Chaud lapin Si le nombre de rats bruxellois reste inconnu, sachez qu’un couple peut engendrer jusqu’à 15 000 rejetons par an ! Alors, évidemment, les moyens pour s’en débarrasser pullulent, du percuteur aux anti-coagulants déversés à grandes doses dans les métropoles… et qui contaminent irrémédiablement nos rivières – donc les poissons, qui n’avaient rien demandé. Mais est-ce vraiment le rat, le problème ? Qui inonde le monde de ses déchets ? Ou, dit autrement : qui est le plus effrayant, et même dégoûtant, entre le Rattus et l’Homo detritus ? Julien Damien Le Musée des égouts Bruxelles – Porte d’Anderlecht, mar > dim : 10h-17h, 10 > 1,25€ (gratuit – 18 ans et Bruxellois) +32 (0)2 279 43 83, sewermuseum.brussels Rattus, Jusqu’au 16.06.2024

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À lire / La version longue de cet article sur lm-magazine.com


Publicité mort-aux-rats, 19e s © Welcome Collection

Égout reconstitué, Musée des égouts © E. Danel


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Wanted


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ANNABELLE ARIANE Sur le fil

Entre le graphisme et la musique, le cœur d’Annabelle Ariane a toujours balancé. Directrice artistique depuis 15 ans, cette native du Mans installée à Nice a mis à profit le temps suspendu du confinement pour mettre de l’ordre dans ses passions. Les concerts n’ayant plus lieu, elle s’initie à la tablette, pour se « vider la tête ». Difficile d’imaginer que derrière ses portraits léchés, aux tonalités harmonieuses (« sans jamais plus de trois couleurs ») il y a une expérience de seulement trois ans. Ses visages au regard franc soutiennent une grande variété de styles, déclinés selon l’humeur de l’artiste. Laquelle prend soin de thématiser ses collections, entre esthétique du rêve, repères urbains et codes grunge des années 1990. Une constante, cependant : les deux points noirs sur les joues des personnages, inspirés du maquillage de la reine Amidala dans Star Wars. « Je suis « La pop culture une geek dans l’âme, et la pop culture a été a été un moteur » un moteur pour débuter dans le dessin », dit-elle. Son trait sensible lui vient sans doute de son grand-père, peintre et professeur d’arts plastiques, qui a été le premier à choisir le pseudonyme Ariane, en référence à Thésée et au fil directeur que l’on se choisit dans la vie. La jeune maman espère transmettre cette tradition à ses deux enfants. En attendant, c’est dans l’édition qu’elle voit son avenir. Cette année, elle a illustré une dizaine de livres, des affiches d’opéra et pochettes d’album. Exposer ? Pourquoi pas. Mais les réseaux sociaux restent son médium de prédilection, comme une « galerie ouverte sur le monde » – et qu’on n’a pas fini de visiter. Marine Durand À visiter / anaariane.com // c @anaariane.illu

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À lire / L'interview d'Annabelle Ariane sur lm-magazine.com


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Bubbletrip © Adobe


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Terrible Jungle © Adobe


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Secret


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Tentation


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Claudy


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Sortie plage


YellowStraps jeu. 02 nov. |

La Bulle Café- Lille

Ko Ko Mo jeu. 02 nov. |

Le Splendid - Lille

Lord Esperanza ven. 03 nov. |

Slalom - Lille

Jain

sam. 04 nov. |

Le Zénith - Lille

47 Ter

dim. 05 nov. | COMPLET

L’Aéronef - Lille

Fear Factory lun. 06 nov. |

Le Splendid - Lille

Kid Francescoli jeu. 09 nov. |

Le Splendid - Lille

Marie S’infiltre

jeu. 09 nov. | DER. PLACES Thé. Sébastopol - Lille ven. 10 nov. |

Kursaal - Dunkerque

Souffrance ven. 10 nov. |

Slalom - Lille

Zola

ven. 10 nov. | COMPLET

Le Zénith - Lille

Dub Inc + Danakil sam. 11 nov. |

Henri Dès sam. 11 nov. |

Le Zénith - Lille

Thé. Sébastopol - Lille

Franglish mer. 15 nov. |

Le Zénith - Lille

Samba de la Muerte mer. 15 nov. |

La Bulle Café - Lille

Charlie Winston jeu. 16 nov. |

Théâtre - Béthune

Napalm Death jeu. 16 nov. |

The Black Lab - Wasquehal


Tim Dup ven. 17 nov. |

Le Splendid - Lille

Ziak

ven. 17 nov. |

Le Zénith - Lille

Novelists + Ashen ven. 17 nov. |

The Black Lab - Wasquehal

Dub Inc + Broussaï sam. 18 nov. |

Le Zénith - Amiens

Nes

sam. 18 nov. |

Le Zénith - Lille

Thomas Ngijol mar. 21 nov. | mer. 22 nov. |

Théâtre - Béthune Thé. Sébastopol - Lille

Nemo + Sima jeu. 23 nov. |

Skynd

sam. 25 nov. |

The Black Lab - Wasquehal

Ásgeir

lun. 27 nov. |

Le Splendid - Lille

Alestorm mar. 28 nov. |

Le Splendid - Lille

Riopy

mar. 28 nov. |

Agar Agar mer. 29 nov. |

La Bulle Café - Lille

Thé. Sébastopol - Lille La Cdto Publique - Roubaix

Georgio

jeu. 30 nov. | COMPLET LaCdto Publique - Roubaix

Simony ven. 01 déc. |

Slalom - Lille

Aime Simone agauchedelalune.tickandyou.com RÉ A: S et dans les points de vente officiels habituels graphisme : marceau truffaut - hypothèse.studio

ven. 01 déc. |

Loïc Nottet ven. 02 déc. |

La Cdto Publique - Roubaix La Cdto Publique - Roubaix


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© Paul Shoul


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LLOYD COLE

Un Héros très discret Un crooner sur le retour ? Ce serait trop simple. Et faire fi des revirements et chemins nouveaux arpentés par Lloyd Cole en pas loin d’un demi-siècle de carrière. Revoici le Britannique sur scène pour un tour de chant rétrospectif… qui n’a rien à voir avec le vain best of tant redouté. On ne vous fera pas l’affront de retracer les 40 ans de carrière de Lloyd Cole, depuis ses début entourés des Commotions (Are You Ready to Be Heartbroken ?, Forest Fire, Perfect Skin…) à l’échappée américaine durant les 90’s. Référence pour la jeune génération pop, notre homme aurait pu s’enfermer dans un rôle fait-main de crooner indie, flattant le quinqua et séduisant le jeune godelureau. Or, il n’en fut rien. Au tournant du siècle, le natif de Buxton a fait table rase du passé en s’acoquinant avec le vénérable Hans-Joachim Roedelius, légende krautrock puisqu’âme de Cluster et d'Harmonia. Un détour rétrofuturiste, en somme. La balle au bond Même s'il s'en défend aujourd'hui, ce golfeur émérite organise ses tournées en fonction de la proximité des parcours – pas très écolo, c’est vrai. Mais il faut bien s’occuper avant les balances, non ? Les greens du coin doivent être accueillants, car l'Anglais a récemment foulé nos terres avec un concert consacré à la période 1983-1996. L’occasion pour les nostalgiques de retrouver les tubes précités et un certain nombre de faces B. Cette fois, le dispositif est un chouïa différent. Il livre un premier set en solo et en acoustique, et un second où, entouré de Neil Clark et Blair Cowan (deux ex-Commotions), Cole revisite l’intégralité de son répertoire, de 1984 à nos jours. L’occasion de (re)découvrir les pièces electropop issues d’On Pain, album surprenant autant qu’enchanteur paru en juin dernier. Thibaut Allemand

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Louvain, 05.11, Het Depot, 20h, 36/32€, www.hetdepot.be


© Joshua Gordon

MORMOR

Murmures du son Certes, il n’a longtemps été qu’un murmure. En 2018, le titre Heaven’s Only Wishful augurait de l’éclosion d’un grand songwriter en la personne de MorMor. Au fil de morceaux patiemment dévoilés, on a commencé à distinguer la voix de Seth Nyquist. On découvrait aussi sa façon de broder une synth-pop cousue de nylon et de fil de soie : économe en moyens mais minutieusement calibrée entre folk et patchs electro. L’écho se précisait : le Torontois compose avec talent et jouit d’un falsetto angélique, qu’il élève jusqu’à la rupture. C’est toutefois la production qui révèlera toute la grâce de la démarche. Comme si son travail ne débutait vraiment qu’une fois les prises de son réalisées. L’année dernière sonnait comme l’aboutissement d’un processus mené en toute indépendance avec la sortie d’un premier album, Semblance, sur son propre label. Le murmure devenait distinct, perdant sans doute une partie de son mystère. Mais les nappes tamisées réservent encore des fulgurances et un envoûtant songwriting – le titre Far Apart mérite à lui seul de tendre l’oreille. Le murmure autrefois rêveur de MorMor a mué en un discours bien (trop ?) rodé. Néanmoins, il mérite toujours qu’on lui accorde notre attention. Mathieu Dauchy 32

Bruxelles, 07.11, Botanique, 19h30, 18,50 > 12,50€, botanique.be


Les Belles Sorties 🡒🡒🡒 73 spectacles près de chez vous 🡒🡒

Avec la MEL, la culture est accessible à tous !

NOVEMBRE ⟶ Vendredi 10 à 20 h 30 - Aubers Le Choeur Régional Haut-de-France

⟶ Jeudi 23 à 20 h - Lesquin Gymnase CDCN

⟶ Vendredi 10 à 20 h - Leers Le Prato

⟶ Vendredi 24 à 20 h - Pérenchies L’Atelier Lyrique de Tourcoing

⟶ Dimanche 12 à 16 h 30 - Bondues Le Choeur Régional Haut-de-France

⟶ Vendredi 24 à 20 h - Frelinghien Le Prato

⟶ Mardi 14 à 20 h - Marquette-lez-Lille Compagnie de l’Oiseau-Mouche

⟶ Samedi 25 à 20 h - Sainghin-en-Weppes L’Atelier Lyrique de Tourcoing

⟶ Vendredi 17 à 20 h 30 - Sailly-lez-Lannoy L’Atelier Lyrique de Tourcoing

`⟶ Dimanche 26 à 16 h - Emmerin

Le Chant des légendes

Les Mouches, rien à voir avec Jean-Paul

Le Chant des légendes

Loin dans la mer

Ah ! Laissez-moi rêver !

⟶ Samedi 18 à 17 h - Escobecques Le Choeur Régional Haut-de-France Le Chant des légendes

⟶ Samedi 18 à 20 h - Ennetières-en-Weppes Le Prato Les Mouches, rien à voir avec Jean-Paul

⟶ Mardi 21 à 20 h - Houplin-Ancoisne Le Prato Les Mouches, rien à voir avec Jean-Paul

Retrouvez le programme complet

Crash Studies

Ah ! Laissez-moi rêver !

Les Mouches, rien à voir avec Jean-Paul

Ah ! Laissez-moi rêver !

L’Atelier Lyrique de Tourcoing

Ah ! Laissez-moi rêver !

DÉCEMBRE ⟶ Samedi 2 à 20 h - Templemars Gymnase CDCN Crash Studies


© Jim Herrington

Robert Finley La valeur n’attend point le nombre des années… mais parfois, elle sait patienter. C’est à l’âge de 62 ans que le bluesman Robert Finley a publié son premier album. Jusque-là, disons qu’il avait enchaîné les stages en entreprise : mécano dans l’armée, musicien dans l’orchestre d’icelle, membre d’une chorale gospel, menuisier… Devenu aveugle, le Louisianais joue dans la rue avant d’être embarqué dans une tournée aux côtés d’Alabama Slim. Et puis, le miracle : un premier disque en 2016, suivi de deux autres produits par Dan Auerbach (The Black Keys). Le quasi septuagénaire y entonne la BO d’une drôle de vie, de celles qui font les meilleurs biopics. T.A. Bruxelles, 05.11, Botanique, 19h30, 19,50 > 13,50€, botanique.be Amiens, 16.11, La Lune des Pirates, 20h30, 15/10€, lalune.net Tourcoing, 20.11, Le Grand Mix, 20h, 19 > 11€, legrandmix.com

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© Gustavo Olivares

Thee Sacred Souls On ne présente plus Daptone Records, dont le studio de 20 m² immortalisa les œuvres de Sharon Jones ou Charles Bradley. La dernière signature en date est un trio de San Diego (chant, basse et batterie), étoffé sur scène par une guitare, un clavier et une choriste. Ces Californiens renouent avec une tradition soul ancestrale où se croisent les ombres de Thee Midniters, Marvin Gaye ou Curtis Mayfield. Soit l’alliance parfaite du groove et de l’âme. T.A. Bruxelles, 05.11, Ancienne Belgique, 19h, 26/25€, abconcerts


L’AÉRONEF LILLE NOV. 23 Ve. 03 nov.

Sa. 04 nov.

ALFA MIST

AMBASSADE + DOPPLEREFFEKT

+ guest

Lu. 06 nov.

CHILLY GONZALES

Ma. 07 nov.

Me. 08 nov.

THE WYTCHES

HOSHI

+ HOLY WAVE

Complet

+ FERIELLE

Ve. 10 nov.

Complet

BOHREN & DER CLUB OF GORE + SENYAWA Di. 12 nov.

Lu. 13 nov.

MAX & IGGOR CAVALERA

FUCKED UP

Ve. 17 nov.

+ guest Dernières places

PIERRE DE MAERE + ORLANE

Ma. 14 nov.

Hors Les Murs

NILS FRAHM

Sa. 18 nov.

• FRESQUE DU CLIMAT • BALADE À VÉLO

Ve. 24 nov.

Sa. 25 nov.

HERVÉ

CHRISTINE AND THE QUEENS + guest

+ DEMAIN RAPIDES

Complet

Lu. 27 nov.

BLONDE REDHEAD + NÚRIA GRAHAM Me. 29 nov.

THE STRANGERS

+ ARP FRIQUE & FAMILY

Licences : 1-012328 / 2-012329 / 3-012330

ET PLUS !

AERONEF.FR

Design graphique : les produits de l’épicerie / Lille


© Emma Birski

Voyou Les gens du Nord ont dans leur trompette le soleil qui manque à leur décor. Thibaud Vanhooland tient le cuivre pour élément totem et, bien qu’ayant quitté la région encore enfant, il en conserve de nombreux souvenirs. Dans les chansons du Lillois, il est souvent question du ciel (souvent plombé) et de ce qu’il évoque. L’hiver, issue des Royaumes minuscules, son troisième album, synthétise l’orfèvrerie pop du moustachu. Ce chant clair, ces harmonies malignes, ces motifs nostalgiques forment autant de comptines, un petit monde illuminé par cette fameuse trompette. Voyou n’a pas son pareil pour traduire les couleurs du ciel – et celles de l’âme. M.D. Oignies, 09.11, Le Métaphone, 20h30, 23 > 18€, 9-9bis.com Bruxelles, 24.11, Botanique, 19h30, 26,50 > 20,50€, botanique.be

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© Pauline Darley

November Ultra À la croisée du folk et du R&B, quelque part entre Lorde et Frank Ocean (dont elle est fan) November Ultra fut révélée il y a deux ans avec l'EP Honey Please Be Soft & Tender. Composée depuis sa chambre, cette "bedroom pop" invite à un voyage intimiste. Ici, point de fioritures : une guitare, un micro, le chat en fond et surtout ce timbre duveté, reconnaissable entre mille. En somme, la douceur à l'état brut, comme un chocolat chaud en hiver. É.C. Lille, 08.11, Théâtre Sébastopol, 20h, 33€, theatre-sebastopol.fr Bruxelles, 09.11, La Madeleine, 20h, 35€, la-madeleine.be


BETHUNE

THEATRE Artwork © L’astrolab* - Photo © Maksym Vlasenko, Unsplash - Licences 1-001911 / 2-001912 / 3-001913

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OGGY ET LES CAFARDS • PARITÉ MON Q • ANDRÉ MANOUKIAN CHERS PARENTS • TROIS CAFÉS GOURMANDS LE SOLDAT ROSE • UN CULOT MONSTRE • TRAQUEURS DE NAZIS / OLDELAF & ARNAUD JOYET • LES GOGUETTES • MAX BOUBLIL UNE IDÉE GÉNIALE • MAXIME LE FORESTIER • LOUANE MIOSSEC • THE AMY WINEHOUSE BAND • AVE CÉSAR ! ISLANDS / CAROLYN CARLSON • BENJAMIN TRANIÉ ZAZIE • AHMED SYLLA • BELLES DE NUIT • ARTIMINI THÉÂTRE MUNICIPAL DE BÉTHUNE Boulevard Victor Hugo F - 62400 Béthune

Renseignements et réservations 03 21 54 97 40 - theatre-bethune.fr Billetterie : application B-Tick


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© Paige Margulies


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JOHNNY JEWEL

Les joyaux du prince Deux ans après la triste défection de Chromatics, fer de lance du rétrofuturisme durant les 20 dernières années, sa tête pensante, Johnny Jewel, ne peut compter que sur lui-même. Et s’en tire plutôt bien, alignant merveille sur merveille dans une discographie solitaire confidentielle, et pourtant ô combien fédératrice. Ou comment un Texan aux faux airs de Jean-Luc Lahaye a réactivé l’idée d’une pop synthétique et sophistiquée, soufflant le chaud et le froid au sein d’un même morceau. Johnny Jewel fut abreuvé à la marmite synthpop (New Order, Depeche Mode…), a tâté de l’indie rock comme tous les Américains de son âge, avant de mêler claviers et guitares électriques dans de multiples projets. En 2006, à 32 ans, Jeannot Bijou fonde ce qui deviendra l’un des labels les plus précieux du genre et de l’époque : Italians Do It Better. Tout y est minutieusement pesé, du son à l’image – à la manière de 4AD ou Factory, au hasard. Bande originale Les figures de proue de cette structure se nomment Chromatics, Desire ou Glass Candy. Un point commun ? La présence du Johnny, à la fois stakhanoviste et perfectionniste. Ainsi, annoncé depuis des lustres, Dear Tommy, dixième album des Chromatics, deviendra une arlésienne avec la séparation du groupe, en 2021. Depuis, Jewel n’a pas chômé, signant BO obsédantes (dont celle de Lost River de Ryan Gosling) et disques instrumentaux étranges, mariant, pour le dire vite, les influences de John Carpenter et Bruno Nicolai. Cette échappée en solitaire, si elle n’a pas le cachet glamour des groupes précités (la faute à l’absence de chanteuse, entre autres) envoûte et émeut. Cet esthète raffiné sublime les 80’s en décomposant le passé pour mieux le conjuguer au futur antérieur – vous essaierez, ce n’est pas évident ! Thibaut Allemand

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Bruxelles, 09.11, Botanique, 19h30, 30,50 > 24,50€, www.botanique.be


PEET

Chouchou de Bruxelles On l’a d’abord connu vif et hâbleur, au sein du collectif bruxellois Le 77. On se souvient de concerts en forme de happenings permanents et rigolards, où se mêlaient absurde sublime et précision des rimes. La fête est finie ? En tout cas, voici Peet (presque) tout seul, libre et étonnant. En intitulant son premier album Mignon, l’homme faisait référence à son… patronyme – effectivement, avec un nom pareil, mieux vaut trouver un bon pseudo. L’essai suivant, Todo Bien, voit l’ex-pizzaïolo au flow caméléon évoquer, une fois encore, Orelsan dans son versant joyeux loser bloqué sur son canapé. Mais s’il nourrit toujours son rap de beats bondissants et groovy, l’humeur n’est pas toujours à la marrade. Entre deux bons mots, le Belge livre quelques bribes d’intimité. Et pas des moindres : Dime, plutôt sombre et introspectif, ou 17, chanson hommage à sa mère décédée, dévoilent un Peet qui avance sur un fil entre douleur et dérision. L’humour, faut-il le rappeler, demeurant la politesse du désespoir. Thibaut Allemand

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© Daniil Zozulya

Tourcoing, 10.11, Le Grand Mix, 20h, 19 > 11€, legrandmix.com Bruxelles, 24.11, Ancienne Belgique, 19h, 26/25€, abconcerts.be


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LE THÉÂTRE LA LOUVIÈRE

Le poète noir Acoustique

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m Kery Ja toute la saison ↓

CESTCENTRAL.BE

LA NUIT DU BOOGIE

SAMEDI 18 NOV. - 20H Théâtre Charcot / 122 rue du Dr Charcot Tarifs : 15 / 13 / 9 € - places numérotées

Billetterie


© Mark Ynys-Mon

THE MAGNETIC FIELDS Le chant des possibles

Faussement innocente, la pop de Stephin Merritt nourrit depuis les années 1990 un catalogue de chansons observant des règles singulières, où s’invitent le surréalisme comme la confession. Avec ses fidèles Magnetic Fields, l'Américain s’apprête à en exposer toutes les facettes sur la scène bruxelloise. Stephin Merritt signe des disques obsessionnels. Au fil de son œuvre, on compte un album entier consacré à la distorsion et ses multiples usages (le bien nommé Distortion), une collection de 69 chansons d’amour (intitulée 69 Love Songs), un disque plus discret de morceaux commençant par la lettre "i" (sous le titre de, devinez un peu, I)… Son dernier essai en date, Quickies (2020), enfilait les miniatures d’une ou deux minutes, composées avec un seul instrument. Une charmante prouesse accueillie plutôt tièdement après la parution en 2017 de l'ambitieux 50 Song Memoir (une autobiographie en cinquante titres, pour autant d'années d'existence), qui mériterait un réexamen complet. Mais là n’est pas l’objet de cette nouvelle tournée. En effet, si Merritt reprend la route avec une poignée d’acolytes issus du groupe historique, c’est pour piocher dans l’ensemble d’un corpus élaboré depuis plus d’une trentaine d’années. Les fans de la première heure succomberont face aux émois pop de Get Lost ou Holiday. Les nouveaux venus s’ébaudiront du talent protéiforme de ce rejeton du grand Scott Fagan. Chant magnétique et écriture racée : un immanquable programme. Rémi Boiteux

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Bruxelles, 13.11, Botanique, 19h30, 29,50 > 23,50€, botanique.be


Rituels du désordre © David Bormans

Festival des musiques sacrées Mer 6 → dim 10.12 Arsonic – Mons (be)

Le festival qui ressource, transforme et soigne

Rodolphe Burger / Sœur Marie Keyrouz / Thérèse Malengreau / Orchestre Royal de Chambre de Wallonie & Chœur de Chambre de Namur / Chœur de Chambre & Ensemble orchestral d’ARTS² / Musiques Nouvelles

www.surmars.be


© Natalia Andreoli

Micah P. Hinson Avez-vous vu Country Music ? Dans ce documentaire fleuve, Ken Burns conte l’épopée du genre, en dix heures et neuf épisodes, des années 1920 à 1996. Micah P. Hinson y aurait toute sa place dans un hypothétique dixième épisode. Sa vie est de celle, douloureuse et cabossée, de moult pionniers : famille de chrétiens intégristes, toxicomane dès l’adolescence, accident de voiture… On retrouve, dans les chansons sans âge de ce Texan, la détresse et la foi, le péché et la rédemption. Autant de thèmes qui, de Jimmie Rodgers à Johnny Cash, en passant par Carson McCullers ou Flannery O'Connor, ont irrigué les traditions country et southern gothic. T.A. Oignies, 16.11, 9-9 Bis (Les Chaufferies), 20h30, 13/10€ (gratuit pour les abonnés), 9-9bis.com

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© Frank Loriou / Agence VU

Oldelaf De Boby Lapointe à Didier Super, en passant par les Inconnus, humour et musique ont souvent fait route ensemble. Un équilibre fragile : peut-on réécouter cent fois la même blague ? Pas dit. Oldelaf tient le pari. Oui, on a souvent écouté La Peine de mort ou C’est Michel – bien plus drôles que La Tristitude, qui l’a révélé. Plume avertie, sens de la virgule et du rythme, mélodies accrocheuses… Son art tient autant du concert que du seul en scène. T.A. Marcq-en-Barœul, 16.11, Théâtre Charcot 20h, 20 > 13€, marcq-en-baroeul.org


8 NOVEMBRE ROMÉO ET JULIETTE Grand Théâtre - 20H30 - Théâtre classique

Retrouvez le programme ici

17 NOVEMBRE MOON HOOCH & GUILLAUME PERRET Gérard-Philipe - 20H30 - Électro Jazz

26 NOVEMBRE GASANDJI + GADIANM Gérard-Philipe - 16H00 - Poésie du monde

2 DÉCEMBRE MIKE & RIKÉ Gérard-Philipe - 20H30 - Spectacle musical et souriant

7 DÉCEMBREET PL ANNE ROUMANOFF M

O - 20H30 - One Woman Show Grand Théâtre C

12 JANVIER A4 (COMME LA FEUILLE) Grand Théâtre - 20H30 - Danse

Retrouvez la billetterie ici


© Matilda Hill-Jenkins

© Joe Petini

JUNGLE & LA PRIEST Double détente

Virage à 180 degrés et réinvention totale. Jungle et LA Priest ont connu une deuxième carrière, dans des genres très éloignés – et avec plus ou moins de succès. Habile opportunisme, calcul machiavélique ? Est-on vraiment gagnant au change ? Réponse à Anvers, où se retrouve tout ce beau monde. Personne ne se souvient de Born Blonde qui, voici plus d’une décennie, signait un unique album, What the Desert Taught You, dans le sillage de Coldplay. Passé le bref intérêt, vint la traversée du… désert. Les Londoniens apprirent à farfouiller ailleurs. Deux ans plus tard, on vit débouler deux rescapés, Tom McFarland et Josh Lloyd-Watson, sous l’alias Jungle. Oubliés, les oripeaux indie-rock, le tandem embrasse désormais un son soul-funk paradoxal, car poisseux et sophistiqué. Si le tandem travaille seul et entre quatre murs, ses morceaux prennent toute leur dimension sur scène, où le binôme est entouré de plusieurs musiciens et choristes. De son côté, LA Priest s’est longtemps ébroué au sein de Late of the Pier – brève sensation de l’an 2007, défendue par Erol Alkan mais oubliée depuis. Son leader, Sam Eastgate, a depuis fait table rase, collaboré avec Connan Mockasin et aligne désormais rythmes élastiques et groove détendu, funk pourpre (on pense souvent à Prince) et tradition londonienne. Oui, LA Priest s’inscrit dans les pas de Hot Chip. Alors, les intégristes de la pureté crieront à la trahison, à l’opportunisme. On peut aussi accepter l’idée que la musique produite à 20 ans n’est pas toujours celle que l’on écoute à 30, non ? T. Allemand

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Anvers, 16.11, Lotto Arena, 18h30, 41€, www.lotto-arena.be


E Q TUMETONNESPRODUCTIONS LICENCES : R-2021-012664 / R-2021-012665 - CRÉATION GRAPHIQUE : L'ASTROLAB* - INFO@LASTROLAB.COM

LAURA FELPIN 03.11 Le Zéphyr / Hem LOMEPAL 07 & 08.11 Zénith / Lille NOVEMBER ULTRA 08.11 Théâtre Sébastopol / Lille PATRICK TIMSIT 09.11 Le Zéphyr / Hem LOUIS ALBI 10.11 La Bulle Café / Lille ALLTTA 15.11 Le Spendid / Lille ALEXIS LE ROSSIGNOL 16.11 Le Spendid / Lille SOKUU 17.11 La Bulle Café / Lille LISA LEBLANC 21.11 La Bulle Café / Lille SAEZ 21.11 Zénith / Lille ARCHIVE 23.11 L’Aéronef / Lille MOJI X SBOY 23.11 Le Slalom / Lille RENAUD 01.12 Palais des Congrès / Le Touquet MENTISSA 02.12 Théâtre Sébastopol / Lille THOMAS MARTY 02.12 Palais des Congrès / Le Touquet BARCELLA 08.12 Le Spendid / Lille LOMBRE 13.12 La Bulle Café / Lille CLAUDIO CAPÉO 14.12 Zénith / Lille MATMATAH 15.12 Zénith / Lille PAUL TAYLOR 16.12 Théâtre Sébastopol / Lille COMPLET

COMPLET

COMPLET

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AGENDA COMPLET & RÉSAS :


© William McCray Sutherlin

PETER CAT RECORDING CO. Délices de Delhi

Jolie date que le passage de Peter Cat Recording Co. au Trix d’Anvers. Le groupe indien a notamment été aperçu à Rock en Seine et à Villette Sonique, en 2019. Remarqué avec Portrait of a Time (2018) puis Bismillah (2019), il est resté discret depuis, sans que ses premiers albums ne prennent une ride. Emmenée par la voix de crooner de son leader, Suryakant Sawhney, cette formation installée à Delhi explore, depuis une décennie, un rock californien décontracté. Une sorte de surf music raffinée riche en claviers, guitares ou trompettes et mâtinée d’electro. Les paroles sont en anglais, chantées avec cette nonchalance qui fait la signature du quintette. Outre les Beatles, Peter Cat Recording Co. revendique les influences du Velvet Underground et de Neutral Milk Hotel, mais en y injectant de la chaleur humaine. Profondément pop, mélodieuse, façonnée à partir de quelques accords, cette musique dégage quelque chose de facile, de joyeux. En somme, c’est Noël avant l’heure, mais dans l’hémisphère sud, par un après-midi moite. Florent Servia

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Anvers, 19.11, Trix, 19h30, 20>16,50€, trixonline.be


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© Joseph Hayes


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NABIHAH IQBAL Douce transe

En 2020, le studio londonien de Nabihah Iqbal était cambriolé, et son deuxième album perdu. À la faveur d’un confinement au Pakistan, elle retrouvait l’inspiration, entre retour aux sources acoustique (harmonium, sitar) et electro lo-fi, mélancolique et dansante. Le résultat se nomme Dreamer, sorti au printemps dernier, et nous convie à une rêve party. Nabihah Iqbal nous vient de Londres, où le brassage musical se révèle toujours fécond. On peut l’entendre sur la webradio londonienne underground NTS, dont le flair n’est plus à prouver. Le très suivi label Ninja Tune (Bonobo, Floating Points, Kae Tempest…) ne s’est pas trompé en publiant ses deux albums enregistrés sous son nom, dont Dreamer, aussi foisonnant que son parcours. Diplômée d’ethnomusicologie, l’Anglo-Pakistanaise fut en effet avocate en Afrique du Sud, a sorti ses premiers projets électroniques sous le nom Throwing Shade et organisé la première Boiler Room du Pakistan. Ça plane pour elle Perçoit-on toute cette richesse dans sa musique ? L’album porte en tout cas des styles très différents : house, new wave, guitare acoustique, pop shoegaze, disco… Le tout dans une atmosphère rêveuse (le titre ne ment pas sur la marchandise), de transe et d’optimisme. Ça plane pour Nabihah Iqbal ! On y danse et divague sur fond de nappes de synthés et de réverbérations de voix. La Londonienne parle plus qu’elle ne chante, en surplomb, lointaine, comme si ses mots surgissaient des nuages. On les verrait bien matérialisés en fumée, lors de ses concerts, au-dessus de la scène. Ce serait kitsch, mais idéal. Florent Servia

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Bruxelles, 20.11, Botanique, 19h30, 20,50 > 14,50€, botanique.be


Lille, 05.12 Zénith, 20h 89 > 69€ zenithdelille.com

Tombé pour la pop

© Pierre-Ange Carlotti

ÉTIENNE DAHO

Bruxelles, 02.12 Forest National 20h, 89 > 69€ forest-national.be

TOUT A-T-IL DÉJÀ ÉTÉ DIT SUR LE "PARRAIN DE LA POP FRANÇAISE" ? SANS DOUTE, MAIS ON NE SE PRIVERA PAS DE PARLER ENCORE DE LUI ! QUELQUES MOIS APRÈS LA SORTIE D'UN MIRIFIQUE DOUZIÈME ALBUM, TIRER LA NUIT SUR LES ÉTOILES, ÉTIENNE DAHO REPREND LE CHEMIN DES CONCERTS. POUR CETTE TOURNÉE, LE RENNAIS DÉLAISSE LES "PETITES SALLES" ET CE QU'ELLES SOUS-ENTENDENT D'INTIMISME POUR LES GRANDS ESPACES, COMME LE ZÉNITH DE LILLE OU FOREST NATIONAL, À BRUXELLES. ALORS, À QUOI S'ATTENDRE ? « À UN SHOW AVEC UNE ÉNERGIE DIFFÉRENTE, CELLE DES FESTIVALS D’ÉTÉ », PROMET L'INTÉRESSÉ. EN ATTENDANT, RÉVISONS UN PEU.


DÉBUTS ÉLECTRIQUES

MONTE LE SON

En 1978, Étienne Daho s'ennuie un peu à la fac. Proche d'Hervé Bordier (le futur fondateur des Transmusicales), il monte une association pour organiser un concert : celui des Stinky Toys. Le 20 décembre, Elli Medeiros et Jacno livrent un show explosif à la salle de la Cité de Rennes. C'est le début d'une longue amitié. Le duo encourage le natif d'Oran à se lancer. Chose qu'il fera l'année suivante, lors de la première édition des Transmusicales, avec le groupe Entre les deux fils dénudés de la dynamo.

Mais alors, qu'est-ce qui fait la "patte" d'Étienne Daho ? Vaste question, tant l'homme n'a cessé de se réinventer, des ballades mélancoliques et dansantes des débuts au psychédélisme de Blitz, en passant par la tentation électronique d'Eden, album phare de sa discographie mais incompris à sa sortie en 1996. Pour faire simple, disons qu'il a su faire rimer comme personne la pop avec la langue de Molière, marier la légèreté et la sophistication – ce qui n'est pas rien.

Après un premier album passé inaperçu en 1981 (Mythomane), le Rennais connaît le succès trois ans plus tard avec La Notte, la notte (et des tubes comme Sortir ce soir et Week-end à Rome). Mais c'est véritablement Tombé pour la France, paru en 1985 sur un EP homonyme puis intégré à Pop Satori l'année suivante, qui le hisse au sommet, avec ses fameuses notes de claviers Fairlight mêlées à celles d'un harmonica. Il le confiera lui-même : « Il y a eu un avant et un après cette chanson ».

L'iconique marinière Saint James immortalisée par Pierre et Gilles en couverture de La Notte, la notte, les vestes de smoking signées Hedi Slimane, le fameux perfecto en cuir noir... Daho a toujours soigné son style, sans virer accro. La preuve, en 2021, il faisait don au Musée de la mode de la ville de Paris de 34 de ses tenues de scène – griffées agnès b., Dior ou Yves Saint Laurent. Sympa !

LES FEMMES DE SA VIE Citons bien sûr Elli Medeiros (son « premier grand amour »), Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Vanessa Paradis, Charlotte Gainsbourg, Brigitte Fontaine, Dani (dont il relancera la carrière avec Comme un boomerang), Jeanne Moreau (leur album Le Condamné à mort, de Jean Genet en 2010) ou encore Jeanne Birkin avec laquelle il a enregistré Oh ! Pardon tu dormais… en 2020. 53

LE VIRAGE

T'AS LE LOOK


© DR

Yazmin Lacey Grandie dans l’East London, Yazmin Lacey s’est mise à la musique assez tardivement, dans son salon, à Nottingham. Cette année, elle a publié un premier essai impressionnant de maîtrise. Le chant assuré et le timbre sensuel se promènent sur des orchestrations produites par Dave Okumu (Jessie Ware, Ghostpoet…). Entre relectures d’un certain esprit jazz et soul moderne mâtinée d’électronique, Lacey a signé l’un des grands disques de 2023, passé hélas inaperçu. Occasion est donnée de réparer cette injustice sur scène ! T.A. Bruxelles, 19.11, Ancienne Belgique, 19h, complet !, abconcerts.be

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© Steve Gullick

Bar Italia Ces derniers mois, Bar Italia n’était qu’un nom sonnant comme un morceau de Pulp. Et derrière lequel se planquait… on ne sait trop qui. On devinait ces jeunes Londoniens proches de Dean Blunt et Mica Levi, et c’est à peu près tout. Pour le reste, leurs chansons parlent pour eux : brumes shoegazeuses, mélodies intimistes et bourrasques électriques, mariage à trois voix. De quoi rappeler de bons souvenirs aux orphelins de Sonic Youth, et ouvrir la voie vers un rock rêche aux plus jeunes. T.A. Anvers, 25.11, Trix, 19h30, 17 > 13,50€, trixonline.be Bruxelles, 26.11, Botanique, 19h30, 20,50 > 14,50€


2023

→nov. LE GRAND MIX

legrandmix .com SCÈNE DE MUSIQUES ACTUELLES TOURCOING

LE GRAND MIX

02/11 02/11

Festival Haute Fréquence : le goûter concert de Ladaniva Festival Haute Fréquence :

Ladaniva + Ninon

04/11 Oh Yeah ! Oh Yeah ! de Black Bones C

07/11 Puppetmastaz COMPLET M + Zeuzloo 09/11 H JeuneCrack + guest

J

CM

10/11 Peet + Lynx 12/11 Årabrot + Jaye Jayle + Karin Park 16/11

Tourcoing Jazz Club :

18/11

Afterwork gratuit :

Gaspar Claus

CJ

CMJ

N

21/11 Alice Phoebe Lou + guest

28/11 Enola Gay + guest Tourcoing Jazz Club :

The Necks

30/11 Shygirl + guest

design_les produits de l’épicerie - L-R-22-4685 / L-R-22-4687 / L-R-22-4689

Kamakan

20/11 Robert Finley + guest

29/11

MJ


disques The Kills God Games (Domino) Sept ans après Ash & Ice, le duo angloaméricain est de retour avec un sixième album. Quoi de neuf sous le soleil de Los Angeles ? A priori pas grand-chose, surtout à l'écoute du morceau d'ouverture, New York, qui résume à lui seul tout ce qui a construit le succès des Kills : une boîte à rythmes, une guitare électrique et une voix. Les déflagrations fuzz de Jamie Hince enrobent le timbre envoûtant d'Alison Mosshart, dans des chansons à l'os qui touchent en plein cœur. Pour autant, au fil de ces douze titres se révèle peu à peu une instrumentation plus riche, nourrie de cuivres et d'échos électroniques, à l'image de Love and Tenderness qui rappelle le trip-hop de Portishead. Les moments de douceur (My Girls My Girls) et de rage rentrée (Wasterpiece) s'enchaînent tranquillement. Surgit alors ce qui semble, à notre sens, l'un des sommets du disque, et sans doute la chanson la moins "killsienne" du groupe : Blank. Soit une ballade au piano rythmée par des battements de cœur et portée par la voix d'Alison Mosshart, tout en puissance et élégance, dont les envolées lyriques évoquent (toutes proportions gardées) Lana Del Rey. Ou comment se réinventer tout en restant soi-même. Julien Damien

Suzanne Ciani & Jonathan Fitoussi Golden Apples of the Sun (Obliques / Transversales Disques) Voici une réunion au sommet entre la septuagénaire américaine Suzanne Ciani et le quadra français Jonathan Fitoussi. Débutée dans un bled californien, Bolinas, face à l’océan, cette collaboration s’est poursuivie à distance, confinement oblige. Ces "pommes dorées du soleil " renvoient à un recueil de Ray Bradbury, à un poème de Yeats, mais aussi et surtout à Silver Apples of the Moon (1967) du pionnier électronique Morton Subotnick. Ces deux amoureux des synthés modulaires (Moog, Buchla et autres Synthi AKS, pour les experts) signent un disque méditatif et en apesanteur, où se croisent ambient et kosmische musik. Répétitives, ces mélodies dessinent des paysages sonores propices à l’imaginaire et… oniriques. Pour une fois, le mot n’est pas galvaudé ! Thibaut Allemand


Mélanie de Biasio Il Viaggio ( [PIAS] )

Six ans après Lilies, qui fermait peut-être un cycle, Mélanie De Biasio se penche sur ses racines italiennes. Entre les Abruzzes et les Catskill Mountains new-yorkaises, la Carolo signe un cinquième album qui en soufflera plus d’un. Chanté principalement dans la langue de Lucio Battisti, ce Voyage tient moins du jazz vocal qui l’a révélée que d’un ambient oblique, héritier des travaux de Brian Eno ou de Mark Hollis. Exigeante, cette œuvre marie électronique, cordes, piano et field recordings. Elle n’en demeure pas moins rêveuse, laissant libre court à l’inspiration et prenant son temps, tout simplement. En témoigne le morceau Alba, longue pièce atmosphérique de près de 20 minutes, qui conclut ce disque singulier et renversant. Thibaut Allemand

Beirut Hadsel (Pompeii Records)

Après un bref passage chez 4AD, le temps de deux albums, Zach Condon revient chez Pompeii Records, sa propre structure, pour signer un sixième disque à peu près semblable aux précédents. Est-ce un reproche ? Même pas ! Bientôt 20 ans déjà que le natif d’Albuquerque rêve de pays lointains et de contrées imaginaires. Sa voix tendre et chaude, proche de celle d’un Jens Lekman, habite de petites symphonies de poche réalisées avec trois fois rien : quelques guitares et cuivres, un clavier ou un accordéon… Certains titres semblent même dénués de paroles, ne tenant qu’à quelques vocalises. L’Américain serait-il enivré de son propre timbre ? Mais le résultat, sublimé par quelques trompettes aériennes, désarme toute critique. Beirut sera toujours Beirut.. Thibaut Allemand

Animal Collective Isn't It Now ? (Domino)

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Sorti en amont d’Isn’t It Now ?, le morceau Defeat, avec ses 22 minutes de splendeur, laissait entendre un retour d’Animal Collective bardé de méditations psychédéliques et de détours inattendus. Pourtant, ce neuvième album collectivement signé par les animaux de Baltimore est peut-être, au premier abord, leur plus accessible. Moins impressionnant que l’acclamé Merriweather Post Pavilion ou que le sous-estimé Centipede Hz, ce disque affable se montre sous un jour radieux, caribéen, à l'image des orchestrations de Broke Zodiac ou Gem & I. Dans cette collection de chansons quasi-traditionnelles, on s’attendrait presque à voir surgir le standard du calypso Shame and Scandal in the Family. Et puis, les écoutes répétées révèlent peu à peu sa folie : un peu domptée, toujours sauvage ! Rémi Boiteux


Stephen Graham Jones Mon cœur est une tronçonneuse (Rivages / Noir)

Une bourgade tranquille émaillée de crimes atroces, un tueur invisible, des fausses pistes, une survivante (ou "final girl") qui affronte le monstre… Tels sont, peu ou prou, les ingrédients principaux d’un bon slasher. C’est dans ce sous-genre du cinéma horrifique que Jade Daniels a trouvé refuge, pour échapper à son ivrogne de père et une vie sans avenir. Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13, Survivance… Autant de films de série B dont cette adolescente d'origine amérindienne possède une connaissance encyclopédique, et qui lui offrent un prisme pour observer le monde. Jusqu’au jour où les morts violentes s’enchaînent subitement dans sa ville perdue de l'Idaho. Serait-ce l'œuvre d'un "boogeyman" ? Le fruit de son imagination débordante ? Le doute est permis. En tout cas, elle seule semble en mesure d'anticiper le scénario de ce macabre 4 juillet... Lauréat du prestigieux prix Bram-Stoker pour ce roman, Stephen Graham Jones signe ici le portrait attachant d'une jeune fille paumée. Son écriture oscille entre humour et épouvante pour dessiner une brillante mise en abyme comme un hommage aux classiques de l'hémoglobine. "Sang pour sang" jouissif. 480 p., 24€. Julien Damien

François de Riberolles & Ugo Bienvenu L'Incroyable périple de Magellan (Éditions Denoël) L’histoire de Christophe Colomb est bien connue. Celle de Magellan un peu moins. Boudé pour avoir trahi sa patrie en voguant avec les Espagnols, le Portugais, qui accomplit le tour du monde en 1519, retrouve ici ses lettres de noblesse. Illustré par Ugo Bienvenu, adapté de la série documentaire de François de Riberolles, ce récit épique donne à voir des cartes d’époque et des inventaires détaillés, sans tomber dans le piège du manuel scolaire. Riches de mille et une nuances de bleu, ces pages révèlent avec réalisme les combats menés par l’explorateur (du duel aux ravages d’une disette). Jouant sur les croyances de l’époque, le surnaturel n’est jamais loin, à l'image de cette rencontre avec les "géants" de Patagonie… les Espagnols ne dépassaient pas alors le mètre 50 ! 192 p., 42€. Élise Coquille


Samuel Piquet Dictionnaire des mots haïssables (Le Cherche-Midi)

Collaborateur du Gorafi et de l’hebdomadaire Marianne (dont on n’a jamais trop su lequel des deux il fallait vraiment prendre au sérieux) Samuel Piquet décortique les mots et maux de l’époque. Assumer, Bienveillance, Disruptif, Inclusif ou Recadrer sont quelques-unes des entrées de ce dico réjouissant d’acuité – la plupart du temps. De la novlangue politicomanagériale aux clichés journalistiques, tous les termes creux sont dézingués par cette plume qui vise souvent juste. Seuls bémols, une obsession très parisienne contre Anne Hidalgo, et quelques errements, aussi. Notre homme croit vraiment à cette panique morale qu’est la notion de wokisme. Comme quoi, on peut se poser en observateur amusé et tomber dans les pièges les plus grossiers. 224 p., 18,90€. Thibaut Allemand

Andreas Malm Avis de tempête. Nature et culture dans un monde qui se réchauffe (La Fabrique)

Le succès de Comment saboter un pipeline, récemment adapté au cinéma par Daniel Goldhaber, aura sans doute pesé dans le choix de traduire cet essai de 2017, au contenu plus théorique. À sa manière, Avis de tempête est aussi un livre de combat. L'enjeu en est de clarifier et de réarmer une pensée écologique qui, à force d'amalgamer nature et société, aurait brouillé le champ même de l'action humaine. Contre le sociologue Bruno Latour notamment, Andreas Malm entend raviver le matérialisme historique et ainsi nourrir des actions révolutionnaires. Si la lecture est dense, on rendra grâce à l'auteur de n'avoir oublié ni son humour, ni son sens du slogan : « Moins de Latour, plus de Lénine : voilà ce qu'exige l'état de réchauffement ». 240 p., 18€. Raphaël Nieuwjaer

Gaëtan & Paul Brizzi, Edgar Allan Poe La Chute de la maison Usher (Futuropolis)

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Adaptée au cinéma (par Roger Corman ou Jess Franco), à la télé (Mike Flanagan), sujet d’opéras par Debussy et Peter Hammill, voici La Chute de la maison Usher, l’une des plus fameuses nouvelles d’E.A. Poe, en bande dessinée, enfin presque. Quelques mois après avoir illustré le Double assassinat dans la rue Morgue, les jumeaux Brizzi ajoutent une fois de plus des images au texte de Poe – traduit, faut-il le rappeler, par un certain Charles Baudelaire. La mine graphite mariée à la cire confère à ces dessins un clair-obscur velouté et profond, qui sublime les textes de l’auteur et leur offre un second niveau de lecture. Outre La Chute de la maison Usher, sont aussi illustrées dans cet ouvrage, entre autres, Hop-Frog, Ligeia ou encore Le Chat noir. Magnifique. 256 p., 32€. Thibaut Allemand


Et la fête continue ! © Agat Films , Bibi Film, France 3 cinéma

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Je ne suis pas un héros © Nolita cinéma

Une Affaire d'honneur - Guy Ferrandis © Gaumont, France 2 cinéma, France 3 cinéma


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ARRAS FILM FESTIVAL Plans rapprochés

Ah, Arras. Sa citadelle, son beffroi, sa Grand'Place... et son festival de cinéma, pardi ! En l'occurrence, celui-ci est sans doute le meilleur au nord de Paris. Durant 10 jours sont ainsi projetés quelque 110 films issus du continent européen, dont beaucoup que l’on ne verra nulle part ailleurs. Suivez l'ouvreur. Comme dans tout bon festival de cinéma qui se respecte, on trouve à Arras une compétition, des avant-premières, des rétrospectives (dont une sur les "sales bêtes", des Oiseaux d'Hitchcock aux Piranhas de Joe Dante) et des invités prestigieux. Citons Dominique Blanc, Dominik Moll (le président du jury), Matteo Garrone (Gomorra) ou Agnieszka Holland. Cette dernière présente Green Border, tout juste primé à Venise et mettant en scène l’enfer des migrants à la frontière polono-biélorusse. Preuve s'il en fallait que ce rendez-vous a toujours eu le chic pour transformer le grand écran en fenêtre ouverte sur le monde. Alien au charbon Ambitieuse, tournée vers les pays de l'Est (notamment la Croatie ou la République Tchèque), cette programmation n'en oublie pas d'être populaire. Ici, on affectionne les films d'auteur comme le grand spectacle – et souvent les deux en même temps. Ainsi de la fresque de cape et d'épée Une Affaire d'honneur de Vincent Pérez, qui nous projette à la grande époque des duels en France, ou encore de Gueules noires. Réalisé entre Oignies, Wallers-Arenberg et Bruay-la-Buissière, ce nouveau long-métrage de Mathieu Turi (Hostile) « débute comme Germinal... avant de se tourner vers Alien », selon Éric Miot, le délégué général. L'histoire ? En 1956, des mineurs réveillent un monstre endormi dans les profondeurs du Nord... Oui, le cinéma de genre à la française a plutôt bonne mine – comme cette affiche arrageoise. Julien Damien

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Arras, 03 > 12.11, Grand’Place, Cinéma Mégarama & Casino d'Arras, 1 séance : 8>4€ (sauf soirée d'ouverture : 9€) • 10 séances : 48€ • 5 séances : 30,50€ • pass festival : 70€, arrasfilmfestival.com


© Scope Pictures - YZE

THE POD GENERATION Bulle de vie

Dans un monde où une assistante virtuelle vous cueille au saut du lit pour tester votre "intelligence intestinale", la gestation est passée aussi du côté des machines. Sous ses allures de fable superficielle, The Pod Generation s'interroge avec nuance sur l'avenir fabriqué par le techno-capitalisme.

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New York, dans un futur proche. Alvy et Rachel veulent un enfant. Mais comment ? L'entreprise Pegasus leur offre l'opportunité de rejoindre un programme novateur. Après une fécondation artificielle suivie en direct sur un écran de télévision par les parents, l'embryon est placé dans un œuf en plastique relié à une application – un "pod" – offrant au couple une gestation plus simple et paritaire. Alvy reste sceptique. Botaniste, il incarne un bon sens attaché à la terre et à la matière. À travers lui, le récit n'est pas loin de réduire des questions bioéthiques légitimes en peurs réactionnaires, dont l'issue serait un fantasme d'authenticité retrouvée. Mais The Pod Generation se révèle plus subtil, en imaginant ce qui advient lorsque les contraintes physiques et sociales de la maternité ne sont envisagées qu'à travers le filtre technico-capitaliste. La Française Sophie Barthes a surtout l'intelligence de donner une vraie consistance au "pod". Objet de design à la douce couleur pastel, il suscite un attachement inattendu, ouvrant à un nouveau type de relation entre le père et le fœtus. Alvy finit en effet par nouer un lien plus intime que Rachel, qui en éprouve une certaine jalousie. Le film atteint alors une ambivalence remarquable. Raphaël Nieuwjaer De Sophie Barthes, avec Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Rosalie Craig, Vinette Robinson, Jean-Marc Barr… En salle



© Jérôme Prébois / Pathé distribution

SECOND TOUR

Rage contre la machine Avec Second tour, Albert Dupontel creuse le sillon d’un cinéma toujours plus engagé politiquement, sur le plan social mais aussi écologique. Fustigeant les puissants, rêvant d'un monde meilleur, le film porté par Cécile de France déborde de générosité. Au risque de s’abîmer dans la caricature ? Le huitième film d’Albert Dupontel nous plonge dans les arcanes du pouvoir. Cécile de France y incarne Mademoiselle Pove, journaliste politique mise au placard, avec son cadreur (Nicolas Marié, hilarant), suite à un reportage sur un actionnaire de la chaîne pour laquelle elle travaille. De nouveau sollicitée pour couvrir l'entre-deux-tours de la campagne présidentielle, elle découvre que Pierre-Henry Mercier (Albert Dupontel), candidat novice et héritier d’une grande famille, dissimule de lourds secrets. Le duo se lance alors dans une enquête digne de Miss Marple… Alternant comédie, suspense, fable poétique et écologique, Second Tour s’inscrit dans la droite ligne d’Enfermés dehors et Adieu les cons. Dupontel en découd avec le "système", tape sur les politiques, les médias, les lobbys... Si plusieurs séquences sont franchement drôles, ou parfois nous serrent le cœur, on a l’impression que le cinéaste tourne en rond. Ses combats sont justes et nécessaires, mais sa charge est par trop démonstrative. Toutes proportions gardées, on pense au Jean-Pierre Mocky des mauvais jours. Le film reste toutefois à voir, et à soutenir, pour l’engagement sincère de l’homme-orchestre et sa foi en l’avenir. Au moins, Albert Dupontel et quelques autres francs-tireurs (Gustave Kervern et Benoît Delépine) n’abdiquent pas face au cynisme de l'époque ! Grégory Marouzé 64

D'Albert Dupontel, avec lui-même, Cécile de France, Nicolas Marié, Bouli Lanners... En salle


© SaNoSi

Documentaire français de Sylvestre Meinzer. Sortie le 15.11

L’Abbé Pierre. Une vie de combats Après L’Affaire SK1, Sauver ou périr et Goliath, Frédéric Tellier retrace la vie et les combats de l’abbé Pierre. Ambitieux, souvent poignant, ce biopic nous confronte à notre propre humanité. Succédant à Lambert Wilson (Hiver 54, l'abbé Pierre, de Denis Amar, en 1989), Benjamin Lavernhe enfile la soutane avec maestria. Par sa voix, ses regards, sa façon de se mouvoir, le pensionnaire de la Comédie-Française sidère. Celui qu’on surnommait « la voix des sans-voix » réapparaît de façon troublante à l’écran. Mais le film met aussi en lumière une femme de l’ombre, Lucie Coutaz (magnifique Emmanuelle Bercot), qui fut secrétaire de l’abbé et porta Emmaüs toute son existence. À l’heure où la pauvreté ne cesse de regagner du terrain en France, voilà une œuvre populaire et nécessaire. Grégory Marouzé De Frédéric Tellier, avec Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot, Michel Vuillermoz… Sortie 08.11 65

Que reste-t-il des Gilets jaunes, cinq ans après l'acte I ? Vaste question, à laquelle ce documentaire répond d'abord par sa mise en scène. Ronds-points déserts, zones industrielles, maigres filets de manifestants : bien que tourné durant le mouvement, le film de Sylvestre Meinzer semble se situer dans l'après-coup, à l'heure où il ne reste plus que des récits – montés en off. Du Havre à Marseille, Les Voies jaunes n'enregistre pourtant pas une défaite, mais les signes d'une persistance. Le jaune essaime dans le paysage, et la remémoration ravive la puissance de la multitude. De témoignage en témoignage, un mouvement souterrain de convergence se dessine ainsi, les paroles se coulant les unes aux autres à la manière des rivières gonflant le fleuve. Vers de nouveaux débordements ? Raphaël Nieuwjaer

© Jérôme Prébois

Les Voies jaunes




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Marc Chagall, Commedia dell’arte, 1958 © Alain Leprince

LE CRI DE LIBERTÉ. CHAGALL POLITIQUE

Le grand témoin


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expos

Chagall comme vous ne l’avez jamais vu, ou si peu. Pour la première fois, la Piscine de Roubaix présente l’œuvre du maître dans sa dimension politique. Éternel exilé, le peintre a placé la rencontre, la tolérance et la migration au cœur de son travail. Nourri de prêts d’exception et de documents inédits issus des archives de l’artiste, ce parcours dessine le portrait d’un grand témoin de son siècle.

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Marc Chagall (1887-1985), Au-dessus de Vitebsk, 1922 © Julien Damien

De Chagall, on retient d'abord un enchantement de couleurs, une atmosphère onirique, des personnages en lévitation, un bestiaire fantastique... En somme, « une œuvre parfois réduite à un monde de rêves », selon Meret Meyer, sa petite-fille. Ce serait oublier que la vie du peintre fut traversée par deux guerres mondiales, une révolution, les persécutions antisémites...

« Une dimension visionnaire »

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Dès lors, pouvait-il rester aveugle aux soubresauts de l’Histoire ? Non, évidemment, et ce xxe siècle qui brûle de toutes parts se reflétera dans ses

tableaux. À Roubaix, cette exposition porte un regard inédit sur la production de l'artiste francorusse, en l’observant sous un angle politique, « au sens noble du terme, et non partisan, bien sûr », ajoute Bruno Gaudichon, le directeur de La Piscine. Les yeux ouverts Le parcours débute ainsi avec Commedia dell'Arte. Cette toile monumentale fut exécutée en 1958 pour le foyer du théâtre de Francfort, en Allemagne... Elle s'apprécie comme une métaphore politique de la société et traduit les obsessions de l’artiste. « Il représente le monde sous la forme d’un cirque, avec ce qu'il suppose de liberté


mais aussi de mouvements permanents, cet exil quotidien », selon Bruno Gaudichon. Ces jeux de déséquilibre traduisent aussi l’incertitude de l’époque. « Au premier plan un coq pointe son bec, c'est le seul personnage qui nous regarde, l’œil grand ouvert », commente Meret Meyer. Pas un hasard, car cet animal demeure un avatar de Chagall, symbolisant la conscience de l'humanité. « C’est l'artiste en éveil, qui exprime sa dimension visionnaire ».

« La paix demeurait son seul dessein »

cet allégorique homme volant audessus de Vitebsk montrant un personnage « portant son balluchon et qui, inexorablement, doit fuir son pays pour échapper aux persécutions ». Comment, alors, ne pas penser à notre époque, qui voit ces peuples déchirés par la guerre et forcés à l’exode, de l’Ukraine au Moyen-Orient, en passant par l’Arménie ? Le message de Chagall, pour qui « la paix demeurait le seul dessein », selon Meret Meyer, n’a pas perdu de sa puissance, et reste plus que jamais d’actualité, hélas... Julien Damien

Roubaix, jusqu'au 07.01.24, La Piscine mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h • dim : 13h-18h 11/9€, roubaix-lapiscine.com

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Par-delà les époques Au fil de la visite, de nombreuses archives (écrits, documents administratifs…) permettent « une meilleure compréhension » des intentions de Chagall. On croise la figure de Lénine la tête en bas, de Jésus crucifié, symbolisant « pas uniquement le martyr d’une communauté, mais un crime contre l'humanité tout entière »... Et puis, bien sûr, on observera parmi ces toiles un motif récurrent : celui du juif errant, comme dans

© Alain Leprince

En bas à gauche de la composition, on retrouve le shtetl de Vitebsk, le quartier juif de son enfance, peint dans un camaïeu de bleus et qui sera détruit lors de la Seconde Guerre mondiale…


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par Bruno Gaudichon & Meret Meyer

La Maison bleue (1920)

Juif en prière (1923)

« Ce tableau faisait partie dans les années 1930 de la collection du musée de Mannheim. La législation nazie sur l'art dégénéré videra les institutions allemandes de leurs tableaux modernistes. Dans un esprit mercantile, cette toile fut vendue par le IIIe Reich à une banque à Lucerne, juste avant la guerre. La ville de Liège, pour soutenir la création contemporaine, et dans un geste politique fort, l’achètera. La partie gauche de la toile montre qu’après son premier séjour à Paris, le peintre a retenu les leçons de Gauguin, notamment dans la représentation du paysage. Le shtetl de Vitebsk est lui résumé au premier plan par une maison bleue. Elle semble séparée du reste de la ville, comme pour insister sur la notion de quartier réservé… ». B.G.

« Ce personnage est le témoin d’un monde en voie de disparition. Il est présenté comme un document historique, qui rappelle les peintures de Rembrandt. Chagall est alors confronté à la guerre, puis à la montée du nazisme, qui fait surgir en lui la peur des persécutions. Il veut laisser une trace presque photographique, cinématographique de cet homme. Ce recours au noir et blanc peut désarçonner, car l’artiste est surtout un enchanteur de couleurs. Mais il est ici employé à dessein, pour donner de la force à la toile, qui tourne autour d'un motif récurrent, le talit, ce voile rituel des Juifs. L’œuvre a aussi un aspect expressionniste, évoquant les films de l'époque, notamment dans l'arabesque au fond. » M.M.

Marc Chagall, La Maison bleue, 1920 Photo : G. Micheels © ADAGP, Paris, 2023

Marc Chagall (1887-1985), Juif en prière, 1923 Photo : Art Institute of Chicago © ADAGP, Paris, 2023

Œuvres commentées



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Marko Epshtein (1899–1949), Violoncelliste (ca. 1920) © National Art Museum of Ukraine


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expos

IN THE EYE OF THE STORM MODERNISM IN UKRAINE, 1900 - 1930s Résistance active

Présentée à Madrid et Cologne, cette exposition rassemble des œuvres mises à l'abri depuis le début des bombardements de Kiev par l'armée russe, en 2022. La plupart d’entre elles n’avaient d’ailleurs jamais quitté le pays. À Bruxelles, ce corpus exceptionnel révèle ainsi un mouvement né en Europe de l'Est au début du xxe siècle largement sous-estimé sous nos latitudes : le modernisme ukrainien. d'opéra. Tous racontent l’ébullition artistique en Ukraine au début du xx e siècle, et concomitante des

« Les bases de l’abstraction du xxe siècle » grands événements de cette période : l’effondrement des empires, la Première Guerre mondiale ou la fondation de l’URSS. À la racine Le modernisme « a posé les bases de l’abstraction du début du xx e siècle. Les artistes décortiquent la couleur, les surfaces planes, mènent des recherches plastiques », décrit la spécialiste. De fait, on croise plusieurs souscourants à Bruxelles.

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Disons-le d’emblée, In The Eye of the Storm n’aurait sans doute pas vu le jour sans la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. « Ce parcours est le résultat de l’évacuation des chefs-d’œuvre du Musée national d’Ukraine, et du Musée du théâtre, de la musique et du cinéma », explique Francisca Vandepitte, conservatrice de la collection d’art moderne aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Des centaines de trésors mis en sûreté et qu’il aurait été dommage de ne pas montrer. Bruxelles présente le « noyau » de cette exposition itinérante, soit une soixantaine de tableaux, dessins et collages, mais aussi des esquisses et projets pour des costumes de théâtre et


Alexandra Exter (1882 – 1949), Three Female Figures (1909-1910) © National Art Museum of Ukraine

Par exemple, les Three Female Figures (soit trois silhouettes bourgeoises sans visage) de la peintre Alexandra Exter sont devenues emblématiques du cubo-futurisme. L’immense Kasimir Malevitch, né en Ukraine avant de prendre un passeport russe, et dont on découvre ici quelques dessins, est quant à lui un pionnier de l’art abstrait.

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Quête d'identité Jusque-là ignorées, les relations de ces figures avec les réseaux artistiques en Europe surgissent à la faveur de ce focus. Ainsi, c'est à Paris, en 1909, que l'Ukrainien Mikhaïl Boïtchouk donne naissance au boïtchoukisme, mêlant

arts moderne et folklorique. Les œuvres témoignent de ces liens privilégiés. Il est ainsi difficile de ne pas penser à Braque ou Picasso face au Violoncelliste de Marko Ephstein (1920). In The Eye of the Storm est enfin un geste fort des commissaires ukrainiens associés à Francisca Vandepitte. « Ils veulent remettre en valeur l'art dans leur pays, qui a longtemps été noyé dans l'avant-garde russe », note-t-elle. Et ça n'a rien d'anodin, dans le contexte actuel. Marine Durand Bruxelles, jusqu'au 28.01.2024 Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique mar > ven : 10h-17h • sam & dim : 10h-18h 10 > 3€ (gratuit -18 ans), fine-arts-museum.be


EXPOSITION 15.10.23 > 11.02.24

CID - GR AND -HORNU.BE RUE SAINTE-LOUISE , 82 | 7301 HORNU | BE LGIQUE


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© Julien Damien


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expos

AKET KUBIC

Géométrie variable Mêler street art et cubisme ? Il fallait y penser. C'est justement l'idée d'Aket Kubic. Derrière ce pseudonyme se cache un jeune homme prénommé Anthony, originaire des Hauts-de-France, et dont les œuvres sont reconnaissables au premier coup d'œil. Pour tout dire, elles ont déjà parcouru le monde... jusqu'à illustrer une publicité pour CocaCola, entre autres ! En novembre, le Nordiste expose ses toiles à Mouvaux, lors de la deuxième édition du Smarts (le Salon mouvallois des arts), avant de s'envoler pour Miami. Quelle est son histoire ? Comment travaille-t-il ? De quelle manière vit-il son fulgurant succès ? Rencontre dans son atelier roubaisien.

Comment êtes-vous revenu à votre passion ? En fait, je ne l'ai jamais abandonnée, j'avais toujours mes carnets sur moi. Les rêves sont plus forts que tout. À 27 ans, je me suis donc remis à la peinture.

Quelle fut votre première exposition ? C'était dans un bar, à Marcq-enBarœul. Je travaillais encore à ce moment-là, et ça a été un vrai succès. Je postais aussi mon travail sur les réseaux sociaux et quelques temps plus tard j'ai été repéré par la galerie Signature Fine Art de Miami, ça m'a permis de démissionner pour me consacrer à la peinture. Comment définiriez-vous votre style ? J'essaie simplement d'amener la spontanéité du graff au cubisme. Je dessine tout de suite, au feutre, sans croquis au préalable.

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Quel est votre parcours ? J'ai grandi à Dunkerque. Enfant je dessinais beaucoup, puis j'ai eu ma période "ado et graffiti", comme un peu tout le monde. Je souhaitais entrer dans une école de BD, encouragé par ma prof d'arts plastiques. Mais mon père m'a dit qu’il me fallait un vrai boulot. J'ai donc suivi des études de logistique, été chauffeur poids lourd, cariste…


Étiez-vous attiré par le cubisme ? Pas du tout ! Je n'admirais pas spécialement les œuvres de Picasso, j'étais plutôt fan de Basquiat, pour l'énergie que dégagent ses toiles.

« Amener la spontanéité du graff au cubisme » J'ai ensuite découvert George Condo, mêlant Renaissance et cubisme, et puis Fernando Botero, dont j'aime les couleurs chaleureuses. Qu'est-ce qui vous intéresse dans le cubisme ? La profondeur, cette perspective en

À l'aube, elle s'établit © Aket

Portrait de l'homme pensif © Aket

Puis au fur et à mesure je travaille la toile pour raconter une histoire.

3D appliquée à des sujets simples, mais avec des formes complexes, où les couleurs s'entremêlent. Techniquement, comment composez-vous vos œuvres ? Je commence par le visage et puis je construis autour. C'est un peu comme de la sculpture. Je pose la matière puis je lui donne de l'épaisseur. Au début les formes géométriques sont assez rudimentaires, ensuite je les étoffe. Je peins à l’acrylique et à la bombe, parfois à l'aérographe pour donner de la texture à la peinture, qu'elle ressemble à de la pierre. Que cherchez-vous à véhiculer à travers votre art ? Chacune de mes œuvres est accompagnée d'un texte explicatif,

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Se dresser pour combattre © Aket


d'une petite poésie que j'écris moi-même. Mais l'idée principale est de croire en ses rêves et de rester sincère. J'ai par exemple réalisé un portrait de samouraï.

« Je travaille la peinture comme une sculpture » On voit de la persévérance dans ses yeux. On peut imaginer qu’il se regarde aussi dans la lame de son katana, qu’il se combat lui-même. Que présentez-vous lors de cette exposition à Mouvaux ? Une trentaine de toiles évoquant le Japon, où j'ai effectué un voyage en amont de cette exposition. J'aime

la culture de ce pays, qui est tellement éloignée de la nôtre. On se croirait sur une autre planète. J'en livre ici ma vision personnelle, en mêlant tradition et modernité. Ici un combat de sumos, là un portrait de mangeur de nouilles... La scénographie est aussi très particulière, car pour l'occasion on a reconstitué une rue du vieux Kyoto. Propos recueillis par Julien Damien Du Ciment à la belle étoile Mouvaux, 10 > 19.11, L'Étoile - Scène de Mouvaux (Smarts - Salon mouvallois des arts) mar > ven : 14h-18h • sam & dim : 10h-12h & 14h-18h, gratuit, letoile.mouvaux.fr À visiter / aketkubic.com c @aketkubic/ À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com

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© Julien Damien


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La photographie au commencement Exposition 06.10.23 – 03.03.24

musee-lam.fr

Anselm Kiefer, Ohne Titel (Sans titre), 1969–2009. © Anselm Kiefer, 2023. Photo : Atelier Anselm Kiefer. Conception : baldinger•vu-huu.

Anselm Kiefer


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Mygale My Love, 2022, Mohamed Bourouissa © Nicolas Dewitte


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expos

MOHAMED BOUROUISSA Vision périphérique

Mohamed Bourouissa, Série Shoplifters, 2014 © Adagp, Paris, 2023 / Courtesy de l'artiste et Mennour, Paris

C’est un créateur parmi les plus doués de sa génération. Mohamed Bourouissa est mis à l’honneur au LaM de Villeneuve d'Ascq, avant une grande rétrospective au Palais de Tokyo, début 2024. Intitulée Attracteur étrange, en référence à une formule mathématique modélisant la théorie du chaos, cette exposition témoigne des obsessions du FrancoAlgérien, qui explore les failles de la société à travers ses marges. Le parcours met aussi l’accent sur une multiplicité de pratiques, entre la vidéo, la photographie, la sculpture, la musique, le dessin... En somme, une bonne définition de "l'artiste total". contemporaine par le prisme des "invisibles", pour mieux déconstruire les clichés. C'est par exemple la série photographique Périphérique, initiée durant les émeutes de 2005 en France, a 85

Peut-on se situer à la fois en périphérie et au centre des choses ? C'est toute la question soulevée par le travail de Mohamed Bourouissa. Depuis le début du millénaire, ce plasticien observe la société


Mohamed Bourouissa devant les dessins de la série Island © Julien Damien

où il revisite le quotidien de jeunes des quartiers à travers des mises en scène rappelant des chefsd'œuvre de la peinture classique. Comme pour les associer à la "grande histoire".

« Une œuvre profondément sociale » Citons aussi le film Horse Day, focalisant sur les cavaliers afroaméricains de Philadelphie, et bousculant la mythologie du cowboy blanc...

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Images volées « L'œuvre de Mohamed est profondément sociale », observe Marie-

Amélie Senot, responsable du fonds d'art contemporain au musée de Villeneuve d'Ascq. Elle est aussi collaborative, l'intéressé voyant sa pratique comme « un moyen de créer des connexions ». Entre les gens bien sûr, mais aussi des sujets récurrents : il est ici question de contrôle, de rapports de force. En témoigne le projet Shoplifters, dont le point départ est la découverte de clichés de voleurs à l'étalage, exhibés dans un supermarché de Brooklyn. « Le patron du magasin les photographiait avec dans les mains l'objet qu'ils essayaient de dérober ». Mohamed Bourouissa a soigneusement « shooté » puis


Vue de l'installation Seum, 2023, Mohamed Bourouissa © Nicolas Dewitte

You're Under Arrest Lors de cette exposition, on admire aussi l'installation Seum, racontant l'histoire d'un contrôle policier musclé – qu'il a lui-même subi. Sur les murs sont accrochées des sculptures en aluminium, figurant

ici un visage écrasé contre une paroi, là une jambe bloquée... Au milieu de la pièce sont suspendues des aquarelles abstraites, tandis que résonne une musique douce, qu'il a composée. « Les dessins placés au centre illustrent cette envie de rentrer en soi-même pour s'échapper de l'extérieur, ce sont des pensées refuges ». Une œuvre puissante, politique et qui nous embarque... sans résistance. Julien Damien Villeneuve d’Ascq, jusqu'au 21.01.2024 LaM, mer > dim : 10h-18h 11/8€ (gratuit - 18 ans), musee-lam.fr À lire / La version longue de cet article et l'interview de Mohamed Bourouissa sur lm-magazine.com 87

restauré ces polaroids détériorés. Disposées sur des grilles, ces images agrandies révèlent des personnes démunies, prises "la main dans le sac", parfois dépitées mais souvent souriantes. « C'est une forme de défiance, de résistance. J'y vois aussi une généalogie de la surveillance, dont le paroxysme serait l'utilisation des caméras de reconnaissance faciale ».


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Vue d'exposition, Yoshitomo Nara, Quiet, Quiet, 1999, Vanhaerents Art Collection / Photo © Julien Damien


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AU BOUT DE MES RÊVES Pièces de collection

C'est un incontournable de la vie culturelle bruxelloise, et l'un des plus grands fonds privés dédiés à l'art contemporain. À Lille, la Vanhaerents Art Collection investit les trois étages du Trispotal. Intitulée Au bout de mes rêves, cette exposition réunit quelque 75 œuvres jamais vues dans la capitale des Flandres, entre installations, vidéos ou peintures issues de chaque continent, des années 1970 à nos jours. Des pièces spectaculaires, souvent monumentales mais pas dénuées de sens, bien au contraire. Derrière ce titre emprunté à une chanson de vous-savez-qui, on trouve la passion d'un homme pour l'art contemporain, en l’occurrence Walter Vanhaerents.

« Collectionner est devenu une seconde nature »

Vue d'exposition, Oneness, 2002-2003 © Mariko Mori Vanhaerents Art Collection / Photo © Julien Damien

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C'est même une affaire familiale, puisque son fils et sa fille le suivent désormais dans ses aventures. « Collectionner, pour nous, est devenu une seconde nature, une sorte de virus », s'amuse le Bruxellois, qui possède son propre musée dans la capitale. Constitué depuis les années 1970, ce corpus


Vue d'exposition, Otis Kwame Kye Quaicoe, Portrait de Kortnee Solomon, 2021, Vanhaerents Art Coll. / Photo © Julien Damien

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d'œuvres, rarement exporté hors des frontières du plat pays, est l'un des plus importants en Europe. On y trouve de grands noms, bien sûr, comme Bill Viola, dont on admire à Lille les fameux Martyrs (Earth, Air, Fire, Water), soit un polyptique vidéo où quatre personnes vivent leurs derniers instants, en extase avec les quatre éléments – la terre, l’air, le feu et l’eau. Citons aussi la Japonaise Mariko Mori, représentée au Tripostal avec sa plus célèbre sculpture, Oneness, qui connecte littéralement le public à l'art. Pour cause, cette installation se compose de six silhouettes extra-terrestres. Lorsque l'on touche

tous ensemble ces personnages, leurs yeux s’illuminent et leur cœur se met à battre... Reconquête de l'Ouest Pour autant, cette collection se distingue aussi par « une envie de relever des défis avec de jeunes artistes, notamment afro-américains », assure Walter Vanhaerents. À l'image de cette grande toile signée du Ghanéen Otis Kwame Kye Quaicoe, qui représente un portrait de la championne américaine de rodéo Kortnee Solomon, très digne sur un cheval blanc. Une précision : cette jeune femme est noire « comme un quart des cowboys aux États-Unis, explique


Vue d'exposition, Yinka Shonibare, Leisure Lady (with ocelots), 2001, Vanhaerents Art Collection / Photo © Josiane Fauré

Joost Vanhaerents, le fils de Walter. Mais ça, Hollywood l'a effacé de la mémoire collective ». Iconoclaste, cette peinture réhabilite ainsi la place de cette communauté dans l'histoire américaine. Le titre de l'exposition prend alors tout son sens : il est ici question d’audace, de persévérance. « Quand vous voulez quelque chose, ne lâchez rien !, revendique Walter Vanhaerents. Il faut poursuivre son rêve à tout prix, peu importe qu'il se réalise ou non ». Et même si le temps presse, et même s'il... enfin, vous connaissez la chanson. Julien Damien Vue d'exposition, Ugo Rondinone, If There Were Anywhere but Desert, Sunday, 2000, Vanhaerents Art Collection Photo © Nicolas Pattou 91

Lille, jusqu’au 14.01.2024 Le Tripostal, mer > dim : 11h-19h 9 > 7€ (gratuit -18 ans), lille3000.com


Shenzhen, province du Guangdong, décembre 2019 © Bertrand Meunier, Tendance Floue

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Place Tian’anmen, Pékin, septembre 2001 © Bertrand Meunier, Tendance Floue


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BERTRAND MEUNIER

La Chine à marche forcée Bertrand Meunier a sillonné la Chine de 1999 à 2019, et d’abord envisagé de raconter par écrit la mise à pied du peuple chinois. Mais face à l’ampleur et la violence des bouleversements politico-économiques imposés par les dirigeants communistes, il a choisi la photographie. Erased est son odyssée sombre et percutante. Bertrand Meunier est arrivé pour la première fois en Chine à pied, il y a une vingtaine d'années, depuis le Pakistan où il faisait de l’alpinisme. Il découvre alors les mutations économiques et politiques imposées d’une main de fer par les trois derniers secrétaires du PCC et présidents chinois. Ce sont les fermetures des grandes mono-industries du nord-est et du centre, entraînant la paupérisation de millions d’ouvriers, de petits employés et le déracinement des paysans pour créer les "Zones économiques spéciales" sur la côte est, qui voient affluer les entreprises étrangères. Gigantesques, appliquées de façon dictatoriale, ces réformes font littéralement table rase du passé. Et construisent en à peine deux décennies l’atelier de production du monde, suite à l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001. Souriez, vous êtes filmés Bouleversé par ce qu’il découvre au rythme lent de la marche, le Français décide de le documenter par la photographie argentique, en noir et blanc. Un choix très inspiré ! Ses images sont prises au plus près des sujets, avec beaucoup de grain et de matière, et composent un ensemble percutant. À Charleroi, on découvre aussi "l’œil", soit une installation immersive témoignant de la vidéosurveillance chère à Xi Jinping (il y aurait plus de deux milliards de caméras en Chine). Et on pense inévitablement au documentaire terrifiant À l'Ouest des rails de Wang Bing, Erased se situant au même niveau esthétique et d’engagement. François Lecocq Charleroi, jusqu'au 28.01.2024, Musée de la photographie, mar > dim : 10h-18h 8 > 4€ (gratuit -12 ans), museephoto.be

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À lire / Erased, de Bertrand Meunier, (Atelier EXB), 204 p., 47€, exb.fr


MARC RONET

Matière sensible Élève d’Eugène Dodeigne, Marc Ronet est le benjamin du groupe de Roubaix. Quelque part entre l’abstraction et la figuration, ses toiles et gravures cultivent l’ambivalence, témoignant d’une maîtrise virtuose de la lumière et de la matière. Une œuvre singulière, à découvrir à Tourcoing et à Roubaix. Né en 1937, Marc Ronet vécut son premier choc artistique à l’âge de sept ans, au Palais des beauxarts de Lille, devant La Descente de croix de Rubens. « Une émotion pure, qui deviendra ma respiration », dit-il. Le terme sied parfaitement à son œuvre, réalisée presqu'inconsciemment. « Chez moi, le geste devient Paysage à la tache verte, 2012 © François Pons le maître du jeu, la main est guidée par la matière, plus rapide que la pensée ». De cette « course folle » naît ce qu’il appelle un « magma », soit un fond abstrait d’où jaillissent ensuite des figures, des paysages et des objets domestiques, comme des tables ou du linge suspendu. Au MUba de Tourcoing, le premier des trois chapitres de cette exposition s’intéresse par exemple aux fleurs, aux bâtons et aux portraits. « Des sujets qui, a priori, n’ont rien à voir, commente Mélanie Lerat, la directrice du musée. Le dénominateur commun, c’est la verticalité. Il s’agit de tenir debout, c’est de l’ordre de l’énergie vitale ». Plus loin, ses variations autour des lieux vides paraissent dénuées de traces humaines. En réalité, c’est tout le contraire, « car le vide n’est pas rien », assure l’artiste. Ici, il traduit l’absence et les silences, offrant plus que jamais matière à s’émouvoir. Julien Damien Marc Ronet. La Main et le geste Tourcoing, jusqu’au 11.02.2024, MUba, tlj sauf mar : 13h-18h, 6/4€ (grat. -18 ans), muba-tourcoing.fr

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Marc Ronet. La Peinture obstinée : une donation Roubaix, jusqu’au 07.01.2024, La Piscine, mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h • dim : 13h-18h 11/9€ (gratuit -18 ans), roubaix-lapiscine.com roubaix-lapiscine.com



David de Beyter, The Skeptics (Las Canadas), 2021. Film fixe, 16 mm © David de Beyter, 2023

L’AUTOMNE À L’INSTITUT Profondeur de champ

On a trouvé où se réchauffer, à l’heure des premiers frimas de l’hiver… Avant les travaux de rénovation, l’Institut pour la photographie de Lille propose un nouveau programme de huit expositions, et nous emmène d’abord dans les îles Canaries, à Ténérife. Pas forcément pour profiter du soleil, non. Plutôt pour apercevoir des ovnis. Dans la série The Skeptics – Study of an Optical Phenomen, le Roubaisien David De Beyter croise images d’archives et musique drone, rituels anciens et croyances nouvelles, soit un parcours des plus… dépaysants. Au fil de ce voyage immobile (mais mouvementé), on se joint aussi aux Errances de Claire Fasulo. Pour ce projet, la photographe a parcouru les allées désertées de la fête foraine de Lille, après le premier confinement, et capté des moments suspendus, saisis à la lumière des néons. Entre les photomatons (élevés au rang d’art) d’Olivier Despicht et les graffs "vandales" immortalisés par SAEIO, on admire aussi le portrait de la danseuse et meneuse de revue transgenre Kim Harlow, signé par une certaine Bettina Rheims… J.D.

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Lille, 03.11 > 24.12, Institut pour la photographie jeu & ven : 14h-19h • sam & dim : 11h-19h, gratuit, institut-photo.com



© Julien Damien

Fanny Bouyagui : IA-Terra L’avènement de l’intelligence artificielle intrigue, voire effraie. Fanny Bouyagui en a fait une alliée. La plasticienne roubaisienne (initiatrice de la Braderie de l'Art ou du NAME festival) a toujours croisé les pratiques, entre musique, mode, spectacle vivant… Pour ce projet, elle fusionne création ancestrale et nouvelles technologies, en l’occurrence céramique et IA. Les formes en porcelaine, façonnées à partir de la terre, accueillent des personnages issus d’un logiciel de génération d’images. Modelées à partir du langage, ces divinités contemporaines nous racontent leur histoire en vidéo, via des QR codes, et connectent les âges. J.D. Roubaix, jusqu'au 07.01.24, La Piscine, mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h • dim : 13h-18h, 11/9€

© Alain Breyer

La Laine et l'eau C'est la première fois que le Mons Memorial Museum ouvre ses portes à un artiste contemporain, en l'occurrence Didier Mahieu. Pas à un hasard : le natif de Saint-Ghislain a placé la mémoire au centre de son œuvre. Composée de peintures, d'objets personnels ou d'une grande sculpture (deux soldats taillés dans la pierre et assis au pied d’un arbre), cette exposition mêle avec maestria la grande histoire et l'intime, la transmission et le souvenir. J.D.

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Mons, jusqu'au 14.04.24, Mons Memorial Museum mar > dim : 10h-18h, 9 > 2€ monsmemorialmuseum.mons.be



L'Atlas des 2-mers

Le Film des objets © Frank Smith

Situé entre Calais et Marck, formé de plages, de dunes et de bois, le Fort vert est un espace naturel d'environ 400 hectares. Auteur et réalisateur, Frank Smith dresse un portrait sensible de ce paysage exceptionnel grâce à des films et installations vidéo, poésies et créations sonores. Produit par le programme "Mondes nouveaux", initié par le ministère de la Culture, ce projet offre ainsi un autre regard sur ce territoire entre terre et mer, et nous invite à prendre le large. Calais, jusqu'au 10.03.24, Musée des beaux-arts mar > dim : 13h-18h, gratuit, calais.fr

Lionel Estève. Les Saisons

Home Made

Né à Lyon, résidant à Bruxelles, Lionel Estève se définit avant tout comme sculpteur. Présentée dans le monde entier, son œuvre interroge notre perception et les liens entre l'être humain et la nature. Une approche particulièrement tangible au MACS, cette exposition focalisant sur le paysage, au fil des quatre saisons. Conçue comme une vaste installation immersive, elle insiste sur l'expérimentation des techniques et des matériaux (cailloux brodés ou dorures de feuilles séchées).

En cette ère post-Covid de télétravail généralisé, cette exposition soustitrée "Créer, produire, habiter" ausculte les relations entre espace domestique, labeur et objets. Aussi, les enjeux nouveaux ne manquent pas : transformation de son petit chez soi en atelier, mutations de la ville engendrées par la production à domicile, du réseau de transports… Astucieux, inventifs et poétiques, les designers réunis au CID retissent habilement les liens entre l’intime et le collectif.

Hornu, 12.11 > 17.03.24, MACS mar > dim : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit -6 ans) mac-s.be

Hornu, jusqu'au 11.02.24, Centre d’innovation et de design, mar > dim : 10h-18h 10 > 2€ (gratuit -6 ans), cid-grand-hornu.be

Julie Decubber Julie Decubber nourrit une approche singulière de la céramique. Pour cause, elle explore cette pratique ancestrale par le prisme du bijou. Révélée en 2021 au Musée des arts décoratifs de Paris, cette exposition baptisée Tessons exquis est constituée de pièces réalisées à partir de rebuts, en l'occurrence des fragments de terre cuite ébréchés de 15 céramistes. En résulte une série "d'œuvres-récits" à appréhender comme un cadavre exquis, telle une mise en abyme de la création.

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La Louvière, jusqu'au 21.01.24, Kéramis, mar : 9h-17h • mer > dim : 10h-18h 8 > 4€ (gratuit -18 ans), keramis.be


Roping, Will Cotton, 2019-2020, Courtesy de l’artiste et Templon, Paris-Bruxelles-New York © Will Cotton © ADAGP, Paris 2023

Animaux fantastiques C’est à un voyage extraordinaire auquel nous convie le Louvre-Lens. Une excursion à travers le temps et les cultures, à la rencontre des animaux fantastiques : dragons, griffons, licornes… Quelle est l'origine de ces créatures hybrides aux pouvoirs surnaturels ? Quels rôles jouent-elles ? Que disent-elles de nous ? Réunissant près de 250 œuvres, de l’Antiquité à nos jours, le musée nous plonge au cœur des mythes d’hier et d’aujourd’hui grâce à des peintures, sculptures ou extraits de films. Lens, jusqu’au 15.01.2024, Louvre-Lens mer > lun : 10h-18h, 11/6€ (gratuit -18 ans), louvrelens.fr

Mineurs d'Ukraine

Upcycling

Le travail à la mine est affaire de courage, d'engagement, de fraternité. Ces valeurs jaillissent des images de Youry Bilak. Né en France de parents réfugiés ukrainiens, ce photographe a sillonné les mines de l’ouest et de l’est de son pays d'origine pour saisir le quotidien des "gueules noires". Il présente à Lewarde 26 de ses œuvres. Entre portraits et scènes de travail, ces clichés empreints d'humanité rendent hommage à la bravoure d'un peuple aujourd'hui meurtri par la guerre.

Installé à Kinshasa, le collectif “Ndaku ya, la vie est belle” transforme la laideur en beauté. Ces artistes utilisent les déchets submergeant les bidonvilles congolais pour créer des costumes. Leurs performances furent immortalisées par le photographe Stephan Gladieu, dans la série Homo détritus (cf LM 181). Ces images dialoguent ici avec une collection de silhouettes issues du Défil'éco, un défilé éco-responsable à Liège, initiant une magistrale réflexion sur le gaspillage.

Lewarde, jusqu'au 10.03.24 Centre historique minier, lun > sam : 13h-17h 6,70€ (gratuit -5 ans), chm-lewarde.com

Liège, jusqu’au 07.01.2024, Musée de la vie wallonne, mar > dim : 9h30-18h 7/5€ (gratuit -3 ans), viewallonne.be

Jef Aérosol Stories

Lille, jusqu'au 21.01.24, Musée de l'Hospice Comtesse, lundi : 14h-18h • mer > dim : 10h- 18h 6/4€ (gratuit -12 ans), mhc.lille.fr

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Ses pochoirs ont fait le tour du monde, l'imposant comme une figure internationale du genre. Pionnier en France de ce qu'on n'appelait pas encore le "street art", Jef Aérosol, inaugure une grande rétrospective au musée de l'Hospice Comtesse, à Lille, sa ville d'adoption. Jef Aérosol Stories réunit ici des icônes de la pop culture mais aussi une foule d'anonymes avec un réalisme mâtiné de poésie. L'occasion de (re)découvrir sa première œuvre réalisée il y a plus de 40 ans et ses dernières créations.


Mari en Syrie Après la Chine ou l'Égypte, le Musée royal de Mariemont nous projette 3 000 ans avant notre ère, au Proche-Orient, à Mari. Située au bord de l'Euphrate, dans l'actuelle Syrie, cette cité antique fut durant plus d'un millénaire une majestueuse capitale mésopotamienne. Elle fut mise au jour en 1934 lors d'une vingtaine de fouilles archéologiques. Cette exposition dévoile des objets essentiellement tirés des temples et du grand palais royal, comme des céramiques ou des statuettes, entre autres trésors. Morlanwelz, jusqu’au 07.01.2024, Musée royal de Mariemont mar > dim : 10h-17h 8 > 3€ (gratuit -18 ans), musee-mariemont.be

Humain autonome : fossiles mécaniques La voiture n'a plus le vent en poupe. Autrefois symbole de liberté, de puissance et de domination sur la nature, l'automobile est désormais synonyme de destruction de nos écosystèmes. Résonnant avec la triennale "art et industrie" initiée à Dunkerque, cette exposition réunit les œuvres d'une trentaine d'artistes contemporains – citons Laura Henno, Mohamed Bourouissa. Entre installations ou photographies, Humain autonome interroge avec malice la "civilisation du moteur".

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Tourcoing, jusqu'au 07.01.2024 Le Fresnoy mer > dim : 14h-19h 4/3€ (gratuit -18 ans), lefresnoy.net

Anselm Kiefer. La photographie au commencement

Photo Georges Poncet

Ohne Titel, Sans titre, 1969-2009 © Anselm Kiefer

Roubaix, jusqu'au 17.12, La Condition Publique mer & sam : 13h30-19h jeu, ven & dim : 13h30-18h, prix libre

Panorama 25 Riche en expérimentations, l’exposition annuelle du studio des arts contemporains de Tourcoing conjugue passé, présent et futur avec maestria. Hautement technologiques, et diablement inspirantes, les œuvres des élèves du Fresnoy marient ainsi réflexion et contemplation. Où l’on verra des enfants se transformer en fleurs, croisera des fantômes numériques, des fossiles de météorite, avant de visionner le plus vieux film du monde sur les écailles d’un poisson préhistorique !

Considéré comme l’un des plus grands artistes de notre temps, Anselm Kiefer est connu pour ses peintures, installations et sculptures souvent massives. Son œuvre est traversée par une fascination pour le mythe et l'Histoire, en particulier le souvenir de la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs, le plasticien allemand a toujours placé la photographie au cœur de son travail. C'est justement sur cette pratique, jusqu'ici peu exposée, que focalise le LaM, histoire de clore son 40e anniversaire en beauté. Villeneuve d’Ascq, jusqu'au 03.03.2024, LaM mer > dim : 10h-18h, 11/8€ (gratuit -18 ans), musee-lam.fr


Chagall politique

Le cri de liberté

7 oct. 2023 — 7 jan. 2024

La Piscine

Roubaix

roubaix-lapiscine.com

Marc Chagall (1887–1985), Au-dessus de Vitebsk (détail), 1922. Huile sur toile, 73 x 91 cm. Kunsthaus Zürich, don de la Société de réassurance Union, 1973 © ADAGP, Paris, 2023 - Design graphique : Les produits de l’épicerie

Roubaix La Piscine


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Chœur Battant | Beating Choir © David Ospina


théâtre & danse

NEXT FESTIVAL

Libre-échange culturel Ce festival franco-belge abolit les frontières. Entre les arts bien sûr, mais aussi les peuples, les cultures. En témoigne le nouveau tour de force d'Alexander Vantournhout, qui ouvre cette édition. Dans Foreshadow, le circassien flamand place huit interprètes face à un grand mur, comme le symbole de toutes les barrières à franchir dans le monde... Toujours aussi foisonnant (plus de 40 créations réparties dans 15 villes de l'Eurométropole), Next reste le lieu de toutes les découvertes et se transforme en terre d'exil. C'est par exemple Amir Reza Koohestani qui met en scène dans Blind Runner deux coureurs de fond fuyant l'Iran. De même, Tatiana Frolova raconte la disparation progressive de son pays natal, la Russie, au lendemain du déclenchement de la guerre en Ukraine (Nous ne sommes plus...). Raison de plus pour plonger dans Le Jardin des délices, de Philippe Quesne, d'après le fameux tableau de Jérôme Bosch. Entre la fable rétrofuturiste et le western contemporain, cette pièce hallucinante, "lynchienne", imagine une société utopique dans laquelle toutes les espèces vivraient libres et en harmonie. On peut toujours rêver, sans doute, mais c'est justement le propre du spectacle vivant, non ? J.D.

Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai & Valenciennes, 09.11 > 02.12 divers lieux, 1 spectacle : 21 > 8€, nextfestival.eu

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Sélection / 09 & 10.11 + 21.11 : Alexander Vantournhout - Foreshadow // 10 & 13.11 : Felwine Sarr, Etienne Minoungou & Simon Winsé - Traces. Discours aux nations africaines // 11.11 + 14 & 15.11 + 18 & 19.11 : Aymeric Hainaux & François Chaignaud - Mirlitons // 14 & 15.11 + 21 & 22.11 : Léa Drouet - J'ai une épée // 16 & 17.11 : Zoë Demoustier, Marie-Eve Huot, BRONKS & Le Carrousel Chœur Battant | Beating Choir // 17 > 19.11 : Mette Ingvartsen - Skatepark // 18.11 : Julien Gosselin - Extinction • Christian Rizzo - En son lieu // 21 & 22.11 : Lina Majdalanie & Rabih Mroué - Hartaqāt (Hérésies) // 23.11 > 01.12 : Philippe Quesne & Vivarium Studio - Le Jardin des délices // 24 & 25.11 : Amir Reza Koohestani - Blind Runner • Rodrigo García - Jésus est sur Tinder • Madeleine Fournier & O D E T T A - Branle // Tatiana Frolova - Nous ne sommes plus... // 02.12 : Amanda Piña – EXÓTICA…


© Bart Grietens

FORESHADOW Au pied du mur

Le performer flamand Alexander Vantournhout adore les défis physiques, flirter avec les limites imposées par la gravité. Dans Foreshadow, il conduit huit interprètes durant plus d'une heure entre danse et cirque. Ensemble, ils livrent un facétieux jeu d’équilibre, comme une ode à la cohésion. La pièce se déroule au pied d’un immense mur érigé en fond de scène, du même gris clair que le sol, si bien que l’on ne distingue plus le plancher et la ligne d’horizon. Accompagnée par une bande son rock, la troupe engage alors une chorégraphie virtuose, enchaînant les portés et suspensions aériennes, les imbrications, tournoiements, points d’appuis inédits… Ces hommes et femmes traversent l’espace la tête en bas et, tels des rouages parfaitement huilés, élaborent des combinaisons de mouvements étourdissants. Le mur, symbole d’un monde cicatrisé par des frontières multiples, se mue en aire de jeux. Les acrobates l'investissent tels des lézards suspendus à la verticale. La locomotion des animaux est d'ailleurs une source d’inspiration du chorégraphe belge. Cette fois, il imagine que les paumes sont pourvues de ventouses ou que les poignets effectuent des rotations comme les gibbons. On songe aussi à une partie de Lego géante devant ces corps qui s’emboîtent les uns dans les autres. Cette cascade de figures exécutées avec une facilité déconcertante trouble tous nos repères. En un mot ? Renversant ! Marie Pons

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Valenciennes, 09 & 10.11, Le Phénix, jeu : 20h • ven : 19h, 15 > 6€ Dunkerque, 21.11, Le Bateau Feu, 20h, 10€ (Next Festival)


Extinction

Valenciennes, 18.11, Le Phénix 16h, 21 > 6€ lephenix.fr

© Simon Gosselin

+ Anvers, 10 & 11.11, deSingel 19h, 35 > 10€ desingel.be

En son lieu Créée durant le confinement, la nouvelle pièce de Christian Rizzo brouille la frontière entre l'intérieur et l'extérieur, l'habitat et le corps. Sur scène, le danseur de hip-hop Nicolas Fayol évolue au centre d'un lieu indéfini, entre un vase, une roche, une paire de bottes et des perches noires qui évoquent autant d'arbres – ou de lampadaires. Est-il en pleine nature ? Sur le bitume d'une cité ? Dedans ou dehors ? Finalement, ce sera à lui de le déterminer au fil de ses gestes. En l'occurrence, il se livre à une chorégraphie truffée d'appuis au sol et de mouvements ralentis, typiques du breakdance. Au rythme d'une musique électronique minimale et de jeux de lumière modelant l'espace, il mène un voyage immobile entre deux mondes. J.D. Armentières, 18.11, Le Vivat 20h, 21 > 2€, levivat.net

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C'est un spectacle monumental (5h30) et apocalyptique. Féru de littérature, Julien Gosselin entrelace cette fois des textes d'Arthur Schnitzler et de Thomas Bernhard pour raconter la fin du monde. Le Calaisien nous téléporte dans la bonne société viennoise du début d'un xxe siècle rongé par le spleen et la décadence, et s'apprêtant à basculer dans la barbarie que l'on sait. Voilà pour le fond. La forme, elle, est toujours aussi radicale – voire plus ! Le spectacle débute par un set electro auquel est convié le public, brisant plus que jamais le rapport entre la salle et la scène, tandis que le plateau est transformé en studio de cinéma. Les interprètes sont filmés en temps réel et leur jeu retransmis en noir et blanc sur un grand écran. Une bonne définition de "l'œuvre totale". J.D.

© Marc Domage

Next Festival


JÉSUS EST SUR TINDER

© Daniel y Arturo Iturbe

Next Festival

Crise de foi

En rupture avec le théâtre traditionnel, Rodrigo García a fait scandale avec des pièces iconiques comme Golgotha Picnic (2011), décrivant un Christ déçu par l'humanité. Auteur, plasticien, réalisateur, l’Argentin croise les disciplines et recourt volontiers à la performance afin de sonder les failles de la société. Dans ce nouveau spectacle, il s’entoure de jeunes interprètes pour pointer une génération sous l'emprise de technologies narcissiques. On retrouve ici son humour grinçant, ses tableaux décalés. Deux filles et un garçon sont cette fois allongés sur la moquette d’un salon et un grand pouf, dominés par la paresse ou leurs pulsions. En fond est projeté un roman-photo dont les trois interprètes sont les héros. Sur l’écran, un instant poétique souligne la fragilité de l’existence : les corps des comédiens disparaissent dans une tombe alors qu'ils discutent toujours sur scène. On aperçoit aussi des fragments de phrases, sortes de tweets sur le sexe ou la politique... Puis sur ce terrain de jeu surgit une motocross boueuse, mais aussi la figure de Jésus, qui serait également sur Tinder « puisqu’on tient pour acquis qu’il est partout », dixit Rodrigo García. L'ensemble est porté par la guitare préparée de Javier Pedreira (c'est-à-dire sans sons de guitare), tandis qu'un chien-robot gambade sur le plateau... Le dramaturge dénonce ainsi par l’absurde l’omnipotence des réseaux sociaux, qui sacralisent l’individualité au détriment des relations humaines et, surtout, de la pensée. Fatma Alilate

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Valenciennes, 24 & 25.11, Le Phénix, ven : 20h30 • sam : 18h, 21 > 6€, lephenix.fr


Design graphique : Le pont des artistes

+33 (0)3 20 20 70 30 gymnase-cdcn.com


SKATEPARK

Les feux de la rampe

© Bea Borgers

+

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Mette Ingvartsen conjugue brillamment l’intime et le collectif. On l’a vue interroger les relations entre l’humain et la nature (The Artificial Nature Project), mettre en scène la nudité et la sexualité (69 Positions, 7 Pleasures) ou plus récemment transformer la danse en exutoire (The Dancing Public). En filigrane, elle montre comment des corps, même dans leur plus simple expression, restent traversés par les normes et les codes sociaux. Fêtant les 20 ans de sa compagnie, installée à Bruxelles depuis ses études chez PARTS (l’école d’Anne Teresa de Keersmaeker), la Danoise s’attaque ici au skateboard. Au milieu des rampes construites pour l’occasion, sous un éclairage urbain, Skatepark croise la danse et la glisse (avec des skateurs de tous âges provenant en partie des scènes locales). Le but de cette petite tribu ? Répéter un mouvement jusqu’à la perfection. Après avoir observé le fameux spot des Ursulines à Bruxelles, Mette Ingvartsen a tout de suite perçu le dialogue entre ces esthétiques, où l’individu sort de sa routine quotidienne. Mais par-delà les images mythiques de liberté, de reconquête de l’espace public, les skateparks sont aussi des lieux sexistes où les femmes doivent jouer des coudes pour s’imposer. Entre tricks et arabesques, rires et musique punk, la chorégraphe dessine le portrait documentaire d’une communauté, soulève des problématiques ô combien actuelles tout en défiant les lois de la gravité. Flo Delval Roubaix, 17 > 19.11, La Condition Publique, ven & sam : 20h • dim : 15h, 21 > 5€ (Dans le cadre de Next Festival & Forever Young) Bruxelles, 23 > 26.11, Théâtre National, jeu & ven : 20h15 • sam : 19h15 • dim : 15h, complet !, theatrenational.be


SAIGON

Caroline Guiela Nguyen

16 & 17 NOVEMBRE Douai Hippodrome

© Jean-Louis Fernandez

Théâtre

PÉPLUM MÉDIÉVAL Valérian Guillaume, Olivier Martin-Salvan

30 NOV. & 1ER DÉC. Douai Hippodrome

| 09 71 00 5678 | tandem-arrasdouai.eu

©Martin Argyroglo

Théâtre


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Le Petit B © Frédéric Iovino


théâtre & danse

FOREVER YOUNG Petits pas de géants

Il y a 18 ans, le Gymnase de Roubaix a pris le pari de monter un festival de danse à l’adresse des enfants et adolescents. Forever Young (anciennement Les Petits pas) a depuis bien grandi et trouvé son public. Ou plutôt ses publics : les petits bien sûr (dès un an !) mais aussi les adultes – car il n’y a pas d’âge pour suivre le mouvement ! En observant la quinzaine de spectacles de cette 19e édition, on note d'abord la présence de (grands) noms pas franchement dirigés vers la jeunesse. De fait, la programmation de Célia Bernard, secrétaire générale du Gymnase, a très tôt pris ses distances avec la réductrice catégorie "jeune public". Citons la Danoise Mette Ingvartsen, par exemple, et son Skatepark dans lequel elle focalise sur la communauté de la glisse bruxelloise. Soit un ballet sur roulettes d’une grande liberté, ouvert par la prestation de jeunes skateurs pros et amateurs de Roubaix (voir page précédente). Ambiance de stade « Notre objectif est toujours le même… insiste Célia Bernard. Il s'agit d'offrir une diversité de formes, de façons de regarder et de vivre la danse ». À l’image de Corps sonores juniors. Cette installation immersive du chorégraphe et masseur Massimo Fusco sollicite tous les sens. Elle invite chacun à s’alanguir dans de gros coussins-galets, enveloppé dans une nappe auditive, pour écouter son corps. Le projet Little Battle, conçu par trois chorégraphes en résidence, prend lui la forme d’un concours de danse urbaine auquel le public peut participer ! Comme souvent l'équipe du Gymnase « décale la posture du spectateur face à une œuvre, un artiste » pour mieux nous rassembler. Marine Durand

Sélection / 16.11 & 09.12 : Marion Muzac – Le Petit B // 17 > 19.11 : Mette Ingvartsen - Skatepark 23.11 : Théodora Guermonprez – Quanta // 23 & 25.11 : Kevin Martinelli - One Step Harder 24.11 : Sylvain Huc – Wonderland // 26.11 : Reut Shemesh & fABULEUS – Ultra 29.11 : Solen Athanassopoulos, Camille Dewaele & Théodora Guermonprez - Little Battle 29.11 > 01.12 : Sylvain Groud, Françoise Pétrovitch & Hervé Plumet – Des Chimères dans la tête 04 & 09.12 : Massimo Fusco – Corps sonores juniors // 05.12 : Anne Rehbinder & Antoine Colnot – La Pointe du compas…

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Roubaix & Hauts-de-France, 16.11 > 09.12, Le Gymnase & divers lieux 1 spectacle : 15 > 3,50 €, (5€ à partir de 10 places), gymnase-cdcn.com


© Simon Gosselin

Avant la terreur Après six ans loin des planches, l’acteur et metteur en scène Vincent Macaigne est de retour avec un spectacle détonant, très librement inspiré du Richard III de Shakespeare. Fidèle à l’esthétique macabre de son précédent spectacle (Je suis un pays), Avant la terreur nous invite à (re) découvrir le tyran qui sévit dans l’Angleterre de 1483 à 1485. Issu d’une famille dans laquelle les membres rivalisent de cruauté, le monstre est ici dépeint en dangereux idiot, obnubilé par le pouvoir… Les comédiens progressent dans un décor rempli de têtes de mannequins, de boue et de faux sang. Soit une ambiance de joyeuse apocalypse. É.C. Douai, 07 > 09.11, Hippodrome, mar & jeu :19h30 • mer : 20h30, 25/14€, tandem-arrasdouai.eu

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© JC Polien

Les Ailes du désir Associant six scènes (dont le Bateau Feu de Dunkerque et l’Atelier Lyrique de Tourcoing), la co[opéra]tive poursuit son noble objectif : populariser l’art lyrique. Elle propose cette fois une adaptation du film de Wim Wenders, soit l’histoire d’un ange qui renonce à l’immortalité par amour. Composé par Othman Louati et scénographié par Johanny Bert, cet opéra associe treize musiciens, sept chanteurs et… six marionnettistes. Vous avez dit immanquable ? J.D. Dunkerque, 09 & 10.11, le Bateau Feu, jeu : 19h • ven : 20h, 16€ Tourcoing, 24.05.24, Théâtre Raymond Devos, 20h30, 15 > 6€


Tite • Un loup pour l’Homme • CRAC de Lomme • Les filles du renard pâle • Cirque du Bout du Monde Cie Lonely Circus • Cie Sacekripa • La Contrebande • La Bande à Tyrex • Alain Reynaud - Les Nouveaux Nez & Cie • Cie Casa Otra • Les Fées Railleuses • Macarena Gonzalez Neuman • Typhus Bronx Fabien Debrabandere • la Fédération régionale des écoles de cirque • Wes Peden Eloïse Bonnaud-Lecoq - Cie Ratibus • Les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence • Cirque Queer • Cie HKC El Nucleo • Cie LPM • L’Attraction Céleste EquiNote • Sismique Cie • Cie Propos • Cie Au Fil du Vent Laurent Petit & Tite • Frédéri Vernier & Sébastien Davis-VanGelder • ARMO - Cie Jérôme Thomas Cirquons Flex • Cie Moost •Cirque Aïtal • Collectif Petit Travers Arno Ferrera - Gilles Pollet - Charles Hession • Sébastien Wojdan - Galapiat Cirque Bénédicte Alloing & Ellénore Lemattre • Blanca Franco & Sébastien Davis-VanGelder Les Frères Troubouch • La Volte-Cirque • Cie Pol & Freddy • et en résidence : Juan Ignacio Tula Joséphine Triballeau • Cie Kiaï • Asaf Mor • Cie Casa Otra • Tite • Alain Reynaud


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© Kobayashi


théâtre & danse

ALEXIS LE ROSSIGNOL Drôle d’oiseau

Vous aimez les rouleaux de jambon et les blagues absurdes ? Ça tombe bien, Alexis Le Rossignol aussi. Auréolé d’un flegme désarmant, qui fait son succès dans La Bande originale sur France Inter, celui qu’on surnommait " El Francès" au Mexique présente son nouveau spectacle, Le Sens de la vie. Ce (presque) quadragénaire à l’humour décalé a longtemps voyagé avant de poser ses bagages pour se consacrer au stand-up. À l’occasion de son passage au Splendid, il nous raconte sa drôle de vie.

Comment avez-vous découvert le stand-up ? Dans un bar, au Mexique. Je buvais une bière et puis il y a eu un spectacle de stand-up. J’ai eu une révélation. À l’époque, je tenais une petite crêperie parce que tous mes copains mexicains me disaient :

« T’as qu’à vendre de la bouffe ». Depuis le film Ratatouille, pour eux tous les Français savent cuisiner ! Mais je me suis vite aperçu que ce n’était pas pour moi. Comment s’est déroulée votre première scène ? Quand j’ai commencé en 2013, le stand-up était complètement nouveau au Mexique. Du coup, j’ai rejoint des humoristes locaux. On écrivait ensemble, pour mieux convaincre le public. J’ai fait mes premiers pas dans une pizzeria. La plupart des gens me tournaient le dos parce qu’ils mangeaient, et les autres avaient l’air de penser : « C’est nul ce que tu dis ». Je ne me suis pas rendu compte sur le moment que c’était un bide. Ça m'a vachement plu, j’avais juste envie de recommencer. a 117

Vous avez été un grand baroudeur, n’est-ce pas ? Effectivement, j’ai vécu au Mexique pendant sept ans. Je suis tombé amoureux de ce pays, j’avais l’impression que tout était possible làbas, alors qu’en France on avait des barrières. Auparavant, j’étais allé en Chine avec un copain, durant un an... Mais je voyage moins aujourd’hui, car j’ai décidé de ne plus prendre l’avion. Et puis je ne ressens plus cette quête consistant à parcourir le monde pour se trouver.


À quoi votre carrière ressemblait-elle là-bas ? J’étais le Français au Mexique. Pour mon premier sketch, je portais une marinière et un béret, c’était un peu clownesque ! Ça m’a permis d’obtenir une petite notoriété, et même quelques passages à la télé. Mais j'ai voulu dépasser la caricature. J'ai donc travaillé mon écriture. En France reveniez-vous à la case départ ? Oui, ici j’ai commencé par traduire mes textes, mais ça ne marchait pas du tout. La blague n’avait plus le même effet.

« Le seul à écrire des sketchs sur du pot-au-feu » Alors j’ai tout repris à zéro. Sur les plateaux les gens ne me connaissaient pas, mais avec trois ans de stand-up dans les pattes j’étais à l’aise sur scène. Et ça change tout.

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Comment qualifieriez-vous votre humour ? J’affiche une forme de nonchalance tout en portant un message. Ce n’est pas frontal. Je raconte des histoires en m'appuyant souvent sur la famille et l’enfance, avec un brin de nostalgie. Je reviens aussi sur les voyages et développe des choses assez absurdes. En particulier lorsque je parle de recettes

de cuisine. Les gens disent que je suis le seul à écrire des sketchs sur du pot-au-feu. Et c’est assez plaisant de rire avec des phrases comme "carotte de sable ou carotte de terre ?" De quoi parle votre nouveau spectacle, Le Sens de la vie ? De tout sauf du sens de la vie. Le jour de mon trente-neuvième anniversaire quelqu’un m’a dit : « L’année prochaine, tu seras plus près de 60 que de 20 ans ». Je me suis demandé comment traiter cette information. Depuis, j'essaye d’aborder la question du temps de manière sereine et drôle. Que verra-t-on sur scène ? Je démarre assis, comme à la radio, à rebours des entrées de stand-up typiques, du genre : « Ouais ! Comment ça va ?! ». Je suis posé derrière ma table, je discute avec les gens… En tout cas j’ai hâte de présenter ce nouveau spectacle. Surtout dans le Nord où il se passe toujours un truc, ça va être chouette ! Propos recueillis par Élise Coquille

Le Sens de la vie Lille, 16.11, Le Splendid 20h, 29€ le-splendid.com À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com


THÉÂTRE

SAM. 25 NOV. I 20H I LE VIVAT

L’ÉCHAPPÉE Philémon Vanorlé Société Volatile

« UNE PIÈCE AU GÉNIAL MYSTÈRE. » Alice Bour - Zone Critique

levivat.net 03 20 77 18 77 Armentières


© Homayoun

HUMOUR

FARY Trois ans après avoir mis la France en boîte (Hexagone), Fary joue la carte de l'intime. Exit les sujets sociétaux (enfin, presque), dans Aime-moi si tu peux (écrit avec Jason Brokerss) cet « astigmeuf » fait rimer amour et humour. Il évoque la vie de couple, sa peur d'avoir un enfant, les quiproquos avec sa copine. Ou plutôt, sa "conjointe". « C’est trop, on se met trop la pression... », comme tous les amoureux, rattrapé par le réel, il décortique le mythe de la vie à deux et suscite des rires fédérateurs.

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Roubaix, 29.11, Le Colisée, 20h, 43 > 15€, coliseeroubaix.com La Louvière, 01.02.24, Théâtre, 20h, 40 > 8€, cestcentral.be Lens, 06.02.24, Le Colisée, 20h, 28 > 14€, colisee.villedelens.fr Lille, 07.02.24, Zénith, 20h30, 48 > 38€, zenithdelille.com


© Matthieu Dortomb

Baptiste Lecaplain Gad Elmaleh le présente comme « le meilleur de sa génération » – mais peut-être lui doit-il quelques vannes ? En attendant, Baptiste Lecaplain a envie de "voir des gens", titre de son troisième spectacle. Après avoir narré ses premiers émois (« j’ai fait l’amour à 23 ans dans une voiture. J’étais en conduite accompagnée, donc il y avait ma mère… »), il balance à tout-va : « les scénaristes de Bambi c’est des gros connards. Sa mère se fait buter par un chasseur et ils appellent son copain Panpan ». Ça va saigner – mais gentiment. Mons, 16.11, Théâtre royal, 20h, 39> 29€, theatreroyalmons.be Roubaix, 17.11, Le Colisée, 20h, 39 > 15€, coliseeroubaix.com

Thomas Ngijol

Béthune, 21.11, Théâtre municipal, 20h, 40 > 31€ theatre-bethune.fr // Lille, 22.11, Théâtre Sébastopol 20h, 48 > 20€, theatre-sebastopol.fr 121

© DR

« Je vous préviens ça va être free-style, j’ai 44 ans, je m’en bats les couilles », annonce notre homme d’emblée. Pourtant, comme dans Rocky III, Thomas Ngijol a pas mal de choses à se prouver. À l’image de l’étalon italien, notre stand-upper avoue s’être embourgeoisé, et veut démontrer qu’il peut encore monter sur scène. Retrouver "l’œil du tigre". Pour ça, il n’hésite pas à s’attaquer aux sujets les plus lourds, de la pauvreté au sexisme… mais vise toujours juste, pour nous plier en deux.


© Fabien Debrabandere

Typhus Bronx Le clown a toujours été une figure ambigüe, entre le rire, les larmes et le frisson. En cela Typhus Bronx incarne à merveille ce personnage, et voici l'occasion parfaite de le découvrir, puisque le Prato propose l'intégrale de ses spectacles ! Notre homme nous invite d'abord dans une grande chambre un brin dérangée (en réalité sa tête), pour une immersion dans la folie. Il nous raconte ensuite (à peu près) Le Conte du genévrier des frères Grimm, soit l'histoire (sanguinolente) d'un orphelin élevé par une sadique, avant de nous présenter son "enfantôme"... C'est drôle, poétique, parfois dérangeant, mais ça pique toujours là où il faut. J.D. Lille, 16 > 18.11, Le Prato, jeu & ven : 20h • sam : 18h30, 15 > 5€ (30€ les 3 spectacles), leprato.fr 16.11 : Le Délirium du Papillon // 17.11 : La Petite histoire qui va te faire flipper ta race (tellement qu'elle fait peur) // 18.11 : Trop près du mur // 07 > 24.11 : Expo : Fabien Debrabandere, Mon Nez et moi

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Martin Poppins © Bruno Gasperini

Madame Arthur retourne le Métaphone Ouvert en 1946 et ressuscité en 2015, composé de divas aussi extravagantes que glamour, le célèbre cabaret transformiste de Paris débarque à Oignies, entre plumes, strass et paillettes. Au programme ? Un show burlesque et sensuel dans lequel Charly Voodoo, Martin Poppins, Odile de Mainville et consorts revisitent les grands classiques de la chanson française – de Mylène Farmer à MC Solaar, en passant par Serge Gainsbourg. Du queer véritable ! É.C. Oignies, 25.11, Le Métaphone, 20h30, 23 > 18€, 9-9bis.com


SPECTACLE CRÉÉ AU BATEAU FEU

OPÉRA + 13 ANS

Les ailes du désir d’après le film de Wim Wenders | livret Gwendoline Soublin compositeur Othman Louati | mise en scène Grégory Voillemet idée originale et scénographie Johanny Bert

JEU. 9 NOV. | 19 H • VEN. 10 NOV. | 20 H

Place du Général-de-Gaulle / 59140 Dunkerque 03 28 51 40 40 / lebateaufeu.com /

© JC Polien

tarif 16 €


Encore un instant (F. Roger-Lacan / I. Paternotte)

© Isabelle De Beir

Actrice célèbre, Suzanne n’est pas remontée sur scène depuis la mort de son mari. Elle vit seule chez elle. Enfin, seule… Elle continue à converser avec le fantôme de son époux, comme s’il était à ses côtés. Jusqu’au jour où un auteur frappe chez elle, avec une pièce qu’il a spécialement écrite pour elle. Imaginée par Fabrice Roger-Lacan (complice d’Édouard Baer ou de Benoît Jacquot), ce spectacle aborde avec tendresse et humour le deuil, et montre comme la vie est plus forte que tout. Bruxelles, jusqu'au 12.11, Théâtre royal des Galeries 20h15 (+ 15h), 28 > 10€, trg.be

Oh Yeah ! Oh Yeah !

Le Chat de Schrödinger

(Black Bones)

(Back Pocket)

Black Bones a toujours conçu ses concerts comme des shows. On a souvent vu sa tête pensante, Anthonin Ternant, grimé de peinture fluo et jouant du "rock'n'groove" dans le noir. On n'est donc pas étonné de le voir dans ce spectacle musical jeune public. Où l'on suivra les tribulations d'un roi esseulé dans son château (hanté), mais qui découvre une mystérieuse salle... Entre musique et vidéo 3D, fantasy et train fantôme, Oh Yeah ! Oh Yeah ! transforme la scène en véritable fête foraine.

Un chat est enfermé dans une boîte contenant un atome, par définition dans un état instable. S'il se désintègre, un appareil libère du poison, qui tuera l'animal. Dès lors, tant qu'on n’a pas ouvert la boîte, il peut être considéré comme à la fois mort et vivant... Mais rassurezvous, aucun félin ne sera occis ! Ici, on admire plutôt deux acrobates évoluant dans un cube transparent de quatre mètres de côté. Chacun essaie de définir son espace, de cohabiter et de rester en vie...

Boulogne-sur-Mer, 02.11, Carré Sam, 19h 5/4€, ville-boulogne-sur-mer.fr // Tourcoing 04.11, Le Grand mix, 16h, 5€, legrandmix.com

Bruxelles, 03 & 06.11, Théâtre Marni ven : 15h • lun : 13h30, 14 > 8€ La Louvière, 21 & 22.11, Théâtre, 20h, 18 > 8€

Queen Kong (Hélène Vignal / Georges Lini)

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C'est l'histoire d'une lycéenne qui a choisi de séparer l'amour et le sexe. Une fille qui assume ses désirs et affirme sa liberté, mais doit affronter le regard et la violence des autres. Car voyez-vous, ce n'est pas un garçon. La voilà harcelée sur les "réseaux sociaux", mais elle ne se laissera pas faire... Adapté du roman pour ados d'Hélène Vignal par Georges Lini (Iphigénie à Splott), ce seule-en-scène révèle une langue crue et incisive, la revendication du droit des femmes à disposer de leur corps. Bruxelles, 07 > 25.11, Théâtre de Poche, mar, ven & sam : 20h30 • mer & jeu : 19h30, 22 > 13€


Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels

Le Crime de l’Orient-Express AGATHA CHRISTIE Adapté au théâtre par Ken Ludwig Version française Gérald Sibleyras

Catherine Conet Laura Fautré Margaux Frichet Bruno Georis David Leclercq Mathilde Bourguet Jef Rossion Robin Van Dyck Arnaud Van Parys Cécile Van Snick Mise en scène : Fabrice Gardin Scénographie : Ronald Beurms Costumes : Françoise Van Thienen et Sophie Malacord Lumières : Félicien Van Kriekinge Vidéos : Allan Beurms Musique : Laurent Beumier

 www.trg.be

02 512 04 07

Du 6 décembre 2023 au 21 janvier 2024 En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge


© Christophe Raynaud de Lage

Corps premiers (Cédric Orain / La Traversée) Pourvoyeur de performances comme d'émotions, le sport méritait bien son spectacle ! En l'occurrence, Cédric Orain réunit une comédienne, une contorsionniste et un acteur pour raconter de célèbres exploits – comme ce moment où Dick Fosbury décida de "sauter à l'envers", lors des JO de Mexico en 1968. Nourrie de récits, de portraits et images d'archives, la pièce met en exergue quelques grands inventeurs, qui dépassèrent les limites alors imposées, et célèbre le génie du corps. Amiens, 07 & 08.11, Maison de la culture, mar : 19h30 mer : 20h30, 20 > 7€ // Arras, 14 & 15.11, Théâtre, 19h, 12 > 5€

Roméo et Juliette

(Shakespeare / Manon Montel & Cie Chouchenko) Si le "tube" de Shakespeare est désormais bien connu, en voici une adaptation rafraîchissante. Signée Manon Montel (qui incarne aussi l'héroïne), la pièce focalise sur les deux amants maudits, symboles de la fatalité mais aussi d'une jeunesse empêchée par des aînés avides de pouvoir. Sur un plateau épuré, la danse est mise à l'honneur, soutenue par un violoncelle, une guitare et un accordéon, lors d'un moment empli de frissons et de grâce. Calais, 08.11, Grand théâtre, 20h30, 18 > 9€ spectacle-gtgp.calais.fr

On n'a pas pris le temps de se dire au revoir (R. Bouali) Rachid Bouali a fait du quotidien son terrain de jeu. Après avoir évoqué sa passion pour le théâtre (Un Jour, j’irai à Vancouver) ou rendu hommage à sa maman (Le Jour où ma mère a rencontré John Wayne), il met en scène un homme confronté à la disparation simultanée de son père et de son quartier (celui de la Lionderie, à Hem). L’occasion de se (nous) raconter comme jamais : qui sommes-nous ? Quelle est notre place ? Une touchante pièce d’identité. Dunkerque, 16 & 17.11, Le Bateau Feu jeu : 19h • ven : 20h, 10€ // Villeneuve d'Ascq 25.11, La Ferme d'en Haut, 20h30, 8/5€

Saïgon (Caroline Guiela Nguyen / Les Hommes approximatifs)

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Acclamée dans une quinzaine de pays, cette pièce raconte les séquelles de la colonisation française au Vietnam. L'histoire se déroule de 1956, lorsque les "Français d’Indochine" quittent Saïgon en urgence, jusqu'à 1996, quand les exilés vietnamiens sont autorisés à retourner dans leur pays natal. Au sein du décor hyperréaliste d'un restaurant asiatique, acteurs français et d’origine vietnamienne incarnent des personnages aux destins liés par la joie ou les larmes. Douai, 16 & 17.11, Hippodrome, jeu : 19h30 • ven : 20h30, 25/14€, tandem-arrasdouai.eu


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01.02 LE THÉÂTRE LA LOUVIÈRE

Aime-moi si tu peux

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E

M

ART & CULTURE France & Belgique

© Martin Widenka

pub@lm-magazine.com


L'Érotisme de vivre

© Laura Lago

(Catherine Ringer & Grégoire Hetzel / A. Mendelson) Catherine Ringer chante les mots de la poétesse Alice Mendelson (ou "madame Rohman", pour les plus anciens) qui fut une amie de son père. Et qui d'autres que l'âme des Rita Mitsouko pour donner corps à ces textes torrides, célébrant l'amour et la jouissance du corps féminin ? Accompagnée au piano par Grégoire Hetzel, plongée dans une ambiance en clair-obscur, elle déclame de sa voix chaude des vers remontant parfois aux années 1940, mais toujours aussi incandescents. Mons, 22.11, Théâtre royal, 20h, 49 > 35€, surmars.be

One Song (Miet Warlop)

Miramar

Après les tableaux pleins d’humour de Mystery Magnet et les peluches géantes de Big Bears Cry Too, Miet Warlop se met au sport ! Sur un plateau aux allures de gymnase, des musiciens-athlètes en short s'élancent sur une mélodie répétée ad nauseam, tout en naviguant de la poutre au tapis roulant. Pendant ce tempslà, des supporters se déchaînent, une commentatrice s'égosille, sans que l’on ne comprenne un mot et un pom-pom boy se dépense comme jamais. Prêts à entrer dans la transe ?

(Christian Rizzo)

Mons, 22 & 23.11, Théâtre le Manège, 20h 18 > 10€, surmars.be // Gand, 31.01 > 01.02.24, NTGent, 20h, 28 > 15€, ntgent.be

Dans la langue occitane, miramar signifie littéralement "qui regarde la mer". Inspiré par cette considération éminemment poétique (et mélancolique), Christian Rizzo imagine une pièce pour onze danseurs. Ou plutôt, pour dix interprètes et un individu en solo, mis en regard de ce groupe dont les mouvements de flux et de reflux évoqueraient le ressac des marées, entre chutes, projections ou gestes synchronisés. Une mise en perspective tout en mouvement, et une émotion chorégraphiée. Charleroi, 01.12, Les Écuries, 20h, 18 > 5€ charleroi-danse.be

1983 (Jean Robert-Charrier)

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Michèle Davidson est une styliste qui a vécu son heure de gloire. En panne d’inspiration, elle a décidé de se couper du monde en s’enfermant dans son grand appartement, mais aussi dans l’année de son succès : en 1983. Écrite sur mesure pour Chantal Ladesou, cette pièce de boulevard joue habilement du décalage (en l’occurrence temporel). Car lorsque notre héroïne à la choucroute monumentale s’aventure enfin dans notre époque, c’est le choc ! Un sacré retour vers le futur. Douai, 01.12, Théâtre municipal, 20h30, 44 > 8€ // Longuenesse, 20.12, Sceneo, 20h, 60 > 50€ Saint Quentin, 21.12, Le Splendid, 20h, 60 > 45€ // Lille, 22.12, Théâtre Sébastopol, 20h, 35 > 65€


image © Michael Loizenbauer

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09.11 — 02.12.2023

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Michael Turinksky (AT) : Soiled

Christian Rizzo (FR) Tatiana Frolova (RU) Philippe Quesne (FR) Amanda Piña (MX/CL/AT) Mette Ingvartsen (BE/DK) Amir Reza Koohestani (IR) Alexander Vantournhout (BE) Lina Majdalanie & Rabih Mroué (LB) Zoë Demoustier ⁄ Marie-Eve Huot (BE/CA) Aymeric Hainaux & François Chaignaud (FR) Felwine Sarr (SN) ⁄ Étienne Minoungou & Simon Winsé (BF)



Claire Fasulo, Attirance-Répulsion, Lille 2021-2022 © Claire Fasulo, 2023

Graphisme : Sébastien Lordez


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