LM magazine 181 - Novembre 2022

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A RT & C ULTUR E Hauts-de-France / Belgique
N°181 / NOVEMBRE 2022 / GRATUIT
ŒuvreAequo Design
3 SOMMAIRE LM magazine 181 - novembre 2022 Entropy © Perrine Pohier Fanny Ruwet © Hadrien Hanse Junior Mvunzi Muteba Nzonkatu, Boîte de conserve , quartier de Yolo Nord à Kinshasa, 2020. © Stéphan Gladieu magazine NEWS - 08 Festival international du film de comédie de Liège, Festival des égalités, Fêtes de la Sainte Barbe, She Rocks, Festival des musiques sacrées, Braderie de l’art SOCIÉTÉ - 12 Homo Détritus Droit au rebut Elliott Van de Velde Le goût des autres Stylaine Dogs Le sens du poil PORTFOLIO - 28 Émilie Möri La clef des songes RENCONTRE Marie Perennès & Simon Depardon - 68 Le féminisme à l’affiche Fanny Ruwet - 120 Génération spontanée ÉVÈNEMENT - 104 Next Festival Jeux sans frontières LE MOT DE LA FIN - 130 Le jardin de l’île Marcher sur l’eau

MUSIQUE - 38

Tiakola, Vincent Delerm, Thomas Dybdahl, PJ Harvey, Vieux Farka Touré, Wolf Alice, Cate Le Bon, Erin Rae, Ryoji Ikeda, Ibeyi, Prince Waly, Clipping, Lil Nas X, Little Simz, Phoenix, Florent Marchet + Malik Djoudi, The Cure, Mahler symphonie. N°1, Feu ! Chatterton, Agenda

DISQUES - 64

La Femme, Weyes Blood, Compilation Punk 45, Luke Haines & Peter Buck, Loyle Carner

LIVRES - 66

Wu Ming 1, Laurent de Sutter, Boris Arvatov, Pascal Bouaziz, Emmanuel Lepage

ÉCRANS - 68

Riposte féministe, Arras Film Festival, Le Pharaon, le sauvage et la princesse, X, Qui a peur de Pauline Kael ?, Close

EXPOSITION - 78

Galerie Lelong & Co

Belgium 2022

1965,

Joan Miró, Femmes

Miró /

Joan Miró, Picasso & Abstraction, Lisette Model, De Versailles à Amiens, Panorama 24, Chercher l’or du temps, Égypte, éternelle passion, Au Charbon ! Les Fabriques du cœur et leur usage, Agenda

THÉÂTRE & DANSE - 104

Next Festival, Gooaal !!!, la solitude du gardien de but, Norman c’est comme normal, à une lettre près, Forever Young, BasiK InseKte, Homo Sapiens, Fanny Ruwet, Tania Dutel versus Élodie Poux, Agenda

4 SOMMAIRE LM magazine 181 - novembre 2022selection
Festival NEXT, One song © Michiel Devijver
,
Courtesy
© Successio
SABAM

MARCHÉ DES MODES ET DU DESIGN

ENSAIT LE VESTIAIRE BOUTIQUES CRÉATEURS AVENUE JEAN LEBAS 2 · 3 · 4 DÉC 2022 ROUBAIX
www.maisonsdemode.com ART & CULTURE Création graphique : Victor Benoit

Direction de la publication Rédaction en chef Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com Rédaction

Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Camille Baton info@lm-magazine.com Publicité pub@lm-magazine.com

LM magazine – France & Belgique 28 rue François de Badts 59110 LA MADELEINE - Ftél : +33 (0)3 62 64 80 09

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Direction artistique & graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Couverture Série Consciences Freedom Émilie Möri emiliemori.com c @emiliemori

Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com

Réseaux sociaux Sophie Desplat Impression Tanghe Printing (Comines)

Diffusion C*RED (France / Belgique) ; Zoom On Arts (Bruxelles / Hainaut)

Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Audrey Chauveau, Mathieu Dauchy, Dominique Julien, François Lecocq, Grégory Marouzé, Émilie Möri, Raphaël Nieuwjaer, Marie Pons et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L’astrolab* - info@lastrolab.com

L’astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales.

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Festival international du film de comédie de Liège

À Liège, le rire, c'est du sérieux. Voilà sept éditions que ce festival célèbre la comédie sous toutes ses formes : sociale, dramatique, fantastique... Parmi la trentaine de longs-métrages en compétition (sous le regard avisé de François Berléand), on attend notamment Le Petit Piaf de Gérard Jugnot ou la très "allenienne" autofiction Reste un peu de Gad Elmaleh (avec toute sa famille au casting). On se repasse aussi quelques classiques, en fêtant par exemple les 30 ans de C'est arrivé près de chez vous en compagnie de Benoît Poelvoorde – oui, rien que ça. Liège, 03 > 07.11, Cinéma Palace, chapiteau du festival et divers lieux, 1 séance : 8€ • pass : 40€ (dix séances ou conférences), www.fifcl.be

FESTIVAL DES ÉGALITÉS

Si certains seront toujours plus égaux que d'autres, pour citer Coluche, le Centre d’Ac tion Laïque de la province de Namur remet la balle au centre. La première édition de ce festival célèbre l'égalité homme-femme à travers des films, spectacles ou concerts – à l'instar de la Grande Sophie qui étrenne ici son nouvel album. Dans l'exposition Fais pas ton genre ! le Delta ausculte aussi les stéréotypes à travers la culture populaire –oui James Bond, on parle de toi. Namur, 17 > 20.11, Delta & Grand manège 39€ > gratuit, festivaldesegalites.be

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© DR n ews

LES FÊTES

DE LA SAINTE BARBE

Le 4 décembre n'est pas une date anodine dans le bassin minier. C'est le jour de la Sainte Barbe, la patronne des mineurs, artificiers et pompiers. C'est aussi le jour d'inau guration du Louvre-Lens, qui célèbre ses 10 ans. La cinquième édition de ces fêtes s'annonce d'autant plus bouillonnante. Entre concerts et spectacles, on fait chanter les patates avec DJ Frietmachine, avant de s'enflammer devant les exploits pyrotechniques des compagnies Carabosse et La Machine.

Lens, Oignies, Loos-en-Gohelle & Liévin 02 > 04.12, fetesdelasaintebarbe.com

SHE ROCKS

C'est vrai, la guitare électrique fut (trop) longtemps envisagée comme un symbole phallique. Le 9-9 bis tranche dans le vif avec cette journée conjuguant punkrock et garage au féminin. Question énergie, ces bandes de filles n'ont rien à envier à leurs confrères. En témoignent les riffs assassins de Madam (concoctés « avec nos pu tains de tripes ! ») ou la transe brute façon The Cramps de We Hate You Please Die – tout est dit.

Madam + Grandma's Ashes + Toybloïd + Johnnie Carwash + We Hate You Please Die + Girls in a Band : Oignies, 26.11 Le Métaphone, 18h, 10/5€, 9-9bis.com

Festival des musiques sacrées

Ouverture d'esprit, partage et sérénité : telles sont les valeurs véhiculées par les musiques sacrées. À Mons, on célèbre ainsi la rencontre entre Orient et Occident, plus précisément entre la chanteuse indienne Malabika Brahma et le pianiste liégeois Jean-Christophe Renault. On s'envole aussi par-delà les étoiles avec l'Oratorio de Noël de Camille Saint-Saëns, avant d'atteindre l'illumination avec le contre-ténor Samuel Cattiau et le guitariste Quentin Dujardin. Mons, 11 > 16.12, Arsonic & Maison Folie, 20 > 9€, surmars.be

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© Florent Burton Madam © Indiana Anders New Shamanic Music © J. Frankowski

BRADERIE DE L'ART

24 h de récup'

Art Point M n'a pas attendu la mode de l'upcycling, l'avènement de l'éco nomie circulaire et encore moins la "fin de l'abondance" pour se donner une conscience éco-responsable. Voilà plus de 30 ans que l’association fondée par Fanny Bouyagui organise sa braderie de l'art. Le principe ? Durant 24 heures, plus de 150 designers, peintres, graffeurs ou graphistes internationaux (on attend des Québécois cette année) s'enferment dans la Condition Publique pour puiser dans un stock hétéroclite de matériaux de récupération issus d'Emmaüs et d'entreprises locales. À partir de ces objets, morceaux de bois ou de verre, vieux meubles, tissus, raccords de plomberie et autres rebuts, ces bricoleurs de génie vont créer non-stop, et sous le regard du public, des pièces originales – dans tous les sens du terme. Ces sculptures, chaises, tables ou accessoires sont ensuite vendus entre 1 et 300 euros. En trois décennies, on a ainsi assisté à la construction d'un brasero mobile à vapeur, d'une lampe en forme de cage à oiseaux et d'une myriade d'animaux chimériques. En somme, un concept génial qui s'exporte désormais à Liège, Berlin, Barcelone... jusqu'à Rio de Janeiro. Car tout se recycle, surtout les bonnes idées. Roubaix, 03 & 04.12, La Condition Publique, sam : 19h-2h & dim : 8h-19h gratuit, labraderiedelart.com

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© Sophie Stalnikiewicz
La Condition Publique Place Faidherbe, Roubaix expositions, scènes, fabrique, artistes en création, matrimoine, skatepark ROUBAIX 2 week-ends d’art 2 -3- 4 et 10 - 11 dec. samedi 3 de 18h a 23h #NuitdesArts ROUBAIX.FR
Patrick Kitete Bwanakitoko, Babouche, quartier de Kimbangu à Kinshasa, 2020 © Stéphan Gladieu

HOMO DÉTRITUS

Droit au rebut

Auteur d'une œuvre profondément humaniste, quelque part entre l'art et le documentaire, le photographe français Stéphan Gladieu a suivi le collectif "Ndaku ya, la vie est belle", en République démo cratique du Congo. Ces artistes utilisent les déchets submergeant littéralement les bidonvilles de Kinshasa... pour créer des costumes. Rassemblés dans un formidable ouvrage , Homo détritus , ces portraits aussi grinçants que fantasmagoriques dénoncent la crise écologique et sociale qui ronge leur pays, et nombre de capi tales africaines.

Mais d'où viennent ces étranges créatures ? Par quel miracle tiennent-elles debout ? Mi-humaines mi-robots, elles semblent surgir spontanément d'une terre polluée à outrance. En fait, ces silhouettes à la fois surprenantes et inquié tantes sont l'œuvre du collectif "Ndaku ya, la vie est belle", fondé par Eddy Ekete Mombesa.

« Des nations industrialisées qui délocalisent le recyclage »

Installés à Kinshasa, en République démocratique du Congo, ces ar tistes ont réalisé des costumes à partir d'une matière qu'ils trouvent à foison et gratuitement : les déchets. Bouteilles et gobelets en plastique,

boîtes de conserve, canettes en aluminium, vieux pneus, compo sants électroniques usagés... De ce point de vue, leur environnement ne manque de rien et cette série, aussi fantasque soit-elle, dénonce une dramatique réalité.

De belles ordures Deuxième plus grand pays d'Afrique, la RDC bénéficie d'un des soussols les plus riches au monde. Celui-ci regorge de diamants, d'or, de pétrole ou de coltan – ce mine rai avec lequel sont conçus les condensateurs de nos portables. « Pourtant, c'est le huitième pays le plus pauvre de la planète, rap pelle Stéphan Gladieu, le photo graphe qui a sublimé ce projet.

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société
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Junior Longa Longa Mosengo, dit "Savant Noir", L'Homme pneu, quartier de Matonge Kimpwanza à Kinshasa, 2020 © Stéphan Gladieu
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Jules Disoluka Sarkozi, L'Homme gobelet, quartier de Matonge Kimpwanza à Kinshasa, 2020. © Stéphan Gladieu
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Bowandundu Musafiri Master, dit "Chaka", L'Homme rasoir, quartier de Selembao à Kinshasa, 2020 © Stéphan Gladieu

Depuis des décennies, ses ressources sont exploitées sans au cune équité commerciale par des compagnies internationales pour fabriquer des produits manufactu rés que les Congolais ne peuvent même pas se payer. Ces objets fi nissent par leur revenir, mais sous forme de déchets issus de nations industrialisées qui en délocalisent le recyclage pour ne pas en assumer le coût... c'est d'un cynisme extraordinaire ».

Envoyées par bateaux, ces mon tagnes d'ordures impossibles à traiter s'amoncellent au coin des rues, tapissent les routes... « Elles servent aussi à remblayer des zones humides pour bâtir des ter rains et y implanter d'autres bidon villes ». Soit un scandale écolo gique et humanitaire perdurant en toute impunité.

Bas les masques

Malgré tout, le collectif "Ndaku ya, la vie est belle" a tiré de cette catastrophe une démarche artis tique témoignant d'une incroyable force vitale. En somme, la rési lience à l'état pur. Loin de tout apitoiement, leurs Homo detritus sont « comme un poing levé au nez de la misère », pour citer l'écri vain Wilfried N'Sondé, qui signe les

textes de ce magnifique livre. Uti lisés lors de performances impro visées dans les rues de Kinshasa pour sensibiliser la population, ces masques africains (qui recouvrent tout le corps, dans cette culture) servent une procession qui « transcende la laideur et la pesti lence ». Ils réactivent, aussi, un lien profond avec la tradition animiste du pays, autrefois balayée par les colons occidentaux sur l'autel du christianisme. Enfin, tels des esprits (ou des super-héros), ces per sonnages alertent le monde sur la probable apocalypse qui guette. On parle ici d'une surconsomma tion désormais intenable, d'exploi tation de ressources finies, de gas pillage... « Ce ne sont pas eux les responsables de cette situation mais nous, les pays riches, qui en tirons tous les bénéfices de façon complètement aveugle ». À nous d'ouvrir les yeux.

Julien Damien

À lire / Homo détritus de Stéphan Gladieu (photographie) et Wilfried N'Sondé (texte) (Actes sud), 104 p., 32€, actes-sud.fr

À lire / l'interview de Stéphan Gladieu sur lm-magazine.com

À visiter / stephangladieu.fr c @stephangladieu

Collectif Ndaku ya, la vie est belle f Ndaku ya La vie est belle

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« Comme un poing levé au nez de la misère »
© Studio Ayoube

ELLIOTT VAN DE VELDE

Le Goût des autres

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme... et se mange ! La formule sied parfaitement à Elliott Van de Velde, qui a fait de la lutte contre le gaspillage son cheval de bataille. En une poignée d'années, le Bruxellois de 33 ans est devenu l'ambassadeur d'une cuisine écoresponsable et humaniste. Ce chef autodidacte a fondé une asbl* mitonnant des repas pour les plus démunis à partir d'invendus, et un restaurant gastronomique prônant le "zéro déchet".

*association sans but lucratif

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Atypique. Pour une fois, le terme n'est pas galvaudé. Car Elliott Van de Velde n'a rien d'un enfant de la balle. Après quelques années passées dans l'organisation d'événements nocturnes à Bruxelles, le jeune homme s'est découvert une passion pour la cuisine il y a seu lement sept ans. En particulier au restaurant libanais Al Barmaki, au près de Rick Kalash. « C'est lui qui m'a transmis l'amour du métier », sourit l'intéressé. Joli symbole, c'est dans cet établissement où tout a commencé qu'il fêtera, en novembre, la réception d'un award du prestigieux Gault & Millau. Un parcours aussi éclair que brillant, guidé par des valeurs souvent brandies mais pas toujours respectées dans ce milieu : le bon sens et l'humanité.

Bête comme chou Celui qui se définit comme cuisi nier, entrepreneur mais surtout un « humain intègre » a érigé la lutte contre le gaspillage alimentaire en véritable philosophie. Le déclic se rait né suite à son passage par un étoilé... face à un chou romanesco.

« Je devais seulement conserver les sommités, là où il y a le moins de goût, et jeter tout le reste, c'està-dire les parties où l'on trouve la plupart des nutriments, racontet-il. La nature est très jolie, mais il faudrait utiliser tout ce qu'elle nous offre, non ? ».

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« Utiliser tout ce que la nature nous offre »
© Entropy Restaurant © Perrine Pohier
© Perrine Pohier

Sans doute, qui plus est à une époque où près de 20 % de la nourri ture produite sur la planète seraient jetés, selon un rapport de l'ONU...

Le (re)cycle de la vie

En 2019, Elliott Van de Velde fondait ainsi l'association Hearth Project. L'objectif ? Mitonner des repas aux p'tits oignons pour les plus dému nis... à partir d'invendus. Les aliments sont récupérés auprès de grossistes (pour la viande) ou de maraîchers. « Par exemple les feuilles de chou, utilisées comme compost, sont valo risées en kimchi ou en choucroute » . L'association traite entre une et deux tonnes d'aliments par semaine, nourrissant plus de 1 200 personnes dans la précarité, à Bruxelles. En mai dernier, il inaugurait également En tropy, un restaurant gastronomique situé au cœur de la capitale belge.

Entre des tables en bois recyclé, sous des lampes en mycélium, Elliott et son équipe concoctent une cuisine intuitive, de saison, locavore, à 85 % végétale et tendant vers le "zéro déchet". Ici, les épluchures de carottes servent à élaborer un vinaigre, le céleri-rave est cuit avec la peau, les champignons sont braisés comme une viande... La truite saumonée, elle, affiche un bilan carbone imbattable en comparaison du saumon : élevé sur les toits de l'abattoir d'Ander lecht, le poisson n'a parcouru qu'un kilomètre avant de finir dans nos as siettes. Un petit pas pour l'Homme... Julien Damien

Entropy Restaurant Bruxelles - 22 place Saint-Géry entropyrestaurant.be, c @entropyrestaurant

À visiter / elliottvandevelde.be hearthproject.com

© Julien Damien
Base 11/19 à LOOS-EN-GOHELLE l Quartier Saint-Amé à LIÉVIN Louvre-Lens et Faculté Jean Perrin à LENS l 9-9bis à OIGNIES
©
Cécile Fauré

STYLAINE DOGS

Dans le sens du poil

La hausse du prix de l’énergie vous inquiète ? Votre col roulé fétiche a été dévoré par les mites ? Plutôt mourir de froid qu'être réchauffé par la fourrure d'un animal maltraité ? Ne désespérez pas. Grâce à Églantine et Damien Decaudin vous saurez comment passer l'hiver la conscience tranquille. Pour cause, ce couple confectionne des vêtements… en poils de chien et de chat. Rencontre dans leur atelier de Fontaine-au-Bois, près d’Avesnes-sur-Helpe, dans les Hauts-de-France.

Pour Églantine et Damien, tout a commencé avec Babou, leur ber ger allemand. « C’est notre tout pre mier chien et nous voulions garder un souvenir de lui quand il ne serait plus là », expliquent ces passionnés de nature et d’artisanat. Le couple a donc eu l’idée de récupérer ses poils pour les "recycler" un jour... en laine. Afin de concrétiser ce projet, il a chiné des appareils tradi tionnels de filage avant d'entamer une formation. Et voici comment Stylaine Dogs a vu le jour dans le salon familial ! Qu'en est-il de la fa brication ? Les poils passent dans une cardeuse à rouleaux dont les piques nettoient les impuretés et

défont les nœuds. Un rouet, récupéré chez un vieux berger alsacien, file la laine pour former les pelotes, avant qu’elles ne serpentent entre les aiguilles à tricoter d’Églantine. Celle-ci confectionne des pièces

simples, en fonction de la quan tité de matière obtenue. « Écharpes, chaussons, couvertures, bonnets… mais pas de pulls car cela nécessite des mesures, or on travaille surtout par correspondance ». Et le succès fut rapidement au-rendez-vous.

25 socié t é
••• « C’est
vraiment une commande affective, sentimentale »

Le carnet de commandes indique cinq mois d'attente pour obtenir un modèle ! Car tout cela prend du temps. « Comptez trois heures pour réaliser une pelote de laine, et 20 pour une paire de chaussons ». Les prix s'étalent de 13 euros, pour un cœur tricoté, à 125 euros pour un châle.

La main à la patte

Les poils proviennent majori tairement des chiens ou chats, dont les propriétaires désirent conserver une trace. « C’est vrai ment une commande affective, sentimentale. Pour avoir un objet palpable lorsque l’animal ne sera plus là », confirme Églantine. Les maîtres son t mis à contribution en récupérant le duvet pendant le brossage. L’essentiel est de recueillir un sous-poil soyeux, de

préférence sur le dos ou le flanc d’une bête suffisamment jeune pour éviter qu’il casse. Selon ces écolos qui ne disent pas leur nom, cette technique singulière pourrait servir la confection de certains habits, de manière raisonnée. Audelà de la main d'œuvre, cela ne coûte rien, n’induit aucune maltrai tance et encourage le recyclage. La démarche est aussi imbattable sur le plan de l'énergie, puisque l'ensemble est réalisé avec de la bonne vieille huile de coude, sans électricité. Certes, il n'y a pas de quoi composer une vaste garderobe. Mais, sans le revendiquer ou vertement, Stylaine Dogs offre un joli pied-de-nez à la surproduction vestimentaire et la fast-fashion. En somme, une initiative qui a du chien – et du chat aussi… Audrey Chauveau À visiter / www.stylaine-dogs.fr

© Cécile Fauré
Sur son nuage

ÉMILIE MÖRI

La clef des songes

Née en région parisienne d’un père peintre et d’une mère sculptrice, « dans une famille nombreuse et mélomane », Émilie Möri pouvait-elle vraiment éviter une carrière artistique ? Sans doute, mais avouons que cela aurait été dommage. En témoigne ce portfolio, éminemment poétique et sous haute influence de Magritte – à l’instar de cette fille littéralement sur son petit nuage. Voilà une des nombreuses références de l’intéressée, passée par la prestigieuse école des Gobelins, et qui mêle dans ses compositions des éléments hétéroclites, mais jamais n’importe comment. Autant de « tableaux imaginaires » alliant photographie et collage numé rique, « de formidables outils permettant la création d’un monde où l’on peut presque tout dire ». La série Consciences repose ain si sur des portraits de la chanteuse Siân Pottok (alias Jona Oak) assortis d'objets divers et de végétaux, figurant « un hommage aux femmes, à la Terre mère comme à la nature humaine » . À chaque com position correspond une émotion et un thème : la liberté d’expression, de disposer de son corps, le dérèglement climatique… Une belle manière de "penser" nos plaies. Ce travail illustre également la direction qu’Émilie Möri donne désormais à ses expérimentations, gravitant autour de « l'ataraxie au féminin, des songes et de l'intemporalité ». Autrement dit ? « Il s’agit de traduire un certain détachement du personnage, un état contemplatif et serein, explique-t-elle. Et puis j’aime beaucoup les images qu’on ne peut pas situer dans le temps ». De celles qui marquent durablement les… consciences. Julien Damien À visiter / www.emiliemori.com c @emiliemori À lire / L’interview d’Émilie Möri sur lm-magazine.com À voir / Peintures, Pierre Möri / Photographies, Émilie Möri : Montmorency, 12 > 20.11, Espace Lucie Aubrac, www.ville-montmorency.fr

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portf o l io
« Un hommage aux femmes, à la Terre mère comme à la nature humaine »
Série Consciences - Le Nid
Série Consciences - Sécheresse
Sunny
Série
Consciences - Blackbird
Paper
Upstairs
©
Fabien Montique

TIAKOLA

Validé

On peut être le "nouveau rappeur numéro un" sans vraiment l’avoir planifié. William Mundala est devenu incontournable dans le cosmos hexagonal du maniement du vocoder grâce à une poignée de morceaux hautement référen cés – entre drill, trap, n’dombolo ou afrobeat. Dans le Top 50 Spotify France, en ce mois d’oc tobre 2022, le nom de Tiakola apparaît ainsi à quatre reprises, entre ses "srabs" Gazo et Niska et les désormais anciens combattants Jul et Lomepal. Entré en studio simplement pour « divi ser le coût de la location », le jeune homme de la Cité des 4 000, à La Courneuve, en est sorti avec quelques certitudes : un flow maîtrisé et, sur tout, des choses à dire. Il est beaucoup ques tion de son quartier d’origine dans ses titres, lequel fut découvert grâce à son groupe 4Keus, baptisé en hommage à la cité emblématique des grands ensembles des années 1960. En mai dernier, Tiakola diffusait son premier album Mélo et bousculait la hiérarchie du micro, grâce notam ment à une vidéo de Kylian Mbappé le montrant en train de chantonner le titre Gasolina. Les mu sicologues du futur s’arracheront les cheveux pour dessiner la cartographie du rap français des années 2020 et ses innombrables featu rings. Une chose est sûre : Tiakola est en train de s’y faire une belle place. Mathieu Dauchy Bruxelles, 03.11, La Madeleine, complet !, la-madeleine.be Bruxelles, 04.11, Bloody Louis, complet !, bloodylouis.be Lille, 30.11, Le Splendid, complet !, le-splendid.com

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m usi q ue

VINCENT DELERM

On l’a souvent écrit : ses deux premiers albums sont atroces. La voix du grand-père Simpson et un name-dropping chic et vain, refuge pour le jeune mec timide et complexé qu’il était alors. Une sale réputation, dont Delerm a su se défaire en oubliant les apprêts pour signer de grands disques, quelques belles photographies et un documentaire magnifique (Je ne sais pas si c'est tout le monde, 2019). Le Rouennais bricole avec ses limites, trouve de vraies mélodies et des arrangements souvent cinématographiques. Une mise en chansons d’instants de vie. Sur scène, seul au piano, il fait preuve d’humour et de pas mal d’autodérision. Un chic type. T.A.

Lille, 03.11, Théâtre Sébastopol, 20h, 39 > 28€, theatre-sebastopol.fr Bruxelles, 04.11, Bozar, 20h30, 39,50> 30,50€, bozar.be

THOMAS DYBDAHL

Armé de sa guitare et d’un idiome emprunté (l’an glais), ce Norvégien est arrivé après tout le monde et se glisse, avec talent, dans les pas des anciens. Non, il n’aura pas connu la grande époque de Laurel Canyon. Cela ne l’interdit pas de signer, depuis 20 ans, de chouettes mélodies folk rock. Il n’aura pas non plus traîné ses guêtres à Muscle Shoals. Ce qui ne l’empêche pas de signer Fever , disque soul "à la manière de", et en toute modestie. T.A.

Bruxelles, 04.11, Botanique, 19h30, 23,50 > 17,50€, botanique.be

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© Laurent Humbert
© DR
–Licences 1-001911 / 2-001912 / 3-001913 THÉÂTRE MUNICIPAL DE BÉTHUNE Boulevard Victor Hugo F - 62400 Béthune Renseignements et réservations 03 21 54 97 40 - theatre-bethune.fr Billetterie : application B-Tick Jeudi 24 novembre Florent Marchet + Malik Djoudi CO-PLATEAU vendredi 4 novembre Orange Blossom et les machines de François Delarozière © Charlotte Esquerre © Rod Maurice © Edgar Berg Harlem Gospel Choir Jeanne Added © Julien Mignot © Simone Di Luca samedi 26 novembre jeudi 8 décembre

PJ HARVEY

Lettres ouvertes

Songwriter légendaire depuis l’orée des 90’s, PJ Harvey s’est révélée avec des albums âpres, secs comme des coups de trique (Dry, annonçait-elle crânement sur son premier essai). Ces disques constituent d’ailleurs une bande-son parfaite pour les écrivains southern gothic – pensez William Faulkner, Carson McCullers, Harry Crews… L’intéressée cite les classiques irlandais (de Yeats à McGowan) ou des Américains tels William T. Vollmann. En tout cas, une chose est certaine : l’Anglaise ne s’est jamais limitée à la guitare. En élargissant son champ musical, elle a également ouvert son spectre littéraire. Et ce ne fut pas totalement une surprise si, en 2015, parut The Hollow of The Hand, un premier recueil de poèmes inspiré de ses voyages en Afghanistan, au Kosovo et aux États-Unis. Après tout, son vieux complice Nick Cave avait eu, lui aussi, quelques prétentions lit téraires – et ce n’était pas exactement raté. PJ Harvey a signé cette année Orlam, long poème narratif, que l’autrice lira sur scène. L’anglais étant une langue on ne peut plus chantante, c’est un peu comme un concert, non ?

Thibaut Allemand

Anvers, 04.11, Arenbergschouwburg, 20h15, 29/26€, arenberg.be (Crossing

Festival)

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Border
© Steve Gullick
nov. déc. 20 22 Le grand mix legrandmix.com scène de musiques actuelles Tourcoing LE GRAND MIX design_les produits de l’épicerieL-R-22-4685 / L-R-22-4687 / L-R-22-4689 03/11 04/11 05/11 09/11 12/11 17/11 18/11 19/11 19/11 03/12 08/12 09/12 15/12 Afterwork gratuit : Kit Sebastian November Ultra + Poppy Fusée Prince Waly + Sally Tourcoing Jazz Club : Glass Museum Animal Collective + Marina Herlop Haute-Fréquence : Superpoze + Chamberlain Bertrand Belin + Weekend A air Le goûter concert de Guadal Tejaz à 16h Guadal Tejaz + Moundrag Isha + guest The Haunted Youth + guest Makala + Annie Adaa Afterwork gratuit : Ko Shin Moon Annulé Complet
© Kiss
Diouara

VIEUX FARKA TOURÉ

Au nom du fils

Fils du légendaire Ali, Vieux Farka Touré a entamé voici plus de 15 ans une carrière irréprochable, jalonnée de disques comme autant de classiques pour les amoureux du blues malien. Le jeune quadragénaire ramène guitares et n'gonis sous nos latitudes. L’occasion de revenir sur quelques jolies pistes tracées dans le désert.

Quitter l’ombre encombrante du père, se faire un prénom, voler de ses propres ailes… On aurait pu résumer ainsi le parcours de Vieux Farka Touré, dont le premier LP parut en 2006 – quelques mois après le décès de son illustre paternel. Ce serait paresseux, pour deux raisons au moins. Tout d’abord parce que le Malien n’a jamais renié son héritage et a enrichi, à son tour, le fameux blues du désert – en fait, le nom associé dans nos contrées à la musique traditionnelle songhaï du nord du Mali. Ensuite, car le guitariste né voici 41 ans peut s’enorgueillir d’un parcours riche en rencontres, dans tous les domaines : blues folk avec Dave Matthews ou la chanteuse Julia Easterlin, jazz avec John Scofield, traditionnel avec Amadou Bagayoko (Amadou & Mariam), on en passe.

Patrimoine vivant

Il serait également facile d’invoquer la crise de la quarantaine, mais force est de constater qu’en 2022, Vieux Farka Touré aura été très prolixe, signant deux albums. Le premier, Les Racines, centré autour de la guitare du “Hendrix du Sahara”, en résonance avec la kora et la flûte, se penche entre autres sur une situation politique malienne déplorable. Le second, simplement nommé Ali , rend hommage au père en compagnie du trio psychédélique texan Khruangbin. La boucle est bouclée. Vieux Farka Touré n’avait aucun compte à régler. Mais un patrimoine à célébrer – et à transmettre. Thibaut Allemand Eeklo, 04.11, N9, 20h, 21/18€, n9.be

45 m usi q ue

WOLF ALICE

Depuis le début des années 1970 (et la naissance du glam, peut-être ?) l’histoire du rock est une affaire de vagues, de sac et de ressac. De modes qui vont et viennent, de styles aux multiples ramifications, inspirant de nouvelles générations d'artistes. Ainsi de Wolf Alice. Nés au début des nineties, ces quatre Londoniens redonnent vie à une musique héritée de leur année de naissance. Ces morceaux électriques tantôt apaisés, tantôt hargneux sont hantés par l’ombre des Pixies ou de Veruca Salt. Le tout est talentueusement joué, et surtout avec une telle franchise qu’on succombe sans plus chipoter. T.A. Bruxelles, 06.11, La Madeleine, 20h, complet !, la-madeleine.be

CATE LE BON

« C’est l’une des plus grandes musiciennes de notre époque ». Ces mots très justes sont de Jeff Tweedy – or, le Wilco en chef n’est guère porté sur le compliment. Héritière du Velvet et de Kate Bush, la Galloise déploie depuis 15 ans mainte nant une carrière passionnante et n'est jamais là où on l’attend. Après le très pop Pompeii, elle surprend avec le single Typical Love, post-punk nuageux… Evidemment, on attend la suite. T.A. Bruxelles, 07.11, Botanique, 19h30, 23,50 > 17,50€, botanique.be

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© DR © H. Hawkline
L’AÉRONEF NOV. 22LILLE AERONEF.FR licences : n°1-1064625 2-1064626 / 3-1064627 Design : les produits de l’épicerie 10.11 Katy J Pearson + Fake Fruit 08.11 Arab Strap + Naima Bock 18.11 Fest. Haute FréquenceRésonance Fleuves Noirs + Petula Black Sperm vs Loxic HORS LES MURS 15.11 Ibeyi + Blu Samu 16.11 TV Girl + guest 16.11 Bal à Fives : Bal Lusitano Throes+ the Shine + Batida + King Kami B2B Pedro Da Linha HORS LES MURS 17.11 The Comet is Coming + Astrønne 30.11 Jeremie Ternoy « Ça commence par la marche » 19.11 TV Priest + We Hate You Please Die 19.11 Erik Truffaz « Falling Stars » 03.11 Fest. Haute Fréquence Oiseaux-Tempête & friends + Fleuves Noirs HORS LES MURS 21.11 The Districts + Bull 24.11 Dub Inc. + Ryon 25.11 San Salvador + Black Sea Dahu 26.11 Clipping. + guest 26.11 Les Belles Sorties de la MEL Melaine Dalibert + Chamberlain HORS LES MURS 12.11 ho99o9 + guest

ERIN RAE

Country club

Il y a, dans la vieille Europe, un certain mépris vis-à-vis de la country. Ce serait un truc de rednecks bas du front, de consanguins trumpistes, on en passe... Grave erreur ! En témoigne une myriade d’artistes inspirés... parmi lesquels Erin Rae, qui renoue à sa façon, légère et enchantée, avec quelques grands noms du genre.

Débarquée de Nashville, dans le Tennessee, Erin Rae a peu à voir avec le conservatisme politique et musical de la ville. Car la country, c’est avant tout des histoires de divorces mal digérés, de bouteilles qu’on taquine bien malgré soi, de labeur inconcevable… Dès les années soixante, ils furent nombreux à s’emparer de cette tradition pour la dynamiter ou apporter leur personnalité à l’édifice. Citons George Jones, Dolly Parton, Johnny Cash.... Erin Rae ne rivalise pas encore avec ces géants, mais apporte une touche maligne et mutine aux guitares slide qui éclaboussent ses morceaux. Fort bien entourée (elle a collaboré avec Kevin Morby ou Jonathan Wilson), l'Américaine s’empare de ce savoir-faire ancestral et l’amène sur les rivages de la pop et de la soul. Ses arrangements ne sont d'ailleurs pas si éloignés de ceux de Lee Hazlewood ou, plus récemment, de She and Him. Héritière, comme sa compatriote Weyes Blood, de Joni Mitchell ou Bobbie Gentry, elle entonne délicatement des mélodies à tomber, rehaussées d’un séduisant vibrato. Et prouve une bonne fois pour toutes que la country demeure bien plus qu’une étiquette. C'est une école à part entière : celle qui enseigne l’écriture de chansons qui comptent. Thibaut Allemand

Anvers, 14.11, Trix, 19h30, 22 >18,50€, trixonline.be

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© Bridgette Aikens
New Shamanic Music / Holy Fools / Sacrés Chœurs / Exil / Par-delà les étoiles / Illuminations Festival des musiques sacrées Dim 11 → ven 16.12 Arsonic – Mons (be) www.surmars.be Le festival quitransformeressource, et soigne Rituels du désordre © David Bormans

RYOJI IKEDA

Apparu en 1996 avec l’album + / - , Ryoji Ikeda s’est imposé comme un cousin nippon de laborantins européens façon Autechre, Alva Noto ou Fennesz. Hébergé un temps par l’écurie allemande Raster-Noton, le Japonais est célèbre pour ses installations mitraillant le spectateur de données numériques, de chiffres, d’informations… Une expérience sonore, visuelle et sensorielle unique. Ici, le quatuor Eklekto donne corps à Music for Percussion qui, sous haute influence de Steve Reich, détone dans son répertoire : cymbales, métronomes, triangles voire papier et crayon sont utilisés. Un concert non digital, donc, mais sacré ment singulier. T.A. Bruges, 09.11, Concertgebouw, 20h, 25 > 7€, concertgebouw.be

IBEYI

Apparues il y a déjà sept ans, ces jumelles ("ibeyi" en yoruba) se sont révélées en mariant sons électroniques, néo-soul, hiphop, jazz et sonorités du monde entier. Adoubées par Beyoncé, toujours couvées par Richard Russell, fondateur du mythique label XL Recordings (The xx, Radiohead…), Naomi et Lisa-Kaindé Diaz étrennent leur troisième album, Spell 31, affirmant leurs racines nigérianes et cubaines, entre tra dition et modernité. J.D.

Lille, 15.11, L’Aéronef, 20h, 31 > 23€, aeronef.fr Bruxelles, 06.12, Ancienne Belgique, 19h, 29/28€ abconcerts.be

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© Raphaelle Mueller © Suleika Müller
Oignies Le Métaphone NOVEMBRE DÉCEMBRE TYRANT FEST En coproduction avec Nao Noïse 12 13 DEBOUT SUR LE ZINC + 5 Marionnettes sur Ton Théâtre PIERPOLJAK + Max’1 & the Rootsmaker Soirée Born Bad Records ZOMBIE ZOMBIE + CANNIBALE + GUEST LUV RESVAL + SDM MADAM + GRANDMA’S ASHES + TOYBLOÏD + JOHNNIE CARWASH + WE HATE YOU PLEASE DIE 18 03 10 16 26 Rue Alain Bashung • OIGNIES Accès A1 sortie 17.1 ‘’Site minier 9-9bis’’ À 30 min de Lens - Arras - Lille 9-9bis.com19.1 Dans le cadre du festival Haute Fréquence, organisé par la région Hauts-de-France + Restitution du workshop “Girls in a band” mené par SaSo Dans le cadre du festival Haute Fréquence, organisé par la région Hauts-de-France C M J CM MJ CJ CMJ N

Le hip-hop, à l’instar de la pop, affiche désormais une grand variété – musicale, textuelle… La preuve en quatre actes. Où l’on accueille une promesse hexagonale, des Américains retors et noisy, une nouvelle icône gay et la reine du brit-hop.

PRINCE WALY

Au xxie siècle, si le rock est devenu muséal, le rap semble se foutre comme d’une guigne de l’histoire. Prince Waly, lui, dénote, et cite volon tiers les "anciens" – Lunatic, X-Men et toute la galaxie Time Bomb en tête. Pas un hasard si Ali, l'ex-compère de Booba, apparaît désormais à ses côtés. Entre egotrip name-droppant les marques de luxe et confi dences intimes, le style du natif de Montreuil est clairement tourné vers le boom-bap des 90’s, dans le flow comme dans le son. Trois ans après un brillant départ freiné par une sale maladie vaillamment combattue, le tout juste trentenaire ne devrait pas tarder à saisir sa seconde chance. Tourcoing, 05.11, Le Grand Mix, 20h, 17 > 9€, legrandmix.com Liège, 10.11, KulturA, 22h, 10€, kulturaliege.be

© Fifou

CLIPPING

Sub Pop, premier sur le rap ? Mollo ! Aux côtés de Shabazz Palaces, Clipping est la seule formation hip-hop hébergée par la vénérable maison de Seattle, fer de lance de l’indie rock US des années 1990. En l'occurrence, ce rap là est noyé dans des ambiances sombres, torturées et mitraillé par le flow de Daveed Diggs. Naturellement, on reconnaît les ombres de vaillants francs-tireurs nommés Antipop Consortium, Cannibal Ox, Dälek ou encore Techno Animal dans ces morceaux intenses et habités.

Bruxelles, 14.11, Magasin 4, 19h, 12€ Lille, 26.11, L'Aéronef, 20h, 10 > 5€, aeronef.fr

LIL NAS X

Lil Nas X a tout compris aux codes de l’entertainement à l’américaine. Il délivre un rap mélodieux, bardé de refrains accrocheurs, piochant aussi bien dans le rap d’Atlanta que dans les grilles d’accords country –débauchant même Billy Ray Cyrus. On remarque aussi son sens de l’image (les clips über-gay) et de la déconnade (le scandale provoqué par ses Nike customisées en mode sataniste). Les grincheux y verront du calcul cynique. Les autres salueront les coups de génie d’un chien fou lâché dans un milieu rigide et masculin.

Bruxelles, 15.11, Palais 12, 20h, 74/38€ palais12.com

LITTLE SIMZ

Faisons simple : Little Simz est ce qui est arrivée de mieux au rap anglais depuis The Streets. Épau lée par le producteur Inflo (Michael Kiwanuka, Adele, Jungle, mais aussi Belle and Sebastian), elle donne libre court à une imagination débor dante. Après cinq albums impeccables option "rap insulaire, hargneux et lumineux", la London nienne signait l’un des plus beaux disques de 2021, Sometimes I Might Be Introvert, naviguant entre hip-hop et soul, Philly Sound et afrobeat. Un monument, dont on attend impatiemment la suite.

Anvers, 24.11, Trix, 19h30, complet !, www.trixonline.be

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© Damien Maloney © Charlotte Rutherford © Nick Dale

PHOENIX

Drôles d'oiseaux

Comment quatre petits Français confrontés à un succès planétaire ont-ils pu rester si enthousiastes, comme constamment étonnés de ce qui leur arrive ? Nous n’avons pas la réponse. Mais l’on ne peut que saluer Phoenix, cette bande de potes qui, de United à Alpha Zulu, leur dernier album en date, n’a jamais commis le moindre faux pas.

Versailles, milieu des années 1990. Quatre jeunes gens taquinent guitares et claviers dans le garage familial. On y croise parfois Nicolas Godin (futur Air) et leur groupe de lycée, Darlin’, compte deux futurs Daft Punk. Mais à l’époque, forcément, qui peut se douter que ces gamins marqueront l’histoire ? Personne, évidemment ! Et c’est bien ce qui fascine dans cette épopée : près de 25 ans et des millions de disques vendus plus tard, on croit toujours revoir les mêmes qu’à l’époque de United (2000), premier essai bluffant de maîtrise et d’érudition. Dès leurs débuts, cette jovialité radieuse et inclassable fait mouche partout. Sauf en France, où l’on préfère les pulls camionneur de Noir Désir. Phoenix ne s’en formalise pas et trouve une patrie ailleurs – Los Angeles, Rome… Étonnamment, cette amitié qui date des bancs du collège ne s’est jamais démentie. Il y a un côté Beatles 1965 dans cette affaire. Prendre tout avec légèreté mais faire les choses sérieusement, ne pas oublier le fun mais chercher toujours de nouvelles approches. Les albums de Phoenix ne se ressemblent jamais. Tout juste y retrouve-t-on une patte, un savoir-faire et le sens du tube qui vise juste. En un mot : la classe. Thibaut Allemand Bruxelles, 22 & 23.11, Ancienne Belgique, 19h, 39/38€ (mer : complet !), abconcerts.be

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© Shervin Lainez
ANTOINE WIELEMANS VATTETOT CESTCENTRAL.BE toute la saison ↓ 10.11 LE THÉÂTRE LA LOUVIÈRE c’estCentral SAIS N6 Tarifs : 9 / 6 / 5 € - Billetterie en ligne marcq-en-baroeul.org Mardi 15 novembre - 20H30 / Théâtre Charcot DELGRES Alternative Blues Dans le cadre du Festival Haute Fréquence MANOPOLO Alternative Jazz 1ère partie

FLORENT MARCHET + MALIK DJOUDI

Songwriter et romancier, Florent Marchet navigue aux marges de la pop française depuis une vingtaine d’années. Attaché à la province comme au cosmos (l’étrange et très SF Bambi Galaxy), le Berrichon s’est recen tré sur ce qu’il connaît le mieux : la vie en banlieue pavillonnaire. Avec Garden Party, ce compositeur de BO très demandé s’impose en observateur avisé et mélancolique de notre quotidien. Sur les planches, la scénographie fait écho au propos : gazon synthétique, lumières artifi cielles recréant les différents moments de la journée… Tout aussi pré cieuse et sensible, l'electropop de Malik Djoudi rend ce co-plateau déci dément immanquable. T.A. Béthune, 24.11, Théâtre municipal, 20h, 22 > 11€, theatre-bethune.fr

ERIK TRUFFAZ

Ce trompettiste franco-suisse s'est dis tingué en 1998 avec The Dawn, qui mêlait jazz, trip-hop et drum&bass. Pour autant, il dépasse ce rapprochement entre note bleue et musiques électroniques. Ce disciple de Miles Davis n’a cessé de fureter, embarquant divers acolytes (citons Pierre Henry ou Christophe). Trois ans après une Lune rouge dont on n’a pas encore fait le tour, il présente sa nouvelle création, bien accompagné par l’ONL et la pianiste Estreilla Besson. T.A. Lille, 19.11, Nouveau siècle, 18h, 55 > 6€, onlille.com

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© Charlotte Esquerre
// ©
Edgar Berg
© Yuji Watanabe
Infos, résas & agenda complet www.tumetonnesproductions.com N° DE LICENCE : 2-1087570 / 3-1087571Création graphique : l’astrolab*info@lastrolab.com tumetonnesproductions 09.12 • Zénith • Lille 04.11 • Zénith • Lille FEU! CHATTERTON 10.11 • Zénith • Lille GRAND CORPS MALADE YANNICK NOAH 03.12 • Palais des Congrès • Le Touquet SUZANE 07.12 • L’Aéronef • Lille 18.11• Palais des Congrès • Le Touquet JULIETTE ARMANET 18.11 • Zénith • Lille DADJU 23.11 • Zénith • Lille NOVEMBRE 25 & 26.11 • Zénith • Lille 27.11 • Arena Stade Couvert • Liévin FANNY RUWET 26.11• Splendid • Lille MARC LAVOINE 11.02 • Palais des Congrès • Le Touquet DEPORTIVO 08.12 • Splendid • Lille FÉ VRIER MARS DAMSO STéPHANE 04.03 • La Bulle Café • Lille PAUL MIRABEL 09.11 • Théâtre Sébastopol • Lille TANIA DUTEL 19.11• Splendid • Lille ORELSAN THE CURE ELODIE POUX D ÉCEMBRE TAÏRO 01.12 • Splendid • Lille SASSO 10.12 • Splendid • Lille YVES JAMAIT 01.02 • Théâtre Sébastopol • Lille GUS illusioniste 10.02 • Palais des Congrès • Le Touquet AUrélie saada 04.03• Splendid • Lille BERNARD WERBER 08.02 • Théâtre Sébastopol • Lille
Boys Don't Cry, A Forest, In Between Days... Bon, inutile ici de rappeler tout ce que la pop anglaise doit à The Cure, c'est-à-dire une palanquée de chansons essentielles, mais aussi quelques ratages absolus. Soit. La bande du désormais sexagénaire Robert Smith entame une nou velle tournée mondiale qui passe par Anvers et Liévin. En attendant la sortie de leur 14e album, on se contentera de tubes qui ont (excusez du peu) traversé plus de quatre décennies – et accompagné des millions de crises d'adolescence. Alors, révisons nos classiques ! pêle-mêle THE CURE Thérapie de groupe Anvers, 23.11, Sportpaleis, complet ! Liévin, 27.11, Arena Stade Couvert, complet !

MARQUE DE FABRIQUE

Paresseusement rangé dans la case new wave, The Cure a écrit bien plus d'une page de la musique anglaise, de la fougue post-punk de Boys Don't Cry à l'indépassable trilogie gothique Seventeen Seconds / Faith / Pornography, jusqu'aux hymnes pop de In Between Days. Le tout servi par des textes bardés de spleen existentiel hérité des lectures de Robert Smith.

SWEET DREAMS

Les nuits de Robert Smith sont parfois agitées. Lullaby est inspirée d'un cauchemar récurrent dans lequel il se fait dévorer par unearaignée géante, quand Close to Me provient d'un rêve le voyantenfermé dans un placard balancé du haut d’une falaise.

MALENTENDU

Un coup de cymbale, une guitare arabisante, une ligne de basse épi leptique... Vous avez sans doute reconnu l'ouverture de Killing an Arab, premier 45 tours de The Cure. Evidemment, lors de sa sortie en décembre 1978, la chanson fut totalement incomprise, et même récupérée par le FN britannique. Les bas du front n'y virent pas la référence à L'Étranger d'Albert Camus... mais est-ce bien étonnant ?

T'AS LE LOOK

Non, la dégaine de Robert Smith ne passe pas inaperçue : chevelure ébouriffée, habits noirs, yeux chargés de mascara, rougeà lèvres... Mais pourquoi ? « En fait, je jouais de la guitare avecSiouxie and the Banshees, alors j'étais dans mon rôle. Être gothique, c’était comme une pantomime pour moi. Je n’ai jamais prisça au sérieux. C'est juste un truc théâtral », déclarera-t-il au NME.

TENUE DE SOIRÉE

Un soir de 1986, les Anglais se pointent dans l'émission de Michel Drucker, Champs Elysées, habillés en robes à fleurs ridicules. Robert Smith en profite pour tacler le groupe Indochine qui, selon lui, le plagie. « Au moins, cette fois, ils nous ne copieront pas », assène-t-il.

© Andy Vella

MAHLER SYMPHONIE N°1, TITAN

Créés en 1888 et remaniés quinze ans durant, ces quatre mouvements ont scandalisé le public et la critique. Plus d’un siècle plus tard, on s’étonne : ces gens connaissaient pourtant Schubert, Liszt, Wagner ou Berlioz. Sans doute furent-ils outrés par l’irruption de sonorités profanes, voire folkloriques – Stravinsky saura s’en souvenir, à l’heure de composer son Sacre du printemps. La soprano Patricia Petibon et Les Siècles, dirigés par F-X Roth, donnent à redécouvrir la modernité de la première des dix sympho nies de l’Autrichien. Titanesque ! T.A.

Tourcoing, 05.11, Théâtre Raymond Devos, 17h, 25 > 6€

et aussi…

MAR 01.11

BLACK MIDI

Anvers, Trix, 19h30, 25>21,50€

OVERMONO

Bruxelles, Botanique, 19h30, 19,50>16,50€

MER 02.11

SIGUR RÓS

Bruxelles, Forest National, 20h, 55,80>48,05€

BLUE OYSTER CULT

Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 62€ HUGH COLTMAN & MATTHIS PASCAUD (JAZZ EN NORD)

Marcq-en-Barœul, Théâtre Charcot, 20h30, 21>15€

JEU 03.11

ORANGE BLOSSOM

Lens, Louvre-Lens, 14h30, 15h30 & 16h30, Gratuit

BON IVER

Anvers, Antwerp Sportpaleis, 18h30, 55,26>40,70€

GRAND CORPS MALADE

Bruxelles, Forest National, 20h, 73>40€

OISEAUX-TEMPÊTES & FRIENDS + FLEUVES NOIRS

Lille, L'Aéronef, 20h, 10>5€

VEN 04.11

CASCADEUR

Bruxelles, Botanique, 19h30, 27,50>21,50€

DEBUSSY, BERLIOZ, BARTÓK

Lille, Auditorium du Nouveau Siècle, 20h, 55>6€

NOVEMBER ULTRA Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 18>6€

ORANGE BLOSSOM ET LES MACHINES DE F. DELAROZIÈRE Béthune, Théâtre, 20h, 22>11€

SAM 05.11

CHARLOTTE ADIGÉRY & BOLIS PUPUL Louvain, Het Depot, 20h, 25>21€

DIM 06.11

JULIEN CLERC

Bruxelles, Forest National, 18h, 70>39€

LUN 07.11

COURTNEY BARNETT + HACHIKU Anvers, De Roma, 20h, 25>23€

PAVEMENT

Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 56>44€

MAR 08.11

PLACEBO Anvers, Antwerp Sportpaleis, 18h30, 62,10>41,94€

ARAB STRAP Lille, L'Aéronef, 20h, 26>19€

JEU 10.11

ANTOINE WIELEMANS

La Louvière, Le Théâtre, 20h, 20>8€

VEN 11.11

FESTIVAL BRUITS D'ÉTÉ (DJ KEUTCH, LA FAMILLE, BABW1...) Aulnoy-lez-Valenciennes, Les Nymphéas, 16h, 30>5€

SAM 12.11

PETER FRAMPTON Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 120>79€

GROUNDATION + WYMAN LOW Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 22>11€

LUN 14.11

JETHRO TULL

Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 58>35€

MAR 15.11

JAWHAR + SØREN LAKE Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12>8€

DELGRES + MANOPOLO Marcq-en-Barœul, Marcq-enBaroeul, 20h30, 9>5€

MER 16.11

BOMBA ESTÉREO Bruxelles, AB, 20h, 34€

DUTRONC & DUTRONC Lille, Le Zénith, 20h, 85>49€

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Patricia Petibon © Bernard Martinez

FEU! CHATTERTON

Peu sensible à la géniale idiotie du rock, Feu ! Chatterton prétend à la littérature. En France, ils sont une pléiade, de Bashung, le patron, à Saez, le patachon. Ce quintette se différencie par un chanteur influencé par le slam, ce hiphop bien peigné. Alors, on a longtemps ri de cette pose, de cette diction (À l’aube, monu ment d’humour involontaire). Mais recon naissons qu’on s’est fait cueillir par Palais d’argile, produit par Rebotini et comptant un single parfait : Un Monde nouveau. T.A. Lille, 10.11, Le Zénith, 20h, 48>38€, zenithdelille.com

JEU 17.11

LA POÉSIE DE LA MÉMOIRE

Lille, Auditorium du Nouveau Siècle, 12h30, 14>6€

KID CUDI

Bruxelles, Palais 12, 20h, 65>45€

LA TRAGEDIE DE CARMEN

Tourcoing, Théâtre municipal Raymond de Devos, 20h, 30>15€

SUZANE

Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 34/33€

VEN 18.11

JULIETTE ARMANET

Lille, Le Zénith, 20h, 55>36€

LA TRAGEDIE DE CARMEN Tourcoing, Théâtre municipal Raymond de Devos, 20h, 30>15€

DEBOUT SUR LE ZINC Oignies, Le Métaphone, 20h30, 17>14€

LA CHICA INVITE SANDRA NKAKE Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 12>6€

SAM 19.11

KAE TEMPEST (NEXT FESTIVAL) Roubaix, La Condition Publique, 20h, 21€

LA NUIT DU BOOGIE (JAZZ EN NORD) Marcq-en-Barœul, Théâtre Charcot, 20h, 15>9€

STATUS QUO Roubaix, Le Colisée, 20h, 49>35€

TV PRIEST

Lille, L'Aéronef, 20h, 10>5€

DIM 20.11

ALT-J Bruxelles, Forest National, 20h, 39,09€

TV PRIEST Bruxelles, Botanique, 21h30, 10/7€

MAR 22.11

DOLCE FOLIA - LE CONCERT DE L'HOSTEL DIEU Marcq-en-Barœul, Église SaintVincent, 20h30, 15>9€

JEU 24.11

DE MOZART À EÖTVÖS

Lille, Auditorium du Nouveau Siècle, 20h, 55>6€

DUB INC. + RYON Lille, L'Aéronef, 20h, 28>20€

MENDELSSOHN, FAN INCONDITIONNEL DE BACH Mons, Arsonic, 20h, 20>15€

VEN 25.11

MIEL DE MONTAGNE Bruxelles, Botanique, 19h30, 21,50>15,50€

BLACK SEA DAHU + SAN SALVADOR Lille, L'Aéronef, 20h, 19>11€

CLARA LUCIANI Bruxelles, Forest National, 20h, 55>36€

JEAN-LOUIS MURAT Mouscron, Centre culturel, 20h, 29>16€

UTOPIA - KITTIN & THE HACKER, IDENTIFIED PATIENT & MORE Louvain, Het Depot, 23h, 10€

SAM 26.11

DOMINIQUE A

Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 42>30€

HARLEM GOSPEL CHOIR Béthune, Théâtre, 20h, 34>17€

GIEDRÉ Calais, Grand Théâtre, 20h30, 18>9€

MER 30.11

CHARLIE WINSTON Lille, Th. Sébastopol, 20h, 34,80€

JEU 01.12

FATOUMATA DIAWARA Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 39>36€

CHINA MOSES (JAZZ EN NORD) Marcq-en-Barœul, Théâtre Charcot, 20h30, 21>15€

VEN 02.12

TRUST

Lille, L'Aéronef, 20h, 28>20€

TERRENOIRE

Tournai, Maison de la Culture de Tournai, 20h, 15>10€

DICK ANNEGARN (JAZZ EN NORD) Comines, Open Music Jazz Club, 20h30, 30,50€ > gratuit -12 ans

LAURIE ANDERSON Bruxelles, Bozar, 20h30, 28>10€

SAM 03.12

LE PEUPLE DE L'HERBE Calais, Centre culturel Gérard Philipe, 20h30, 16>8€

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© Antoine Henault
zephyrhem.frHEM à 10min de Lille Conception ville de Hem - octobre 2022 | licence : 1 R-2021-014201 | licence : 2 R-2022-004855 www.zephyrhem .fr © Matthieu Dortomb-067 ©solene-renault ©Mattias Edwall Pinocchio Les voix du levant -5tet + Balkanes Manoukian JEU. 9 FEV. Barbara Hendricks SAM. 4 MARS Nora Hamzawi SAM. 14 JAN.JEU. 15 DÉC.

La Femme Teatro Lúcido (Born Bad Records)

Un an seulement après l’ébouriffant Para digmes, la troupe menée par Sacha Got et Marlon Magnée signe un quatrième album entièrement interprété dans la langue de Cervantès. Annoncé par le tube de l’été Sacatela, celui-ci a été enregistré entre l’Espagne et le Mexique, lors d’escales à Séville, Madrid, Padul ou Mexico. Le titre renvoie d’ailleurs à un lieu emblématique de la capitale aztèque où les Basques furent hébergés –un théâtre bohème ne pouvant que leur seoir. En résulte treize merveilles de chansons où la patte bien reconnaissable de la Femme (rock sixties, yéyé, synthpop et voix féminines) se pare de sonorités hispaniques, au sens très large. Se bousculent ici mariachis, paso-doble, flamenco, reg gaeton (les imparables Contaminado et Teatro Lúcido), rythmes araboandalous... En somme, un impressionnant patchwork culturel sur lequel plane l’esprit joyeusement foutraque de la movida (Resaca). À bien y regarder, dans leur façon de détricoter la grande sono mondiale, ces francs-tireurs s’inscrivent dans une tradition initiée par la Mano Negro ou les Négresses vertes. Ce n’est pas fini : cet album serait le premier d’une série de disques thématiques intitulée Collection Odyssée. Vamos ! Julien Damien & Camille Baton

Weyes Blood And In The Darkness, Hearts Aglow (Sub Pop / Modulor)

Toujours cette même question : par quel miracle Weyes Blood, autrefois chantre underground d’une weird-folk noisy ravivant le fantôme de Nico, est-elle devenue cette chanteuse pop fabuleusement "classique" ? Le hasard, sans doute. Et des outils, aussi. Écoutez donc ces chansons somme toute simples (qui tiennent sur une mélodie claire et quelques accords) devenir des merveilles célestes à la seule grâce d’un riche instrumentarium. Ici, violons et violoncelles, Mellotron et handclaps, clochettes et piano se donnent la main dans un album où chaque morceau, gorgé de chœurs, devient sommet. L’ensemble renoue avec une geste pop seventies qui investissait le studio pour en livrer des titres sophistiqués et, pourtant, touchants. Époustouflant. Thibaut Allemand

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disques

Compilation

D-I-Y Or Die ! Art, Trash & Neon Punk 45s in the UK, 1977-1978 (Soul Jazz Records)

Après avoir écumé les scènes punk américaines et françaises, Soul Jazz s’intéresse à l’éruption de ce courant dans la vieille Angleterre entre 1977 et 1978. Clash, Pistols ? Non : d’obscurs noms qui font trois petits 45-tours et puis s’en vont. On y croise des tropismes britanniques (le NME, les Daleks de Doctor Who), les premiers pas de membres de Simple Minds, Dexys ou Damned, et pas mal de morceaux vraiment réussis. The Drive signe un Jerkin’ sous haute influence NY Dolls quand The Electric Chairs annonce (déjà !) l’afterpunk. Alors, si l’aspect éphémère de l’affaire peut la rendre émouvante, soyons honnêtes : l’anonymat de certains s’explique aus si par leur médiocrité. Ce qui n’enlève rien à l’intérêt de ce travail de joyeux archéologues ! Thibaut Allemand

(Cherry Red)

Luke Haines & Peter Buck All The Kids Are Super Bummed Out

Ils sont peu, les ex-gloires de la brit pop, à susciter l’excitation à chaque nouvelle sortie. Il est tout seul, en fait, et se nomme Luke Haines. L’ex-The Auteurs préfère cultiver son jardin du bis, du déviant, du bizarre, parse mant ses chansons de références au catch ou consacrant un disque entier à la Fraction armée rouge, le tout chanté dans un souffle de tuberculeux. On retrouve d’ailleurs un peu les ambiances poisseuses de Baader Meinhof (1996) dans cette deuxième collaboration avec Peter Buck. Le guitariste semble d’ailleurs s’amuser bien davantage qu’au temps de REM. Alors, non, ce disque anglo-américain ne fera pas chavirer les foules (on s’en fiche un peu) mais il rejoindra le grand œuvre, pléthorique, de l’autre Luke la main froide. Thibaut Allemand

Loyle Carner

Hugo (EMI Records)

Le rap downtempo de Loyle Carner a émerveillé dès son apparition, en 2016. Les titres joliment enfumés de son premier album Yesterday’s Gone et son ton grave, presque fébrile, avaient convaincu un large public. Saint Laurent et Apple ont achevé ce cou ronnement en matraquant ses morceaux à la télé. À l’heure où sort Hugo, troi sième chapitre, la formule sent un peu la vieille boîte de jazz : le rappeur du South London n’a rien perdu de son flow fringant, mais celui-ci coule avec la constance d’un filet de lager. On est finalement plus alerté par les produc tions (parfois trop sages) de Kwes et les quelques featurings que par le propos. Carner évoque sa place d’homme aux origines mixtes et sa récente paternité. Kendrick Lamar l’a fait cette année avec plus d’audace. Mathieu Dauchy

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Wu Ming 1

Q comme qomplot (Lux Éditeur)

Les complots divisent le monde entre ceux qui y croient et les autres fustigeant un pur délire. L'ambition du livre de Wu Ming 1 est précisé ment de comprendre comment de tels récits se forment, en deçà même de l'adhésion ou du rejet qu'ils suscitent. Aussi érudit qu'ac cessible, Q comme qomplot s'efforce ainsi d'éclaircir les conditions socio-politiques qui amènent de loin en loin à la réactivation de ces structures mythologiques. Le point de vue n'est pas seulement celui de l'historien, mais aussi du narrateur. Traitée sur le mode du dialogue fictif, la seconde par tie de l'ouvrage est une vertigineuse archéologie de l'imaginaire "QAnon", qui a ces dernières années incubé sur Internet en faisant de Donald Trump le grand sauveur d'une Amérique menacée par les tout-puissants pédo-satanistes. Or, cette aberration repose sur des mécanismes à la fois sociaux, psychiques et narratifs qui remontent à plusieurs siècles. Dans une première partie tout aussi passionnante, Wu Ming 1 forge des outils conceptuels pour sortir de ces « récits de diversion » que sont ces fantasmes complotistes afin d'exposer les forces économiques et politiques réellement à l'œuvre aujourd'hui. 568 p., 29 €. Raphaël Nieuwjaer

Laurent de Sutter Éloge du danger (PUF)

Le danger est consubstantiel à l'organisation de nos socié tés. Face à lui, nous réclamons la sécurité. Mais, en cher chant à l'éviter à tout prix, ne risquons-nous pas de passer à côté de notre propre vie ? C'est le pilier de la réflexion que fait courir Laurent De Sutter au fil de cet incisif essai. Incisif, car il tranche le maillage parfois opaque du tissu de notre expérience sociale. Après le récent Pour en finir avec soi-même, Éloge du danger retrouve ce sens aigu et volontiers contre-intuitif de la généalogie. En guise d'arguments, le philosophe pioche, entre autres, dans le droit romain ou les fondations de la législation maritime - mais c’est par la musique qu’il ouvre et referme ce livre. En acceptant le danger, il nous rappelle que tout est possible. 128 p., 13€. Rémi Boiteux

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livres

Boris Arvatov

Art et production (Sans Soleil)

En 1926, l’artiste et critique d’art Boris Arvatov (1896-1940) signait cet ouvrage, jusqu’ici inédit en français. Un incontournable pour qui conque s’intéresse aux avant-gardes liées au constructivisme soviétique. Peu convaincu par la première phase de ce mouvement (transformer la vie via la peinture, la photographie, l’art conçu en atelier), Arvatov souhaite faire entrer l’art dans les usines, se penche sur la distinction entre tra vail artistique et travail productif et questionne, entre autres, la place de la création dans une vie quotidienne à réinventer. Cet ouvrage aura une forte influence sur Walter Benjamin ou Frederic Jameson et demeure, près d’un siècle après sa parution, un manifeste d’une acuité et d’une lucidité stimulantes. 130 p., 19€. Thibaut Allemand

Pascal Bouaziz a récemment mis un terme au groupe Mendelson avec un chef-d’œuvre, mais n’en reste pas moins actif via de multiples projets. S’il y a une figure qui a nourri son artisanat poétique et musical, c’est bien le grand Leonard Cohen. Dans ce bel ouvrage, il dresse un portrait sensible du regretté Cana dien, révélant les différentes facettes d’un poète qui ne cesse d’interroger les liens entre l’art et vie. Ce qui fait le prix de ces pages c’est aussi leur juste distance, entre admiration non feinte et refus des œillères : on y contemple les hauts comme les failles. Empreinte de mélancolie, cette balade folk dans le parcours et l’œuvre du songwritter procure surtout une folle envie de vivre. 208 p., 25€. Rémi Boiteux

Emmanuel Lepage Cache-cache bâton (Futuropolis)

L’auteur entame ici une démarche quasi autobiographique, puisqu’il se penche sur la communauté dans laquelle il a grandi, en Bretagne, dans les années 1970. Épris de vérité, il dévoile une fois de plus la genèse et la façon dont il mène son projet à bien. Dans des teintes pastel, grises, sépia, parfois vives, Emmanuel Lepage se met en scène (et en retrait) dans des entretiens avec sa famille, ses anciens voisins… Il s’aper çoit aussi, et nous avec, que ses souvenirs sont parfois loin de la réalité. Cache-cache bâton s’impose donc comme une fresque dense, polypho nique, évoquant de formidables utopies. C’est aussi une réflexion sur la mémoire, le poids des traditions, les relations humaines… Bref, un grand Lepage, une fois encore. 312 p., 40€. Thibaut Allemand

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interview

MARIE PERENNÈS & SIMON DEPARDON

Le féminisme à l'affiche

Depuis 2019, sur les murs des petites villes et des métropoles, des messages interpellent les passants. Ces affiches dénoncent le patriarcat, le machisme, les violence sexistes, les féminicides… Chaque nuit, un peu partout en France, de jeunes femmes combattent ces maux en collant dans l’espace public des slogans poétiques, humoristiques ou radicaux. De Marseille à Compiègne, en passant par Brest, Marie Perennès et Simon Depardon ont suivi ces militantes et en ont tiré un film, Riposte féministe. Rencontre avec des documentaristes engagés.

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Qu’est-ce qui a déclenché ce film ?

Marie Perennès : Une fascination pour cette jeunesse âgée de 18 à 25 ans. Leur politisation, leur enga gement et leur radicalité sont bien plus importants que les nôtres. Le déclic a été un collage en bas de chez nous, à Paris. Il fallait absolument mettre des visages dessus et donner la parole à ces femmes. Pérenniser leur action pour qu’elle ne disparaisse pas de l'espace public.

Comment la rencontre avec ces militantes a-t-elle eu lieu ?

Simon Depardon : Ce fut un long travail d’investigation. Ce mystère autour d’elles nous a d’autant plus motivés. Quand on les a ren contrées, leur parole nous a bluf fés. Elles décrivent l'état de notre monde et comment elles aimeraient le changer.

Quelles sont leurs motivations ?

M.P. : Atteindre une véritable éga lité entre les sexes, mais aussi rendre leur ville plus sûre, qu’une femme puisse sortir seule, à minuit, sans craindre une agression. Elles sont très engagées contre les féminicides, ce fléau qu’on ne par vient pas à endiguer. On en comp tabilise tout de même entre 100 et 130 par an, soit un toutes les 48 h ou 72 h ! Leur but, c'est aussi de se réunir, d'être ensemble. Certaines protagonistes du film ont vécu des expériences traumatiques. En cela le collectif peut être un remède.

Pourquoi avoir suivi des militantes dans diverses régions de France ?

M. P. : On avait envie de réaliser un film choral, où il n’y a pas d'héroïnes. Plusieurs voix surgissent à travers tout le pays. Cela montre un maillage, que le féminisme se dresse partout contre le sexisme.

Quels sont leurs modes d'action ?

Cette génération a envie de tout dézinguer pour vivre dans une société sans patriarcat, plus écolo gique et anti-raciste. On s'est assis à table avec elles pour les laisser s’exprimer, sans jamais les cou per. Ce "parlé frais", qui peut aussi être contradictoire, nous subjugue. C’est la beauté militante à l’état pur !

S. D. : Leurs actions sont directes, illégales, réclament du courage et un grand sens de la pédagogie. Mais on ne colle pas toute sa vie. Beaucoup d'intervenantes sont passées à une autre forme de militantisme. On lutte à d'autres endroits : au travail, dans le métro...

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••• écran s « Vivre
dans une société sans patriarcat »

Dans tous les cas, le féminisme, suppose la bienveillance, la parole, l'écoute, le soutien aux victimes.

Assistons-nous à une évolution du féminisme ?

M.P. : De façon générale, depuis 2017 et MeToo, il y a un retour des collectifs. On dit souvent depuis les années 1980 que les com bats ont été gagnés suite à la loi sur l’IVG. MeToo a rappelé qu’il reste bien des luttes à mener !

On déplore aussi des retours en arrière. On le voit avec la question de l'avortement aux États-Unis...

Dès qu'un conservatisme accède au pouvoir, les droits des femmes sont grignotés en premier...

Propos recueillis par Grégory Marouzé Photos © Palmeraie et désert – France 2 cinéma

Riposte féministe Documentaire de Marie Perennès & Simon Depardon, Sortie le 09.11

À lire / Riposte féministe de Marie Perennès & Simon Depardon (Seuil) 160 p., 16€, .seuil.com

a La version longue de cette interview sur lm-magazine.com

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Monter le volume

Retrouvez toutes les activités des bibliothèques de la métropole sur : asuivre.lillemetropole.fr ��������À la bibliothèque, chacun son style !
Nos Frangins © Guy Ferrandis

ARRAS FILM FESTIVAL

Écrans partagés

À l'heure où les salles subissent une baisse de fréquentation historique, l'Arras Film Festival nous donne 110 bonnes raisons de retourner au cinéma. Soit autant d'avant-premières, de films culte ou d'œuvres signées par de grands maîtres à savourer en compagnie d'invités prestigieux.

Comme dans la plupart des festivals de cinéma, on trouve à Arras une compétition, des films inédits, des invités de marque (Valérie Donzelli, Thomas Lilti) et une rétrospective. En l'occurrence, celle-ci est consacrée à la reine Victoria. L'occasion pour beaucoup de découvrir sur grand écran quelques films culte – dont Elephant Man de David Lynch. Pour autant, l'Arras Film Festival ne se contente pas de projeter des bobines à la chaîne. Il revendique aussi « le sens du partage et l'humanité », selon son délégué général, Éric Miot. Des valeurs qui irriguent l'ensemble de la programmation.

Résilience

Au fil de cette 23 e édition, il est ainsi question d'émancipation féminine, de la famille ( Les Miens de Roschdy Zem) ou encore de justice, à l'image de Nos frangins de Rachid Bouchareb, qui retrace le meurtre de Malik Oussekine ET celui d'Abdel Benyahia, jeune Français d'origine algérienne assassiné la même nuit par un policier. Évidemment, on observe avec attention la sélection consacrée aux pays de l'Est, et notamment Klondike. La Kiévienne Maryna Er Gorbach y raconte le déchirement d'une famille vivant dans une maison située pile à la frontière entre l'Ukraine et la Russie... « Beaucoup de films montrent aussi un refus de la résignation et du dépassement de soi », souligne É ric Miot. Citons L'Astronaute de Nicolas Giraud, contant le rêve d'un ingénieur fabriquant sa propre fusée pour effectuer le premier vol spatial en amateur. Vers l'infini, et bien au-delà... Julien Damien Arras, 04 > 13.11, Grand'Place, Casino & Mégarama, pass : 70€ (donne accès à toutes les séances sauf la soirée d'ouverture), 1 séance : 8 > 3,50€ (film d'ouverture : 9€), arrasfilmfestival.com

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écran s

LE PHARAON, LE SAUVAGE ET LA PRINCESSE

Il était trois fois

Loin de la surenchère visuelle des studios Pixar et affiliés, Michel Ocelot fait figure d’exception dans le domaine du film d'anima tion. Le Français s'est révélé avec un véritable travail d'artisan, tout en dessins à la main et ombres chinoises. Le père de Kirikou revient avec un neuvième long-métrage sous forme de trois contes - évidemment hauts en couleur. Trois contes, pour autant d'époques et de cultures différentes, mais tous liés par un fil rouge : à chaque histoire son héros luttant contre une figure autoritaire ou un destin écrit d'avance. C’est ici une princesse d’Égypte antique défiant sa mère pour retrouver l’homme qu’elle aime. Là le fils d’un seigneur cupide et cruel, au Moyen-Âge, quittant le château familial pour devenir justicier. Ou encore une histoire d’amour façon Mille et une nuits dans la Turquie du xviii e siècle, entre un prince rebelle devenu vendeur de beignets et la fille d’un sultan… Michel Ocelot, dans un style inimitable, creuse son sillon avec des récits épurés, sans un mot de trop. Visuellement, le rendu est époustouflant. Ce triptyque ne se limite en effet pas à un style graphique : à chaque conte sa technique. D’abord l’animation dite "à plat", puis à la manière du théâtre d’ombres chinoises et enfin une réalisation en 3D. Fruit de recherches minutieuses (menées au Louvre ou lors de voyages en Auvergne), l’œuvre séduit en rassemblant tous les âges autour de valeurs humanistes, où chacun maîtrise son propre destin. Camille Baton

Film d'animation de Michel Ocelot. En salle

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© 2022 Nord-Ouest Films-Studio OLes Productions du Ch'timiMus é e du LouvreArt é mis Productions
Renseignements 09 72 60 45 72 www.arrasfilmfestival.com 150 invités parmi lesquels Élodie Bouchez, Louise Bourgoin, Clovis Cornillac, Lea Drucker, Gad Elmaleh, José Garcia, Guillaume Gouix, Samir Guesmi, Karim Leklou, Anne Le Ny, Noémie Lvosky, Pio Marmaï, Raphaël Personnaz, Mathilde Seigner, Roschdy Zem, ... Compétition européenne 9 films en exclusivité 80 Inédits et Avant-premières en présence des équipes Valérie Donzelli invitée d’honneur 2 Rétrospectives Victoria, une reine un empire 70 ans de la revue Positif Festival des enfants 110 FILMS 250 PROJECTIONS, 10 JOURS INTENSES DE CINÉMA 23e édition 4-13 novembre 2022 OUT OF HOME COMMUNICATION Urban Posting Display Racks Visitor Information Cultural Spots Hotels, Bars & Restaurants Universities Libraries Bicycle parkings Bus Stops Indoor Posting Banners on Street Lamps Amusement Parks

Chair de poule

Officiant depuis le milieu des années 2000 dans le genre mal distribué (et souvent mal considéré) de l'horreur, Ti West devrait enfin s'imposer comme un réalisateur à suivre. Premier volet d'une trilogie, X offre une réflexion tranchante sur le pouvoir d'attraction du cinéma, et quelques sursauts de peur.

Après avoir découvert Pearl , sorti en octobre aux États-Unis, Martin Scorsese n'y était pas allé de main morte : « Les films de Ti West ont une énergie qui est si rare de nos jours, alimentée par un amour pur et non dilué du cinéma. On le ressent dans chaque plan ». La déclaration vaut aussi pour X, qui témoigne d'une connaissance intime des classiques (Massacre à la tronçonneuse en tête), d'une maîtrise parfaite des effets et d'une véritable inventivité formelle. L’histoire ? En 1979, quelques jeunes gens aventureux entreprennent de tourner un porno dans une ferme reculée du Texas. Les propriétaires, un couple à l'âge vénérable, ignorent d'abord ce qui se trame de l'autre côté du champ. Il y aura bien sûr une collision entre les deux mondes. Mais le fond de puritanisme qui couve généralement dans ce genre de films est déplacé vers quelque chose de plus troublant : les désirs et la frustration que réveillent chez les vieillards l'apparition de ces corps juvéniles. Le frôlement des peaux suffit alors à provoquer un dégoût et un effroi tenaces. Dans le rôle phare, Mia Goth, découverte chez Lars von Trier, confirme qu'elle est une actrice parmi les plus intrigantes. Raphaël Nieuwjaer

De Ti West, avec Mia Goth, Jenna Ortega, Brittany Snow… Sortie le 02.11

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© Christopher Moss X

QUI A PEUR DE PAULINE KAEL ?

Célèbre critique du New Yorker, Pauline Kael a accompagné dès la fin des années 1960 l'émer gence du Nouvel Hollywood. Ses textes consacrés à Bonnie & Clyde, Nashville ou Manhattan font encore référence aujourd'hui. Le documentaire de Rob Garver a la bonne idée de laisser entendre de nombreux fragments de sa prose, souvent caustique. Hélas, il ne résiste pas à la tentation de l'hagiographie. Les intervenants pres tigieux, de Greil Marcus à Quentin Tarantino, de Molly Haskell à Paul Schrader, se succèdent au petit trot, dans un montage laissant peu de place à la pensée. Qui a peur de Pauline Kael ? tient ainsi de l'introduction ou du rappel. Mais il a, parmi ses mérites, celui de donner envie de (re)lire les textes – partiellement réunis en deux volumes par Sonatine. Raphaël Nieuwjaer

Documentaire américain de Rob Garver. Sortie le 16.11

CLOSE

Quatre ans après le succès de Girl, Lukas Dhont revient avec un drame tout aussi intimiste. Le Gan tois abordait dans son premier film le trouble identitaire avec l’histoire de Lara, née garçon et rêvant d’être danseuse étoile. Il se penche ici sur l’amitié masculine. À la frontière entre enfance et adolescence, Léo et Rémi sont inséparables. Lors de leur rentrée au collège, cette proximité intrigue leur entourage. Est-il normal de dormir dans le même lit que son ami ? À l’âge où la sexua lité s’affirme, le regard des autres devient oppressant, mettant leur relation fusionnelle à l’épreuve… Servie par une réalisation tout en pudeur et non-dits puissamment évocateurs, Close est une bril lante réflexion sur la construction de soi dans une communauté où les assignations genrées règnent en maître.

Camille Baton

De Lukas Dhont, avec Eden Dambrine, Gustav De Waele, Léa Drucker, Emilie Dequenne... Sortie le 01.11

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© Felipe Muhr / 29 Pictures LLC
© Menuet, Diaphana Films, Topkapi Films, Versus Production
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Joan Miró, Figures devant la lune, 1942 Courtesy Galerie Lelong & Co © Successio Miró / SABAM Belgium 2022

JOAN MIRÓ Entre les lignes

Après avoir ausculté la religiosité d'Andy Warhol ou le rôle du Borinage dans la vocation de Van Gogh, le musée des BeauxArts de Mons (BAM) se penche sur le parcours de Joan Miró. Sous-titrée " l'essence des choses passées et présentes", cette exposition (la première consacrée au Catalan en Belgique de puis 1956) rassemble des œuvres issues des quatre coins du monde. Surtout, elle démontre comment cet artiste, souvent rangé dans ce grand fourre-tout qu'est le surréalisme, s'est inspiré de nombreux courants pour affirmer son style.

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exposi t i on
Miró au Museo Nacional del Prado, 1972 Photo : Francesc Català-Roca / DR

À l'évocation de Joan Miró sur gissent inévitablement les mêmes mots : des compositions épurées, des formes et des traits simples, voire « enfantins » pour citer André Breton. En réalité, l'affaire est plus complexe. « C'est un artiste très populaire mais qui n'a pas été compris, affirme Xavier Roland, responsable du pôle muséal de Mons. Il n'y a en effet rien de spontané dans son œuvre, tout est sophistiqué et extrêmement référencé ». Pourtant, n'est-ce pas Miró lui-même qui assura, en 1928, vouloir « assassiner la peinture » ? Si cette déclaration iconoclaste traduit « une recherche de liberté totale », selon la com missaire Victoria Noel-Johnson, elle ne se signifie pas pour autant une déconnexion avec l'histoire de

l'art. C'est même tout le contraire, comme le démontre parfaitement cette exposition.

Le passé recomposé Au fil d'une centaine de pièces, entre peintures, dessins, sculp tures mais aussi objets personnels, le parcours révèle l'évolution de l'artiste et ses inspirations, de ses premières toiles influencées par le fauvisme, le cubisme en passant par la calligraphie japonaise ou l’expressionnisme abstrait américain –l’Espagnol a d'ailleurs expérimenté le "dripping" bien avant Pollock. Oui, Miró a puisé dans des tas de courants pour élaborer ce style unique, où la forme s'efface peu à peu pour laisser place à "l'essence" de la figure. Au BAM, des dispositifs

Joan Miró, Portrait d'une danseuse espagnole, 1921, Musée national Picasso-Paris. Donation Picasso, 1978, Photo © RMN-Grand Palais / Mathieu Rabeau © Successio Miró / SABAM Belgium 2022 Joan Miró, Personnage et oiseau, 1967 © Fundació Pilar i Joan Miró a MallorcaPhotographic Archive © Successio Miró / SABAM Belgium 2022

numériques décortiquent la façon dont il a pioché des éléments (ici un visage, là un objet) dans Le Jardin des délices de Jérôme Bosch ou La Fornarina de Raphaël pour les transformer et les fondre dans ses propres tableaux. L'analyse de ses "Intérieurs hollandais" ou de ses "Portraits imaginaires" est en cela éloquente. Parfois, ses références nous renvoient même... à la préhis toire. Si le bleu reste sa couleur de prédilection (c'est celle du ciel et de la mer de sa Barcelone natale), on remarque une appétence pour

les tons bruns ou beiges. Pourquoi ? « C’est un écho à la grotte, aux cavernes », précise Victoria Noel-Johnson. Cet attrait pour l'art primitif est évident face à Les Oiseaux de proie foncent sur nos ombres, soit une œuvre peinte sur une peau de vache, geste tradui sant « le lien le plus intime entre l'Homme et la nature ». Et, finale ment, la création dans ce qu'elle a de plus élémentaire. Julien Damien

Mons, jusqu'au 08.01.2023, BAM mar > dim : 10h-18h, 16/12€ (gratuit -12 ans) bam.mons.be

Joan Miró, Maquette
de foulard , 1964, Fondation Marguerite et
Aimé Maeght
© Successio Miró / SABAM Belgium 2022 Photos Claude Germain –Archives Fondation Maeght a

Elle et Lui (1925)

« Cette peinture montre bien la ma nière dont Miró fonctionne. Pour la réaliser il s'est inspiré d'un tableau hollandais du xviie siècle, montrant une mère et son enfant. Contraire ment à ce qu'on pourrait penser, l'artiste ne crée donc pas des formes et des couleurs ex nihilo, mais se nourrit de références. Il reprend ici des motifs (comme les yeux ou la bouche de l'enfant) mais épure la composition pour retenir l'essen tiel. Ainsi, la forme organique bleue symbolise la robe de la mère. Cela suffit à représenter le lien entre les deux personnages, la filiation. Voilà pourquoi l'œuvre de Joan Miró parle à tout le monde : il a conçu un lan gage universel. »

Les Oiseaux de proie foncent sur nos ombres (1970)

« C'est une œuvre emblématique. Joan Miró a ici peint sur une peau de vache. Il assassine donc la pein ture au sens le plus littéral du terme. Il a choisi un support organique et ce n'est pas anodin : celui-ci renvoie à une vie antérieure que l'artiste ré anime à travers son geste expressionniste. La grandeur de l'œuvre lui donne aussi un caractère iconique, voire sacré. Sur une toile, la peinture n'aurait pas eu la même force. Enfin, on sent que cette composition n'a pas de centre et qu'elle ne s'arrête pas non plus aux contours du sup port, comme si elle continuait audelà. Comme si Miró voulait nier les limites de l'existence... »

82 PLANS RAPPROCHÉS
Œuvres commentées
par Xavier Roland, directeur du pôle muséal de Mons
© Successio Miró / SABAM Belgium 2022 © Maeght, 2022 Vue d'exposition © Julien Damien
Les Fabriques du cœur et leur usage 23.10.22 > 19.03.23 © SABAM Belgium 2022 Site du Grand-Hornu, 82 rue Sainte-Louise, B-7301 Hornu Musée des Arts Contemporains au Grand-Hornu EXPOSITION ANNIVERSAIRE

PICASSO

Les lois de l'abstraction

Fera-t-on un jour le tour de l'œuvre de Picasso ? Probablement pas. À l'approche du 50 e anniversaire de sa disparition, les expositions plus ou moins perti nentes fleurissent. À Bruxelles, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique explorent pour la première fois ses liens avec l'abstraction. Peintures, dessins, collages, sculptures... Ce parcours retrace en 140 œuvres les grandes étapes qui ont mené le génie espagnol vers l'élaboration de ce courant... qu'il dénigrait allègrement.

•••
exposi t i on Pablo Picasso, Femme aux mains jointes (étude pour Les Demoiselles d'Avignon), 1907 Musée national Picasso-Paris, Fondation Pablo Picasso © Succession Picasso - Sabam Belgium 2022 Vue d'exposition © Julien Damien

« L’abstraction, quelle erreur, quelle idée gratuite », déclara un jour Pablo Picasso. C'est un fait : l'Andalou s'est toujours défendu d'appar tenir à ce mouvement, ses créations ne s'étant jamais détachées du réel. Et pourtant, « c'est bien lui qui en a posé les bases », assure Michel Draguet, le directeur des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Voilà tout le propos de cette exposition, qui restitue d'abord le contexte. Le natif de Malaga fut ainsi influencé par l'art extra-occidental et un certain Cézanne. « C'est grâce à lui que Picasso apprivoise la géomé trisation de la nature », explique

Joanne Snrech, conservatrice au Musée national Picasso de Paris.

En résulte ce Paysage aux deux figures, une huile sur toile mon trant un paysage encadré par deux arbres. En s'approchant, on aper çoit aussi deux femmes nues appuyées sur les troncs. Les person nages sont quasiment invisibles, comme s'ils avaient fusionné avec le monde végétal. « L'abstraction commence ainsi, lorsqu'on ne parvient plus à distinguer les sujets

remarque Jean-Philippe Theyskens,

»,
Musée national Picasso-Paris © Succession PicassoSabam Belgium 2022 / © RMN-Grand Palais (MnP-Paris) Photo © Adrien Didierjean
« Un artiste anti-système, guidé par l'inconnu »
Pablo Picasso, L'Arbre, 1907

médiateur culturel. L'affaire prend un autre tournant avec L'Arbre, tout en courbes et contre-courbes. Ici, l'artiste ne s'intéresse plus vrai ment à la réalité, mais à la manière de la représenter. L'œuvre est d'ailleurs considérée comme « l'un des premiers tableaux abstraits au monde ». Si ce n'est le premier : il date de 1907, « soit trois ans avant ceux de Kandinsky, Malevitch ou Mondrian... ».

Tête de l'art

Lors de ce parcours, on découvre également ses expérimentations cubistes, comme cette esquisse d'une des Demoiselles d'Avignon ou encore L'Homme à la pipe . Placée face à une toile de Georges Braque, « avec qui il travaillait main dans la main », cette pein ture éparpille le réel façon puzzle :

ici un morceau de journal, plus loin un bout de moustache... C'est une nouvelle révolution. « Les éléments sont fragmentés et se superposent, offrant des points de vue multiples. Picasso est ainsi le premier à rompre avec la tradi tion de la perspective héritée de la Renaissance ». Mais pas le dernier. Soit dit en passant, l'homme ne s'est jamais considéré (non plus !) comme cubiste... « Logique, c'était un artiste anti-système, tou jours guidé par l'inconnu, poursuit Michel Draguet. Il a passé sa vie à répandre des graines, faisant germer quasiment toute l'histoire des avant-gardes ». Et autant de thèmes à défricher... Julien Damien

Picasso & abstraction Bruxelles, jusqu'au 12.02.2023

Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique lun > ven : 10h-17h • sam & dim : 11h-18h 17 > 5€ (gratuit -18 ans), fine-arts-museum.be

Vue d'exposition, L'Homme à la pipe, 1911 de P. Picasso à côté de la toile Femme lisant de G. Braque, 1911 Lisette Model, Woman with veil, San Francisco, 1949 © Lisette Model avec l’aimable autorisation de Baudoin Lebon et Avi Keitelman

LISETTE MODEL

Sur le vif

« Photographiez avec vos tripes ! », clamait Lisette Model à ses élèves – dont une certaine Diane Arbus. Non, l’Américaine n’avait peur de rien. Surtout pas de s’approcher de ses modèles, qu’elle saisissait par surprise, en gros plan et recourant au flash si nécessaire. En résulte de sublimes portraits de "freaks" ou scènes sati riques. Une œuvre culte, retracée en 150 images à Charleroi. Née Stern en 1901 à Vienne dans une famille aisée, Lisette Model a connu le sort de millions de juifs fuyant l’antisémitisme. Elle a changé de nom et émigré deux fois, à Paris en 1926, puis aux États-Unis en 1938. À l’origine, elle se destinait à devenir musicienne. C’est suite à la rencontre de Rozsa Klein et de Florence Henri qu’elle se convertit à la photographie, en 1930. « À l’époque et durant des décennies, cela reste un monde essentielle ment masculin », rappelle Xavier Canonne, directeur du Musée de la pho tographie de Charleroi.

Regard multiple

Sa carrière démarre véritablement en 1934 avec un premier reportage sur la promenade des Anglais (lire ci-dessous). D’ores et déjà, son style s’impose : prise de vue serrée, bascule au tirage, jeu sur les reflets... Accrochées sur des murs bleus, à Charleroi, ses images surprennent par la proximité avec les sujets. Dans la rue, les bars, cette pionnière de la "street photography" focalise sur les classes populaires avec sincérité mais sans complaisance. Elle saisit aussi les artistes et célébrités, se penche avec autant d’inspiration sur les quartiers chics que les bouges. Enfin, l'Américaine excelle avec des séries quasi expressionnistes : jambes de piétons, reflets dans les vitrines des magasins à New-York. Une œuvre plurielle et engagée, parfaitement restituée par cette exposition. François Lecocq Charleroi, jusqu'au 22.01.2023, Musée de la Photographie, mar > dim : 10h-18h 8 > 4€ (gratuit -12 ans), museephoto.be

89 expositi on •••

Promenade des Anglais, Nice, 1934

C’est lors d’une visite à sa mère que Lisette Model, alors âgée de 33 ans, réalise son premier reportage sur la promenade des Anglais, à Nice. Cette série de photographies dé calées séduit la revue communiste Regards qui en publie une sélection en février 1935. Sa vision des estivants surprend par son aspect satirique. On y voit des bourgeois affalés sur des fauteuils à la terrasse de cafés ou sur des bancs de la digue, allongés sur la plage. Ils sont bien portants et suffisants, donnent l’impression de déborder de leurs vêtements. Dans une approche plus sociale, elle saisit aussi des gens de peu, offrant ainsi un étonnant contraste.

Reflections. People and Shadow, NYC, 1939-1945

Lisette Model a émigré aux ÉtatsUnis en 1938 avec son mari Evsa Model, peintre et graphiste russe rencontré à Paris, pour fuir la montée du nazisme, et commence à photographier dans les rues new-yorkaises. Outre les classes populaires, elle est captivée par l’énergie et la vie débordante de la métropole américaine. Elle capture les reflets dans les vitrines des magasins et des bâtiments. Jeu avec la profondeur de champ, les contrastes et les lumières, superposition des sujets et des détails... ces clichés multiplient les points de vue, les niveaux de lecture. Ils révèlent une esthétique quasi expressionniste.

90 PLANS RAPPROCHÉS
© Lisette Model avec l’aimable autorisation de Baudoin Lebon et Avi Keitelman
Joan ©SuccessióMiró/ SabamBelgium2022 bam.mons.be GRATUIT AVEC GRATIS MET LE FONDS EUROPÉEN DE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL ET LA WALLONIE INVESTISSENT DANS VOTRE AVENIR L’essence des choses passées et présentes 08 oct 22 08 jan 23
© Photo Alice Sidoli - Musée de Picardie

DE VERSAILLES À AMIENS

Dans la chambre du roi

C’est un échange de bons procédés. Le Musée de Picardie prête au Château de Versailles la série des “chasses exotiques” de Louis XV (pour l’exposition Louis XV, goûts et passions d’un roi) et accueille en retour six chefs-d'œuvre de la chambre du Roi Soleil. Ces toiles sont ici dévoilées sous un angle inédit : à portée de regard.

Louis XIV avait lui-même choisi ces toiles pour orner la partie haute de sa chambre (ses "posters", en quelque sorte) qu'il occupa de 1701 jusqu'à sa mort en 1715. Il s’agit des quatre Évangélistes (Saint Matthieu, Saint Luc, Saint Jean et Saint Marc) et du Denier de César, peints par Valentin de Boulogne, mais aussi d’Agar et l’ange de Giovanni Lanfranco. Ces huiles sur toile reflètent le goût du Roi Soleil pour la peinture caravagesque. Elles sont habituellement présentées au Château de Versailles à 10 mètres de hauteur et échappent bien souvent au regard des visiteurs.

Si loin, si proche

Paradoxalement, c'est à 150 kilomètres de Versailles, au Musée de Picar die, que ces tableaux n'auront jamais été aussi proches du public. Pour cause, ils sont ici accrochés... à un petit mètre du sol. Voilà donc une occasion unique d'admirer ces chefs-d'œuvre ensemble. D’autant plus qu’ils n'ont jamais été prêtés et qu'ils ont bénéficié d’une restauration entre 2015 et 2020. Ces interventions ont permis de redonner aux pein tures leur harmonie, leur stabilité et la vivacité de leurs coloris orignaux. À Amiens, ils sont dévoilés dans les meilleures conditions. Une salle a été entièrement repensée pour les accueillir. La scénographie privilégie ainsi des teintes sombres pour mieux faire jaillir ces jeux d'ombre et de lumière qui font tout leur attrait. Libre à vous, désormais, d'en ausculter les moindres détails. Dominique Julien Amiens, jusqu’au 26.02.2023, Musée de Picardie, mar > ven : 9h30-18h • sam & dim : 11h-18h 7/4€ (gratuit -26 ans), amiens.fr

93 expositi on

PANORAMA 24

D'un monde à l'autre

Vitrine d'un savoir-faire unique en France, l'exposition annuelle des étudiants du Fresnoy est toujours plus impressionnante. En témoigne cette 24e édition de Panorama, mariant comme à son habitude haute technologie et créativité débridée, pour un voyage immobile entre passé et futur, rêve et réalité.

Plongées dans une lumière en clair-obscur, 50 œuvres inédites (installations et vidéos) nous emmènent de "l'autre côté" du monde, mais pour mieux en révéler les enjeux, qu'ils soient politiques ou philosophiques. Dans Le Mal des ardents par exemple, Alice Brygo a saisi les specta teurs de l'incendie de Notre-Dame de Paris. Toujours située hors-champ, la catastrophe fait l'objet de commentaires d'une foule modélisée en 3D, d'abord stupéfaite puis à la recherche d'un bouc émissaire, dans une troublante allégorie d'une société sous tension... Joachim Michaux s'est lui inspiré de l'observation collective d'ovnis belges, survenue en novembre 1989 au-dessus du barrage de la Gileppe. Son installation visuelle et immersive ne cherche pas à élucider ce phénomène toujours inexpliqué. Mieux : elle nous glisse dans la peau des supposés extraterrestres, questionnant la « frontière entre imaginaire et réalité ». L’autre côté, « c’est aussi le monde du rêve, jamais très loin d’ici », souligne Marie Lavandier, directrice du Louvre-Lens et commissaire de cette édition. Ce n'est pas Justine Emard qui la contredira. Dans Hyperphantasia, l'artiste a transformé des songes d'astronautes, captés par encéphalogramme... en sculptures translucides. Vous avez dit vertigineux ? Julien Damien Tourcoing, jusqu'au 31.12, Le Fresnoy, mer > dim : 14h-19h, 4/3€ (gratuit -18 ans), lefresnoy.net

Alice Brygo , Le Mal des ardents © Production Le Fresnoy-Studio national
Le LaM est un Établissement de Public de Coopération Culturelle dont les membres sont la Métropole Européenne de Lille, la Ville de Villeneuve d’Ascq et l’État. exposition 7 OCT. ——— 22 JAN.20 22 20 23 VILLENEUVE D’ASCQ musee-lam.fr Exposition 21 oct 2022 18 déc 2022 — Espace Le Carré elc.lille.fr Combo Combo festival de design graphique Sol LeWitt Patrick Lindsay Karel Martens Baptiste Meyniel Éloïsa Pérez Jean-Simon Roch Raphaël Zarka Marion Bataille / Fanny Millard

CHERCHER L'OR DU TEMPS

L'art brut et le surréalisme ont rarement fait l'objet d'une lecture croi sée. C'est justement tout le propos de cette exposition. À travers près de 400 œuvres signées, entre autres, par Jean Dubuffet, Salvador Dalí, Joan Miró, Aloïse Corbaz, René Magritte mais aussi des anonymes, ce parcours chronologique montre comment ces deux mouvements ont posé un nouveau regard sur le monde et brouillé les frontières entre milieux artistiques et amateurs. On observe aussi leurs points communs. En filigrane, Chercher l'or du temps témoigne de l'émergence d'un nouveau rapport à la créa tion, ouvrant de réjouissantes perspectives. J.D. Villeneuve d'Ascq, jusqu'au 29.01.2023, LaM mar > dim : 10h-18h 10/7€ (gratuit -12 ans), musee-lam.fr

ÉGYPTE, ÉTERNELLE PASSION

Le saviez-vous ? Le Musée royal de Mariemont possède la plus grande collection égyptienne de Wallonie. De Morlanwelz aux secrets des pharaons, il n'y a donc qu'un pas... et peutêtre encore moins. Plus qu'un simple retour en arrière, cette exposition observe en effet comment l'Égypte antique irrigue notre quotidien. Des jouets à notre architecture, en passant par la pop culture, ce parcours est conçu comme un véritable miroir de la socié té contemporaine. J.D. Morlanwelz, jusqu'au 16.04.2023, Musée royal de Mariemont mar > dim : 10h-17h, 8 > 3€ (gratuit -18 ans), musee-mariemont.be

Adagp, Paris, 2022.

Brauner, Sans

lune)

Friedrich Schröder-Sonnenstern, Der

de Saint-Étienne Métropole

La Pinacothèque, Luxembourg

Photo

marbre

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Ramses hipster ,
2021 © L é o Caillard Victor
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Photo : Cyrille Cauvet / Musée d'art moderne et contemporain
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Mond (La
, Collection Hervé Lancelin © DR.
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lillemetropole.fr Des spectacles à deux pas de chez vous et au tarif très accessible. Retrouvez toute la programmation sur le site de la métropole. ������������������������������������ ����u��tur�� n’���� j����m����is été ����ussi pro����h�� d�� ��ous ! Les Belles Sorties

LES FABRIQUES DU CŒUR ET LEUR USAGE

Le MACS a 20 ans. Pour marquer cet anniversaire, le musée des arts contemporains pose un regard éminemment poétique sur le monde. Conçue à la manière d'un conte, en une dizaine de chapitres, cette expo sition rassemble les œuvres d'artistes de divers horizons et époques (citons Luc Tuymans, James Ensor, Louise Bourgeois) qui chacun à leur manière ont redessiné les contours de notre quotidien (les maisons, les paysages...) pour mieux le réenchanter. J.D. Hornu, jusqu'au 19.03.2023, MACS, mar > dim : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit -6 ans), mac-s.be

AU CHARBON !

Étonnamment, c'est la première fois que le Centre d'innovation et de design (un ancien charbonnage) consacre une exposition à l'or noir du plat-pays. Celui-ci reste au jourd'hui la seconde ressource énergétique de l'humanité, après le pétrole, et l'une des causes principales d'émissions de CO2... Le constat est accablant, mais les créations de ces designers, architectes et plasticiens nous donnent des raisons d'espérer, parfois de manière poétique, à l'image de ce pho tophore reprenant la forme de la lampe du mineur (Studio Khorram Ricatte). Lorsque la bougie est allumée, le noir disparaît pour laisser place au blanc et à la lumière… J.D. Hornu, jusqu'au 08.01.2023, Centre d'innovation et de design, mar > dim : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit -6 ans) cid-grand-hornu.be

98 Studio Khorram Riccatte –Photophore Lueur © Jean-Michel Andr é
Marie Jose BurkiQue pouvait bien raconter saint Fran ç ois aux oiseaux © Degobert
exposition 14 OCT. ———29 JAN.20 22 20 23 VILLENEUVE D’ASCQ musee-lam.fr Le LaM est un Établissement Public de Coopération Culturelle dont les membres sont la Métropole Européenne de Lille, la Ville de Villeneuve d’Ascq et l’État. August Natterer, Meine Augen zur Zeit der Erscheinungen (Mes yeux au temps des apparitions) (détail), avant 1921. Collection Prinzhorn, Heidelberg. N° inv. 166. D. R. Photo © Sammlung Prinzhorn, Heidelberg Design graphique Les produits de l’épicerie SURRÉALISME CHERCHER ART NATUREL ART BRUT ART MAGIQUE L'OR DU TEMPS © Samy Halim A RT & C ULTUR E Hauts-de-France Belgique lm-magazine.com version XXL playlists interviews reportages portfolios chroniques…

Équilibre

The Houba Show

Charlotte Abramow

Après New York ou Paris, Charlotte Abramow est enfin prophète en son pays. La photographe pré sente sa première exposition monographique en Belgique. Révélée auprès du grand public avec son travail pour Angèle (sur l’album Brol), l’artiste croule depuis sous les demandes ! Au Hangar, à Bruxelles, on découvre ses portraits (Juliette Armanet, Rokhaya Diallo, entre autres), ses vidéos mais aussi une œuvre plus personnelle. Emplies de poésie et d’humour, ses images offrent un joyeux contrepied au mythe du corps féminin parfait.

Bruxelles, jusqu’au 17.12, Hangar, mar > sam : 12h-18h, 7/5€ (gratuit -13 ans), hangar.art

Kidorama

Créé par l'incomparable Franquin, le marsupilami fit sa première appari tion en 1952, dans l’album Spirou et les héritiers. À l'occasion des 70 ans de la créature jaune et tachetée de points noirs, le CBBD nous emmène en Palombie. Au sein d'un décor repro duisant une jungle tropicale sont exposées des planches originales signées Franquin, donc, mais aussi par ses continuateurs, tels Batem, Frank Pé ou Goum. Entre dessins et objets de col lection, on tente aussi de reconstituer la queue du Marsupilamus Fantasii, à l'aide d'un puzzle. Bruxelles, jusqu'au 15.01.2023, CBBD mar > dim : 10h-18h, 12 > 5€ (grat. -6 ans), cbbd.be

Plus écolo, plus inclusive, la mode en fantine a opéré sa mue ces dernières années, mais reste rarement exposée. D’ailleurs, cela fait 20 ans que le Musée Mode et Dentelle n’avait pas exploré le sujet. Avec Kidorama , l’institution bruxelloise passe en revue les questionnements qui agitent le monde de la fringue pour les 0-12 ans. Plus d’une centaine de modèles déconstruisent les stéréotypes (de genre par exemple) et décryptent les nouvelles tendances, le tout à hauteur de môme.

Bruxelles, jusqu’au 05.03.2023 Musée Mode et Dentelle, mar > dim : 10h-17h 8 > 4€ (gratuit -18 ans) museemodeetdentelle.brussels

Lecoanet Hemant : les orientalistes de la haute couture

Fondée en 1981, à Paris, par Didier Lecoanet et Hemant Sagar, la maison Lecoanet Hemant s'est rendue célèbre en mariant haute couture à la française et esprit oriental. C'est ainsi la seule marque de mode internationale à concevoir ses modèles en Inde. Robes du soir somptueuses, manteaux opulents, tailleurs structurés ou pièces créées à partir de plumes jalonnent cette exposition. Où l'on partira, entre autres, sur la route de la soie, à la découverte de l'India Pop ou des mystérieux jardins de Shalimar...

Calais, jusqu’au 31.12, Cité de la dentelle et de la mode, tlj sauf mar : 10h-17h 4/3€ (gratuit -5 ans), cite-dentelle.fr

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instable et jaune , 2014, Paris © Charlotte Abramow

Les 40 ans du Frac Grand Large

C’est une grande maison dédiée à l’art d'aujourd'hui, et ouverte aux quatre vents. Le Frac Grand Large-Hauts-de-France a 40 ans, et demeure des plus fringants. Derrière cet acronyme, et au sein d’un écrin de verre et de béton, on trouve l’une des plus belles collections de la région. Installations, peintures, vidéos, sculp tures… soit autant de trésors révélés lors de multiples expositions. Une bonne raison de mettre le cap sur Dunkerque ! Dunkerque, jusqu'au 23.04.2023, Frac Grand Large mer > ven : 14h-18h • sam & dim : 10h-18h, 4/2€ (gratuit tous les dimanches et -18 ans), fracgrandlarge-hdf.fr

Sempé. Infiniment vôtre

Disparu en août dernier à l'âge de 89 ans, Jean-Jacques Sempé a écrit l'une des plus belles histoires d'humour de notre temps. Au fil de 40 albums, d'illustrations ou de dessins de presse publiés partout dans le monde, le Girondin a su croquer l'époque, mais aussi l'instant, comme peu d'autres : avec tendresse, simplicité, espiègle rie. À La Hulpe, la Fondation Folon rend hommage au père du Petit Nicolas à travers une exposition inédite au pays d'Hergé, révélant quelque 120 œuvres originales. La Hulpe, jusqu'au 15.01.2023, Fondation Folon mar > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h-18h 15 > 5€ (gratuit -6 ans), fondationfolon.be

Exposition de caractère(s)

Les lettres de l'alphabet comme vous ne les avez jamais vues. Réunissant les créations d'artistes, d'artisans, de graphistes, d'illustrateurs ou de typographes, cette expostion décline ces 26 caractères sous des formes insoupçonnées, à l'image du travail de Dadave. Ce plasticien a en effet érigé une véritable Tour de Babel à partir de touches de claviers d'ordinateur. En parallèle de cette visite, le Colysée organise également quatre ateliers d’écriture, histoire de suivre cela au pied de la lettre. Lambersart, jusqu'au 31.12, Le Colysée mer > dim : 13h -18h gratuit, lambersart.fr

Champollion, la voie des hiéroglyphes

Rentrée en fanfare pour le Louvre-Lens, qui célèbre un double anniversaire : le sien tout d'abord, puisque le musée a désormais dix ans (comme Alain Souchon) et puis un second, des plus vertigineux. Il y a pile deux siècles, un certain JeanFrançois Champollion perçait le secret des hiéroglyphes, donnant du même coup naissance à l'égyptologie. Réunissant près de 350 pièces, cette exposition nous plonge en plein xixe siècle, sur les traces de cette découverte majeure qui rendit leur voix aux pharaons...

Lens, jusqu'au 16.01.2023, Louvre-Lens, tous les jrs sauf mar : 10h-18h 11/ 6€ (gratuit -18 ans), louvrelens.fr

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La Nef des fous , 2022, Frac Grand Large — Hauts-deFrance, Dunkerque (France) © Design Museum Gent / Photo : Aurélien Mole

Combo Carré

L'Espace Le Carré reçoit l'association Combo Combo, initiatrice (entre autres) d'un festival d'arts graphiques dans la métropole lilloise depuis quatre ans. Cette collaboration donne lieu à une exposition rassemblant les œuvres de neuf artistes, et pas des moindres. On trouve ici la signature de l'Américain Sol LeWitt, précurseur de l’art conceptuel. Citons aussi le plasticien Raphaël Zarka, docteur ès skateboard, ou encore l'autrice Marion Bataille, dont les livres pop-up sont désormais connus dans le monde entier. Lille, jusqu'au 18.12, Espace La Carré, mer > sam : 14h-19h • dim : 10h-13h & 15h-18h, gratuit, lille.fr

Bien conservés !

C’est l’une des plus anciennes institutions de la capitale des Flandres. Inauguré en 1822, le Musée d’histoire naturelle de Lille fête ses 200 ans... mais reste bien conservé. Pour marquer le coup, une exposition immersive nous plonge dans les coulisses du lieu, en plein cœur des réserves. On déambule ainsi au milieu d'objets et de spécimens jamais dévoilés. Cet anniversaire offre aussi l'occasion de découvrir le projet de transformation du bâtiment, préfigurant de grands changements d'ici 2025. Lille, jusqu'au 03.07.2023, Musée d'histoire naturelle, lun, mer, jeu, ven : 9h30 > 17h • sam & dim : 10h-18h, 5/3,50€ (grat. -12 ans), mhn.lille.fr

Une Mine de femmes

Beaucoup de choses ont déjà été dites sur les mineurs. Tant mieux, mais qu'en est-il de leurs épouses ? À la croisée de l'image et du son, cette exposition produite par le Boulon et la compagnie Entre chien et loup délivre une parole rare, reposant sur les témoignages de 12 femmes, rencontrées entre la France et la Belgique. Elles racontent un quotidien rempli de tâches ména gères, de charbon à rentrer, d'enfants à élever... Ou comment retracer la grande histoire à travers la petite. Oignies, jusqu'au 30.04.2023 9-9 bis, sam & dim : 14h30-17h30 gratuit, 9-9bis.com Vacarme

La saviez-vous ? "Vacarme" trouve sa racine dans le néerlandais ancien "wacharme", qui signifiait "pauvre de moi". C'est aussi le titre de cet événement exposant bien d'autres mots ayant pas mal bourlingué avant d'enrichir notre vocabulaire. Entre arts graphiques et étymolo gie, typographie et street-art, ces 18 fresques célèbrent ce grand brassage culturel. Alors, ouvrez bien les yeux et les oreilles : les murs n'ont jamais été aussi bavards.

Roubaix, jusqu'au 17.12, La Condition Publique mer & sam : 13h30-19h • jeu & dim : 13h30 - 18h ven : 13h30 - 20h30, gratuit, laconditionpublique.com

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© Julien PitinomeENCRAGE
Marco da Silva Ferreira (PT) Fanny de Chaillé (FR) Katerina Andreou (GR/FR) Lies Pauwels / LOD & hetpaleis (BE) Kae Tempest (UK) Kat Válastur (GR) Miet Warlop / Irene Wool vzw & NTGent (BE) Marlene Monteiro Freitas (PT/KV) Winter Family (IL/FR) Phia Ménard & Emmanuel Olivier (FR) Maud Le Pladec (FR) Émilie Rousset / John Corporation (FR) Boris Charmatz (FR) … Maud Le Pladec feat. Jr Maddripp : Silent Legacy © Alexandre Haefeli

FESTIVAL

sans

Cie Shonen - Phoenix © Sébastien Lefevre NEXT
Jeux
frontières t héâ t re& danse

Dans la langue de Shakespeare, Next signifie à la fois "suivant" et "proche". Voilà qui résume bien l'essence de ce festival. Durant trois semaines, une quarantaine de spectacles disséminés dans une douzaine de villes soulève des préoccupations bien contemporaines. Et révèle des artistes émergents ou des formes scéniques toujours plus innovantes.

Pas de thèmes imposés ici, mais des interrogations qui surgissent natu rellement, pour viser juste. Cette 15e édition du Next Festival n'est ainsi pas avare de sujets de société, à commencer par le patriarcat, mis (littéralement) en pièce par la Winter Family. Durant le confinement, la perfor meuse Ruth Rosenthal a noté toutes les assertions sexistes (conscientes ou pas) de son compagnon, le musicien Xavier Klaine. Le couple en a fait la matière première d'un spectacle glaçant sur la domination masculine... Pas de discriminations dans L'Âge d'or, où tout le monde est de corvée de courses ! Enfin, Igor Cardellini et Tomas Gonzalez nous convient dans un centre commercial... mais pour une visite guidée. Équipés de casques audio, les participants auscultent ce fleuron du capitalisme à la manière d'archéologues, histoire de décaler d'un poil notre regard sur la consom mation de masse.

Sur écoute

Au fil de cette programmation, il sera aussi question d'héritage, de car naval ou encore de musique, discipline plus présente qu'à l'habitude. Si celle-ci adoucit les mœurs, elle révèle aussi pas mal de choses, par exemple sur le storytelling de nos gouvernants. Dans Playlist Politique, Émilie Rousset rejoue non sans humour quelques scènes restées célèbres, de la marche triomphante d'Emmanuel Macron sur l’Ode à la joie aux adieux punk d'Angela Merkel, rythmés par Nina Hagen. Une performance sur la ligne de crête, évidemment. Julien Damien

Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai & Valenciennes, 10.11 > 02.12, divers lieux 1 spectacle : 21 > 6€, nextfestival.eu

Sélection / 11 & 12.11 : Marco da Silva Ferreira - Carcass, Jonas Chéreau - R É V E R B É R E R. 15 & 16.11 : Fanny De Chaillé - Une Autre histoire du théâtre // 17 & 18.11 : Lies Pauwels - Do the Calimero // 18.11 : Miet Warlop - One Song // 18 & 19.11 : Boris Charmatz - 10 000 gestes 19.11 : Kae Tempest - The Line Is a Curve // 22.11 : Sebastian Matthias - Urban Creatures 22 & 23.11 : Émilie Rousset & John Corporation - Playlist Politique // 23.11 : Betty Tchomanga - Leçons de ténèbres // 24.11 : Igor Cardellini et Tomas Gonzales - L'Âge d'or // 24 & 25.11 : Winter Family – Patriarcat // 26.11 : Igor Cardellini et Tomas Gonzales - L'Âge d'or, Anna Gaïotti & vierge noire - A Kiss Without Lips // 26 & 27.11 : Phia Ménard & Emmanuel Olivier - Les Enfants terribles 29 & 30.11 : Maud Le Pladec feat. Jr Maddripp – Silent Legacy // 29.11 & 01.12 : Tatiana Julien & Anna Gaïotti - Une Nuit entière // 01 & 02.12 : Phia Ménard & Emmanuel Olivier - Les Enfants terribles 02.12 : Marlene Monteiro Freitas – Ôss...

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LES ENFANTS TERRIBLES

Les Enfants terribles, c’est le grand roman de Jean Cocteau sur l’adolescence. Publiée en 1929, l’œuvre raconte l’histoire de deux orphelins, un frère et une sœur, livrés à eux-mêmes. Loin du regard des adultes, ils vont bâtir leur propre monde, réduit à leur chambre close et désordonnée. Une microsociété emplie de rêves, de désir, de jalousie mais aussi de jeux cruels… En 1996, ce huis-clos passionnel inspira un opéra de chambre dansé à Philip Glass. Phia Ménard et Emmanuel Olivier s’emparent à leur tour du classique. On retrouve Paul et sa sœur Elisabeth, le "bad boy" Dargelos et d’autres enfants terribles. Sauf qu’ici, les protagonistes ne sont plus de jeunes gens… mais des personnes âgées. Elles aussi vivent à l’écart du monde, en l’occurrence dans un Ehpad, mais n’en sont pas moins désirantes et émerveillées. Sur un plateau mobile, au fil de 20 scènes jouées dans un mouvement constant, quatre artistes lyriques, un comédien et trois pianistes redonnent vie à ces drôles de jeux amoureux. Un spectacle total entre théâtre, chant, danse et musique répétitive, et une ode à la jeunesse éternelle.

Tourcoing, 26 & 27.11, Théâtre municipal Raymond Devos, sam : 17h • dim : 15h30, 21 > 6€ Dunkerque, 01 & 02.12, Le Bateau Feu, jeu : 20h • ven : 19h, 15€

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© Eric FeferbergAFP
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DO THE CALIMERO

« C ’est vraiment trop injuste », se plaignait le pauvre Calimero. Lies Pauwels offre un exutoire à tous les petits poussins noirs. Et quoi de mieux que le carnaval pour entrer en dissidence ? L’artiste flamande met en scène cette fête populaire où tout est permis, invitant sur le plateau des personnalités aty piques – trop petit ou pas assez mince... Mêlant danse, théâtre et musique, elle prend un malin plaisir à chahuter les normes – et à réha biliter l'imperfection !

Lille, 17 & 18.11, Le Grand Bleu jeu : 19h • ven : 20h, 15 > 6€

10 000 GESTES (Boris Charmatz)

C’est une « forêt chorégraphique » , pour reprendre les termes de Boris Charmatz. Dans cette pièce créée en 2017, le Savoyard met en scène 25 interprètes effectuant 10 000 gestes, empruntés à la vie quotidienne, professionnelle et à bien d’autres répertoires non-aca démiques. Des mouvements souvent improvisés, non synchronisés et disparus aussitôt qu’exécutés, comme une célébration de l’éphé mère. L’essence du spectacle vivant, en somme.

Lille, 18 & 19.11, Opéra, ven : 20h • sam : 18h 21 > 6€

ONE SONG

(Miet Warlop / NTGent)

Après Mystery Magnet ou Big Bears Cry Too, Miet Warlop transforme cette fois la scène… en gymnase musical. Dans un rectangle entouré de tribunes, 12 performeurs se lancent dans un concert des plus athlétiques. Ici une violoniste joue en équilibre sur une poutre, là un claviériste saute pour atteindre ses touches… et tous répètent en boucle la même chanson, sous les vivats de supporters déchaînés. Un spectacle-marathon époustouflant. Deinze, 18.11, Leietheater, 20h, 21 > 6€

© Michel Devijver © Fred Debrock © Brotherton Lock
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THE LINE IS A CURVE

Kate Tempest s’appelle désormais Kae Tempest, affirmant sa non-bina rité. Dans The Line Is a Curve, cette figure des lettres anglaises s’émancipe de toutes contraintes, de genre mais aussi artistiques. « Moins de pression, plus de débit, s’il te plaît laisse-moi lâcher prise », entend-on par exemple dans More Pressure, une ode à la liberté mêlant boucles électroniques et ce spoken word typique. Sur scène, l'artiste donne tout son sens à la définition même du mot rap : rhythm and poetry. Roubaix, 19.11, La Condition Publique, 20, 21€

SILENT LEGACY

(Maud Le Pladec feat. Jr Maddripp)

Maud le Pladec poursuit le travail initié avec Counting Stars With You, pièce dans laquelle elle interrogeait la sororité et la place des femmes dans l’histoire. Cette fois, elle met en scène deux figures qu’à priori tout oppose : Adeline Kerry Cruz, prodige du krump âgée de 8 ans, et la danseuse contemporaine Audrey Merilus. En confrontant ces deux pratiques et parcours bien distincts, la chorégraphe révèle leur héritage commun, dans un portrait-croisé intense et sensible.

Tourcoing, 29 & 30.11, Théâtre l’Idéal, mar : 20h • mer : 18h, 15 > 6€

UNE NUIT ENTIÈRE

(Tatiana Julien & Anna Gaïotti)

Dans AFTER, Tatiana Julien dépeignait un monde au bord de l’effondrement. Elle revient ici avec une forme plus intimiste en s’asso ciant avec la chorégraphe et écrivaine Anna Gaïotti. Dans un espace circulaire, entourées par le public, elles livrent un poème dansé sur le corps de la femme. Accompagné par des notes de synthé et habillé d’une pénombre nocturne, ce duo presque siamois livre une performance aussi troublante que sensuelle. Valenciennes, 29.11, Le Phénix, 20h30, 10/5€ Roubaix, 01.12, Théâtre de l’Oiseau-Mouche, 20h, 10 > 6€

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© Florent Hamon © Matt Walker © Cesar Vayssie
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LES MULTIPISTES Festival des arts du cirque 29 novembre › 25 janvier | 09 71 00 5678 | tandem-arrasdouai.eu
Photo
: Le Cycle de l’absurde de Raphaëlle Boitel© Christophe Raynaud de
Lage
© Frédéric Ruffin

GOOAAL!!! LA SOLITUDE DU GARDIEN DE BUT La cage se rebiffe

À la veille du très controversé Mondial qatari, voilà un spectacle apte à nous réconcilier avec le foot. Dans Gooaal!!!, la compagnie Empreintes marie théâtre, danse et ballon rond, en s'intéressant à une figure très particulière : celle du gardien de but. Spectaculaire, poétique, cette pièce s'apprécie aussi comme une fable existentielle car, pour citer Hugo Lloris, « l'important, c'est surtout de se relever très vite ». Sur le terrain comme dans la vie.

Seul sur sa ligne, il peut faire gagner ou perdre son équipe. Au service du collectif, mais bien souvent dans l'ombre... « Le gardien occupe un poste assez ingrat quand on y pense, relève Sophie Boissière, autrice et met teuse en scène de cette pièce. On se souvient du joueur qui a marqué le but, pas de celui qui l'en a empêché ». Et pourtant, « il chute, encaisse mais se relève toujours. C'est une belle leçon », complète le danseur et chorégraphe Hartmut Reichel, qui incarne ici un portier très acrobatique...

Gardien volant Celui-ci évolue au sein d'une grande cage de but. Accroché à une structure métallique par des filins quasiment invisibles, il traduit la préci sion et l'audace des gestes propres à l'athlète lors d'une performance dansée, à la verticale ou en suspension. En fond sonore résonnent les chants, les applaudissements ou les sifflets du public, conférant des allures de stade à la salle. Dans le rôle du conteur, un journaliste spor tif nous décrit le match et son contexte. Son admiration, aussi, pour ce gardien qui rend ses lettres de noblesse à un sport plus profond qu'il n'y paraît. « Le foot célèbre l'instant présent, avec ce qu'il a d'éphémère et d'imprévisible. C'est une allégorie de la vie », dit-il. En somme, un spectacle qui va droit au but. Julien Damien

Lille, 09 > 11.11, La Verrière, mer : 15h • jeu : 19h • ven : 17h, 14 > 6€, verriere.org (Festival Pas cap ?) Les Arcades, 16.11, Faches Thumesnil, 15h, 6€, ville-fachesthumesnil.fr

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NORMAN C'EST COMME NORMAL, À UNE LETTRE PRÈS Au nom de la robe

C'est l'histoire d’un petit garçon de sept ans qui aime porter des robes. Mais lorsque le regard des autres s’en mêle, sa vie se complique drô lement. Débute alors une bataille contre les stéréotypes de genre, mise en scène avec tendresse et sensibilité par la Kosmocompany.

Parfois, un bout de tissu suffit à contrarier les normes sociales et attiser la foudre de ses contemporains. À la maison, Norman adore tournoyer sur lui-même et voir l’étoffe vapo reuse de sa robe virevolter. Un jour, il se rend à l'école avec joie, car ses parents acceptent qu’il garde ce vête ment associé au féminin. Mais le tra jet n'est pas si rose, pavé de regards moqueurs, de remarques blessantes et d’injonctions... Sur scène, trois interprètes incarnent tour à tour Norman et sa famille sous une lumière douce et des couleurs pop. On rencontre ainsi la mère, un peu perdue, la tante dubitative et le père, frondeur... qui décide à son tour d’enfiler une robe pour accompagner son fils. Précisons que ce spectacle écrit par Marie Henry et mis en scène par Clément Thirion est tirée d'une histoire vraie, qui s'est déroulée en Allemagne en 2012. Souvent drôle, le texte évoque avec intelligence l'acceptation de la différence, le tout à hauteur d'enfant. Il n'esquive pas non plus la cruauté du regard des autres, ce combat que mène Norman pour être accepté et vivre comme il l'entend. Pour ne plus avoir à choisir entre bleu ou rose, jupe ou pantalon, fille ou garçon ! Au fond, rien de plus normal. Marie Pons Bruxelles, 08 > 12.11, Théâtre Varia, mar & mer : 19h • jeu : 19h30 • ven : 17h • sam : 16h, 30 > 10€ varia.be // Bruxelles, 19.11, La Montagne magique, 19h30, complet !, lamontagnemagique.be Liège, 22 > 24.11, Théâtre de Liège, mar & jeu : 19h • mer : 15h, 25 > 7€, theatredeliege.be Lille, 29.11 > 03.12, Le Grand Bleu, mar : 14h30 & 20h • jeu & ven :10h & 14h30 • sam : 18h, 13 > 5€ legrandbleu.com

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© Hichem Dahes
ANDROMAQUE I THÉÂTRE ELODIE SEGUI I L’ORGANISATION MER. 23 + JEU. 24 NOV. I 20H 03 20 77 18 77 l WWW.LEVIVAT.NET PLACE ST VAAST, ARMENTIÈRES HOMO SAPIENS I CLOWN CAROLINE OBIN BUS AU DÉPART DU PRATO 3300 TOURS I THÉÂTRE RENAUD COJO TAMANEGI I DANSE IKUE NAKAGAWA 16 NOV. 19 NOV. 30 NOV.
Silent Legacy © C. Vayssi é FOREVER YOUNG Élixir de jouvence

théâtre

Les Petits pas ont bien grandi. Ce festival dédié à la création jeune public souffle ses 18 bougies et poursuit sa mission en se rebaptisant Forever Young . Avec près d’une vingtaine de propositions mêlant danse, cirque, projections, expositions et ateliers à travers les Hauts-de-France, cette édition s’annonce plus dynamique que jamais. La preuve...

Ne nous y trompons pas. Si le festival change de nom c'est pour mieux réaffirmer son projet initial. Celui-ci repose sur la création et le partage autour de formes chorégraphiques innovantes. Soit « une expérience du spectacle ». Il est aussi question de transversalité, d'intéresser les toutpetits, les adolescents comme les adultes. « Car venir au théâtre, ça commence à tout âge, poursuit Célia Bernard. Par "jeune public", on peut aussi comprendre des spectateurs qui poussent la porte du lieu pour la première fois », précise la secrétaire générale du Gymnase de Roubaix, à l'origine de cet événement.

Grand écart Ici, on pique la curiosité des petits et des grands de multiples façons. Avec la jeune prodige du krump Adeline Kerry Cruz par exemple. À huit ans, la Montréalaise illumine Silent Legacy, joué en duo avec la danseuse contemporaine Audrey Merilus, à la faveur d'un portrait croisé signé de Maud Le Pladec interrogeant la notion de transmission. Un poil plus régressif, mais pas moins spectaculaire, Gadoue de Nathan Israël et Luna Rousseau ré active ce plaisir enfantin de patauger dans la boue. Un grand écart entre les styles, dont le festival se fait le garant. Grâce au Danceoke junior de Sylvain Huc, qui nous invite à danser sur des clips, ou à la Forever Party clôturant ce temps fort en musique, Forever Young promet de nous garder en forme au moins jusqu'à 100 ans. Marie Pons

Roubaix & Hauts-de-France, 15.11 > 10.12, Le Gymnase et divers lieux 1 spectacle : 5€, gymnase-cdcn.com

Sélection / 15.11 >17.11 : Marion Muzac - Le Petit B // 15.11 : Fanny de Chaillé - Une Autre histoire du théâtre // 21 & 22.11 : Alfredo Zinola - 200 Ways // 23.11 : Bérénice Legrand - Faire soi.e // 25 & 26.11 : Sylvain Huc - Danceoke junior // 29 & 30.11 : Maud Le Pladec - Silent Legacy // 02 & 03.12 : Pauline Bigot & Steven Hervouet - La Reverdie // 04 & 05.12 : Sofiane Chalal : Ma part d’ombre // 07 & 10.12 : Nathan Israël et Luna Rousseau - Gadoue // 09.12 : Gabrielle Iacono & Gregory Grosjean - Du Bout des doigts // 10.12 : DJ set avec Marcos Vivaldi Sur une proposition d’Arthur Perole - Forever Party

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© Christophe
Loiseau

BASIK INSEKTE

Coup de cafard

Nous vivons une époque kafkaïenne : c’est avec ce constat que s’est réveillée un matin de confinement Claire Dancoisne, qui dirige le Théâtre La Licorne depuis plus de 30 ans. De là est née l’irrésistible envie d’adapter sur scène, dans une pièce mêlant jeu d'acteur et théâtre d'objets, la plus connue des nouvelles de l’auteur austro-hongrois.

« À l’époque, certains insistaient sur les transformations nécessaires à notre société après le confinement, se rappelle Claire Dancoisne. Mais je me doutais qu’il ne se passerait rien... ». Ce thème du changement (subi ou volontaire) reste cependant prégnant, et la dimension surnaturelle de La Métamorphose de Kafka s'est imposé à cette compagnie comme une évidence. « J’ai travaillé l'aspect fantastique du récit tout en soulignant la perversité des réactions devant la métamorphose qu'éprouve Gregor Samsa, insiste la metteure en scène. Il y a une critique des com portements bourgeois dans cette nouvelle, où la fantaisie surgit dans un monde enfermé dans ses conventions ».

Sang pour sang

La situation est également kafkaïenne pour le public, placé dans un espace de type "tranche de gazon". De fait, il tient le rôle du voisinage des Samsa. « Tout l’enjeu pour cette famille, c’est de sauver les apparences. Elle ira même très loin pour ça ! » Sans trop en dévoiler, il sera ici question de Tarantino et de masques hyperréalistes dans une pièce mêlant humour, fantaisie, cruauté et malicieusement intitulée BasiK InseKte. « Les gens ont besoin qu’on leur raconte des histoires fantastiques en ce moment ». Un thriller monstrueux pour oublier, un peu, une actualité internationale sanglante ? Oui, nous vivons bien une période kafkaïenne. Mathieu Dauchy

Dunkerque, 15 > 17.11, Le Bateau Feu, mar : 20h • mer & jeu : 19h, 9€, lebateaufeu.com Calais, 26 & 25.11, Le Channel, ven : 20h • sam : 19h30, 7€, lechannel.fr

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HOMO SAPIENS À l'origine du rire

Directrice de l’Apprentie compagnie, Caroline Obin s'est révélée en mêlant philosophie et clowneries, en particulier sous les traits de Proserpine, personnage récurrent de ses spectacles. Dans sa nouvelle création, elle s'intéresse à l'état primitif du rire et se pose une question : à quoi pouvaient bien ressembler les premiers clowns de l'histoire de l'humanité ? Sur scène, sept interprètes sont grimés en hommes et femmes préhistoriques, et arborent un nez rouge de circonstance. Mêlant arts du cirque, comédie, musique et danse (notamment le krump) cette équi pée joyeuse et sauvage appréhende le monde de manière instinctive et libre, découvrant tout "pour la première fois" – de la première étincelle jusqu'à la naissance de l'humour. À la fois monstrueux et attachants, ils s'étonnent d'eux-mêmes, des autres et des mystères de la vie. Ainsi, la pièce s'appuie sur l'innocence et la sensibilité des personnages pour mieux interroger nos origines. Dominique Julien Armentières, 16.11, Le Vivat, 20h, 18 > 2€, levivat.net

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© Hadrien Hanse

FANNY RUWET Génération spontanée

Vous avez honte d’être invité à un anniversaire par erreur ? Fanny Ruwet, elle, préfère en rire. Cette jeune Belge devenue humoriste un peu par hasard est aujourd’hui l’une des figures montantes du stand-up. Et risque bien de vous surprendre… D’apparence sage, la Bruxelloise ne manque pas d’étonner par un humour acéré. Son premier spectacle, Bon anniversaire Jean, en est la preuve, condensé d’histoires dont personne ne voudrait être le héros… Rencontre.

Pouvez-vous nous rappeler votre parcours ? Avez-vous vraiment démarré en tant qu'attachée de presse ?

C’est vrai, j’ai exercé ce métier durant six mois… et j’ai détesté ! En parallèle, j’ai essayé une scène ouverte. C’était vraiment pour l’expérience, sortir de ma zone de confort. Ce n'était pas mauvais… mais pas terrible non plus. Il fallait donc m’améliorer, et au bout d’un an ça a payé mon loyer !

Avez-vous vraiment appris le one-woman-show toute seule dans votre salon ?

Oui, j’ai regardé beaucoup de spec tacles et lu pas mal de livres sur le sujet. Comment faire des blagues, pourquoi les choses sont drôles…

J’ai bidouillé ça dans mon coin, et en moins d’un an j’ai écrit mon spectacle. On peut dire que c’était un truc de geek.

Votre carrière a décollé avec le sketch sur le malaise, n’est-ce pas ?

Oui, c’était la toute première vidéo que je postais sur Internet, sans grande ambition. Mais le nombre de vues s’est emballé, c’était assez fou. Par la suite, des salles m’ont contactée, alors qu’elles ne m’avaient aperçue que trois minutes ! Montreux et France Inter m’ont également repérée grâce à cette vidéo. J'ai trouvé ça bizarre, mais très cool.

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Pourquoi retrouve-t-on souvent cette thématique du malaise dans vos sketchs ?

Il me fait rire parce qu’on cherche tous à l’éviter. Il suppose une perte de contrôle désagréable. Mais si on reprend la main en créant soimême ces moments de trouble, ça peut devenir marrant.

Avez-vous déjà vécu une situation embarrassante durant un spectacle ?

Oui, ça m’est arrivé. Je me souviens d’un festival à Rochefort, où les gens devaient avoir 70 ans. Ils ne comprenaient rien à mes vannes ! C’était franchement horrible. Mais à la fin c’est devenu drôle pour moi, tellement c’était absurde.

un certain Jean à son anniversaire. Mais une fois là-bas, on s’est tous les deux rendu compte qu’il s’était trompé de numéro. C’est le fil rouge. Mon spectacle revient sur ces moments où l’on cherche sa place, notamment dans un environnement hostile… Par exemple, je sortais avec des filles durant

les premières années de ma vie.

Puis, je suis tombée amoureuse d’un garçon. J’ai dû faire un “déco ming-out” et c’était super bizarre. Je n’étais plus dans la case dans laquelle on m’avait classée.

Vous adoptez dans vos sketchs un ton noir, sarcastique, en opposition avec votre voix plutôt douce, ce qui peut surprendre… Ce n’est pas un choix, mais simple ment qui je suis. Comme on pense que je mesure 1,20 mètres et que je suis une enfant, les mots ont été un moyen de m’en sortir et de rendre les choses plus supportables.

De quoi parle votre spectacle, Bon anniversaire Jean ? Il est articulé autour d’un évène ment. À 12 ans, j’ai été invitée par

Vous avez aussi participé à l’écriture de la série Drôle de Fanny Herrero. Pouvez-vous nous en parler ?

Oui, c’était assez fou. Fanny Herreo m’a contactée pendant le confine ment. J’adore son travail, surtout Dix pour cent. Nous étions quatre humoristes à écrire cette série consa crée au stand-up. C’était stimulant de plancher sur des personnages en pleine construction, leur évolution dans le métier, leurs faiblesses. Car l’humour suppose de nombreux bides avant de devenir bon !

Propos recueillis par Camille Baton

Bon anniversaire Jean Lille, 26.11, Le Splendid, 20h, 29€, le-splendid.com La Louvière, 18 & 19.01.2023, Le Palace, 20h (jeu : complet !), 20 > 8€, cestcentral.be Charleroi, 20.01.2023, Eden, 20, 25/20€ // Bruxelles, 21.01.2023, Th. du Vaudeville, 20h, 25/20€ À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com

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« Les mots ont été un moyen de m’en sortir »
Du 7 décembre 2022 au 22 janvier 2023 En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge Mise en scène : Alexis Goslain Décor : Francesco Deleo Costumes : Fabienne Miessen et Maria Spada Lumières : Laurent Comiant Chorégraphies : Kylian Campbell Réalisation musicale : Bernard Wrincq  www.trg.be 02 512 04 07 Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels DES GALERIES LA REVUE Bernard Lefrancq Angélique Leleux Pierre Pigeolet Marie-Sylvie Hubot Gauthier Bourgois Natasha Henry Denis Carpentier Frédéric Celini Max Stofkooper et Bénédicte Philippon

TANIA DUTEL VS

Drôles de dames

L'une s'est révélée avec son humour noir et son franc-parler, l'autre avec un débit mitraillette et une plume virevoltante. Certes, Tania Dutel et Élodie Poux n'abordent pas les mêmes sujets, mais elles cultivent un pareil goût pour l'impertinence. J.D.

Chacun sa route. Originaire du Beaujolais (où « on dit tiramisu au lieu de tsunami »), Tania Dutel est montée à Paris pour suivre un BTS audio visuel. Là, elle débute le stand-up, à 19 ans. ≠ Pour Élodie Poux, l'affaire est plus complexe. Avant de découvrir la scène au cours d'un atelier d’art du conte, la Vendéenne fut animatrice périscolaire durant 12 ans. L'expérience lui a inspiré son premier spectacle, Le Syndrôme du Playmobil. Peur de rien. Analyse d'urine, pertes blanches, fétichisme des pieds... Tania Dutel n'a aucun tabou. Humoriste de l'intime (donc universelle) elle raconte sa vie de façon, disons, cash… ≠ Élodie Poux n'a pas non plus la langue dans sa poche. Elle a même été condamnée (puis relaxée) pour s’être moquée d’un torero, blessé par un coup de corne dans les arènes de Bayonne. Selon elle, « il a fini en jambon ». Elles parlent de quoi ? Dans son dernier spectacle, Tania Dutel se défoule sur "les autres", qui lui pourrissent la vie. Vous croyez être libre du regard d’autrui ? « Et quand tu te retiens de péter, c'est pour toi ou pour les autres ? ». Une fille du cru, quoi. ≠ Élodie s'amuse de sa vie d'avant, se moquant gentiment des enfants et surtout de leurs parents à qui elle cherche… des poux. Vous voilà prévenus.

Tania Dutel

Lille, 19.11, Le Splendid, 20h, 32/22€ le-splendid.com // Auderghem, 04.02.2023 Centre culturel, 20h, 32/28€, ccauderghem.be

Élodie Poux

Hem, 17.11, Le Zéphyr, complet !, zephyrhem.fr Le Touquet, 18.11, Palais des congrès, 20h30 42 > 29€, letouquet.com

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© Patrick Fouque
// ©
Fred Boehli
ÉLODIE POUX

www.spectacle-GTGP.calais.fr www.billetterie.calais.fr

Retrouvez l’ensemble de la programmation :
Retrouvez le programme ici 6 Novembre MAMAN AVEC VANESSA PARADIS Grand Théâtre ‐ 18h00 ‐ Comédie 12 Novembre GROUNDATION + WYMAN LOW Gérard-Philipe - 20h30 - Reggae-Jazz 18 Novembre LA CHICA INVITE SANDRA NKAKÉ Gérard-Philipe - 20h30 - Piano voix 26 Novembre GiedRé Grand Théâtre - 20h30 - Chansons décapantes 3 Décembre LE PEUPLE DE L’HERBE + VELOURS 808 Gérard-Philipe - 20h30 - Electro-Dub-Rock inclassable COMPLET SAI CALAIS SON

Quadrille (Sacha Guitry / Thibaut Nève)

On connaissait le triangle amoureux, un peu moins la "quadrille". Dans cette pièce écrite par Sacha Guitry en 1937 (!), deux hommes et deux femmes se fuient et se cherchent, s'aiment et se détestent dans un jeu de séduction aux allures de corrida. Il y a là un acteur américain épris d'une comédienne française, elle-même maîtresse du rédacteur en chef de Paris-Soir… qui n'a d'yeux que pour une de ses journalistes. Un vaudeville finement écrit, et faussement léger.

Bruxelles, jusqu’au 13.11 Théâtre royal des galeries, 20h15 (matinée : 15h), 26 > 10€, trg.be

Freitag aus Licht

(Karlheinz Stockhausen / Maxime Pascal / Silvia Costa)

Pionner de la musique électronique et de la spatialisation du son, Stockhausen passa 30 ans de sa vie à composer Licht ("lumière"), soit un opéra en sept parties, chacune consacrée à un jour de la semaine. On parle ici de près de 30 heures de musique, et de la plus grande pièce lyrique jamais conçue. Voici donc jouée à Lille le Vendredi de lumière, une œuvre psychédélique et synes thésique où l'Allemand chercha à « donner à voir la musique, rendre visible ce qui est invisible », selon le directeur musical Maxime Pascal.

Lille, 05 > 08.11, Opéra, sam : 18h lun & mar : 20h, 36 > 5€, opera-lille.fr

Jeanne, emmitouflée dans un man teau de fourrure, attend son taxi. Un jeune homme la croise et la confond avec une prostituée. La quinquagénaire est touchée par sa naïveté. Ce garçon un peu paumé a l'âge du fils qu'elle a perdu il y a 25 ans. Elle décide alors de le prendre sous son aile, ins taurant un drôle de ménage avec son mari... Cette comédie sensible sur la féminité et la maternité est servie par un casting trois étoiles. Félix Moati et Éric Elmosnino donnent la réplique à Vanessa Paradis, dont c'est le pre mier rôle au théâtre.

Calais, 06.11, Grand Théâtre, complet ! Roubaix, 06 & 07.12 Le Colisée, 20h, 49 > 15€, coliseeroubaix.com

Baal (Bertolt Brecht / Armel Roussel)

Nihiliste, violente et sauvage. Tels sont les qualificatifs attribués à cette pièce écrite en 1919 par un Bertolt Brecht profondément marqué par la Grande Guerre. Dans cette œuvre de jeunesse (sans doute autobiographique) l’Alle mand raconte l’errance d’un poète brûlant sa vie par tous les bouts pour combler son vide existentiel. Armel Roussel transpose ce récit à notre époque et met en scène un jeune homme tout aussi mal dans sa peau et son temps, signant une fiévreuse pièce en 28 tableaux. Lille, 08 > 12.11, Théâtre du Nord, mar, mer & ven : 20h • jeu : 19h • sam : 18h, 18/9€, theatredunord.fr Bruxelles, 17.11 > 02.12, Théâtre Varia, 20h30 (sauf mer : 19h30 & sam : 18h), 30 > 10€, varia.be

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Elsa Tarlton© Marie-H
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En pleine mère (Mélanie Sandt)

Ah, la belle famille, c'est toute une histoire ! Dans ce tordant solo mis en scène par Mélanie Sandt, Cécile Berland incarne une femme au bord de la crise de nerf. Pourtant, tout s'annonçait pour le mieux : une semaine de ski pour fêter la nouvelle année avec ses deux enfants et son mari. Le séjour avait été parfaitement organisé. Hélas, la voilà obligée de composer avec une invité surprise : sa belle-mère. Et celle-ci est bien décidée à se mêler de tout, surtout de ce qui ne la regarde pas...

Villeneuve d’Ascq, 10.11, La Ferme d’en Haut, 20h30, 8/5€ lafermedenhaut.villeneuvedascq.fr

CARCASS (M. da Silva Ferreira)

Figure montante de la scène contemporaine, Marco da Silva Ferreira confronte dans ce ballet pour 12 interprètes danses folkloriques et urbaines, soit deux modes d'expres sion issues de cultures considérées comme "minoritaires" (les commu nautés LGBTQIA+ ou d’anciennes co lonies). Mêlant fanfare traditionnelle et musiques électroniques (entre house et kuduro), le Portugais des sine l'impalpable. À savoir : comment se construit une identité collective ? Qu'est-ce qui la définit ?

Lille, 11 & 12.11, Le Grand Sud, ven : 20h sam : 19h, 21 > 8€, larose.fr (Next Festival) Douai, 15.11, Hippodrome, 20h30, complet! Bruges, 08.12, Concertgebouw, 20h, 44 > 13€

Cette troisième création d’Alexis Michalik raconte la difficile genèse de Cyrano de Bergerac par Rostand. Nous sommes en 1897. Alors que Feydeau triomphe, le jeune homme piétine. Sa rencontre avec l’acteur Constant Coquelin va tout changer et sa pièce deviendra le plus grand suc cès du théâtre français. Edmond s’en montre digne, raflant cinq Molières en 2017. Sur scène, 12 comédiens in carnent une trentaine de rôles mêlant le vrai au faux, l’humour à l’émotion. Un classique bien contemporain... Douai, 14.11, Théâtre municipal, 20h30, 42 > 8€ douai.fr // Roubaix, 26.11, Le Colisée, 20h 43 > 15€, coliseeroubaix.com

Les Femmes de Barbe Bleue (Lisa Guez / Juste avant la compagnie)

Cette pièce n’est pas une adaptation du conte de Perrault. Le tueur de femmes sert ici un prétexte, une allégorie. Sur le plateau, six de ses victimes racontent comment elles ont été séduites par le monstre, de quelle façon il les a piégées. Elles disent aussi toute l'ambigüité du désir, entre terreur et attirance... Dans une mise en scène simple mais efficace, le spectacle se penche avec humour sur les rapports de domination à l'œuvre dans une société patriarcale, et dessine un autre chemin vers l'émancipation.

Liévin, 18.11, Centre Arc en Ciel, 20h, 10 > 3€, culturecommune.fr

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Cécile Berland © Sylviane Pilliez

Giselle... (François Gremaud)

On se souvient de son adaptation de Phèdre ! sous forme de conférence survoltée. François Gremaud récidive et s'attaque à un autre monument : Giselle Avec précision et le même humour. Seule sur scène, Samantha van Wissen (grande complice d'Anne Teresa De Keersmaeker) décortique ce classique de la danse. Accompagnée par un quatuor (flûte, harpe, saxophone et violon), entre deux commentaires malicieux, la Néerlandaise interprète tous les rôles du ballet et véhicule une joie communicative.

Dunkerque, 22.11, Le Bateau Feu, 20h, 9€, lebateaufeu.com Bruxelles, 29.11 > 03.12, Théâtre national, 20h30 (sauf mer : 19h30), 21 > 7€, theatrenational.be

Tomorrow is the best day of my life (Yara Bou Nassar)

Comment le corps absorbe-t-il les émotions ? De quelle façon repré senter ses traumatismes et sa vulnérabilité, mais aussi sa résis tance à l'aune de bouleversements intimes et collectifs ? Telles sont les questions soulevées par Yara Bou Nassar. Dans cette chorégraphie pour quatre interprètes, la perfor meuse, metteuse en scène et au trice libanaise projette en vidéo ses archives familiales pour mieux ana lyser ses pulsions les plus intimes –et finalement les nôtres.

Douai, 22 & 23.11, Hippodrome, mar : 20h30 • mer : 19h30, 10 > 5€, tandem-arrasdouai.eu (Parcours "Face à la mer")

Je suis une sirène (Aurore Magnier / Cie La Ponctuelle)

C'est l'histoire d'une sirène qui se pose beaucoup de questions. Quelle est sa place dans ce monde ? N'estelle vraiment qu'une femme-poisson ?

Comment doit-elle se comporter ? La voilà allongée sur le divan, chez sa psy. S'engage alors un dialogue sur réaliste creusant les notions d’iden tité de genre et dézinguant les stéréo types de tout écailles. En somme ?

« On peut dire que Walt Disney a quand même bien bousillé notre ima ginaire avec son dessin animé tout pourri », résume Aurore Magnier.

Arras, 24 & 25.11, Théâtre, jeu : 20h30 ven : 19h30, 10 > 5€, tandem-arrasdouai.eu

Sonoma (Marcos Morau / La Veronal)

Le mot Sonoma n’existe pas en espagnol. C’est un néo logisme formé du grec soma signifiant “corps” et du latin sonum, pour “son”, soit deux dimensions essentielles de cette pièce. Figure majeure de la scène contempo raine, Marcos Morau dynamite le plateau avec un spec tacle mené tambour battant. Le chorégraphe espagnol emmène neufs danseuses de sa troupe dans une ronde entremêlant religion, folklore et modernité. Acclamé à Avignon l’an passé, Sonoma s’impose comme un hymne surréaliste à l’émancipation.

Charleroi, 30.11, PBA, 20h, 16 > 11€, pba.be

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© Albert Pons
OPÉRA Sam 26.11.22 - 17h Dim 27.11.22 - 15h30 Jeu 01.12.22 - 20h Ven 02.12.22 - 19h Emmanuel Olivier direction musicale Phia Ménard mise en scène Paul Olivier Naveau Elisabeth Mélanie Boisvert Gérard François Piolino Dargelos, Agathe Ingrid Perruche Narrateur Jonathan Drillet Pianos numériques Nicolas Royez, Flore Merlin, Emmanuel Olivier LES ENFANTS TÉRRIBLES Glass | Cocteau ≈ 1h35 Théâtre Municipal R. Devos - Tourcoing Résa. : +33 (0)3 20 70 66 66 atelierlyriquedetourcoing.fr Le Bateau Feu - Scène nationale Dunkerque Résa. : +33(0)3 28 51 40 40 lebateaufeu.com Phia Ménard © Éric FeferbergAfp

Jardin de l'île

Pas besoin de courir à l’autre bout du monde pour s’évader. Cet archipel se trouve au nord de Bruxelles, à moins de trois kilomètres de l’Atomium. Exceptionnel, le site a été inauguré fin septembre au sein des 92 hectares du jardin botanique de Meise. Concrètement, une passerelle de 400 mètres de long offre une promenade sinueuse au-dessus de l’eau, au milieu de plantes aquatiques issues des quatre coins du globe. Dépaysement garanti.

130 l e mo t de l a fin
© Jardin botanique de Meise / DR
N° de licence spectacle PLATESV-R-2019-001135/001137/001138 Réservez vos billets sur casinolille.fr ou à l’accueil de votre casino. ANDRÉ MANOUKIAN Enzo Productions Présente ©Emmanuelle Nemoz N° de licence 2-D-2020-000940 3-R-2020-001206 Seul en scène " Les notes qui s’aiment " Une histoire de la musique telle que vous ne l’avez jamais entendue DIMANCHE 22 JANVIER / 18H00 CONCERT à partir de 28€ André Manoukian EN SCANNANT CE QR CODE — Retrouvez l’ensemble de notre programmation DIMANCHE 11 DÉCEMBRE / 18H00DIMANCHE 8 JANVIER / 18H00 MENTALISME CONCERTà partir de 33€ à partir de 49€ Fabien OlicardFrédéric François DIMANCHE 15 JANVIER / 18H00 HUMOUR à partir de 30€ Liane Foly
Pour un design post carbone EXPOSITION 25.09 22 > 08.01 23 Site du Grand-Hornu | www.cid-grand-hornu.be 82, Rue Sainte-Louise 7301 Hornu - Belgique

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