Lm magazine 132 septembre 2017

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C’est le film qui a divisé la Croisette, pour le meilleur mais surtout pour le pire. Avec Le Redoutable, Michel Hazanavicius dresse un portrait pataud de Jean-Luc Godard, peinant à convaincre par son manque d’empathie. Reste la prestation de Louis Garrel qui met tout le monde d’accord. Paris, 1967. Jean-Luc Godard tourne La Chinoise avec Anne Wiazemsky, sa nouvelle lubie de vingt ans sa cadette. L'œuvre du couple est très attendue. Mais le film est incompris… Godard remet alors tout en question : que vaut son cinéma à l’orée de la révolte politique de mai 68 ? Michel Hazanavicius peint ici le portrait d’un créateur en crise, largué devant l'Histoire en marche. De manière douteuse, il associe le père de la Nouvelle Vague à l'idée de vieille France. Son seul mode opératoire, maladroit s’il en est, consiste à accuser JLG de tous les maux d’une société empêtrée dans ses "valeurs". Il est ainsi représentatif, bien malgré lui, d’une époque résolument machiste. Pour autant, tout n’est pas à jeter dans ce biopic. Comme avec OSS 117 et The Artist, portés par un Jean Dujardin au sommet de son art, Le Redoutable peut compter sur sa tête d’affiche. En l’occurrence, un Louis Garrel zozotant et cabotin, embrassant postiche et pastiche. Confondant de ressemblance avec le cinéaste, le brun ténébreux ne verse jamais dans le vulgaire mimétisme. Grand bien lui fasse : il signe ici sa meilleure partition, et sauve in extremis le film De Michel Hazanavicius, avec Louis Garrel, Stacy Martin, Bérénice Bejo… Sortie le 13.09 du naufrage. Mélissa Chevreuil

© Les Compagnons du Cinéma / Philippe Aubry

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Le Redoutable


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