Le GUIDO N° 16 - Automne 2007

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N u m é r o

Le GUIDO M a g a z i n e d ' E s s a o u i ra


EDITO A

fin de cerner au plus près la singularité d’Essaouira et de sa région, nous avons choisi l’angle culturel au sens large depuis les débuts du magazine. Ce numéro relate l’environnement géographique et physique de la cité et de ses environs, ses aménagements urbains mais également les architectures anciennes de ses bâtiments défensifs ou encore des métiers qui résistent à la modernité. Un choix de dévoiler l’ancien pour mieux projeter Essaouira dans l’avenir. Sommaire : La ville et ses limites Escapade à Imsouane Les carrioles Le Khôl et le Henné Les Sqalas L’araucaria

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Directeur de publication: André EUGENE. Impression: Imprimerie CHATR Marrakech 10 000 exemplaires. Rédaction: Sylvie BRIGNON Photos: André EUGENE Sylvie BRIGNON Réalisation: André EUGENE Contacts: Tél: +212 (0)61 13 83 24 Fax: +212 (0)24 47 46 85 email:infos@leguido.com Web: www.leguido.com

Tous droits réservés. Toute forme de reproduction, des textes et photos, intégrale ou partielle, est interdite sans autorisation de l’éditeur.

Ville entre désert et mer, à l’extrême bout d’un monde, île ou presque, elle garde de l’insularité le privilège d’accueillir tous les passages. Celui du Festival des Andalousies, du 1er au 3 novembre 2007, qui a en effet choisi de nous faire revisiter l’immense patrimoine musical et artistique andalou écrit et tissé par des musiciens et poètes, Musulmans, Juifs ou Espagnols. Autour de ce festival, véritable manifeste culturel et artistique, Essaouira séduit les meilleurs talents tels que le pianiste Oranais, Maurice Medioni. Mais Essaouira voyage et s’exporte aussi: à l’honneur avec le Maroc à la Foire exposition de Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor au mois de septembre, les Bretons auront apprécié les musiciens gnawas, la bijouterie ou encore la cuisine marocaine. Comme partout au Maroc et dans le monde musulman le ramadan s’achève. L’équipe du Guido souhaite à tous une bonne fête de l’Aïd al-Fitr. 3

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agenda Mustapha Antred, Miloud Kibari & Noureddine Saadane - Mise en scène Hélène Billy. Samedi 24 novembre à 19H

ALLIANCE FRANCOMAROCAINE D’ESSAOUIRA Derb Lâalouj, 9, rue Mohamed Diouri - 44000 Essaouira Tél: 024 47 61 97 Fax: 024 47 25 93 mail: afme@menara.ma

DECEMBRE 2007 FESTIVAL « Le Festival de l’Etrange », 1ère édition est lancée, sur une idée originale d’A. Billy EXPOSITION - FESTIVAL DE L’ETRANGE: du 1er décembre 2007 au mardi 8 janvier 2008. Vernissage le samedi 1er décembre à 19h RESIDENCE DANSE CONTEMPORAINE - FESTIVAL DE L’ETRANGE: Compagnie TMoi. Résidence du 1er au 7 décembre.Spectacles les jeudi 6, vendredi 7 et samedi 8 décembre à 20h. RESIDENCE DE CREATION MUSICALE - FESTIVAL DE L’ETRANGE: Alex Grillo & Christian Sebille. Résidence du 9 au 14/12. Concert le vendredi 14 décembre à 20h. CONCOURS D’ARTS PLASTIQUES - FESTIVAL DE L’ETRANGE: Concours international d’arts plastiques ouvert du 1er janvier au 31 octobre 2007. Exposition du 1er décembre 2007 au 8 janvier 2008. Rencontre du jury le vendredi 14/12. Remise des prix le samedi 15/12 à 18h. CONGES DE FIN D’ANNEE DE L’ALLIANCE FRANCO-MAROCAINE D’ESSAOUIRA Du jeudi 20 décembre au jeudi 3 janvier 2008 inclus.

OCTOBRE 2007 UNE RENCONTRE – UN LIVRE « Le bonheur se cache quelque part » de Siham Abdellaoui Jeudi 18 octobre à 19h EXPOSITION - Giacobazzi: Jusqu’au 23/10. Vernissage le samedi 20/10 à 19h - Najia Mehadji & Houssein Miloudi (livres, gravures, estampes), avec la participation de Pascal Amel et Mustapha Nissaburri. Du 26/10 au 10/11. Vernissage le 26/10 à 19h NOVEMBRE 2007 EXPOSITION - Najia Mehadji & Houssein Miloudi (livres, gravures, estampes). Jusqu’au 10/11. - Mariu Botella Torres (photographies) & Renzo Lulli (sculptures). Du 13 au 27/11. Vernissage le mardi 13/11 à 19h CONFERENCE « Sport et tourisme, deux atouts pour le Maroc » par Abdelatif Benazzi Samedi 10 novembre à 19h - AFME THEATRE « La galerie » et « La consultation » avec

Ass. Essaouira-Mogador Dar Souiri, rue du Caire 44000 Essaouira Tél/Fax: 024 47 52 68 email: essmog@menara.ma

Parmi les intervenants présents, les représentants des associations locales et des amicales de quartiers ont mis l’accent sur les problèmes et les fragilités qui persistent encore, notamment en ce qui concerne l’absence d’infrastructures culturelles et sportives, et qui requièrent une attention particulière et une intervention d’urgence de la part des départements concernés.

Sous le présidence de Mr. André AZOULAY, président fondateur de l’association, le 25 août dernier, l’association Essaouira Mogador a tenue son Assemblée Générale Ordinaire à Dar Souiri.

Pour conclure, Mr. André AZOULAY a souligné l’effort particulier que les membres du bureau exécutif et le staff de Dar souiri, brillamment dirigé par Mr. Redouwane KHANNE, ont fourni. Et il a remercié les autorités à leur tête Mr. Le Gouverneur Abdeslem BIKRAT pour le soutien et le suivi de toutes les actions menées par l’association.

Mr. André AZOULAY a formulé sa grande satisfaction de la démarche solide et collective menée par l’association et a affirmé que cette dernière, qui compte à son actif des acquis incontestables, connue et reconnue par tout le monde, continue à assumer la responsabilité qu’elle s’est assignée dès le départ pour assurer le renouveau et la renaissance d’Essaouira dans le respect des valeurs, d’ouverture et de métissage.

Le nouveau bureau exécutif de l’association se compose comme suit : Mr. Redwane KHANNE, Président; Mr. Ali AITLAHCEN, Président Adjoint; Mr. Ahmed EL YAZIDI, Secrétaire; Mr. Kamal HIDANE, Secrétaire Adjoint; Mr. Jalal ENNADER, Trésorier; Mr. Sannaa HANDOUR, Trésorier Adjoint; Mr. Aziz SAADI, Assesseur; Mr. Essaid BOUAISSA, Assesseur; Mr. Essaid LKHDARI, Assesseur

Le rapport moral a présenté le bilan des actions menées durant l’exercice 2006-2007 au bénéfice de la promotion de la ville et de son développement durable, plus particulièrement dans les domaines culturel, social, sportif et de l’environnement.

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...sur

le nouvel

ART culinaire

Finger Food Deluxe

Toujours très tendance, l’Heure Bleue Palais permet à Essaouira de ne pas être en reste…

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nvie de goûter aux plaisirs du luxe mais envie aussi de légèreté, le nouveau concept mis en place par ce digne membre des Relais & Châteaux au sein de son superbe Lounge Bar vous permettra de combiner légèreté des mets et de l’addition tout en vous délectant de subtiles saveurs. Synonyme de partage et de plaisir, l’apéritif y devient dînatoire tout en étant diététique et créatif. Laissezvous tenter par la mode du finger food, de la miniature et du dipping en trempant des crudités dans des sauces légères, émulsions et autres cappuccino…

Alliance de couleurs, de saveurs et de textures pour rester dans le leitmotiv du ‘sans couteaux ni fourchette’ voici en avant première un avant-goût de la collection finger food de l’Heure Bleue: Fine araignée décortiquée, tzatziki et cacahuètes; Bonbons de Calamars et petite bouteille surprise; Sucettes de parmesan doré; Mini craquant au potiron, Crumble de foie gras, Banderilla de noix de St Jacques et gambas à la sauce mangue, Macaron Fleur de Rose en religieuse, ou encore Superposition de 3 cacaos, Mini tatin de fruits et pistaches… tout plein de bonnes choses à picorer, tout en savourant des yeux les lieux… de l’esthétisme sans ostentation, de la créativité sans prise de tête, juste beau et contemporain.

L’idée étant de servir une partie ou la totalité d’un apéritif dînatoire, véritable dînette de luxe, sans utiliser d’assiette, si ce n’est pour la décoration… à vous les mini-portions colorées, servies en cuillère, en verrine, en timbales, en éprouvette ou en shooter… on pique, croque, chipote, ça craque, croustille, fond, juste pour le plaisir de tous vos sens sans tenir compte du schéma traditionnel : entrée, plat dessert… c’est vous qui constituez votre assortiment, structuré ou déstructuré comme bon vous semble…

En mettant en place son Finger Food Deluxe, l’Heure Bleue entre dans un mouvement gastronomique évolutif où diététique et qualité du produit sont dans la philosophie culinaire du moment, privilégiant l’instant de la modernité plutôt que l’immédiat de la mode, elle rompt avec une vision trop souvent restrictive et conservatrice de la gastronomie et élève ce qu’on mange et comment on mange au XXIème siècle au rang d’Art, pas seulement culinaire.

La nouvelle manière très tendance de présenter les plats servis dans des verres transparents, ou tout autre contenant est donc définitivement parmi nous: froides ou chauds les shooters étonnent en donnant des airs de fêtes, variant les présentations et les saveurs de manière originale: un bonheur pour l’oeil et le palais. Jouant avec les différentes couches et couleurs des recettes tout en transparence…. Cette cuisine créative et moderne donne donc des envies d’autrement…

Les plantes aromatiques sont un des composants essentiels à l’élaboration des recettes qui vous sont proposées tant pour la saveur unique qu’elles apportent

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...sur

aux plats que pour la décoration finale : livrer le meilleur arôme et les plus belles gammes de couleur… une cuisine des plus esthétiques ou si la présentation est plus ludique elle est aussi plus soignée en raison de la transparence du verre, cuissons à feu vif à la plancha pour saisir une viande façon tepaniaki ou garder le croquant des légumes… sachant également que si les recettes empruntent au répertoire du monde entier elles sont travaillées de façon à transformer les textures pour rendre certaines bouchées plus légères, plus surprenantes que les plats traditionnels dans leur composition.

Une magnifique découverte en l’occurrence pour tous ceux qui aiment les bonnes surprises, le lieu est des plus original pour la ville d’Essaouira, un décor recherché et raffiné, voir étonnant, un service excellent avec de jeunes gens discrets et attentionnés,

(n’oubliez pas de leur demander les délicieux produits maisons qui sont maintenant en vente à la boutique pour vous régaler avec quelques souvenirs de cet Esprit Heure Bleue si particulier… Sucre à la barbe à papa et Sel à l’orange notamment…)

A faire au moins une fois à moins que, charmé, vous ne soyez piqué vous aussi par cette agréable façon de se faire plaisir et que le Lounge Bar de l’Heure Bleue et son ambiance ‘So Out of Africa’ ne devienne votre cantine de luxe, base d’un rituel si convivial…

Une cuisine originale, variée, et qui se renouvelle régulièrement dans laquelle le jeune chef nouvellement promu se plaît à mélanger des saveurs étonnantes. A déguster « du bout des doigts » ! De plus, le Barman et son équipe n’a pas

Lexique: Finger food: Littéralement, « nourritures pour les doigts ». Un anglicisme dont la maternité reviendrait, selon certains, à l’actrice américaine Joan Collins, soucieuse de préserver son rouge à lèvres à l’instant de la sustentation. Par-delà, elle nous rappelle que la fourchette fait très Renaissance, que le bon sens populaire aime à « manger sur le pouce », que les belles manières ordonnent de déguster moulesfrites ou ortolans du bout des phalanges et, surtout, que la culture gastronomique des uns commence là où s’arrête celle des autres. Le typique Couscous, le « beyayenetou » éthiopien, les tapas Ibères voire le burger yankee ne se mangent-ils pas avec les mains ? La langue évolue, se renouvelle, en un mot vit. Et avec elle les mots de la nourriture, pris dans le maelström de la mondialisation, des nouvelles manières de table, du goût de l’époque. Lorsque certains deviennent indigestes, d’autres en revanche se savourent avec délices, tant ils collent à l’air du temps…

raté le coche en choisissant des accords sympathiques à vous proposer en fonction de votre choix, le tout au verre comme en bouteille… voir même en smoothies pour les gourmandises… Témoins privilégiés de suaves douceurs et saveurs d’ici et d’ailleurs, et avec la complicité du talentueux jeune pianiste de la maison, Said, vous ne pourrez de la sorte qu’apprécier de passer d’agréables moments chic et festifs entre amis, amoureux, curieux ou simplement amateurs sensibles au bon et au beau…

Si vous souhaitez réserver: Tél: 024 78 34 34 Heure Bleue Palais, Essaouira Accès: Bab Marrakech – 02 rue Ibn Batouta – Essaouira Le GUIDO

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reportage

reportage Au-delà des contraintes naturelles, une autre contrainte d’ordre juridique doit être mentionnée en liaison avec le statut foncier des terrains périphériques de la ville. Toutes les zones d’extension possibles de l’urbanisation sont situées sur le domaine forestier sur lequel l’Administration des Eaux et Forêts exerce un contrôle étroit.

problématique principale de la ville d’Essaouira réside dans la configuration de son site qui présente des obstacles à son expansion.

dont l’équilibre doit être préservé : la dynamique dunaire, très fragile, dont l’équilibre a été atteint grâce à des plantations et un long effort d’aménagement.

La ville est enserrée dans une enclave triangulaire limitée par la mer à l’Ouest, les dunes à l’Est et l’Oued Ksob au Sud, et ne dispose pas ainsi de terrains urbanisables à l’intérieur du périmètre d’aménagement.

La nature sableuse des sols et du relief

(dépressions lagunaires et topographie dunaire ondulée) et l’existence des vents

qui déplacent les sables constituent des facteurs défavorables à l’urbanisation car ils supposent que les terrains soient à la fois asséchés, stabilisés, remblayés et aplanis, ce qui entraîne des coûts d’urbanisation très élevés.

De plus, son site est constitué d’un milieu naturel fragile qui présente des caractéristiques particulières

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Cette réalisation d’une ceinture verte se fait dans le but de contribuer à la fixation des dunes et de proposer un espace urbain aménagé et ouvert à la population. En parallèle, et l’un n’allant pas sans l’autre, la réorganisation du quartier industriel au nord de la ville est en projet : son état dégradé et sous équipé appelle à des transformations profondes de ce secteur.

Dans son environnement immédiat, les espaces forestiers participent à l’esthétique générale de la ville, et constituent des zones de haute valeur écologique. Cependant ces espaces sont soumis à une forte pression due à l’extension de la zone urbanisée d’Essaouira. En effet, de par sa morphologie en cuvette fermée sur l’océan, Essaouira n’a d’autre alternative que de conquérir de nouveaux espaces aux dépens de la forêt avoisinante. De plus, l’érosion des dunes de sable tend à aggraver la déforestation du littoral.

Une cellule de développement urbain et de protection de l’environnement de l’UNESCO s’est mise en place, s’est concertée, et envisage dans le même sens que la municipalité et l’Agenda 21, l’aménagement du parc urbain de la ville et l’aménagement de la médina d’Essaouira.

Un accord de coopération a été signé en 2003 entre Etterbeek et Essaouira, par le biais de l’Agenda 21 local, déjà bien implanté. Ces accords concernent, outre la restauration de la médina, la préservation de la ceinture verte de la cité d’une superficie de 10.000 ha et l’aménagement du Parc Urbain, projets en cours de réalisation.

« L’objectif du projet est de maîtriser une urbanisation anarchique qui déstabilise l’écosystème naturel et de valoriser les potentialités de la ville en aménageant la ceinture verte en un véritable parc urbain qui permet de concilier l’expansion urbaine et

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reportage l’espace environnemental » ainsi que l’Aménagement d’une zone tampon dunes/villes et d’un parc de loisirs dans les dunes.

La zone urbanisée est bâtie sur un sous-sol argileux, de sables mouvants et de terrains lagunaires remblayés par du sable.

Ce document d’urbanisme prône une politique d’aménagement avec des approches de préservation, de durabilité et de développement socioéconomique, afin de contribuer à la promotion environnementale et touristique de la ville.

En matière d’urbanisme il semble indispensable de faire mieux appliquer la réglementation des plans d’aménagement lors de l’attribution des permis de construire et vérifier sur le terrain le respect de la réglementation

Le manque important du nombre de logements dans le milieu urbain a incité les différents protagonistes des plans de réaménagement à envisager la réalisation d’une cité nouvelle à Lghazoua (8 Km Sud d’Essaouira) qui répond aux besoins de la croissance et à ceux résultants de la dé-densification de la médina. Elle accueillera à terme 22 000 habitants. Parallèlement à ce gros chantier, les travaux de voierie et les constructions immobilières se sont multipliées au Nord de la ville, de la mer (plage de Safi) à l’extrémité Est (sortie route de Marrakech). Le littoral de la province d’Essaouira, et spécialement celui de la ville, est caractérisé par la coexistence de 2 types de structures : le cordon des dunes et la forêt d’un côté et les côtes rocheuses de l’autre, les deux étant reliés par un rivage jalonné de plages de sable.

L’arrière pays est riche en végétation naturelle marquée par des massifs forestiers jouant le rôle d’espaces verts péri urbains. Il paraît nécessaire d’engager et d’intensifier les actions de sauvegarde au moyen d’un programme de fixation des dunes : ces dunes doivent être à nouveau fixées par un couvert forestier constitué de genévriers, de thuya et de r’tem, et par un programme de plantations. Ces différentes actions auraient pour effets une réduction de l’ensablement des quartiers périphériques et la création d’emplois. Sources : Unesco, Agenda 21, Municipalité…

Cet ensemble constitue un système relativement fragile en raison de l’existence de dunes sableuses instables car non consolidées. Le GUIDO

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balade

balade ne pousse pas au-delà de 1400 m d’altitude. La route sillonne l’intérieur de la région et passe monts et vallées, de village en village ; Tidzi, Smimou et Tamanar, grosse bourgade, capitale de l’arganier. Les vendeurs d’huile d’argan et de miel locaux se multiplient au bord des routes à l’approche de la petite ville. Les coopératives de femmes sont nombreuses dans la région et tout le long du trajet, il est possible de

Escapade à Imsouane (ou Imessouane)

Route d’Agadir, vers le Sud, à une petite centaine de kilomètres d’Essaouira. La route côtière d’Essaouira à Agadir est l’une des plus belles des côtes marocaines. Cette route permet de découvrir les arganiers, espèce endémique du pays, aux troncs tortueux, très photogéniques. C’est l’arbre le plus original du pays : il se rencontre dans le sud-ouest marocain et, craignant le froid et la neige

les visiter, d’observer les étapes des techniques de fabrication des divers produits dérivés de l’arganier. Les femmes qui les dirigent, bien organisées, les proposent directement à la vente. Généralement à l’entrée ou la sortie des villages, ces coopératives sont clairement indiquées.

En arrivant à Imsouane, la route longe la falaise et donne une vue imprenable sur la baie. La plage commence à l’entrée du village. Celui-ci a perdu de son authenticité architecturale car il a été réaménagé par les Japonais à la fin des années 90, qui y ont construit des bâtiments d’habitation et administratifs, mais l’ambiance y est agréable, les habitants sympathiques et le poisson délicieux. Le Japon a effectué un projet de développement du village de pêche d’Imessouane, réalisé dans le cadre d’une coopération financière non remboursable comme symbole d’amitié entre le Japon et le Royaume du Maroc. Un panneau, aux lettres usées par le temps, en atteste près du port, daté de 1998. La pêche traditionnelle en barque y

est l’activité majeure, la seule avec le tourisme; on vient également de loin tester ses capacités et tenter la « grosse prise » à la pêche à la ligne. Les barques bleues échouées sur la plage ou alignées sur la cale, ou encore serrées au pied des modestes maisons, attendent qu’à l’aube les pêcheurs viennent les mettre à l’eau, guettant la vague qui leur permettra d’embarquer à destination de leur lieu de pêche. Certains jours, les barques patientent dans la baie, survolées par des nuées de goélands, surveillant la houle propice à la pêche ou pour rentrer au port. Le site d’Imsouane contient d’importantes richesses halieutiques. On compte au total une soixantaine d’espèces de poissons et de crustacés :

On atteint Imsouane et sa pointe en quittant la route principale, par l’ancienne (12 Km) ou la nouvelle route (6 Km) sur la droite. Imsouane est situé au pied de l’Atlas, entre mer et montagne. Les paysages majestueux, les côtes sauvages de bout du monde, et leur charme étrange raviront les baladeurs. De Tafelney (accès entre Smimou et Tamanar, Cf Guido 15 juin 2007), il est possible

de gagner Imsouane par un superbe parcours sur les corniches mais un véhicule 4X4 est indispensable. Le GUIDO

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balade langouste, homard, poulpe, sar, congre, sole, calamars… Sur les murets près de la jetée du port, les pêcheurs recousent leurs filets et attendent la prochaine marée.

Les infrastructures d’hébergement se multiplient chaque année, tout en restant de petite dimension. Il est néanmoins possible de s’y loger, en auberge ou en appartement, de s’y restaurer ou d’apprendre à surfer avec les écoles locales.

La petite cité balnéaire demeure, pour l’instant, un endroit encore peu fréquenté, mais ce port de pêche est aussi un très bon spot de surf avec ses longues vagues droites facile à surfer toute l’année, l’endroit idéal pour la « glisse », et se développera dans un futur proche : déjà les surfeurs étrangers, américains, français, néozélandais s’approprient les lieux. Les souiris aiment à y passer le weekend loin du vent de leur ville. Le climat y est beaucoup plus clément, la baignade plus aisée car l’eau y est plus chaude. Ici nature et culture se conjuguent. Des associations s’organisent pour la préservation de leur environnement et de l’eau potable ainsi que pour verdir et protéger la zone en plantant des arbres, arganiers et oliviers : elles

interviennent également dans les domaines de l’éducation et du social. Deux plages se partagent la vedette. Une grande plage dans le creux de la baie, au sud du village, où les vagues déroulent moins longuement : les campeurs amateurs de pêche y plantent leur tente au ras de l’eau dans le creux des rochers, et passent des heures à se baigner et à lancer la ligne. La falaise se jette à pic dans l’océan, colossal animal de terre et de craie jaune. Les longues marches sur la plage à marée basse sont l’occasion de découvertes surprenantes et artistiques : un coquillage vieux comme le monde, couleur de sable, d’eau et de lumière enfoui dans la grève, une tête de poisson émergeant du sable et narguant le promeneur de son sourire figé…. La seconde plage se trouve à droite du village, face à l’océan. Son accès plus pratique fait d’elle la plus fréquentée par la population et les surfeurs. On dit que sa vague « mythique » est une invitation à un voyage extraordinaire! Le camping municipal, l’un des plus modernes de la région, est posé sur l’arrière dans les dunes. Imessouane, c’est le soleil 300 jours par an, un climat idéal, jamais audessous de 15 degrés avec une baie majestueuse. Un endroit magnifique, lieu idéal pour la détente, le repos, la pêche et les bains de mer en toutes saisons. Le sable y est fin et doux. Même durant l’hiver, il est possible de se baigner dans une mer préservée des courants froids des Canaries. Les vagues se déroulent sans relâche. Un lieu irréel et hors du temps à ne pas manquer. L’aller–retour depuis Essaouira se fait aisément dans la journée.

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artisanat

artisanat Il n’est pas rare d’y voir des animaux transportés comme de vulgaires marchandises tels que les moutons en période de ramadan.

Les

rues des villes marocaines fourmillent de dizaines de petits métiers : vendeurs de cigarettes, de bonbons, pois chiches, crabes, cireurs de chaussures, de lunettes, musiciens et danseurs de la rue, vendeurs de pain….

les Carrioles

Nos oreilles et nos yeux ont la mémoire des cris des rémouleurs itinérants, des récupérateurs de chiffons et journaux, des livreurs, des marchands ambulants, personnages souvent hauts en couleurs qui faisaient notre quotidien et ont quasiment disparu du paysage urbain et campagnard en Europe. Au Maroc, les petits métiers subsistent faisant le spectacle et la vie de la rue, le progrès avançant parallèlement à leurs côtés. Etre conducteur de carrioles, à Essaouira comme à Marrakech, pour le besoin de se déplacer ou pour le plaisir de visiter à un rythme plaisant et calme les rues de la ville, est souvent considéré comme un « petit métier », le « petit métier » alliant travail difficile et conditions de vie pauvre et pénible, comme celui des pêcheurs dans la ville d’Essaouira. Mais voilà bien un métier à part entière dont il s’agit. Ou encore, appelons le un « grand petit métier » ! Le GUIDO

Chauffeur de taxi à quatre pattes avec pour unique carburant les sacs suspendus au cou des chevaux et la ténacité des conducteurs.

A quatre, cinq, six personnes, tout le monde s’entasse joyeusement. Les enfants retrouvent toujours leur sourire en se hissant aux côtés de leurs aînés. Les chevaux, plutôt bien entretenus, restent insensibles au vacarme qui les entoure, leur mangeoire à l’encolure pour reprendre des forces les fait patienter lors des périodes d’attente. Les carrioles circulent en zones réservées : la quasi-totalité des rues leur est permise à l’exception du front de mer. La course revient à environ 2 dirhams : c’est un moyen de locomotion très utilisé par la population locale, moins cher que les taxis et acceptant plus de voyageurs.

Tout comme ces derniers, chaque carriole possède un numéro ainsi qu’une patente. Leurs propriétaires paient une redevance tous les mois pour avoir le droit d’exercer leur métier et les conducteurs signent le registre auprès de l’agent, chaque matin. Certains quartiers toujours encombrés, du côté de la gare routière ou sur l’autoroute, s’activent au rythme des cris et des klaxons. Les carrioles de tous modèles souvent descendues des villages voisins, transportent hommes, femmes et enfants, fruits ou légumes, meubles de bois, électro ménager, matelas… et côtoient celles qui font taxi avec une facilité et une agilité déconcertantes pour le conducteur de voiture mal averti.

A Essaouira les carrioles bleu-mogador patientent le long des cimetières chrétien et juif au Nord de la ville, alignées comme des écoliers qui attendraient un signal. Toutes ces carrioles ordonnées les unes derrière les autres ont fière allure. Leurs capotes noir et orange abritent les passagers, leurs festons sur les bords donnent un air de fête à la ville, banderoles et rubans ondulent en cadence avec le pas des chevaux et le vent. A certaines heures de la journée les clients se pressent et la ronde des chevaux ne s’interrompt jamais. Elles se fraient un passage sur « l’autoroute », artère traversant la ville nouvelle d’Est en Ouest, au milieu des voitures, camions, mobylettes, charrettes…et traversent la ville, peu étendue, pour quelques dirhams. 16

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artisanat

instants

Le Maroc demeure le pays de ces carrioles, vision insolite dans ces villes et ces campagnes qui se développent à la vitesse du vent qui souffle sur la cité des alizés. Ici le Maroc traditionnel et quotidien se dévoile, loin des clichés touristiques mais frôlant la modernité qui avance à grands pas.

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M

es pas me portent cette fois vers la Place aux grains. Une fin de journée, le soleil est encore doux, le bleu du ciel inaltérable.

fait le spectacle. Il s’élance, maladroit, saute, s’affale, glisse sur le rond des pavés et se rattrape d’un coup d’aile avant de retenter sa chance.

Des flâneurs encore nombreux assis aux terrasses des petites échoppes, à l’abri des foules et des vents. Un vieil homme ponce un bout de bois. Il rêve. Les fantômes de l’histoire se sont retirés, esclaves, caravaniers, vendeurs de bois ou de grains. Les marchandises exotiques venues de Tombouctou, épices, sel, or ou plume d’autruche ont été troquées contre l’huile d’argan, poteries, bijoux, boissons…Le temps est à l’avenir.

Aux quatre coins, embusqués sous les sièges ou derrière les arcades, les matous miteux guettent. La frayeur paralyse ses piaillements. Les yeux se braquent sur le volatile éperdu. Il en perd jusqu’à l’utilisation coordonnée de ses pattes.

Des bruits d’agitation sur le milieu de la place attirent mon attention. Un jeune goéland tout juste sorti du nid

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souiris

Il reprend son élan, bat désespérément des ailes et s’abandonne un instant dans la cour, misérable. Les voix l’encouragent. Les prémices de décollage sont saluées par des encouragements et des applaudissements. Soudain il vole : au ras du sol d’abord, coursé par les félins, et s’élève enfin. Du haut de son mur, essoufflé et fier, il les défie, narquois. Une histoire de goéland qui apprit à voler, attendrissante et drôle

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histoire

...de mots et prophylactiques, talisman essentiel contre le mauvais œil. Des traditions ancestrales à l’art contemporain le henné voyage, « plante du paradis » aux usages multiples, inspirant artisans et artistes.

Le Koheul.

La beauté arabe repose sur l’emploi des fards, le siwak (écorce de noyer que l’on appelle aussi iraq ou souak) et le koheul, une poudre d’antimoine utilisée pour rehausser l’éclat des yeux. Ces fards auraient des vertus médicinales et les médecins en recommandent l’utilisation. Ce sont les nomades qui en ont popularisé l’usage, car ce produit empêcherait les réverbérations du soleil. On pense que c’est une yéménite, qui la première, fit usage du koheul pour dissimuler une inflammation qu’elle avait contractée aux yeux. La suite de son traitement fut inattendue : sa vue devint si perçante qu’elle distinguait un homme d’une femme à plusieurs kilomètres de distance. Pour obtenir la préparation complète, on combine à proportions égales du koheul, du sulfate de cuivre (toutïa), de l’alun calciné (cheubb), du carbonate de cuivre (zendjar) et quelques clous de girofle (kronfel), le tout réduit dans un mortier à l’état de fine poussière, puis conservé au froid pendant quelques heures. Le GUIDO

Pour le colorer, on y joint du noir de fumée recueilli dans un vase en terre, un moment exposé à la flamme d’une lampe ou d’une bougie. On passe au tamis fin cette première préparation qui forme un mélange homogène que l’on conserve dans une petite fiole en plomb, en argent ou en or. Pour mettre le koheul, la maquilleuse plonge dans la fiole une petite baguette de bois effilée et polie appelée meroued, parfois une épine de porc épic et de nos jours un stylet en métal. Elle applique la pâte avec précaution dans sa longueur sur les paupières inférieures et supérieures. Dans certains pays on ajoute d’autres produits, comme le corail mâle, le musc, le safran et le benjoin. Le koheul, le siwak mais aussi le henné, les grandes ablutions et l’hygiène vestimentaire figurent parmi les obligations canoniques de l’Islam.

Le Henné.

Cette plante tient une place particulière dans le monde musulman : plante venant du paradis dans les croyances musulmanes, aussi vieille que le monde. Son origine antique pourrait être située dans un pays situé entre l’Indus et la Mésopotamie, étant entendu que cette partie du monde (avec l’Egypte) a inventé la plupart des soins de beauté. Aujourd’hui, il n’est aucune fête d’envergure sans que les femmes se parent de henné. Selon les croyances la plante a des vertus esthétiques, thérapeutiques 20

Le Maroc est réputé pour la beauté de ses réalisations au henné et pour ses techniques de réalisation à la seringue. Dans les villes, les femmes tatouent mains et pieds, réalisant des motifs traditionnels, très stylisés, géométriques ou floraux. Ces dessins ornent une ribambelle d’objets : instruments de musique, lampes, pots…mais également pièces de tissus, voiles anciens de fiancée ou de mariée, décorés de motifs tribaux. Ces tissages berbères marocains ornés de dessins au henné ont disparu de l’usage mais ont inspiré de jeunes stylistes aux créations résolument contemporaines. De même, des artistes peintres du pays sont quelques uns à réaliser leurs œuvres sur peau de mouton et peintes au henné : motifs géométriques, floraux, animaliers, personnages stylisés, mains de Fatima… Parfois au henné se mêlent des pigments naturels, safran ou cobalt. Ses utilisations semblent inépuisables. Koheul : emprunté à l’arabe kuhl « antimoine », « collyre fait de poudre d’antimoine et appliqué comme fard ». Le mot français, aussi acclimaté en kohel (Nerval , s’applique au fard oriental utilisé pour les yeux). « Alcool » de al-kuhūl de même racine que le khôl, kuhul fard à paupières à base d’antimoine, le verbe kahala avoir les yeux cernés, avoir mal dormi. Plus de 80% de la production mondiale de henné est consommé en Inde. Son usage y est essentiellement corporel. 21

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LES SQALAS

« Sqala » ou « skala », la première orthographe étant la transcription la plus communément utilisée. La ville fortifiée n’est qu’un rocher battu par les flots, cerné par l’océan et le sable jusqu’à la décision du sultan Alaouite Sidi Mohammed Ben Abdallah, qui, dès son accession au trône, décide de fonder une ville et de faire de ce port une base navale, qui reçut le nom d’Al-Suwaira. Construite dans une perspective militaire de protection, remparts et forts sur la mer sont érigés pour résister aux tentatives d’invasions, la ville d’Essaouira, possède quatre sqalas (batteries), deux maritimes et deux terrestres. Sqalas maritimes : la sqala du port et la sqala de la kasbah Sqalas terrestres : la sqala de Bab Marrakech et celle de Bab Doukkala.

Cette sqala aurait été construite sur les restes du château portugais « Castello Real ». On avançait même que la tour carrée, à droite de l’entrée du port, serait le château lui-même qui aurait été restauré après sa destruction en 1510 par les tribus voisines. La seconde tour à gauche est construite sur le même modèle portugais. La Porte de la Marine, édifiée en l’an 1184 de l’hégire (1806) pour relier la ville au port, est ornée de deux colonnes et d’un fronton triangulaire très classique. L’ensemble est impressionnant. Un escalier permet d’accéder au sommet de la muraille de la sqala du port, qui autrefois le défendait avec sa batterie coiffée d’une tour à signaux. C’est dans cet étonnant décor qu’Orson

Welles a tourné certaines scènes de son « Othello », qui devait remporter la Palme d’or au Festival de cannes en 1952. De la sqala du port la vue sur la ville et les îles Purpuraires est imprenable. La sqala de la kasbah ou sqala de la ville Ce puissant rempart crénelé formé de blocs de roche sciés est posé sur une plateforme rectangulaire longue d’environ 250 m. Il protégeait la ville de l’océan et la défendait au Nord-ouest du côté de la mer. Du haut, on distingue encore les traces de scie et le trou, vestige de la manœuvre qui servit à déplacer ces roches. Sur le chemin de ronde, auquel une rampe donne accès, des pièces de canon, coulées en Espagne aux 17e et 18e siècles, reposent toujours sur leurs affûts, braquées vers le large.

Cette grande batterie construite sur un long rocher est portée sur une trentaine de dépôts et sur deux maisons de forme ronde : une autre plateforme circulaire, le bastion, une citerne et une trentaine de magasins complètent cet ensemble. Actuellement, les casemates du rez-dechaussée abritent les ateliers d’un petit nombre d’artisans-marqueteurs, qui ont fait la renommée de la ville.

La sqala du port Elle est composée de deux batteries dotées de superbes canons en bronze. Ces deux ailes fortifiées se coupent à angle droit, l’une derrière le fronton de la Porte de la Marine, l’autre au-dessus des magasins du port et fait face à l’archipel. Le GUIDO

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histoire De là, on admire sans relâche les splendides perspectives sur les fortifications, l’océan et les îles Purpuraires, une promenade vivifiante dans les embruns et le vent. A chaque heure du jour son spectacle. La sqala de Bab Marrakech (cf. Guido 13 – hiver 2006)

Située à gauche de Bab Marrakech en entrant dans la ville, cette sqala a été conçue pour protéger la ville des attaques terrestres venant de l’Est. Elle abrita l’armée chérifienne, puis, quand la ville fut occupée par les français, elle fut exploitée comme caserne.

Cette sqala de forme circulaire possède 14 dépôts pour le stockage des munitions. Le mur de rempart construit sur le haut de la tour ainsi que les deux maisons datent de l’époque du protectorat. Actuellement, le bastion de Bab Marrakech est transformé en centre artisanal d’apprentissage et ses salles voutées en lieu d’exposition. La sqala de Bab Doukkala Située au nord de la médina, a été conçue comme la précédente pour protéger la ville des attaques terrestres. Elle avait été dotée de quatre canons, aujourd’hui quasiment disparus, rongés Le GUIDO

par le temps. Les bâtiments sont en travaux de restauration ainsi que les murailles voisines. Une autre petite sqala défendait la ville. Son origine daterait du début du 19e siècle (13e de l’Hégire). Déposée sur la roche de la petite île que l’on peut voir du port, très proche du rivage, elle était autrefois accessible à pied à marée basse. Actuellement son accès se fait au moyen des petites barques bleues. Elle a perdu ses canons, encloués et jetés à la mer par les soldats français lors du bombardement du mois d’août 1844 et est devenue un véritable paradis pour les goélands. Borj El Baroud Un autre bâtiment défensif fut édifié à l’extérieur de la ville. Il se situait entre les remparts Est de la ville (Bab Marrakech) et le marabout de Sidi Mogdoul (derrière le phare à la sortie Sud d’Essaouira). Ce fort appelé « Borj El Baroud » (« Fort de la poudre ») était affecté au stockage des explosifs. Il se présentait avec la forme d’une grosse maison carrée surmontée de créneaux. Ce fort fut détruit au début du 20e siècle, sous le protectorat, et aucun vestige n’en subsiste. L’idée répandue que les vestiges déposés sur le sable à l’embouchure de l’oued Ksob aux pieds de Diabat sont ceux de ce borj est une idée fausse. Il s’agit de « Borj el Ouad » ou « Fort de Sidi Mohamed ben Abdallah ». Comme le précédent il fut construit au 19e pour protéger la ville des incursions des pirates. Détruit par une très forte crue de l’oued Ksob, seul demeure un amoncellement de pierres gigantesque, vaisseau de pierre aux allures souvent fantasmagoriques posé sur la grève au bout de la baie. 24

Les collections de canons braqués vers l’océan demeurent, impressionnantes et pacifiques, leurs seules activités étant d’abriter les solitaires contemplatifs, d’être le refuge des amoureux face au soleil couchant ou encore perchoirs à goélands. Témoins d’une longue histoire et de longs voyages, ces canons, au bronze luisant et poli, dont le cuivre provient du Mexique et du Pérou, furent fondus pour la plupart, à Séville et Barcelone dans la seconde moitié du 18e siècle. Ils sont ornés de blasons espagnols, portugais et flamands, présents offerts au sultan Sidi Mohamed Ben Abdellah par le gouvernement hollandais. Ces pièces d’artillerie souvent richement décorés de feuilles d’acanthe sculptées et de poissons, animaux protecteurs et sauveurs, tous deux symboles de chance, de prospérité ou d’abondance, arborent leurs blasons fièrement, portent les noms de leurs origines incrustés par moulage sur la partie avant supérieure du tube, et sont une invitation au rêve et aux pays lointains vers lesquels ils restent obstinément tournés : Antipara, Alicante, Yradato… Garante du passé, une carte postale jaunie d’un vieux canon rongé et monté sur son chariot de bois, porte l’inscription, « Canon tonnant douze heures »…

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L’Araucaria L’Arbre emblématique d’Essaouira

histoire, celle du saule pleureur qui se lamente de ne pouvoir traverser la rivière ou celle de l’Araucaria qui raconte des légendes oubliées. L’Araucaria Excelsa ou Pin de Norfolk, arbre symbole de l’île sur laquelle il fut découvert (il en est d’ailleurs l’emblème), règne sur la cité d’Essaouira.

« L’arbre était un grand navire ancré dans l’humus, et il luttait, toutes voiles dehors pour prendre enfin son essor. Un souffle tiède fit frémir les frondaisons. La feuille poumon de l’arbre, l’arbre poumon, et donc le vent de sa respiration, pensa Robinson… » Michel Tournier, Vendredi ou Les Limbes du Pacifique.

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artout dans la ville leurs silhouettes se détachent, sculptures vivantes, vibrent ou souffrent sous les assauts du vent. Ce sont les araucarias, ou pins colonnaires. L’histoire commence toujours avec quelques feuilles qui bougent comme des lèvres qui murmurent. Entendre le bruissement des feuilles, une musique, quelques paroles, de temps en temps des cris, ou seulement des confidences... une Le GUIDO

Ce « pin colonnaire », au port pyramidal, peut atteindre dans la nature une hauteur de 70 mètres. Ses feuilles sont de deux types : celles des rameaux les plus jeunes sont vert clair, flexibles et pointues ; les feuilles adultes sont plus courtes, imbriquées, recourbée vers le rameau et avec la pointe incurvée. Ses fleurs sont unisexuées. Avec l’âge, il perd ses branches basses, comme chez la plupart des conifères.

En 1997, la ville d’Essaouira, ville de thuya et d’arganier par excellence, a mené un ambitieux programme de plantation d’araucaria, sous le slogan « un arbre pour ma ville ». L’araucaria, l’espèce choisie, en plus de son aspect esthétique, s’adapte bien au climat spécifique d’Essaouira et y prospère avantageusement. L’opération a été lancée par le GERPE

et les hommes. Souvent les arbres étaient utilisés pour souligner et accentuer les lignes et les axes principaux d’une ville. L’araucaria symbolise, comme arbre sacré, une part de la culture et de l’histoire d’Essaouira et de sa population.

(Groupement d’Etudes et de Recherches pour la Promotion d’Essaouira) qui avait défini

comme objectif premier la plantation de 400 araucarias. Le GERPE a assuré les études de faisabilité, choisi les lieux de plantation des arbres et a appelé à la souscription les citoyens pour la réalisation de ce projet. On ne plante jamais un arbre par hasard. Les plantations s’effectuent en adéquation avec le climat, l’architecture

On rapporte que les araucarias peuvent vivre 1000 ans. Véritables fossiles vivants, ces arbres ont côtoyé les dinosaures, résineux témoins silencieux de la grande Histoire de la Terre. Il se distingue de l’Araucaria du Chili (Araucaria Araucana), que l’on peut voir dans les jardins, et qui porte des feuilles extrêmement pointues et piquantes, arbre appelé « le désespoir des singes », ces animaux ne pouvant atteindre les fruits au cause du tronc et des branches aux fortes écailles, recourbées vers le haut. Ces deux types de conifères peuvent tolérer le gel mais résistent difficilement aux hivers rigoureux. 26

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à noter

Second ouvrage sur Essaouira de Katia Azoulay, Elsa Rosilio et Régine Sibony, dédié à leur ville natale, « Essaouira Mogador , passion partagée », est un livre qui rassemble les témoignages d’une quinzaine de personnalités issues de différents horizons, écrivains, philosophes, musiciens, cinéastes et designers, habitants ou visiteurs. Ils racontent leur fascination et leur amour de cette ville et en livrent avec émotion les raisons, sources d’inspiration et hasard heureux qui, un jour leur a fait pénétrer cette ville magique. Préfacé par Jacques Chancel, l’ouvrage comprend également les témoignages de l’écrivain mexicain Alberto Ruy-Sanchez et ceux d’Erik Orsenna, aux clins d’œil poétiques et humoristiques. Tissés par une complicité née des mêmes émotions et des mêmes tendresses, ces récits sont rythmés par le regard très personnel du photographe PierreEmmanuel Rastoin.

Essaouira Mogador, passion partagée, Atlantica, 2007

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numéros URGENCES

Hôpital Essaouira Hôpital Marrakech Police Protection civile Gendarmerie royale Mondial assistance

PHARMACIES

Bab Marrakech Chifaa De la gare El Bohaira El Borj El Haddada El Massira Hamad La Kasba La plage Les Dunes Najib Populaire Mellah Kdim/Homéopathie Sidi Mogdoul Tagharte

BANQUES

Attijariwafa Bank Banque Populaire BMCE CIH Crédit agricole Crédit du Maroc SGBM Wafabank

utiles

024.475.716 024.448.585 19 15 177 022.442.150 024.472.307 024.783.895 024.472.750 024.472.568 024.783.438 024.473.714 024.475.996 024.475.163 024.475.151 024.785.848 024.473.003 024.474.226 024.474.474 024.476.022 024.472.935 024.473.443 024.474.805 024.475.216 024.475.905 024.475.224 024.472.703 024.475.819 024.475.201 024.475.664

TRANSPORTS ROUTIERS CTM SUPRATOUR

024.784.764 024.475.317

Pour d’autres numéros: www.essaouiratour.com

TRANSPORTS AERIENS Aéroport Essaouira Aéroport Marrakech Air France Alitalia British Airways Iberia Klm Lufthansa Royal Air Maroc RAM Essaouira Safar Tours (Casa)

METEO

Essaouira Marrakech

ASSOCIATIONS

Essaouira Mogador Ass. de lutte Sida Au coeur de l'amitié Espace Afoulki

DIVERS

OFFICE DU TOURISME AFME EGLISE ECOLE FRANCAISE

024.476.705 024.447.910 022.294.040 022.314.181 022.229.464 022.279.600 022.203.222 022.312.402 0.9000.0800 024.785.385 0820.03.020 024.784.066 024.430.409 024.475.268 024.476.063 062.495.691 067.184.526 024.783.522 024.472.593 024.475.895 024.476.083

NOTAIRES

Maître Ali Aït-LACEN 024.475.100 Maître N. EL MAGOURI 024.474.540

HOTELS HOTEL HOTEL HOTEL HOTEL

AGADIR AL ANDALOUS AL JASIRA ARGANA

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024.475.126 024.472.951 024.475.956 024.475.975

HOTEL BAHJA MOGADOR HOTEL BEAU RIVAGE HOTEL CAP SIM HOTEL CENTRAL HOTEL CHAKIB HOTEL CHÂTEAU MOGADOR HOTEL DAR LOUSSIA HOTEL DES ILES HOTEL DEUX MARS HOTEL EL QDIMA HOTEL EMERAUDE HOTEL GNAOUA HEURE BLEUE PALAIS HOTEL LALLA MIRA HOTEL LE DAUPHIN HOTEL LE MECHOUAR HOTEL LES AMIS HOTEL LES MATINS BLEUS HOTEL MAISON DU SUD HOTEL MAJESTIC HOTEL MELILIA HOTEL RIAD AL MADINA HOTEL RIADMIMOUNA HOTEL RIAD NAKHLA HOTEL RIAD ZAHRA HOTEL RYAD MOGADOR HOTEL SAHARA HOTEL SHAHRAZADE HOTEL SMARA HOTEL SOFITEL HOTEL SOUIRI HOTEL TAFOUKT HOTEL TAFRAOUT HOTEL VILLA MAROC HOTEL VILLA SOLEIL PALAZZO DESDEMONA VILLA DAMONTE

MAISON D'HOTES

AZZOUZ 7 CAVERNE D’ALI BABA DAR ACHAY DAR ADUL DAR AL BAHAR DAR BAOUSSALA DAR EL PACHA DAR HALIMA DAR KENAVO DAR LALLA DAR LIOUBA DAR MIMOSAS DAR MADADA DAR NAFOURA DAR NESS DAR SALSA JARDIN DES DOUARS LA CASA DEL MAR MAISON DES ARTISTES RIAD AL ARBOUSSAS RIAD AL KARAM RIAD AL ZAHIA RIAD ASMITOU RIAD BLEU MOGADOR RIAD CASA LILA RIAD DAR LOULEMA RIAD GYVO RIAD LE GRAND LARGE RIAD LES TERRASSES RIAD LOTUS RIAD LUNETOILE RIAD MALAIKA RIAD MAROSKO RIAD WATIER

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024.473.078 024.475.925 024.785.834 024.475.291 024.475.291 024.476.900 024.783.756 024.783.636 024.475.122 024.473.858 024.473.494 024.475.234 024.783.434 024.475.046 024.476.732 024.475.828 024.476.188 024.785.363 024.474.141 024.474.909 024.473.264 024.475.907 024.785.753 024.475.230 024.474.822 024.783.555 024.475.292 024.476.436 024.475.655 024.479.000 024.475.339 024.784.504 024.476.276 024.476.147 024.472.092 024.472.227 024.474.732 024.472.850 024.475.354 024.783.543 071.520.221 024.476.831 024.474.345 024.473.724 024.476.017 061.207.069 024.476.744 024.476.297 024.475.934 024.475.512 024.472.855 024.476.804 024.474.323 024.476.492 024.475.091 062.605.438 024.472.610 067.059.684 024.473.581 024.473.726 024.784.128 024.475.545 024.475.346 024.475.102 024.472.866 024.475.114 024.476.665 024.474.689 024.473.861 024.475.409 024.476.204

TAMAYOURT VILLA GARANCE VILLA QUIETA VILLA SAADA

RESIDENCES

RESIDENCE DAR CARLO RESIDENCE EL MEHDI RESIDENCE LE KAOUKI VAGUE OCEAN BLEU VENT DES DUNES VILLA SARAH VILLA FLORA

024.792.818 024.473.995 024.785.004 078.012.050 024.783.685 024.475.943 024.783.206 024.472.324 024.475.391 024.472.494 024.473.946

AUTRES HEBERGEMENTS AUBERGE BELLE DE MAI AUBERGE DE LA PLAGE AUBERGE TANGARO CASA NAIMA CAMPING DES OLIVIERS LE CALME MAISON DU CHAMEAU WINDY KAOUKI

RESTAURANTS

024.472.149 024.476.600 024.784.784 078.961.880 024.475.500 024.476.196 024.785.962 061.256.383

AFTER 5 024.473.349 AL FERDAOUSS 024.473.655 BAB LAACHOUR 024.476.670 BEAU RIVAGE 024.475.925 BELDY 024.476.712 BELLE DE MAI 024.792.149 CASA BELLA 024.472.502 CHALET DE LA PLAGE 024.475.972 CHEZ FRANCOISE 068.164.087 CHEZ MERMOUZ 024.476.485 CHEZ SAM 024.476.238 COTE PLAGE 024.479.000 CREPERIE MOGADOR 024.783.096 DAR AL HOUMA 024.783.387 DAR BABA 024.476.809 DAR LOUBANE 024.476.296 DAR SALTANE 024.475.973 DE LA BAIE 024.474.076 EL KHAIMA 024.476.052 EL MENZAH 024.475.308 EL YAKOUT 024.476.249 ELIZIR 024.472.103 ESSALAM 024.475.548 HEURE BLEUE 024 783.434 IL GABBIANO 065.024.035 IL MARE 024.476.417 KM 8 066.252.123 LA DECOUVERTE 024.473.158 LA LICORNE 024.473.626 LA MOUETTE D’ESSAOUIRA 024.474.705 LA PETITE ALGUE 024.784.828 LA PETITE PERLE 024.475.050 LA RENCONTRE 024.476.617 LAAYOUNE 024.474.643 LAWAMA 024.783.630 LE COQUILLAGE 024.476.655 LE DAUPHIN 024.476.732 LE PATIO 024.474.166 LE SIROCCO 024.472.396 LE TAROS 024.476.407 LES 3 PORTES 066 646 261 LES ALIZES MOGADOR 024.476.819 LES CHANDELIERS 024.475.827 OCEAN VAGABOND 024.783.934 RAMSESS 024.472.139 RIAD AL BARAKA 024.473.561 SAMAR KAND 024.476.665 VILLAGE HOTEL MEZIANE 061.096.591 VIVALDI 024.476.813 ZERDA 024.785.642


loisirs TRANSPORTS

NAUTISME CLUB MISTRAL ESSARENT-CARS Av. Mohamed V Tél : 068 74 16 78 ESSAOUIRA TRANSPORT Tél : 061 13 56 44 COIFFURE Tél : 061 20 71 64 LE STYLE VALMER QUADS Hôtel Ocean Vagabond Tél : 062 84 59 85 CAP QUAD Tél : 066 25 21 45

VELOS-MOTOS

THALASSO SOFITEL Avenue Mohamed V Tél : 024 47 90 00

VELOS YOUSSEF Tél : 072 04 40 67

HAMMAMS Hammam MOUNIA 24, Rue Laalouj (près du musée) Medina Essaouira Tél : 024 78 42 47 CHAMEAUX SPA MAISON DU CHAMEAU HEURE BLEUE PALAIS Route de Marrakech, 7 km Bab Marrakech Tél : 024 78 59 62 Tél : 024 78 34 34

MUSEE Rue Laalouj Tél : 024 47 53 00 GALERIES DAMGAARD Av. Oqba Ibn Nafiaa Tél : 024 78 44 46 LE TAROS Place My Hassan Tél : 024 47 64 08

Réf VE81: Villa de 250 m², décoration et prestations de standing, 2 salons, terrasses, piscine, 4 chambres avec salles de bains, salon d’été, cheminées. 450.000€

Réf VE74: Villa dans résidence avec centre équestre et restaurant, 2 piscines, aux portes d’Essaouira, rendement locatif garanti, 125.000 € tous frais inclus. Exclusivité.

Réf RE186: Riad rénové avec vue imprenable sur la mer, 2 salons, 2 salles à manger, 2 cuisines dont une d’été, 4 chambres, terrasses. 380.000 €

Réf RE187: Riad de 140 m² au sol à rénover avec vue mer, possibilité de 10 chambres et salles de bains, terrasse, permis de rénover accordé. 350.000 €

BIBLIOTHEQUES LE TAROS Place My Hassan Tél : 024 47 64 08 DU DIALOGUE ET DU PARTAGE Rue du Caire - Dar Souiri Tél : 024 47 52 68

Réf AE178: Appartement de 100 m² rénové avec belles prestations, salon avec cheminée, cuisine, 2 chambres avec salles de bains, salle à manger sur terrasse, vendu meublé. 110.000€

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Réf VE56: Maison rénovée sur les hauteurs d’Ounagha, 3 chambres, cuisine, salon, belle vue. 150.000 €

Réf RE191: Riad en partie rénové, finitions à faire, vue mer, 4 chambres avec salles de bains, loft au dernier étage, terrasse. 330.000 €

Réf AE164: Appartement de 60 m², 2 chambres, 2 salons, cuisine, terrasse. 50.000 €

Réf VE70: Villa rénovée de 3 chambres en parfait état, à 25 km d’Essaouira, beau jardin, eau, tel., électricité, 3 chambres, belle prestation. 220.000 €

Réf RE162 : Riad rénové clé en main, vue mer imprenable, 2 chambres, 2 salles de bain, 40m² au sol sur 4 niveaux + terrasse. 155.000 €


l’ é t é

2007.....

a u ta r o s

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