Le GUIDO N° 15 - Eté 2007

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N u m é r o

Le GUIDO M a g a z i n e d ' E s s a o u i ra


EDITO D

ans quelques mois, quelques années, Essaouira sera dotée d’un complexe touristique important né du Plan Azur concernant l’ensemble des côtes marocaines : hôtels, golfs… Ce grand projet en est à sa phase de construction ou en cours de finition pour certaines de ses infrastructures. Station à la mode à la « Belle Epoque », la ville redevient le lieu de villégiature privilégié des Marocains et des étrangers. Elle a tout ce qu’il faut pour cela, en famille ou entre amis, seul aussi avec ses contemplations : douceur et quiétude qui renouvellent les énergies, sable, golfs prochains, mer et sports nautiques, une région aux traditions et aux paysages grandioses à découvrir ou redécouvrir.

Directeur de publication: André EUGENE. Impression: Imprimerie CHATR Marrakech 10 000 exemplaires. Rédaction: Sylvie BRIGNON Photos: André EUGENE Sylvie BRIGNON Réalisation: André EUGENE Contacts: Tél: +212 (0)61 13 83 24 Fax: +212 (0)24 47 46 85 email:infos@leguido.com Web: www.leguido.com

Une ville aux venelles mystérieuses, une partie de l’Histoire à chaque coin de rue, fontaines chargées de satisfaire la soif du citadin ou du voyageur, ateliers cachés, souks aux parfums d’agrumes et d’épices, une population charmante et accueillante, des terrasses à la vue incomparable sur la cité engendrée sur une presqu’île de bout du monde parmi les dunes … Avec la nouvelle station balnéaire, on peut tout espérer… Bonne lecture…bons bains de mer et bon vent pour cet été déjà installé.

S.B.

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agenda AFME Derb Lâalouj 9, rue Mohamed Diouri 44000 Essaouira Tél: 024 47 61 97 Fax: 024 47 25 93 mail: afme@menara.ma

JUIN EXPOSITIONS • « Tisser la vie... » par Fatna Gbouri Du 2 au 26 juin 2007 - AFME Vernissage le samedi 2 juin à 18h • « Trames de sable » Du 2 au 26 juin 2007 - AFME Vernissage le samedi 2 juin à 18h • Photographies « Attitudes » par Gérald Valmer Du 30 juin au 21 juillet 2007 - AFME Vernissage le samedi 30 juin à 19h CINE CLUB • “Hommage à Philippe Noiret” « L’homme qui plantait des arbres » Mercredi 13 juin à 19h – AFME FESTIVAL 10ème Edition du Festival Gnaoua & Musiques du Monde Du 19 au 23 juin 2007 – Essaouira ARBRE A PALABRES 2ème Edition (rencontres conviviales presse, artistes et public) 21, 22 et 23 juin 2007 à 16h – AFME TCF Test de Connaissance du Français Samedi 23 juin à 14h – AFME Ass. Essaouira-Mogador Dar Souiri, rue du Caire 44000 Essaouira Tél/Fax: 024 47 52 68 email: essmog@menara.ma

JUILLET • Du 11 au 19 Exposition Chris BG «Orient-Occident» • Du 19 au 29 Exposition Peinture Monique Le GUIDO

reportage JUILLET EXPOSITION PHOTOGRAPHIES « Attitudes » par Gérald Valmer Du 30 juin au 21 juillet 2007 - AFME Vernissage le samedi 30 juin à 19h CINE CLUB • “Hommage à Philippe Noiret” « La vie et rien d’autre » Mercredi 4 juillet à 19h – AFME • “Hommage à Philippe Noiret” « Cinéma Paradiso » Mercredi 11 juillet à 19h - AFME

AOUT

CONGES ANNUELS DE L’ALLIANCE FRANCO-MAROCAINE D’ESSAOUIRA Du mercredi 1er août au mardi 4 septembre 2007

SEPTEMBRE L’ALLIANCE FRANCO-MAROCAINE D’ESSAOUIRA OUVRE le mardi 4 septembre 2007

EXPOSITION • Du 8 au 27 septembre 2007 - AFME Vernissage le samedi 8 septembre à 19h • Giacobazzi Du 29 septembre au 23 octobre 2007 - AFME - Vernissage le samedi 20 octobre à 19h UNE RENCONTRE – UN LIVRE « La Berlue » de Véronique Beucler Samedi 22 septembre à 19h – AFME

AOUT • Festival des jeunes talents Gnaoua • Nuits du Patrimoine • Du 1 au 10 : Exposition Peinture Idrissi Abdellatif et Ghouchi Bader SEPTEMBRE • Du 1 au 10: Exposition Peinture Drissi Slimane • Du 11 au 20 : Exposition Peinture Amtkal 4

La « Belle Epoque » et Mogador

Un cordon de cabines en bois, abris conçus pour le plaisir et l’amélioration du confort des baigneurs, pousse sur le bord de mer au cours de cette période, donnant à la ville un cachet « Belle Epoque ». Plaisirs de la mer, pêche à la ligne, rencontres, promenades, plage, excursions sur les îles sont les loisirs favoris des touristes et des habitants.

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ans les années trente, les touristes découvrent de plus en plus la cité, sa douceur et sa quiétude. Le tourisme s’organise avec l’ouverture des premiers restaurants et hôtels, établissements touristiques et commerciaux modernes, en général avec superbe vue sur la baie. Les plaisirs de la mer ne manquent pas et attirent les estivants des villes de l’intérieur du Maroc à la recherche de la fraîcheur ou en quête de pêche miraculeuse. Parallèlement, les voyageurs européens s’y rendent, attirés par les récits qui en sont faits, entraînant le développement de nouveaux commerces (pharmacie,

Les mérites du bain de pieds, des jambes, sont vantés par les médecins : profiter des bienfaits de l’eau salée et iodée pour se sentir mieux, alléger une mauvaise circulation… Dans les années cinquante, cinq cinémas fonctionnent à Mogador, pour le divertissement des habitants et des vacanciers. A la fin du protectorat un déclin inéluctable commence, c’est ailleurs que l’on va chercher les plaisirs de la mer.

agences d’import-export, épiceries générales…), des activités bancaires, de

l’artisanat…

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reportage Essaouira, le temps des changements

fortes. Le tourisme se développe, la Thalasso, comme hier le golf, le tennis ou l’équitation, se démocratise, et s’ouvre à tous, petit à petit.

Dans les années 1990–2000, les hôtels, maisons d’hôtes se multiplient sous l’influence des émissions télévisées, de la presse étrangère et sous l’impulsion du premier « Festival Gnaoua et musiques du monde » (1998), qui montrent et vantent Essaouira avec tous ses atouts et son originalité.

Plusieurs archétypes de vacanciers viennent se ressourcer à Essaouira : couples avec ou sans enfants, petits groupes d’amis qui viennent surfer, faire du kite-surf ou de la planche à voile et vont et viennent entre les 3 spots de la région, Moulay Bouzarktoun, Essaouira et Sidi Kaouki. De nombreux jeunes et moins jeunes étrangers passent trois mois de l’année en camping-car, profitent de la douceur de vivre marocaine, voyagent d’une ville à l’autre et s’attardent souvent ici. Des groupes de 3-4 personnes qui visitent le Maroc, souvent venus de Marrakech, font halte à Essaouira, ou encore des propriétaires de maisons

La ville blanche et bleue aux remparts ocre n’est plus une inconnue, petit bout de presqu’île nostalgique dans un coin reculé de la terre. Les découvreurs de la cité auront souvent été des artistes, écrivains ou cinéastes, qui révèlent le site, relayés par la presse. Les liaisons avec l’Europe se développent, les étrangers sont nombreux à venir chercher dans la petite station balnéaire calme, repos ou émotions marines

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reportage

reportage

qui viennent 1 à 3 fois / an pour une durée moyenne de une ou deux semaines. Les voyageurs qui n’avaient qu’entraperçu la ville, tombés sous le charme, reviennent pour un plus long séjour Profiter de la vie, être tranquille, bien manger, bien dormir dans de jolis Ryad ou maisons, flâner, faire le tour de la ville, en savourer sa beauté et marcher sur la plage, sont les désirs et les activités récurrentes des touristes. Les balades de bord de mer restent essentielles, même luttant contre les vents, coiffés d’un foulard pour échapper aux tourbillons de grains de sable.

mais qu’elle conserve néanmoins son charme et son côté agréablement reposant : d’aucuns regretteront un vieil hôtel fermé pour restauration près des remparts, le souvenir d’une certaine coupole… La ville a vu des changements notoires s’opérer mais au bénéfice des résidents marocains comme des touristes (nouvelles installations, jardins…)

largement appréciées des habitants et des vacanciers de passage. Les matchs de foot s’y multiplient, les plagistes abondent tout au long de la plage et proposent matelas et parasols : baigneurs et amateurs de soleil s’y précipitent.

La construction d’un centre nautique à l’extrémité sud de la plage développera et organisera mieux encore le tourisme des sports de glisse et de voile. De même, la construction de nouveaux hôtels, d’appartements, des golfs en bonne voie d’avancement, dans le cadre du Plan Azur, voient le tourisme s’intensifier ces dernières années. Le ballet des pelleteuses à Diabet, au sud de la baie, et des grues dans la ville, se donnent en spectacle, sous les regards des habitants.

« Cool », « Bien être » et « Zen » sont les maîtres mots qualifiant l’art de vivre de la cité : on entend parler de tourisme alternatif, de tourisme « baba cool » du fait de l’absence d’endroits où l’on danse, où l’on sort tard le soir, simplement le plaisir de prendre le temps et le temps de prendre le temps.

La plage entretenue et les installations sanitaires du bord de mer sont

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Ici la ville s’endort de bonne heure. « Une ville comme celle-ci n’existe

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Charme et unicité rares. Aujourd’hui comme au siècle dernier la douceur et la quiétude de la cité des alizés ensorcelle et apaise. La plupart des estivants y venant pour la première fois en repartent heureux et il ne sera pas rare de les voir y revenir.

nulle part ailleurs au Maroc et que l’on pourrait se croire dans un autre pays si ce n’était la langue », disent les vacanciers.

La magie de la presqu’île, le soleil et le vent, soignent tous les maux. Comme le disent les habitants de la ville, le vent chasse les mauvais esprits et balaie les ondes négatives. Aujourd’hui le ciel se confond avec la plage, la mer, la ville : tout est jaune du sable transporté par un vent violent, mais le sourire ne faiblit pas. « Souira », comme un éternel sourire … Embrasser du regard tout le paysage, la plage et sa baie fermée par les ondulations des collines de sable jusqu’aux fortifications de Mogador, l’émotion ne faiblit pas.

Dire que les gens sont accueillants, sans agressivité, faisant toujours preuve de gentillesse ne sont pas de vains mots. Rarement affectés par la pleine saison des alizés, peu ou pas gênés par le vent, la fraicheur du soir et son humidité, les surfers jubilent, les autres respirent. Sans les alizés Essaouira ne serait plus Essaouira. Des étrangers ayant connu Essaouira des années auparavant, certains pensent que la ville se développe vite, trop vite, que les transformations altèrent parfois son authenticité

S.B.

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balade

Tafelney De

nombreuses variantes existent dans l’orthographe du village : Tafedna, Tafelney, Tafedney, Tafadna… il ne faudra pas s’en étonner en lisant cartes routières, guides ou panneaux. Cette balade est intéressante à plus d’un titre. Le site fait intégralement partie de l’histoire de la région, et, il est admirable. La route qui y mène serpente sur la route d’Agadir entre les forêts d’arganiers. Ce territoire Haha demeure un espace marginal, parsemé de rares hameaux, micro-agglomérations aux faibles

densités de population. La région apparait ainsi comme une sorte de conservatoire du Maroc traditionnel : le parler Tachelhit (dialecte berbère du sudouest marocain) largement répandu et le maintien des petits souks qui relaient les contacts avec l’extérieur font son originalité. Sur le bord des routes une multitude de vendeurs de miel ou d’huile d’argan vous proposera leurs produits à la vente, principale et parfois unique source de revenus. Environ 15 Km après Smimou, à distance égale de Tamanar, toujours vers le sud, avant le passage de l’oued Igouzelan, une petite route sur la droite quitte la route nationale, mène vers Tafelney et s’y arrêtera. Le paysage est majestueux sur les 15 km, parsemé de petits douars berbères, avec parfois des portes peintes très colorées et décorées finement. Pour continuer sur la côte vers le sud, il est nécessaire de circuler en 4X4.

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balade dans la région de Mogador. Les fouilles mirent à jour dans les années quarante à Tafelney des citernes très anciennes attribuées aux carthaginois.

Le village est édifié sur les hauteurs des falaises et se poursuit sur la plage : les maisons de pêcheurs y sont posées, collées, alignées, rempart dérisoire contre les assauts de la mer. Des hauteurs du village le panorama s’étend sur l’embouchure de l’oued, sur l’océan, sur le village qui se poursuit en retrait de la mer, les petites parcelles de terre cultivées, les montagnes en arrière plan… Le spectacle animé des barques débarquant leur pêche en fin d’après midi charmera les visiteurs. La grande plage et l’embouchure de l’oued fusionnent, le temps est suspendu. De nombreuses espèces d’oiseaux vivent ici, entre eau douce et océan et attirent les ornithologues. Au hasard de la promenade, dans les petites dunes, des barques finissent leur vie, taches de couleur étranges dans cet environnement minéral et marin. Il est possible d’y manger la pêche locale où des tajines. Les vestiges puniques sont nombreux Le GUIDO

Son port était sur la route de commerce très importante chargée d’histoire mais constamment menacée en ce début du 16e siècle par les Portugais et leurs alliés. Ce réseau de communication resta quasiment inchangé jusqu’à la fin du 18e siècle lorsque le trafic maritime avec l’Europe se ferait presque entièrement du nouveau port de Mogador, pôle commercial à l’influence considérable. Au début du 16e siècle, Tafelney (ouTafadna), situé à environ 35 Km au sud de Mogador à l’embouchure de l’oued Igouzelan, était un village de pêcheurs et d’agriculteurs comme de nos jours. Les Portugais s’y installèrent au début du 16e siècle probablement dans les mêmes années qu’à Castello Real (Mogador) et à Agouz (à l’embouchure de l’oued Tensift). Le village possédait un mouillage sûr qui séduisit les envahisseurs. La colonie était installée sur le plateau qui domine le village et la rivière, position défensive aux intérêts stratégiques incontestables. De profondes cavernes dans les falaises du bord de mer étaient utilisées comme lieux de stockage d’armes, de munitions ou de vivres, d’autres grottes servaient d’abri aux hommes. De Tafelney, centre militaire, d’importantes expéditions prenaient le départ. S.B.

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artisanat

La Tannerie

familles suite au sacrifice de l’Aïd, ensuite récupérées propres et douces à des fins domestiques, moyennant une faible somme. De nos jours, les peaux d’ovins, bovins et caprins sont transformées. Le tannage des peaux, uniquement destiné par le passé au cuir pour ceintures, chapeaux, babouches ou peaux, a vu s’élargir le champ des sollicitations de clients (peaux pour lampes, instruments de musique...) nécessitant différents types de qualité de peaux.

En

1919, une tannerie s’installe dans un modeste local rue Haddada, dans la médina de Mogador.

dimensions réduites, situé à environ 1Km au nord de la ville, dans le quartier industriel posé sur les rochers.

Une poignée d’artisans sous équipés y travaille. Grâce au dynamisme de son créateur et à la demande croissante des besoins, cette unité artisanale va s’agrandir, prospérer et se transférer dans le quartier industriel pour mieux s’équiper et produire dans de meilleures conditions, au début des années 30.

A l’heure actuelle, douze « boutiques » se partagent l’aire de travail : chacune a son propriétaire, néanmoins un « amine » (médiateur ou porte-parole) est désigné afin de préserver une bonne entente et, au besoin, de régler conflits ou problèmes techniques.

A la fin des années 20 une ville nouvelle et moderne commence à se construire hors des remparts. Cette tannerie, fleuron de l’industrie à Mogador, deviendra « les Etablissement Carrel », de renommée internationale. A l’origine, trois regroupées dans Le GUIDO

tanneries étaient cet espace aux

En 1994, débuta la réalisation des lampes de peaux, typique d’Essaouira. Cette activité s’est ensuite déplacée vers d’autres villes marocaines, néanmoins les ateliers de Fès ou Marrakech, font régulièrement appel à la tannerie d’Essaouira pour certaines réalisations plus délicates. Ses peaux sont réputées les plus fines du pays. De nombreux artistes du Maroc qui peignent sur peau ne se fournissent qu’à la tannerie d’Essaouira. Les tanneries marocaines, tout comme celle d’Essaouira, travaillent toujours le tannage à la méthode ancienne avec des tanins végétaux.

L’aire de la tannerie est creusée de bassins servant pour le brossage et le rinçage des peaux et de fosses destinées aux bains dans lesquels elles séjournent ainsi que de petites pièces fermées dans lesquelles s’entassent des monceaux de peaux. Au départ, seules les peaux de mouton étaient traitées, peaux achetées aux bouchers ou nombreuses peaux provenant des 14

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artisanat Le tannage végétal des peaux est un des procédés les plus anciens mis au point par l’humanité : il s’effectue principalement à l’aide de produits végétaux naturels (bois, feuilles, fruits, écorce mimosa, écorce chêne liège, écorce de grenade…) qui ont des propriétés particulières pour transformer une peau putrescible en cuir fini. Le Maroc est un des pays qui a parcouru une longue trajectoire dans le domaine du Cuir, le mot même « Maroquinerie » en est la preuve. A Essaouira, la grenade (teinte jaune :

seule l’écorce est utilisée. De ce fait, des charges de camions de grenades étaient livrées et la population était conviée à déguster les milliers de graines) et le mimosa (teinte rouge) furent les

végétaux longtemps utilisés pour que

la peau soit plus belle, plus fine et plus douce. Dans la tannerie traditionnelle le problème de la pollution est très faible, tout est naturel, les rejets après décantations sont envoyés dans des égouts sans traitement, à part les déchets solides dont la plupart sont utilisés par d’autres artisans : corne pour peignes, débris de chair pour colle et poils pour cordes et tentes. La préparation des peaux comporte une série d’opérations compliquées. Elle nécessite un travail de longue durée variant selon le genre de peaux qu’on a à traiter. La durée de chaque opération change selon les saisons. Les peaux qui exigent la préparation la plus minutieuse sont celles de caprins. La chèvre de la région d’Essaouira, région

sèche, est prisée pour sa peau réputée extrêmement fine, tout comme sa chaire, délicieuse. Après abattage, les peaux sont salées avec du chlorure de sodium et séchées pour se conserver jusqu’au traitement en tannerie. Après la fête de l’Aïd on peut apercevoir sur les terrasses des dizaines de peaux retournées qui sèchent, parfois des semaines, recouvertes de filets. La première étape du traitement est le reverdissage dans de l’eau qui élimine ce sel de conservation au fil de l’eau par dilution, puis les peaux sont salées des deux côtés, étendues en plein soleil et la couche de sel est appliquée vigoureusement par frottage avec la main pour faciliter la pénétration. Quand les peaux sont sèches, on les plie en quatre et on les empile dans un coin de la tannerie. Cette étape permet aussi d’assouplir les peaux qui ont perdu leur souplesse en séchant. A Essaouira, le lavage s’effectue dans de l’eau de mer éliminant ainsi les impuretés et les micro-organismes de la peau. Pour transformer une peau en cuir,

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artisanat il faut éliminer la graisse et les tissus sous-cutanés éventuellement entraînés, mais surtout l’épiderme et les poils. Intervient alors l’opération d’épilage. Les peaux passent chez l’épileur qui à l’aide d’un couteau qu’il tient des deux mains, arrache les poils de la toison tendue sur une perche appuyée contre le mur. Au fur et à mesure que cette opération se poursuit, il retire et fait glisser vers le haut la partie de la peau déjà épilée, qui vient pendre entre le mur et la perche. Les peaux ainsi épilées, sont plongées dans des bassins à chaux remplis d’eau chargée de chaux éteinte puis de chaux active et de chaux vive. La surveillance de la durée de ces bains est très étroite. Les peaux devenues parfaitement nettes passent au lavage. Les tanneurs

artisanat étalent les peaux dans les bassins d’eau pour être progressivement purgées de la chaux qui les a imprégnées au cours des bains précédents. Les peaux évacuent leurs impuretés et les traces de chaux qu’elles gardaient, le tout s’écoule avec l’eau puis se renouvelle constamment. A la sortie du bassin, les peaux subissent l’action de bains successifs et variés dans les fosses, le bain de fiente de pigeons sauvages, puis viendra le bain de son. Il s’effectue dans la même fosse après nettoyage. Ce dernier doit être très surveillé parce que les peaux qui auraient été négligées se troueraient rapidement. Après séchage des peaux, les ouvriers procèdent à la teinture. Cette opération doit se faire soigneusement

Epilage

Bain

Coloration

et attentivement pour n’en laisser échapper aucune partie. Les teintes employées (celles des babouches) sont en nombre extrêmement restreint : 2 naturelles et 2 ou 3 synthétiques en provenance de Marrakech. Les tanneurs versent la peinture par petits jets sur la peau et l’étendent sur toute la surface côté fleur en frottant de la main pour la faire pénétrer, ensuite les peaux sont étendues au soleil. A Essaouira les artisans détiennent un procédé particulier qui fera des peaux de véritables tableaux. Les peaux mouillées sont pliées, « tirebouchonnées », et sont imprégnées des teintes choisies. Le résultat peut être spectaculaire, aux couleurs et aux motifs psychédéliques. Après la teinture et le séchage, commencent les opérations successives d’assouplissement des cuirs, et le lissage avec un outil composé d’une lame de fer convexe sur une tige de bois assemblée à une sorte d’arc en bois. La peau est étendue en long et l’ouvrier travaille courbé constamment, appliquant contre sa poitrine l’arc en bois. De la main droite, il tient la manche en fer et de la gauche la peau qu’il tend pour l’assouplir.

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Lissage

Le lissage se fait côté chair puis, il pratique le grainage côté fleur sur un petit dôme en terre cuite. La peau ainsi tannée, rendue à la fois souple et résistante peut être livrée à la vente. La laine retirée des peaux de mouton sera vendue et transformée en pelotes que les femmes fileront pour tisser. Les tanneurs marocains ont entamé une diversification de leur produits et opéré une amélioration notable de la qualité du cuir fini qui est en conséquence de plus en plus apprécié par les acheteurs de matières premières. L’industrie de la tannerie au Maroc joue un rôle non négligeable dans l’économie nationale. Elle a connu, depuis le début des années 80, un développement i m p o r t a n t aussi bien au niveau de la transformation des produits qu’au niveau des exportations. S.B.

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histoire

...de mots

Alcôve

Alcôve

« Là, sous l’alcôve sombre.... Une jeune beauté dort sur un lit d’ébène. »

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en espagnol « alcoba », en anglais « alcove ». Le français le transmis à d’autres langues européennes. Le sens a beaucoup évolué depuis l’arabe qubba « coupole », puis au XIVe siècle il prit le sens de « petite chambre contigüe à une grande pièce », jusqu’à l’espagnol « alcoba » qui a signifié « passage public couvert » avant de prendre le sens de « renfoncement d’une chambre où l’on place le lit ».

ecrets d’alcôves, alcôves chantées, déclamées, décrites, peintes, célébrées en musique… les siècles passent sur les alcôves. L’été les alcôves se dépeuplent… C’est ce sens espagnol qui a été retenu en français, dans un contexte mondain Comme plusieurs mots français et précieux, d’où « tenir alcôve », en –al, alcôve nous est venu du puis, bien plus tard, galant, d’où une mot arabe al qubba, signifiant expression comme secrets, mystères « coupole ». Le voyage fut long, d’alcôve, enregistrée par Larousse en le mot s’envola, s’enrichit au 1866. De ce terme venu de l’arabe passage des frontières pour au moyen âge, seule la signification s’arrêter dans plusieurs langues : galante en est restée.

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mémoire

...des lieux

Le Palm Tree House D

ans les années trente, les touristes découvrent de plus en plus la cité, sa douceur et sa quiétude. Le tourisme s’organise avec l’ouverture des premiers restaurants et hôtels, établissements touristiques et commerciaux modernes. De rares hôtelleries existaient auparavant, accompagnant le début du protectorat, en 1912. L’hôtel Jacquetty, situé dans la nouvelle casbah, est l’un des premiers à faire son apparition en 1915. A la même époque l’hôtel Tagouidert à Ghazoua, appelé également Palm Tree House, ouvre ses portes aux premiers vacanciers. A l’origine propriété privée appartenant à des Anglais, le bâtiment fut transformé en établissement de luxe. Sa situation a séduit plus d’un investisseur, néanmoins, actuellement, le bâtiment en ruines n’a jamais été vendu et demeure la propriété de l’Etat marocain. Palace isolé dans un décor minéral et sauvage, on peut deviner et imaginer les fastes qui s’y déployèrent en visitant ses ruines : colonnes, vastes salles, grands escaliers… Au début du vingtième siècle et jusque dans les années 50, les dunes n’étaient pas encore totalement reboisées et le paysage était plus aride encore. Pour s’y rendre, prendre la route du Sud en direction d’Agadir, puis emprunter la piste située en face du restaurant le « Km 8 » à Ghazoua (8 Km d’Essaouira), et la continuer sur 3 ou 4 Kms, jusqu’à un virage où se trouve le puits qui abreuve les troupeaux du coin. Derrière le puits, une piste part sur la droite. Déjà l’on aperçoit les restes de l’hôtel, aux teintes rosées. Dans ses salles, on croise quelques animaux, vaches, moutons ou chèvres qui s’y abritent de la chaleur. L’édifice domine les dunes avec dans le lointain vers l’Ouest et le nord, la mer, la grande plage de sidi Omar et les Îles Purpuraires. Par temps clair, le regard porte loin, à l’infini.

S.B

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instants

souiris

Vie et mœurs des goélands Bouts de ficelle, paille, petites brindilles s’accumulent dans une grosse jarre de fleurs depuis quelques jours. Pas de vent violent, je m’étonne. Des goélands, nombreux depuis la veille à piailler et à s’agiter. Un va et vient incessant. Une femelle installée dans le pot au milieu de petites fleurs roses. Surprenante vision, unique, d’une esthétique rare, sur fond de mur ocre rouge. Une garde rapprochée autour d’elle qui veille. Un, deux, trois de ces oiseaux de mer. Je suis chez moi, je m’installe doucement sur la terrasse, mes locataires n’auront pas le dernier mot, je résiste. Un certain film d’Hitchcock hante l’esprit et l’endroit. J’observe immobile et silencieuse. Le comportement de ces volatiles m’intrigue et me fascine. La pondeuse reste seule sur le qui-vive. Imperturbable face aux appels à la prière qui montent vers le ciel, elle émet de petits cris rauques. En contrebas, sur une terrasse voisine, une femme étend du linge, sa mélopée mélancolique me parvient. Seule aussi. Les bruits de la ville s’estompent à l’heure du déjeuner, la ville s’engourdit. Accoutumés à ma présence les goélands se taisent, mais demeurent toujours vigilants. Une brume épaisse gorgée d’humidité poisseuse descend sur la ville, le soleil disparaît, la pondeuse aussi. Les gros œufs bleutés et mouchetés reposent dans le nid, un vigile attend, à l’affût. La femelle ne s’est éloignée qu’une demi-minute. Les fleurs seront à changer. J’y mettrais probablement des cactées. (S.B.)

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histoire

Les Fontaines publiques

également les habitations, dont certaines étaient, et le sont toujours, pourvues de puits. Nombreuses sont les fontaines publiques encore utilisées par la population, mais certaines ne sont plus actives. L’eau des sources publiques est toujours gratuite.

HISTOIRE D’EAU

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ans un pays chaud, plus que partout ailleurs, la distribution de l’eau est un élément essentiel de la vie et de l’organisation de la ville. L’importance accordée à l’eau dans la cité s’explique également par les recommandations du Coran qui prescrit d’offrir de l’eau aux assoiffés.

histoire

Ainsi, dès les Almohades, les agglomérations étaient équipées de dizaines de points d’eau. Fès en possédait quatre-vingts. Les princes et les riches marchands en construisaient en grand nombre. Dans toutes les villes impériales, les fontaines publiques (seqqâya), luxueusement décorées, sont un élément esthétique de la rue ou du souk.

Lieu de rencontre par excellence, la population de la médina vient de nos jours, toujours y remplir ses bidons ou ses seaux, discuter, croiser ses voisins, se laver à la fontaine. Rares sont celles restaurées dans la ville, mais certaines présentent de belles faïences datant du 18e siècle. La découverte de ces fontaines se fait tout au long des promenades dans la ville, portée par les humeurs et les envies, au hasard des détours dans les venelles tortueuses qui enveloppent les artères rectilignes de la ville, ruelles qui constituent

une véritable toile d’araignée qui relie le dedans au dehors et tous les lieux d’échange et de communication. Quelques fontaines de la cité des Alizés : Rue Laalouj, rue Moulay Ismail, place Sebta, rue de la Kasbah, rue Chbanate, rue Ibn Khaldoun, entrée des impasses Sidi Ali Ben Abdallah, Bab Marrakech, Bab Doukkala, dans le Mellah, Bab el Menzeh, rue Abdsmith… Derb Chouarj (Rue des fontaines), etc. S.B.

Les réseaux souterrains de l’eau fournissent également beaucoup de maisons et donnent vie aux fontaines qui embellissent les patios de nombreuses demeures des villes du Maroc. A Essaouira en 1928, plus de 14 fontaines publiques alimentent la médina. D’importants réservoirs, pour les besoins exceptionnels, stockaient l’eau près des remparts de la cité. Sources de rafraîchissement et de vie, les fontaines abondent, et sont à la croisée de diverses raisons d’être. Les habitants s’y donnent rendez-vous au son toujours mélodieux de l’eau qui coule, dans un brouhaha de chants joyeux, de cris d’enfants, de disputes aussi. On retrouve ces fontaines disséminées dans les différents quartiers de la ville. Les habitants venaient y chercher l’eau, mais des porteurs desservaient 26

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histoire

LE MUSEE

Sidi Mohammed Ben Abdallah

Le

musée d’Essaouira a été inauguré à la fin de l’été 80 lors du premier « Festival musical d’Essaouira », et, à cette occasion, Boujemaâ Lakhdar en a été nommé conservateur. Il en a fait un musée ethnographique des traditions et des arts populaires, encore très vivants au Maroc, ainsi qu’un lieu de rencontre culturel intense. Après six années de fermeture, le musée Sidi Mohammed Ben Abdellah a rouvert ses portes aux visiteurs en juin dernier dans le cadre de la 9ème édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, après de longs travaux de restauration, avec, particulièrement, la mise en valeur de la porte principale et des éléments architectoniques en pierre de taille caractérisant l’architecture domestique dans la médina d’Essaouira, véritable musée d’histoire en plein air. Ce monument, ancienne résidence du Pacha puis mairie sous le protectorat, daté du 19ème siècle, a été réhabilité et rénové afin d’offrir un nouveau parcours scénographique au musée, qui, enrichi par de nouvelles collections issues du patrimoine culturel et naturel de la médina et de sa région, présente un bel ensemble sur les arts berbères, arabes ou juifs, influencés par les différents apports européens. L’objectif du musée est de présenter Essaouira comme berceau des civilisations et de montrer les savoirs faire de tous ses groupes ethniques. Ses collections, à caractère ethnographique, datées du 17e au 20e siècle, sont riches, variées, mémoires des métiers traditionnels considérés comme spécifiques à la ville et à son aire culturelle régionale : bois, marqueterie, renommée de 28

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l’artisanat local, bijoux ciselés ou gravés, colliers qui se distinguent par la forme, les signes et la technique de fabrication, pendentifs en forme de main, bijoux de femmes berbères, boucles d’oreilles, colliers, boucles de ceinture, bagues, bracelets, khelkhales..., tissage, tenues traditionnelles, outils de travail du bois ou du tissage, ainsi que des armes, à la fois outils d’ornement et de protection. Le patrimoine musical est largement présent avec une collection d’instruments de musique, exposés suivant leurs fonctions liturgiques et socio-religieuses, liés aux différentes confréries (Gnaoua, Hamadcha) et aux pratiques musicales traditionnelles (melhoun, musique andalouse, ahouach). La musique, présente partout dans le pays, accompagne réjouissances et cérémonies. C’est une musique traditionnelle Arabe, classique ou populaire qui dans les villes a évolué vers une forme instrumentale. Dans les tribus berbères et rurales, la musique est intimement liée à la poésie et à la danse et accompagne les travaux quotidiens. Les instruments et accessoires de musique côtoient de notables costumes berbères et juifs en soie, velours et flanelle, ainsi que des tapis représentatifs des traditions des tribus de la région. 29

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histoire Dans le patio, au rez-de-chaussée, Essaouira et sa région au début du 20e siècle se dévoilent par le biais de photographies anciennes. Le musée possède des documents papier, pour certains très anciens, mais dans un tel état de conservation qu’il est impossible de les présenter au public. L’humidité, les mauvaises conditions de stockage ont eu raison des manuscrits, essentiellement des contrats de vente ou d’achat, des textes coraniques ainsi que des talismans juifs ou musulmans… Parmi le patrimoine appartenant au Musée, 60% en a été recouvré après avoir été exhibé lors de grandes expositions nationales à Fès, Marrakech ou Rabat, durant les travaux du musée d’ Essaouira : les outils archéologiques

ont, quant à eux, fait l’objet d’une grande exposition dans la capitale marocaine. Star du musée et unique au Maroc, une amphore complète datée du 3e ou 4e siècle AP J.C., issue de la mer Egée et découverte lors de fouilles archéologiques entre l’île du Pharaon et l’île de Mogador, partage la vedette avec les panneaux de bois peint et des meubles de thuya. La conservatrice du musée a pris ses fonctions voici 6 mois. La réouverture en juin 2006 s’étant faite à la hâte, il lui reste maintenant à réorganiser ou concevoir les panneaux explicatifs de l’exposition, réaliser l’installation des œuvres composant le fonds culturel et artistique, et, surtout, mettre en place une scénographie attrayante et vivante. Son objectif premier est de combler les lacunes, réaliser des

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histoire brochures à l’intention du public et élargir le champ de la communication, afin que les visiteurs soient toujours plus nombreux. Pour elle le patrimoine culturel étant l’affaire de tous, il est nécessaire de travailler en association avec d’autres institutions telles que la municipalité, le ministère du tourisme…

siège de l’Alliance Franco-Marocaine), et

conduit au musée Sidi Mohammed Ben Abdallah. S.B

Parallèlement au circuit permanent du musée, des expositions temporaires seront programmées selon l’agenda des activités. Actuellement les visites d’écoliers se multiplient, grâce, en l’occurrence, aux associations et à l’Alliance Franco-Marocaine. En quittant l’enceinte de la scala, la rue Deb Laalouj passe devant l’ancien consulat de France, où Charles de Foucauld séjourna en 1884 (actuellement

Adresse : Musée Sidi Mohamed Ben Abdellah Derb Laalouj - Essaouira Tél. : +212 (0)24- 47-23-00

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histoire

Boujemaâ Lakhdar

(1941 – 1989)

P

récurseur dans le domaine de l’art moderne à Essaouira dans les années cinquante, inspiré par les arts et traditions populaires du Maroc, Boujemaâ Lakhdar fut aussi conservateur du Musée des Arts Populaires d’Essaouira qu’il avait lui-même imaginé et enrichi de ses collections avec passion de 1980 jusqu’à sa disparition en 1989, alors que débutait une exposition de ses œuvres au Centre Pompidou à Paris, dans le cadre d’une exposition collective intitulée « Les Magiciens de la Terre », couronnement de sa longue carrière : il fut le seul représentant du Maghreb. Ses recherches portaient sur des domaines extrêmement variés tels que la magie populaire, les chants traditionnels, la sculpture, l’artisanat et l’histoire de sa ville à laquelle il vouait une passion particulière.

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histoire « …Le déclin de Mogador a commencé vers le début du 19e siècle avec la sécheresse et la famine qui ont frappé le Sud marocain… La ville subit en même temps une forte augmentation de la population, avec un afflux de pauvres, surtout des juifs du Sud. C’était l’époque où la population d’Essaouira était à moitié juive, à moitié musulmane. De nombreuses maisons de commerces ont fait faillite avec la fin du commerce transsaharien et l’occupation française et anglaise des côtes africaines. Puis les ports de Casablanca et d’Agadir ont commencé à prendre de l’importance. Les navires n’allaient plus au port d’Essaouira pour s’approvisionner en eau et en produits d’échange : la laine, le cuir, les céréales, le sel… » D’après Boujemaâ Lakhdar, Lamalif, n°181, Octobre 1986.

Par son intérêt pour la culture, par son œuvre, il reste la personnalité artistique la plus mémorable de la ville. Initié aux pratiques des anciens artisans, l’artiste aura abordé de nombreux domaines peinture, sculpture, ethnologie, écriture, architecture, menuiserie, calligraphie - et aura utilisé tous les matériaux à sa disposition, souvent insolites, donnant à son œuvre une grande richesse. L’artiste a toujours étonné par la créativité et l’originalité de son œuvre. Dans ses sculptures, il introduisait avec soin et souplesse, des figures géométriques ciselées dans des plaques en cuivre. Il était remonté aux sources même de ce graphisme symbolique en interrogeant les livres de magie populaire dans des compositions artistiques savantes et surprenantes, souvent même ésotériques, tel son insolite astrolabe

histoire « Dar El Baz », par un panneau de bois. Le lieu, en rénovation, s’ouvrira au public à la fin du mois de juin 2007, grâce à sa femme, Hajouba Moumet, artiste elle-même, qui a su conserver et valoriser l’œuvre créatrice de son mari. Le musée, après quelques années quasi sans visiteurs, s’agrandit grâce à l’argent de la famille, faute de subventions d’Etat ou municipales. Les travaux d’agrandissement englobent une cuisine, une salle de restaurationsalon de thé avec, sur l’arrière, une terrasse-jardin pour y consommer, un petit salon-bibliothèque.

musical. Avec l’œuvre de Boujemaâ Lakhdar c’est un plongeon dans le monde des signes, des symboles et des lettres, monde mystérieux à l’alchimie secrète.

D’autres artistes ayant côtoyé Boujemaâ ainsi que quelques personnes émus par l’abandon de ce

projet par les autorités, ont fait don à la veuve de quelques livres et revues. Le fond documentaire s’agrandira avec le temps peut-on espérer. A l’intérieur de la maison, autour du patio, les pièces existantes vont se voir redistribuer leurs fonctions : l’une d’elles abritera les œuvres de Lakhdar, peu nombreuses car la quasi totalité a été vendue (10 tableaux et 7 objetssculptures), l’autre, celles de Hajouba Moumet qui a travaillé aux côtés de son mari et continue encore à peindre elle-même des tableaux colorés et lyriques. Elle a exposé en Suisse, en Allemagne, à Bordeaux, la Rochelle… Son objectif premier, avec la réouverture de leur maison est de faire vivre la mémoire de son mari. S.B.

L’une de ses réalisations les plus étonnantes est certainement la maison qu’il a conçue et modelée de ses mains, située à une douzaine de kilomètres de la ville, en pleine région berbère « Haha », dans un environnement où règnent les arganiers aux troncs enlacés et tordus. Cette maison, à l’intérieur comme à l’extérieur, donne une représentation assez complète de tout le symbolisme dont est empreint son œuvre. « Dar El Baz », le musée Boujemaâ Lakhdar En quittant Essaouira prendre la route d’Agadir. Avant l’embranchement menant à l’aéroport suivre sur 700m la piste, à gauche, indiquant le musée 34

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cuisine

marocaine

La Pastilla aux Pigeons Ingrédients pour 12 personnes Pour la farce 8 pigeons (ou 1 poulet), 3 bols de persil haché, 1 kg 1/2 d’oignon râpé, 200 g de beurre, 1/2 cuillerée à café de cannelle, 1 cuillerée à café de poivre, 1/2 cuillerée à café de safran naturel, 8 oeufs durs, 300g d’amandes mondées, frites et pilées, 1 verre de sucre, sel Pastilla 1 kg de grandes feuilles à pastilla, 150 g de beurre, 2 oeufs battus, cannelle et sucre glace dans des soucoupes.

Préparation de la farce Placer les pigeons dans la cocotte avec le persil, l’oignon, le beurre, le sel, le poivre, le safran, la cannelle et un peu de sucre. Cuire à feu doux et rajouter un peu d’eau si nécessaire. Retirer les pigeons lorsqu’ils sont cuits et laisser réduire la sauce en remuant jusqu’à ce que le liquide disparaisse. Désosser les pigeons dans un saladier, mélanger les amandes au reste de sucre dans un autre saladier. Découper les oeufs durs en petits morceaux dans un troisième saladier. Montage de la pastilla Beurrer le moule à pastilla (grande tourtière) puis disposer une première couche de feuilles (face lisse dessous) en les faisant chevaucher et en laissant déborder 1/3 à l’extérieur du cercle. Poser quelques feuilles au centre pour consolider. Étaler une couche de sauce, poser dessus des morceaux de pigeons, saupoudrés d’amandes sucrées et de miettes d’oeufs. Recouvrir de feuilles. Recommencer l’opération jusqu’à épuisement de la farce. Rabattre par dessus les feuilles qui dépassent, les coller à l’oeuf battu puis couvrir à nouveau de feuilles (face lisse dessus) se chevauchant et débordant à l’extérieur. Glisser ces feuilles par dessous comme on borde un lit. Badigeonner de beurre ramolli et dorer à l’oeuf. Cuire à four moyen pendant 20 minutes. Retourner alors la pastilla sur un grand plat puis la faire glisser dans le plat de cuisson, introduire dessous sans la briser quelques morceaux de beurre et mettre à dorer quelques minutes. Faire glisser délicatement la pastilla sur le plat de service, la décorer de croisillons de sucre glace et de cannelle.

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numéros URGENCES

Hôpital Essaouira Hôpital Marrakech Police Protection civile Gendarmerie royale Mondial assistance

PHARMACIES

Bab Marrakech Chifaa De la gare El Bohaira El Borj El Haddada El Massira Hamad La Kasba La plage Les Dunes Najib Populaire Mellah Kdim/Homéopathie Sidi Mogdoul Tagharte

BANQUES

Attijariwafa Bank Banque Populaire BMCE CIH Crédit agricole Crédit du Maroc SGBM Wafabank

utiles

024.475.716 024.448.585 19 15 177 022.442.150 024.472.307 024.783.895 024.472.750 024.472.568 024.783.438 024.473.714 024.475.996 024.475.163 024.475.151 024.785.848 024.473.003 024.474.226 024.474.474 024.476.022 024.472.935 024.473.443 024.474.805 024.475.216 024.475.905 024.475.224 024.472.703 024.475.819 024.475.201 024.475.664

TRANSPORTS ROUTIERS CTM SUPRATOUR

024.784.764 024.475.317

Pour d’autres numéros: www.essaouiratour.com

TRANSPORTS AERIENS Aéroport Essaouira Aéroport Marrakech Air France Alitalia British Airways Iberia Klm Lufthansa Royal Air Maroc RAM Essaouira Safar Tours (Casa)

METEO

Essaouira Marrakech

ASSOCIATIONS

Essaouira Mogador Ass. de lutte Sida Au coeur de l'amitié Espace Afoulki

DIVERS

OFFICE DU TOURISME AFME EGLISE ECOLE FRANCAISE

HOTELS

HOTEL AGADIR HOTEL AL ANDALOUS HOTEL AL JASIRA HOTEL ARGANA HOTEL BAHJA MOGADOR HOTEL BEAU RIVAGE

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024.476.705 024.447.910 022.294.040 022.314.181 022.229.464 022.279.600 022.203.222 022.312.402 0.9000.0800 024.785.385 0820.03.020 024.784.066 024.430.409 024.475.268 024.476.063 062.495.691 067.184.526 024.783.522 024.472.593 024.475.895 024.476.083 024.475.126 024.472.951 024.475.956 024.475.975 024.473.078 024.475.925

HOTEL CAP SIM HOTEL CENTRAL HOTEL CHAKIB HOTEL CHÂTEAU MOGADOR HOTEL DAR LOUSSIA HOTEL DES ILES HOTEL DEUX MARS HOTEL EL QDIMA HOTEL EMERAUDE HOTEL GNAOUA HEURE BLEUE PALAIS HOTEL LALLA MIRA HOTEL LE DAUPHIN HOTEL LE MECHOUAR HOTEL LES AMIS HOTEL LES MATINS BLEUS HOTEL MAISON DU SUD HOTEL MAJESTIC HOTEL MELILIA HOTEL RIAD AL MADINA HOTEL RIADMIMOUNA HOTEL RIAD NAKHLA HOTEL RIAD ZAHRA HOTEL RYAD MOGADOR HOTEL SAHARA HOTEL SHAHRAZADE HOTEL SMARA HOTEL SOFITEL HOTEL SOUIRI HOTEL TAFOUKT HOTEL TAFRAOUT HOTEL VILLA MAROC HOTEL VILLA SOLEIL PALAZZO DESDEMONA VILLA DAMONTE

MAISON D'HOTES

AZZOUZ 7 CAVERNE D’ALI BABA DAR ACHAY DAR ADUL DAR AL BAHAR DAR BAOUSSALA DAR EL PACHA DAR HALIMA DAR KENAVO DAR LALLA DAR LIOUBA DAR MIMOSAS DAR NAFOURA DAR NESS DAR SALSA JARDIN DES DOUARS LA CASA DEL MAR MAISON DES ARTISTES RIAD AL ARBOUSSAS RIAD AL KARAM RIAD AL ZAHIA RIAD ASMITOU RIAD BLEU MOGADOR RIAD CASA LILA RIAD DAR LOULEMA RIAD GYVO RIAD LE GRAND LARGE RIAD LES TERRASSES RIAD LUNETOILE RIAD MALAIKA RIAD MAROSKO RIAD VILLA BAGDAD RIAD WATIER TAMAYOURT

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024.785.834 024.475.291 024.475.291 024.476.900 024.783.756 024.783.636 024.475.122 024.473.858 024.473.494 024.475.234 024.783.434 024.475.046 024.476.732 024.475.828 024.476.188 024.785.363 024.474.141 024.474.909 024.473.264 024.475.907 024.785.753 024.475.230 024.474.822 024.783.555 024.475.292 024.476.436 024.475.655 024.479.000 024.475.339 024.784.504 024.476.276 024.476.147 024.472.092 024.472.227 024.474.732 024.472.850 024.475.354 024.783.543 071.520.221 024.476.831 024.474.345 024.473.724 024.476.017 061.207.069 024.476.744 024.476.297 024.475.934 024.472.855 024.476.804 024.474.323 024.476.492 024.475.091 062.605.438 024.472.610 067.059.684 024.473.581 024.473.726 024.784.128 024.475.545 024.475.346 024.475.102 024.472.866 024.475.114 024.474.689 024.473.861 024.475.409 024.472.023 024.476.204 068.166.830

VILLA GARANCE VILLA QUIETA VILLA SAADA

RESIDENCES

RESIDENCE DAR CARLO RESIDENCE EL MEHDI RESIDENCE LE KAOUKI VAGUE OCEAN BLEU VENT DES DUNES VILLA SARAH VILLA FLORA

024.473.995 024.785.004 078.012.050 024.783.685 024.475.943 024.783.206 024.472.324 024.475.391 024.472.494 024.473.946

AUTRES HEBERGEMENTS AUBERGE BELLE DE MAI AUBERGE DE LA PLAGE AUBERGE TANGARO CASA NAIMA CAMPING DES OLIVIERS LE CALME MAISON DU CHAMEAU WINDY KAOUKI

024.472.149 024.476.600 024.784.784 078.961.880 024.475.500 024.476.196 024.785.962 061.256.383

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Réf VE70: Villa rénovée de 3 chambres en parfait état, à 25 km d’Essaouira, beau jardin, eau, tel., électricité, 3 chambres, belle prestation. 220.000 euros

Réf AE102 :Appartement 65 m² au dernier étage avec belle terrasse, 2 chambres, salon, cuisine, salle d’eau. 37.000 €

RESTAURANTS

AL FERDAOUSS 024.473.655 BAB LAACHOUR 024.476.670 BEAU RIVAGE 024.475.925 BELDY 024.476.712 BELLE DE MAI 024.792.149 CHALET DE LA PLAGE 024.475.972 CHEZ FRANCOISE 068.164.087 CHEZ MERMOUZ 024.476.485 CHEZ SAM 024.476.238 COTE PLAGE 024.479.000 CREPERIE MOGADOR 024.783.096 DAR AL HOUMA 024.783.387 DAR BABA 024.476.809 DAR LOUBANE 024.476.296 DAR SALTANE 024.475.973 DE LA BAIE 024.474.076 EL KHAIMA 024.476.052 EL MENZAH 024.475.308 EL YAKOUT 024.476.249 ELIZIR 024.472.103 ESSALAM 024.475.548 HEURE BLEUE 024 783.434 IL GABBIANO 065.024.035 IL MARE 024.476.417 KM 8 066.252.123 LA DECOUVERTE 024.473.158 LA LICORNE 024.473.626 LA MOUETTE D’ESSAOUIRA 024.474.705 LA PETITE ALGUE 024.784.828 LA PETITE PERLE 024.475.050 LA RENCONTRE 024.476.617 LAAYOUNE 024.474.643 LAWAMA 024.783.630 LE 5 024.784.726 LE COQUILLAGE 024.476.655 LE DAUPHIN 024.476.732 LE PATIO 024.474.166 LE SIROCCO 024.472.396 LE TAROS 024.476.407 LES 3 PORTES 066 646 261 LES ALIZES MOGADOR 024.476.819 LES CHANDELIERS 024.475.827 OCEAN VAGABOND 024.783.934 PASSAGE 24 024.473.330 RAMSESS 024.472.139 RIAD AL BARAKA 024.473.561 VILLAGE HOTEL MEZIANE 061.096.591 VIVALDI 024.476.813 ZERDA 024.785.642

Réf VE67: Villa en cours de finition (200m²), terrain 500m², 3 chambres et 3 sdb, piscine prévue. Vue dominante sur Océan. Très rare ! 350.000 euros

Réf RE179: Riad rénové vendu entièrement meublé, 4 chambres, 4 salles de bain, 250m² habitable, très lumineux ! 300.000 euros

Réf RE162 : Riad rénové clé en main, vue mer imprenable, 2 chambres, 2 salles de bain, 40m² au sol sur 4 niveaux + terrasse. 155.000 euros

Réf AE201: 2 appartements rénovés en Médina, 1 chambre, 1 sdb, bcp de lumière, 140 m² habitable+terrasse, vue dégagée, très belle situation, rapport locatif. Prix: 200.000 euros

Réf RE164: Superbe grand riad du XVIII° siècle, rénové, 250 m² au sol, colonnes et voûtes en pierre, 5 chambres, 5 salles de bains, 2 suites, grande terrasse vue mer, idéal maison d’hôtes


loisirs CHAMEAUX TAXIS MAISON DU CHAMEAU ESSAOUIRA TRANSPORT Route de Marrakech, 7 km Tél : 061 20 71 64 Tél : 024 78 59 62 QUADS NAUTISME CAP QUAD CLUB MISTRAL Tél : 066 25 21 45 Av. Mohamed V Tél : 061 13 56 44 CALECHES Promenades au départ de BAB DOUKALA VELOS-MOTOS LOCATIONS ANOUAR Tél : 068 58 73 97

THALASSO SOFITEL Avenue Mohamed V Tél : 024 47 90 00

VELOS YOUSSEF Tél : 072 04 40 67

HAMMAMS Hammam MOUNIA Medina Essaouira Tél : 024 78 42 47

CHEVAUX EQUIDIA Tél : 061 13 83 24

SPA HEURE BLEUE PALAIS Bab Marrakech Tél : 024 78 34 34

24, Rue Laalouj (près du musée)

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MUSEE Rue Laalouj Tél : 024 47 53 00 GALERIES DAMGAARD Av. Oqba Ibn Nafiaa Tél : 024 78 44 46 LE TAROS Place My Hassan Tél : 024 47 64 08 BIBLIOTHEQUES LE TAROS Place My Hassan Tél : 024 47 64 08 DU DIALOGUE ET DU PARTAGE Rue du Caire - Dar Souiri Tél : 024 47 52 68

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rallye a誰cha des gazelles 2007..... au taros

people...

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live

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