le bon artisan
Texte & Photo Elise Monnier
Claire Galteau DE L’OR DANS LES MAINS En face de l’ Hôtel Drouot, parmi les numismates et
presque 20 ans, avant de revenir à ses premiers
les experts philatélistes, se cache l’atelier lumineux
amours, la restauration et la conservation, elle nous
et confidentiel de l’Artisan Doreur. Claire Galteau
explique ce virage : « Je ne prenais plus le temps
profite du temps de séchage de son dernier ouvrage
d’apprécier les objets, et comme ce n’est pas la valeur
pour nous présenter l’étendue de son précieux
de ceux-ci qui m’intéresse mais leur charme… » Claire
savoir-faire.
reprend alors une formation de dorure à la feuille et ouvre l’Artisan-Doreur en 2007. Cette technique n’a
Nous sommes immédiatement accueillis par les
pas bougé depuis l’antiquité. Il est l’heure de parler
vapeurs d’essence de térébenthine et une majes-
d’or à la lumière de notre imposante console. Après
tueuse console XVIIIe en fin de rénovation où un beau
un passage chez un sculpteur qui répare et comble
soleil d’hiver vient se réfléchir. Difficile d’imaginer la
son support, elle atterrit ici où Claire commence à
bête avant le passage des mains expertes de notre
travailler, « dans le cadre de la restauration, je pré-
artisan-doreur, mais photos à l’appui, elle nous fait
serve au maximum la dorure existante », souligne-
remonter les patines du temps. Faisons connais-
t-elle, avant d’attaquer la dorure, elle ne pose pas
sance avec cette fée qui redonne aux objets meurtris
moins de 12 couches d’enduit à base de Blanc de
leur flamboiement d’origine. Il y a 25 ans, Claire se
Meudon mélangé à de la colle de peau de lapin, « Je
forme au métier d’ébéniste-restaurateur et déve-
travaille comme au XVIIe ! » sourit Claire. Les détails
loppe une solide connaissance technique des objets
sont perdus avant la reparure, où en orfèvre, Claire
et du bois. Confrontée à la misogynie qui règne dans
re-dégage la sculpture avant d’y poser le Bol d’Ar-
le milieu, elle se tourne vers l’expertise de mobilier
ménie, la préparation argileuse qui permet à l’or
et objets d’art du XVIIIe siècle où elle verra défiler
d’accrocher, « La feuille d’or est tellement fine (ndlr:
plusieurs centaines d’objets par an et cela pendant
moins d’un micron d’épaisseur) qu’elle révèle tous
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