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Samedi de Pâques
Samedi de Pâques, en marchant vers…
Maison de la littérature, 20 avril 2019, 13h48. Je viens écrire à la Maison de la littérature pour m’entraîner en vue du marathon d’écriture du 4 mai. Je me suis inscrit comme les autres fois, mais j’ai bien peur de manquer d’inspiration, comme les autres fois. Alors peut-être que si j’écris aujourd’hui, ici, je vais apprivoiser le lieu? Rompre le maléfice? Ça fait longtemps que je n’ai pas écrit. Ces temps-ci, je dors beaucoup et j’aime manger mes émotions; j’aime manger tout court, tout le temps j’aime manger. Il y a une Acadienne, Angèle Arseneault, qui en a fait une chanson, Moi j’mange, disponible sur Youtube. Mercredi matin, je suis parti de chez moi de bon matin. Tranquillement, je suis descendu par la rue Sutherland, puis ai tourné à droite sur la rue Lavigueur jusqu’à la côte Badelard, en épingle à cheveux, qui a déjà été surnommée La côte de la négresse1 , parce qu’il fût un temps où une dame de race noire tenait un bordel dans le haut de la côte. Au bas de l’escalier de la côte, il y a une cabane à livres où je fais un stop. Une femme est venue porter des livres des pièces de théâtre de Michel Tremblay. Ça ne m’intéresse pas le théâtre de Michel Tremblay. On n’est pas obligé de tout aimer? J’ai dit à la femme, je me suis confessé, je lui ai dit que parfois je prenais des livres de la cabane à livres et que je les revendais à des librairies de livres usagers. Elle n’était pas très fâchée et m’a simplement répondu d’un ton neutre: «Ce n’est pas supposé. Le principe de cette cabane et des cabanes en général est la gratuité des livres.» J’ai acquiescé à son commentaire. Puis, j’ai repris mon petit bonhomme de chemin. J’ai traversé la rue Arago, celle qui longe la falaise depuis la côte de la Pente douce — si chère à Roger Lemelin et ses Plouffe — jusqu’à la côte d’Abraham, puis j’ai marché sur la petite rue qui n’est même pas sur Google, mais qui mène à l’ancien estaminet L’Impasse des deux Anges fondé puis géré par ce cher Obélix, personnage haut en couleur qui avait hérité de ce surnom parce qu’au temps des communes dans le Quartier latin du Vieux-Québec, il abattait la besogne comme pas un, avec une force Obélixienne. Puis j’ai traversé le stationnement de l’ancienne Dominion Corset qui fait toujours l’objet de nombreuses spéculations parce que beaucoup de promoteurs salivent à simplement voir ce grand terrain sous-exploité, selon eux. Après avoir attendu le petit bonhomme blanc des feux de circulation au coin des rues Dorchester et Charest, je m’engageai le pied alerte, entouré d’autres badauds. Enfin, j’atteignis sans encombre la rue Saint-Joseph et la bibliothèque Gabrielle-Roy2, objectif de ma randonnée pédestre, ce matin-là. Je sortis quelques livres de bandes dessinées d’Assasins’creed et m’installai confortablement dans un fauteuil pour les relire puisque je les avais lus la semaine dernière. Je sais que je suis néophyte en jeu vidéo, mais «vieux motard que jamais»! Finalement, je n’avais pas d’inspiration, mais j’ai quand même écrit une page de journal de bord. On verra pour le marathon, mais, en attendant, je vais envoyer ce texte à La Quête. On ne sait jamais, parfois ils aiment bien quand je raconte mes blues.
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BERNARD ST-ONGE
P.-S. 3 mars 2022. Au sujet de l’Ukraine, c’est sûr que l’OTAN a beaucoup agrandi son territoire avec les années, mais, mon Dieu, Monsieur Poutine, faites l’amour et non la guerre, parole de poète.
1Je sais que c’est un mot en «n», mais c’est historique. 2La bibliothèque Gabrielle-Roy, un des premiers joyaux de la revitalisation du quartier Saint-Roch autour de 1982, subit une rénovation de fond en comble depuis un peu plus d’un an.