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Un pas à la fois
Depuis deux ans, j’ai l’impression que mon environnement se limite au sentier qui mène de mon salon à l’épicerie ou à la pharmacie. Mon environnement quotidien se résume à mon petit appartement de 4 pièces et 1/2. Ma cuisine pour préparer les repas et mon salon pour écouter la télé. Ma chambre à coucher, j’y passe aussi beaucoup d’heures à cogiter sur un avenir qui tarde à se concrétiser. Je dors très peu très mal ce qui me rend de plus en plus irritable. Mon cerveau est décontenancé de l’improvisation incessante liée à tout ce qui concerne la COVID-19. L’anxiété d’anticipation s’est installée et projette des images sombres à court terme. Même après avoir reçu une troisième dose, mes déplacements sont limités, le couvre-visage est obligatoire partout où je vais. Je dois présenter mon passeport vaccinal pour aller au restaurant ou à la quincaillerie. Après une petite pause à l’automne pour reprendre quelques activités, voilà qu’on recule encore une fois devant l’ampleur des éclosions du virus. J’ai dû mettre mon temps des Fêtes à la poubelle pour la deuxième année consécutive. J’ai à peine vu mes enfants et mes petits-enfants depuis deux ans. Ils ont tellement grandi et évolué dans les deux dernières années, et j’ai manqué ça à cause d’un virus invisible qui impose des couvre-feux et des interdictions de contacts. Pas question de voyager pour le moment. J’ai perdu le rythme. J’ai bien doublé la superficie de mes plates-bandes l’été dernier, et regardé pousser les fleurs dans ma petite cour en partageant quelques photos. J’ai fait quelques marches avec des amis, toujours en ayant en tête que je devais gérer le risque.
ENVIRONNEMENT IMMÉDIAT
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Je n’ai pas vraiment envie de parler d’environnement en termes d’écologie. Mon objectif n’est pas de conscientiser les humains sur l’importance de la planète, non, c’est mon environnement immédiat qui est menacé, le contact avec mes proches. Mon environnement depuis deux ans, c’est mon bureau pour écrire et ma table à dessiner qui se trouvent dans la même pièce que ma bibliothèque personnelle. On en a vite fait le tour. Mes murs sont tapissés de dessins, de photos ou d’affiches d’activités réalisées avant la COVID. C’est très apaisant et stimulant d’y jeter un œil lorsque les BLUES s’emparent de moi avant d’écrire un texte. Mais est-ce suffisant? Comment demeurer sain en étant isolé? L’humain a l’habitude de se regrouper pour des sports d’équipes, de former des comités de citoyens pour revendiquer ou des coopératives pour avoir une parole plus forte devant un gouvernement de plus en plus sourd. Ceux qui le peuvent encore envoient leurs enfants en garderie pour les socialiser, ensuite l’école prend la relève pendant que les enseignants à bout de souffle tiennent le système à bout de bras. C’est ça l’environnement depuis deux ans. Avant de penser à sauver la planète, nous devons penser à sauver notre propre peau.
Illustration : Vig no
S’ADAPTER
Je ne m’avoue pas vaincu, mais admettez qu’il y a des jours plus difficiles que d’autres. Jamais je n’ai connu une expérience planétaire comme celle que nous traversons actuellement. Garder espoir en des jours meilleurs devient presque inimaginable si on ne s’accroche pas à des histoires de résiliences réconfortantes. Souvenons-nous que nous vivons dans un pays riche. Nous avons un toit sur la tête, de la nourriture et des vêtements pour subsister. Malgré ses débordements et ses défaillances, nous avons un système de santé publique qui permet à tous d’être soignés sans discrimination. Ici, je vais me garder une petite gêne. Nous faisons partie des privilégiés qui ont accès aux vaccins facilement. Si la Terre est mon environnement, je me dois d’être solidaire et de passer en mode action pour intervenir à mon niveau pour améliorer la situation. Vous connaissez le dicton, c’est en mettant un pied devant l’autre, un petit pas à la fois, qu’on atteint les plus hauts sommets. Alors, c’est à nous d’y voir et d’en prendre responsabilité. J’essaie de m’adapter un jour à la fois pour rendre mon environnement viable. Simplement,