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Déneiger à la sauce écologique!
«Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver », chante Gilles Vigneault. La neige n’a plus de secret au Québec. Et pourtant, ces petits flocons blancs deviennent vite dangereux lorsqu’ils s’accumulent au sol. Afin d’éviter les accidents et de prévenir les dérapages, le déneigement et le déglaçage sont obligatoires. Divers abrasifs — sel, sable, gravier — sont utilisés pour entretenir les routes ou les entrées résidentielles. Ces matières sont nocives pour l’environnement et même si elles sont moins courantes, des solutions écologiques et sécuritaires existent.
Les produits de déglaçage sont responsables de plusieurs problèmes environnementaux. Ces abrasifs contaminent les eaux de surface et souterraines, ainsi que les puits en altérant le goût et entraînant des conséquences sur notre consommation d’eau quotidienne. Le sel atteint la nappe phréatique, les rivières et les lacs par le ruissellement. Une publication produite par le ministère des Transports du Québec sur les bonnes pratiques d’épandage mentionne que ces déversements augmentent la concentration de chlorure de sodium dans l’eau, parfois jusqu’à 18000 mg/L. Son taux naturel maximum est de quelques milligrammes par litre. Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques explique que le surplus de phosphore déséquilibre le pH, ce qui favorise la formation d’algues bleu-vert, l’eau devenant ainsi impropre à la consommation. Autrement, les sols sont marqués d’une réduction de la perméabilité et de la fertilité. Ces bouleversements entraînent des conséquences directes sur la faune et la flore. En plus d’être corrosifs pour les infrastructures municipales, les abrasifs se détériorent et affectent la qualité de l’air. Le sable et le gravier sont, eux aussi, proscrits. André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, affirme que même si ces minéraux sont moins toxiques, la circulation automobile les réduit en poussière. Effectivement, les particules fines de moins de 2,5 micromètres pénètrent directement dans les alvéoles pulmonaires. Leur utilisation a donc un impact considérable sur la santé des personnes souffrant de problèmes respiratoires ou cardiaques.
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SOLUTIONS ORIGINALES
Tout d’abord, le jus de betterave. Mélangé au sel de voirie, c’est une recette gagnante. À Cowansville, en Montérégie, la ville déglace ses rues avec cette curieuse mixture. L’abrasif est alors trempé dans le jus violet, ce qui permet une meilleure adhérence au sol. Le ministère des Transports souligne que le produit s’avère antidérapant jusqu’à - 28°C et que l’ajout du légume permet de diminuer la quantité de sel d’environ 30%. Une application préventive offre un résultat bonifié sur une plus longue durée. Le déglaçant donne une teinte caramel à la neige. Pas de route mauve betterave malheureusement. Les villes de Saguenay, Magog, Granby et Dolbeau-Mistassini, quant à elles, ont cessé l’utilisation d’abrasifs dans certains secteurs résidentiels. Ces lieux sont désormais appelés: «quartiers blancs». À Granby, afin de protéger le lac Boivin, 182 km des 500 km de routes sont entretenus sans additifs. Pour votre entrée résidentielle, rien de mieux qu’un déneigement à l’ancienne. Avec un effort physique et une bonne pelle, déneiger dès le début des précipitations permet d’empêcher la formation de glace.
Les opérations déneigement ont été nombreuses au cours du dernier hiver.
SOLUTIONS DOUTEUSES
Le marc de café, testé par une rédactrice de La Quête, possède des propriétés antidérapantes. Pensez-y-bien, puisqu’à la fonte, vous vous retrouverez avec une flaque de café devant votre entrée. Certes, vos voisins s’inviteront peut-être à déjeuner. À Saint-Valérien, près de Rimouski, la municipalité utilise un liquide à base de sirop de maïs sur la neige. Efficace! Cependant, si vous optez pour cette technique, songez à bien essuyer vos bottes, au risque d’étendre une mixture gluante un peu partout dans la maison. En France, une compagnie a créé un produit qui accélérait la fonte des neiges à partir de la pulpe des raisins tombés dans les vignes. Effectivement, celle-ci possède des propriétés exothermiques. Selon l’entrepreneur suisse et inventeur du produit, Florent Théotiste, cette solution serait rentable au Québec à condition que le marc de raisin provienne de l’Ontario ou de la Floride. Mieux vaut vivre près d’un vignoble. Vous n’êtes pas convaincus? Il ne vous reste qu’à ouvrir le réfrigérateur et à trouver le prochain aliment antidérapant!