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Plein air responsable

Les parcs régionaux du Québec ont enregistré des records de fréquentation durant la pandémie. Bien que cet afflux de visiteurs soit bénéfique en termes de santé publique, il génère cependant plusieurs enjeux, notamment la protection de l’environnement et la sécurité des visiteurs. Jacques Préfontaine, directeur général du Parc régional du Massif du Sud, témoigne des impacts qu’a eus la pandémie sur la gestion de son site.

Le Parc régional du Massif du Sud, situé dans les MRC de Bellechasse et Les Etchemins, a enregistré une croissance de 56% du nombre de visiteurs en 2020 par rapport à l’année précédente, d’après son directeur. «Ça représente une augmentation de fréquentation qu’on aurait eue en 2 ou 3 ans normalement», précise M. Préfontaine. Cette hausse de l’achalandage s’est poursuivie en 2021 avec 21% d’augmentation par rapport à 2020. Si le gestionnaire se félicite du fait que la pandémie ait mis de l’avant les territoires et les parcs régionaux du Québec, il a toutefois dû composer avec de nombreux défis liés à l’arrivée d’une clientèle néophyte en matière de plein air. Ces pleinairistes moins expérimentés ne sont pas toujours bien préparés. «En milieu naturel, le risque zéro n’existe pas», souligne le directeur, qui rapporte l’exemple d’une évacuation d’un groupe de randonneurs qui s’est terminée à 23h30, en février dernier. Ils avaient entrepris une excursion sur un sentier de très longue randonnée avant d’être interrompus, après que leur guide a eu un malaise. Confronté à l’augmentation de la fréquence de ce type d’interventions, le parc régional du Massif du Sud prévoit mettre sur pied un registre des situations d’urgence ou de sauvetage afin de mesurer adéquatement le phénomène.

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DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX MULTIPLES

M. Préfontaine a également pu constater de nombreux manquements de la part des visiteurs au niveau de la gestion des déchets. «On a beaucoup de travail à faire en matière de sensibilisation à l’environnement», juge-t-il. Pour ce faire, le gestionnaire compte s’appuyer sur le travail des fédérations régionales afin de sensibiliser le public. L’Association des Parcs régionaux «On a beaucoup de travail à faire en matière de sensibilisation à l’environnement.» Jacques Préfontaine du Québec a produit une série de capsules vidéo en partenariat avec l’organisme Rando Québec afin d’éduquer la population au respect de l’environnement et à l’importance de bien se préparer avant toute activité. «On travaille beaucoup à sensibiliser les visiteurs aux principes Sans trace. «Ça peut être éton- Ce n’est pas complinant pour plusieurs, qué: quand on apporte mais jeter une pelure quelque chose, on le d’orange ou une pelure rapporte», explique de banane dans la forêt, Valérie Bélanger, resce n’est vraiment pas ponsable du dévelopune bonne idée.» pement des parcs réValérie Bélanger gionaux à l’Association des parcs régionaux

Le Parc régional du Massif du Sud a accueilli près de 80000 visiteurs en 2021.

: Parc régional du Massif du Sud Crédit photo

Un moment céleste à La Crête des grives! du Québec (PaRQ). Une des 3 capsules vidéo porte justement sur ces sept principes, qui visent à définir une «éthique» des activités de plein air (voir encadré). «Ça peut être étonnant pour plusieurs, mais jeter une pelure d’orange ou une pelure de banane dans la forêt, ce n’est vraiment pas une bonne idée», lance la spécialiste. Comme ces fruits ne poussent pas dans les forêts québécoises, ils ne peuvent pas se décomposer adéquatement dans la nature. De plus, ces déchets attirent les animaux, qui ne sont pas habitués à les manger, et qui peuvent tomber malades.

L’IMPORTANCE DE «MARCHER DANS LA BOUE»

Le contournement des «trous de bouette» par les visiteurs est un autre enjeu important identifié par l’équipe du Parc régional du Massif du Sud et à travers tout le réseau des parcs régionaux du Québec. «On essaie de sensibiliser les gens au fait que […] c’est préférable de marcher dans la boue plutôt que de contourner le sentier. Parce que si on est plusieurs à passer à côté de la boue, le sentier va s’élargir et ça va endommager le milieu naturel qui est autour», indique-t-elle. Le développement responsable des parcs régionaux est d’autant plus important que ceux-ci jouent un rôle essentiel dans l’offre de «plein air de proximité», au cœur de la politique québécoise de l’activité physique, du sport et du loisir intitulée Au Québec, on bouge! «Ce qu’on entend par plein air de proximité, c’est d’avoir une belle forêt ou un beau lac proche de chez soi, avec des sentiers aménagés et un milieu sécuritaire où on peut aller bouger presque au quotidien. Ça encourage les gens à être plus actifs, à avoir du plaisir dehors et ça a un impact sur la santé physique et mentale. C’est notre philosophie», résume Mme Bélanger.

Les 7 principes Sans trace

Sans trace Canada est un organisme à but non lucratif qui a pour but de promouvoir l’usage responsable des aires naturelles par l’entremise de l’éducation, de la recherche, et de partenariats. L’organisme a élaboré 7 principes encadrant les activités de plein air, afin d’assurer la sécurité de tous et le respect de l’environnement.

1. Préparez-vous et prévoyez 2. Utilisez les surfaces durables 3. Gérez adéquatement les déchets 4. Laissez intact ce que vous trouvez 5. Minimisez l’impact des feux 6. Respectez la vie sauvage 7. Respectez les autres usagers

MARIE HANQUEZ

Des informations détaillées sur chacun des principes sont accessibles sur le site de l’organisme: https://www.sanstrace.ca/accueil

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