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Communiquer au temps de la COVID
Depuis plus d’un an, la Covid-19 nous force à adapter toutes les sphères de notre vie. Dans les communications? Les conversations virtuelles dominent et les interactions physiques prennent le bord! Or, le langage non verbal, lui, est d’autant plus important qu’avant, mais beaucoup plus difficile à lire, selon Lisa Starr, professeure adjointe à l’Université McGill.
LE NON VERBAL EN CLASSE N’AIDE PLUS
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Professeure adjointe au département d’études intégrées en éducation de l’Université McGill, Lisa Starr affirme que les indices non verbaux d’écoute sont pratiquement non-existants dans les classes virtuelles. Spécialisée dans le développement de techniques d’enseignement cherchant à transformer l’environnement d’apprentissage, la Dre Starr explique que pour un professeur les signes qui reflètent un bon taux d’écoute dans la classe sont plus difficiles à aller chercher sur Zoom qu’en présentiel. «Les silences sont nombreux et les hochements de têtes ne suffisent pas, surtout quand ils ne sont pas visibles à cause d’un partage d’écran», déclare-t-elle. Pour la professeure, les visages monotones et les écrans noirs nuisent à un environnement d’apprentissage stimulant puisqu’ils n’illustrent pas un public engagé. «C’est difficile pour une professeure de savoir si la classe suit bien le cours ou si les étudiants sont distraits, parce qu’on n’a pas accès à toute l’information que le body language offre en présentiel, lance-t-elle, mais au moins il y a des émojis pour réagir sur Zoom.»
TOUT REPOSE SUR UNE QUESTION D’APPARENCE
Étudiante en première année aux HEC Montréal, Leila Akour estime, pour sa part, que la pandémie l’a poussée à être plus consciente de son apparence qu’auparavant. «Je suis un peu déchirée entre vouloir bien paraître à la caméra, parce que je sais que tout le monde me voit, et rester en mou parce que je passe la journée dans ma chambre», explique-t-elle. Il était clair, pour l’étudiante, qu’il fallait se préparer «un minimum» et être présentable lorsque l’école s’offrait en présentiel. Toutefois, il semblerait qu’aujourd’hui le message envoyé de façon non verbale est difficile à cerner, puisque, selon elle, deux contextes différents se chevauchent: l’école et le confort de la maison. Une solution pour remédier à ce questionnement est de ne tout simplement pas allumer sa caméra, déclare l’étudiante; une option qui ne semble pas faciliter le travail des professeurs dans ce contexte d’enseignement à distance. Leila Akour conclut qu’il est «drôle de penser que je parle quotidiennement à des personnes que je n’ai jamais rencontrées personnellement et elles ont accès à ma chambre, à mon espace privé.»
UN RETOUR EN PERSONNE QUI N’INCLURA PAS LA BISE
Selon Frédéricke Séguin, infirmière au département des soins intensifs de la Cité-de-la-Santé à Laval, un retour à nos habitudes de communication physique n’est pas envisageable de sitôt. L’infirmière dit mal se voir donner des câlins et faire la bise, en guise de salutation, à des personnes qui ne font pas partie de son entourage très rapidement après la fin de la pandémie. La Covid est venue «dénaturer mes zones de confort», déclare-t-elle. Frédéricke Séguin explique que son travail consiste à traiter, et donc interagir physiquement, avec des patients qu’elle ne connaît pas personnellement. Toutefois, elle distingue son devoir d’infirmière à ses habitudes individuelles et dit ne pas s’imaginer «faire la bise aux amis des amis à Noël: je vais me contenter de lancer un salut de la main».
DINA JEHHAR
: Alexandra Koch
Montage de Pixabay