la popote citoyenne LE JOURNAL LOCAL QUI DÉCAPE ! N° 3- Décembre 2021
EDITO « C’est comme ça ça a toujours été comme ça on ne peut rien faire » Vous aussi, vous avez souvent entendu cette litanie ? Rien ne m’agace plus que ce genre de constat à l’effet anesthésiant dévastateur. La résignation l’emporte sur la mobilisation, l’inertie sur l’action, le conformisme sur l’imaginaire. Et on croit que : -la marche du monde capitaliste est inéluctable. -les lois du marché sont une sorte de nécessité naturelle. -la corruption des dirigeants relève d’une fatalité. « C’est comme ça, on ne peut rien faire » Hé bien, non! C’est pas comme ça ! Et on vous le prouve ! Dans ce numéro, nous avons choisi de consacrer une place importante à ce qui se passe depuis 25 ans au Chiapas et depuis 2011 au Rojava. Deux formes de gouvernance en totale rupture avec ce que nous connaissons. Ça ne se passe pas dans une autre époque, sur une autre planète, non, c’est à côté de chez nous et c’est maintenant ! Que les citoyen-nes aient le pouvoir de décision: c’est possible ! Que les représentants ne fassent pas partie de l’oligarchie et soient à tout moment comptables de leurs actions : c’est possible ! Que les intérêts du plus grand nombre et le bien commun ne soient pas confisqués au profit d’une minorité parasite : c’est possible! Que les lois du marché ne dictent pas la vie des gens : c’est possible !Le slogan de Thatcher « there is no alternative », le fameux TINA, est juste une manipulation qui a fait trop de dégâts en empêchant les peuples de penser un autre monde et de le mettre en place. Sans tarder. Car si c’est pas maintenant, c’est quand ?
Lettre ouverte à Madame Mmela la Bibliothécaire Bibliothécaire Que vous m'ayez permis de vivre dans "La zone du dehors" (roman dystopique de Alain DAMASIO) me rend votre obligé. Évidemment, sa lecture et le fait de ne plus avoir le droit de fréquenter votre établissement me contraint à vous rendre ma carte de bibliothèque puisque je suis désormais et de façon non romanesque relégué dans la zone du dehors. Oh bien sûr, ainsi que vous me l'avez expliqué, vous n'en êtes pas responsable et vous ne faites qu'appliquer les directives venues "d'en haut". Au même titre que celui qui visse les boulons de la mitrailleuse n'est pas responsable de l'usage de mort qui en sera fait. La terrifiante "banalité du mal" si bien analysée par Hannah ARENDT et qui consiste à découper l'exécution de l'horreur en une multitude de tâches innocentes pour que chacun ait la conscience tranquille. Quoi de plus innocent que de serrer un boulon ? Et quoi de plus innocent que de scanner un QR code ? Mais sommes nous si sûrs que je, que vous, que nous ne sommes pas un peu beaucoup à la folie responsables individuellement et collectivement de cette situation de relégation de 10 à 15% de la population ? Sont-elles complotistes ces nombreuses personnes vaccinées qui manifestent les samedis après midi contre le pass sanitaire ? Sont-ils irresponsables ces bibliothécaires de Grenoble qui sont en grève depuis un mois pour ne pas avoir à procéder à ce tri entre les bons et les mauvais lecteurs ? Sont-ils asociaux ces vaccinés (par choix personnel ou par obligation) titulaires d'un QR code et qui refusent de l'utiliser pour boire un café au bar du coin ou...pour prendre un livre à la bibliothèque ? Non,c'est simplement qu'ils ont peur ! Mais une peur d'une autre densité que celles dont se repaissent les LCI, CNews et consorts (...d'être malade, ... de l'autre ... de mourir... de l'étranger... ). Celles-la, ils les connaissent aussi peu ou prou, c'est le lot commun à chaque membre de l'humanité. J'imagine bien qu'ils ont dû vous emprunter et potasser les Mémoires de guerre de Ch. de GAULLE où il écrivait en 1959 : "À la base de notre civilisation, il y a la liberté de chacun dans sa pensée, ses croyances, ses opinions, son travail, ses loisirs". Et les 30 lois liberticides votées en 20 ans (une autre est actuellement en discussion devant le parlement : la loi de sécurité globale) ne peuvent que les conforter dans leur peur viscérale de mise à mort de la liberté et nous faire réagir. Alors je tiens à les remercier du fond du cœur pour leurs actes de résistance. D'ailleurs, je m'en vais derechef abonder la caisse de grève des bibliothécaires de Grenoble et si ça se trouve, j'aurai le plaisir de vous saluer à une manifestation du samedi après midi.
LE POPOTE CITOYENNE N° 3– DÉCEMBRE-
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