La gazette de la
lucarne
15 novembre 2012 2 €
n 53 o
La Lucarne des Écrivains, 115 rue de l’Ourcq, 75019 Paris – tél. : 01 40 05 91 29 – http://lucarnedesecrivains.free.fr
d e r u u e révei l h ’ l À « Debout les gars, réveillez-vous, il va falloir en mettre un coup... on va au bout du monde » Enfin, tout le monde n’y va pas… Quand pour les uns, il s’agit d’abord d’assouvir un besoin naturel pressant avant de songer à d’autres délices, pour les autres, il faut aller régler des urgences, nécessités municipales obligent, alors que leurs pensées, elles, s’appliquaient déjà à orchestrer la nouvelle journée. Pour certains, trouver les mots pour effacer les maux d’un bonheur perdu est une nécessité. Capturer les empreintes laissées par l’œuvre des autres… Quant à ceux qui cherchent leur rythme, il y a ceux qui s’éveillent à l’heure où d’autres rêvent encore, en proie à leurs chimères ou refusant la tyranie d’un rythme imposé. Il y a aussi ceux qui, à l’époque des frimats et de l’âpreté de l’existence, penchent plutôt pour la plume. Quand d’autres affrontent cette rigueur sans savoir qu’il pourrait en être tout autrement. Quoi qu’on en dise, le rêve veille à notre éveil… Emmanuelle Sellal
L’heure où on s’abade Paul Desalmand
T
ous les matins, je me réveille tôt, après quoi je traîne au lit au durant une période qui peut durer dix minutes ou cinq heures. Une question se pose qui me paraît être d’ordre philosophique : pourquoi est-ce que je me lève à telle heure plutôt qu’à telle autre ? Ainsi, ce matin, je me suis réveillé à cinq heures et je me suis extirpé du lit à huit heures dix. Et non à huit heures dix-sept ou à onze heures. L’heure du réveil ne semble pas être du ressort de la volonté puisqu’elle a été liée à un besoin pressant d’aller pisser ma goutte après quoi je suis revenu entre mes draps. Mais l’heure du vrai lever, après quoi commence la journée d’activité ? Il m’arrive, pour me décider à m’abader (mot savoyard), que j’évoque le petit-déjeuner pris à la cuisine ou dans un café proche. Ce matin, la volonté de mettre cette interrogation par écrit paraît avoir été l’élément
ANDREI NIEMIMÄKI
ÉDITORIAL
déterminant. La question reste cependant entière. Pourquoi huit heures dix et non huit heures douze ? J’ai l’impression qu’une personne souhaitant s’adonner à la philosophie pourrait s’arrêter sur cette question, par exemple, justement, durant cette période de latence qui se situe entre le moment où l’on sort du sommeil et celui où l’on sort du lit. Le philosophe rigoureux d evrait d’ailleurs commencer par une question plus fondamentale : pourquoi est-ce que je sors du lit ? Pourquoi est-ce que je n’y reste pas ? Sartre a plus ou moins répondu avec son idée d’une analyse régressive qui, d’étape en étape, conduit à un choix fondamental, non effectué en toute conscience (du moins une
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