L’UNION EUROPÉENNE DU FÉDÉRALISME À L’IMPÉRIALISME

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À L’IMPÉRIALISME DU FÉDÉRALISME IDENTITÉ ET DÉMOCRATIE PARTI L’UNION EUROPÉENNE

EUROPÉENNE

À L’IMPÉRIALISME DU FÉDÉRALISME IDENTITÉ ET DÉMOCRATIE PARTI L’UNION

L’UNION EUROPÉENNE, DU FÉDÉRALISME À L’IMPÉRIALISME ?

Union fédéraliste ou impérialiste ?

Le sujet de l’impérialisme est crucial et notre groupe est le premier à s’en saisir pour le dénoncer. Les critiques de l’UE portent aujourd’hui sur le fédéralisme mais les évolu tions récentes de la politique européenne démontrent que nous faisons face à un mouvement différent qu’il nous faut combattre d’autant plus. A la faveur de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, l’UE se sent pousser des ailes, à l’instar de l’OTAN, et pense pouvoir prendre le pouvoir.

Jean Tulard a défini ce qu’est un empire : il se caractérise par une volonté expansionniste, une organisation centrali satrice, des peuples encadrés par une armature politique et fiscale commune et la croyance en une supériorité d’es sence (en un destin commun, en une idéologie).

L’empire est donc expansionniste, hégémonique et omnipuissant, et l’Union européenne cumule bien ces éléments précités.

L’UE a évolué depuis les premiers traités et a adopté un style totalitaire, comme le montre son attitude à l’encontre de la Hongrie, aujourd’hui fer de lance de la résistance. Cet abus de pouvoir va loin puisque l’UE n’hésite pas à œuvrer pour changer les mentalités des citoyens afin d’imposer son idéologie. Ce thème central doit donc être traité afin d’éviter cette mainmise de l’UE sur la souverai neté des États membres.

La session plénière cette semaine a bien illustré les dif ficultés auxquelles la Hongrie fait face et notre délégation s’est opposée avec énergie à la volonté de la Commis sion, non élue, de contrer la volonté d’un peuple. Nous devons imposer le respect du peuple.

La situation de Frontex est emblématique de la politique européenne : on s’aperçoit que le rapport de l’OLAF, suite à une enquête par ailleurs à huis clos, conclut qu’il y a eu simplement des erreurs de procédure mais pas de re foulement illégal. Or le directeur a été lâché, forcé à dé missionner et Frontex vient de recruter encore davantage d’officiers des droits de l’homme - qui sont actuellement 46. Ce procédé rappelle ceux des commissaires poli tiques soviétiques. Et l’évolution de l’Union européenne est effectivement de type soviétique.

Introduction par Jean-Paul GARRAUD
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PREMIÈRE TABLE RONDE :

Impérialisme de l’UE et totalitarismes

PREMIÈRE TABLE RONDE :

Impérialisme de l’UE et totalitarismes

L’intérêt pour ce débat est à la fois juridique et poli tique. En tant que juriste, j’aime voir l’enjeu politique derrière le débat juridique. Le droit de l’UE - en parti culier le cheval de Troie qu’est la notion d’État de droit - est une arme présentée comme neutre mais qui est en fait une arme politique et impériale.

Pour rappel, le Parlement européen a adopté le 15 septembre dernier un rapport qui « regrette l’absence d’action de l’UE ayant contribué au délitement de l’Etat de droit et à l’effacement des droits fondamentaux en Hongrie ». Ces accusations sont récurrentes et la Po logne fait également l’objet de critiques régulières. De plus, le pontifiant rapport annuel sur l’État des droits de l’homme et de la démocratie pointe toujours les mêmes États, alors que d’autres pourraient être cités.

L’atteinte à l’État de droit est entre autre caractérisée par l’atteinte au pluralisme démocratique et média tique. La Hongrie est notamment pointée du doigt pour

cela. En France, il faut reconnaître qu’il n’y a pas de pluralisme au sein du service public, pourtant cela ne déclenche pas de critiques de la part de l’UE. Mais, lorsqu’en 2020, la Hongrie adopte une législation pour pénaliser les fausses nouvelles dans le contexte de la crise sanitaire, l’UE la condamne. Nous avons pourtant en France une loi anti « fake news » du même acabit depuis 2018. Autre exemple : le média Russia Today a été récemment censuré, sans doute au nom de la liber té d’informer. L’UE condamne la Pologne pour sa ré pression de manifestations (notamment la Gay Pride) ; on attend les mêmes critiques concernant le traitement des Gilets jaunes en France.

Il y a véritablement deux poids et deux mesures, tou jours au nom de l’État de droit, cette notion juridique qui n’est pas définie mais est invoquée à tout bout de champ. L’État de droit est devenue une vache sacrée alors qu’il s’agit simplement d’une affaire d’opportunité politique.

Qu’est-ce que l’État de droit ?

On en parle comme d’une révélation. C’est une no tion récente qui apparaît à la fin du XIXème siècle, théorisée par le juriste allemand Hans Kelsen, le père du positivisme juridique. Il définit un système au sein

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Pierre GENTILLET Avocat au barreau de Paris enseignant à Paris I Panthéon-Sorbonne Intervention de Pierre GENTILLET,
Première table ronde : Impérialisme de l’UE et totalitarismes

duquel les normes juridiques s’agencent entre elles et où la norme juridique en elle-même compte plus que l’autorité qui la fonde. De là découle un certain nombre de principes juridiques comme celui de l’égalité des sujets devant le droit ou l’existence de juridictions in dépendantes. Cette notion est aujourd’hui utilisée pour brocarder les gouvernements dits populistes qui vio leraient l’État de droit. Il y a désormais une opposition entre État de droit et peuple.

La présentation de cette notion comme neutre est une supercherie car il n’y a pas de neutralité axiologique du droit. L’UE se dit neutre, mais c’est sa position de domi nant qui lui permet de se définir comme tel. Le droit ne peut pas être neutre puisqu’il est le produit particulier d’une culture historique dont les règles ont été patinées par le temps. Il est une construction empirique et non une révélation divine. Or, la déclaration des droits de l’homme est aujourd’hui une révélation équivalente aux tables de la Loi.

Il faut donc apprécier le droit pour ce qu’il est et dé masquer l’idéologie libérale qui avance sans cesse au sein du droit européen. L’État de droit est l’instrument de l’idéologie libérale. Il y a une supercherie qui vise à nous faire croire qu’on crée des droits sans en reti rer aucun autre (cette mentalité est étrangère au bien commun et conforte l’individualisme).

En réalité, on priorise toujours des droits sur d’autres :

• Exemple de l’avortement : on priorise le droit de la femme de décider de mener ou non sa grossesse à terme sur le droit à la vie.

• Autre exemple, celui de l’imam dont l’expulsion a été suspendue par le tribunal administratif au nom de son droit à mener une vie familiale normale. Cette priorisation des droits individuels est une en trave au droit collectif, par exemple ici au droit à la sureté.

La métastase de droits individuels aboutit donc à la destruction des droits collectifs.

Le droit ne peut donc être fait pour un individu seul car il est le produit d’une société. Aujourd’hui, nous assistons à une privatisation de la société, au droit du contrat partout et à la destruction de notre particularité civilisationnelle occidentale.

Il y a une opposition entre un droit abstrait et le droit construit par l’histoire de l’Occident. Et cette opposition est un projet politique qui réclame la dissolution des droits nationaux, qui sont des droits différents, parti

culiers, construits à travers un peuple. C’est pour cela que l’on s’attaque d’abord au droit pour mener un pro jet politique libéral poussé à son extrême.

Le droit européen est en fait un droit anti européen car il n’établit pas une convergence entre les diffé rentes cultures européennes, comme on souhaite nous le faire croire, mais les dissout. L’impérialisme est donc anti européen au sens où il entend détruire les peuples européens et l’État de droit est son arme : l’arme du camp libéral bruxellois qui cherche la dissolution des communautés historiques dans un marché global de consommateurs tous égaux devant la caisse.

La solution pour lutter contre cet impérialisme euro péen est de revenir aux sources du droit, de le penser concrètement et non comme une abstraction et cela demande une rupture totale avec l’apparente neutrali té actuelle. Il faut bâtir un nouveau droit européen qui découle d’un élan vital et soit au service du peuple. J’aime répéter à mes étudiants que, le droit, c’est la vie. Le droit est fait pour nous et non nous pour le droit, il doit être à notre service et l’on peut s’en affranchir, s’en libérer, nous ne sommes pas son esclave.

La politique n’a pas à être déterminée par le droit, c’est l’inverse. Si la Hongrie mandate son gouverne ment pour mettre en œuvre une réforme, aucune règle de droit ne peut lui être opposée si cela correspond à la volonté du peuple. Et c’est pourquoi le droit ne peut être neutre. Or, aujourd’hui, on verrouille la volonté du peuple grâce au droit.

• Autre exemple : Marine Le Pen souhaite faire un référendum afin de modifier la Constitution pour y inscrire la notion de préférence nationale. Certains professeurs de droit constitutionnel lui opposent que ce n’est pas possible de modifier la Constitution par référendum. Donc tout référendum convoqué avec pour objet la modification de la Constitution doit être censuré par le Conseil constitutionnel. De Gaulle a pourtant déjà utilisé l’article 11 de la Constitution en 1962. Cela voudrait dire que toutes les élections depuis sont illégales ? Qui peut déclarer le peuple en État d’illégalité ? On veut mettre des barreaux juridiques à la volonté du peuple.

Certaines élites et les juges veulent faire du droit une somme de prescriptions dont la validité repose sur un commandement obligatoire mais, avant d’être une norme, le droit est l’éthique particulière d’un peuple. Ce n’est pas un produit abstrait et neutre. Il vit, il est une construction empirique et organique qui est le fruit de l’expérience des peuples. Respecter le particularisme des peuples européens c’est respecter la souveraineté juridique de chacun d’entre eux.

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L’impérialisme de l’Union européenne découle de deux caractéristiques : un centralisme oligarchique et une définition idéologique que l’Union européenne s’est donnée.

Le centralisme oligarchique est contenu en germe dès le début de l’aventure européenne (notamment avec la méthode Monet). Il prend pleinement corps au moment de la relance communautaire, du fait de la politique menée par la Commission Delors. Cela avait conduit Margaret Thatcher à dénoncer, dans son discours de Bruges, « le fédéralisme rampant de la Commission », mais il aurait alors fallu dénoncer plutôt le centralisme rampant. Le principe de subsidiarité intégré au traité de Maastricht était là, disait-on, pour contenir cette évolu tion centralisatrice mais il est aujourd’hui détourné de son but et conforte au contraire le centralisme. En effet, suite à la répartition des compétences établie par le traité de Lisbonne, alors qu’à l’origine la Communauté tenait ses compétences des États, les États membres tiennent désormais leurs compétences du bon vouloir

de la Commission, ce qui consacre le centralisme.

L’Union européenne s’est également donnée une dé finition idéologique pour poursuivre ses objectifs poli tiques, formulée pour la première fois en 1997 avec le traité d’Amsterdam, qui réforme celui de Maastricht. L’article 2 définit ce qu’est l’Union, et est ensuite étof fé avec le traité de Lisbonne : « L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimi nation, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes ». Il y a un change ment de nature avec le traité originel car le traité de Maastricht disposait que l’Union respecte les droits fondamentaux. Le basculement du verbe « respecter » au verbe « fonder » change totalement la nature de l’Europe. Or ces grands principes abstraits ne sont pas définis et se contredisent probablement.

Ce qu’il faut retenir, c’est que l’appartenance à l’UE repose donc sur l’adhésion à un programme idéolo gique et sur l’acceptation de valeurs abstraites, expo sées à des interprétations évolutives de la part des ac teurs européens. Cette appartenance repose ainsi sur un contrat et non sur une réalité. De ce point de vue, l’UE diffère de l’Europe, cette dernière étant une réalité historique, géographique et civilisationnelle (synthèse de la philosophie grecque, de la structure de l’empire romain et de l’anthropologie et la spiritualité chrétienne comme l’ont définie Paul Valery ou encore Benoit XVI).

Cette définition idéologique a encore été renforcée par le régime de sanctions et, peu après, l’UE s’est agitée contre l’Autriche à laquelle elle reprochait l’élec tion d’une coalition électorale qui ne lui convenait pas. Aujourd’hui, ce régime de sanctions est utilisé contre la Hongrie. Il faut noter le caractère opaque des re proches formulés par ces instances supra nationales politiquement irresponsables, comme la Commission de Venise. Les reproches étant subjectifs, ils auraient pu s’appliquer à d’autres États membres, comme par exemple concernant le découpage électoral, dont le caractère partisan est une vielle coutume française. A la Hongrie, on reproche aujourd’hui de ne pas laisser se développer la théorie du genre.

Ce mécanisme de sanctions atteste de plusieurs nouveautés :

• Un renversement des relations entre les États et l’UE puisque les États membres ne peuvent sanc tionner l’UE si elle ne respecte pas le principe de

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Philippe PICHOT Maître de conférences en Histoire du droit des institutions à l’université de Brest Intervention de Philippe PICHOT, Première table ronde : Impérialisme de l’UE et totalitarismes

subsidiarité. Il n’y a pas de procédure de contrôle de ce principe et les États sont désormais subor donnés à une Union qui tenait pourtant d’eux son existence.

• Une surveillance idéologique des États, contraints de se faire les promoteurs des valeurs de l’Union, au mépris de l’identité de leurs peuples et des réa lités nationales.

• Enfin, ce mécanisme permet à l’Union d’exercer sur les États une emprise de plus en plus forte.

La question se pose de savoir s’il est pour autant pertinent de comparer ce centralisme idéologique aux systèmes totalitaires qui ont ravagé l’Europe dans le passé. Dans L’Union européenne, une nouvelle URSS, publié au milieu des années 2000, Vladimir Boukovsky, un ancien dissident soviétique, apporte une réponse. Si l’UE semble la parfaite antithèse de l’URSS, il observe avec une inquiétude croissante un certain nombre de similitudes. Il convient d’aborder ce thème avec pru dence, car l’UE n’a certes pas de parti unique ni de police politique. Mais il ne faut pas confondre les ex pressions du totalitarisme et les méthodes dont il se sert pour exercer son emprise avec ce qu’est le totali tarisme dans sa nature.

Le totalitarisme est une entreprise idéologique de destruction de la réalité sociale, ambitionnant de faire table rase des institutions sociales existantes pour construire une société nouvelle et modeler un homme nouveau.

Sa caractéristique essentielle est de s’accaparer chaque homme pour le transformer totalement. Cette conception constructiviste de la société est le fruit du contrat social. Il y a un apport décisif de Rousseau aux conceptions totalitaires. C’est également une concep tion nominaliste, qui affirme que les choses n’existent que par les mots dont on se sert pour les qualifier et la théorie du genre en est l’expression parfaite. Il s’agit d’une négation du droit naturel, confortée par un esprit scientiste qui confère à l’idéologie totalitaire une pré tention à la vérité scientifique et à la rationalité.

Il faut relire la conclusion De la démocratie en Amé rique, dans laquelle Alexis de Tocqueville décrit l’avè nement d’un totalitarisme doux cultivant les appa rences de la démocratie. Il théorise le phénomène du politiquement correct, par lequel l’écrivain qui s’oppose est ostracisé.

Des métastases totalitaires se propagent et pro gressent au sein des institutions bruxelloises : une censure idéologique pesante s’y est établie, le dogme

européen de la non-discrimination implique la négation des réalités sociales extérieures et antérieures que sont la Nation ou la famille. Cette ligne idéologique est de plus promue par une propagande manipulant sa vamment le langage qui est un enjeu central. Georges Orwell a notamment beaucoup traité ce thème et Sta line lui accordait une immense importance.

La lutte contre les discriminations et plus récemment la crise sanitaire et la question environnementale sont les moyens dont se sert la Commission pour transfor mer la conscience de l’homme. Le transhumanisme, appuyé sur l’intelligence artificielle, sera l’expression la plus redoutable de ce totalitarisme qui entend remode ler la nature humaine.

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CONCLUSION

DE LA TABLE RONDE

idéologie démocratique alors que Rousseau définit la démocratie comme un régime politique dans lequel la souveraineté appartient au peuple.

Nous faisons face à un conflit entre deux idéolo gies auxquelles nous sommes attachés : les droits de l’homme et la démocratie. La démocratie libérale s’ef force de respecter les deux et tous les États n’ont pas adopté les mêmes solutions : l’Allemagne limite par exemple la souveraineté du peuple au profit des droits de l’homme alors que la France est marquée par une tradition où la démocratie l’emporte. Il y a une synthèse républicaine française, que Luc Ferry a par ailleurs dé crite dans sa Philosophie politique. L’interdiction du port de signes religieux ostensibles à l’école en est une illustration.

L’Union ne respecte pas cette solution française. On le voit avec la Hongrie où l’UE entend censurer la vo lonté du peuple hongrois, l’empêcher de choisir son destin. Il y a une volonté au sein de l’UE de briser tout reste de démocratie et de souveraineté nationale. Ce projet impérialiste s’accélère dans des proportions ef frayantes.

Deux résolutions récemment adoptées par le Parlement l’illustrent :

Le projet de l’UE va effectivement plus loin que le fédéralisme, il est un impérialisme, stade suprême du centralisme. Le président de la Commission José Ma nuel Barroso avait d’ailleurs utilisé ce terme d’Empire, suscitant à l’époque une certaine émotion.

L’empire se pare d’un prestige historique qui lui donne un avantage sur le fédéralisme. Il renvoie à l’Empire romain, à Charlemagne ou encore au Saint-Empire romain germanique. L’Union européenne est une nou velle tentative de résurrection de l’Empire.

L’Empire est par essence supranational et permet d’aller beaucoup plus loin que le fédéralisme. Finale ment, un vrai système fédéral comme celui des ÉtatsUnis est un régime assez modéré de souveraineté partagée. Aux États-Unis, le droit donne aux États une marge de manœuvre considérable ; ce n’est pas le pro jet de l’UE qui entend se mêler de tout.

L’instrumentalisation du concept d’État de droit jus tifie l’entreprise centralisatrice : les droits de l’homme permettent de limiter le pouvoir du peuple. C’est une

• Celle du 4 mai 2022 sur le suivi de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. La centralisation est justi fiée par la crise sanitaire, la guerre en Ukraine et le changement climatique. Ces trois événements jus tifient la marche forcée vers l’Empire. Il s’agit d’un procédé typiquement totalitaire car, quel que soit l’événement qui survient, il est toujours une justifi cation supplémentaire de l’impérialisme.

• La seconde est celle du 9 juin 2022 concernant la convocation d’une convention pour la révision des traités. Une telle révision transformera défini tivement l’Union en Empire avec l’introduction de la majorité qualifiée, l’octroi de nouvelles compé tences à l’UE (comme la santé ou l’énergie), et l’ins tauration au Parlement européen d’un droit d’initia tive législative - alors que ce droit devrait revenir au Conseil puisque c’est ce dernier qui représente directement les États membres. L’UE souhaite éga lement « renforcer la protection des valeurs euro péennes » car elle ne disposerait pas d’assez de moyens de sanctionner les États membres ; or le principe de primauté du droit de l’UE sur les droits nationaux est compris dans ces valeurs par la com mission AFCO. Les États ne disposeront d’aucun recours face à cet impérialisme et il est urgent de lutter de toutes nos forces.

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Première table ronde : Conclusion de la table ronde

SECONDE TABLE RONDE :

L’UE, du fédéralisme vers l’impérialisme

Depuis l’arrivée de Viktor Orban, la Hongrie doit fait face à chaque occasion aux ingérences et aux plaintes incessantes des eurocrates progressistes. Les dépu tés européens de gauche comme ceux du PPE se rendent au Parlement pour faire de la figuration et je remercie votre groupe politique d’avoir pris la défense de la Hongrie cette semaine.

Il y a un contrôle quasi absolu sur les médias grand public pour donner l’impression que l’UE avance sur les problèmes les plus urgents, comme la grossesse masculine, alors qu’elle ignore les vrais problèmes des européens comme le fait de pouvoir chauffer sa mai son ou faire fonctionner l’industrie cet hiver.

SECONDE TABLE RONDE : L’UE, du fédéralisme vers l’impérialisme

L’Europe doit être construite sur des États forts et des Nations fières. L’actualité législative récente montre que le dialogue civilisé a disparu des institu tions européennes au profit d’un impérialisme farfelu dont Mandfred Weber ou Guy Verhofstadt sont les promoteurs extrémistes. Cet impérialisme est farfelu car, au-delà d’un simple problème d’incompétence, les eurocrates vont à l’encontre de l’intérêt des citoyens européens. On l’a vu avec la politique favorable à l’im migration de masse, avec la pandémie de Covid et au jourd’hui avec la crise énergétique provoquée par des sanctions mal avisées.

La Hongrie, loin des gestes émotionnels dont l’enver gure approche l’hystérie, agit de façon réfléchie et dans l’intérêt de son peuple. Nous condamnons l’agression russe, mais le but des sanctions est de blesser la partie adverse. Or, bon nombre de sanctions font mal à l’Eu rope et pourraient même la mettre à genoux.

Je vois un double danger : d’abord la prise de dé cision externalisée du niveau local au niveau fédéral (avec l’extension du pouvoir des institutions de l’UE au dépend de celui des États membres) et de plus les valeurs progressistes désormais dépeintes comme universelles. Sur les compétences, l’UE s’accapare aujourd’hui la politique familiale, migratoire, énergé tique. Concernant les valeurs, la Hongrie est punie pour avoir fermement défendue les siennes, qui sont traditionnelles et de bon sens. Elle veut protéger par la Constitution le fait que la mère est une femme ou que la propagande sexuelle n’a pas sa place dans les écoles.

Il est évident que le fait de cibler les gouvernements chrétiens conservateurs est un acte politique déguisé en procédure juridique. La démocratie doit être libé rale pour entrer dans le cadre de l’État de droit, elle doit correspondre à son contenu idéologique. L’État de droit est une massue au service de leur chasse aux sorcières et l’UE ressemble de plus en plus à l’Inquisi tion espagnole.

Les conséquences sont graves, l’utilisation de l’État de droit pour régler des comptes politiques est pré cisément contraire à l’État de droit et cette conduite grotesque discrédite les institutions européennes. La Hongrie et la Pologne ont longtemps soufferts du joug communiste et cette idéologique communiste conserve encore une forte influence, en partie grâce à l’Union européenne dont la chasse aux sorcières sert les intérêts des post-communistes au détriment de

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Directeur-général du Centre des droits fondamentaux (think tank hongrois)

ceux qui luttent pour un véritable pluralisme. L’histoire hongroise consiste à démolir l’idéologie communiste qui vit encore dans certaines structures sociales.

L’Union ne fait qu’accélérer la désintégration et les di visions : alors que le gouvernement hongrois cherche un accord avec la Commission, les députés européens de gauche n’ont de cesse de lui demander de rejeter ses plans. Ce n’est pas l’Europe que nous avons re jointe. Après avoir lutté contre le communisme, nous connaissons la vraie valeur de l’Europe, celle qui s’ap puie sur Dieu, la Patrie et la famille. Une Europe ne peut être forte que si elle s’appuie sur des Nations fortes.

Les patriotes hongrois et français sont de grands al liés. Marine Le Pen a été reçue par Viktor Orban à la manière d’un chef d’État et Jordan Bardella est inter venu durant la CPAC qui s’est tenue dans notre pays. L’Institut que je dirige travaille à établir une collabora tion efficace entre les conservateurs d’Europe, pour sauver notre civilisation, dans l’intérêt de tous les euro péens. Comme le disait Charles De Gaulle : « La gloire se donne seulement à ceux qui l’ont toujours rêvée. » Unis nous tenons, divisés nous tombons.

périalisme suppose la conquête, la domination et la soumission.

Si les empires ont toujours existé, ils n’ont jamais pu durer car ils sont des constructions artificielles fondées sur la conquête et la domination d’autres peuples. La France lutte traditionnellement contre les empires, qu’ils soient temporels ou spirituels. Philippe Le Bel, par exemple, est empereur en son royaume, il ne se soumet pas à la papauté.

En 1815, l’Allemagne humiliée va voir renaître en son sein le pangermanisme, puis l’idée de reconstruire un empire, le Saint-Empire romain germanique ayant dis paru. Son impérialisme se concrétise en 1870 avec la défaite de la France. On a voulu nous faire croire, suite à la première guerre mondiale, que « les Nations, c’est la guerre ». Or, le conflit est déclenché par deux empires : le vieillissant et déclinant Empire austro-hon grois et le jeune empire en progression qu’est l’Alle magne. Ce sont les nations, et notamment la France, qui mettent cet impérialisme à l’arrêt. Mais le IIIe Reich naît avec cette même vision pangermanique et sa volonté de dominer l’Europe. Cette vision ne dispa raît pas avec sa défaite et renaît à la fin de la guerre froide : l’Allemagne réunifiée participe à l’organisation de l’Europe. Et c’est justement l’Union européenne, et en particulier la création de l’euro, qui permettent une nouvelle mainmise de l’Allemagne sur le continent. La Grande-Bretagne l’a bien compris et a quitté l’Union.

La vision allemande est donc fondamentalement im périaliste : c’est la tendance naturelle de ce peuple de s’étendre, contrairement à la France. Il faut souligner que cette vision ne sert pas fondamentalement les allemands puisque cela les confrontent successive ment à une quasi destruction de leur pays. Ce risque de destruction n’est pas totalement absent aujourd’hui encore quand on voit que l’Allemagne revient sur son orthodoxie financière et se ruine avec une dette qui n’est pas la sienne. De plus, l’attitude de l’UE face à une guerre en Ukraine dont on ne connaît pas l’issue peut susciter des craintes. L’Allemagne dominante met donc ainsi l’Allemagne elle-même en péril.

Philippe OLIVIER

Député européen et membre du Parti ID

Intervention de Philippe OLIVIER,

L’Empire napoléonien évoque la grandeur et la gloire, sa connotation est positive. Pourtant, le bilan en est plus contrasté. Si Napoléon a été un grand législateur pour notre pays, ce conquérant sanguinaire a laissé un goût amer au reste de l’Europe. L’Empire n’est donc pas nécessairement quelque chose de positif et l’im

L’Union européenne est aujourd’hui une domi nation sans empereur, avec une oligarchie et une technocratie au pouvoir. Alors que nos compatriotes imaginent que les institutions européennes évoluent vers un fédéralisme à l’américaine, ces dernières font preuve au contraire d’un pouvoir monolithique. La no tion d’empire est donc extrêmement importante et il faut imposer ce débat en vue des prochaines élections européennes. Il faut gagner la bataille des mots en im posant la notion d’impérialisme et en lui adjoignant une connotation négative.

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Seconde table ronde : L’UE, du fédéralisme vers l’impérialisme

L’Union est une fuite en avant, en interne par l’exten sion de son pouvoir et à l’extérieur par sa volonté d’élargissement qui semble illimitée (que ce soit par l’adhésion de nouveaux membres ou par les traités de libre-échange qui démontrent bien que nous luttons contre un empire marchand).

Comme tous les empires, l’Union européenne n’est qu’une parenthèse. Il faut réveiller la conscience des peuples et la résistance hongroise constitue un formi dable modèle avec celle des Polonais. La montée des partis nationaux, en Suède et probablement demain en Italie, suscite l’espoir. De même, en Hollande, les agriculteurs se révoltent en masse contre les normes européennes et l’écologie punitive ; ils sont en train de passer d’une vision syndicale à une vision politique. Enfin, en France, les dernières législatives ont consti tué un formidable basculement, une révolution au sens d’un transfert de pouvoir.

VIème siècle ont été d’emblée divisés entre l’ère culturelle de Rome (catholique, alphabet latin) et l’ère de Constanti nople (orthodoxe, alphabet cyrillique). Une deuxième ligne de fracture est apparue avec l’invasion turque, quand la partie serbe est passée dans l’Empire ottoman. L’histoire a profondément séparé ces deux entités qui constituaient pourtant une seule Nation du point de vue allemand. En suite, les Serbes se sont libérés de la tutelle ottomane et ont rêvé de s’adjoindre tous les slaves du Sud. On a créé la Yougoslavie sur les ruines de l’Empire austro-hongrois, pour réunir ces Slaves du Sud. Cela n’a jamais fonction né : le roi Alexandre de Yougoslavie a été assassiné à Marseille, puis est arrivée la seconde guerre mondiale et deux grands chefs de la résistance anti allemande se sont dressés contre Hitler, le croate Tito, communiste, et le serbe Mihailovic, royaliste et fidèle à la dynastie serbe. À la sortie de la guerre, les Russes voulaient le contrôle de la Grèce mais les Britanniques refusèrent et laissèrent à Staline la Yougoslavie. Tito instaura un régime totalitaire, ce qui reporta la question de la Nation yougoslave, mais dès que le communisme tomba la guerre commenca. On a alors parlé de guerre civile mais c’était une guerre d’indépendance que les Croates ont menée avec les Slo vènes contre les Serbes. On voit donc la faiblesse de la conception allemande.

Intervention de Yves-Marie ADELINE,

La Nation est paradoxalement une notion difficile à défi nir et les peuples peuvent s’en faire des idées différentes. Ainsi, les Allemands ont une vision ethnique de leur Na tion et cette dernière n’induit pas forcément l’existence d’un État-Nation. La France au contraire, parce qu’elle a fondé le plus vieil État d’Europe en 496, ne fonde pas son existence sur l’ethnie (d’ailleurs c’est cette exceptionnelle continuité de son État qui explique sa présence diploma tique partout dans le monde).

L’idée de la Nation allemande est très imparfaite car il apparaît vite qu’un sang en commun ne suffit pas. En fait chaque conception a ses avantages et ses défauts. L’exemple de la Yougoslavie illustre bien les défauts de la conception allemande : ces envahisseurs slaves du

La France ne s’est posée que récemment la question de la définition de sa Nation, avec la perte de l’Alsace et de la Lorraine. En effet, les Allemands ont justifié cette an nexion par le fait que ces populations parlaient allemand. Ernest Renan, dans une conférence à la Sorbonne en 1883, essaye de définir la Nation au sens français : la Na tion possède un vouloir vivre ensemble ; les Français ont donc pu s’agréger des populations qui n’étaient pas fran çaises au sens ethnique du terme (même s’il ne faut pas oublier que les Gaulois étaient la population la plus nom breuse de l’Empire romain). La faiblesse de la conception française, c’est l’exemple que donne aujourd’hui la Bel gique : les Belges se sont unifiés en 1830 contre les Hol landais et leur seul ciment était religieux (catholiques vs calvinistes hollandais). Avec l’effondrement de la religion, il ne reste rien de cette unité entre Wallons et Flamands qui ne veulent plus vivre ensemble. Cela montre que le vouloir vivre ensemble ne suffit pas, de même que l’appar tenance à la même ethnie. Nous avons le même exemple avec le Pakistan qui n’est fondé que sur une communauté de foi, ce pays n’existe pas au sens de Nation.

L’empire est facile à définir : il s’agit d’une Nation qui domine d’autres Nations, ou d’un État qui domine d’autres États. À un moment de son histoire, l’empire n’a néces sairement plus la puissance de dominer les autres et s’ef fondre (même si l’Empire romain a connu une longévité exceptionnelle et est probablement le plus étonnant de l’histoire du monde) ; seule la Nation demeure alors, ce qui est paradoxal puisqu’elle est pour sa part difficile à

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Yves-Marie ADELINE Écrivain et enseignant

définir.

Une fédération est facile à définir : il s’agit d’États sur un pied d’égalité. Je ne m’étendrai pas sur la confédéra tion, qui est une fédération avec un lien plus lâche car on peut normalement sortir de la confédération et pas de la fédération. Aujourd’hui il y a l’article 50 qui le permet. La seule chose positive que l’on doive au traité de Lisbonne est de prévoir un mécanisme de sortie de l’UE - même s’il faut noter que l’Angleterre n’avait qu’un pied dans l’Union européenne, ayant conservé sa monnaie, ce qui est un point crucial.

L’Union européenne devait être une fédération, seu lement cette fédération d’États doit s’appuyer sur un État - comme aux États-Unis. Or, la seule condition pour faire un État, c’est d’avoir une politique étrangère, la capacité de dire « moi la France, je dis que », et l’Union n’a jamais pu en avoir une.

De Gaulle l’avait prédit alors qu’il ne parlait que de l’Eu rope des Six. C’est pourquoi la politique étrangère de l’UE est conçue par un agent extérieur : les États-Unis. On le voit encore aujourd’hui avec l’Ukraine, l’Union eu ropéenne est vassalisée à l’empire américain. Son inca pacité à être un État explique sa crispation et sa volonté d’être un empire. Elle est organisée de façon extrême ment centralisatrice, c’est tout le contraire d’une fédéra tion. Les États fédérés des États-Unis ont beaucoup plus de pouvoir, y compris sur des sujets comme la peine de mort ou l’avortement, ce qui n’empêche pas cette fédéra tion d’être conduite par un vrai pouvoir politique, avec une armée et une politique étrangère. Comme nous n’avons pas cette organisation, l’UE se crispe dans une attitude de plus en plus totalitaire, il y a une exagération de notre vie commune avec 90% de nos lois qui sont d’origine euro péenne. On voit la déroute de nos idéaux d’origine, je ne sais pas ce que Robert Schumann penserait des valeurs LGBTQI+...

La perspective est politique, les députés patriotes sont là pour lutter au sein de cet ensemble pour faire triompher les intérêts nationaux. Mais il y a également une perspec tive économique : une crise a commencé à éclater et elle aura une répercussion énorme sur cet empire et sur sa cohésion, c’est la crise énergétique. On a fait croire aux peuples d’Europe qu’on pouvait se passer complètement du gaz russe - seuls les Hongrois n’ont pas été dupesmais il faut comprendre l’importance de l’énergie. Si on regarde une courbe de la consommation d’énergie sur les cent dernières années, c’est exactement la même que celles de notre prospérité et de notre espérance de vie, les trois courbes sont corrélées. Comment produit-on de l’énergie ? Avec le temps, l’homme a sans cesse progres sé. Aujourd’hui, avec 8 centigrammes d’uranium, l’homme peut créer la même quantité d’énergie qu’avec 1000 kg de

bois il y a cent ans.

La maîtrise du nucléaire nous permet de produire une quantité d’énergie fantastique et il est impossible de riva liser avec ça. L’éolien couvre 3% de nos besoins énergé tiques et le solaire 1,5%. Les énergies renouvelables sont liées à l’idéologie européiste. La France, modèle mon diale du nucléaire, a aujourd’hui plus de la moitié de son parc à l’arrêt. Certes, notre situation est moins difficile que celle des Allemands puisque nous ne dépendons du gaz russe qu’à hauteur de 11%, contre 55% pour l’Allemagne et une moyenne de 40% pour l’Europe. On nous a fait croire qu’on pouvait remplacer le gaz russe par du gaz américain, 30% plus cher et plus polluant. De l’extraction du gaz américain à son arrivée chez nous, il faut un mois au méthanier. Il y a 600 méthaniers dans le monde et si l’Europe les possédait tous cela ne couvrirait qu’un cin quantième de ses besoins en gaz, car nous sommes un très grand consommateur de gaz, devant la Chine.

Cette crise commence donc déjà à ralentir l’industrie al lemande. Or, l’Allemagne était le moteur industriel d’une UE désindustrialisée qui a troqué son appareil productif contre des produits chinois déflationnistes (l’UE n’a ja mais pu protéger les industries des délocalisations). Nous sommes ainsi entrés dans une économie où nos produits locaux étaient en pleine inflation et les produits chinois étaient déflationnistes, en faisant la moyenne la situation semblait sous contrôle. Mais, pour la France périphérique, la situation s’est vite dégradée car les produits du quoti dien comme la laitue ou le lait étaient devenus plus chers. Le passage à l’euro a permis de masquer cette inflation (la laitue est passée d’1 franc à 1 euro). L’Allemagne avait conservé son outil industriel et avait encore une perfor mance exportatrice extraordinaire ce qui conservait une balance commercial saine à l’ensemble de l’UE.

Maintenant que l’Allemagne doit ralentir son industrie, puisqu’il n’y a plus suffisamment d’énergie pour la faire fonctionner, c’est toute l’Europe qui souffre. L’euro était notre ciment (bien qu’il soit abusif de parler de monnaie unique : puisqu’il y a différents taux de crédits selon les pays et que les banques nationales perdurent, il convient plutôt de parler d’une monnaie commune). Cette monnaie est aujourd’hui très dévaluée et a perdu 85% de sa valeur face à l’or. La Chine a beaucoup moins besoin de nous puisque notre pouvoir d’achat est déjà en baisse.

L’Union soviétique est tombée pour des raisons écono miques avant d’être une victoire idéologique. Elle est tom bée sur elle-même et il faut le garder en tête car, si nous nous battons sur des considérations idéologiques, c’est probablement la crise économique qui fera tomber l’Union européenne toute seule. La question n’est donc pas de savoir s’il faut quitter l’euro mais plutôt si l’euro ne nous quittera pas.

Seconde table ronde : L’UE, du fédéralisme vers l’impérialisme 12

CONCLUSION DU COLLOQUE

Je ne vais pas résumer les interventions ou reprendre les propos qui ont été très riches mais je voudrais plutôt ouvrir la réflexion en revenant d’abord sur la question des formes politiques. La grammaire des formes poli tiques est très limitée et déterminée. Je ne reviendrai pas sur les formes archaïques que sont la bande ou la tribu, il y a aussi des cités États qui existent comme Singapour, mais on a surtout partout dans le monde des États-Nations puisqu’ils sont aujourd’hui la forme politique de la modernité.

Très peu d’entités politiques se réclament du statut d’empire. On le voit avec l’évolution de la Chine qui prétend avoir une homogénéité ethnique et se pré sente aujourd’hui comme un État-Nation (c’est pour quoi elle veut siniser le Tibet par l’importation massive de populations hans).

La modernité politique supporte donc très mal la di versité interne des empires. Alexandre le Grand prenait une nouvelle épouse dans chaque royaume conquis et

faisait preuve d’une extraordinaire tolérance à la diver sité. L’empereur austro-hongrois était à la tête de 48 entités politiques et était par exemple le grand voïvode de la Voïvodine, il cumulait donc les titres de chefs d’États à l’intérieur d’un empire. Aujourd’hui on n’ac cepte plus cette diversité au sein d’une entité politique et c’est la forme de l’État-Nation qui s’impose.

Est-il donc pertinent de se poser la question de la forme impériale de l’Union européenne ? L’Union est plutôt un objet politique non défini qui se construit fondamentalement contre le politique. On le voit par exemple avec la volonté d’interdire la pratique du ré férendum et de remplacer subrepticement le suffrage universel par des consultations citoyennes et des col lèges de citoyens désignés de façon opaque.

L’Union veut en finir avec la caractéristique de la dé mocratie qu’était le suffrage universel. Elle se construit donc pour conjurer le politique, c’est-à-dire le débat, la disputatio entre citoyens, fondement de la politique, et

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CONCLUSION DU COLLOQUE

la liberté des citoyens de choisir leur destin.

Puisque l’Union européenne sort de l’ordre politique, il ne semble pas pertinent de lui appliquer la grammaire passée de l’empire ou de l’État-Nation. Il faut adopter un autre regard : l’Union est sur la voie d’une forme jusqu’ici non connue de totalitarisme. Le totalitarisme se fonde sur une conception constructiviste de la so ciété, qui considère que cette dernière est fondée par la loi et la règle et que l’on peut fonder un homme nou veau. Ce qui est extrêmement préoccupant et qui était absent du débat du jour, c’est que le numérique repré sente ce qui a manqué aux totalitarismes du XXème siècle pour achever le contrôle absolu des individus et des sociétés.

Le passe sanitaire, l’identité numérique ou la monnaie numérique permettent aujourd’hui un contrôle total de l’individu et l’Union européenne avance, à l’instar de la Chine, sur la voie d’un contrôle numérique intégral. Nous allons vers un système analogue au crédit social chinois, où nous ne serons plus qu’une collection d’in dividus sous le contrôle total du pouvoir institué. C’est un manque de moyens technologiques qui a empêché l’URSS d’exercer un contrôle parfait des unités de pro duction.

De plus, le totalitarisme s’appuie sur la nécessité d’un principe supérieur et l’Union européenne dispose au jourd’hui de ce principe avec l’écologisme. Ce principe est celui au nom duquel l’on décrète le Bien et l’on dé signe ceux à exclure, à discriminer voire à tuer s’ils ne luttent pas pour ce Bien.

L’UE utilise l’idéologie écologique pour imposer le Bien partout, dans tous les domaines de la vie publique comme de la vie privée. Elle s’introduit aujourd’hui dans nos cuisines et nos salles de bain. Un pouvoir qui veut contrôler le chauffage dans nos maisons ou nous imposer de manger moins de viande, c’est un pouvoir soviétique, me rappelait récemment l’ancien ministre des Affaires internationales de Roumanie, qui a grandi sous la dictature de Ceausescu.

Nous assistons probablement à la conjonction monstrueuse du numérique et du principe supérieur écologiste pour instaurer le Bien dans tous les compartiments de la vie individuelle et de la vie sociale. Concrètement, les Nations réagissent et les groupes

sociaux résistent me répondrez-vous. Ce sera mon troi sième point sur l’individu de droit : le constructivisme et le positivisme juridiques consistent à nous dire que nous sommes des individus construits uniquement par nos droits et que seul le droit nous construit comme in dividu ; nous ne sommes plus construits par la famille, la religion, le territoire, la citoyenneté etc. C’est l’avène ment d’un individualisme radical dont l’avantage, pour un pouvoir totalitaire, est qu’il élimine toute résistance.

Qu’est-ce qui résiste au pouvoir totalitaire ? En Po logne c’est le catholicisme, dans les Balkans se sont notamment les enracinements ethniques et religieux et la tradition très forte. Ce sont les enracinements et les localismes qui résistent aux totalitarismes. Si on les élimine, on peut construire un homme nouveau et c’est en marche. Un chiffre sidérant qui donne à réfléchir : un électeur démocrate sur cinq aux États-Unis pense et affirme qu’un homme peut porter un enfant, être en ceint.

C’est le constructivisme à son dernier degré car c’est la négation même de la condition humaine et du fait qu’il y existe des hommes et des femmes. C’est un aboutissement, si l’individu de droit n’est défini que par ses droits et qu’il est interdit de dire qu’il y a des diffé rences entre un homme et une femme, alors le droit affirme qu’un homme peut porter des enfants. Nous en sommes là.

C’est probablement en Europe, dans cet objet poli tique non identifié qu’est l’Union européenne, que le combat se joue. L’Union européenne, au nom de l’éco logisme radical, grâce aux technologies numériques et construite sur le droit de l’individu, est probablement en train de mettre en place une idéologie sociale et poli tique nouvelle où le monde se résume à une collection d’individus désaccordés et déracinés. C’est le rêve de l’homme hors sol, le rêve de l’homme sans passé, sans histoire, sans mémoire et bien sûr sans Nation.

Et contre ce rêve et ce totalitarisme qui expriment je crois la réalité de l’évolution actuelle de l’Europe, nous devons bien considérer que les véritables mili tants antitotalitaires, c’est nous, les véritables antifas, c’est nous, les résistants, c’est nous. Nous sommes les combattants de la liberté, nous portons ce qui reste de liberté d’être quelque part et des siens et, ce combat, je vous invite à le gagner.

Conclusion
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16 L’Union européenne, du fédéralisme à l’impérialisme ? INFO@ID-PARTY.EU
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