Entre Théorie et Pratique

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Entre Théorie et Pratique : La pensée en acte

Dubois Hugo, groupe 8, le 24 mai 2019

« […] quelque chose qui soit toujours extrêmement tendu quoi. Qu’il y ait une pensée qui soit derrière ! C’est le fil rouge. »

Christian Jelk, rencontré le 28 février 2019 à l’ensa Nantes

Je tiens à remercier mon entourage proche, ma famille et mes amis, pour ces trois premières années d’études, riches et intenses.

Sommaire 1.0

1.1 L’altostratus

1.2 Clair-obscur

1.3 Le nuage vert

1.4 Maquette (dé)composée

1.5 Clair-obscur

1.6 Casa Rovira, Coderch

1.7 Panorama Prolongé

1.8 En communion

1.9 4ème Dimension

1.10 Réhabilitation d’une maison individuelle

1.11 Sculpture au vent

1.12 Sahala

1.13 Sans titre

1.14 Une ville multiple

1.15 Space Block, Kojima

1.16 Assemblage

1.17 Glass Slide

1.18 L’eau-delà

1.19 Church of the Light, Ando

1.20 Mairie de Doulon

1.21 L’esplanade de Doulon

1.22 Un salon dans le tram

1.23 Cube (def.3) : volume d’une pièce d’habitation

1.24 Une aire de repos

1.25 Réhabilitation d’un garage délaissé

2.0

2.1 Japanese House

2.2 Guide Light

2.3 Voyage à Rome

2.4 Voyage à Anvers

2.5 Athènes

2.6 Wwoofing

2.7 Stage ouvrier

2.8 Stage de suivi de chantier

3.0

3.1 Reesap

3.2 Les Archipiades

3.3 Sao Paulo, Erasmus

3.4 « Contre l’Architecture »

3.5 Christian Jelk

Bibliographie

Théorie/Pratique

Préliminaire

La pensée en acte : pour agir, un homme pense, et quand un homme pense, il agit –comment ces deux notions s’entremêlent-elles ?

Je pense que la pensée est une chose en continue, un moteur sans fin qui nous anime. Chaque être humain pense à ce qu’il va faire, ce qui l’a fait ou ce qu’il est en train de faire. Je voudrais parler de la notion de l’équilibre entre la théorie et la pratique. Ces deux notions se rassemblent dans un même corps : la pensée en acte. Tout commence par une idée, c’est l’élément qui déclenche le geste. L’idée est spontanée. En autre, c’est un désir de faire les choses. Elle influe directement sur le développement de notre société… En architecture, tout commence par une idée. Le désir d’un espace surgit.

Qu’il crée une composition statique ou dynamique, un artiste cherche habituellement à parvenir à un équilibre. Si, dans une composition symétrique, l’équilibre est inhérent, les compositions asymétriques peuvent être, quant à elles, tout aussi bien équilibrées que déséquilibrées. C’est pourquoi l’asymétrie requiert le plus souvent une compréhension plus complexe et plus élaborée de la totalité. C’est de même au sujet de la relation entre la théorie et la pratique. Je m’explique : nous trouvons cet équilibre entre ces deux notions que par la temporalité. C’est-à-dire qu’avec le temps, une certaine maturité apparaît au sein d’un projet. Une meilleure compréhension face à la situation nous guide à travers la théorie et la pratique. C’est un va-et-vient à trouver soi-même. Il faut se chercher afin de trouver sa ligne rouge, de conduite. Cet équilibre à moi parvient lorsque je pense à quelque chose dans ma tête, je développe cette idée sur un papier où ma pensée guide ma main, je la mets en forme par la maquette. C’est ce volume à la fin qui m’intéresse !

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Répertoire des travaux

Préliminaire

A travers ce répertoire des travaux, je sélectionne 25 projets que j’ai réalisé pendant ces trois premières années d’études et quelques-uns de l’extérieur, capitals à mes yeux. Il est vrai que j’ai commencé tôt à faire du projet. Je viens d’une filière technologique avec l’option : architecture et construction. D’ailleurs, je me souviens de mon projet de BAC, la réhabilitation d’un château délaissé en pleine campagne Rennaise pour en faire une auberge de jeunesse. La ligne directrice est de garder la façade extérieure d’origine du château tout en garantissant le confort d’aujourd’hui à l’intérieur ; c’est-à-dire obtenir cet effet de surprise dès le premier pas. La première étape fut...

Au terme de cette expérience, mon choix quant à l’idée de devenir architecte se confirme. Le travail de groupe sollicité lors de ces 70 heures correspond à ma philosophie d’exercer ce métier. Je prends également conscience du travail sur le site, de la représentation de l’existant et surtout de l’histoire du site afin de comprendre son présent et ses enjeux actuels. J’en garde un bon souvenir. Bonne lecture !

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L’Altostratus

S1, UE 11.2, Ex 1, La collocation

Lors de ce premier projet d’étude à quatre, nous émettons ensemble nos souhaits et désirs sur un « mindmap » commun afin de se mettre d’accord sur la forme et le concept de notre future collocation. Nous commençons par le plan des niveaux. Sur ces plans, nous appliquons un calque avec des verbatim afin de qualifier chaque espace, à l’exemple du « coin meeting » concernant le séjour, du « panoramique » pour la terrasse et du « nuage » pour le filet suspendu au-dessus du séjour. Nous voulons que le séjour soit lumineux avec une double hauteur et sa mezzanine qui se prolonge dans le vide par ce « nuage ».

Nous concentrons nos forces sur la pensée en volume de notre volume. Rendre la pensée existante, qu’elle est une réelle présence physique. Nous prenons alors du carton d’emballage afin d’économiser nos petits sous de premières années pour faire la maquette. Un moment que j’apprécie particulièrement car je peux me projeter physiquement et me rendre compte des espaces.

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Clair-Obscur

S1, UE 11.2, Ex 4, La maison des ombres

espace éclairé zénithalement

La maison des ombres, un projet court dit « one-shot » afin d’expérimenter les différentes situations d’éclairement au sein d’un espace, soit 7 précisement : zénithale, clair-obscur (l’image ci-contre), rasante, à l’ombre, directement sur le plafond, de part en part et d’une autre manière. Ces différentes mises en scène me permettent de prendre conscience de la lumière au sien d’un espace car elle ne procure pas les mêmes émotions selon sa disposition. Elle révèle aussi l’importance de l’orientation du bâti par rapport à la course du soleil.

Au fil du temps, je m’aperçois que cet exercice est une base solide que je réemplois à chacun de mes projets. Pour certains architectes, la lumière est un élément fort de leur philosophie architecturale. Je pense à l’architecture de Tadao Ando, un architecte Japonais que j’admire particulièrement depuis que j’ai rencontré la Church of the Light. D’après son livre : « Pensées sur l’Architecture et le Paysage », je comprends mieux le rapport aux éléments naturels qui lui donne cette force de créer un espace sincère et humain.

espace clair-obscur

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Le Nuage Vert

S1, UE 11.2, Ex 5, La maison des récits

Le nuage vert, un projet purement théorique à mes yeux par sa conception et sa forme. A vrai dire, c’est une utopie innocente tiré d’un texte : TAZ de Hakim Bey concernant les Zones autonomes temporaires. D’après ce texte, je souhaite représenter cette liberté de construire n’importe où à n’importe quel moment. Je prends donc le parti d’une structure légère et démontable. Je dispose deux arcs métalliques auxquels cinq plateformes circulaires se suspendent par un câble métallique. Ce projet au sein d’une forêt, dissimulé derrière les arbres en font sa force. Un projet discret sans grande fonction particulière mis à part s’abriter et y passer. Peut-être l’essentiel finalement. Des parois sinusoïdes vitrées sont disposées au sol afin de permettre cette « petite pause » comme une aire de repos au côté des arbres.

q q u u a a t t r r e e c c o o u u p p e ess

A l’aide de sketchup, je modélise une animation avec plusieurs « scènes » qui se suivent afin de se rendre compte de l’espace en mouvement. Je pense fortement, essentiel de comprendre l’espace que je propose en quatrième dimension où le temps fait partie du référentiel espace-temps. L’espace et le temps fusionnent à chaque seconde et chaque seconde est unique par sa différence. N’ayons pas peur de cette quatrième dimension !

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Maquette S1, UE 11.2 , Ex 6, (Dé)-Composition

(Dé)-Composition, un projet « one shot » afin de se lancer vite dans une idée tirée à la base de 7 occurrences spatiales choisies. Les miennes sont un espace : parallèle, oblique, séparé, au sol, interrompu, émergent et géodésique. Je conçois donc un dôme géodésique qui émerge d’un espace enterré, desservi par un escalier qui sépare l’espace en deux sous ce dôme, joignant avec une coursive interrompue par un mur de soutènement qui joint donc avec une rampe où deux cloisons viennent se répondre parallèlement. Je fais donc une maquette pour comprendre la relation entre les différents espaces.

Je prends alors conscience des qualités spatiales qui transmettent différentes émotions lorsque qu’on y est. Il me paraît amusant et excitant de varier les « plaisirs » spatiaux au sein d’un bâtiment. J’aime bien l’idée d’un contrepoint qui vient casser la forme générale d’un bâti. Un espace tout en longueur, très fin, a besoin ou plutôt serait plus stimulant si des éléments transversaux viennent casser cette perspective qui peut faire peur. Par ailleurs, cet espace caractériel peut être un choix si on l’assume sincèrement.

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Clair-Obscur

S1, UE 11.2, Ex 7, Habiter ses corps

Habiter ses corps, projet en binôme puis à six, termine le premier semestre. Nous fusionnons une maison pour une famille de quatre personnes avec un atelier de photographie pour le père. Notre programme se situe sur un terrain en forte en pente. Justement, la maison s’insère dans le terrain dessinant la douche et chambres. Des espaces plus sombres, « caverneux », dans lesquels des filets de lumière pénètrent par des failles. La douche s’intègre pleinement dans la roche. La pièce de vie avec la cuisine sort de cette roche pour s’en dégager et attraper le maximum de lumière. Un contraste fort entre ces deux espaces. En haut de cette colline, un atelier complètement « ouvert » permet au photographe de l’inspirer dans son travail et d’exposer ses oeuvres.

A travers la maquette, nous pouvons vérifier le jeu de lumière souhaité à l’origine et la transparence de « l’aquarium photo ». La réalité est plus ou moins fidèle aux envies du début. Ah oui, j’oublie notre réflexion sur la dimension des différents espaces puisque nous avons une surface à respecter. Alors, nous prenons des cimaises de 2 mètres 50 de long à disposition dans le studio puis nous expérimentons…

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Casa Rovira, Coderch

S2, UE 21.1, Intensif, Logement et la Ville

Deuxième semestre, analyse de la Casa Rovira de Coderch, un architecte catalan de l’après 2nd guerre mondiale. Il conçoit alors une architecture éthique en lien avec son milieu, fidèle aux traditions méditerranéennes, et dénuée de tous les détours du modernisme. Lors de cette analyse en binôme, j’ai concentré mes forces sur le travail en maquette puisque la maison, par sa complexité des niveaux, est assez compliquée à comprendre en plan et en coupe également. Le terrain, en forte pente rocheuse, fait partis du tout puisque celuici dessine le profil de la maison qui descend comme « un escalier de plage » vers la mer.

CASA ROVIRA - Canet de Mar - CODERCH

CONTEXTE

PLANS NIVEAUX

COUPES/ ELEVATIONS

ANALYSE/ SCHEMAS

Lors de ce travail d’analyse, nous étudions deux aspects de cette réalisation : l’une concerne les espaces servis/servants et l’autre, les espaces domestiques, familiales et de réception. La maison est grande ! En effet, cette villa apparaît depuis la rue par l’appartement de la domestique, ensuite viennent les grands salons dans l’axe de la piscine qui est voisine au même niveau avec la suite indépendante des amis. Les chambres se déroulent sur plusieurs demi-niveaux côté Est. Tout un travail de demi-niveaux se suit le long du terrain afin d’épouser au mieux la pente.

Elevation ouest

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S2, UE 21.1, Ex 1, Logement et la Ville

Panorama prolongé, projet seul dans un site naturel sur une parcelle à Port Lavigne. Je passe une journée sur le site. Mais qu’est elle donc l’esprit de ce lieu ? Je regarde, je touche, je sens l’opportunité de ce site reposant qui profite d’une légère pente vers La Loire. De l’autre côté, la plaine et les bocages. L’idée est de loger une famille avec trois enfants, le père est médecin et la mère écrivain. Je propose le cabinet du médecin dans l’alignement de la route puis sa réserve technique et son bureau comme lien avec l’espace familiale, un demi-niveau au-dessus, afin de démarquer l’intime et le public. Un jardin intérieur se glisse entre ses deux espaces. Ensuite, la pièce de vie s’étire loin vers la plaine. Les chambres à l’étage se conclue également par le bureau/bibliothèque de la mère profitant d’une belle perspective pour ses livres à venir.

J’oublie, mais dès mon retour du site, je dessine un projet. J’en parle avec mon enseignante la semaine suivante et elle me dit d’utiliser davantage le terrain qui s’offre à nous. Je pars donc sur une autre idée de projet qui celle-ci me convainc fortement. Pour convaincre les autres, il faut déjà être convaincu soi-même. Soyons sincère avec nos idées de projet.

9 Panorama Prolongé

En Communion

S2, UE 21.1, Ex 2, Logement et la Ville

En communion, deuxième projet individuel qui cette fois-ci est un milieu urbain. Au nordOuest du centre-ville de Nantes, nous sommes devant une parcelle « en L » à l’angle d’un îlot d’habitations. D’un côté, un grand immeuble d’appartements et de l’autre, une petite maison individuelle sur deux niveaux. Que faire ? Le programme doit comporter deux maisons individuelles soit deux familles, une de quatre et l’autre de cinq personnes. Un espace commun peut lier ces deux familles. Je décide rapidement de dessiner une maison haute pour rejoindre au maximum le pignon aveugle de l’immeuble et de l’autre, je dessine une maison avec un niveau en moins pour s’aligner à la maison voisine. Une verticale et l’autre dans l’horizontalité.

CROQUIS INTENTIONS

Je pars d’un principe fort : de la rue, je traverse les espaces servants (entrée, garage et toilette) pour rejoindre les espaces servis sur le chemin soient la cuisine, l’espace repas et celui à vivre. Ces deux espaces à vivre respectifs se rejoignent sur une terrasse partagée surélevée de 50 cm surplombant le bassin Onsen. L’espace commun en bout de parcelle, un jardin japonais avec un abri pour y faire à manger et se reposer, est l’aboutissement de ce chemin. Au niveau des jardins individuels, je dessine une palissade en zigzag. En maquette, c’est la déception ! Comme quoi entre le plan et la maquette, il y a une différence !

UE 21-1 _ «LE LOGEMENT ET LA VILLE» _ LA MAISON DANS UN SITE «URBAIN»

VOLUMETRIE GENERALE HABITATION HABITATION ESPACES
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S2, UE 24.1, Dessin d’espace 4ème Dimension

En observateur sur la terrasse du 1A, j’ai souhaité représenter le cheminement dans l’espace à travers la rampe ascensionnelle de l’école – accompagné de son paysage qui se délivre à nous au rythme de nos pas. Autrement dit, ces vues successives que nous invite ce mouvement dans l’espace – cette 4ème dimension. De la terrasse du 1A, « en mirador » sur le rond-point et son environnement, en passant par le grand volume du 1A, puis ce panorama sur la ville de Nantes que nous offre la place haute – voilà mon cheminement.

De plus, ce cheminement est inscrit dans une continuité des espaces afin d’exprimer cette marche logique et naturel qui génère un basculement intérieur/extérieur et bouleverse la perspective, accentué par l’idée du dessin à l’envers. Ce parcours nous dévoile aussi le rapport entre le bâti et la nature – pour ainsi dire : la ligne et la courbe, l’agressivité et la douceur, l’artificel et le naturel.

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Plan, Projet

Réhabilitation d’une maison individuelle, St-Philbert-de-Grand-Lieu, 2017

Réhabilitation d’une maison individuelle à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, un projet autre, en dehors de mes études mais aussi formateur. Des amis à mes parents me contactent afin de faire la réhabilitation de leur « nouvelle maison ». Une ancienne maison de campagne en pierres et parpaings non alignés. Je me rends sur le site une journée avec le propriétaire afin de prendre toute les mesures au laser puisqu’aucun plan précis n’existe. Peu de temps après, je mange avec eux afin de parler du projet…

Je propose, ils modifient, je repropose, nous sommes d’accord. Je comprends donc que le projet est un long récit d’arrangements. C’est l’échange d’idées entre deux ou plusieurs personnes. Une idée me vient : ouvrir l’espace de vie au Sud qui sera le mariage entre l’existant et le nouveau. A certains moments, je remarque une différence entre le plan et la réalité. Il faut alors s’adapter aux imprévus du terrain. C’est une expérience riche d’émotions et de connaissances.

Pièce à vivre 34.38 m² Garage 24.42 m² Salle de jeu 9.90 m² Salle de bain 5.94 m² WC 1.45 m² Chambre 1 11.67 m² Chambre 2 10.27 m² Chambre Parents 11.70 m² Entrée 4.86 m² Cuisine 22.93 m² Cellier 8.64 m² WC 2.40 m² 1.21 2.45 1.01 7.92 7.27 1.00 9.52 1.25 1.45 0.50 1.10 6.78 1.45 8.74 2.79 1.30 0.86 1.30 2.75 1.25 1.18 2.91 1.35 1.45 1.22 1.00 4.15 6.40 2.58 2.00 1.00 4.13 20.14 5.00 1.25 1.67 6.86 4.78 3.00 5.00 2.50 7.93 2.97 2.40 0.10 4.83 0.30 4.07 0.40 8.68 0.50 2.60 4.07 0.40 2.76 1.10 3.46 1.00 3.60 5.60 0.40 0.10 8.83 3.10 2.86 0.65 3.20 0.60 0.30 Dgt. 6.17 m² 4.97 3.20 0.10 1.62 0.75 0.05 2.61 A' A B' B 3.68 2.03 D D' C C' Projet - Plan Maison Doc-02.2 24/07/2017 1:100 130.31 m² Mr Montouo & Mme Musseau 180 La Gravouillerie 44310 Saint-Philbert-de-Grand-Lieu Réhabilitation / Extension dune maison individuelle Hugo Dubois ENSA Nantes 1 100 N 15.19 1.54
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Réhabilitation d’une maison individuelle, St-Philbert-de-Grand-Lieu, 2017

Un an après, je rentre dans l’espace que j’ai dessiné pour eux, les amis à mes parents. J’ai un frisson, un sentiment de reconnaissance m’empare parmi eux. C’est une joie de pouvoir vivre l’espace réellement après plusieurs heures d’études et de dessins à la main et sur l’ordinateur. Je remarque de petits changements par rapport au plan initial. Le poteau porteur dans la pièce à vivre qui se situait à la liaison entre l’existant et le nouveau n’est finalement pas réalisé pour libérer au maximum l’espace et la vue entre la cuisine et le salon.

Avec du recul, je prends cette expérience comme le lancement de ce que j’ai toujours voulu être : un architecte qui construit. J’aime le concret, lorsque la pensée se met en action et que l’on peut la vivre à travers l’expérience physique du lieu. C’est un régal !

13 A
l’Acte

Sculpture au vent

S3, UE 32.2, TD, Morphologie

Sculpture au vent, un travail de morphologie sur la cinétique du vent, rapidement devenu une autre cinétique. Au cours de cette séance nous souhaitons reproduire en modèle 3D et également en maquette l’œuvre d’Anthony Howe, Kadupul 2017, afin de mieux comprendre par la suite son fonctionnement.

Le squelette de l’anneau est fixe. Les palmes sont insérées à des rotules permettant la rotation autour de l’axe de l’anneau. Pour cette œuvre, le mouvement est engendré par le vent. Une palme entraine une autre par un système mécanique. Deux systèmes ont été référencés : soit par des connecteurs en caoutchouc qui se contractent ou se dilatent suivant la distance entre les palmes, soit à l’aide d’une aiguille emboitée entre deux autres, qui se rapproche au centre ou s’éloigne en fonction de la distance entre les palmes. Cette connexion malléable et flexible permet aux palmes de garder continuellement la même vitesse de rotation entre elles.

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Sahala

S3, UE 31.2, Situations Extrêmes

Sahala, projet long commun en trinôme au troisième semestre. Bassorah est la seconde plus grande ville d’Irak, l’Euphrate et le Tigre se rejoignent peu avant d’arriver à la ville afin de former le Chatt el Arab. La zone abritait jusque récemment la civilisation distinctive des « Arabes des marais » ou Madan, déjà attestée dans des bas-reliefs datant de l’époque assyrienne. Cette population, fut chassé par Saddam Hussein qui y avait des opposants chiites, En asséchant 95% du territoire par la construction de digues et de barrages, les conséquences ont été forte sur l’écosystème ainsi que sur la région de Bassorah, ce qui avait forcé 200 000 des 250 000 personnes du marais à fuir.

Les digues et écluses qui avaient été mises en place par Saddam Hussein ont beaux être détruites depuis 2003, l’écosystème reste perturbé et le problème est que l’eau vient du Tigre et de l’Euphrate et que ces deux fleuves sont massivement utilisés par l’Iran et la Turquie pour l’irrigation agricole, la production d’eau potable et toutes sortes d’industries. La Guerre de l’eau ne fait que continuer. En dépit de cette grande richesse, le manque d’entretien des voies navigables et des bateaux en amont a entraîné des problèmes de sédimentation et de pollution des eaux par les carburants et les produits chimiques car la ville produit 90% des revenus pétroliers de l’Irak. Les bateaux circulent désormais difficilement et le poisson, jadis aliment de base, a aujourd’hui le goût de pétrole. La relation de l’eau avec ses habitants est négligée, les déchets s’entassent dans les canaux de la ville qui au même moment se vide de sa population.

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S3, UE 31.2, Situations Extrêmes

C’est dans ce contexte que s’inscrit notre projet, celui d’utiliser les conditions climatiques favorable de la région afin de produire de l’eau et rétablir les cultures. L’idée est de capter des gouttelettes d’eau dans un immense nuage lorsque celles-ci se forment à la rosée. Autour de cela, une petite oasis se créer, l’eau est redistribuée pour les cultures et les logements. Un mouvement se forme, et donne un nouveau souffle à la ville. L’esquisse de ce projet devient celui d’un voile blanc. Il exprime la pureté, mais aussi un mariage, celui de l’eau et ses habitants.

Nous partageons l’île en deux zones, l’une pour les habitations qui viendront se mélanger aux filets du « nuage » et l’autre, professionnelle pour la culture de plantes. Ces ensembles d’habitations imbriquées autour d’un noyau de circulation surgissent aux points bas des retombées du nuage. Un espace public se dessine sous la canopée des filets. Un marché où l’on vend les produits provenant de la culture de plantes et de l’élevage de poissons à l’aide de l’aquaponie, la deuxième zone de l’île.

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Sahala

S3, UE 31.2, Situations Extrêmes

En effet, cette « zone de production » est toujours ouverte aux habitants et au public curieux de l’île à travers une balade entre les différents bassins d’aquaponie qui se situent également à la retombée du nuage afin de récupérer directement l’eau des filets. Des bacs avec des plantations agricoles sont fixés à des plateaux flottants. Ceux qui y travaillent, circulent en barque sur ces bassins afin d’entretenir les plantations.

Cette distance avec le réel me bouleverse à vrai dire. Ce que je pense est loin d’être construit et mon cerveau se force à continuer avec raison mais sans envie. Je me dis plusieurs fois : Pourquoi imaginer ceci, si ça ne contribue à personne réellement ? Donne-je sens à ce que je fais ? Avec recul, je me dis oui. Il faut passer par ses doutes et ces re-questionnements forts pour aller de l’avant et savoir notre direction à venir. Finalement, suis-je trop dans la théorie du projet ? En tout cas, je suis sûr que la pratique me manque terriblement. Rester derrière un écran pour faire des images de rendus et des schémas divers et variés me stimulent au début mais rapidement, mon engouement diminue. Je ne touche pas l’homme et la matière finalement !

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Sahala

Projet de stage, Archipole Rennes, 2018

Sans titre, est un projet en agence d’une semaine respectant, plus ou moins, le PLU imparti afin de confirmer ma direction dans l’architecture après « Situation extrême ». Connaissant l’architecte de l’agence, Archipole à Rennes, il me donne en début de semaine une parcelle avec le PLU. Je commence à dessiner à la main puis je modélise les plans. Je décide d’épouser au mieux la forme de la parcelle avec la courbe. J’ai besoin de sortir de la ligne droite formelle. Un peu de fantaisie, tout en respectant les distances requises par rapport à la rue et à la parcelle voisine. Je prends le parti pris de concevoir un meuble unique partant du cellier, dessinant le plan de cuisine qui s’inscrit dans la courbe de la maison puis se prolonge comme support pour manger afin d’atteindre le salon qui survole légèrement le jardin, comme « un aboutissement » de l’espace.

Je reviens à quelque chose de plus humain, moins loin de nous, plus concret dans la démarche créative. Ce séjour réconforte toujours mon choix de devenir architecte, un rêve d’enfant que j’ai dans la peau mais que je remets sans cesse en cause afin de mieux comprendre le sens que je donne à ce que je fais lorsque je conçois. Je gagne en éliminant petit à petit les choses que je n’apprécie guère dans la conception d’un projet en architecture. Je précise au fur et à mesure mon architecture, concrète et vivante.

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RDC R+1 Sans titre

S4, UE 44.1, Outils - Média : représentation des spatialités

Aujourd’hui, 50 % de la population mondiale vit en ville. En 2020, ce sera 60 %. La ville évolue… Tout se démultiplie, de nouveaux premiers plans et de nouveaux lointains apparaissent, ainsi que l’heureux mélange où l’indécis au précis se rejoignent. La façon dont les miroirs captent l’espace libre de la rue et l’emportent dans nos logements, participent à l’entrecroisement des espaces. Ce reflet occupe l’espace vide et le structure pour en devenir même insaisissable. Alors, nous expérimentons différemment la ville. Nous ne cherchons plus un sujet précis, mais posons un nouveau cadre sur la ville par l’aventure imprévue de l’œil, guidée par la multiplicité et la combinaison des perspectives.

C’est alors un tout interactif, une ville en mouvement, mais aussi “ éclatée “. La photographie me permet ainsi de représenter cette ville multiple, à plusieurs visages, par le reflet de son verre. Le promeneur se marie dans la perspective multiple de la ville, dans laquelle il vit tous les jours.

Une
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ville multiple

Space Block, Kojima

S4, UE 41.1, Analyse, Habiter : scénarios construits

Space Blocks de Hanoï au Vietnam, un projet d’analyse en trinôme d’après l’architecte Japonais, Kazuhiro Kojima. C’est un adepte de la fluidité, il rêve d’une architecture qui serait ouverte aux vents, à la lumière, aux sons, aux mouvements de l’eau et des gens. Ce module d’habitation comprend 6 familles d’une même famille en mélangeant les différentes générations. L’idée est de glisser différents blocks entre deux murs de « coffrage » sur une parcelle très étroite et très longue. Il y a donc une façade et 100 mètres plus loin, une autre façade. Ces petits modules cubiques viennent se toucher ou non, s’intercaler ou non, se superposer ou non pour créer des courettes intérieures, des escaliers, des terrasses abritées, des ventilations naturelles, des effets de lumière où l’ensemble crée une grande richesse d’espaces.

C’est l’espace dans et entre les blocks qui nous intéresse. La démarcation intérieur/extérieur s’efface dès lors que nous sommes dans cette « lame habitée ». Il y a ici une forte sensibilité aux petits espaces informels qui deviennent de « grands espaces » par leur(s) qualité(s). Je fais alors le parallèle à la célèbre formule de Mies Van Der Rohe : « Less is more. »

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Assemblage

S4, UE 41.1, Ex 1, Habiter : scénarios construits

Assemblage, toujours en trinôme, est un projet court pour lancer le projet long par la suite. Il fait donc la transition entre l’analyse et le projet long. Nous nous sommes donc dirigés vers une composition modulaire en cubes au sein d’une parcelle étroite dans le centre-ville de Nantes, à l’image des Space Blocks de Kojima à Hanoï. Nous décidons alors d’assembler des modules cubiques d’un mètre de côté sur une trame au sein d’une parcelle de 3 mètres sur 20. Nous supprimons au fur et à mesure certains blocks sur 4 niveaux afin de retrouver les cinq points qui nous sont chers : étroit/long, imbrication/articulation, lumière zénithale, espace commun/intermédiaire, privé/public.

Travailler en blocks a ses avantages et aussi ses inconvénients. Nous pensons et agissons plus rapidement au rapport entre les vides et les pleins de notre composition. Ainsi, nous composons l’ensemble avec une certaine logique. Autrement dit, nous agissons directement selon notre pensée architecturale initiale. La trame cubique simplifie la conception mais peut également « trop » la simplifier si le parti pris n’est pas assumé. Il s’agit donc de s’aider de la trame pour concevoir et non pas concevoir à partir de la trame en y jouant avec.

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S4, UE 41.1, Ex 2, Habiter : scénarios construits

« Trois lames habitées entre passé architectural et renouveau boisé ». Notre projet se dessine par l’insertion et l’ancrage entre les bâtiments existants in situ à la manière des Spaces blocks de Kojima à Hanoï. Ainsi, l’idée de la strate se définit entre le tissu existant afin de créer un lien fort avec celui-ci.

Ce sont trois « lames habitées », deux lames de verre qui contrastent avec la troisième existante en pierre. Une forte envie de transparence s’ordonne à l’intérieur des logements ainsi que dans les bureaux au rez-de-chaussée. Cette transparence permet de se fondre au mieux dans l’ourlet boisé, vecteur essentiel de l’urbanisme du site.

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Glass Slide

Glass Slide

S4, UE 41.1, Ex 2, Habiter : scénarios construits

Les deux lames de verre comportent des « pleins » et des « vides ». Ces derniers, synonymes d’espaces intermédiaires et modulables, à l’image du café extérieur. Les logements se constituent de deux noyaux : celui « servant », soit la cuisine et la salle d’eau, et celui de la chambre. Dans les duplex que forment les T4 et T5, l’escalier vient s’intercaler au milieu du noyau. Un noyau de circulation dessert deux logements face à face – il y’en a deux – ce qui fait quatre logements par niveau pour un total de quatorze logements par lame de verre. Au final, nous proposons trente-quatre logements dont six dans la lame existante.

Ce projet est une commande possible. Etre dans le vrai et s’imaginer les gens dans l’espace que l’on propose me pousse à aller plus loin dans la réalisation. Aller sur le site me rappelle que l’architecture est l’art le plus concret et que sa pratique exige une grande responsabilité. Un bâtiment, quelque soit sa forme, a une présence physique sur un environnement précis. C’est un impact conséquent puisque nous modifions l’environnement pour un certain temps. Il faut faire attention à cela en tant que bâtisseur. Nous avons une telle puissance entre les mains que nous devons absolument penser avant d’agir concrètement.

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S4, UE 41.1, Intensif, Habiter : scénarios construits

L’eau-delà, intensif individuel de ce quatrième semestre, consiste à produire « une folie » en deux semaines par rapport à un site réel choisis et relié physiquement, visuellement ou par un autre sens à une folie voisine. Je m’installe sur l’île de Nantes, sur les berges de La Loire, à proximité du palais des sports beaulieu entre le pont Willy Brandt et le pont à haubans Eric Tabarly. Ce site profite d’une belle pente en herbe descendant vers La Loire, d’où la forme d’« une brindille en béton ». Un dénivelé d’environ 2 mètres entre la berge haute et celle basse génère une forme courbée au milieu de l’œuvre afin d’accueillir un block dans lequel une échelle métallique fixée au béton permet d’atteindre la plateforme. Une petite bibliothèque joint le bas et le haut par une étagère de livres. Une pause littéraire est alors possible au bout de cette plateforme, les pieds balançant au-dessus de La Loire.

Cette expérience du concret, du rapport au site est capital pour moi. Penser et dessiner en se projetant directement sur le site permet de mieux comprendre son usage et sa sensibilité, intouchables lorsque nous concevons les fesses sur une chaise en studio ou ailleurs. « L’esprit du lieu » se révèle au mieux par la pratique de ce lieu.

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L’eau-delà

Church of the Light, Ando

S4, UE 42.5, Outil informatique

Church of the light, projet existant de l’architecte Japonais, Tadao Ando, est un travail de représentation numérique des spatialités. Cette œuvre me donne beaucoup d’espoir à l’idée d’être architecte. Elle est magnifique par sa présence et son caractère sensationnel. J’insiste sur ce mot car elle procure de belles sensations. J’aime ce caractère fort et sincère de l’espace. Ici, Ando révèle son caractère par cette lumière intense et profonde ! Elle s’empare de nous. Je choisis donc de « redessiner » ce projet à l’aide du logiciel informatique Revit lors de ma formation à ce logiciel.

J’y prends donc un grand plaisir ! Lors de la modélisation, je prends conscience que je ne pourrai pas arriver au résultat de cet espace réel. Il y a donc un certain décalage, naturellement, entre la conception numérique et la réalité de l’œuvre. Je suis déçu. Je me dis alors que rien ne vaut l’espace en lui-même. Le genius loci in situ, comme dit Ando, n’est vrai que physiquement et non virtuellement. La lumière est moins intense, pourrais-t-on dire.

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La Mairie de Doulon

S5, UE 51.2, Analyse, Mais qu’est-ce donc un espace public ?

La Mairie de Doulon, projet d’analyse d’« un carré » de 500 mètres par 500 mètres, s’installe autour des voies ferrées, symbole d’une démarcation dans le territoire. Au nord de celle-ci, nous découvrons le “petit bourg” avec son église, ses commerces de proximité ainsi que plusieurs parcs et des logements sociaux. Au sud, un grand tissu pavillonnaire qui s’étend jusqu’à la prochaine voie ferrée, 400 mètres plus bas.

Autour des rails de chemin de fer, nous décelons des potentiels pour un futur projet. Outre l’immensité de l’espace non appropriée, des lieux stratégiques y sont présents. Un transformateur électrique faisant face à un garage, la mairie de Doulon et sa sublime façade, le grand groupe scolaire de Toutes Aides, l’ancienne gare du 18e siècle de Doulon, la maintenance de tram-train de Nantes... Des « offrandes » qui inspirent notre projet.

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L’esplanade de Doulon

S5, UE 51.2, Projet, Mais qu’est-ce donc un espace public ?

Dans un premier temps, nous effaçons les barrières de la ligne ferroviaire puis nous nivelons le sol afin d’intégrer au mieux le passage du tram/train dans le nouveau paysage de l’esplanade. L’impact physique et visuel de celui-ci est diminué et devient éphémère parmi les usagers. De ce fait, usagers davantage responsables à l’exemple de la place du Commerce à Nantes. Ainsi, cette place épaissit la limite entre deux mondes qui s’ignorent ; un monde à voir comme observateur extérieur à travers le tram ou le bus, et un monde à vivre comme usager intérieur à pied ou à vélo. La mobilité est mise à l’honneur à travers les différentes places qui constituent la grande esplanade de Doulon.

Elle débute avec la place du garage et de la voiture électrique. Un bâtiment d’une hauteur de 20 mètres marque l’angle de l’îlot de l’ancien garage automobile de Toutes-Aides et signale le début de la densification végétale autour des voies ferrées. Depuis celle-ci, on aperçoit la Mairie. Une véritable place de la mairie est réalisée. Les lignes des bâtiments voisins viennent diriger les regards vers sa façade. L’ancienne gare fait face au flanc de la Mairie. Ce bâtiment, très caractéristique de l’esplanade fait face au groupe scolaire de Toutes-Aides. L’école, auparavant introvertie, vient littéralement se mêler à l’esplanade à l’aide de grandes pergolas. Le vélo est à l’honneur sur la place de l’école. Des bike park accidentent le sol de l’esplanade et brisent la régularité de ses formes.

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La place du garage

S5, UE 51.2, Projet, Mais qu’est-ce donc un espace public ?

Projet individuel au sein d’« un carré » de 50 mètres par 50 mètres, ce nouveau garage hybride met en avant la voiture électrique grâce à sa transparence de façade qui laisse apparaître les différents usages. Une rampe piétonne et cyclable grimpe le long des différents plateaux et lie l’esplanade à une nouvelle place publique avec un café panoramique qui se dessine en haut du bâtiment où celle-ci, nous offre une vue imprenable sur toute l’esplanade.

Ce rapport au site à différentes échelles est logique finalement. En effet, nous partons de la grande échelle, celle de l’urbanisme afin de comprendre le site dans son ensemble puis nous zoomons à l’échelle du bâti. Celle-ci, toujours en lien avec l’échelle urbaine justement. Une cohérence doit s’établir par un va-et-vient entre ses deux échelles. On ne peut pas oublier l’échelle urbaine dès lors qu’on commence celle architecturale. Elles sont indissociables ! Enfin, nous avons celle du détail architectural qui reflète l’ensemble du projet puisqu’elle découle de l’analyse urbaine et du travail architectural.

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Un salon dans le tram

S5, UE 51.2, Intensif, Mais qu’est-ce donc un espace public ?

Lors de notre intensif de projet, nous questionnons de l’espace public. Nous rentrons et sortons plusieurs fois d’un tram à chaque fois différents avec des meubles anciens afin d’organiser un petit salon dans celui-ci. Ce protocole, assez drôle, invite assez vite à la rencontre avec l’autre. A la place du commerce, le samedi soir, c’est vraiment drôle de voir ces gens en début de soirée essayer de comprendre notre action.

La mission est d’interpeller ces gens dans le tram qui tirent la tête au quotidien et s’enferment dans leur musique. De se dire qu’en faisant quelque chose d’anormal, de différent des habitudes dans un lieu public, peut amener à la rencontre. Essayons de sortir de temps en temps de cette conformité. Etre « rebelle » par moment. J’aime bien cette idée : « If you obey all the rules, you miss all the fun.”

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Cube (def.3) : volume d’une pièce d’habitation

S5, UE 54.1, Art et Techniques de la représentation

A Nantes, à deux pas de l’école, au square Daviais, se trouvaient plus de cinq cents migrants sous des tentes. Près de nous, étudiants en architecture, une situation paradoxale : on nous apprend à construire des espaces habitables pour tous, mais pourquoi eux ne peuvent-ils pas être correctement logés ? Il s’agit alors ici de restituer, avec leurs propres paroles, avec d’autres témoignages, avec ces discours migratoires que l’on entend de tous les côtés, l’état d’une situation éternellement instable. Partir, arriver, être chassé, revenir, repartir, s’en aller, atteindre son but, s’enfuir...

S’exercer nous-même à fabriquer un cube en terre, symbole d’un abri et d’une place dans une société, appréhender cette tâche lente et compliquée qu’est le fait de créer, à mains nues, ou même équipés d’outils, un volume clair, une habitation. Mettre en parallèle images et mots pour faire émerger une conclusion sans appel : en déplacement continu, contraint par des pouvoirs et des exigences trop puissants, il est impossible de se construire un endroit où habiter, où vivre. Détruire est par surcroît un acte bien plus rapide… Puis, mettre cette vidéo en boucle ; ni début ni fin pour dénoncer un cycle migratoire infini.

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Je marche vers la Petite Biesse. Cette rue a longtemps eu “vocation d’accueil” c’était l’unique entrée vers la ville historique de Nantes par le sud. Un espace de liaison entre l’ici et l’ailleurs. De la rue, je descends par un escalier en pierre, c’est le passage coupegorge. Je découvre alors le squelette d’un plancher en bois semblant flotter, depuis déjà longtemps, entre deux pignons de bâti.

J’imagine alors ce que ce lieu pourrait devenir. Il y aurait une gradation dans les usages, l’espace s’étire dans la verticalité. La partie décaissée serait alors une place publique qui se partage avec la venelle, dont la découverte n’est pas immédiate, partiellement couverte, visible depuis la rue que par fragments. Les différentes “plateformes refuges” offrent une individualité dans l’espace public. L’ensemble de la structure permettrait aux visiteurs de s’installer, de contempler, de se poser pour attendre ou ne rien attendre.

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S6, UE 61.5, Ex 3, Ailleurs commence ici
“Une aire de repos”

Réhabilitation d’un garage délaissé

Cherrueix, 2019

Réhabilitation d’un garage délaissé, autre projet que je mène en ce moment. Je prends les côtes du bâti existant au laser puisqu’aucun plan précis n’existe. L’idée est simple, sachant qu’il s’agit d’un même bâti : réaliser deux gîtes d’un côté, une salle de sport et un bureau à l’étage de l’autre, en gardant le garage au rez-de-chaussée. Les deux gîtes se dessinent de la même manière : la pièce à vivre au rez-de-chaussée qui englobe la cuisine et une grande table à manger circulaire. Ces deux pièces à vivre sont connectées par une ouverture coulissante au milieu lorsque deux couples voudront ouvrir l’espace pour être ensemble. L’entrée se fait par un sas commun qui sera un point d’eau lorsque les occupants reviendront de la plage, à 50 mètres, pour se rincer. A l’étage, deux chambres alignées avec une mezzanine en bois qui s’accroche à la charpente existante afin d’accueillir un enfant.

Lorsque je conçois les plans de ce projet, je me dis que celui-ci est réalisable. Néanmoins, il y a un certain temps entre la conception et la réalisation puisque chaque élément du projet sera construit et porte un dessin technique précis. Finalement, c’est le partis pris que je dois porter jusqu’au bout qui me mène à « ce combat ». Tenir une ligne de conduite en déviant quelques fois mais en revenant toujours à celle-ci.

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Relecture transversale

Préliminaire

La théorie est une idée soudaine que nous attrapons et la pratique vient en marche si nous arrivons à donner forme et sens à cette idée. C’est-à-dire, la théorie actionne la pratique puisque l’idée actionne le geste. Mais à quel moment l’idée est assez mûre pour l’actionner ? Faut-il essayer de faire avant de penser ? Etre prudent ou audacieux ? Réfléchi ou impulsif ? Est-ce une éternelle boucle qu’on ne peut définir finalement. Elle est bien trop riche et complexe pour la résumer à l’aide d’une théorie prétentieuse. Je crois sincèrement à l’émotion qui nous anime et nous conduit vers quelque chose d’autre. Se laisser guider par ses sentiments…

Un parcours se dessine afin de comprendre cette relation entre la théorie et la pratique. Ce chemin débute par la conception, soit avoir une idée en tête mêlée à un désir profond de réaliser cette chose par le dessin et l’expérimentation. Ensuite, le voyage comme lien entre la conception et la réalisation puisqu’il est le meilleur des professeurs. Un professeur intelligent qui nous retrace l’histoire par le présent pour le futur de nos villes. Le voyage fait penser. Enfin, notre balade se termine par la réalisation de la théorie en architecture : le chantier. Aboutissement du travail d’étude en amont.

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Japanese House

Projet autre

Japanese House, projet autre, est une conception concernant le travail de la transparence d’une maison à double patio. Je cherche alors à garder cette transparence au sein de deux espaces différents dans leur fonction : un bureau d’architecte le long de la rue et la maison surélevée de 50 cm joint par deux marches à l’entrée et une rampe qui longe un couloir de nage connectant les deux patios respectifs à ces deux usages. J’apprécie cette légèreté des espaces qui se communiquent naturellement par des vides sans usage et je pense qu’il faut alléger l’architecture aujourd’hui parce que nous vivons dans un monde virtuel remplis d’informations numériques et nous étouffons en cela. Respirons !

En faite, j’ai eu cette idée de projet puisque j’admire particulièrement l’architecture Japonaise. Sa philosophie de vivre l’espace en lui-même et son entre-deux - sans écouter toutes les réglementations des PLU ou autres de chez nous, me plaît. Je pense que ces règles affaiblissent réellement nos projets en France. Nous retrouvons souvent les mêmes configurations spatiales, les mêmes dimensions, les mêmes matériaux, etc. C’est dommage à l’idée de se dire que chaque projet est unique et peut proposer un espace différent du voisin. J’apprécie la pensée de l’architecte Japonais, Junya Ishigami qui dit : « Architecture is merely the beginning. Where possible, eliminate its presence. There are no pillars. Transparent screens trace the environment and bear all the load. » concernant le Park Groot Vijversburg au Pays-Bas.

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Projet autre Guide Light

Guide Light, projet autre, consiste lui au travail de la lumière dans une maison pour un jeune couple. L’idée est de me dire que la lumière guide du début à la fin la personne qui rentre dans cette maison jusqu’à son bureau à l’étage. Un jeu d’ouvertures subtiles est alors mis en place. L’entrée, sombre, se laisse guider par une faille lumineuse entre le block sanitaire et la parois en béton puis l’espace s’ouvre de lumière au niveau de la pièce à vivre pour ensuite grimper à l’étage et venir attraper le bureau, au-dessus de l’entrée. La boucle est faite !

Cet attachement à la lumière naturelle me vient également de certains édifices Japonais tel que la Church of the Light, une référence pure selon moi ! Cette lumière forte en clair-obscur et rasante qui nous pénètre. Ceci me fait penser à un livre : « L’éloge de l’ombre » de Jun’ichir Tanizaki, un écrivain Japonais qui défend une esthétique de la pénombre comme par réaction à l’esthétique occidentale où tout est éclairé, s’employant à comparer divers usages de la lumière et de l’éclairage chez les Japonais et les Occidentaux. De plus, fidèle à l’esthétique du « sabi », il revendique la patine des objets par opposition à la manie de la propreté occidentale.

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Le Panthéon

S4, UE 43.4, Voyage à Rome

Il y a également la notion du voyage que j’aborde avec grand plaisir. Le premier, à Paris, m’est révélateur en tant qu’étudiant en architecture. Je prends goût à me perdre dans les rues de la ville lumière afin d’éclairer ma conscience. Un auteur que j’apprécie également : Raymond Depardon et son ouvrage, « L’errance », parle de cette marche sensible. Le voyage à Rome au quatrième semestre, est un flash-back à l’architecture théorique des grands Dieux. Des règles bien précises modèlent le dessin des temples et autres bâtiments publics. Il y a des ordres qui signifient chacun un sens propre à lui-même. La religion et le pouvoir sont placés au centre des édifices, à l’image du Panthéon.

A l’égard de ce « chef d’œuvre », Tadao Ando nous dit : « Quand cette construction à l’agencement géométrique simple est illuminée par la lumière diffusée grâce à l’oculus de neuf mètres de diamètre, situé au sommet du dôme, alors l’espace architectural devient indéniablement manifeste. On ne peut jamais expérimenter cet effet de matière et de lumière au sein de la nature. C’est une scène qui n’est possible qu’à travers la médiation de l’architecture. Ce qui m’intéresse dans mon travail est cette force de l’architecture. »

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Une passerelle dans la ville

S5, Voyage à Anvers

Le voyage à Anvers au cinquième semestre, à l’image de cette passerelle urbaine qui relie un vieux dock de la ville portuaire et un aménagement paysager récent est une ville en transition urbaine. Un projet d’étude est mené depuis quelques années à propos du « ring », la ceinture périphérique de la ville. Anvers est l’une des villes les plus pollueuses d’Europe dû à sa circulation intensive lié au port, très important dans la ville, et à sa situation géographique, porte d’entrée vers la Hollande et inversement. C’est un carrefour routier immense ! Comment résoudre ce problème ? Nous assistons alors à une conférence pour la présentation du projet.

Une démarche citoyenne a également été lancée pour sensibiliser les habitants à ce nouveau projet puisqu’il est vrai que ce sont les premiers concernés. Comment peut-on prendre des décisions sans l’avis de ceux qui vont pleinement habiter ce lieu ? L’urbanisme porte une grande responsabilité, des idées de certaines personnes sur un papier influent directement sur le comportement de milliers de personnes à cette échelle-là. Il est donc important d’entretenir un dialogue entre le projet théorique et ses habitants afin de passer à la pratique du projet urbain. Oui j’oubliais, le projet consiste à la création d’un « ring » souterrain afin d’accueillir une longue ceinture verte à sa surface. Audacieux !

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L’acropole d’Athènes

Voyage, Athènes, 2018

Le voyage à Athènes après celui d’Anvers est tout d’abord un choc climatique à l’arrivée puis culturel ensuite. Violent ! Lorsque je me promène dans les rues d’Athènes, je me dis : ici, nous sommes plus dans la pratique que dans la théorie urbaine ! » Je m’explique : j’ai l’impression que la ville s’est construite informellement avec ses petits commerces, ses petites ruelles et ses places de marché à l’improviste – ce qui fait d’ailleurs son charme – à l’inverse d’Anvers, tramé et régulé selon un plan bien précis de l’urbain.

Au milieu de cette nappe blanche, un « peu déchirée », s’élève l’Acropole et le Parthénon, autre « référence » de cette architecture théorique où les dieux se placent au centre de l’édifice et ici, au-dessus de la ville. Je me dis alors qu’il faut avoir une foi immense pour construire une telle composition architecturale comme l’acropole d’Athènes sur un rocher dentelé comme celui-ci. La pratique est ici à la hauteur de la théorie ! C’est un lieu vraiment fort lorsqu’on y est, plus de 2000 ans après sa construction.

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Apprendre in situ

Wwoofing, UK, 2018

Le voyage au Royaume-Uni à l’été 2018, est un apprentissage in situ par le geste et la langue. Je pars dans une ferme anglaise à Bath pour vivre en immersion dans la culture anglaise et améliorer mon anglais. Je m’occupe du jardin potager la journée, mais pas que : je pars deux jours chaque semaine, peindre les murs d’une ancienne maison au pays de Galles à Haverfordwest exactement. Je ne savais pas peindre et maintenant si. Ce n’est pas compliqué, il faut de la patience et de la volonté.

Dans un même temps, je visite la ville, m’évade un peu et me perds dans les rues de Bath et de Bristol. Bath, par son architecture géorgienne et sa régularité en façade me fascine à l’exemple du Royal Crescent de John Wood au 18ème siècle. Une grande rangée de maisons en arc de cercle, d’où le croissant. Je visite également les thermes Romains de la ville, d’où le nom de Bath. Pour l’époque, au 1er siècle après Jésus Christ, son usage et sa poésie sont remarquables. A Bristol, ce sont les grandes peintures murales dans la ville qui m’arrêtent en chemin. Ville natale de Banksy selon la rumeur – réputée pour sa scène street art très vivante.

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S3, UE 32.4, Créations de Retz, Machecoul, 2017 Stage ouvrier

Le stage ouvrier au troisième semestre est une réelle expérience du terrain pour ma part. La pratique pure ! Cependant, il y a un conflit entre celui qui agit et celui qui pense. Je remarque un fossé entre ces deux clans. L’ouvrier agit selon le sachant qui possède le savoir et la théorie par sa sensibilité et sa technique de l’expérience : l’architecte ou l’ingénieur. Un sentiment d’infériorité se fait ressentir du côté des ouvriers. Le chantier auquel je participe consiste à la réhabilitation et l’extension/réunion de deux maisons individuelles à SaintSébastien-sur-Loire.

Mon stage d’une semaine se situe à la fin de la démolition intérieure des cloisons d’une maison existante et au début des fondations de l’extension/réunion. Je mets la main à la pâte dès mon premier jour. J’apprécie le travail physique et de voir l’évolution du bâti en temps réel. Il y a aussi la fierté du savoir-faire, de se dire qu’on monte un mur en parpaings pour un bout de temps est aussi beau. L’architecte doit également s’adapter aux différents aléas du chantier pour en trouver les solutions au plus vite. Il est régulièrement sujet à plusieurs modifications en dernier recours. Il doit ainsi faire preuve de patience, de vigilance et de bon sens tout au long de la construction, outre le bon relationnel avec ses artisans. Il est comme un chef d’orchestre chargé de coordonner le jeu de ses musiciens. La construction d’un projet doit en devenir « une belle symphonie ».

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Stage de suivis de chantier

S6, UE 62.4, Quatuor, Nantes, 2019

Le stage de suivis de chantier du sixième semestre que j’effectue en ce moment se déroule sur 4 mois à raison d’une réunion de chantier par semaine à savoir le mardi à 9h. Le chantier se nomme « Caractère », rue Evariste Luminais, et consiste à la réalisation immobilière de 92 logements répartis au sein de quatre bâtiments espacés par un aménagement paysager dont des espaces boisés classés. Le chantier a débuté en juillet 2018 par le terrassement et sa livraison est prévue en juin 2020.

La réunion de chantier est un moment capital dans un projet de construction. Il permet le dialogue entre le chef de chantier et les artisans concernés afin de définir et valider les prochaines opérations à venir. La réunion de chantier veille à la bonne réalisation des travaux et surtout, prévient les éventuels problèmes. Ainsi, elle permet d’organiser le chantier en fonction des avancements de chaque corps de métiers, d’appréhender des difficultés quelconques ou de trouver des solutions à d’éventuel retards. Cependant, j’entends régulièrement : « […] sur le plan, ça marche ! Mais en réalité, c’est plus compliqué ! ».

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Préliminaire Orientations prospectives

Ces trois années d’étude révèle en moi l’architecture à laquelle je veux me diriger prochainement. Une architecture au service de l’humain - tournée et destinée aux besoins fondamentaux des enjeux bioclimatiques. Avec recul, les projets virtuels à mon goût ne me correspondent pas, à l’image de « Situations extrêmes » où comme le nom l’indique, je ne retrouve pas cet équilibre entre la théorie et la pratique. C’est l’extrême théorie selon moi. Dès lors, j’apprécie fortement l’idée de faire ensemble des choses concrètes, à l’image des Reesap 2018 à Strasbourg. Une belle aventure humaine.

« L’architecture est un sport de combat » à l’image de cet entretien retranscrit avec l’architecte Rudy Ricciotti. Je fais alors le rapprochement entre l’architecture et le sport en lui-même. L’architecture est en action, c’est un jeu de passes entre la théorie et la pratique. Au sein du projet, la théorie fait office de « défense » et la pratique « d’attaque ». Nous défendons notre projet par le savoir et nous proposons une forme par l’exercice de notre pratique, le dessin ou la maquette. Il est vrai que celui qui propose, s’expose !

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Activité 3

Reesap, Strasbourg, 2018

Reesap 2018 à Strasbourg est un weekend de trois jours où des étudiants de plusieurs écoles d’architecture de toute la France se rejoignent pour construire et échanger ensemble autour d’une thématique commune. Nous, c’est la recherche dans les écoles d’architecture. Le vendredi, chacun choisis une des quatre activités proposées par l’organisation. Avec mes amis, nous choisissons d’aménager un petit square pour la fête de noël dans le centre-ville de Strasbourg à proximité du marché de Noël. Nous décidons de construire « un tunnel » formant une chicane courbée qui joint deux chemins au milieu du square. Nous assemblons en série des « triangles en tasseaux » joints par des tasseaux accompagnés de cordes de différentes couleurs.

L’idée est de laisser la structure pour noël pour que les enfants s’y amusent. Ils pourront tisser à leur tour sur la structure en tasseaux. C’est une installation qui doit évoluer au rythme des passants du square. La démarche est plaisante ! En y repensant, nous concevons et réalisons le projet en une journée. Il faut aller vite dans les décisions afin de mettre rapidement en forme nos idées pour arriver à quelque chose de construit, solide et en accord avec nos idées de départ. La pratique, c’est aussi respecter nos sentiments les plus profonds. Elle doit être sincère par rapport à notre propre sensibilité – chacun a donc sa manière de faire les choses – le plus compliqué est de satisfaire chacun pour en arriver à un résultat qui pourrait laisser croire que c’est une même personne qui s’affirme derrière l’œuvre.

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Les Archipiades#4 Tourcoing, 2019

Les Archipiades 2019 à Tourcoing est un weekend avec des étudiants de toutes les écoles d’architecture de France. Nous sommes 1300 étudiants réunis pour faire du sport et s’amuser. Un ami et moi-même, co-président de l’AS ensa Nantes, préparons cet évènement depuis longtemps avec l’aide de notre bureau. Tout au long de l’année nous essayons de développer le sport au sein de l’école avec des tournois, tennis de table et badminton, pour faire découvrir à chacun la nécessité de pratiquer une activité physique en parallèle. Le sport contribue naturellement à un équilibre pour emmagasiner de l’énergie constructive. Je pense alors à des Archipiades pour tous ceux qui travaillent en agence ou même intégrer le sport au sein d’une agence ou d’un collectif plus tard.

Il est vrai qu’il serait intelligent d’allier le sport et l’architecture dans une agence comme à l’école avec ses grands volumes libres. En plus, le sport est un fort levier social puisqu’il permet rapidement la rencontre et l’échange. Ce que j’adore par-dessus tout, c’est ce partage entre chacun. L’engouement collectif lors d’un match me donne cette force de vivre. Par ailleurs, avec des amis, nous essayons de réaliser un terrain multisports sur le toit de l’école pour nos années de master à venir puisque nous sommes actuellement sans gymnase.

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M1, Erasmus São Paulo

São Paulo, destination Erasmus pour le master 1, me fascine par sa diversité des cultures. C’est une richesse assez folle ! Plus grande de ville d’Amérique latine avec ses 20 millions d’habitants, elle me pose question. L’envers du décor est aussi riche que « la vitrine » du brésil. Ces favelas m’interrogent, elles éveillent en moi une injustice sociale existante et inimaginable en France aujourd’hui. Je suis curieux d’aller à leur rencontre ! Ce phénomène s’explique sans doute par l’urbanisme de la ville qui se noie dans la croissance démographique hallucinante de ces dernières décennies.

Je me pose une question : comment évolue et va évoluer (le plan de) la ville à ce rythme-là !? Cette forêt bétonnée s’étend sans fin, à perte de vue, avec ses quelques 600 favelas. Un film : la cité de Dieu en 2002 nous montre la violence de ces quartiers et le projet « Beleza » en 2012 s’est rendu dans la dans la favela pauliste de Vila Brasilandia pour en montrer la beauté de ces gens blessés par les préjugés incessants de l’extérieur. Au collège, une image m’indigna : une belle tour blanche avec des terrains de tennis à ses pieds et ses piscines aux balcons surplombants l’une de ces favelas, séparée par un mur. Est-ce normal ? et même, est-ce possible ? Le brésil est un pays complexe – la raison pour laquelle ce pays m’interroge et me fascine également.

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Lors de mes temps libres, j’apprécie « piocher » dans un livre, généralement lié à l’architecture, à l’image de « La désobéissance de l’architecte » de Renzo Piano. Une citation m’interpelle : « Si je dois dessiner un joint, pourquoi oublier que je l’ai déjà fait une centaine de fois dans le passé ? C’est la répétition de gestes comme ceux de l’artisan, ou du pianiste, qui crée ce que j’appelle « une stratification de l’expérience ». Si vous refusez cette continuité parfaitement saine dans votre carrière, vous tombez dans l’erreur d’essayer d’inventer quelque chose de nouveau à tout prix. Ce que je cherche n’est pas un style, mais un métabolisme de l’expérience. ». Ici, « Contre l’Architecture » de Franco La Cecla, est une pensée écrite contre l’esprit dans lequel travaillent actuellement les grands architectes. A travers une multitude d’exemples, l’auteur stigmatise les fourvoiements d’une profession qui, selon lui, a dénaturé sa fonction. L’architecture est devenue un jeu formel où l’on a perdu le sens du bien public, ce qui est désastreux pour la ville et ses habitants.

Ce livre me fait réfléchir sur ma future profession. Il remet en cause la manière dont je pense un projet, esthétique dans sa forme, en oubliant le reste - l’essentiel - la cause sociale et environnementale. Aujourd’hui, mes projets s’équilibrent davantage autour de ces causes sans oublier le dessin tout de même. L’auteur dit : « Nous produisons des générations de frustrés, adeptes du plaisir solitaire, or la ville exige la confrontation directe, le corps à corps » pour « […] la renaissance actuelle de l’espace public comme lieu d’une possible joie collective où se mêlent danse et politique, […] la possibilité d’une fête. […] Une ville est un lieu où s’écoule un fleuve dense entre des rives joyeuses. […] et ses habitants ne demandent qu’à entrer dans la danse pour mieux la défendre. » Je rentre alors dans la danse...

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« Contre l’Architecture » de Franco La Cecla Lecture(s)

Doma Habitare

S6, UE 63.2, Architecte-Artisan, entretien avec Christian Jelk

Christian Jelk que je rencontre deux jours après sa conférence au LU, le 26 février 2019, sous le thème de l’architecture en révolution. Nous échangeons 1h30 au foyer bas de l’école au sujet de l’architecte-artisan. Il nous parle alors de son projet maître : Doma Habitare. A Sainte-Croix en Suisse, un immeuble d’habitation coopératif très original qui met en valeur des savoir-faire traditionnels et vise une empreinte écologique minimale. En effet, les habitants construisent eux-mêmes leurs murs en briques avec la terre excavée pour les fondations de l’immeuble.

Je conclue avec ces mots, extraits de notre échange :

« […] cette idée qu’on assemble des choses qui soit on a trouvé ailleurs, soit qu’on invente pour la première fois et bien cette nourriture-là, elle a peu d’égale ! Elle est vraiment précieuse ! Alors après, je n’ai pas la prétention d’être un architecte/artisan parce que je le dis toujours : je ne suis qu’un architecte ! Ce n’est pas moi qui sais faire, c’est les hommes de métier ! Par ailleurs, c’est un mot qu’on a un peu perdu, « les hommes de métier » qui ont un savoir-faire et qui le transmettent. [...] ces savoir-faire sont souvent loin de l’architecte. Ou alors il faut passer du temps dans les ateliers et encore il faut une part d’abstraction pour être capable de rassembler les morceaux. Donc ouais, cette chose-là est précieuse car elle nourrit réellement quelque chose ! […] J’adorais faire les choses de mes propres mains tout seul pour voir. (Rires)…

Une question, il y a les hommes qui pensent et ceux qui agissent. Y-a-t-il une barrière entre ces deux clans. Vous, vous arrivez à combiner les deux ? (voir la suite au dos du rapport)

49

Bruno Zevi, Apprendre à voir l’Architecture, Editions de Minuit, Paris, Octobre 1959

Jun’ichir Tanizaki, L’éloge de l’ombre, Editions Verdier, Paris, Mai 2011

Ando, Pensées sur l’Architecture et le Paysage, Arléa, Paris, Août 2014

Takaharu Tezuka, The Yellow Book, Thomas Sherman/Greg Logan, Londres, Septembre 2009

Raymond Depardon, L’errance, Seuil, Paris, Avril 2004

Renzo Piano, La désobéissance de l’architecte, Arléa, Paris, Mars 2009

Franco La Cecla, Contre l’Architecture, Arléa, Paris, Mars 2011

Rudy Ricciotti, L’Architecture est un sport de combat, Textuel, Paris, Mars 2013

Junya Ishigami, Freeing Architecture, Fondat Cartier, Londres, Avril 2018

Bibliographie
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Entre Théorie et Pratique : La pensée en acte

[…] Tu sais, l’art c’est la pensée en acte ! Donc effectivement, c’est en agissant que la pensée se construit ! Tant que tu ne fais rien, la pensée n’avance pas. Après, il faut trouver le lieu de cet agir. Pour chacun de soi, on a des sensibilités, des rapports à la matière ou que sais-je qui sont différents quoi. Evidemment que celui qui ne fait qu’agir est déresponsabilisé parce que ce n’est pas lui qui est responsable de cette chose-là ! D’ailleurs, on vit dans un monde comme ça en générale ! On vit dans un monde en générale et complètement déresponsabilisé. Personne ne prend la responsabilité – si quelqu’un a dit : je suis responsable – bah putain, c’est la merde pour lui ! Il prend tout sur la figure mais à petite échelle dans n’importe quel domaine. Il y a très peu de gens qui sont responsables de leurs actes. Donc oui bien sûr, la pensée en acte ! Pour moi, c’est une évidence ! »

Christian Jelk, rencontré le 28 février 2019 à l’ensa Nantes

[…] You know, art is thought in action! So actually, it is by acting that thought is built! As long as you do nothing, the thought does not move forward. After, we must find the place to act. For each of us, we have sensitivities, relationships to the subject or what do I know that are different what. Obviously, the one who only acts is disempowered because he is not responsible for that thing! Besides, we live in a world like that in general! We live in a world in general and completely disempowered. Nobody takes responsibility - if someone said: I’m responsible - well fuck, that’s shit for him! It takes everything on the figure but on a small scale in any area. There are very few people who are responsible for their actions. So yes, of course, thought in action! For me, it’s obvious! »

Christian Jelk, met on February 28, 2019 at Ensa Nantes

Résumé

Articles inside

Doma Habitare S6, UE 63.2, Architecte-Artisan, entretien avec Christian Jelk

1min
pages 52-53

Les Archipiades#4 Tourcoing, 2019

3min
pages 49-51

Préliminaire Orientations prospectives

1min
pages 47-48

Wwoofing, UK, 2018

2min
pages 43-45

S5, Voyage à Anvers

1min
pages 41-43

Projet autre Guide Light

1min
pages 39-40

Japanese House

1min
page 38

Relecture transversale

1min
page 37

Cherrueix, 2019

1min
page 35

Cube (def.3) : volume d’une pièce d’habitation S5, UE 54.1, Art et Techniques de la représentation

1min
pages 33-34

S5, UE 51.2, Intensif, Mais qu’est-ce donc un espace public ?

1min
page 32

La place du garage

1min
pages 31-32

L’esplanade de Doulon S5, UE 51.2, Projet, Mais qu’est-ce donc un espace public ?

1min
page 30

La Mairie de Doulon S5, UE 51.2, Analyse, Mais qu’est-ce donc un espace public ?

1min
page 29

S4, UE 42.5, Outil informatique

1min
page 28

Glass Slide

1min
pages 26-27

S4, UE 44.1, Outils - Média : représentation des spatialités

2min
pages 22-25

Projet de stage, Archipole Rennes, 2018

1min
page 21

S3, UE 31.2, Situations Extrêmes

1min
pages 19-20

Sahala

1min
page 18

Sculpture au vent S3, UE 32.2, TD, Morphologie

1min
page 17

En Communion

3min
pages 13-16

Clair-Obscur

2min
pages 10-12

Le Nuage Vert

1min
pages 8-9

Clair-Obscur

1min
page 7

L’Altostratus

1min
page 6

Répertoire des travaux

1min
page 5

Théorie/Pratique

1min
page 4
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