CAHIER FMC N° 274 269
Troubles des apprentissages, où en est-on ? 2nde partie – Suite du cahier FMC n° 273
Année 2016-3 2015-4 Bimestriel / Tome XLXI XLX
Cahier de formation tiré du IIe colloque scientifique national de la Fédération Nationale des Réseaux de Santé - Troubles du Langage et des Apprentissages (FNRS-TLA) 8 octobre 2015 à Lyon Rédaction : Dr Sylvie Sargueil
SOMMAIRE Le rôle des procédures de calcul dans l’apprentissage de l’arithmétique.......................... 1 Difficultés et troubles d’apprentissage du nombre et des opérations ........................ 2 Troubles du spectre autistique et apprentissages........................ 5 Déficit attentionnel et haut potentiel........................... 7 Réseaux de santé dédiés aux troubles des apprentissages............................10
© Illustrations de l’auteur Directeur de la publication : Dr Brigitte Virey Rédacteur en chef : Dr Gilbert Danjou Composition et Impression : Vassel Graphique Bd des Droits de l’Homme BP 58 - 69672 Bron cedex www.vasselgraphique.com Édité par l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire AFPA
Le rôle des procédures de calcul dans l’apprentissage de l’arithmétique L’enfant apprend progressivement les mathématiques à partir d’un sens inné du nombre. Le modèle classique d’apprentissage évoque la mémorisation et une remémoration rapide. Mais des recherches récentes conduisent à l’hypothèse de la mise en place de procédures automatisées, à partir des procédures lentes utilisées par les petits enfants, comme le comptage. Les nombres sont partout autour de nous mais les mathématiques effraient. C’est dommage et paradoxal. Dommage, car les études longitudinales montrent que les individus qui ont une faible numératie ont plus de risques de quitter l’école tôt, d’avoir du mal à trouver un travail, d’avoir un salaire inférieur. Paradoxal, car de nombreuses études en neurosciences montrent que nous avons tous une intuition pour les quantités numériques. Un bébé à qui on présente deux quantités numériques, 10 points constants sur un écran à sa gauche et à sa droite une alternance de séquences de 10 et de 20 points, remarque rapidement qu’un des flux numériques est plus intéressant que l’autre. Cette capacité innée d’acuité numérique est corrélée à des aptitudes en mathématiques comme le calcul et la lecture de nombres. Si on demande à des adultes de résoudre des additions, soustractions ou multiplications à un chiffre (par exemple 2+3 =5), ils évoquent majoritairement la remémoration. Mais l’enfant semble utiliser des procédures de comptage qui sont lentes et couteuses ; souvent,
il compte sur ses doigts et progressivement, vers la fin de l’école élémentaire il progresse dans la remémoration. Le modèle classique d’apprentissage des mathématiques est fondé sur le postulat d’une transition entre des procédures et une remémoration rapide et efficace.
Le modèle classique à l’épreuve des neurosciences
D’après une communication de Jérôme Prado, PhD cognitive neuroscience, chargé de recherche Laboratoire sur le langage, le cerveau et la cognition (L2C2), CNRS Lyon
Que se passe-t-il au niveau du cerveau ? Est-ce que l’apprentissage de l’arithmétique repose sur le recrutement de régions traditionnellement impliquées dans le langage (la phonologie) ? Deux types d’expériences en imagerie ont été menés aux USA, sur 26 adultes et 34 enfants du CE1 à la 5e. Les chercheurs ont observé les régions impliquées dans la phonologie du langage avec une tâche de rimes et une tâche de comparaison non symbolique de quantités numériques (comme chez le bébé). Puis on a utilisé des multiplications et des soustractions simples. L’activation du gyrus temporal inférieur et moyen, impliqué dans la tâche de rimes, est plus importante pour les multiplications que pour les soustractions. On constate un effet développemental en ce qui concerne les multiplications, car l’activité augmente en fonction de la classe. Un phénomène qu’on ne retrouve pas pour la soustraction. La région utilisée dans la comparaison approximative
le pédiatre n° 274 • 2016-3 • 1