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Plongée aux origines de la création

PLONGÉE AUX ORIGINES DE LA CRÉATION

Telle une épopée fantastique, magique, nous pourrions commencer par narrer l’histoire de l’humanité, et plus lar‑ gement de toute chose, en utilisant le célèbre : « Il était une fois… » Il était une fois l’histoire d’un quelque chose, d’une énergie colossale faite d’amour et de force, sans nom ni titre ni fonction particulière… qui EST, tout simplement.

Quelles que soient nos croyances, nous pouvons tous nous rejoindre sur l’idée qu’il existe une chose primor‑ diale, à l’origine de tout. Bien évidemment, il nous est bien difficile d’appréhender sa nature et de trouver le juste mot pour la qualifier. Mais comme la nature hu‑ maine a besoin de nommer les choses, nous pouvons l’ap‑ peler l’incréé, le non‑manifesté, le grand tout, la matrice universelle, le vide absolu, la source, le centre divin, le feu cosmique, Dieu, le Sans‑Nom ou encore celui qui porte tous les noms, le maître incontesté de tout ce qui existe dans les univers. Nommer ce « quelque chose » comme « un être », à notre image, c’est lui donner bien sûr une existence, mais c’est aussi l’enfermer dans une forme définie. Or c’est une énergie extraordinaire, une supra‑ intelligence, une énigme, une chose imprononçable, que nous ne pouvons pas conceptualiser avec notre mental, qui englobe tout ce qui existe et n’existe pas dans l’infini. Cette difficulté à définir cette force primordiale créatrice, et donc la variété des qualificatifs utilisés pour la nom‑ mer, se retrouve dans de nombreux textes sacrés.

La Bhagavad-Gîtâ, connue pour être le plus grand texte sacré de l’hindouisme, ne nous dit pas autre chose : « Je

suis le commencement, le milieu, et la fin de la créa‑ tion […]. Je suis le temps infini. Je suis le préservateur de tous, je suis l’origine ou la semence de tous les êtres […]. Il n’y a rien d’animé ou d’inanimé qui puisse exister sans moi. Il n’y a pas de fin à mes manifestations divines. » Et de poursuivre : « Le suprême être sans commencement n’est ni éternel, ni temporel. Il est immanent et omnipré‑ sent. Il est à la fois intérieur et extérieur de tous les êtres, animés et inanimés […]. Et, par son omniprésence, il est proche – résidant dans la psyché intérieure de l’homme, et pourtant très loin – dans la demeure suprême1 … »

L’ouvrage Tao-tö King, à l’origine du taoïsme, désigne quant à lui ainsi l’être suprême : « Le Tao est le vide, mais le vide est inépuisable. C’est un abîme vertigi‑ neux. Insondable. De lui sont sortis tous ceux qui vivent. Éternellement, il émousse ce qui est aigu, dénoue le fil des existences, fait jaillir la lumière. Du rien, crée toute chose. Sa pureté est indicible. Il n’a pas de commence‑ ment. Il est. Nul ne l’a engendré. Il était déjà là quand naquit le maître du ciel2 . »

1. Extrait de la Bhagavad-Gîtâ, chapitres 10 et 13. Bhagavad-Gîtâ veut dire « chant du bienheureux ou chant du seigneur ». Il s’agit du livre de piété le plus répandu en Inde, composé de 18 chapitres, des textes fondamentaux de l’hindouisme écrits entre le ve et le iie siècle avant J.‑C. Il représente en quelque sorte « la Bible de l’Inde ». 2. Le Tao-tö King ou Tao-Te-King, livre sacré de la voie et de la vertu, est un ouvrage classique chinois écrit autour de 600 av. J.‑C. par Lao Tseu, le sage fondateur du taoïsme. Ce manuel de vie réconcilie les deux principes universels opposés : le yin, principe féminin, lunaire, et le yang, principe masculin, solaire. De leur équilibre naissent tous les phénomènes de la nature.

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