







Pour comprendre la fin des dinosaures, il faut aussi parler de leurs origines. Ces fabuleux reptiles apparus durant l’ère secondaire (-252 Ma* à -66 Ma) ont été parmi les êtres vivants les plus prospères de la planète. Ils ont su s’adapter à leur environnement pour profiter au mieux des plantes et des animaux autour d’eux.
Ils ont occupé des habitats très variés et survécu à deux grandes extinctions. Certains dinosaures sont même devenus les plus grands animaux que la Terre ait jamais portés.
* Ma = millions d’années
Eoraptor, l’un des premiers dinosaures, vivait au Trias. Son squelette presque complet a été trouvé en Argentine. Il était principalement carnivore, mesurait 1 mètre de long et pesait environ 7 kilos.
Les dinosaures apparaissent il y a environ 230 millions d’années, pendant le Trias, à partir d’un groupe de reptiles proches des crocodiles. À cette époque, la Terre a un seul grand continent : la Pangée. Les premiers dinosaures vivent dans l’hémisphère Sud actuel : leurs fossiles ont été découverts en Argentine, au Brésil, en Inde ainsi qu’au Zimbabwe. Petits (environ 1 mètre de long) et légers, ils courent sur deux pattes (ils sont bipèdes).
Leurs membres verticaux, situés sous leur corps, les rendent rapides et agiles, un avantage non négligeable sur les autres reptiles.
Le Mésozoïque (l’ère secondaire) commence après la plus grande extinction de masse connue, et finit avec celle du Crétacé. Ces événements marquent des changements majeurs, d’où leur importance pour les géologues.
Voici les quatre pays où l’on a trouvé les plus anciens fossiles de dinosaures, datant d’environ 230 millions d’années.
Europasaurus était un petit sauropode du Jurassique européen. Adapté aux îles qui formaient l’Europe, il ne mesurait que 6 mètres de long.
Il y a 201 millions d’années, entre le Trias et le Jurassique, une extinction de masse se produit. La Pangée commence à se fracturer (les continents s’écartent les uns des autres) et l’activité volcanique est intense.
Les dinosaures auraient pu disparaître, mais ils survivent, contrairement à de nombreux autres grands reptiles. Cela leur permet de coloniser de nouveaux environnements et de diversifier leur alimentation. Certains deviennent gigantesques, atteignant jusqu’à 20 mètres de long, tandis que d’autres, menus et agiles, se voient dotés de plumes et commencent à sauter et à planer : ce sont les premiers oiseaux.
Au Crétacé, grâce à l’apparition des plantes à fleurs et à la séparation des continents qui se poursuit, de nouveaux habitats se forment et de nouvelles familles de dinosaures voient le jour. Afrique, Europe, Inde… Chaque continent abrite des dinosaures uniques ! C’est l’époque de tous les excès et des morphologies les plus farfelues. Certains dinosaures sauropodes, ceux au long cou, atteignent des tailles incroyables de 40 mètres de long ! Pendant ce temps, des dinosaures de la famille des oiseaux deviennent plus légers et inventent le vol battu, prenant réellement leur envol.
Concavenator, un carnivore découvert en Espagne, vivait au Crétacé, il y a 125 millions d’années. Son squelette presque complet et sa morphologie étonnante ont captivé les paléontologues et le public.
Il y a 66 millions d’années, une extinction de masse met fin à 170 millions d’années de domination des dinosaures. Les paléontologues ont décrit environ 1 300 espèces, mais cela n’est sûrement qu’une petite partie de toutes celles qui ont existé. Et ce n’est pas fini : chaque mois, de nouvelles espèces sont découvertes et nommées par les paléontologues, révélant un peu plus l’incroyable diversité de ce groupe !
Sais-tu que le mot « dinosaure » vient du grec deinós qui veut dire « terrible », et sauros qui signifie « lézard » ? Ce terme a été inventé en 1842 par le naturaliste anglais Richard Owen pour décrire des « lézards terriblement grands », car les os fossilisés ressemblaient à ceux des reptiles actuels, mais étaient de taille gigantesque ! À l’époque, le mot « dinosaure » paraissait très scientifique et barbare. Aujourd’hui, il est devenu un terme courant connu de tous, petits et grands.
Dans la dernière partie du Crétacé, il y a 72 à 66 millions d’années, la disposition des continents est presque similaire à celle que l’on connaît aujourd’hui. Le climat est chaud et humide, avec des températures supérieures à 18 °C. Il y a des plantes à fleurs et une grande variété d’insectes. Les dinosaures, répartis en cinq grands groupes, sont présents partout. Ayant eu des millions d’années pour se diversifier et se spécialiser, chacun d’entre eux a acquis un mode de vie et d’alimentation bien spécifique.
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Les adultes mesuraient jusqu’à 8 mètres de long et leur tête était ornée d’une jolie crête.
Celle-ci était sans doute très colorée chez les mâles.
Les théropodes, présents sur tous les continents, incluent des carnivores célèbres comme Majungasaurus en Afrique et Tyrannosaurus en Amérique du Nord. Certains sont omnivores, comme les ornithomimosaures (« lézards qui imitent les oiseaux ») en Amérique du Nord et en Asie, et les oviraptorosaures (« lézards voleurs d’œufs ») en Asie, tandis que les bizarres thérizinosaures (« lézards faucheurs ») sont herbivores. Ce groupe est le plus polyvalent à la fin du Crétacé et c’est celui qui a donné naissance aux oiseaux.
Bien que leur nom signifie « pieds d’oiseaux », à cause de leurs pieds tridactyles (à trois doigts) comme ceux des oiseaux, ils n’ont aucun lien de parenté avec ces derniers. Ce sont en quelque sorte les « vaches » du Crétacé. Les ornithopodes sont de gros herbivores, quadrupèdes et un peu patauds. Leur système digestif perfectionné est très efficace pour digérer les plantes. Les plus gros peuvent atteindre 10 mètres de long, soit presque la taille d’un bus scolaire.
Ce sont tous des herbivores à bec dotés de protections autour de leur tête. Les pachycéphalosaures (« lézards à tête épaisse ») vivent seulement en Amérique du Nord. Bipèdes, ils ont un crâne très résistant, en forme de dôme, empli de protubérances osseuses et même parfois de piques. Les cératopsiens (« têtes cornues ») sont présents en Amérique du Nord et en Asie. Leur crâne est de grande taille, orné de cornes ou de collerettes, et parfois d’une combinaison des deux.
Des centaines de fossiles de Pachycephalosaurus ont été découverts, dont beaucoup de crânes, car ils sont très résistants. L’os formant le dôme crânien peut mesurer jusqu’à 20 cm d’épaisseur !
Tous les ankylosaures sont des herbivores avec un petit bec parfait pour croquer des fougères. Ils ont un corps trapu et une incroyable armure cuirassée. Leur tête, leur dos, et parfois même leur queue, sont recouverts de plaques osseuses épaisses. Ces plaques peuvent être plates, bosselées ou en forme de pointes. Pour certains, leur meilleure arme est leur queue : elle se termine souvent par une lourde massue qu’ils utilisent pour se défendre ou pour effrayer leurs ennemis.
Ankylosaurus était très commun en Amérique du Nord. On estime sa taille à 8 mètres et son poids à quelque 8 tonnes, l’équivalent de deux éléphants !
Les titanosaures (nommés d’après les titans de la mythologie grecque) sont les seuls sauropodes à vivre encore à la fin du Crétacé. Et ils portent bien leur nom ! Ces herbivores comprennent certains des plus grands animaux à avoir jamais marché sur Terre. Patagotitan, découvert en Argentine, est considéré comme le plus grand animal terrestre connu ! Au cours de leur croissance, ces géants aux longs cous passent d’un œuf de la taille d’un ballon de foot à des adultes pouvant atteindre 12 mètres de haut pour 35 mètres de long.
Le titanosaure Alamosaurus possède un humérus (l’os de la patte avant, le même que celui entre ton épaule et ton coude) de 1,35 mètre de long, la taille d’un enfant de 10 ans ! Son dos était couvert de plaques osseuses qui faisaient office de protection.
Il y a 66 millions d’années, tout a brutalement changé sur Terre. Les plantes et les animaux, qui ont mis des millions d’années à s’adapter dans l’eau, sur la terre et dans les airs, voient leur équilibre se briser. Le climat change, les saisons sont perturbées, l’air devient plus difficile à respirer à certains endroits et la nourriture commence à manquer. Les chaînes alimentaires (voir page 12) s’effondrent, provoquant ce que l’on appelle une extinction de masse.
Un astéroïde est une petite planète (c’est-à-dire un gros rocher) qui voyage dans l’espace. Parfois, un morceau plus petit se détache : on l’appelle un météoroïde. S’il entre dans l’atmosphère, la couche de gaz autour de la Terre, il brûle et peut se désintégrer. Mais si un morceau atteint le sol, son nom change : on parle alors de météorite. À la fin du Crétacé, une énorme météorite s’écrase près du Mexique actuel. Elle n’entre pas en collision avec la surface terrestre car elle tombe dans l’océan. L’impact est si puissant qu’il crée un immense cratère, même sous l’eau !
L’extinction de masse de la fin du Crétacé est principalement causée par une énorme météorite tombée près du Mexique et, en même temps, par l’éruption de très nombreux volcans en Inde (voir page 10).
Les scientifiques ont calculé que la météorite arrivait du sud et se dirigeait vers l’hémisphère Nord à une vitesse incroyable de 100 000 km/h ! Elle est énorme, mais lors de son impact dans l’océan, environ 95 % de sa masse se vaporise instantanément. Les morceaux de roche fondue sont projetés partout sur Terre, et certains sont même éjectés dans l’espace. En 2024, les chercheurs ont découvert que l’astéroïde à l’origine de cette météorite venait des limites de notre système solaire.
La plupart des météorites sont petites, mais celle de la fin du Crétacé est gigantesque : 15 kilomètres de diamètre, soit la taille de 150 terrains de football alignés !
Quand la météorite frappe le fond de l’océan, une énorme explosion se produit. Une onde de radiation brûle tout ce qui se trouve à 900 kilomètres autour, soit la distance entre Paris et Nice ! Un immense nuage de vapeur brûlante remplit l’atmosphère. L’air devient tellement chaud que des plantes prennent feu, déclenchant de gigantesques incendies. Le choc crée aussi un bruit assourdissant et une onde de choc qui entraîne des tsunamis et secoue toute la planète. Des débris retombent très loin de la zone d’impact. Depuis 2022, on sait que la collision a eu lieu au printemps, très probablement au mois d’avril.
Les incendies autour du Mexique durent des jours, voire des semaines.
Les dinosaures et autres animaux ont dû survivre dans un environnement extrême et désolé pendant des dizaines d’années après l’impact.
Comme la météorite est tombée dans une zone peu profonde de l’océan, un minéral, appelé gypse, présent en grande quantité dans le fond marin, est projeté dans les airs. Cette poussière bloque la lumière du Soleil, plongeant la Terre dans l’ombre. L’air devient pollué et les températures chutent partout en quelques jours. Sans soleil ni chaleur, les plantes cessent de pousser. En quelques semaines, la nourriture commence à manquer pour les animaux.
En 2022, grâce aux technologies modernes, un autre cratère a été découvert sous l’eau, près des côtes de la Guinée, en Afrique. Curieusement, ce cratère est aussi daté de 66 millions d’années. Il pourrait donc être lié à l’astéroïde responsable du cratère principal ! Il est bien plus petit, avec un diamètre de 8,5 kilomètres. Les scientifiques pensent qu’il aurait été créé par un fragment du même météoroïde, tombé en formant une seconde météorite. De futures recherches aideront à mieux comprendre cette découverte intrigante.