Festival TERRAQUÉ 2021 : programme de salle

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musique classique et contemporaine DU 3 AU 11 SEPTEMBRE

édition #5
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UNE AVENTURE UNIQUE : HORS NORME, HORS DU COMMUN, HORS DES SENTIERS BATTUS

Créé en 2017 à l’initiative du chef d’orchestre Clément Mao – Takacs qui en assure la direction artistique, la cinquième édition du festival TERRAQUÉ aura lieu du 3 au 11 septembre 2021.

Son nom « Terraqué » vient du titre d’un recueil du poète carnacois Guillevic ; employé par Hugo et Proust, ce beau mot un peu étrange signifie littéralement « de terre et d’eau », et symbolise à la fois la situation géographique de Carnac et l’esprit de ce festival : imitant le ressac de la mer, le festival TERRAOUÉ est un vaet-vient, un dialogue permanent entre les arts, les cultures, les formes artistiques, les artistes, la ville et la plage, la campagne et la mer, le sacré et le profane, les répertoires, les différents lieux de patrimoine.

Bénéficiant sur toute sa durée de la présence d’un orchestre professionnel, SECESSION ORCHESTRA, et d’une nouvelle génération d’artistes réunie autour de Clément Mao – Takacs, le festival TERRAQUÉ développe son action sur l’ensemble du territoire carnacois, à destination de tous les publics, grâce à la musique qui est ici synonyme de partage, d’échange, d’émotions et de rencontres. Le festival Terraqué, c’est avant tout une aventure humaine et musicale qui fédère les bonnes volontés autour d’un projet radicalement différent.

La cinquième édition – déjà cinq années de musique à Carnac ! – sera l’occasion de plonger à nouveau dans le répertoire lyrique et symphonique, mais aussi de nager en eaux inconnues, avec des œuvres plus rarement jouées, beaucoup de musique de chambre, des textes en plusieurs langues, et des artiste, habitué.e.s ou venant ici pour la première fois. Une édition comme une réparation, qui nous consolera de l’édition de l’an passé, tronquée par la pandémie, et nous donnera le désir de nous retrouver, ensemble, dans la joie et l’allégresse. WWW.FESTIVALTERRAQUE.COM

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ÉDITOS

UN FESTIVAL POUR CÉLÉBRER ET PARTAGER NOTRE PATRIMOINE

Rendez-vous carnacois incontournable, la 5ème édition du festival TERRAQUÉ créé par Clément Mao – Takacs vient illuminer la commune pour la fin d’été. Grâce à ce remarquable musicien et pédagogue accompagné par les excellents musiciens de son SECESSION ORCHESTRA et une pléiade de personnalités artistiques exceptionnelles, le festival TERRAQUÉ propose un itinéraire musical et géographique singulier.

Sillonnant le territoire, ils nous invitent à (re)découvrir la commune et son riche patrimoine historique, naturel et culturel. Chapelles, vestiges mégalithiques, plages et campagnes verdoyantes constituent un écrin exceptionnel pour l’expression de la musique et de la création artistique.

Le festival TERRAQUÉ est une formidable aventure musicale et humaine, grâce à l’implication remarquable des artistes, des organisateurs, des bénévoles et des partenaires toujours plus nombreux. Cette semaine musicale est un évènement majeur qui réaffirme la place, essentielle, de la culture dans la vie de notre commune.

UN TEMPS RETROUVÉ, UN ESPACE RÉINVESTI PAR LA CONJUGAISON DES ARTS

Pendant les longs mois de la crise que nous venons de traverser, la musique vivante nous a manqué. Aux quatre coins du monde, elle a été, un temps, réduite au silence. Ce silence, nous sommes au moment de le rompre, bien conscients que quelque chose de neuf, en la matière, est à inventer. Définir de nouvelles façons d’interpréter la musique et de l’écouter ? Tisser, du musicien à l’auditeur, des liens différents ? Faire la part belle à des répertoires oubliés, à des œuvres récentes ? Jouer à questionner les usages et les traditions ? Il s’agit en tout cas de ne pas se cantonner frileusement à ce que nous avons connu. Il s’agit que puissent s’élever les voix de ceux qui, durant ce temps de clôture, ont invisiblement pensé et préparé ce renouveau.

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Olivier Lepick, Maire de Carnac Émilie de Fautereau-Vassel, présidente de l’association
“Festival TERRAQUÉ”

Nous avons connu une forme de guerre muette, à l’issue de quoi le lien social est distendu, les habitudes atomisées. C’est là, précisément, que l’art de création, l’art exigeant, l’art visionnaire, peut jouer pleinement son rôle de ciment (pierre), de ferment (terre), de gréement (mer). C’est la beauté qui recrée l’harmonie. Brisé et meurtri, notre présent peut s’appuyer sur les arts vivants pour panser les plaies et fixer les souvenirs — pour construire et reconstruire, unir et réunir, susciter et ressusciter. Dans ce pays auquel on demeure lié, dans ce lieu que façonnent et protègent les pierres, la terre et la mer, le festival Terraqué s’est maintenu, adapté et réinventé. Il a pris la forme, en 2020, d’un ‘Festi-light’ ajusté aux consignes sanitaires en vigueur ; il nous réserve, en 2021, un visage inédit.

Sa direction artistique, selon le vœu de Clément Mao – Takacs, lui a forgé une identité forte à travers les programmes qu’elle élabore. Les œuvres y entrent en résonance historique, esthétique, symbolique, entre elles bien sûr, mais aussi dans le dialogue avec d’autres arts, qui répondent naturellement à la sollicitation musicale — arts picturaux, arts littéraires, arts de la scène...

Comme un prisme, ce jeu d’échos nous propose de lire autrement notre monde et notre époque ; par une mise en relief, et en lumière, il en souligne les aspects significatifs qui pouvaient, dans l’agitation de nos existences, nous avoir échappé.

Un temps retrouvé, un espace réinvesti, voilà ce vers quoi nous mène cette conjugaison des arts, que le travail opiniâtre et l’incontestable maestria des musiciens rendent si riche de sens et de beautés.

Le festival Terraqué advient et revient en son temps, en sa saison. Il se veut inébranlable et fidèle, à l’exemple des menhirs, imperturbable et régulier comme la marée, et tout aussi souple et malléable que le sable de nos grèves. Loin d’être replié sur lui-même, ou réservé à une élite, il se met au service d’une transmission culturelle et pédagogique de grande qualité — en créant par exemple des ateliers de découverte et de pratique musicale destinés aux publics de tous âges et de tous horizons, avec l’appui de nombreuses instances et collectivités locales.

L’association Festival Terraqué exprime donc à ces partenaires sa plus vive gratitude. Elle remercie tout spécialement Olivier Lepick, maire, qui a toujours souhaité que le festival s’inscrive dans la durée, et l’abbé Dominique Le Quernec, recteur-doyen des paroisses de Carnac, La Trinité et Plouharnel, qui permet à nos concerts de faire sonner les belles voûtes des églises et chapelles du doyenné. Elle adresse enfin son amicale reconnaissance à Sylvie Madec, dont la présidence durant quatre années a porté de si beaux fruits. Fidèle depuis ma naissance au pays alréen, auquel m’attachent irrémédiablement mes racines familiales, je suis honorée de succéder à Sylvie.

Nulle part comme à Carnac

Le ciel n’est à la terre

Ne fait monde avec elle

Pour former comme un lieu

Plutôt lointain de tout

Qui s’avance au-dessous du temps

Que vivent et résonnent ces vers de Guillevic tout au long de la cinquième édition de Terraqué ; que, nulle part comme à Carnac, chacune et chacun entre dans la fécondité de cette surprenante expérience artistique.

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« Notre monde n’a pas besoin d’âmes tièdes. Il a besoin de cœurs brûlants. »

Albert Camus, Combat (éditorial du 26 décembre 1944)

« Il faut brûler pour arriver consumés au dernier feu »

Pier Paolo Pasolini - traduction René de Ceccaty

« Ainsi mon âme, tout en suspens, regardait fixement, immobile, attentive, et s’enflammait sans cesse à regarder encore. À cette lumière on devient tel que se détourner d’elle pour une autre vision est impossible à jamais consentir ; puisque le bien, qui est seul objet du vouloir, s’accueille tout en elle, et hors d’elle est en défaut ce qui là est parfait »

Dante Alighieri, La Comedia / La Divine Comédie - Paradiso / Le Paradis - Canto / Chant XXXIII (97-105) Traduction de Jacqueline Risset

« Mets une lumière dans mon cœur, une lumière dans mon ouïe, une lumière dans mon regard, une lumière à ma droite, une lumière à ma gauche, une lumière devant moi, une lumière derrière moi, une lumière au-dessus de moi, une lumière au-dessous de moi, donne-moi une lumière et fais-moi lumière. »

Ibn Arabi (entre le 12ème et le 13ème siècles)

6 © Régis Dho

L’AMOUR QUI MEUT LE SOLEIL ET LES AUTRES ÉTOILES

Chaque édition du festival Terraqué est unique. Chaque année, il me faut repenser avec mon équipe une programmation intégrale en tenant compte de ce qui est possible et surtout des impossibilités ; s’appuyer sur les bonnes volontés et jongler avec les mauvaises ; tâcher d’éviter les chausse-trappes et dissiper les malentendus ; écouter patiemment l’expression des multiples égos, lever les réticences, et devoir, encore et toujours, convaincre. C’est un éternel recommencement, et l’image de Sisyphe vient à propos – pas sûr qu’il soit aussi heureux que Camus nous invite à l’imaginer, ce pauvre homme ! Chaque édition est donc à l’image d’une gestation et d’une naissance ; et même si l’on connaît le processus, il comporte forcément son lot de variations et d’inattendu. L’an passé fut une année difficile : alors que nous avions prévu et attendions la plus belle des éditions en réponse à la pandémie, il y eut un avortement forcé suivi d’un

accouchement au forceps. Mais, même un peu plus malingre que d’ordinaire, l’enfant a survécu – heureusement !

En 2021, j’ai choisi à la fois de regarder en arrière et en avant : en arrière, parce que, pour la 5ème édition, il m’a semblé important d’essayer d’offrir aux publics un peu de ce que nous avions prévu de vivre l’an passé, et de faire aussi une synthèse de ce qui a fait le succès des années précédentes ; en avant, parce que j’entrevois ce qui désormais ne pourra plus se faire à l’identique, et qu’il faut doucement changer pour que le festival puisse se pérenniser harmonieusement.

C’est également une année-charnière, une année de transition, où nous changeons de Présidente – et je ne saurai jamais assez remercier Sylvie Madec pour son implication depuis 2017, tout en accueillant chaleureusement Émilie de Fautereau-Vassel qui nous rejoint à la tête de l’association Festival Terraqué.

Surtout, il m’a semblé que nous ne sortons pas indemnes de cette pandémie — nous n’en sommes d’ailleurs pas sortis du tout ! — : autour de nous, les morts sont toujours nombreux, et même si beaucoup continuent à vivre comme si de rien n’était, je crois que nous avons besoin de prendre le temps d’assumer un travail de deuil collectif. Car il est, plus que jamais, essentiel de penser et de vivre les choses collectivement – et la musique peut nous aider à cela. Un concert — et plus largement : un spectacle vivant — n’est pas un simple divertissement ou un produit de consommation : c’est un lieu de partage, d’émotion et de réflexion, qui doit bouleverser quelque chose en nous, qui doit nous bousculer, qui doit nous (r)éveiller.

C’est vers cela que tendent toutes les manifestations artistiques du Festival Terraqué. Comme chaque année, les concerts et les récitals se répondent, s’entrelacent, tissent les fils d’un conte, d’un voyage, d’une histoire qui est nôtre : on y parle autant de la mémoire que des disparu.e.s, de la joie et de la souffrance, des passions et de la raison, de trahison et de loyauté ; on y entend la musique des mots et les mots en musique ; on y entend plus d’une langue, et notamment la langue bretonne ; on y parle des corps et des âmes, du charnel et du spirituel, de la lassitude et de l’exultation, du présent qui est comme l’eau qui coule mais aussi de ce qui résonne au-delà de nous-mêmes…

J’ai voulu cette édition à l’image des précédentes, mêlant les piliers du répertoire aux œuvres moins connues ou à (re)découvrir. Bien sûr, vous aurez, avec nos merveilleux artistes invité.e.s durant ces journées de festival, des guides éclairés – tout comme Virgile mena Dante à travers les cercles infernaux et les monts du Purgatoire, jusqu’au Paradis resplendissant de lumière(s). Et bien qu’en cette heure terrible, nous voyions avec douleur la Terre brûler et les forêts se consumer, c’est un autre embrasement que je vous et nous souhaite : un feu de joie maîtrisé autour duquel, tous ensemble, nous chanterons et danserons, animés d’un amour qui outrepasse l’humain (« transumanar ») – brasier ardent qui est, peut-être, l’image exacte de nos cœurs.

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VENDREDI 3 SEPTEMBRE

21h ÉGLISE SAINT CORNÉLY

concert symphonique

« L’ART DE LA JOIE »

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

SAMEDI 4 SEPTEMBRE

18h CHAPELLE DE LA MADELEINE

récital | musique de chambre

« CORPS ET ÂMES »

Marianne Seleskovitch, mezzo-soprano

Romain Dayez, baryton

Vincent Buffin, harpe

21h ÉGLISE SAINT CORNÉLY

concert symphonique

«  COMME L’EAU QUI COULE »

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

DIMANCHE 5 SEPTEMBRE

18h CHAPELLE DE SAINT COLOMBAN

récital | musique de chambre

«  GWENN-HA-DU »

Musiciens de SECESSION ORCHESTRA

Vincent Buffin, harpe

Marianne Seleskovitch, mezzo-soprano

Magali Baron, lectures

Aleksi Barrière, lectures

21h ÉGLISE SAINT CORNÉLY

concert symphonique

«  DE GUERRE LASSE »

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

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PROGRAMME DU
FESTIVAL 2021

LUNDI 6 SEPTEMBRE

18h CHAPELLE DE KERGROIX

récital | musique de chambre

« BONS BAISERS DE RUSSIE »

Musiciens de SECESSION ORCHESTRA

Vincent Buffin, harpe

Marianne Seleskovitch, mezzo-soprano

Aleksi Barrière, lectures

21h ÉGLISE SAINT CORNÉLY

concert symphonique

« À L’OMBRE DES JEUNES FILLES EN FLEURS »

Faustine de Monès, soprano

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

MARDI 7 SEPTEMBRE

18h CHAPELLE DE COËT-À-TOUS

récital | musique de chambre

« D’ENFER ET DE PARADIS »

Ensemble L’Échelle

Aurelie Barbelin, superius

Caroline Marçot, cantus

Cédric Baillergeau, altus

Thibault Givaja, tenor

Julien Reynaud, bassus

Gwenael Prost, origamer

Aleksi Barrière, voix parlée / regard extérieur

21h ÉGLISE SAINT CORNÉLY

concert symphonique

« FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS »

Marion Lebègue, soprano

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

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MERCREDI 8 SEPTEMBRE

18h CHAPELLE DE LA CONGRÉGATION

récital | musique de chambre

«  PAROLES GELÉES »

Duo Octologo < Ensemble L’Échelle

Elise Dabrowski, voix et contrebasse

Caroline Marçot, voix et conception

21h ÉGLISE SAINT CORNÉLY

concert voix et piano

«  AMERICANAH »

Marie-Laure Garnier, soprano

Célia Oneto-Bensaid, piano

JEUDI 9 SEPTEMBRE

18h CHAPELLE DE LA CONGRÉGATION

récital | musique de chambre

«  PAVOT ET MÉMOIRE »

Musiciens de Secession Orchestra

Marianne Seleskovitch, mezzo-soprano

Aleksi Barrière, lectures

21h ÉGLISE SAINT CORNÉLY

concert symphonique

«  LE LABYRINTHE DES PASSIONS »

Irina de Baghy, mezzo-soprano

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

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PROGRAMME DU FESTIVAL 2021

VENDREDI 10 SEPTEMBRE

18h CHAPELLE DU HAHON

récital | musique de chambre

«  VOYAGE AU PAYS DU TENDRE »

Musiciens de SECESSION ORCHESTRA

Vincent Buffin, harpe

Marianne Seleskovitch, mezzo-soprano

Irina de Baghy, mezzo-soprano

21h ÉGLISE SAINT CORNÉLY

concert | orchestre & voix

«  CHANSONS D’AU-DELÀ »

Marie-Laure Garnier, soprano

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

SAMEDI 11 SEPTEMBRE

Festival Terraqué hors-les-murs

La Trinité-sur-Mer

21h Espace culturel LA VIGIE

concert symphonique

«  DOULEUR ET GLOIRE »

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

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12 © Régis Dho

CONCERTS DU SOIR | 21H

Billets en vente  :

- sur internet  : www.festivalterraque.com

- à l’office du tourisme de Carnac Bourg

- à l’office du tourisme de Carnac Plage

- sur place avant chaque concert

Billetterie*

RÉCITALS DE MUSIQUE DE CHAMBRE | 18H

Entrée libre sur réservation  :

- en ligne  : www.festivalterraque.com

- à l’office du tourisme de Carnac Bourg

- à l’office du tourisme de Carnac Plage

ATELIERS VOCAUX COLLECTIF | 11H

Entrée libre (libre participation aux frais)

* BILLETTERIE

Tarif A : 18€, Tarif B : 14€, gratuit pour les moins de 18 ans

Réservation*

Tarif unique : 16€ pour le concert Hors les Murs du samedi 11 septembre à la Trinité-sur-Mer

Pack 5 conc erts du soir :

Achetez 1 place pour 5 concerts différents et ne payez que 4 (20% de réduction)

Pack 3 concerts du soir :

Achetez 1 place pour 3 concerts différents et obtenez 12% de réduction

PROTOCO LE COVID 2021

PASSE SANITAIRE OBLIGATOIRE

M erci de respecter les gestes barrières

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BILLETTERIE * ET RÉSERVATIONS
14 © Régis Dho

GIACCHINO ROSSINI

Il Barbiere di Siviglia — Ouverture

WOLFGANG AMADEUS MOZART Symphonie n°41 en Do majeur KV 551 (dite “Jupiter”)

1. Allegro vivace

2. Andante cantabile

3. Menuetto : Allegretto – Trio

4. Molto allegro

L’ART DE LA JOIE

ÉGLISE SAINT CORNÉLY vendredi 3 septembre I 21h

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

LUDWIG VAN BEETHOVEN Symphonie n°7 en La majeur op. 92

1. Poco sostenuto – Vivace

2. Allegretto

3. Presto – Assai meno presto (trio)

4. Allegro con brio

Ce concert est dédié à la mémoire du Maestro Gianluigi Gelmetti.

15 CONCERT SYMPHONIQUE

CONCERT SYMPHONIQUE

L’ART DE LA JOIE

Mais pourquoi ne peut-on être toujours heureux ? Pourquoi y a-t-il toujours quelque chose qui vient entraver notre bonheur ?

Parce qu’on apprend plus des ennemis - elle l’avait lu quelque part - et des mauvaises choses du passé que... Oui, il devait en être ainsi. Et je décidai qu’à partir de ce jour je me rappellerais toujours tout du passé - les belles choses et les mauvaises - pour qu’il reste présent à mon esprit et pour prévenir au moins les erreurs déjà commises.

Mais il fallait être libre, profiter de chaque instant, expérimenter chaque pas de cette promenade que nous appelons vie.

Le mal réside dans les mots que la tradition a voulus absolus, dans les significations dénaturées que les mots continuent à revêtir. Le mot amour mentait, exactement comme le mot mort. Beaucoup de mots mentaient, ils mentaient presque tous. Voilà ce que je devais faire : étudier les mots exactement comme on étudie les plantes, les animaux. Et puis, les nettoyer de la moisissure, les délivrer des incrustations de siècles de tradition, en inventer de nouveaux, et surtout écarter pour ne plus m’en servir ceux que l’usage quotidien emploie avec le plus de fréquence, les plus pourris, comme : sublime, devoir, tradition, abnégation, humilité, âme, pudeur, cœur, héroïsme, sentiment, piété, sacrifice, résignation...

La peur, comme les pensées noires, est une mauvaise herbe puissante et il faut tout de suite se l’arracher du corps.

Il y a aussi la nature de chacun, ne me deviens pas un fanatique de la joie, je t’en prie ! Le tempérament d’un comique est terriblement triste. Dans les êtres, dans les professions qu’ils choisissent, il y a aussi une donnée mystérieuse, insondable. La nature elle-même est insondable, je t’en prie, mon petit ! Laissons les autres être comme ils sont, ou comme ils veulent être !

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© Régis Dho

CONCERT SYMPHONIQUE

L’ART DE LA JOIE

Il y a une limite précise dans l’aide apportée aux autres. Au-delà de cette limite, invisible à beaucoup, il n’y a que volonté d’imposer sa propre façon d’être…

Le vent de ses yeux m’emporte vers lui, et même si mon corps immobile résiste, ma main se retourne pour rencontrer sa paume. Dans le cercle de lumière la vie de ma main se perd dans la sienne et je ferme les yeux. Il me soulève de terre, et dans des gestes connus l’enchantement de mes sens ressuscite, réveillant à la joie mes nerfs et mes veines. Je ne m’étais pas trompée, la Mort me surveille à distance, mais juste pour me mettre à l’épreuve. Il faut que j’accepte le danger, si seul ce danger a le pouvoir de rendre vie à mes sens, mais avec calme, sans tremblements d’enfance.

Ne jamais refuser de voir les côtés désagréables de la vie ; quand on ne les connait pas, la réalité leur fait prendre des proportions gigantesques dans l’imagination, les transformant en cauchemars incontrôlables.

Comment pouvais-je le savoir si la vie ne me le disait pas ? Comment pouvais-je savoir que le bonheur le plus grand était caché dans les années apparemment les plus sombres de mon existence ? S’abandonner à la vie sans peur, toujours… Et maintenant encore, entre sifflements de trains et portes claquées, la vie m’appelle et je dois y aller.

Non, on ne peut communiquer à personne cette plénitude de joie que donne l’excitation vitale de défier le temps à deux, d’être partenaires dans l’art de le dilater, en le vivant le plus intensément possible avant que ne sonne l’heure de la dernière aventure ? Et si cet homme –mon vieux petit ami – s’étend sur moi avec son beau corps lourd et léger, et me prend comme il le fait maintenant, ou me baise entre les jambes comme Tuzzu le faisait autrefois, je me retrouve à penser bizarrement que la mort ne sera peut-être qu’un orgasme aussi comblant que celui-là.

Le corps est un instrument délicat, plus qu’une guitare, et plus tu l’étudies et plus tu l’accordes à l’autre, plus le son devient parfait et fort le plaisir.

– Je ne suis jamais tombé amoureux, mais toi, maman, combien de fois ?

– Toutes les fois où ça a été nécessaire.

Dans le miroir – où il y avait si longtemps que je ne me regardais pas – le visage de Carlo me fixe. Ou peut-être est-ce l’habitude de parler avec lui qui rappelle à la vie ses traits, transformant mon sourire et mon regard en les siens ? Pouvoir du désir de garder en vie qui l’on aime. En moi, vivant, dans le miroir, il renaît souriant... je comprends ton sourire, Carlo, les morts ne veulent pas qu’on meure avec eux, mais qu’on les garde en vie, dans nos pensées, notre voix, dans nos gestes.

Je t’aime, pas pour l’éternité, mais je t’aime encore.

Goliarda SAPIENZA, L’Art de la Joie traduction de Nathalie Castagné

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18 © Régis Dho

COMME L’EAU QUI COULE

ÉGLISE SAINT CORNÉLY

samedi 4 septembre I 21h

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

WOLFGANG AMADEUS MOZART

extraite de Le Nozze di Figaro KV 492

Ouverture

MAURICE RAVEL

Pavane pour une Infante défunte

WOLFGANG AMADEUS MOZART

extraite de Don Giovanni KV 527

Ouverture

GUSTAV MAHLER

extrait de la Symphonie n°5

Adagietto

WOLFGANG AMADEUS MOZART

Symphonie n°41 en Do majeur KV 551 (dite “Jupiter”)

1. Allegro vivace

2. Andante cantabile

3. Menuetto : Allegretto – Trio

4. Molto allegro

Ce concert est dédié à la mémoire de M. Éric Varin.

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CONCERT SYMPHONIQUE

CONCERT SYMPHONIQUE

COMME L’EAU QUI COULE

Nathanaël s’émerveillait que ces gens, dont il ne savait rien un mois plus tôt, tinssent maintenant tant de place dans sa vie, jusqu’au jour où ils en sortiraient comme l’avaient fait la famille et les voisins de Greenwich, comme les camarades de bord, comme les habitants de l’Ile Perdue, comme les commis d’Elie et les femmes de la Judenstraat. Pourquoi ceux-ci et non pas d’autres ? Tout se passait comme si, sur une route ne menant nulle part en particulier, on rencontrait successivement des groupes de voyageurs eux aussi ignorants de leur but et croisés seulement l’espace d’un clin d’œil. D’autres, au contraire, vous accompagnaient un petit bout de chemin, pour disparaitre sans raison au prochain tournant, volatilisés comme des ombres. On ne comprenait pas pourquoi ces gens s’imposaient à votre esprit, occupaient votre imagination, parfois même vous dévoraient le cœur, avant de s’avouer pour ce qu’ils étaient : des fantômes. De leur côté, ils en pensaient peut-être autant de vous, à supposer qu’ils fussent de nature à penser quelque chose. Tout cela était de l’ordre de la fantasmagorie et du songe.

Marguerite YOURCENAR, Un homme obscur

Certains jours, passant outre aux interdictions de Donna Valentine, Miguel se levait à l’aube, sellait lui-même son cheval, et se lançait à l’aventure très loin dans les terres basses. Le sol s’étendait noir et nu ; des buffles immobiles, couchés par masses sombres, semblaient dans l’éloignement des blocs de rochers dévalés des montagnes ; des monticules volcaniques bossuaient la lande ; le grand vent passait toujours.

Anna, assise sous le pâle soleil de l’automne, posait de temps en temps sur une ligne ses yeux fatigués. Elle ne cherchait pas à suivre le sens, mais ces grandes phrases ardentes faisaient partie de la musique amoureuse et funèbre qui avait accompagné sa vie. Les images d’autrefois rayonnaient de nouveau dans leur jeunesse immobile, comme si Donna Anna, dans sa descente insensible, eût commencé d’atteindre le lieu où tout se rejoint. Donna Valentine n’était pas loin ; Don Miguel resplendissait dans l’éclat de ses vingt ans ; il était tout proche. Une Anna de vingt ans brûlait et vivait elle aussi, inchangée, à l’intérieur de ce corps de femme usé et vieilli. Le temps avait jeté bas ses barrières et ses grilles. Cinq jours et cinq nuits d’un violent bonheur remplissaient de leurs échos et de leurs reflets tous les recoins de l’éternité.

Tout a déjà été vécu et revécu des milliers de fois par les disparus que nous portons dans nos fibres, tout comme nous portons en elles les milliers d’êtres qui seront un jour. La seule question qui se pose sans cesse est pourquoi, de ces innombrables particules flottant en chacun de nous, certaines plutôt que d’autres remontent à la surface.

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Marguerite YOURCENAR, Anna Soror

COMME L’EAU QUI COULE

Quand je considère ma vie, je suis épouvanté de la trouver informe. L’existence des héros, celle qu’on nous raconte, est simple ; elle va droit au but comme une flèche. Et la plupart des hommes aiment à résumer leur vie dans une formule, parfois dans une vanterie ou dans une plainte, presque toujours dans une récrimination ; leur mémoire leur fabrique complaisamment une existence explicable et claire. Ma vie a des contours moins fermes... Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J’y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d’instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l’inévitable ; partout, les éboulements du hasard. Je m’efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d’or, ou l’écoulement d’une rivière souterraine, mais ce plan tout factice n’est qu’un trompe-l’œil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un présage, une suite définie d’événements, je crois reconnaître une fatalité, mais trop de routes ne mènent nulle part, trop de sommes ne s’additionnent pas. Je perçois bien dans cette diversité, dans ce désordre, la présence d’une personne, mais sa forme semble presque toujours tracée par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflétée sur l’eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu’elles le fassent, puisqu’elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mémoire des hommes, ou même dans la mienne propre ; puisque c’est peut-être l’impossibilité de continuer à s’exprimer et à se modifier par l’action que constitue la différence entre l’état de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indéfinissable. Et la preuve, c’est que j’éprouve sans cesse le besoin de les peser, de les expliquer, d’en rendre compte à moi-même. Certains travaux qui durèrent peu sont assurément négligeables, mais des occupations qui s’étendirent sur toute la vie ne signifient pas davantage. Par exemple, il me semble à peine essentiel, au moment où j’écris ceci, d’avoir été empereur...

21 CONCERT SYMPHONIQUE
Marguerite YOURCENAR, Mémoires d’Hadrien
22 © Régis Dho

LUDWIG VAN BEETHOVEN

extraite de la musique de scène pour Coriolan op. 62

Ouverture

MAURICE RAVEL

Pavane pour une Infante défunte

MEL BONIS

Tambours et clairons — Pas redoublé

DE GUERRE LASSE ÉGLISE SAINT CORNÉLY

dimanche 5 septembre I 21h

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

MAURICE RAVEL

Le Tombeau de Couperin, Suite

1. Prélude

2. Forlane

3. Menuet

4. Rigaudon

LUDWIG VAN BEETHOVEN

Symphonie n°7 en La majeur op. 92

1. Poco sostenuto – Vivace

2. Allegretto

3. Presto – Assai meno presto (trio)

4. Allegro con brio

Ce concert est dédié à la mémoire de M. Pierre Seleskovitch.

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SYMPHONIQUE
CONCERT

CONCERT SYMPHONIQUE

DE GUERRE LASSE

C’était ainsi qu’une fois de plus, Alice se retrouvait prisonnière des principes. Toute sa vie n’avait été qu’une longue bataille, une sournoise et âpre lutte entre les conventions et sa propre nature. D’elle-même, Alice n’aurait rien dit à Jérôme, elle lui aurait accordé, prêté son corps tendrement, distraitement, affectueusement, comme elle le faisait depuis six mois, et elle aurait partagé le lit de Charles avec toute la sensualité, toute la curiosité, toute la gaieté et l’estime même, que cet homme éveillait en elle. Jérôme n’aurait pas été désespéré, elle n’en eût pas souffert, elle ne se serait pas sentie coupable et la vie aurait été harmonieuse. Seulement voilà ! Aucun de ces deux hommes ne supporterait cette situation. Se la partager leur semblerait impossible. Quelle absurdité ! Pour partager quelque chose ou quelqu’un, il faut l’avoir, et l’un et l’autre devaient bien savoir qu’ils ne l’avaient pas. On ne possède jamais quelqu’un. (..) Et pourtant Jérôme et Charles qui acceptaient de partager son estime, sa tendresse, son affection, refusaient de partager son corps ; comme si son corps était plus important que des sentiments. C’est grâce à cet a priori absurde qu’elle allait devoir blesser quelqu’un qu’elle chérissait, c’est par “décence” qu’elle allait être cruelle.

24
Françoise SAGAN, De guerre lasse

En tout cas lui Constantin von Meck était un homme fini ; fini car il avait été un tricheur, un menteur, même s’il ne l’avait pas fait exprès ; il était à présent un homme mort, à ses yeux comme à ceux du monde. Et tout à coup, Constantin von Meck qui mesurait un mètre quatre vingt-quinze et pesait quatrevingt-cinq kilos, Constantin von Meck qui avait de grandes moustaches, des yeux rieurs et un pelage blond jusqu’aux roux sur une carcasse jadis athlétique, Constantin von Meck se replia sur lui-même comme un fœtus et se mit à sangloter d’une manière spasmodique et puérile dans son oreiller. Il pleurait : des larmes jaillissaient de ses yeux, coulaient dans sa moustache, ruisselaient sur ses tempes. Il pleurait comme il n’avait jamais pleuré de sa vie, comme il ne se rappelait pas avoir jamais pleuré de sa vie. Il n’avait pas eu de ces larmes à la mort de son meilleur ami - et amant- , Mickaël ; il n’avait pas eu ces larmes non plus quand sa mère était morte ; il n’avait pas eu ces larmes quand Wanda l’avait quitté pour de bon, enfin pour la dernière fois... Il n’avait pas eu ses larmes jamais pour personne et là il les avait pour lui-même, pour l’image d’un lui-même qui souffrait à présent ; et l’idée que ce fût pour lui et en fonction de lui, qu’il avait ce chagrin intolérable, doublait sa honte, son désespoir et ses sanglots.

Françoise SAGAN, Un sang d’aquarelle

DE GUERRE LASSE

Je ne sais pas si vous vous rendez compte, Loïc, mais depuis ce matin nous avons été mitraillés trois ou quatre fois, notre chauffeur a été tué sous nos yeux, notre voiture démolie et flambée, notre hôte a eu la cheville transpercée par une balle, ses chevaux se sont emballés et c’est un miracle que j’ai pu les dompter... et maintenant nous voilà dans un bâtiment rustique à demander asile à une femme qui ne parle pas un mot de français ! J’ai beau avoir un caractère d’acier, je vous l’avoue, Loïc, il commence à plier...

Françoise SAGAN, Les faux-fuyants

25 CONCERT SYMPHONIQUE
26 © Régis Dho

À L’OMBRE DES JEUNES FILLES EN FLEURS

ÉGLISE SAINT CORNÉLY

lundi 6 septembre I 21h

Faustine de Monès, soprano

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

MAURICE RAVEL

Pavane pour une Infante défunte

GIUSEPPE VERDI

extrait de Falstaff

Aria « Sul fil d’un soffio etesio…»

(Nanetta)

HECTOR BERLIOZ

extrait de Béatrice et Bénédict

Sicilienne

GIUSEPPE VERDI

extrait de Rigoletto

Aria « Caro nome che il mio cor…»

(Gilda)

GABRIEL FAURÉ

extrait de Pelléas et Mélisande

Sicilienne

VINCENZO BELLINI

extrait de La Sonnambula

Récit, Aria et Cabalette « Ah non credea mirarti…» (Amina)

PAULINE GARCIA VIARDOT

Tarentelle

GIACOMO PUCCINI

extraite de Gianni Schicchi

Arietta « O mio babbino caro…» (Lauretta)

MEL BONIS

Tambours et clairons — Pas redoublé

GIACOMO PUCCINI

extraite de La Rondine

Canzone « Chi il bel sogno di Doretta…» (Doretta)

MAURICE RAVEL

Le Tombeau de Couperin, Suite

Ce concert est dédié à la mémoire de Mme Ghislaine Ducousso.

27 CONCERT SYMPHONIQUE
1. Prélude 2. Forlane 3. Menuet 4. Rigaudon

À L’OMBRE DES JEUNES FILLES EN FLEURS

Comme c’était déjà l’heure où beaucoup de promeneurs rentraient déjeuner, ceux qui restaient étaient peu nombreux et, pour la plus grande part, des gens élégants. Tout d’un coup, sur le sable de l’allée, tardive, alentie et luxuriante comme la plus belle fleur et qui ne s’ouvrait qu’à midi, Mme Swann apparaissait, épanouissant autour d’elle une toilette toujours différente mais que je me rappelle surtout mauve ; puis elle hissait et déployait sur un long pédoncule, au moment de sa plus complète irradiation, le pavillon de soie d’une large ombrelle de la même nuance que l’effeuillaison des pétales de sa robe. Toute une suite l’environnait ; Swann, quatre ou cinq hommes de club qui étaient venus la voir le matin chez elle ou qu’elle avait rencontrés ; et leur noire ou grise agglomération obéissante, exécutant les mouvements presque mécaniques d’un cadre inerte autour d’Odette, donnait l’air à cette femme qui seule avait de l’intensité dans les yeux, de regarder devant elle, d’entre tous ces hommes, comme d’une fenêtre dont elle se fût approchée, et la faisant surgir, frêle, sans crainte, dans la nudité de ses tendres couleurs, comme l’apparition d’un être d’une espèce différente, d’une race inconnue, et d’une puissance presque guerrière, grâce à quoi elle compensait à elle seule sa multiple escorte. Souriante, heureuse du beau temps, du soleil qui n’incommodait pas encore, ayant l’air d’assurance et de calme du créateur qui a accompli son œuvre et ne se soucie plus du reste, certaine que sa toilette – dussent les passants vulgaires ne pas l’apprécier – était la plus élégante de toutes, elle la portait pour soi-même et pour ses amis, naturellement, sans attention exagérée, mais aussi sans détachement complet, n’empêchant pas les petits nœuds de son corsage et de sa jupe de flotter légèrement devant elle comme des créatures dont elle n’ignorait pas la présence et à qui elle permettait avec indulgence de se livrer à leurs jeux, selon leur rythme propre, pourvu qu’ils suivissent sa marche, et même sur son ombrelle mauve que souvent elle tenait encore fermée quand elle arrivait, elle laissait tomber par moment comme sur un bouquet de violettes de Parme, son regard heureux et si doux que quand il ne s’attachait plus à ses amis mais à un objet inanimé, il avait l’air de sourire encore.

Depuis que j’en avais vu dans des aquarelles d’Elstir, je cherchais à retrouver dans la réalité, j’aimais comme quelque chose de poétique, le geste interrompu des couteaux encore de travers, la rondeur bombée d’une serviette défaite où le soleil intercale un morceau de velours jaune, le verre à demi vidé qui montre mieux ainsi le noble évasement de ses formes, et au fond de son vitrage translucide et pareil à une condensation du jour, un reste de vin sombre, mais scintillant de lumières, le déplacement des volumes, la transmutation des liquides par l’éclairage, l’altération des prunes qui passent du vert au bleu et du bleu à l’or dans le compotier déjà à demi dépouillé, la promenade des chaises vieillottes qui deux fois par jour viennent s’installer autour de la nappe dressée sur la table ainsi que sur un autel où sont célébrées les fêtes de la gourmandise, et sur laquelle au fond des huîtres quelques gouttes d’eau lustrale restent comme dans de petits bénitiers de pierre ; j’essayais de trouver la beauté là où je ne m’étais jamais figuré qu’elle fût, dans les choses les plus usuelles, dans la vie profonde des « natures mortes ».

28 CONCERT SYMPHONIQUE

À L’OMBRE DES JEUNES FILLES EN FLEURS

Car il était celui que j’eusse choisi entre tous, me rendant bien compte, avec une satisfaction de botaniste, qu’il n’était pas possible de trouver réunies des espèces plus rares que celles de ces jeunes fleurs qui interrompaient en ce moment devant moi la ligne du flot de leur haie légère, pareille à un bosquet de roses de Pennsylvanie, ornement d’un jardin sur la falaise, entre lesquelles tient tout le trajet de l’océan parcouru par quelque steamer, si lent à glisser sur le trait horizontal et bleu qui va d’une tige à l’autre, qu’un papillon paresseux, attardé au fond de la corolle que la coque du navire depuis longtemps dépassée, peut pour s’envoler en étant sûr d’arriver avant le vaisseau, attendre que rien qu’une seule parcelle azurée sépare encore la proue de celui-ci du premier pétale de la fleur vers laquelle il navigue.

Et ainsi l’espoir du plaisir que je trouverais avec une jeune fille par qui je l’avais connue, la plus récente était alors comme une de ces variétés de roses qu’on obtient grâce à une rose d’une autre espèce. Et remontant de corolle en corolle dans cette chaîne de fleurs, le plaisir d’en connaître une différente me faisait retourner vers celle à qui je la devais, avec une reconnaissance mêlée d’autant de désir que mon espoir nouveau. Bientôt je passai toutes mes journées avec ces jeunes filles.

29 CONCERT SYMPHONIQUE
Marcel PROUST, À la recherche du Temps Perdu > À l’ombre des jeunes filles en fleurs
30 © Régis Dho

FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS

ÉGLISE SAINT CORNÉLY

mardi 7 septembre I 21h

Marion Lebègue, soprano

SECESSION ORCHESTRA, orchestre Clément Mao – Takacs, direction

WOLFGANG AMADEUS MOZART extraits de Don Giovanni KV 527

- Ouverture

- Recitativo ed Aria « Mi tradi quest’alma ingrata…» (Elvira)

WOLFGANG AMADEUS MOZART extraits de Le Nozze di Figaro KV 492

- Ouverture

- Aria “Porgi Amor…” (Contessa)

GIACCHINO ROSSINI extraits de Il Barbiere di Siviglia

- Ouverture

- Aria « Una voce poco fa…» (Rosina)

PIETRO MASCAGNI extraits de Cavalleria Rusticana

- Scena « Voi lo sapete, o Mamma…»

(Santuzza)

- Intermezzo

GIUSEPPE VERDI extraite de La Forza del Destino Aria « Pace, Pace mio Dio…» (Leonora)

WOLFGANG AMADEUS MOZART Symphonie n°41 en Do majeur KV 551 (dite “Jupiter”)

1. Allegro vivace

2. Andante cantabile

3. Menuetto : Allegretto – Trio

4. Molto allegro

31 CONCERT SYMPHONIQUE

CONCERT SYMPHONIQUE

FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS

Allô, allô, allô...... Mais non, madame, nous sommes plusieurs sur la ligne, raccrochez.... Allô.... Vous êtes avec une abonnée.... Oh !... Allô ! mais, madame, raccrochez vous-même... Allô, mademoiselle, allô... Laissez-nous.... Mais non, ce n’est pas le docteur Schmit... Zéro huit, pas zéro sept... Allô ! ... C’est ridicule.... On me demande ; je ne sais pas (elle raccroche, la main sur le récepteur. On sonne) ... Allô ! ... Mais madame, que voulez-vous que j’y fasse ?.... Vous êtes très désagréable.... Comment, ma faute.... Pas du tout.... Pas du tout.... Allô !.... Allô, mademoiselle... On me sonne et je ne peux pas parler. Il y a du monde sur la ligne. Dites à cette dame de se retirer. (elle raccroche, on sonne) Allô ! c’est toi ?.... C’est toi ?... Oui.... J’entends très mal....Tu es loin, très loin... Allô ! ... C’est affreux.... Il y a plusieurs personnes sur la ligne.... Redemande. Allô ! Re-de-mande.... Je dis : redemande-moi... Mais madame, retirez-vous. Je vous répète que je ne suis pas le docteur Schmit.... Allô ! .... A enfin.... C’est toi......Oui.... Très bien.... Allô !.... Oui.... C’était un vrai supplice de t’entendre à travers tout ce monde....

(Larmes.) Dans le temps, on se voyait. On pouvait perdre la tête, oublier ses promesses, risquer l’impossible, convaincre ceux qu’on adorait en les embrassant, en s’accrochant à eux. Un regard pouvait changer tout. Mais avec cet appareil, ce qui est ni est ni… Sois tranquille. On ne se suicide pas deux fois… Je ne saurais pas acheter un revolver… Tu ne me vois pas achetant un revolver… Où trouverais-je la force de combiner un mensonge, mon pauvre adoré ?… Aucune… J’aurais dû avoir du courage. Il y a des circonstances où le mensonge est utile. Toi, si tu me mentais pour rendre la séparation moins pénible… Je ne dis pas que tu mentes. Je dis : Si tu mentais et que je le sache. Si, par exemple, tu n’étais pas chez toi, et que tu me dises… Non, non, mon chéri ! Écoute… Je te crois… Si, tu prends une voix méchante. Je disais simplement que, si tu me trompais par bonté d’âme et que je m’en aperçoive, je n’en aurais que plus de tendresse pour toi… Allô !… allô…

32

FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS

(Elle enroule le fil autour de son cou.)

Je sais bien qu’il le faut, mais c’est atroce… Jamais je n’aurai ce courage… Oui, on a l’illusion d’être l’un contre l’autre et brusquement on met des caves, des égouts, toute une ville entre soi… J’ai le fil autour de mon cou. J’ai ta voix autour de mon cou… Ta voix autour de mon cou… Il faudrait que le bureau nous coupe par hasard… Oh ! mon chéri ! Comment peux-tu imaginer que je pense une chose si laide ? Je sais bien que cette opération est encore plus cruelle à faire de ton côté que du mien… non… non… À Marseille ?… Écoute, chéri, puisque vous serez à Marseille après-demain soir, je voudrais… enfin j’aimerais… j’aimerais que tu ne descendes pas à l’hôtel où nous descendons d’habitude. Tu n’es pas fâché ?… Parce que les choses que je n’imagine pas n’existent pas, ou bien elles existent dans une espèce de lieu très vague et qui fait moins de mal… tu comprends ?… Merci… merci. Tu es bon. Je t’aime…

(Elle se lève et se dirige vers le lit avec l’appareil à la main.)

Alors, voilà… J’allais dire machinalement : à tout de suite… J’en doute… Oh !… C’est mieux… Beaucoup mieux…

(Elle se couche sur le lit et serre l’appareil dans ses bras.)

Mon chéri… mon beau chéri… Je suis forte. Dépêche-toi. Vas-y. Coupe ! Coupe vite ! Je t’aime, je t’aime, je t’aime…

(Elle suffoque.)

Je t’aime… t’aime…

(Le récepteur tombe par terre.)

33 CONCERT SYMPHONIQUE
Jean COCTEAU, La Voix Humaine
34 © Régis Dho

PHILIP GLASS/ PAUL BARNES

Einstein on the beach (Trilogy sonata) ~ piano solo

SPIRITUALS

- Walk together Children

- De gospel train

- He never said a mumblin’ word

PHILIP GLASS/ PAUL BARNES

Satygraha (Trilogy sonata) ~ piano solo

SPIRITUALS

- Weepin’ Mary

- My good Lord’s done been here

- He’s got the whole World

ÉGLISE SAINT CORNÉLY mercredi 8 septembre I 21h

Marie-Laure Garnier, soprano Célia Oneto-Bensaid, piano

PHILIP GLASS/ PAUL BARNES

Akhnaten (Trilogy sonata) ~ piano solo

SPIRITUALS

- Sometimes I feel like a motherless chile

- Nobody knows

- Ride on King Jesus

LEONARD BERNSTEIN / CELIA ONETO BENSAID Danses symphoniques de West Side Story

~ piano solo (Prologue / Somewhere / Scherzo / Mambo)

SPIRITUALS

- Deep river

- Wade in the water

Ce concert est dédié à la mémoire de Mrs Toni Morrison.

35 CONCERT VOIX & PIANO AMERICANAH

AMERICANAH

« Ici, disait-elle, nous sommes chair ; chair qui pleure et rit ; chair qui danse pieds nus sur l’herbe. Aimez tout cela. Aimez-le fort. Là-bas, dans le pays, ils n’aiment pas votre chair. Ils la méprisent. Ils n’aiment pas vos yeux ; ils préféreraient vous les arracher. Pas plus qu’ils n’aiment la peau de votre dos. Là-bas, ils la fouettent. Et, ô mon peuple, ils n’aiment pas vos mains. Ils ne font que s’en servir, les lier, les enchaîner, les couper et les laisser vides. Aimez vos mains ! Aimez-les ! Levez-les bien haut et baisez-les. Touchez-en les autres, frottez-les l’une contre l’autre, caressez-vous-en le visage parce qu’ils n’aiment pas cela non plus. C’est vous qui devez aimer tout cela, vous ! Et, non, ils n’aiment aucunement votre bouche. Là-bas, dans la contrée, ils veilleront à ce qu’elle soit brisée et rebrisée. Les mots qui en sortent, ils n’y prêteront pas attention. Les cris qui en sortent, ils ne les entendront pas. Ce que vous y mettrez pour nourrir votre corps, ils vous l’arracheront et, à la place, vous laisseront des déchets. Non, ils n’aiment pas votre bouche. Vous, vous devez l’aimer. C’est de chair que je vous parle. D’une chair qui a besoin d’être aimée. De pieds qui ont besoin de se reposer et de danser ; de dos qui doivent être soutenus, d’épaules qui ont besoin de bras, de bras forts, je vous le dis. Et, ô mon peuple, là-bas, entendez-moi, ils n’aiment pas votre coup dressé bien droit et sans licol. Alors aimez votre cou ; posez la main dessus, honorez-le, caressez-le et tenez-le droit. Et toutes vos parties intérieures qu’ils donneraient volontiers en pâtée aux cochons, vous devez les aimer. Le foie, sombre et foncé, aimez-le, aimez-le, et le cœur qui bat et bat, aimezle aussi. Davantage que les yeux et les pieds. Plus que les poumons qui doivent continuer à respirer de l’air libre. Plus que votre matrice qui abrite la vie et vos parties privées qui donnent la vie, écoutez-moi bien, aimez votre cœur. Car c’est votre trésor. » Sans en dire plus, elle se levait alors et, avec sa hanche tordue dansait le reste de ce que son cœur avait à dire, tandis que les autres, bouche grande ouverte, lui donnaient la musique.

Cher Noir non Américain, quand tu fais le choix de venir en Amérique, tu deviens noir. Cesse de discuter. Cesse de dire je suis jamaïcain ou je suis ghanéen. L’Amérique s’en fiche.

Comme dit la chanson : si vous êtes blanc, épatant ; si vous êtes brun, c’est moyen ; si vous êtes noir, allez vous faire voir. Les Américains présument que chacun comprendra leur tribalisme.

Si vous dites que la race n’a jamais été un problème, c’est uniquement parce que vous souhaitez qu’il n’y ait pas de problème. Moi-même je ne me sentais pas noire, je suis devenue noire qu’en arrivant en Amérique. Quand vous êtes noire en Amérique [ou en France] et que vous tombez amoureuse d’un Blanc, la race ne compte pas tant que vous êtes seuls car il s’agit seulement de vous, et de celui que vous aimez. Mais dès l’instant où vous mettez le pied dehors, la race compte. Seulement nous n’en parlons pas. Nous ne mentionnons même pas devant nos partenaires blancs les petites choses qui nous choquent et que nous voudrions qu’ils comprennent mieux, parce que nous craignons qu’ils jugent notre réaction exagérée ou nous trouvent trop sensibles.

36 CONCERT
& PIANO
VOIX
Toni MORRISON, Beloved Traduction d’Hortense Chabrier et Sylviane Rué Chimamanda Ngozi ADICHIE, Americanah traduction d’Anne Damour

Eh Monsieur ! Monsieur Retour-de-Bâton !

Comment tu me parles Monsieur, Oh dis donc, Monsieur Retour-de-Bâton, Comment tu me parles dis donc.

T’augmentes pas mon salaire, seulement mes impôts, Et mon fils pour toi c’est de la chair / de la chair à canon.

Alors, tu m’offres des maisons de seconde zone

Et des écoles de seconde zone aussi, Oh des maisons de seconde zone Monsieur, Et des écoles de seconde zone aussi.

Tu dois penser que les gens de ma pigmentation

C’est des idiots de seconde zone aussi / oui ou bien non ?

Et moi quand je cherche un emploi

Pour gagner un peu ma vie, Oh moi quand je cherche un emploi

Pour gagner un peu ma vie, Ce que tu me proposes à moi Monsieur, C’est un retour de bâton, un retour de bâton / tout blanc, eh oui. Mais tu sais le monde il est grand Monsieur, Le monde il est grand et il est tout rond, Un grand monde grandiose, Monsieur Retour-de-Bâton, Oh oui, très grand et très vaste et tout rond –Et il est plein de gens comme moi Monsieur qui sont Noirs et Jaunes et Beiges et Marrons. Eh Monsieur ! Monsieur Retour-de-Bâton !

Je n’ai rien à perdre que mes chaînes, tu sais, Oh dis donc, Monsieur Retour-de-Bâton, Je n’ai rien à perdre que mes chaînes, au fond. Alors, je vais te laisser en plan Monsieur, Et cette fois tu le chanteras tout seul le Blues / du Retour de bâton.

À ton tour fais attention Monsieur, Fais attention, Fais attention au retour de bâton.

par Nina Simone) traduction originale d’Aleksi Barrière

en

37 CONCERT VOIX & PIANO AMERICANAH
Langston HUGUES, Backlash Blues / Le Blues du Retour de bâton (mis musique
38 © Régis Dho

Descends, Moïse, et va vers le rivage

Parle au vieux roi du peuple Égyptien

Dis-lui que Dieu t’a sorti de l’esclavage

Dis-lui : not’ Dieu va délivrer les siens !

Vous ne peinerez plus sur la terre étrangère

Le vieux Pharaon ne vous tourmentera plus.

Descends, Moïse, et va vers la rivière

Le Seigneur Dieu va sauver l’peuple élu

L’vieux Pharaon va s’mettre à vot’ poursuite

Il se noyera dans les eaux d’la Mer Rouge

Le Seigneur Dieu va protéger vot’ fuite

Vous n’mourrez pas dans les grands flots qui bougent

Les opprimés ne s’ront plus dans la peine.

Descends, Moïse, parle au nom d’Jehovah

C’est l’Seigneur Dieu qui va briser nos chaînes

Dis au vieux Roi que not’ peuple s’en va

L’or de vos maîtres vous l’prendra pour salaire

Vous bénirez l’Seigneur qui vous sauva.

Descends, Moïse, au bord de la rivière

Dis au vieux roi que not’ peuple s’en va...

Chaque fois que l’esprit souffle sur moi touchant mon cœur

J’veux prier

J’vais prier

Mon Dieu parlait sur le sommet du mont farouche

La flamme et la fumée lui sortaient de la bouche

J’ai demandé à mon Seigneur si ce beau pays

Serait un jour à moi comme il l’avait promis

Et Dieu m’a dit : “Il est à toi ce beau pays”.

Mais l’chemin est bien long qui mène au Paradis

Chaque fois que l’esprit souffle sur moi touchant mon cœur

J’veux prier

J’vais prier

J’m’en vas m’asseoir au banquet préparé

J’m’en vas marcher dans la cité dorée

J’m’en vas dire à Dieu comment qu’on m’a traité

J’m’en va gagner mes droits civiques tout neufs

J’m’en vas manger au banquet préparé

Dis-moi ce que t’as senti quand t’es sorti d’la solitude ?

Dis-moi si tu veux bien marcher avec nous dans nos lignes ?

Et porter des pancartes, et t’promener avec nos insignes ?

Dis-moi si tu t’en ressens pour le combat de la liberté ?

Et si tu t’moques de la prison, et qu’tu veux bien t’faire arrêter ?

Dis-moi si tu es prêt pour le combat de la liberté ?

Dis-moi si tu es prêt pour le combat de la liberté ?

Dis-moi si tu es prêt pour le combat de la liberté ?

Fleuve profond, sombre rivière : anthologie traduite de Negro-Spirituals

39 CONCERT VOIX & PIANO AMERICANAH
40 © Régis Dho

LE LABYRINTHE DES PASSIONS

ÉGLISE SAINT CORNÉLY

jeudi 9 septembre I 21h

Irina de Baghy, mezzo-soprano

SECESSION ORCHESTRA, orchestre

Clément Mao – Takacs, direction

LUDWIG VAN BEETHOVEN

extraite de la musique de scène pour Coriolan op. 62

Ouverture

GIUSEPPE VERDI

extrait de Attila

Preludio

GIUSEPPE VERDI

extrait de Il Trovatore

Aria  « Stride la vampa…» (Azucena)

KURT WEILL

extraite de l’opéra Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny

Suite pour orchestre

GIUSEPPE VERDI

extraite de Don Carlo

Canzone del Velo (Eboli)

ERWIN SCHULHOFF

Hot Sonata

GIUSEPPE VERDI

extraites de Don Carlo

Scena ed Aria « O don fatale…»

GIUSEPPE VERDI

extrait de La Forza del Destino

Ouverture

Ce concert est dédié à la mémoire de Mme Angélique Ionatos.

41 CONCERT SYMPHONIQUE

LE LABYRINTHE DES PASSIONS

Relu hier soir avec émotion, en attendant Vincent, des Fragments d’un discours amoureux : l’impression que je poursuis souvent des choses indiquées par Barthes.

Un soir, au moment d’entrer à la projection, je le trouve à la grille des arènes. Je suis si heureux que j’en deviens froid, tétanisé par un bonheur qui me glace. Il me dit : « Je suis crevé, j’ai voyagé toute la journée en stop pour te rejoindre, allons à ton hôtel. » Je n’ai rêvé et je ne rêve que de ce moment où je me retrouverai avec lui dans ma chambre d’hôtel, et pourtant mes lèvres lui répliquent sèchement : « On ira tout à l’heure, voyons d’abord la projection. » A la fin de la séance, Vincent m’a annoncé qu’il repartait ; au bonheur glacé a succédé le malheur brûlant.

Hervé GUIBERT, Fou de Vincent

Il est étrange de fêter la bonne année à quelqu’un dont on sait qu’il risque de ne pas la passer entièrement, il n’y a guère de situation plus limite que celle-ci, pour l’assumer il faut une bravoure réduite au naturel, la franchise ambiguë de ce qui n’est pas dit, une complicité dans l’arrière-pensée, colmatée sous un sourire, conjurée dans un rire, en cet instant le voeu vibre d’une solennité cruciale, mais allégée.

Hervé GUIBERT, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie

A l’issue de cette série d’expressions, l’ultime travestissement, l’ultime maquillage, la mort. On la bâillonne, on la censure, on tente de la noyer dans le désinfectant, de l’étouffer dans la glace. Moi je veux lui laisser élever sa voix puissante et qu’elle chante, diva, à travers mon corps. Ce sera ma seule partenaire, je serai son interprète.

Hervé GUIBERT, La mort propagande

42
CONCERT SYMPHONIQUE

LE LABYRINTHE DES PASSIONS

Il était grand temps de changer cet aspirateur mais je n’avais pas eu le temps de le faire, et la femme de ménage savoyarde et alcoolique que m’avait recommandée Jules devait arriver pour la première fois, et que faire d’une femme de ménage sans aspirateur, m’étais-je demandé. Je m’étais donc décidé à déjeuner tôt pour aller chercher l’aspirateur à la cave et pouvoir accueillir à l’heure fixée la fameuse Marie-Madeleine qui, entre parenthèses, quand elle lut dans “La Vie Catholique” l’article par lequel elle apprit que j’avais le sida, me rendit bel et bien, malgré ses airs dissimulés de poivrote à qui l’on était en train d’extraire l’intégralité du cerveau par petites ponctions sous le prétexte de lui cureter les oreilles, son tablier, me disant, après avoir refusé de laver les verres où j’avais bu : “C’est pas pour moi que ça me gêne, c’est pour mon mari.”

Turner a peint La Mort sur un cheval pâle, je repensais cette nuit à cette image, elle me revenait très précisément dans son galop, dans sa folie, j’étais moi-même ce corps renversé sur sa monture, avec ses lambeaux de chair qui s’accrochent à l’os et qu’on aurait envie de ruginer une bonne fois pour toutes pour la nettoyer, ce cadavre vivant ployé sur cette furie qui fonce dans la nuit, au pelage si chaud et odorant, brinquebalé par sa cavalcade, un squelette ligoté à la trombe du cheval, fendant l’orage, le bouillonnement du volcan, avec une main énorme qui débouche dans le tableau, un battoir de viande projeté en avant par le mouvement, et qui déséquilibre l’image. Le spectre, sur sa nudité de squelette, porte un diadème.

Hervé GUIBERT, Le protocole compassionnel

Je pense alors : à une lettre, on devrait toujours donner deux réponses, d’abord une réponse avant même de l’avoir ouverte (l’effet qu’elle me procure fermée, l’impatience, l’envie qu’elle suscite), puis la réponse à la lettre elle-même, et l’écart, ou la superposition entre ce qu’on attendait et ce qu’on y trouve.

En fait je m’étais enflammé sur sa proposition, du désir qu’il avait de ma bouche, de l’éventualité d’un sentiment amoureux.

Hervé GUIBERT, Les aventures singulières

43 CONCERT SYMPHONIQUE
44 © Régis Dho

CHANSONS D’AU-DELÀ

ÉGLISE SAINT CORNÉLY

vendredi 10 septembre I 21h

Marie-Laure Garnier, soprano SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

KURT WEILL

extraite de l’opéra Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny

Suite pour orchestre

MAURICE RAVEL

Deux Mélodies Hébraïques

1. Kaddish

2. L’Énigme Éternelle

GUSTAV MAHLER

extrait de la Symphonie n°5

Adagietto

DARIUS MILHAUD

extrait de La Connaissance de l’Est Dissolution

RICHARD WAGNER

extrait de Tristan und Isolde

- Vorspiel — Acte I

- Vorspiel — Acte III

- Isolden’s Liebestod

Ce concert est dédié à toutes les victimes de l’épidémie de Covid-19.

45 CONCERT ORCHESTRE & VOIX

CHANSONS D’AU-DELÀ

Mourir peut-être ne sera que cela, tourner doucement, corps, le profil de ton visage dans les miroirs du côté le plus pur de l’ombre.

L’homme s’éclipse. Demeure un reste de présence humaine. Souvenir d’événements déjà lointains. Traces. Suivre la trace qui peu à peu se dissout. Dissolution. Trace. Comme l’escargot laisse derrière lui un reste de bave.

MAIS toi, mort, tu ne peux plus pleurer, me pleurer. Dis-moi.

(Insomnie)

De ton corps englouti m’arrive, comme jadis ta voix, l’obscure vapeur de la mort. Avec elle, habite-moi. Que la mort elle-même ne puisse jamais t’arracher à moi.

De la nuit est monté un chœur dans une langue impossible à interpréter. Tu as pensé : c’est la véritable chanson, et tu t’es peu à peu dilué, lentement, très lentement, dans le non déchiffrable.

TU dors englouti dans ta nuit. Tu es en paix. Moi je griffe les murs glacés de ton absence, les murs non fissurés par le temps qui ne peut durer sous tes paupières. Toi la cendre. Moi le sang. Feuille légère, ta voix. Pétrifié ce chant. Toi tu n’es même plus toi. Moi, ton vide. Moi, mémoire de toi, léger, lointain, qui ne pourras plus jamais te souvenir de moi.

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CONCERT ORCHESTRE & VOIX © Régis Dho

CHANSONS D’AU-DELÀ

TON image mélancolique sur la vitre si ténue effacée par la pluie est l’image d’un enfant toujours penché au-dedans de lui-même qui cherche à tâtons l’image brisée de ce qu’il a voulu être.

PEUT-ÊTRE dans l’assoiffé, l’obscur, le rapide déchirement du jour t’es-tu peu à peu changé en autre chose limitrophe de toi, pas toi. Tu ne te retrouves pas si tu reviens à tâtons au corps qui fut le tien, au lieu ou avait brûlé jusqu’au blanc du rêve le métal de l’amour. Dépose ton visage qu’à présent tu ne connais plus. Laisse fuir tes paroles, libère-les de toi et passe lentement sans mémoire et aveugle, sous l’arc doré qu’étend là-haut le vaste automne comme un hommage posthume aux ombres

José Angel VALENTE, extraits de différents recueils de poésie Au dieu sans nom ; Paysage avec des oiseaux jaunes ; Fragments d’un livre futur ; Trois leçons de ténèbres ; Material Memoria ; Intérieur avec figures ; Mandorle ; Chansons d’au-delà ; Lecture à Ténérife ; Communication sur le mur

traductions de Jacques Ancet

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CONCERT ORCHESTRE & VOIX
48 © Régis Dho

DOULEUR ET GLOIRE

FESTIVAL TERRAQUÉ HORS-LES-MURS

La Trinité-sur-Mer

LA VIGIE

samedi 11 septembre I 21h

SECESSION ORCHESTRA

Clément Mao – Takacs, direction

LUDWIG VAN BEETHOVEN

extraite de la musique de scène pour Coriolan op. 62

Ouverture

GUSTAV MAHLER

extrait de la Symphonie n°5

Adagietto

GIUSEPPE VERDI

extraite de La Forza del Destino

Ouverture

ENTRACTE

LUDWIG VAN BEETHOVEN Symphonie n°7 en La majeur op. 92

1. Poco sostenuto – Vivace

2. Allegretto

3. Presto – Assai meno presto (trio)

4. Allegro con brio

Ce concert est dédié à la mémoire du Maestro Gianluigi Gelmetti.

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CONCERT SYMPHONIQUE

CONCERT SYMPHONIQUE DOULEUR ET GLOIRE

50 © Régis Dho

CONCERT SYMPHONIQUE DOULEUR ET GLOIRE

Ceci est méditation sur la dernière heure. L’heure merveilleuse et impensable, l’heure vers laquelle nous allons comme vers la vérité. Ma vérité, notre vérité, cette étrangère, cette étrangeté dont le visage nous est promis à voir, à la fin. Et entretemps, toujours cette urgence : faire résonner dans notre siècle l’écho de cette Voix venue des origines. Clarice Lispector, on a peine mais aussi joie, à croire qu’elle ait pu exister, tout près de nous, hier, si loin en avant de nous. Après la compréhension, pas à pas, elle s’avance en tremblant dans l’incompréhensible épaisseur frémissante du monde, l’oreille finissime, tendue pour recueillir jusqu’au bruit des étoiles, jusqu’au minime frôlement des atomes, jusqu’au silence entre deux battements de cœur.

Mais trop souvent nous oublions. Nous ne savons plus appeler. Nous parlons silence. Nos langues sont irrespirables. Les noms s’éteignent. Dans le noir les choses ne passent plus. Nous nous oublions. Et tous les jardins deviennent fantômes. Trop souvent nous oublions le nom appelant de l’orange, le vrai nom d’orange, acide, savoureux, les oranges souffrent, toute l’espèce dépérit, s’éteint, et nous aussi dans l’obscurité sans fruits, sans traces des oubliées, nous nous desséchons, nos langues sont déshydratées.

Même s’il nous semble qu’il n’y a plus lieu de chercher à voir dans le camp de ce monde, et nous avons d’horribles raisons quotidiennes de nous répéter qu’il n’est plus temps de regarder, c’est là un travail vain, depuis des années les fenêtres n’ayant donné que sur des murs gris quand elles n’ouvraient pas directement sur des champs de cadavres, de nous dire au cas où nous aurions appris en suivant le cours des regards de Clarice, le savoir-voir, en théorie, qu’il n’y a plus d’espace sur cette terre où envoyer la pensée d’un regard, il n’y a plus d’orange à espérer, de guerre en guerre, la nuit ne cesse de monter, il fait trop froid ici, trop étranglé, trop sanglant, pour que prier ait un sens.

Tout ce qu’il ne faut pas oublier, pas refuser de savoir, de garder blessé en mémoire : la mort, la boucherie, l’indifférence, pour pouvoir arriver devant une orange pleine de vie, il faut penser six millions de cadavres, trois mille têtes nucléaires, ne pas oublier, un milliard d’enchaînés, un milliard d’emmurées, pour mesurer la force mondiale d’un sourire. Pour ne pas oublier les prénoms de présence. Travail : Clarice. Le travail de désoublier, de dé-taire, de déterrer, de se désaveugler et se désassourdir : Clarice nous en donne l’exemple ; nous en rappelle l’urgence, la récompense.

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Hélène Cixous, L’Heure de Clarice Lispector /précédé de/ Vivre l’orange
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CHAPELLE DE LA MADELEINE

SAMEDI 4 SEPTEMBRE | 18H

récital

CHAPELLE DE SAINT COLOMBAN

DIMANCHE 5 SEPTEMBRE | 18H

récital

CHAPELLE DE KERGROIX

LUNDI 6 SEPTEMBRE | 18H

récital

CHAPELLE DE COËT-À-TOUS

MARDI 7 SEPTEMBRE | 18H

récital

CHAPELLE DE LA CONGRÉGATION

MERCREDI 8 SEPTEMBRE | récital | 18H

JEUDI 9 SEPTEMBRE | récital | 18H

TOUS LES JOURS | Atelier vocal collectif | 11H

CHAPELLE DU HAHON

VENDREDI 10 SEPTE MBRE | 18H

récital

Les récitals ont vocation à mettre plus particulièrement encore en valeur le patrimoine de Carnac : conçus et adaptés en fonction de l’espace et de l’acoustique de chaque lieu, ils font entrer la musique en résonance avec l’architecture, privilégiant la musique de chambre pour créer des moments d’intimité et de proximité avec les interprètes.

L’occasion de découvrir ou redécouvrir en douceur les ravissantes chapelles qui parsèment la commune et possèdent chacune un charme unique .

53
R É CITALS

Dans un argentement de lune qui se lève. »

Anna de Noailles

De la prière à l’extase, du charnel au spirituel, de l’éveil amoureux à l’appel de la mort : Romain Dayez et Marianne Seleskovitch ont conçu un récital de musique française délicat, sensible et sensuel, qui fait écho à la figure de la Madeleine. Tout l’art de la mélodie française des 19ème et 20ème siècles s’y fait entendre avec la tendre complicité musicale du harpiste Vincent Buffin.

54 © Régis Dho
« Le visage de ceux qu’on n’aime pas encor Apparaît quelquefois aux fenêtres des rêves, Et va s’illuminant sur de pâles décors

CORPS ET ÂMES

CHAPELLE DE LA MADELEINE

samedi

4 septembre I 18h

Marianne Seleskovitch, mezzo-soprano Romain Dayez, baryton Vincent Buffin, harpe

mélodies, duos et pièces pour voix et harpe œuvres de N. Boulanger, Hahn, Ibert, Massenet, Fauré, Satie

NADIA BOULANGER

Cantique

GABRIEL FAURÉ

En prière

JACQUES IBERT

Chanson de la Mort de Don Quichotte

REYNALDO HAHN

L’Heure exquise

GABRIEL FAURÉ

Une Châtelaine en sa tour

JULES MASSENET

- Éveil

- Dites-lui que je l’aime

- Les Extases

- La Gavotte de Puyjoli

ERIK SATIE

Allons-y chochotte

EDMOND AUDRAN

Le Duo des dindons (La Mascotte)

FRANZ LEHÁR

L’Heure exquise (La Veuve joyeuse)

Anonyme

Duo dei Gatti

Jacques OFFENBACH

Barcarolle (Les Contes d’Hoffmann)

REYNALDO HAHN

Rêverie

55 R É CITAL | musique de chambre

Noir-et-blanc : c’est le surnom du drapeau breton. Mais c’est aussi le clavier d’un piano, l’écriture des notes sur une portée, l’encre sur la page blanche – ou la robe parfaitement tachetée d’un joli petit chat ! C’est surtout l’occasion de célébrer la Bretagne en musique, dans toutes ses musiques : musiques écrites par des musiciens bretons ; musique de la langue bretonne, musique chantées depuis des générations. Un concert pour célébrer toute la richesse d’une culture : Bevet Breizh !

56 © Régis Dho
« Les menhirs sont en rang Vers quelque chose Qui doit avoir eu lieu. »
Eugène Guillevic

GWENN-HA-DU

CHAPELLE DE SAINT-COLOMBAN

dimanche 5 septembre I 18h

Musiciens de SECESSION ORCHESTRA

Vincent Buffin, harpe

Marianne Seleskovitch, mezzo-soprano Magali Baron, lectures

Aleksi Barrière, lectures

musique de chambre écrite par des compositeurs bretons chansons traditionnelles lectures en breton et français

GUY ROPARTZ

Prélude, Marine et Chanson

GUY ROPARTZ

Deux Pièces pour quintette à vent

JEAN CRAS

Quintette

Chansons traditionnelles bretonnes

Concert réalisé grâce au soutien de notre mécène GROUPAMA Loire – Bretagne

57 R É CITAL | musique de chambre

Nous vous emmenons en Russie ! Grâce à un quatuor à cordes, une harpe, une chanteuse, un quintette à vent, à travers la production de trois compositeurs majeurs et guidés par les mots d’un poète, vous apprécierez le raffinement de l’écriture et l’intensité du sentiment, vous ressentirez l’émotion à fleur de peau et l’émerveillement devant la beauté, vous gouterez la nostalgie du passé et le parfum de l’instant que ce programme a réuni en bouquet : un concentré de ce que l’on appelle maladroitement « l’âme russe », et qui est peut-être simplement une façon d’être présent au monde en vivant pleinement chaque événement.

58 © Régis Dho
« Ami, il faut croire aux contes… »
Alexandre Blok

BONS BAISERS DE RUSSIE

CHAPELLE DE KERGROIX

lundi 6 septembre I 18h

Musiciens de SECESSION ORCHESTRA

Vincent Buffin, harpe

Marianne Seleskovitch, mezzo-soprano

Aleksi Barrière, lectures

œuvres de Rachmaninov, Rimski-Korsakov, Tchaikovsky lectures de textes et poèmes d’Alexander Blok

PIOTR ILLITCH TCHAIKOVSKY

Adagio molto

SERGUEÏ RACHMANINOV

3 mélodies op. 8 - n°2 - n°4 - n°5

PIOTR ILLITCH TCHAIKOVSKY extrait du Quatuor n°1

Adagio Cantabile

SERGUEÏ RACHMANINOV

3 mélodies op. 14 - n°4 - n°8 - n°11

PIOTR ILLITCH TCHAIKOVSKY Valse sentimentale

NICOLAÏ RIMSKI-KORSAKOV extraits de Shéhérazade

1. La Mer et le Vaisseau de Simbad

3. Le Jeune Prince et la Princesse

PIOTR ILLITCH TCHAIKOVSKY extrait de Les Saisons

Barcarolle — Juin

PIOTR ILLITCH TCHAIKOVSKY extrait de Casse-Noisette Marche

59 R É CITAL | musique de chambre

Politique, humanisme, poésie et musique se lient pour chanter au milieu du XVI° siècle un nouvel art de vivre dans un monde élargi à la Terre entière et dont les confins sont désormais connus, délimités, bordés. La culture rivalise alors de raffinements, et dans cette délicatesse, l’hommage amoureux prend une place qui n’avait d’égale que la prière mariale du XII° siècle chrétien. La figure littéraire de Dante domine l’expression poétique du moment, et influence Pétrarque, le Tasse mais aussi Bembo ou Guarini qui développent, à deux siècles de là et sur les mêmes sujets, des feuilletons sériels tout à fait dignes de formats télévisés récents. Cette relative immédiateté de l’émotion permet à d’éminents compositeurs comme Marenzio, et plus tard Monteverdi, de magnifier des sentiments simples par une musique somptueusement expressive, dont les arts rhétorique et prosodique déroulent un temps devenu chatoyant par le maniement virtuose des modes et du contrepoint.

60 © Régis Dho
« Ainsi allâmes-nous jusqu’à la lumière, discourant de choses qu’il est beau de taire, comme il était beau là-bas de parler. »
Dante Alighieri

D’ENFER ET DE PARADIS

CHAPELLE DE COËT-À-TOUS

mardi 7 septembre I 18h

Ensemble L’Échelle

Aurelie Barbelin, superius

Caroline Marçot, cantus

Cédric Baillergeau, altus

Thibault Givaja, tenor

Julien Reynaud, bassus

Gwenael Prost, origamer

Aleksi Barrière, voix parlée / regard extérieur

dialogue entre les textes extraits de la Consolation de Dante et les Madrigaux de Marenzio

Madrigaux de Luca Marenzio, Textes extraits de la Consolation de Dante.

- IV, 1 Giunto a la tomba, Tasso

- V, 16 Due rose freschi, Petrarco

- VI, 15 Rimanti in pace,

- VII, 1 Deh, poi ch’era ne’fati, Guarini

- VII, 2 Quell’augellin, che canta, Guarini

- VII, 3 Cruda Amarilli, Guarini

- VII, 5 O disaventurosa sorte, Bembo

- VII, 8 O dolcezze amarissime d’amore, Guarini

- VII, 11 Arda pur sempre o mora, Guarini

- IX, 8 Solo e pensoso, Petrarco

- IX, 11 Parto o non parto? Guarini

- IX, 12 Credete voi ch’i viva? Guarini

- IX, 13 Crudel, acerba inexorabil Morte, Petrarco

LUCAS MARENZIO, Coccaglio-Rome 1553-1599

DANTE Alighieri, Florence 1265-1321

Francesco PETRARCA, Arezzo (Florence) 1304-74

Pietro BEMBO, Venise-Rome 1470 -1547

Giovanni Battista GUARINI, Venise 1538-1612

Torquato TASSO, Ferrare-Rome 1544-95

Ce concert de l’ensemble l’ÉCHELLE est soutenu par le programme « été culturel en Bretagne » de la DRAC.

61 R É CITAL | musique de chambre

Programme poétique contemporain en duo voix-contrebasse avec les musiques et écrits de l’artiste italien Giacinto Scelsi. « Paroles Gelées », d’ambiance nocturne ou de sieste sonore, est un concert d’un répertoire inédit aux confins de la parole et du silence, sur les traces d’une quête spirituelle pleine de déconvenues et d’humour.

62 © Régis Dho
« La mort viendra et elle aura tes yeux… »
Cesare Pavese

PAROLES GELÉES

CHAPELLE DE LA CONGRÉGATION

mercredi 8 septembre I 18h

Duo Octologo < Ensemble L’Échelle Elise Dabrowski, voix et contrebasse

Caroline Marçot, voix et conception

duo voix et contrebasse musiques et textes de Giacinto Scelsi

Giacinto Scelsi

« Celle qui porte »

Ave Maria, 1970

« Ceux, qui, »

HO 1 1960

« Longtemps l’homme sous le ciel »

Sauh 1 1973

« Une fois par nuit »

Sauh 2 1973

Maknongan 1976

HO 5 1960

« Les yeux déplacent le rêve »

Le grand sanctuaire 1970

« Vide »

« Silence »

Ogloudoglou 1969

« Les mots »

« Apocalypse »

Litanie 1975

Préceptes ?

1- ne pas s’opacifier ni se laisser opacifier

2- ne pas penser laisser penser ceux qui ont besoin de penser

3- non pas renoncement mais détachement

4- à tout aspirer et ne rien vouloir

5- entre l’homme et la femme l’union pas la conjonction

6- faire de l’Art sans art

7- vous êtes les enfants et les parents de vous-mêmes ne l’oubliez pas

8- n’amoindrissez pas le sens de ce que vous ne comprenez pas

63 R É CITAL | musique de chambre

Un concert pour, tous ensemble, se souvenir et ne pas oublier, dormir et rêver, laisser flotter l’attention et saisir les bribes de ce qui fut. Le pavot : pour endormir la souffrance, ou nous permettre de la supporter, il faut tout le pouvoir de certaines musiques qui agissent comme un baume, portées par plusieurs musiciens, voix qui s’entrelacent autour d’un cantus firmus. La mémoire : quelque chose qui se transmet, qui se partage en communauté, des refrains que l’on entend dans l’enfance et qui restent dans la tête, pour toujours. Pavot et mémoire, ce sont des voix qu’on a voulu étouffer par la violence de la censure et de l’extermination, et qui cependant surgissent et nous hantent ; des pièces qui auraient pu appartenir à de plus grands ensembles, mais dont il ne reste qu’un mouvement ; les bribes d’un cahier d’enfants perdu et piétiné ; des chorals à quatre voix qui semblent dire toute la douleur du monde, ou des chansons à huit qui semblent se poursuivre dans l’espace. Car la mémoire est fragmentaire, et le pavot n’a qu’un pouvoir éphémère : c’est à nous, artistes et publics, qu’il appartient de faire mémoire commune et de tenter d’apaiser la souffrance – ensemble.

64 © Régis Dho
« En lieu de patrie j’ai les métamorphoses du monde. »
Nelly Sachs

PAVOT ET MÉMOIRE

CHAPELLE DE LA CONGRÉGATION

jeudi 9 septembre I 18h

Musiciens de Secession Orchestra

Marianne Seleskovitch, mezzo-soprano

Aleksi Barrière, lectures

Lieder et œuvres pour trio à cordes œuvres transcrites pour ensemble de cuivres

œuvres de Bach, Bartók, Eisler, Gabrieli, Hindemith, Klein, Liszt, Schubert, Ullmann

HANNS EISLER

Präludium und Fuge uber B-A-C-H

trio à cordes

VIKTOR ULLMANN

3 Lieder

GIDEON KLEIN

Trio à cordes

FRANZ SCHUBERT

Trio à cordes D 471

PAUL HINDEMITH

Plöner Musiktag / Morgen Musik

JOHANN SEBASTIAN BACH / FRANZ LISZT

Chorals

orchestration de Clément Mao – Takacs

BÉLÀ BARTOK

D’un cahier d’enfant : 18 pièces extraites de For Children

orchestration de Clément Mao – Takacs

65 R É CITAL | musique de chambre

Connaissez-vous le pays où fleurit la tendresse ? C’est le Pays du Tendre ! Il était une fois un pays verdoyant qui ne comptait pas moins d’un fleuve (Inclination) et deux rivières (Estime et Reconnaissance) et même un lac (Indifférence). On allait ainsi de la ville de Nouvelle-Amitié à celle de Tendre-sur-Estime, en passant par les villages de Jolis-vers, Billet-galant et Billet-doux – certains poussant même jusqu’à Grand-Esprit ! N’oubliez pas de vous munir pour ce concert d’une Carte du Tendre, car on se perd facilement en longeant la Mer des Passions, et vous pourriez bien vous retrouver à chanter une Chanson perpétuelle ou à crier « Haï-lulli » parce que vous êtes perdus dans une forêt qui semble mystérieuse et sombre… Heureusement, vous saurez, nous en sommes certains, à la fois bénir la douce Nuit et célébrer les joies du Réveil –dans une happy end digne des plus beaux contes de fées !

66 © Régis Dho
« Scaramouche et Pulcinella Qu’un mauvais dessein rassembla Gesticulent, noirs sous la lune… »
Paul Verlaine

VOYAGE AU PAYS DU TENDRE

CHAPELLE DU HAHON

vendredi 10 septembre I 18h

Musiciens de SECESSION ORCHESTRA

Vincent Buffin, harpe

Marianne Seleskovitch, mezzo-soprano

Irina de Baghy, mezzo-soprano

mélodies, duos et pièces d’ensemble

œuvres de Bonis, Chaminade, Chausson, Debussy, Garcia-Viardot, Holmès, Pierné…

GABRIEL PIERNÉ

Voyage au Pays du Tendre

AUGUSTA HOLMÈS

Nocturne

MEL BONIS

Scène de la Forêt

ERNEST CHAUSSON

Chanson Perpétuelle

CLAUDE DEBUSSY

Clair de Lune

PAULINE GARCIA-VIARDOT

Haï-Lulli

Cancion de la Infanta

CÉCILE CHAMINADE

Orientale

ERNEST CHAUSSON

Rondels à deux voix op. 11

1. La Nuit

2. Réveil

67 R É CITAL | musique de chambre
68 © Régis Dho

TOUS AU CHANT !

CHAPELLE DE LA CONGRÉGATION

tous les jours (du 4 au 11 septembre) I 11h

Le Festival Terraqué vous propose cet atelier afin de permettre à tous et à chacun :

• de (re)découvrir sa voix dans le plaisir

• de chanter quel que soit son âge ou son niveau, avec un accès immédiat au répertoire

• de comprendre les bases du chant choral pour mieux entendre les mélodies et la polyphonie

Dans le cadre de cet atelier animé par une chanteuse professionnelle, vous aborderez la technique vocale en douceur pour mieux gérer votre timbre, votre puissance et vos registres vocaux. Marianne vous fera travailler sur la colonne d’air et la souplesse laryngée, la résonance et la diction, dans la bonne humeur !

Marianne Seleskovitch est chanteuse et enseignante. Au sein de de ses classes, c’est avec passion qu’elle aborde tous les répertoires et tous les publics, dans l’intention toujours plus intensifiée de donner au plus grand nombre un goût et une connaissance diversifiée de la musique, qu’elle soit écrite ou de tradition orale.

69 ATELIERS
COLLECTIFS
VOCAUX
70

ÉGLISE SAINT CORNÉLY

Place de l’Eglise

Carnac (centre bourg)

CHAPELLE DE LA MADELEINE

Entre Kerguéarec et Kerguéno

Accès par D186

CHAPELLE DE SAINT-COLOMBAN

Hameau de Saint-Colomban

CHAPELLE DE LA CONGRÉGATION

8 place de la Chapelle Carnac (centre bourg)

CHAPELLE DU HAHON

Route du Hahon Carnac

CHAPELLE DE KERGROIX

Village de Kergroix

Accès par D768

CHAPELLE DE COËT-À-TOUS

Rue de Coët à Tous

Accès par D119

Espace culturel LA VIGIE

2 place Yvonne Sarcey

La Trinité-sur-mer

Retrouvez tous les plans d’accès et informations pratiques sur www.festivalterraque.com

71 LES LIEUX DU FESTIVAL

LES ARTISTES

MARIE-LAURE GARNIER I Soprano

En 2021, Marie-Laure Garnier remporte la Victoire de la Musique dans la catégorie « Révélation Lyrique ». Nommée Révélation Classique ADAMI, et diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, la soprano a débuté son parcours artistique en Guyane. Elle est lauréate de plusieurs concours, notamment du Concours Nadia et Lili Boulanger 2017 où elle remporte le prix de la Mélodie Française aux côtés de la pianiste Célia Oneto Bensaid. Elle est également nommée Lauréate de l’Académie Orsay-Royaumont et Lauréate du Festival lyrique d’Aix-en-Provence.

Marie-Laure donne de nombreux récitals sur des scènes prestigieuses en France et à l’étranger. Sur les scènes lyriques, on a pu notamment l’entendre au Capitole de Toulouse (Dukas, Ariane et Barbe-bleue ; Britten Le Viol de Lucrèce ; Strauss, Elektra).

Invitée régulièrement par le Secession Orchestra depuis 2018 (Auditorium du Louvre, Musée d’Orsay, Théâtre des Champs-Elysées…), elle revient pour la seconde fois au Festival Terraqué. On peut d’ores et déjà l’écouter au disque avec Le Promenoir des amants et l’hommage à Olivier Greif Les Chants de l’âme, parus chez le label B.Records.

CÉLIA ONETO-BENSAID I Pianiste

Baignée dans l’art dès son enfance, Célia Oneto Bensaid choisit de s’exprimer au piano, instrument au riche répertoire. Obtenant cinq Prix avec les meilleures distinctions au CNSMD de Paris, elle se perfectionne auprès de Rena Shereshevskaya à l’École Normale A. Cortot dont elle sort avec le diplôme supérieur de concertiste en poche. Artiste YAMAHA, lauréate de nombreux concours internationaux,elle joue avec l’orchestre de la Garde Républicaine et l’orchestre de l’Opéra de Toulon, et est invitée de la Philharmonie de Paris et du Grand Théâtre de Harbin en Chine, du Wigmore Hall de Londres et de festivals tels que La Roque d’Anthéron, La Folle Journée de Nantes, Piano aux Jacobins ou Piano en Valois, elle se produit aussi à l’étranger – en Europe mais aussi aux États-Unis, Canada, Russie, Chine, et Japon. Personnalité singulière et engagée, Célia choisit avec soin les répertoires qu’elle défend et les présente volontiers afin de les rendre accessibles. En 2018, paraît son premier Cd solo très remarqué “American Touches”, comprenant, ses propres transcriptions d’œuvres orchestrales de Bernstein et Gershwin. Célia est l’heureuse dédicataire et créatrice de plusieurs œuvres de Camille Pépin dont elle a gravé les œuvres de musique de chambre dans un disque largement récompensé par la presse en 2019 chez NoMadMusic. Son dernier album « Metamorphosis » sorti en mai 2021, a déjà reçu de nombreux éloges de la presse (5 Étoiles Classica …).

72

IRINA DE BAGHY I Mezzo-soprano

Artiste de diversité rare, Irina a passé ces dix dernières années sur les grandes scènes Internationales de l’Opéra à interpréter des rôles majeurs de Monteverdi à Wagner.

Saluée par la critique, elle obtient le premier prix ADAMI au Concours International de Nadia et Lili Boulanger, 4 étoiles du journal Classica pour le DVD Le Comte Ory de Rossini (Naxos) et un Diapason d’Or de l’année pour la Symphonie du Jaguar.

Sa carrière commence à l’âge de 6 ans, dans le domaine de la comédie musicale en Amérique du Nord : elle joue dans La Mélodie du Bonheur, Cats, Les Misérables, parmi nombre d’autres titres. Souvent appelée par le compositeur Elliot Willensky pour jouer et enregistrer ses œuvres à Broadway, Irina continue son apprentissage, approfondissant également sa passion pour le jazz.

Avec les grands interprètes comme Sheila Jordan et Jay Clayton à ses côtés, Irina poursuit dans cette voie jusqu’au moment où elle se découvre une passion pour la musique classique et l’opéra lors de ses études à l’université (Canada), ce qui la conduit en France au CNSM de Paris, à L’Ecole Normale de Musique et la Schola Cantorum.

Depuis la fin de ses études, cette jeune Franco-Canadienne se produit régulièrement sur scène dans toute l’Europe. Son timbre riche et texturé, sa présence sur scène et son intensité dramatique en font une artiste aussi prisée dans le répertoire de la mélodie et du Lied qu’à l’opéra.

Avec SECESSION ORCHESTRA et Clément Mao – Takacs, c’est une collaboration durable qui s’est établie depuis leur premier concert en 2015. Invitée du festival Terraqué depuis sa création, elle est adorée par le public carnacois !

ÉLISE DABROWSKI I Chanteuse lyrique et contrebassiste Élise Dabrowski débute à la Maîtrise de Radio France en chantant dans les Trois petites liturgies de la présence divine d’Olivier Messiaen et dans la troisième symphonie de Mahler avec le Boston Symphony Orchestra dirigé par Seiji Ozawa. Elle a l’occasion de participer à de nombreuses créations de Thierry Pécou, Édith Lejet, Gérard Condé, Claude Ballif. Elle est sélectionnée par le Centre d’Art Lyrique de la Méditerranée où elle perfectionne sa voix. Engagée au Festival Junger Künstler de Bayreuth pour chanter des Knaben Wunderhorn de Malher, elle aime particulièrement le répertoire allemand.

Elle se consacre à la création contemporaine : La Rhésérection de Jonathan Pontier, Chant d’hiver de Samuel Sighicelli, La Métamorphose de Michaël Lévinas, Avenida de los Incas de Fernando Fiszbein, Bureau 470 de Tomas Bordalejo, Crumbling Land, Voyage d’hiver de Jelinek et Sébastien Gaxie, Jacob Lenz de Wolfgang Rihm au Théâtre de l’Athénée Louis Jouvet.

Elle mène en parallèle une carrière d’instrumentiste (contrebasse) et de chanteuse, croisant les deux disciplines dans des propositions inédites. Elle compose et joue sur scène dans Quelque part au cœur de la forêt (mise en scène par Claude Buchvald, Parcours Jeunesse Théâtre de la Ville)… Elle est également active sur la scène jazz et musique improvisée aux côté d’artistes tels que Médéric Collignon, Louis Sclavis, Bruno Chevillon ou encore Joëlle Léandre.

En 2018, elle est directrice artistique de TREPAK : Comment s’en sortir sans sortir, opéra poétique, est donné au Théâtre de Vanves, théâtre l’Echangeur à Bagnolet et Scène Nationale l’Hexagone de Meylan. Pain Maudit, sa nouvelle création ( 3 voix lyriques, flûte, électronique) est créée le 13 décembre 2019 au Théâtre de Vanves. Elle sera donnée le 12 mai 2021 au Théâtre de la Joliette à Marseille dans le Festival Les Musiques ( GMEM ).

73

MARION LEBÈGUE I Mezzo-soprano

La mezzo-soprano Marion Lebègue est diplômée du Pôle Supérieur National de Paris en 2015 dans la classe de Blandine de Saint Sauveur. Elle a remporté le 1er prix des Concours internationaux de chant de Toulouse et de Marmande 2014 et le troisième prix d’opéra de l’ARD International Music Competition 2015 à Munich. Sa carrière a depuis pris un essor important.

Récemment, elle a chanté Suzuki dans Madame Butterfly à l’Opéra de Limoges et à l’Opéra de Rouen (mise en scène Clarac et Deloeil), Mercedes dans Carmen au Capitole de Toulouse et au Festival de Bregenz, le rôle-titre de La Nonne Sanglante de Gounod à l’Opéra- Comique, Smeaton dans Anna Bolena à l’Opéra National de Bordeaux, Rosine dans Un Barbier à l’Opéra de Toulon et à l’Opéra de Reims, Dorabella dans Cosi fan tutte à l’Opéra de Saint-Etienne, Rosette dans Manon à l’Opéra-Comique et à l’Opéra National de Bordeaux, le rôle-titre dans Madame Favart à l’Opéra-Comique, Berta dans Le Barbier de Séville à l’Opéra de Paris. Elle a également interprété Le Chant de la Terre de Mahler à la Philharmonie de Paris.

Parmi ses projets, notons Annina dans La Traviata à l’Opéra de Paris, Marguerite dans La Damnation de Faust à l’Opéra de Saint-Etienne, Suzuki dans Madame Butterfly à l’Opéra d’Avignon, Jezibaba dans Rusalka à l’Opéra de Limoges, Paulina dans La Dame de pique à l’Opéra de Marseille et à l’Opéra Grand Avignon (mise en scène O.Py), Hermione dans Andromaque de Grétry à l’Opéra de Saint-Etienne, Dorabella dans Cosi fan tutte à l’Opéra de Toulon.

Marion a récemment enregistré Don César de Bazan de Massenet avec les Frivolités parisiennes sous le label Naxos.

ALEKSI BARRIÈRE

I Auteur et metteur en scène

Aleksi Barrière est auteur et metteur en scène. Co-fondateur avec le chef d’orchestre Clément Mao-Takacs de la compagnie de théâtre musical La Chambre aux échos, en 2018-2019 il a présenté avec celle-ci des créations sur des œuvres contemporaines au Kulturhuset de Stavanger, à AngersNantes Opéra, au Lieu Unique et à l’Opéra national de Finlande notamment. En outre, il a récemment été metteur en scène invité du Trap Door Theatre de Chicago, de la Staatsoper de Hambourg, de l’Autunnale de Bergen et de la New School de New York. Chercheur et pédagogue, ses écrits sont comme ses spectacles dédiés aux espaces interstitiels, entre théâtre et musique notamment.

MAGALI BARON I Lectures

Née à Paris en 1980, Magali Baron a étudié le violon au CNR de Paris, où elle a obtenu un premier prix de Formation Musicale. Elle s’est ensuite tournée vers des études de philosophie, en se spécialisant dans la pensée de Heidegger. Agrégée de philosophie, elle a quitté l’enseignement pour des expériences professionnelles différentes, dont deux ans de volontariat international à Nazareth et à Jérusalem, où elle a appris l’hébreu et l’arabe, étudié la Bible et la pensée juive. Installée à Guingamp en 2018, elle a appris le breton lors d’une formation intensive de 9 mois, et travaille maintenant pour Kuzul ar Brezhoneg, au service l’édition en breton et de l’enseignement par correspondance. Elle écrit des articles de critique littéraire dans la revue Al Liamm, et intervient chaque semaine sur Radio Kreiz Breizh pour présenter les livres récemment parus. Tout au long de son parcours, elle a gardé une pratique musicale amateur ; elle a notamment joué dans l’orchestre Ut Cinquième et chanté dans les chœurs Stella Maris et Le Madrigal de Paris.

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FAUSTINE DE MONÈS I Soprano

Saluée par le Guardian pour sa grâce, son expressivité et sa présence scénique, la soprano Faustine de Monès s’est produite au sein de prestigieuses maisons telles que le Weill Recital Hall de Carnegie Hall, l’Opéra d’Aix la Chapelle, l’Opéra National d’Israël, Den Norske Opera, la Maison de la Radio, le Festival d’Aldeburgh, ou encore le Festival de Musique de Ravinia.

Elle a chanté sous la direction de Lionel Bringuier, Jonathan Cohen, Christian Curnyn ou encore Paul Nadler, Joseph Colaneri et Clément Mao-Takacs. Son répertoire comprend les rôles de Zerline dans Don Giovanni (Mozart), Constance du Dialogues des Carmélites (Poulenc), Semele et Iris dans Semele (Haendel), Frasquita dans Carmen et Laurette du Docteur Miracle (Bizet), Nayade dans Ariadne auf Naxos (Strauss), Sandmännchen dans Hänsel und Gretel (Humperdinck) ou encore Amy March de Little Women (Adamo). Faustine est également lauréate du Concours de Mélodies Française de Toulouse, de la compétition de Vienne en Voix et du Concours Georges Enescu.

Après avoir obtenu sa licence avec la mention 1st Class Honours à la Guildhall School of Music de Londres, Faustine part se perfectionner à New York où elle obtient son Master et son Artist Diploma à la Mannes School for Music. Très généreusement soutenue tout au long de ses études par la Fondation Meyer, la City of London, Career Bridges Fund, et la Fondation Williamson, Faustine a été boursière de la Presidential Scholarship de la New School ainsi que du Alice E. Adams Opera Award.

ROMAIN DAYEZ I Baryton

Romain Dayez est diplômé des Conservatoire de Bruxelles et Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Il a eu la chance d’interpréter des rôles dans une trentaine d’oeuvres lyriques (opéra de Wallonie, de Metz, Nantes, Reims, Rouen, Angers, Clermont-Ferrand, Palerme, Tours, Bordeaux, Montpellier, Reims, Compiègne, Philharmonie de Paris, Théâtre du Châtelet etc).

Sa prédilection pour la musique sacrée lui permet de chanter dans une centaine de productions (Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, Notre-Dame de Paris, Arsenal de Metz, Saint-Eustache, Cathédrale de Bruxelles, etc.).

Spécialisé en crossover, il participe à des performances à l’Opéra de Paris, au Louvre, au Palais de Tokyo ou à la Biennale de Venise et prend part à une trentaine de créations mondiales. Il est invité de la Nuit de la Voix de la Fondation Orange et des Victoires de la Musique Classique 2020. Il est directeur artistique du Rapt Invisible, qui revisite des chants sacrés anciens.

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© Portrait Harcourt

CLÉMENT MAO – TAKACS I Direction

Clément Mao - Takacs est l’une des étoiles montantes de la nouvelle génération de chefs d’orchestre. Il est diplômé du Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse de Paris et de l’Accademia Chigiana de Sienne et a reçu le Prix “Jeune Talent” de la Fondation del Duca.

En tant que chef invité, il a dirigé le Norwegian Radio Orchestra, Stavanger Symphony, Oslo Philharmonic, Odense Symphony, Orchestre des Pays de La Loire, Orchestre Symphonique de Bretagne, Orchestre de Paris, Festival Orchestra of Sofia, Avanti! Chamber Orchestra Finland, ICE Ensemble et Bit 20 Bergen.

En 2012, il a fondé Secession Orchestra, dont il est à la fois le directeur artistique et musical. Son répertoire très large va de la musique ancienne à la création contemporaine ; spécialiste de la musique de Kaija Saariaho, Clément Mao – Takacs a dirigé la création mondiale et plusieurs premières nationales de ses œuvres. Les enregistrements de Clément Mao – Takacs incluent Adieu pour Crystal Classics de Stockhausen, un disque de la musique de Jacques Ibert pour Timpani (récompensé de « 5 diapasons » par le magazine DIAPASON), la Fantaisie pour piano et orchestre avec SECESSION ORCHESTRA et Jonas Vitaud (piano) pour Mirare.

En 2019 est sorti son CD consacré à la musique de Saariaho avec Oslo Philharmonic (BIS Records), récemment nominé au Spelleman Prisen ; en 2020, ses enregistrements à l’Auditorium du Louvre avec SECESSION ORCHESTRA forment les premiers opus d’une nouvelle collection.

Clément Mao – Takacs est le créateur et le directeur artistique des festivals INTERVALLES (Île-deFrance) et TERRAQUÉ (Carnac, Morbihan). Il codirige avec le metteur en scène Aleksi Barrière la compagnie La Chambre aux échos (théâtre musical et opéra de chambre). Il se produit également comme pianiste et compositeur.

En savoir plus :

Site web : www.clementmaotakacs.com

Facebook : Clément Mao – Takacs

Twitter : @cle_mao_takacs

Instagram : clement.mao.takacs

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© Vasco Pretobranco © Christophe Abramovitch

SECESSION ORCHESTRA I Orchestre

SECESSION ORCHESTRA est une formation d’élite composée d’une cinquantaine de musiciens, qui se produit aussi bien en ensemble de chambre qu’en grande formation symphonique.

Placé sous la direction musicale et artistique de Clément Mao - Takacs, son large répertoire privilégie les 20ème et 21ème siècles : si Wagner, Mahler, Schönberg, Berg, Webern, Debussy, Ravel, Bartók, Sibelius… forment le cœur de ses programmes, SECESSION ORCHESTRA travaille toujours avec les compositeurs de son temps, s’attache à redécouvrir des compositeurs oubliés, et propose également des incursions dans le grand répertoire symphonique avec des interprétations radicales. Soutenu par la DRAC Île-de-France / Ministère de la Culture au titre de la structuration, et par la Caisse des Dépôts, SECESSION ORCHESTRA a été en résidence au Festival de Saint-Denis (20152016) ; il a reçu à plusieurs reprises le soutien de la Fondation La Poste. Depuis 2014, SECESSION ORCHESTRA est en résidence à la Fondation Singer-Polignac ainsi qu’à la Fondation Royaumont (2017–2019) et au Petit Palais (depuis 2017).

À Paris, SECESSION ORCHESTRA concerte régulièrement à l’Auditorium du Louvre ainsi qu’à la Philharmonie de Paris. Durant la saison 18/19, SECESSION ORCHESTRA et Clément Mao – Takacs ont été invités par le Musée d’Orsay au titre d’artistes associés ; depuis 2019, ils sont programmés au Théâtre des Champs-Élysées. Créant chaque année plusieurs œuvres de notre temps, SECESSION ORCHESTRA s’est produit notamment au festival Présences de Radio-France et collabore étroitement avec la compositrice Kaija Saariaho. SECESSION ORCHESTRA donne également de nombreux concerts dans le cadre des festivals INTERVALLES et TERRAQUÉ.

Multipliant les collaborations et les passerelles entre les arts, SECESSION ORCHESTRA se produit souvent en compagnie d’autres artistes musiciens et comédiens, favorise l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes lyriques, participe à des projets transdisciplinaires ainsi qu’à des performances. Il collabore avec la compagnie La Chambre aux échos sur six productions de théâtre musical.

Considérant tout acte culturel comme un acte social, SECESSION ORCHESTRA choisit de repenser la forme du concert classique à travers des programmes-concepts et recrée le lien entre musiciens et publics. Par la recherche de l’excellence, l’attention à la transmission et la volonté d’aller au-devant de tous les publics, l’action concertante professionnelle de SECESSION ORCHESTRA se double d’une action sociale discrète mais développée (concerts en hôpitaux, programmes en soins palliatifs, ateliers pédagogiques, médiations, projets pour les publics en situation de handicaps physiques et mentaux…), qui replace l’art au cœur d’une société à visage humain et à visée humaniste.

Retrouvez l’univers de SECESSION ORCHESTRA sur : www.secessionorchestra.com

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VINCENT BUFFIN I Harpiste

Vincent Buffin fait ses premières armes à l’orchestre en Italie au Teatro Lirico G. Verdi de Trieste. Puis des collaborations régulières s’ensuivent au Teatro dell’Opera de Rome, aux Arènes de Vérone… À l’orchestre de Bilbao en Espagne, à l’orchestre de chambre du Luxembourg, au Klangforum de Vienne en Autriche. En France, il travaille avec de nombreux orchestres également, dont l’Opéra de Paris, l’Ensemble Intercontemporain et l’ Orchestre National de France. Titulaire d’un prix de harpe au Centre supérieur de musique du Pays Basque, à San Sébastian en Espagne (Musikene), et d’une licence de musicologie à la Sorbonne, sa formation est marquée par l’enseignement de Frédérique Cambreling (harpe) et de Gabriel Loidi (musique de chambre). Il est membre de plusieurs ensembles, dont la Symphonie de Poche, le Quatuor improbable et particulièrement Secession Orchestra. Il co-dirige les Journées de la harpe à Carnac depuis 2017.

Sa rencontre avec Clément Mao-Takacs est déterminante dans son parcours musical et le pousse notamment à développer son goût pour la composition, l’arrangement et l’orchestration de nombreuses pièces pour différents ensembles, dont Secession Orchestra bien sûr !

MARIANNE SELESKOVITCH I Mezzo-soprano

Après une double formation au Conservatoire et à l’Université, en Chant et Musicologie, elle se spécialise dans la création contemporaine, les répertoires rarement joués et le théâtre musical. Amoureuse de la mélodie et de la poésie de tous pays, elle construit des programmes variés cherchant à articuler écriture littéraire et écriture musicale, mettant en avant les productions féminines.

Artiste polyvalente appréciée pour la richesse de son répertoire, elle se produit en récital comme en spectacle, allant du seule en scène au travail de troupe. On a pu l’entendre récemment dans Give me a few words, dans l’opéra La Passion de Simone de Kaija Saariaho et dans Allons Enfants ! au Festival Off d’Avignon 2019. Ses principaux partenaires sont Secession Orchestra - dirigé par Clément Mao - Takacs, la pianiste Elsa Cantor, la Cie « La Chambre aux Échos » et la Cie « Les Épis Noirs ».

Titulaire du Diplôme d’État et Lauréate du concours 2019 de Professeur d’Enseignement Artistique, elle dirige le département Chant au conservatoire de Choisy-le-Roi, mène des projets pédagogiques variés dans les écoles et donne des cours de voix pour comédiens au sein de plusieurs compagnies de théâtre, à l’École de l’Acteur Paris-Bastille et à l’Atelier International de Théâtre Blanche Salant.

Depuis plusieurs années elle organise des concerts participatifs, anime des ateliers collectifs et des chorales éphémères au sein de divers festivals, ouvrant l’art vocal à tous, profanes et initiés, partageant avec le public les joies de la technique vocale et de la polyphonie.

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CAROLINE MARÇOT I Chanteuse lyrique et compositrice

Pianiste de formation, Caroline Marçot acquiert une solide expérience de la musique vocale au sein de la Maîtrise de Radio France puis au Jeune Choeur de Paris et aux Cris de Paris. Elle se produit en tant que soliste avec plusieurs formations dont le trio Viva Lux, qu’elle fonde en 1999, l’Ensemble l’Echelle dont elle prend la direction en 2016, et l’ensemble Mora Vocis, ayant pour vocation d’explorer et diffuser les répertoires historiques chambristes du moyen âge, de la renaissance, et la création contemporaine. Elle est également amenée à chanter régulièrement le répertoire baroque au sein de phalanges comme le Concert Spirituel ou le Concert d’Astrée, et la musique vocale récente avec Les Éléments ou le choeur Aedes. Parallèlement elle obtient au CNSMDP les prix d’analyse, de contrepoint renaissance, d’harmonie, d’écriture XXeme siècle, d’orchestration, d’esthétique et d’acoustique musicale. Passionnée par le phénomène sonore dans ses trois dimensions : élaboration, interprétation et perception, c’est tout naturellement que Caroline Marçot se tourne en 2000 vers la composition. Lauréate 2003 de la Fondation Natexis, son catalogue disponible aux éditions Jobert-Lemoine compte aujourd’hui une quarantaine d’oeuvres vocales et instrumentales commandées par l’Ariam Ile de France, l’ADDIM Haute-Saône, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, la Cité de la Musique, la Cité de la Voix, Musique Nouvelle en Liberté, la maîtrise de Notre Dame de Paris, le CCR de l’abbaye Sylvanès, et créées notamment par Geoffroy Jourdain, Rachid Safir, Laurence Equilbey, Roland Hayrabedian, Gildas Pungier, Lionel Sow, Daniel Reuss, l’ensemble Clément Janequin, Sit Fast Consort…

Dans son enseignement, elle développe une pédagogie faisant la part belle à la transmission orale, guidée par un travail sur le souffle en mouvement dans un contexte déambulé. Cette approche corporelle liée a l’environnement physique et architectural lui permet de collaborer avec bonheur avec le cirque contemporain ou la danse, auprès de Cahin-Caha ou de la Débordante Compagnie.

L’ÉCHELLE I Ensemble vocal

Né de la réunion de musiciens, passionnés par le contrepoint de la Renaissance et mus par la conviction de l’actualité des valeurs humanistes, l’Echelle est d’abord un ensemble vocal qui construit avec bonheur des programmes polyphoniques et pluridisciplinaires.

Émanant directement des partitions chantées au XVI° siècle, poésie, danse et spiritualité révèlent philosophie, acrobatie, histoire des cités et des arts, dans un caractère intimiste propre à la musique de chambre. C’est dans cet échange joyeux et équilibré entre émotion et compréhension sensible que l’Ensemble Echelle travaille.

Le monde contemporain prend également sa place dans nos programmes, avec les musiques de ce dernier siècle, et la création d’oeuvres nouvelles. Ainsi, par un constant soin accordé au lien entre l’architecture et l’acoustique, histoire et présent dialoguent afin d’enrichir la perception multisensorielle de l’auditeur.

Établi en 2010 à Paris, puis à Troyes, l’Ensemble Echelle se réunit maintenant en Bretagne, autour de sa conceptrice Caroline Marçot.

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Les “Vanités” florales de Régis Dho

“Je vais dire quelque chose à quelqu’un” s’écrie Yniold dans l’opéra Pélleas et Mélisande de Claude Debussy d’après Maurice Maeterlinck ; dire quelque chose à quelqu’un – et quelque chose à lui taire. Cette exposition est une conversation intime à laquelle nous sommes conviés à travers une trajectoire florale ; on y retrouve le désir d’Yniold de révéler tout ce qu’il a vu de grave qu’il ne peut ni taire, ni dire. Régis Dho sait que le mot est toujours de trop lorsqu’il s’agit de révéler un mystère, que seule l’image – parce qu’elle est brutale et fascinante – est capable de dire la fugacité, la beauté, la cruauté du monde. Il choisit donc le triptyque comme format idéal pour évoquer une séquence temporelle qui va de l’épanouissement de la fleur jusqu’à sa fenaison. Cette scansion ternaire est destinée à rendre captif le regard du spectateur pour lui faire découvrir la force spirituelle et sensuelle des fleurs : métaphores de la vie, de la mort, du sexe toujours présent partout dans le règne végétal.

Dans cette valse à trois temps, nos sens sans cesse sollicités hésitent devant les sanglots des glycines, s’affolent du rayonnement solaire des dahlias mauves conquérants et guerriers, s’égarent dans les fougères ténébreuses des sous-bois des Landes, respirent le cœur noir et velouté des anémones, s’abreuvent à l’aqueuse absinthe des feuillages. De la sécrétion acide de la jeune pousse qui s’élance aux émanations languides et mortifères des bouquets en perdition, nous ne sortirons pas indemnes de cette confrontation avec l’empire de Flore. Le tournoiement des ombellifères et l’impalpable pavot évoquant le mouvement perpétuel de la vie nous permettent de nous raconter une histoire : celle de ces fleurs, parfois la nôtre, ou les deux confondues.

Le peintre choisit le pastel qui se rapproche le plus d’un pétale, d’une aile de papillon, une poudre qui se délite et s’efface : un médium et une technique qui correspondent parfaitement au message transmis dans ce travail d’un an sur les quatre saisons. Dans la douceur et la retenue de leur silence les « Vanités » de Régis Dho vous disent tout de la matière, de sa fragilité et de sa puissance, des apparences et du passage subtil de la figuration vers l’abstraction qui s’opère si naturellement que l’on en reste confondu.

Brigitte Ducousso-Mao, historienne de l’art.

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© Régis Dho

RÉGIS DHO I Plasticien

Régis Dho, grandit dans un pays de lumière, de contrastes, d’odeurs fortes et épicées où la beauté et l’équilibre règnent en maîtres absolus. Ses premiers pas en France le mènent en Touraine, à l’âge de seize ans, il s’inscrit aux Beaux-Arts dont il sort Major de sa promotion. Viennent ensuite les Arts Décoratifs de PARIS où il obtient le diplôme de scénographe en 1969 – année importante où il rencontre Pierre Cardin qui l’engage aussitôt comme styliste. Ce sont ensuite des années d’errance poétique où Régis Dho chantre du merveilleux se laisse guider à la rencontre de ceux qui furent les sculpteurs de son monde esthétique tels que Léonor Fini, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini pour citer ceux qui furent les plus proches de sa vérité.

C’est après l’épisode agité de 1968 que Régis Dho prend la décision la plus importante de sa carrière, en faisant le choix de ne plus gagner d’argent que par son crayon. Il devient locataire d’un atelier où vécu pendant plus de vingt ans Auguste Renoir. Il rencontre le restaurateur Michel Rostang et crée pour lui les décors : Amaryllis, Cornes d’Abondance, Herbier... Puis, tel un couturier à la demande des « stars du fourneau » il leur conçoit le décor adapté au caractère de leur cuisine. Il en va ainsi pour Alain Ducasse de l’hôtel de Paris à Monte-Carlo pour Sirio Macciono le sympathique propriétaire du célèbre Cirque de New-York. Il redécore le temple de la gastronomie française chez Point, « la Pyramide » à Vienne, collabore avec le célèbre architecte Frank Ghery à la réalisation du fameux Dancing Building de Prague et encore Le Bernardin à New York de Eris Rieppert (Meilleur Chef du Monde 2001 et 2003).

A ce jour, ce sont plus de quatre-vingts tables étoilées qui ont fait confiance au talent de Régis Dho. Le prestigieux Hôtel de Crillon le choisit pour présider à l’avenir esthétique de sa ligne de produits ; l’orfèvre Christofle, lui confie la direction des « pavillons ». Il dessine le service anniversaire du cent cinquantenaire de la porcelaine Haviland, mais aussi revisite les collections de Rosenthal Classic. Il crée pour Baccarat, Daum et le cristallier vénitien Salviati. Il élabore les lignes parfumées de Amélie et Mélanie, de Sia, rajeuni la Bougie Rigaud avec sa nouvelle gamme « Les Chéries ». Il prend entre autres la Direction Artistique de Lampe Berger et de la prestigieuse maison de gastronomie Dalloyau.

Il collabore également pour des luminaires et du mobilier haut de gamme, ainsi que les émaux et faïences de Longwy. Sûr de son instinct et poussé par ses multiples envies créatrices il présente à chaque session du salon « Scènes d’intérieur » sa ligne personnelle d’objets rares « Les extravagances » destinés à une clientèle exclusive et exigeante et est toujours présent au salon “Maison et Objets”. Il assure aujourd’hui de multiples missions de directions artistiques, de conseils auprès de noms reconnus tel que les porcelaines Philippe Deshoulières, le pain Poilâne.

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ASSOCI É
ARTISTE

PARTENAIRES

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Le festival TERRAQUÉ est soutenu et accompagné par M. Olivier Lepick, maire de Carnac, M. Pascal

Le Jean, adjoint délégué aux Finances, Services Généraux ainsi qu’au Développement touristique et économique du territoire, Mme. Carole Mercier, directrice de cabinet, et Mme. Catherine Isoard, adjointe déléguée la culture.

La ville de Carnac a également apporté son soutien à travers l’hébergement d’une partie de l’équipe SECESSION ORCHESTRA et contribue au bon déroulement du festival grâce à sa précieuse aide logistique, avec le concours notamment des services techniques et administratifs.

Outre l’engagement fort de la Mairie de Carnac, cette ambitieuse politique culturelle doit beaucoup à nos partenaires, mécènes, sponsors et bénévoles :

La Paroisse de Carnac, et tout particulièrement le Père Dominique Le Quernec.

Les Associations des Chapelles et leurs bénévoles qui ont travaillé à la mise en valeur des chapelles, de leur accès, et contribué activement à la communication des évènements qui s’y déroulent.

L’Espace culturel Terraqué

La fédération des festivals de musiques classiques en Bretagne pour son relai d’information.

Edenred et Groupama Loire-Bretagne, qui nous soutiennent par leur mécénat.

L’Hôtel La Marine.

Le Petit Bedon Carnac.

Un remerciement particulier à :

Régis Dho, artiste-peintre, pour les photos d’illustration des programmes du festival, d’après ses tableaux originaux et le prêt des œuvres exposées à la Chapelle de la Congrégation.

Emilie de Fautereau-Vassel, présidente de l’association festival TERRAQUÉ.

Béatrice Honnorat, chargée de communication du Festival.

Guillaume Arthus, Conseiller Délégué, Culture, Sport & Évènementiel à la mairie de La Trinité sur mer, pour l’organisation du concert « hors-les-murs » du 11 septembre 2021.

Mme. Evelyne Menaud, Responsable Culture de l’Hôpital Bretonneau, pour l’accueil de nos répétitions des 24 et 25 août 2021.

Mme. Jeanne d’Hauteserre, Maire de 8ème arrondissement de Paris, pour l’accueil de notre répétition du 26 août 2021.

La Fondation Singer-Polignac, pour le prêt de percussions pour nos répétitions.

L’ensemble de nos bénévoles, pour leur aide précieuse de tous les instants.

Christian Gouzerh, de la Mairie de Carnac, pour son appui logistique.

Mme Geneviève Le Bars, de l’Espace Culturel Terraqué pour la mise à disposition de ses espaces.

Et bien sûr, nous remercions toute l’équipe du festival Terraqué : Giancarlo Staffetti, coordination générale ; Damien Lenet, direction technique ; Clémentine Marin, recrutement ; Francis Auboyneau, administration et tous ceux et toutes celles qui contribuent, dans la lumière ou dans l’ombre à la réussite de cet évènement exceptionnel.

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REMERCIEMENTS
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85 Merci
à Christine Tavernier et à Francis Auboyneau pour les photos des éditions précédentes.
86 © Sophie Crépy
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VIVEZ UNE EXPERIENCE TOTALE EN SUIVANT LE FESTIVAL TERRAQUÉ SUR FACEBOOK, TWITTER ET INSTAGRAM www.festivalterraque.com

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