Festival TERRAQUÉ 2020 : programme de salle

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Pour ses retrouvailles avec le Festival Terraqué, Isabelle Seleskovitch invite la chanteuse et guitariste Sophie Rakotomalala. Toutes deux rompues à l’art du jazz vocal et amoureuses de belles mélodies, elles conjuguent leurs styles naviguant du swing à la bossa dans un set empreint de douceur et de malice, entre classiques du jazz et chansons françaises revisitées. Elles présenteront ce répertoire dans une formation inédite avec Yoan Fernandez à la guitare et Maurizio Congiu à la contrebasse.

«Mais le chemin mène aussi dans ce lointain.»

« C’est le dernier soir...le dernier soir... / Il faut que tout finisse... » murmure, marmonne, maugrée Pelléas dans l’opéra Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck et Claude Debussy. Nous y voilà, nous aussi. Heureusement, malheureusement ; bon gré, mal gré. Nous avions dit ; nous avons fait. Nous avons construit et reconstruit, inlassablement. Nous avons tenu, nous avons maintenu ; nous avons tendu les mains, vers l’eau et le ciel et la terre, contre vents et marées, en dépit des mauvaises volontés et des peurs irraisonnées.

Ainsi s’achève cette 4ème édition du festival Terraqué, dont tout le monde se réjouit qu’elle ait eu lieu – même amputée, même réduite, même circoncise, et même si ce n’est pas l’édition que nous souhaitions offrir au public. Alors, se pose, inévitablement, naturellement, nécessairement la question : sera-ce la dernière édition ?

Peut-être est-ce un point final, un point d’honneur que nous avons tracé pour le public – si fidèle, si nombreux, si respectueux – et pour les artistes – si engagés, si douloureusement frappés, si confiants ? L’aventure s’arrête-t-elle ici – ou commence-t-elle, ailleurs peut-être ?

Il y a quatre ans, il n’y avait pas de festival à Carnac. Il n’y avait rien. Rien. Rien qui soit digne d’être considéré pour et par sa qualité artistique, son implication sociale, son maillage territorial de la culture, sa dimension pédagogique, sa variété et sa richesse. Rien qui retienne durablement l’attention des médias et des publics. Beaucoup de conditions, de contraintes, d’exigences ont été (im)posées dès le début et jusqu’à aujourd’hui : toutes ont été remplies, respectées, validées – et transcendées.

Parallèlement, nous avons dit d’emblée ce que nous entendions faire de ce festival à Carnac : un nouveau Bayreuth, un centre musical important, un pôle culturel régional, national et international, actif toute l’année. Un projet moderne, qui soit un modèle pour le futur par ce qui fait la spécificité de notre action : l’excellence artistique, la capacité à fédérer des publics, la réunion de l’éducation et de la culture, l’émergence de nouvelles générations d’artistes, une attractivité économique pour la ville. Nous avons dit, d’une parole claire : il faut construire ici un théâtre lyrique (et non une salle polyvalente, erreur commune de toutes les communes), mais aussi et en même temps un conservatoire, et pourquoi pas en sus une salle de concert.

Tout cela a été dit et redit. Chimères, folies, utopies ? Non ; tout cela est possible. Mieux : tout cela est à portée de main et d’esprit – pour qui a volonté et vision. Car c’est de cela qu’il s’agit : d’être capable de se projeter dans le futur, d’imaginer la forme que nous voulons donner au monde dans lequel vivront nos enfants ; de faire le pari de l’art, de l’éducation et de la culture comme fondamentaux et comme piliers de l’économie ; d’embrasser l’horizon dans toute sa largeur, et d’inventer notre avenir commun ; d’avoir foi et confiance dans les preuves éclatantes du travail passé ; de mesurer la chance d’avoir là, présentes, vivantes, actives, de telles bonnes volontés – et de tels talents. En vérité, aujourd’hui je vous le dis : tout ceci peut advenir. Et cela sera(it) une nouvelle page de l’histoire de cette commune que j’aime, et qui sera(it) fondatrice.

« Aussi fermement que la main tient la pierre. Or, elle ne la tient fermement que pour la jeter d’autant plus loin. Mais le chemin mène aussi dans ce lointain. » Puissent ces mots de Franz Kafka nous inspirer et nous faire réfléchir, collectivement, au devenir du festival Terraqué : à ce que signifient la présence de ces nombreux artistes, l’irruption de l’art dans nos vies, et ce trésor du partage qui unit les êtres humains. Nous sommes là, présents dans le présent, prêts à faire jaillir la source – ici, entre terre et eau.

Clément Mao – Takacs, directeur artistique du festival Terraqué

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