Arty Victor Tricar
Texte Godefroy Gordet
Images Victor Tricar
VICTOR TRICAR
DANSER SUR LA TOILE Ne faudrait-il pas consacrer les artistes issus des grandes écoles, exposés en institutions ou plébiscités par les bourses ? L’art n’est-il pas justement l’unique domaine où l’on peut éviter les parcours classiques souvent pompeux ? Voyez Frida Kahlo ou Jean-Michel Basquiat… Pas qu’on les comparerait à Victor Tricar, ce dernier a encore du chemin à faire, mais force est de constater que le travail du peintre intrigue autant dans la forme que dans le fond. Et l’adage qu’on lui collerait bien serait celui de quelqu’un qui ne lâche rien. Tricar s’acharne à montrer sa légitimité dans ce milieu artistique, où l’on s’intéresse souvent plus au futile qu’à la substance. Victor Tricar, découvre le dessin au lycée, qui devient comme un palliatif à l’ennui qu’il ressent en cours. La peinture est venue plus tard, au retour d’un voyage, alors qu’il a 25 ans, « j’avais peint dans un style ‘automatique’… Un chemin s’est ouvert devant moi et depuis ce temps je n’ai jamais cessé de peindre ». À 37 ans aujourd’hui et 12 années en tant qu’artiste peintre, Victor Tricar a vagabondé entre trois écoles d’art, fier de ne pas avoir été formaté, « acquérir des bases techniques c’est important, mais il faut beaucoup travailler pour créer son propre langage ». Le Français dit porter en lui un idéal de justice et une quête de vérité qui se décline dans son travail par des couleurs vives et optimistes, « de mon point de vue l’artiste va diffuser un message, une énergie, alors il vaut mieux avoir quelque chose de positif à transmettre ». Sa quête de vérité, il en fait un chemin personnel, « travailler sur soi ou travailler sur son art, c’est presque la même chose, dans les deux cas, on travaille à faire d’une matière brute, informe, une sculpture unique, dans une recherche d’harmonie ». Il y a ainsi dans ses toiles, pléthore d’informations visuelles, mais des directions très claires dans le propos. Un processus créatif de l’idée à la toile qu’il prend comme un voyage, « avancer vers l’inconnu c’est toujours terriblement excitant. Une peinture c’est pareil, on part avec une idée, des fois avec juste une intention et quand le voyage se termine, on veut en faire un autre ». Entre néo expressionnisme et caractère underground, ses toiles rappellent Basquiat, Penck ou encore Robert Combas. Néanmoins, d’autres influences guident son travail, « je suis graphiste de formation, le symbole, le logo,
« FAIRE D’UNE MATIÈRE BRUTE, INFORME, UNE SCULPTURE UNIQUE »
12
je l’ai étudié et je l’utilise avec une dimension mystique ». Imprégnée par son époque, la saturation de la publicité, les marques, la signalétique, Victor Tricar utilise ce langage moderne pour diffuser un message plus spirituel. Entre 2009 et 2012, il vit à Los Angeles en Californie, où il connaît ses premières expositions personnelles A path to freedom à l’Alliance française de Los Angeles et A path to the free will au Centre des Arts EdgeMar à Santa Monica. À cette époque, Tricar voulait peindre, uniquement, « c’était comme si je dansais sur la toile, je laissais toute ma ‘vitamine’ intérieure s’y exprimer ». De la banlieue parisienne à Hollywood, l’artiste commence à se faire une place sous le soleil, pourtant il décide de s’installer au Panama, où il vivra cinq années, « j’avais les mains libres, j’aurais pu aller partout dans le monde ». Là, il enseigne au Lycée français Paul Gauguin, en parallèle de plusieurs expositions. Petit à petit, la culture latine infiltre son travail, « j’arrivais d’une culture très lisse, aseptisée… Au Panama, le diable danse dans les rues ! » Logiquement, son travail s’imprègne de tout ce qu’il voit, sent, « je me suis mis à intégrer le collage, à peindre sur du n’importe quoi, à faire des compositions chaotiques, bien que très organisées ».