Jacques Lizène - Rotation des stocks

Page 1


JACQUES LIZÈNE

JACQUES LIZÈNE

JACQUES LIZÈNE

ESPACE 251 NORD

PRODUCTIONS ET EXPOSITIONS 1984-2016

ÉCOLE SUPÉRIEURE DES ARTS DE LA VILLE DE LIÈGE ACADÉMIE ROYALE DES BEAUX-ARTS

Exposition

Jacques Lizène, rotation des stocks 1984-2016, productions E2N

04/03 > 18/06/16

Lieu : Espace 251 Nord

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Artistes invités (partage de cimaises) : Christopher Bouts, Dominique Castronovo & Bernard Secondini, Ronald Dagonnier, Selçuk Mutlu

Soirée Vidéographies 4.0 de Jacques Lizène au numérique - 15/04/16

Avec la participation de Philippe Franck, Dick Tomasovic, Robert Stéphane

Chargé de projets : Olivier Robichon

Médiation : Victoria Heuze, Vincent Martorana, Pauline Salinas, Alfonso Vigliotti

Montage : Ibrahim Ali Hassan (régie générale), Tiziano Lavoratornovi, Selçuk Mutlu

Photos : Alain Janssens

Montage vidéo : Christopher Bouts, Ronald Dagonnier

Remerciements : Pauline Bastin, Dominique Castronovo, Ronald Dagonnier, Christine Duchiron-Brachot, Véronique Marit, Fanny Pluymers, Daniel Sluse, Robert Stéphane, Nadia Vilenne et Jean-Michel Botquin

Publication

Coédition Espace 251 Nord - École supérieure des Arts de la Ville de Liège

Conception : Laurent Jacob

Auteurs : Emmanuel d’Autreppe, Cécilia Bezzan, Vinciane Despret, Carmelo Virone, Achille Bonito Oliva

Iconographie et documentation : Olivier Robichon

Légendes : Victoria Heuze, Pauline Salinas

Conception graphique et mise en page : Patrick Piquard

Relecture : Pierre Henrion, Françoise Neuray

Remerciements : Ronald Dagonnier, Fadila Salih, Daniel Sluse

Première de couverture : Buste royal avec poupée génétisée, 2000-2016

Quatrième de couverture : Sculpture nulle, autoportrait avec pinceau, 2000 - 2004 (Projet 1964)

Impression Unijep

ISBN 978-2-9601301-1-9

Dépôt légal : D/2016/13.106/2

JACQUES LIZÈNE

ROTATION DES STOCKS

1984-2016

RétRospective des pRoductions e2n commissaRiat LauRent Jacob

Affiche de l’exposition rétrospective à l’Espace 251 Nord

On le conçoit aisément : une école supérieure des arts ne peut pas être un lieu clos. Elle doit s’ouvrir le plus largement au monde et très spécifiquement au monde de l’art. L’Académie de Liège a toujours veillé à entretenir avec les milieux de la création vivante des relations privilégiées. Ne fut-ce que par les qualités des enseignants et par leurs activités en dehors des charges pédagogiques qu’il s’agisse des professeurs d’atelier ou de cours généraux. Dans le même ordre d’idées, l’école a toujours entretenu des liens avec des opérateurs culturels : musées, galeries, théâtres, maisons d’édition … Il s’agit notamment d’impliquer des personnalités extérieures au cadre académique dans les processus de formation de nos étudiants et de les sensibiliser aux réalités du travail artistique. Mais pas seulement. C’est aussi pour nous une façon de les accompagner après leurs études par la mise sur pied de coproductions qu’il s’agisse de publications, d’expositions d’art plastique ou de pièces de théâtre.

C’est dans cet esprit qu’est lancée une collection en partenariat avec Espace 251 Nord. L’objectif est de documenter l’activité que d’anciens étudiants et/ou professeurs ont avec cet opérateur actif depuis les années 1980 dans ce que la création contemporaine a de plus prospectif. La collection s’ouvre avec Jacques Lizène, diplômé de l’atelier de Peinture monumentale en 1967. Elle s’étoffera encore les prochaines années avec des volumes consacrés à d’autres artistes.

Ce projet n’aurait pu voir le jour sans le travail de l’équipe d’Espace 251 Nord et de Monsieur Patrick Piquard, professeur de cours techniques à l’ESAVL qui a pris en charge la conception graphique et la mise en page de l’ouvrage. Qu’ils en soient tous remerciés.

des Arts de la Ville de Liège

«Auto proclamé Petit Maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle – Artiste de la médiocrité et de la sans importance, Jacques Lizène produit une œuvre à l’image d’une fable philosophique marginale et irrévérencieuse, qui s’ingénie à lutter contre l’idée de jugement, contre la norme, la bienséance et le politiquement correct. Son esprit dédaigne les valeurs dominantes, leur préférant les chemins contrariés d’une création singulièrement indisciplinée».

Cécilia Bezzan

Espace 251 Nord accompagne cette œuvre rare depuis 1984. Après plus de 40 expositions collectives ou personnelles et prêts d’œuvres en Belgique ou à l’étranger, il s’imposait de retracer cette relation durable. Cet ouvrage s’y attache.

La troisième moitié de l’art (pas sûr, trouver mieux)
Jacques Lizène, de la curiosité des cabinets au cabinet de curiosités…

Par Emmanuel d’Autreppe - Été 2016

« Il n’y a que la médiocrité qui ait le privilège de la durée »

La civilisation serait-elle malade de ses images? « Ce que nous donnent les communications de masse, ironisait déjà Baudrillard dans La Société de consommation, ce n’est pas la réalité, c’est le vertige de la réalité. Ou encore, sans jeu de mots, une réalité sans vertige. » Façon de dire : aplatie, écrasée, banalisée, où tout se compte, où tout se vaut, mais où les valeurs s’annulent. Quarante ans plus tard, force en tout cas est de constater que nos sociétés croulent sous les relents nauséeux des ego qui se déversent « en plein air », sous la prolifération anarchique et vaseuse des visages et des nombrils, des tics et des gimmicks, des clichés ressassés et resucés, des anecdotes et des jugements de bas étage, qui circulent désormais avec l’efficacité des mauvaises rumeurs et des virus nuisibles : convaincus qu’il suffit d’être infects pour être médiocres. L’asphyxie du regard nous guette. Celle du sens est, bien souvent, déjà consommée. Flickr et Instagram, Facebook et Twitter, réseaux foireux, forums douteux, on en mélange potes et spots, blogs et globes, faces et profils. Et, d’une certaine manière, c’est tant mieux. En tout cas, c’est bien fait : un grand bordel où rien n’est laissé au hasard, puisque nulle part il n’y a plus d’intentions, ou alors il y en a trop.

Heureusement, il y a Lizène ! Il était là, il a tout prévu, tout anticipé. Il est le dernier bastion du bon goût et de la rareté, le dernier homme à promener, dans les éternels décombres de l’art, sa tête en forme de lanterne, allumée en plein jour, allumée en toute circonstance, allumée ô combien ; à se fendre la poire en deux, à la recoller avec des pommes ; à proclamer (et pratiquer) joyeusement la fin de l’art ; à tenir bon sans même chercher à durer; à séduire sans avoir besoin de plaire.

Il avait en tout cas pressenti et envisagé la dimension programmatique de l’individu. Ou plus exactement de son identité. Ou plus exactement encore de l’image de son identité. Car c’est bien à la question de l’identité que le travail critique, presque de sape, mené par Lizène se confronte principalement : identité en tant que répétition du même (Lizène préfère recycler et, de toute façon, faillir dans la reproduction) ; en tant qu’attribution immuable (Lizène est pour la mutation permanente) ; en tant qu’assertion monolithique (là où l’artiste pratique et privilégie l’aléatoire protéiforme)… Eternellement répétitif, donc inlassablement différent.

Bien sûr, il y a des points de repère gros comme des ficelles : des bâches plutôt que des toiles, des entassements plutôt que des accrochages, zizi-caca plutôt que sexe et érotisme ; des usines (quitte-t-on jamais tout à fait Ougrée une fois qu’on y est né ?) et une vraie réflexion sur le labeur de l’art, une vraie ironie quant à son interprétation ; gestion des restes et affirmation du rien, tout paraît dérisoire et aucun détail ne l’est, tout semble jeté et pourtant tout tient, notamment dans le temps et malgré les querelles de perron (quitte-t-on un jour une hypothétique « école liégeoise » sans jamais avoir été sûr qu’elle existe ?). Car enfin, ce n’est pas en faisant n’importe comment qu’on arrive à faire n’importe quoi.

Paul Virilio, dans Le Monde de l’éducation en janvier 2001, se demandait déjà, dans un questionnement qui le rapprochait du pessimisme de Baudrillard, si

avec les technologies nous n’étions pas en train d’assister « à la disparition inéluctable de l’auteur ou du créateur », au profit du triomphe des marques (et de ce que l’on n’appelait pas encore les labels). Là aussi, Lizène avait anticipé : il avait ramené son œuvre à lui sans céder au narcissisme, créé uniment un indépassable label de médiocrité quand les autres – qui n’en sont pas encore sortis – s’acharnaient à revendiquer des labels de qualité. Ainsi peut-on remonter dans un double sens le fil ambigu d’une de ses déclarations célèbres : « L’art d’attitude est un prolongement du produit », qui semble inverser le lien de causalité réputé naturel en art : de nature bassement commerciale (et le bassement est, chez Lizène, plus important que le commercial), balayant la noblesse des intentions, mais assumant, tout en les adaptant, les principes du dandysme qui veut que l’on crée comme on vit (ici : comme on respire ou comme on chie), ou qu’on fasse même de sa vie un enjeu artistique plus essentiel que le « produit » lui-même.

Son œuvre avait d’ailleurs, d’emblée, généré ses propres critères d’appréciation, de récupération et de légitimation, dans le droit fil, autosuffisant et autarcique, de ses débuts, inaugurés par la peinture à la matière fécale (« Etre son propre tube de peinture ») et la vasectomie (« Youpi ») envisagée comme « sculpture interne ». Des idées qui, déjà, préfaçaient le déclin – ou la déclinaison à l’infini –des images et de leurs grilles de déchiffrement, et la nécessité d’en faire le deuil. Qui invitaient à faire fi des avis, aussi : « juste assez médiocre, excellent », « pas assez raté, pas assez minable », ancêtres approximatifs, finauds et ironiques des braderies inquiètes aux « likes » et aux « hashtags » (et même aux « smileys » : voir ses « Tentatives de sourire », longuement expérimentées et accumulées sur le support toujours docile mais jamais glorieux de son propre visage).

Mais le flair et le sens de l’anticipation de Lizène vont plus loin, et plus profond que ces rapports de surface et ces liens anecdotiques. « Recenser, en les filmant, le plus grand nombre possible de visages », entreprise absurde et une fois de plus (inter)minable d’énumération, et plus encore le projet des « sculptures génétiques » (appliqué aux faces humaines ou à toute autre chose qui se prête de bonne grâce au bien nommé couper-coller, qui permet de créer sans procréer) sont des travaux de dynamitage dont la dimension politique, jamais martelée pourtant, ne fait que gagner en importance et en évidence au fil du temps et des relectures.

Ainsi en va-t-il des meubles hybrides (une chaise moitié Louis XV, moitié Bauhaus, par exemple), des objets impossibles que n’aurait pas reniés Carelman (guitare/pioche), des totems syncrétiques (moitié art africain, moitié classicisme occidental, autre exemple) ou de la volonté d’étendre ce principe de télescopage et d’ajustement à des parties du corps ou à des moitiés de visage que rien n’invitait à se rencontrer : Freud et Hitler, pour prendre un cas presque trop lisible dans ses mobiles ; Proust et Kafka, dans un registre plus lettré mais phonétiquement guère éloigné du scatologique ; mais aussi, le plus souvent – et là c’est encore plus fort –, rigoureusement n’importe qui avec n’importe qui d’autre ou avec n’importe quoi.

L’effet de transgression, accompagné d’une touche burlesque qui s’épuise délibérément très vite, tient à la remise en cause des classifications admises et des hiérarchies habituelles, à l’affirmation d’un principe d’hybridation et de dualité

qui va jusqu’à toucher le règne végétal ou animal et met en péril, d’un même tenant, les lois de la nature et les codes de la culture. Si le procédé n’est pas neuf et emprunte largement au goût des surréalistes pour le montage et le collage, il débouche, de par son programme potentiellement ininterrompu, sur une forme de généralisation du cabinet de curiosités (rien n’y est jamais « le même », mais le même que quoi ?) et sur une mise à mal, à la fois ironique et exotique, du principe d’identité et de l’argument d’autorité, au profit de l’étrangeté et d’une forme labile, insaisissable, de contestation par la transformation. Célébration salutaire, libertaire, de l’hétérogène voire de l’érogène – car le mobile initial de toute l’entreprise demeure d’ordre libidinal. Elle puise par ailleurs aux sources mêmes de la modernité : collage et assemblage (depuis au moins Rodin), montage et mixage, carambolage surtout, car Lizène n’a jamais cessé d’être un clown et un enfant, amateur de spectaculaire et de populaire, cachant sa noirceur derrière un nez rouge et, derrière sa noirceur, un trampoline et des confetti.

Ainsi, puisque la mode est, par essence, ce qui se démode, les « choses » de Lizène peuvent-elles finalement se targuer de ne pas trop mal vieillir, prêtes à bondir mais confortablement à l’abri, tranquillement en attente de dépoussiérage et de réactivation. Les modes, l’œuvre de Lizène, profondément intemporelle voire anachronique, en perpétuel décalage, peut se permettre de les fuir, tout en ne quittant jamais de très loin l’orbe des avant-gardes. Pas forcément leur pointe, du moins leurs marges de proximité.

Symptôme: si elle n’est centrale en rien, cette œuvre est en tout cas primordiale en tout, et notamment par sa faculté de dialoguer, avec d’autres œuvres tout autant qu’avec des « questions de société » ; avec l’accélération des technologies tout autant qu’avec leur abandon ; avec l’histoire de l’art aussi bien qu’avec ce « présent perpétuel » dont notre ère de l’information cherche à asseoir l’avènement ; avec le principe même de la critique tout autant qu’avec l’évidence de son inanité. Elle échappe à tout (tout jugement, toute interprétation, toute définition, tout catalogage) et ne se perd nulle part, s’invitant dans les débats et les rétrospectives, par les fenêtres quand la boudent les grandes portes, dans les galeries et les musées quand on en a marre des bistrots. La voilà à Venise ou à Beaubourg, au musée Branly, au Palais de Tokyo ou au Muhka, chez Nadja Vilenne ou à l’Espace 251 Nord – les allers-retours les plus délicats à effectuer ne sont pas forcément les plus lointains géographiquement – sans jamais (se) trahir ni renoncer. Pas revanchard ni frustré, puisque n’ayant pas de combat à mener qui ne soit d’emblée perdu, l’art de Lizène ne cherche à tirer profit ou parti de rien, s’enthousiasme en testant les postures artistiques avec le sérieux obsessionnel d’un enfant qui essaierait les attractions d’un manège : le voilà collectionneur virtuel, commissaire si on l’y pousse, partageant ses cimaises au nom (un des seuls qu’il prenne au sérieux) de l’amitié, le voilà « en partance pour Monaco à bord d’un sous-marin nucléaire » (du coup, pressé, il vous raccroche au nez), balayant le droit d’auteur tout en s’inscrivant à la Sabam (sous un vrai nom et un faux masque), le voilà personnage de fiction et objet d’affliction, formidabiliste et thuriféraire par principe de tout ce qui se fait et en même temps lecteur fin , minutieux même, de son époque et de l’œuvre des autres. Il n’y aura jamais de point final à l’œuvre ni sur l’œuvre de Lizène, puisqu’il a pris soin de mettre le point lui-même avant le début. Pas de panégyrique exhaustif ni de rétrospective anthume. Bien plutôt, et bien plus librement, une exposition qui se concevrait comme un livre, et un livre qui se parcourrait comme une expo : à travers la forme à la fois réactualisée et généralisée du cabinet de curiosités, tel qu’il se déployait dans la proposition récente de 251 Nord, c’est tout le capital génétique et le génie gênant de l’homme et de l’œuvre qui se livraient sous vitrines ou à ciel ouvert, avec intensité et désinvolture, et dans toute l’épaisseur de leur paradoxe. Il y était question de fidélités et de relations durables, d’atta-

chements dans le détachement, de séduction ou de répulsion, de reprises, de méprises et de remakes, de non-procréation et d’hyperproductivité, d’aboutissements et d’avortements, d’accidents faits main et de maladresses, des liens entre ratage et liberté de ton, entre technologie défaillante et autocitation, et des ambitions tâtonnantes d’une machine célibataire qui cherche son âme sœur, son improbable moitié. A éplucher ainsi, dans la fraîcheur d’un lieu, la profonde cohérence de l’œuvre, son incroyable réactivité et son obstination à ne pas évacuer les contenus, à nous toucher généreusement de pièce en pièce, de salle en salle, entre pessimisme joyeux et nihilisme proactif, on sentait à portée de main la menace familière de l’ivresse, des flacons et des idées, cette culture des bistrots qui délie les langues ou alimente les grincements de dents, nourrit un humour cinglant ou corrosif mais, ici, jamais cynique ni agressif.

« L’air de rien » (cet air qu’il aurait tant voulu avoir sur les photos), Lizène aura coupé, à force de surenchère, d’exacerbation, d’exaspération, l’herbe sous le pied de la querelle des images, de l’intégrisme des icônes, de la sacralité du geste artistique, de l’incontrôlable question de la reproduction, de la diffusion, de la consommation de soi et de l’autre dans nos nouveaux et stériles circuits d’échanges symboliques. Une attitude aura suffi (qui est une sorte de performance, mais en plus épuisant). Moraliste, Lizène ? A sa manière, oui, si le moraliste est quelqu’un qui incarne son époque, lui donne forme et la déforme, quelqu’un qui réfléchit aux limites de son territoire et à la définition de son langage, quelqu’un qui fait mouche là où ça sent l’humain et sans pour autant s’exclure de la partie ; s’il s’approche à cloche-pied de l’essence des choses, et se demande pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien, mais en se rappelant que l’origine de la question se trouve dans le lointain examen comparatif du contenu des culottes des filles et des garçons. Lizène demeurera tel : irrévérencieux jusqu’au néant, merdiocre indécrottablement. Mal remis, comme nous tous, de l’inconvénient d’être né. Amer et facétieux, protestant véhémentement de son inexistence, dans la lignée d’un Cioran, d’un Théophile de Giraud, ou du Roland Jaccard qui, dans sa Topologie du pessimisme, avouait : « Comme je regrette que mon père n’ait pas dit un certain soir à ma mère que dans la vie il faut choisir entre la lucidité et la fécondité. » Lizène a choisi ; il a opté pour la pérennité du non-né, il nous force à toucher du doigt l’irrémédiable abîme. Le son creux qui en sort est alors étonnant : quelque chose comme ha, ha, ha, ha (ne pas oublier de forcer le rire à chaque saccade). C’est un peu moins que mieux que rien !

Peut-être bien, comme le notait Jules Renard dans son Journal, qu’un soupçon de médiocrité entre toujours dans la composition d’un « bon classique ». Peutêtre aussi la médiocrité est-elle, comme le croyait Montesquieu, un « garde-fou » (et qui osera contester que, probablement, la seule différence entre Lizène et un fou, c’est que Lizène n’est pas fou ?)… Tant d’impalpable gravité entre deux confins, deux éclats de rire. Deux références légitimantes que Lizène aurait tôt fait de couper en deux pour les accoupler tête-bêche.

Une chose est sûre: à l’heure où uchliuyhgkxuhgu i ylt :yvoiuliuvo, il serait trop commode, réducteur même, de uchliuyhgk xuhguiylt :yv – et il n’est pas dit que le présent texte lui-même aura toujours su échapper à cette facilité, hélas. Mais s’il est évident que Lizène n’a pas uyhgkxuh guiylt :yv, et n’a pas non plus uchliuyhgkxuhguiylt, il est tout aussi manifeste, incontestable même, qu’il aura au moins uchliu yhgkxuhg uiylt :yvoiuliuvo ; et pas seulement en tant que … mais aussi…...C’est en tout cas, espérons-le, ce que l’histoire de l’art récent risque d’en retenir – et, osons le dire, ce serait déjà un peu mieux que moins que rien. n

Lizène est un animal, mais pas comme les autres

Par Vincianne Despret - Liège, le 25 juin 2016

Au fond, (presque) presque tout est dans le fond

Dans sa Rapide conférence sur l’origine de l’art : « La médiocrité » (Résumé en mauvais français)1, Lizène évoque, pour en explorer les motifs, l’acte de naissance de l’art préhistorique. Les premiers artistes, propose-t-il, auraient été des chasseurs sans talent et des chefs de clan médiocres qui auraient essayé de plaire aux femmes en s’attachant à dessiner ce qu’ils ne pouvaient prétendre s’approprier : les dites femmes, et le gibier. Ce que cette fiction reconstructive implique, c’est l’hypothèse d’une capture, plus précisément d’une entre-capture : c’est par l’image capturée que l’artiste ambitionne de capturer ce dont il donne l’image2. (A noter, par ailleurs : «  Il [Lizène] dit : je suis impiégeable car le piège c’est moi »)3

Mais le Petit Maître ajoute à cette première hypothèse une autre qui infléchit quelque peu le sens de cette capture. Il s’étonne en effet d’une absence, celle de paysages autour des représentations. Pas d’arbres, pas de plantes, rien. En somme, pas de fond pour ces formes. Il propose d’envisager que cette absence n’est pas d’origine, elle serait le résultat de la corruption, par le temps, des matériaux utilisés. Des paysages auraient bien été peints à même la roche, mais en utilisant, pour ceux-ci, la matière fécale. Lizène ne pose pas la question de ce choix. Fidèle à sa pratique d’inachèvement, il laisse l’histoire en plan. Pourtant, la question s’impose : pourquoi les animaux et les personnages auraient-ils été peints par ce qui laisse une trace, et pas les paysages ? Et si le choix de ce matériau particulier répondait à une stratégie ? Si l’artiste, en entourant les êtres représentés par un halo constitué de ses excréments, avait délibérément voulu laisser sa propre trace, celle de son corps, de son odeur, de sa vie intime ?4 Ne s’agirait-il pas alors, ici encore, de capture ? Tout autour de chaque représentation capturant l’attention des femmes, autre chose, qui capturerait plus encore, s’insinuerait à leur insu : une extension odorante du corps de l’artiste, les traces sensitives des aléas et métamorphoses de sa vie la plus intime. Une émanation de lui-même d’une telle puissance qu’il deviendrait difficile, voire impossible, pour les victimes de ces captures d’imaginer la moindre représentation d’êtres (ou même de quoi que ce soit) sans aussitôt

1 Repris dans J. Lizène Petit Maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle, artiste de la médiocrité, Catalogue édité par Atelier 340, Tome II, 1990, p. 274.

2 Voir à cet égard les hypothèses d’Alfred Gell, pour lequel les productions artistiques doivent être considérées comme des agents sociaux du fait qu’elles sont dotées des caractéristiques que nous accordons aux agents sociaux. Un bouclier décoré fait peur, fascine, il peut ensorceler, prendre au piège son destinataire, il capture l’ennemi ; il ne signifie rien, ne symbolise rien, il agit et fait agir ; il affecte et transforme. Il est donc un agent, médiateur d’autres agentivités. L’art et ses agents, 2009, Dijon, Presses du réel

3 Ben, « Notes de Ben pour Lizène, sur l’art d’attitude », in J. Lizène Petit Maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle, artiste de la médiocrité, op. cit., 262-266 : p. 266.

4 Bien sûr, on sait que des productions corporelles, le sang comme colorant et l’urine comme liant (qui ont, quant à eux, mieux résisté au temps) ont été utilisés pour les représentations de personnes et de bêtes. Ajoutons que la logique nous conduit à penser que dans le cas de représentations demandant de petites quantités de colorant, ces dernières substances ont été privilégiées.

l’associer, de manière ineffable et entêtante, à la personne même qui en avait assumé le dessin — à son estomac, à ses intestins, à sa chair, à sa peau même (puisque l’intestin n’est jamais qu’un repli de la peau vers l’intérieur), et par là, à tout le reste, à ses poils, à sa bouche qui a mangé les aliments, à ses mains qui ont porté les aliments jusqu’à cette bouche, à sa voix qui en sort à présent, à son sexe qui attend patiemment son heure et qui observe, tranquille, tel un acteur en coulisse ou derrière le rideau, les effets des sortilèges.

L’art rupestre fécal relèverait alors des processus de la réminiscence active, de l’emprise machiavélique, des sorts analitiques5

Ce qui voudrait dire que chaque artiste de cette époque bien instructive, ainsi faisant6, aurait marqué, tel que le fait un animal son territoire, le fond de sa toile rocheuse ou de sa cimaise rupestre, et affirmé, dans le geste lui-même : « le paysage, le creuset où ces personnages puisent leur existence, C’EST MOI. »

Faire retourner l’art aux fondements

« Jacques Lizène ne dessine pas, il trace »7

- Préambule nécessaire -

Marquer : faire du même avec de l’autre

Remake : faire de l’autre avec du même.

Re-marquer (encore un métaplasme) : faire de l’autre avec du même fait à partir de l’autre.

Q : Est-ce que le remake serait comme une sorte de ressac ?

JL : Le ressac, c’est comme au tennis quand on joue tout seul. C’est le « renvoi au mur », surtout qu’il y a beaucoup de murs8

Sur le « Fragment de mur à la matière fécale, être son propre tube de couleur » de 1977, on peut lire, sur les briques les plus claires, une inscription datée de 1978 : tentative de survivre par transformation de la matière fécale en matière picturale spéculative.

Q : Que voudrais-tu que l’on fasse de ton corps après ta mort ?

JL : Je voudrais qu’on m’incinère. Ça prend moins de place. Je veux prendre beaucoup de place maintenant, parce que de son vivant, c’est amusant. (Comme

5 Selon le métaplasme du petit Maître. Nous reviendrons, pour l’expliciter, sur cette figure de style qui est récurrente dans son œuvre.

6 « Faire en français signifie chier. Exemple : Ne forçons pas notre talent, Nous ne FAIRIONS rien avec grâce ». Aragon, Traité du style,1926, cité en exergue du (très beau) texte de Guy Scarpetta, « L’énergumène », in Jacques Lizène, Remakes , Catalogue de l’exposition au Centre d’Art Contemporain BWA à Katowice (curateurs Jacques Lizène, Nadia Vilenne, Jean-Michel Botquin), 2011, 121 -125 : p. 125.

7 Jean-Michel Botquin, Notule : Dessin médiocre issue de « Le Petit Lizène illustré. Une tentative inachevée d’abécédaire autour de l’œuvre du Petit Maître », in Jacques Lizène, tome III, (sous la direction de Jean-Michel Botquin), édité par L’usine à Stars, Yellow Now/Côté arts, Liège, 2009, p. 32.

8 Entretien par téléphone avec Jacques Lizène, le 16 mai 2016.

je ne suis pas sûr que des personnes viendront sur mon tombeau). Quand on est enterré, on participe au cycle de la vie, avec les vers, etc… Quand j’ai décidé de ne pas procréer, j’ai décidé de ne pas participer au cycle de la vie. Et donc l’incinération, c’est la solution. Bien que… Il y a peut-être des particules qui vont, au moment où l’on m’incinère, se déposer quelque part, et participer au cycle de la vie9

Laurent Jacob m’a raconté une histoire, qui me sera confirmée et précisée par l’intéressé. Après une soirée joyeuse chez le premier, Lizène est rentré chez lui, mû par un besoin pressant. Quand il ouvre la porte de sa maison, les sphincters (sans doute se sentant chez eux) abandonnent leur effort. Ce pantalon ainsi marqué, Lizène proposera à Laurent de l’exposer : « Shit action painting ». En 1974, au cours de la préparation d’une exposition collective, on apprend que le Petit Maître délimite son territoire d’accrochage en urinant sur sa cimaise. Il institue cette trace comme participation à l’exposition (et invite par ailleurs un autre artiste, non convié, à y exposer)10. Il confirme : il s’agissait bien, dit-il, d’uriner de part et d’autre de la cimaise, afin de délimiter mon territoire, et d’inviter un autre à y accrocher son travail— lui-même n’y laissant rien, si ce n’est cette trace.

N’allons pas trop vite. Je crois qu’il faut y regarder à deux fois avant de prendre pour argent comptant cette histoire très animale de revendication d’un territoire inscrit dans les limites. Certes, c’est une histoire éthologique. Mais il s’agit d’une toute autre éthologie que celle qu’on nous a enseignée à propos d’animaux marquant leur domaine et le défendant contre toute intrusion. Les limites, pour Lizène, ne sont de toute évidence pas dessinées pour circonscrire un intérieur. Elles le sont pour tracer une bordure par rapport à laquelle commence un extérieur. La place qu’il s’assigne se situe certes à la limite, mais au dehors. Relisez cette histoire, elle ne dit pas autre chose. Comme ne me semble pas dire autre chose Laurent Jacob, lorsqu’il affirme de Lizène, qu’il « se met à côté, il se met à l’extérieur des dispositifs d’apparition, de visibilité, élaborés dès lors comme des contrepoints »11. Les limites, dès lors, ne sont pas marquage d’un intérieur à préserver, mais création d’un extérieur à instaurer comme tel. Il ne s’agit pas de s’approprier, mais plus proprement de s’exproprier. « Le territoire, disait Gilles Deleuze, ne vaut que par rapport à un mouvement par lequel on en sort (…) Il n’y a pas de territoire sans un vecteur de sortie du territoire. Il n’y a pas de sortie de territoire, c’est-à-dire de déterritorialisation, sans en même temps un effort pour se reterritorialiser ailleurs, sur autre chose »12 C’est encore de l’éthologie, entendue cette fois non comme une biologie des comportements, mais, si je me laisse encore guider par Gilles Deleuze conver-

9 « Son œuvre n’est qu’une série d’actes (…) comme si rien ne devait prendre » Guy Scarpetta, op. Cit., p. 121.

10 On retrouvera cet élément biographique proposé dans ces termes dans J. Lizène, Petit Maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle, artiste de la médiocrité, op. cit.

11 Conversation préparatoire à l’écriture de cet article, 251 Nord, le 15 mai 2016. Laurent Jacob, juste avant cette proposition, suggérait: « Dans tout, Lizène trouve quelque chose d’intéressant. Comme il a choisi l’extrême limite avec la nullité, il se met dans un rapport inversement proportionnel à l’ambition, à la compétition ».

12 Gilles Deleuze, “A comme Animal”, Abécédaire.

sant cette fois avec Spinoza, comme une science des modes d’existence, des manières d’être. Une science pratique des manières d’être, précise Deleuze, ce qui me conduit à proposer d’y inclure un « art des attitudes »— une éthique en d’autres termes. 13 Or, il faut comprendre pourquoi Deleuze insiste, le contraste qu’il veut nous faire sentir : l’éthique est une éthologie, une science pratique des modes d’existence, des manières d’être, et c’est bien en cela qu’elle se différencie de la morale. La morale est jugement (le moraliste est toujours là pour juger — soit dit en passant, notons les passions tristes de la critique), l’éthologie est, au contraire, pratique d’expérimentation : expérimentation de ce dont les êtres sont capables, expérimentation des affects qu’ils peuvent éprouver, expérimentation des puissances qui sont les leurs. Une éthologie, qui inclut une science des attitudes, et qui serait de ce fait la complice de ce « pied de nez [lizénien] à l’histoire et à la critique fondée sur le jugement »14, voilà ce qu’il nous faut pour penser le marquage, les murs de défécation, son histoire de l’art inachevée. Une éthologie de l’Izène : une expérimentation à tenter.

On s’intéressera d’abord à son alimentation, (Deleuze disait : « Le régime alimentaire, vous sentez qu’il s’agit des modes d’existence »), une alimentation que l’on sait choisie avec soin et sens aigu de l’anticipation. La plupart des êtres mangent pour de bonnes et de mauvaises raisons et, parmi celles-ci, pour assurer leur persévérance dans l’être — que ce soit pour favoriser la croissance ou pour garantir le renouvellement de parts de cet être. Lizène ajoute à ces puissants motifs biologiques un autre, un motif qu’il qualifie, on l’a vu, de survie spéculative (il mange pour aboutir à transformer de la matière fécale en matière picturale spéculative). Mais je voudrais préciser, ou tenter d’esquisser, la forme du projet, ou plutôt sa raison d’être : manger et métaboliser participe du projet de favoriser à distance l’extension de son être

A partir de là, deux hypothèses sont possibles, deux histoires sont en concurrence, toutes deux donnant à cet énoncé « favoriser à distance l’extension de son être » un sens qui divergera légèrement. Le remake lui-même y jouera un rôle différent.

Remake ou l’art de faire générer des générations sans se reproduire

Avant d’explorer la première hypothèse, celle d’une expansion de lui-même dans ses œuvres scatophores, il me faut faire un léger détour pour en exclure une autre, qui nous mènerait droit aux spéculations les plus extravagantes. On se souviendra de sa décision de ne pas procréer, décision prudemment radicalisée avec cette affirmation « s’il m’était donné de pouvoir éteindre gentiment à jamais toute vie, je n’hésiterais (peut-être) pas un seul instant »15. On pourrait partir de là et considérer qu’avec le projet titanesque de filmer le plus grand nombre possible de visages humains, il s’est agi d’archiver, de garder trace, avant cette gentille extinction, d’une part non négligeable de ce qui a peuplé la terre (n’a t-il pas voulu

13 Gilles Deleuze, Cours sur Spinoza du 09/12/1980 ; http://www2.univ-paris8.fr/ deleuze/article.php3?id_article=137

14 Jean-Michel Botquin, Jacques Lizène, Tome III, op. Cit., p. 8

15 « Position pour la non procréation, 1965 » Cité in Remakes, op. Cit., p. 30.

aimablement laisser aux archéologues du futur, et cela participerait du même esprit, d’anachroniques peintures rupestres ?). Ce serait toutefois aller trop vite et beaucoup trop loin. Ce projet à première vue d’archivage ne prend pleinement son sens que dans ce que l’avenir lui a offert : les sculptures génétiques et les visages recomposés ou syncrétiques. C’est là que le remake emprunte véritablement la forme stylistique du métaplasme. Le métaplasme est cette figure de style, assez minimaliste, qui consiste à ne modifier, dans un mot, qu’un ou deux éléments (par addition, fusion, soustraction, etc.) pour lui donner un nouveau sens, tout en gardant du fait de la légèreté de l’écart celui d’origine— ainsi, par exemple, l’œuvre de Lizène invite à une injonction de « lis tes ratures ». C’est un métaplasme médiocre, ils le sont d’ailleurs souvent. En anglais, et qui l’est un peu moins, le terme remember peut produire, par métaplasme, quelque chose qui signalerait le travail opéré sur ces visages syncrétiques ou ces sculptures génétiques : remember signifie se souvenir (garder trace en quelque sorte), le métaplasme re-member (ajout d’un tiret) désignant quant à lui le fait de, en français, recomposer, de « remembrer ». Remake, en fait. La coïncidence, notons le en passant, est d’autant plus heureuse que le métaplasme qualifie l’opération matérielle qui autorise les transformations par permutations génétiques des séquences formées par les compositions de l’alphabet AGCT de l’ADN. Tout ceci nous éloignerait de notre sujet, si ce n’est qu’il faut remarquer une singulière répétition à l’œuvre dans ce travail : le visage de Lizène est omniprésent. Recomposé, refiguré, génétiquement modifié, affublé, prothésé, déguisé, coiffé, parfois souriant, en centaines d’exemplaires. Remakes de remakes. C’est un indice de la volonté d’extension de soi dans l’espace et à distance. Un indice seulement, certes.

Mais si l’on s’intéresse au fondement, l’on se rend compte que cette multiplication de soi recomposés éclaire sous un tout autre jour le projet fécal : ces murs de défécation, ce sont autant de remakes de son propre corps. Croissance et extension dans l’espace : le corps de Lizène est non seulement dans l’espace du mur, mais s’étend dans tous les murs qui, à présent, tapissent d’autres murs (ou attendent calmement dans des greniers des jours meilleurs). Alors, l’histoire du pantalon qui revendiquait d’être exposé ne vient-elle pas confirmer ce que nous pressentons ? Non seulement le confirmer, mais lui donner une portée théorique bien plus féconde. Car ce pantalon n’est pas sans rappeler une histoire bien ancienne, celle d’un suaire que l’on peut encore voir à Turin et qui porte toujours les traces du sang et de la sueur du Christ. Loin de moi de suggérer que Lizène connaitrait la tentation christique, même si je ne suis pas loin de penser qu’il donne son corps en partage16. En choisissant pour suaire celui de son fondement, Lizène opère en fait une inversion, cul par-dessus tête Cul par-dessus tête : au sublime, Lizène oppose le fondamental (au sens propre) ; à l’idéal d’une intériorité spirituelle, se substitue une extériorisation du laborieux travail de ses viscères ; au sacrifice tragique du don de soi, une facétie incontinente ; au travail de la sublimation, celui de la métabolisation et des rebuts de la digestion. Mais il n’en reste pas moins que ce sont bien des reliques païennes qu’il nous propose sur le mode de cette inversion, et qui en ont nombre des caractéristiques. Le corps de Lizène est partout, en expansion à distance, sous la

16 Quoique… « (Presque) jamais, le visionnaire n’a été perçu comme tel en son temps ! Aie ! Ahahahah ». Lizène, Remakes, op. cit., p. 8. Qu’on m’explique ce « presque »

forme de restes de digestion, de cellules égarées, d’enzymes, de salive et de bactéries entraînées par mégarde, un corps multiplié à l’infini, comme le furent ces reliques et ossuaires qui ont, pendant longtemps, parcouru l’Europe chrétienne. Lizène est un voyageur immobile de son vivant, comme le furent les rois mages et quantité d’autres saints après leur mort, et dont des centaines de tombes revendiquaient avoir quelques restes, un doigt, un cartilage, un éclat de fémur. Il aura donc beau demander l’incinération, le voilà affecté à être pour bien plus longtemps ; chacune de ses œuvres fécales assure déjà sa dissémination, et procède, dès à présent, à l’extension progressive de son corps. L’art comme manière d’être : certes, c’est cela aussi l’éthologie, l’exploration des modes d’existence et des façons d’être affecté — ou assigné à de multiples résidences.

Un animal, (presque) comme les autres

La seconde hypothèse éthologique, celle de l’Izène (Minor Magister), sera beaucoup plus simple. Elle renoue, à certains égards, avec la fiction d’histoire de l’art préhistorique dont Lizène, par son silence, convoque la suite. Reparlons du pantalon, des murs de défécation, des peintures à caca, de l’urine sur les cimaises et de cette manière de pratiquer tout un art de l’extériorisation. On avait évoqué le territoire, et notamment avec Deleuze, lequel précise d’ailleurs dans l’abécédaire : « constituer un territoire, pour moi c’est presque la naissance de l’art. ». J’avais toutefois contesté l’idée qu’il s’agisse de tracer des limites appropriatives d’un intérieur. Je ne crois pas d’ailleurs que tous les animaux territoriaux agissent de cette manière. Certes, ils marquent, par l’urine, la merde, le chant, les poils, les odeurs, mais la marque n’est pas la frontière. Elle s’y arrête, c’est tout. Les marques sont souvent partout. Ce que fait l’animal qui marque, c’est créer un chez soi qui soit une extension sensible de son corps. Le nid, le terrier, l’espace défendu devient chez soi parce qu’il devient « soi », parce qu’il porte l’odeur d’urine, de sueur, de glandes, de fèces, parce qu’il porte les marques, des parties de corps qui s’étendent dès lors au-delà du corps et qui font que ce qui n’était pas le corps le devient, par appropriation, non au sens de propriété possession, mais au sens des propriétés du corps. Le territoire est donc une extension du corps dans l’espace. Alors l’hypothèse si simple est que l’Izène ( Minor Magister) étend, par son œuvre, par objets interposés, le monde qui est le sien. Il essaime. Non pas passage à l’acte, mais passage par l’acte, frayage, déplacement. Lizène étend son corps et son être se nourrit de son expansion. Il fait du monde un prolongement de soi.

Voyageur immuable dans la répétition, car c’est encore le signe distinctif du marquage que cette nécessité incessante de réitération, qu’il soit chant repris sans cesse, urine ou merde toujours à rafraîchir et même postures, Lizène joue de la reprise, de la redondance, du remake permanent. Le monde de Lizène est un monde qui demande constamment à être repris, réinvesti, refait, remis à neuf. Faire du même avec de l’autre, de l’autre avec du même, faire du même avec de l’autre fait à partir du même. Marques, Remakes, Re-marques : répétitions au service de l’acte et non du progrès — série d’actes, actes en séries.

Encore une manière d’être, une attitude, qui le situera toujours là où on ne l’attendra pas. C’est son éthologie. n

1-3

Sculpture nulle, autoportrait avec godemichet

45 x16 x 26 cm

Moulage par Silvana Belletti

Résine, plâtre, acrylique, latex 2000 (Projet 1964), en remake d’installation 2016

Signature sur le crâne, côté droit

Sculpture nulle, autoportrait avec pinceau

68 x 20 x 26 cm

Moulage par Silvana Belletti

Résine, plâtre, acrylique, pinceau 2000 - 2004 (Projet 1964), en remake d’installation 2016

Signature sur le crâne côté droit

Expos :

Les Afriques, Tripostal, Lille, 2004, Capitale européenne de la culture

Tours de chants, concert au Jardin du Paradoxe, Manège, Liège, 2005

Jacques Lizène, rotations des stocks, E2N et Des arts, Liège et Bruxelles, 2007

Traces du Sacré, Centre Georges Pompidou, Paris, 2008 (commissariat Jean de Loisy)

Lizène : génied’artmédiocre2046, IKOB, Eupen, 2009 (commissariat Francis Feidler)

Les maîtres du désordre, Musée du quai Branly, Paris, 2012 (commissariat Jean de Loisy)

L’œuvre est intégrée à Conjurations profanes, installation d’Arnaud Labelle-Rojoux.

2

Tableau extrêmement réaliste (tableau extrêmement médiocre), sur fond de nouvelle abstraction nulle et figure néo-rupestre

315 x 670 cm

Bâche de camion, acrylique, pigments

1985

Signature en bas

Expos :

Place Saint-Lambert Investigations, Liège, 1985

Le(s) Moi(s) de Lizène, Muhka, Anvers, 2009 (commissariat Bart de Baere)

Lizène : génied’artmédiocre2046 », IKOB, Eupen, 2009 (commissariat Francis Feidler)

4

Sculpture génétique, A.G.C.T.

29,5 x 21 cm

Quatre dessins au feutre, collages 2002 (Projet 1971)

Signés

Pages précédentes

5-6

Sculpture nulle, autoportrait avec pinceau

12 cm

Polymère, impression numérique 3D.

Production : E2N avec la collaboration de Ronald Dagonnier et Gyuri Macsai.

2010

7-8

Sculpture nulle, autoportrait à la fontaine de cheveux

Fig. 7 : 10 cm, fig. 8 : 12 cm

Polymère et cheveux de Lizène, impression numérique 3D.

Production : E2N avec la collaboration de Ronald Dagonnier et Gyuri Macsai.

2010 - 2016

9

Sculpture génétique culturelle

38 x 23 x 16 cm

Plâtre, bois, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

10

Sculptures génétiques culturelles

De gauche à droite : 12,5 cm, 11,5 cm, 8 cm et 8,5 cm

Impression 3D en polymère. Reproductions de la sculpture génétique n° 9.

Production : E2N avec la collaboration de Ronald Dagonnier et Gyuri Macsai.

2010 (Projet 1964 - 1971 - 1984 - 2000)

11

Sculpture génétique culturelle

30 x 20 x 18 cm

Plâtre, bois

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature au dos

12

Sculpture génétique culturelle

42 x 26 x 14 cm

Plâtre, bois, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature au dos

13

Etrusque à l’œil bleu et grotesque peint

Sculpture génétique culturelle

38 x 23 x 16 cm

Plâtre, bois, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature au dos

14-15-16-17

Art maigre par Lizène le nul

(n° 17 est simplement titré Art nul)

147 x 55,5 cm

Transats en toile, bois, encre noire

2002 (Projet 1964, 1971)

Les n° 14 et 16 sont signés en haut et à gauche; les n° 15 et 17 sont signés en bas.

Expos et événement :

Retrouvailles, Parc de la Boverie, Liège, 2002

Images publiques, Liège, 2006

Jacques Lizène, rotations des stocks, E2N et Des arts, Liège et Bruxelles, 2007

18

Sculpture nulle, autoportrait avec pinceau

68 x 20 x 26 cm

Moulage par Silvana Belletti.

Résine, plâtre, acrylique, pinceau

2000 - 2004 (Projet 1964)

Signature sur le crâne, côté droit

19

Sculpture nulle, autoportrait avec godemichet

45 x 16 x 26 cm

Moulage par Silvana Belletti.

Résine, plâtre, acrylique, latex 1964 - 2000

Signature sur le crâne, côté droit

18-19 : expos :

Les Afriques, Tripostal, Lille, 2004, Capitale européenne de la culture

Tours de chants, concert au Jardin du Paradoxe, Manège, Liège, 2005

Jacques Lizène, rotations des stocks, E2N et Des arts, Liège et Bruxelles, 2007

Traces du Sacré, Centre Georges Pompidou, Paris, 2008 (commissariat Jean de Loisy)

Lizène : génied’artmédiocre2046, IKOB, Eupen, 2009 (commissariat Francis Feidler)

Les maîtres du désordre, Musée du quai

Branly, Paris, 2012 (commissariat Jean de Loisy)

L’œuvre est intégrée à Conjurations profanes, installation d’Arnaud LabelleRojoux.

20

Sculpture nulle, autoportrait au masque

30 x 22 x 25 cm

Moulage par Silvana Belletti.

Résine, plâtre, encres noires et bleues, demi-masque en plastique

2000 (Projet 1964)

Signature sur le crâne, côté droit

Expos :

Le colloque des chiens, Centre WallonieBruxelles, Paris, 2003

Traces du sacré, Centre Georges Pompidou, Paris, 2008 (commissariat Jean de Loisy)

21

Buste d’antique croisé Raymond Barre

Sculpture génétique culturelle - 50 x 29 x 31 cm

Plâtre, demi-masque en plastique, acrylique sur les yeux

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Signature sur le torse

22

Grec non croisé avec tache de couleur

Sculpture génétique culturelle - 57 x 25 x 36 cm

Plâtre, acrylique, encre

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Signature dans le cou, à gauche

23

Buste de jeune fille Renaissance et Moyen-Age

Sculpture génétique culturelle - 35 x 38 cm

Plâtre, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Deux signatures : sur le sommet de la tête et sur l’épaule gauche

24

La frileuse croisée statuette africaine

Sculpture génétique culturelle - 52 x 14 x 13 cm

Plâtre, bois

Moulage de La frileuse de Jean-Antoine Houdon (1819)

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

25

Manneken-Pis croisé statue africaine

Sculpture génétique culturelle - 73 x 23 x 23 cm

Plâtre, bois

Moulage d’une sculpture de Jérôme Desquenoy l’Ancien

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Signature à l’arrière sur le socle

Statuette africaine féminine croisée Manneken-Pis

Sculpture génétique culturelle

66 x 24 x 32 cm

Plâtre, bois

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature au dos

27

Statuette africaine avec instrument croisée Manneken-Pis

Sculpture génétique culturelle

68 x 18 x 21cm

Plâtre, bois

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature sur l’avant du socle

28

Jimmy Carter croisé Fernandel, avec socle bicolore en forme de petites jambes de femme

Sculpture génétique culturelle

101 x 32 x 26 cm

Jambes en plâtre et acrylique, buste et visage de Fernandel préexistant en plâtre peint et demi-masque en plastique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature sur socle

29

Buste masculin et jambes féminines

Sculpture génétique culturelle

104 x 52 x 37 cm

Haut masculin en plâtre et acrylique, bas féminin en plâtre

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature à gauche, sur le torse

30

Le Laocoon à l’œil bleu vertical

51 x 32 x 32 cm

Plâtre et collage papier

2000-2016 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature sur le buste

31-32-33-34

Art maigre par Lizène le nul

147 x 55,5 cm

Transats, toile sur armature en bois, feutre noir

2002 (Projet 1964 - 1971)

Expos et évènement :

Retrouvailles, Parc de la Boverie, Liège, 2002

Images publiques, Liège, 2006

Jacques Lizène, rotations des stocks, Des arts, Bruxelles, 2007

35-36

Demi-masque africain et moulage d’un buste antique

Sculpture génétique culturelle

61x 24 x 27 cm

Plâtre, bois

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 - 2000)

Signature sur l’épaule gauche

37

Manneken-Pissant un bouquet de fleur

59 x 25 x 18 cm

Plâtre, collage papier, bouquet de fleurs séchées

2000 - 2016

Signature sur le ventre

38-39

Fragment d’un moulage de tête émergeant du sol

Sculpture génétique culturelle

Plâtre, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Signature sur le front, à droite

40

Moulage d’une tête (post-humain prémonitoire)

Sculpture génétique culturelle

32 x 27 x 26 cm

Plâtre, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

41

Moulage d’un masque mortuaire croisé avec un masque africain

Sculpture génétique culturelle

30 x 21 x 15 cm

Plâtre, bois, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

42

Moulage d’un visage royal croisé avec un masque Songye (Congo)

Sculpture génétique culturelle

26 x 22 x 14 cm

Plâtre, bois, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

43

Moulage d’un visage grec croisé avec un masque africain

Sculpture génétique culturelle

27 x 21 x 14 cm

Plâtre, bois, plumes

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

44

Assemblage masculin/féminin

Sculpture génétique culturelle

79 x 32 x 26 cm

Plâtre, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Signature sur la hanche gauche

45

Moulage d’un buste féminin peint en bleu Klein oxydé

Sculpture génétique culturelle

57x 42 x 31 cm

Plâtre, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Signature sur l’épaule droite

46

Bastet croisé statuette féminine africaine

Sculpture génétique anthropozoomorphe

46 x 13 x 22 cm

Plâtre, bois

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

47-48-49

Voltaire croisé déesse grecque

42 x 25 x 27 cm

Plâtre, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Signature sur le torse à gauche

50 - 51

Dessin médiocre, Lizène le quasi nul

195 x 111 cm

Dessin au feutre sur papier calque

2007 (Projet 1964)

Signature en haut, à gauche

Dessin réalisé à l’occasion de Jacques Lizène, rotations des stocks, Des arts, Bruxelles, 2007

52

Partage de cimaise :

Ni gris, ni vert. Triptyque partie 1

Selçuk Mutlu avec la participation de Jacques Lizène

2 min. Vidéo

2007 - 2011

Production Espace 251 nord

Sans titre (tentative ratée de dire) Triptyque partie 2.

Selçuk Mutlu avec la participation de Jacques Lizène

3 min, 40. Vidéo

2007 - 2011

Production Espace 251 nord 47

53

Lizène avec les yeux d’Harald Szeemann et Harald Szeemann avec les yeux de Lizène

21 x 31 cm

Photocopie originale authentifiée

1997 (Projet Sculpture génétique « A.G.C.T. », 1971, en Fun-fichier, 1993).

Expos :

En attendant l’année dernière, OFF de la 48e Biennale de Venise 1999

Le Colloque des chiens, Centre Wallonie-Bruxelles, Paris, 2003

54

Jambes d’homme et petit dessin de doigts de pied de femme

Sculpture génétique culturelle

73 x 53 x 24 cm

Plâtre, collages, dessin au bic

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984), en remake d’installation

2016

55-56

Afro-Vénus croisé Frileuse 19e siècle

Sculpture génétique culturelle

61 x 16 x 16 cm

Bois, plâtre

Moulage de La frileuse de Jean-Antoine Houdon (1819)

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature à l’avant du socle

57

Petit maître en totem sur fond de peinture à la matière fécale

Sculpture génétique

80 x 59 cm

Collage photos, photocopies, papier collant; à l’arrière-plan : matière fécale, acrylique

Remake 2001

Expos :

Colloque des chiens, E2N, Liège, 2002

Colloque des chiens, Centre WallonieBruxelles, Paris, 2003

Jacques Lizène, rotations des stocks, E2N et Des arts, Liège et Bruxelles, 2007

58

Petit maître à la fontaine de cheveux en multi-croisements, avec l’artiste Harold Barreiro

Sculpture génétique

99 x 69 cm

Tirage laser d’après collage photographique, surpeint à l’acrylique, ratures au feutre rouge dans les marges

1997 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature dans le cadre, en bas à droite

Expos :

Jacques Lizène, Sculptures génétiques, fun fichier, La Boutique, Liège, 1997

Jacques Lizène, rotations des stocks, E2N et Des arts, Liège et Bruxelles, 2007

59-60

Buste d’antique féminin et moitié de masque africain

Sculpture génétique culturelle

55 x 42 x 28 cm

Plâtre, bois

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

61

Fétiche africain et jambes drapées

Sculpture génétique culturelle

101 x 38 x 34 cm

Plâtre, bois

Signature sur la surface socle

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Expos :

Les Afriques, Tripostal, Lille 2004, Capitale européenne de la culture

Jacques Lizène, rotations des stocks, E2N et Des arts, Liège et Bruxelles, 2007

62

Buste d’antique et masque congolais

Sculpture génétique culturelle

76 x 41 x 46 cm

Plâtre, bois, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature sur le torse, à gauche

63

Buste d’antique et masque africain retouché par l’artiste

Sculpture génétique culturelle

77 x 41 x 46 cm

Plâtre, bois, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature sur le côté

64

Contraindre le corps à s’inscrire dans le cadre (1971), Art du nu(l) (1969),

Rature art (1970), Art médiocre comme art d’attitude (1965)

154,5 x 163 cm

Photocopies et tirage jet d’encre repeints, encre

Remake 1997

Signature dans un encart, en bas à droite

Expos :

Jacques Lizène, Sculptures génétiques, fun fichier, La Boutique, Liège, 1997

Le colloque des chiens, E2N, Liège, 2002

65

Partage de cimaise :

A la recherche de quelque chose

Dominique Castronovo & Bernard Secondini

Impression numérique - Détail

S.D.

Le livre L’innommable de Samuel Beckett a fait l’objet d’un séquençage d’ADN. Cette opération a consisté à ne conserver du livre que les lettres A, C, G, T. Le résultat obtenu (45 530 lettres) ne forme cependant aucun mot compréhensible.

66

Sculpture génétique, 1971 A.G.C.T., remake 19971999

140 x 100 cm

Impression jet d’encre, acrylique

1999

Signature en haut à gauche

67

Moule croisée huître, Broodthaers croisé Ensor

Je me souviens du lettrisme. Croisement de l’Oulipo (Pérec) et Isou

40 x 20 cm

Marmite, coquilles d’huîtres et de moules, socle, toile, inscription au feutre noir

2016 (Projet 2000)

Signature au bas de la marmite et au centre de la petite toile

68

Buste Romain à tête de femme plateau

Sculpture génétique culturelle

63 x 53 x 18 cm

Plâtre, bois

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature sur l’épaule gauche

69

Rock’n’roll

Sculpture génétique culturelle

123 x 44 x 28 cm

Plâtre, bois, photocopie

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature sur l’épaule

70

Le musicien jazz croisé fétiche du Cameroun

Sculpture génétique culturelle

173 x 40 x 47 cm

Bois, plâtre

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984 )

Signature sur le socle

71-73

Buste royal avec poupée génétisée

Sculpture génétique culturelle

98 x 55 x 33 cm

Plâtre, masque en bois, acrylique, poupée en caoutchouc (34 x 24 x31 cm)

2016 (Projet 1964 - 1971 - 1984 - 2000 )

Signature sur le buste, à gauche

72-74

Léopold II

Sculpture génétique culturelle

80 x 59 x 35 cm

Plâtre, masque Lega (Congo) en bois, poupée en caoutchouc (34 x 24 x 31 cm)

2016 (Projet 1964 - 1971 - 1984 - 2000 )

Signature sur l’épaule gauche

75

Lizène, A.G.C.T. (acides de base), Sculptures génétiques 1971

Vidéo couleur, son, infographie

S.D.

Montage et Production : Avcan

Les premières sculptures génétiques culturelles ont été réalisées et présentées en 2000, à l’Atelier de moulages du Cinquantenaire, à l’occasion de l’exposition Métamorphoses

A partir de reproductions en plâtre de statues antiques et classiques des Musées Royaux d’Art et d’Histoire et de copies de statuaires africaines chinées place du Jeu de Balle à Bruxelles. Lizène applique, ici à la statuaire, ses principes d’A.G.C.T. (alphabet de l’ADN) et d’ Art syncrétique, dont il usait déjà sur différents médiums depuis le milieu des années 60. Voir à ce sujet Cécilia Bezzan, 2007.

Expos principales : Métamorphoses, Atelier de moulages des MRAH, Bruxelles, 2000

La trahison des images, OFF de la 49e Biennale de Venise (Palazzo Franchetti), 2001 Ici et maintenant, Tour et Taxis, Bruxelles, 2001

Le colloque des chiens, E2N, Liège, 2002; Centre Wallonie-Bruxelles, Paris, 2003

Les Afriques, Tripostal, Lille, 2004, Capitale européenne de la culture

Potlach & Gambit, After cage, Musée d’Ansembourg, Liège, 2006

Jacques Lizène, rotations des stocks, E2N et Des arts, Liège et Bruxelles, 2007

Traces du sacré, Centre Georges Pompidou, Paris, 2008 (15 œuvres)

Le(s) Moi(s) de Lizène, Muhka, Anvers, 2009

Lizène : génied’artmédiocre2046, IKOB, Eupen, 2009

Les maîtres du désordre, Musée du quai Branly, Paris, 2012 (3 œuvres)

76

Sculpture génétique (1971), dessins médiocres (64-71), Art syncrétique (64)

64 x 88,5 cm

Dessins au feutre noir, collage, masques en bois réassemblés

2007

Signature en bas

77

L’Empereur, buste romain avec motif décoratif à l’acrylique et copie de masque africain

Sculpture génétique culturelle

72 x 55 x 32 cm

Bois, plâtre, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Signature sur l’épaule droite

78

Buste manchot féminin et double masque post-humain prémonitoire

Sculpture génétique culturelle

56 x 28 x 26 cm

Bois, plâtre

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Signature sur le ventre 77

79

Art du nul en vitrine, 1971-1997, interrogation génétique en sculpture génétique, petit maître croisé Picasso avec cuvette de toilettes

124,5 x 84 cm

Impression jet d’encre, acrylique, ajout de dessin au feutre - 1997

Signature en haut, à gauche

Expos :

Ecoles liégeoises et spécialités belges, La Boutique, Liège, 1997

Le(s) Moi(s) de Lizène, Muhka, Anvers, 2009 (commissariat Bart de Baere)

80

Richelieu masqué sur diable à roulettes

Sculpture génétique culturelle - 82 x 72 cm

Bois, corde, plâtre, acrylique, diable, cadenas en métal, roues en caoutchouc - 2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984) - Signature sur l’épaule gauche

Expos :

C’est l’été, Frac Aquitaine, Bayonne, 2005 (commissariat Arnaud Labelle-Rojoux)

Jacques Lizène, rotation des stocks, E2N et Des arts, Liège et Bruxelles, 2007

Les Maîtres du désordre, Musée du quai Branly, Paris, 2012 (commissariat Jean de Loisy)

L’œuvre est intégrée à Conjurations profanes, installation d’Arnaud Labelle-Rojoux.

81

Sculpture génétique, A.G.C.T.

93 x 97 cm

Impression jet d’encre, collage, acrylique, dessin au bic

2002 (Projet 1964 - 1971 - 1979)

82

Buste renaissance de jeune fille et moitié de masque Dan

Sculpture génétique culturelle - 52 x 47 x 20 cm

Bois, plâtre et acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Signature sur le socle, au centre

83

Dessin façon « art naïf » d’un projet de sculpture nulle avec fumée

40,5 x 51 cm

Dessin au feutre, acrylique sur verre

1991

Expo : Jacques Lizène. Le petit maître et son neveu Xavier, Galerie du Cirque Divers, Liège, 1991

84

Fumée et sculpture nulle

220 x 80 cm

Structure en métal, inscription à la craie, projection vidéo sur toile

1988 (Projet 1980)

Signature sur l’aile gauche, en haut (assistant Philippe Minon)

Expo :

Atelier de production Jacques Lizène - Guillaume Bijl

E2N, Liège, 1988

85

Sculpture nulle et rapide dessin minable de sculpture nulle, usine à fumée

Dimensions variables

Eléments métalliques, plaque de verre, dessin au bic

1988 - 2016 (Projet 1980)

Deux signatures, en haut et en bas, à gauche

86

Projet de sculpture nulle avec fumigène

142 x 88 cm

Pastel gras sur tôle en fer 1988 (Projet 1980)

Signature en haut, à gauche

Expos :

Atelier de production Jacques Lizène - Guillaume Bijl, E2N, Liège, 1988

Belgicisme - Objet dard, Casa Frollo, OFF 43e Biennale de Venise,1988

87

Projet de sculpture nulle avec fumigène

124 x 88 cm

Pastel gras sur tôle en fer 1988 (Projet 1980)

Signature en haut, à gauche

Expos :

Atelier de production Jacques Lizène - Guillaume Bijl E2N, Liège, 1988

Belgicisme - Objet dard, Casa Frollo, OFF 43e Biennale de Venise,1988

88

Projet de sculpture nulle

97 x 129 cm

Pastel gras sur tôle en fer 1988 (Projet 1980)

Signature en bas, à droite

Expos :

Atelier de production Jacques Lizène - Guillaume Bijl, E2N, Liège, 1988

Belgicisme - Objet dard, Casa Frollo, OFF 43e Biennale de Venise,1988

89

Partage de cimaise :

La magie de l’électrochoc draîne un râle

Ronald Dagonnier

8 x 30 x 45 cm

Extrait sonore de Pour en finir avec le jugement de dieu, 1948, modélisation 3D de la voix d’Antonin Artaud, projection sur onde imprimée 1/5 2016

90

Projet de sculpture nulle avec fumigène

92 x 93 cm

Pastel gras sur tôle en fer 1988 (Projet 1980)

Signature en haut, à droite

Expos :

Atelier de production Jacques Lizène - Guillaume Bijl, E2N, Liège, 1988

Belgicisme - Objet dard, Casa Frollo, OFF 43e Biennale de Venise,1988

91

La collection virtuelle de Jacques Lizène

276,5 x 44,5 cm

Six photocopies couleurs de captures vidéo de La collection virtuelle d’ Isabelle Arthuis et Erwan Mahéo réalisée à E2N

2001

Signature au centre

92

Projets de sculptures nulles, usines à fumée,etc. 30 x 41 cm

Onze photocopies de dessins au feutre sur papier, rehaussées d’aquarelle 1980 - 1982 - 1987

Tous signés

93

Fontaine je ne boirai pas de ton eau

130 x 127 x 60 cm

Divers éléments métalliques, eau, pompe électrique et détergent

1988 (Projet 1980)

Expos :

Atelier de production Jacques Lizène - Guillaume Bijl, E2N, Liège, 1988 Lizène, Atelier 340, Bruxelles, 1990-91

Le(s) Moi(s) de Lizène, Muhka, Anvers, 2009 (commissariat Bart de Baere) Lizène : génied’artmédiocre2046, IKOB, Eupen, 2009 (Commissariat Francis Feidler)

94-95-96

Projet de sculpture nulle avec fumée

114 x 83 cm

Dessin sur carton, acrylique, feutre

1986 (Projet 1980)

Projet de sculpture nulle sonore, peinture médiocre 114 x 83 cm

Dessin sur carton, acrylique, feutre

1986 (Projet 1980)

Peinture médiocre (fragment, 2emoitié du XXe s.)

108 x 83 cm

Dessin sur carton, acrylique, feutre

1986 (Projet 1980)

Expos :

Portraits de scène à l’Île aux Phoques, Casa Frollo, OFF 42e Biennale de Venise,1986

Belgica - Arte in situazione, studio d’Arte Giuliana de Crescenzo, Rome, 1987

Le(s) Moi(s) de Lizène, Muhka, Anvers, 2009 (commissariat Bart de Baere)

97

De gauche à droite :

Scuptures nulles, autoportraits

30 x 17 x 23 cm (chaque élément)

Moulages réalisés par Silvana Belletti Résine, collages et assemblages 2000 - 2007 (Projet 1964), en remake d’installation 2016

Peinture médiocre, néo-déco florale

48 x 59 cm

Acrylique sur verre, bois

1991

Expo :

Jacques Lizène. Le petit maître et son neveu Xavier, Galerie du Cirque Divers, Liège, 1991

Visage

Sculpture génétique culturelle

34 x 22 x 14 cm

Plâtre, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984), en remake d’installation 2016

98

98

Peinture à la matière fécale

80 x 99 cm

Toile, matière fécale

2005 (Projet 1977), réalisé dans le cadre d’un tournage vidéo à E2N

Signature en haut, à gauche

Expo :

Jacques Lizène, rotations des stocks, E2N et Des arts, Liège et Bruxelles, 2007

99

Mémorial

Peinture à la matière fécale et sculpture

61 x 51 cm

Toile, matière fécale, acrylique, sculpture en plâtre trouvée

2007

Signature à droite

Expos :

Colloque des chiens, E2N, Liège, 2003

Jacques Lizène, rotations des stocks, E2N et Des arts, Liège et Bruxelles, 2007

100

Tableau extrêmement réaliste (tableau extrêmement médiocre), sur fond de nouvelle abstraction nulle et figure néo-rupestre

315 x 670 cm - Bâche de camion, acrylique, pigments - 1985

Expos :

Place Saint-Lambert Investigations, Liège, 1985.

Le(s) Moi(s) de Lizène, Muhka, Anvers, 2009 (commissariat Bart de Baere)

Lizène : génied’artmédiocre2046, IKOB, Eupen, 2009 (commissariat Francis Feidler)

Fontaine de cheveux

130 x 100cm

Photographie de Pierre Houcmant, tirage réhaussé à l’acrylique - 1985

Œuvre publiée de nombreuses fois dont dans J. Lizène, Tome II, 1990-91, Edit. Atelier 340 et Jacques Lizène, Tome III, 2009. Edit. Yellow Now, L’Usine à stars

Expos :

Le(s) Moi(s) de Lizène, Muhka, Anvers, 2009 (commissariat Bart de Baere)

Lizène : génied’artmédiocre2046, IKOB, Eupen, 2009 (commissariat Francis Feidler)

101

Fontaine de cheveux

Photographie de Pierre Houcmant - 1985

Voir catalogue PSL 1985

102

Dessin médiocre érotique, néo-déco florale

20 x 28,5 cm - Acrylique sur verre et fleur artificielle - 1991

Expo :

Jacques Lizène. Le petit maître et son neveu Xavier, Galerie du Cirque Divers, Liège, 1991

103

Peinture néo-rupestre sur fond de nouvelle abstraction nulle

600 x 300 cm - Bâche de camion, acrylique - 1984

Signature en bas : « le petit maître - l’artiste de la médiocrité - Lizène »

Expo :

Musée de voyages, E2N et Kruisherencomplex, Liège et Maastricht, 1984

104

Manneken-Pis croisé fétiche africain

Sculpture génétique culturelle

55 x 25 x 26 cm

Plâtre, bois, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

105

Manneken-Pis croisé fétiche africain

Sculpture génétique culturelle aux deux phallus

63 x 26 x 24 cm

Plâtre, bois, acrylique

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Signature sur le torse

106

Fétiche aux seins nus et petites jambes de Manneken-Pis

Sculpture génétique culturelle

63 x 17,5 x 25 cm

Plâtre, bois

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

107

Manneken-Pis croisé fétiche africain

Sculpture génétique culturelle

54 x 22 x 15 cm

Plâtre, bois

2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

108

Ensemble de onze sculptures et objets sur et sous vitrine dont : Bananes croisées poires et citrons

Dimensions variables

S.D

109

Sous-vêtement masculin avec petits dessins médiocres

39 x 35 cm

Coton, feutre, acrylique

1985-86 (façon 1966)

Signature à l’arrière, à droite

110

Sous-vêtement masculin avec petits dessins médiocres

30 x 30 cm

Coton, feutre

1985 - 1986 (façon 1966)

Signature en bas, coté gauche

111

Sous-vêtement masculin avec petits dessins médiocres

28 x 30 cm

Coton, feutre, acrylique

1985 - 1986 (façon 1966)

Signature en bas, à gauche

112

Sculpture génétique, Picasso croisé Lizène

Vidéo en circuit fermé avec collage papier du bas du visage de Picasso

(Projet 1971 - 2002 - 2016)

Expos :

Colloque des chiens, E2N, Liège, 2002

Jacques Lizène, Désastre jubilatoire, Passage de Retz, Paris, 2011 (commissariat Jean de Loisy)

113

Contraindre le corps à s’inscrire dans le cadre

4 min. 37

Compilation de vidéos noir & blanc et couleur - 1971 et remake 1997- 2002 - 2007

Production : Avcan

Expo :

La Trahison des images, Palazoo Franchetti, Off de la 49e Biennale de Venise a-latere, 2001

114

Contraindre le corps à s’inscrire dans le cadre

4 min. 28

Vidéo noir & blanc sans son, 8mm transféré sur DVD - 1971

Edition Yellow

Lizène a lu ce texte en 1969 alors qu’il avait déjà pris position en 65 pour l’extinction de l’espèce humaine, gentiment, en cessant de procréer.

115

Musique doublement à l’envers

7 min. 32

Vidéo couleur, son, DV transféré sur DVD 1997

Pianiste : Jacques Swyngedouw. Réalisation : Laurent Jacob et Alain

Daniel. Enregistré au Musée d’Art Moderne de Liège. Production : E2N

116

Réécrire à l’envers tout Chopin, Mozart, Satie et les autres, 1979, remake 1996. Musique doublement à l’envers : faire interpréter à l’envers, une partition réécrite elle aussi à l’envers 16 min. 05

1997

Vidéo couleur, son, DV transféré sur DVD

Pianiste : Jacques Swyngedouw. Réalisation : Laurent Jacob et Alain

Daniel. Enregistré au Musée d’Art Moderne de Liège.Production E2N

Installation : squelette à l’envers sur petit piano, squelette en plastique à l’envers avec masque africain en bois

Signature sur un papier placé sur le grand squelette « Arrêtez vos conneries guerrières…Vous avez tous tort. Signé Lizène »

Expos :

Jacques Lizène, Sculptures génétiques, fun fichier, La boutique, Liège, 1997

Jacques Lizène, Désastre jubilatoire, rapide rétrospective, Passage de Retz, Paris, 2011 (commissariat Jean de Loisy)

Jouons avec les vidéos mortes de Jacques Lizène, Villa Arson, Nice, 2009 (commissariat Eric Mangion)

In Emil Cioran. Précis de décomposition, 1949

117

Blague d’artiste façon fin 19e siècle 21 x 29,7cm

Carton d’invitation de l’exposition Jacques Charlier au Mac’s et intervention au bic 2016

118

Placard à tableaux, projet de 1970, entassement de toiles nulles 559 x 244 cm

Peinture acrylique sur plaque de bois

1989 (Projet 1970) en remake d’installation 2016

Deux signatures : en bas à gauche et au centre du cadre jaune

Expos :

Rapide rétrospective, La Criée, Rennes, 1989 (commissariat Yannick Miloux) Noise, Fenêtres en vue, MAMAC, Liège, 1989 (organisation Daniel Dutrieux)

Jacques Lizène, Artiste de la médiocrité (’70) & du remake (’80) – Gheerardijn, Dictateur Artistique – Frédéric Tolmatcheff, Apatride – Monsieur Delmotte E2N, Liège, 1993

119

Art syncrétique, instruments anciens croisés

Sculpture génétique

102 x 126 cm

Tirage numérique

2000 (Projet 1980)

Signature en bas à droite

120-121

Le Minable music-hall et son chanteur en dessous de tout

Performance produite à E2N le 7 janvier 1984 avec la participation de Garrett List

2 min. 21

Vidéo couleur, son, 16 mm transféré sur DVD 1984

Production : E2N - Réalisatio : Paul Paquay

Expo :

La Première chauviniste, Montevideo, Anvers, 1984

Jouons avec les vidéos mortes de Jacques Lizène, Villa Arson, Nice, 2009 (commissariat Eric Mangion)

Sous la vidéo : trombone à coulisses, Collection Garrett List

Sculpture dangereuse, 6000 billes au sol

Dimensions variables

Billes de verre, projecteurs

1988 (Projet 1970)

Expos :

Atelier de production Jacques Lizène - Guillaume Bijl, E2N, Liège, 1988

Jacques Lizène, Atelier 340, Bruxelles, 1990-1991

Le(s) Moi(s) de Lizène, Muhka, Anvers, 2009 (commissariat Bart de Baere)

Petit personnage ithyphallique, sur outil de plafonnage à roulettes

Statuette en métal trouvée dans les ordures, entourée de papier toilette, colle, clou, truelle, roulettes

Fin des années 1980

122

Art nul, toile extrême médiocre

382 x 208 cm

Bâche de camion découpée en perspective, peinture acrylique, pigments

1985

Expos :

Place Saint-Lambert Investigations , Liège, 1985

Le(s) Moi(s) de Lizène , Muhka, Anvers, 2009 (commissariat Bart de Baere)

Lizène : génied’artmédiocre2046, IKOB, Eupen, 2009 (commissariat Francis Feidler)

123

Cadre de cadres

Seize cadres en bois, carton et acrylique

1993 (Projet 1971)

Signé

Expo :

La Tentation de l’image, Fondation Gulbenkian, Lisbonne, 1993-94

Bords de corps 3 min. 44

Vidéo couleur, betacam sp transféré sur DVD

1992 (Projet 1972)

Tournage à Paris avec Anne-Aimée Guiot

Projection :

Jouons avec les vidéos mortes de Jacques Lizène, Villa Arson, Nice, 2009 (Eric Mangion)

Bords d’œuvres, portrait de femme du XIV e siècle 21x 29,7 cm

Photocopie découpée et annotée

2016 (Projet 1972 - 1973)

Signature en bas à droite

124

Caravane de caravanes

Dimensions variables

Miniature et archives de l’exposition Caravane de Caravanes (Projet Ben Vautier)

1990

Atelier de production E2N

122
Bords de corps
Captures vidéo couleur
1992 (Projet 1972)

126

Sexe marionnette

50 x 70,5 cm (chaque élément)

Dix dessins sur papier au feutre noir et crayon, un faux a été ajouté parmi eux lors de l’exposition de Lisbonne

1993 (Projet 1977)

Signatures en bas

Expo :

La Tentation de l’image, Fondation Gulbenkian, Lisbonne, 1993 - 1994.

Valise banlieue de l’art

56 x 39 cm

Valise en carton, peinture acrylique

1974

Expos :

La Tentation de l’image, Fondation Gulbenkian, Lisbonne, 1993 - 1994

Pièces à conviction, E2N, Liège, 2000 Jacques Lizène, rotation des stocks, E2N et Des arts, Liège et Bruxelles, 2007

127

Sexe marionnette

Dimensions variables

5 min. 07,

Vidéo couleur, son, Hi8 transféré sur DVD, prod. E2N

Installation avec chapeaux de la collection de Véronique Marit

1993 (vidéo originale - disparue - de 1977)

Expos :

Jacques Lizène, Artiste de la médiocrité (‘70) & du remake (‘80) - Gheerardijn, Dictateur Artistique - Frédéric Tolmatcheff, Apatride - Monsieur Delmotte, E2N, Liège,1993

Le Jardin de la Vierge, Old England, Bruxelles, 1993 La Tentation de l’image, Fondation Gulbenkian, Lisbonne, 1993 - 1994

Cabaret Spountz, Marseille, 2003 (organisé par Arnaud Labelle-Rojoux)

Le(s) Moi(s) de Lizène, Muhka, Anvers, 2009 (commissariat Bart de Baere)

Jouons avec les vidéos mortes de Jacques Lizène, Villa Arson, Nice, 2009 (commissariat Eric Mangion)

JACQUES LIZÈNE - HISTORIQUE

1984 Jacques Lizène / Le minable music-hall et son chanteur en dessous de tout

07/01/1984

Performance, chant et vidéo

Lieu : Espace 251 Nord

Production : Espace 251 Nord

Collaboration avec Vidéographies - RTBF : Jean-Paul Trefois, chargé de mission / Paul Paquay, conseiller à la réalisation

Quelques séquences d’art sans talent, partie II. 1min. 17. Vidéo couleur, son, transféré sur DVD. 1979. Production : Vidéographies - RTBF
Affiche A3 en photocopie noir & blanc. Graphiste Johan Muyle.
Le chanteur en dessous de tout interprète sa chanson Les Souliers

1984 MYTHOLOGIES INDIVIDUELLES

14 > 22/04/1984

Lieu : Caves de Bourgogne (Liège)

Production : Espace 251 Nord

100 participants artistes et acteurs de la vie liégeoise

Initiative de Laurent Jacob et Didier Beaufort

Logettes / alvéoles / cellier / ruches / souterrain

Chacun confronte sa mythologie individuelle. Le chez-soi, artificiellement protecteur, artificiellement protégé. Protection physique, protection visuelle - illusoire -. Chaque univers enferme de la mythologie collective ce qui lui semble être individuel. Chacun se plait à croire qu’il ne vit pas chez l’autre et pourtant.

Espace 251 Nord lance un projet qui vise à réunir une centaine de personnes qui mettront en place leur mythologie dans une logette de cellier d’à peu près un mètre cube dans les locaux des Caves de Bourgogne, rue hors Château à Liège.

Reconstituer un univers idéal microcosmique… La réduction architecturale avec la prise de possession de toutes les faces de la logette.

Reconstituer un univers mythologique… Se sourcer aux objets, aux images, aux désirs inavoués… Les mettre à jour s’en servant comme point de vue. Moment privilégié de rencontre, d’échange entre les acteurs quotidiens d’une même appartenance culturelle.

Les Caves de Bourgogne
Affiche A2 recto/verso. Graphiste Johan Muyle
Petit dessin néo-rupestre avec lampe de poche. Crayon et bic sur papier
Dessin médiocre. Crayon et bic sur carton. 1966

1984 LA PREMIÈRE CHAUVINISTE

07/04 > 20/05/1984

Lieu : Montevideo (Anvers)

Responsables du projet : Annie Gentils et Stan Peers

Collaboration : Espace 251 Nord & Belgian Institute for World Affairs

Exposition collective avec : Eric Duyckaerts / Jacques Lizène / Lucky Strike Thierry Devillers (sélection Laurent Jacob et Didier Beaufort pour E2N) / Leo Copers / Luc Coeckelberghs / Monika Droste / Fred Eerdekens / Michel François / Frans Gentils / Philippe Jadot / Ann Veronica Janssens / Johnny Michel / Angel Vergara Santiago / Walter Swennen / Wout Vercammen / Bernard Villers / Claude Yande

Espace d’art Montevideo.

Production : E2N. Vidéo : Paul Paquay et son équipe

Performance de Jacques Lizène chantant Les souliers (1971, Yellow now) collaboration avec Garrett List La chanson accompagne trois photographies et un cassetophone, exposés pour la première fois à la Neue Galerie, Aachen, 1972.

Musique à l’envers pour trombone à coulisse et scie circulaire. 2 min. 21. Vidéo (5 exemplaires) couleur, son. 1984

1984 NORD INVESTIGATIONS

12/05 > 09/06/1984

Lieu : Espace 251 Nord

Production : Espace 251 Nord

Exposition collective avec : Michel Boulanger / Daniel Deltour / Christine Dethier / Laurent Jacob / Linda Kinsch / Babis Kandilaptis / Jean-Georges Massart / Jacqueline Mesmaeker / Luc Coeckelberghs / Guy Ledune / Jacques Lizène / Johan Muyle / Jean-Pierre Ransonnet / Yves Bertoni / Patrick Regout

Equipe : Laurent Jacob, Johan Muyle

: Xavier Schneider

Photo
Affiche A2. Graphiste Johan Muyle
Fragments de dessins néo-rupestres, minables petits dessins façon 1964-1966. Peinture acrylique sur carton. 1984

1984 MUSÉE DE VOYAGES

05/10 > 05/11/1984

Lieu : Espace 251 Nord

31/03 > 21/04/1985

Lieu : Kruisherencomplex – Stadsacademie (Maastricht)

Production : Espace 251 Nord

Exposition collective avec : Marc Angeli / Marco Badot / Carlos Becerra / Rudy Beerens / Michel Boulanger / Jacques Charlier / Franky Deconinck / Jean de la Fontaine / Filip Francis / Paolo Gasparotto / Joris Ghekiere / Georges Glaser / Sigefride Bruna Hautman / Babis Kandilaptis / Jacques Lizène / Mark Luyten / Piet Moerman / Walter Swennen / Toon Teeken / Narcisse Tordoir / Fik Van Gestel / Luk Van Soom / Peter Wehrens

Concert de Garret List avec Denis Pousseur, Jean-Pierre Urbano, Marc Pirard

Photo de l’affiche : René Reynders / Photos de l’exposition (Liège) : Damien Hustinx

Walter Swennen. Peau de banane. Bâche et acrylique. 1984
Œuvre exposée en face de l’œuvre de Jacques Lizène dans l’espace public autour d’E2N
Affiche A2. Graphiste Rudy Beerens
Affiche A2. Graphiste Johan Muyle
Peinture néo-rupestre sur fond de nouvelle abstraction nulle 600 x 300 cm. Bâche de camion, acrylique. 1984

1985 PLACE SAINT-LAMBERT INVESTIGATIONS

18/09 > 05/11/1985

Lieu : sous-sols de la place Saint-Lambert (Liège)

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Edward Allington / Marc Angeli / Sandro Antal / Waldo Bien / Guillaume Bijl / Michel Boulanger / Bard Breivik / Jacques Charlier / Leo Copers / Richard Deacon / Luc Deleu / Ivan D’hont / Monika Droste / Michel François / Filip Francis Paul Gees / Jef Geys / Jean Gilbert / Sigurdur Gudmunsson / Ann Veronica Janssens / Klaus Jung / Babis Kandilaptis / Jacques Lizène / Bernd Lohaus / Mario Merz / Jacqueline

Mesmaeker / Pieter Laurens Mol / Johan Muyle / Michel Moffarts / Luigi Ontani / Julian Opie / Giulio Paolini / Panamarenko / Anne et Patrick Poirier / Patrick Saytour / Dan Van Severen / Philippe Van Snick / Jacques Vieille / Jean-Luc Vilmouth.

Coordination : Laurent Jacob, Johan Muyle, Anne Zumkir

Relations avec la presse : Anne Zumkir, Benoît Califice / RTBF Archives (Ghislain : caméraman)

Photos de repérage et montage : Thomas Chable, Eli Happart, Pierre Houcmant

Photos de l’exposition : classe de Damien Hustinx (Saint-Luc, Liège)

Remerciements particuliers à Carmelo Virone

Catalogue Place Saint-Lambert Investigations

Textes de : Georges Goldine, Laurent Jacob, Jacques Meuris, Wim Van Mulders ; Historique : Marina Frisenna, Gaëtane Warzée.

Couverture du catalogue - 40,5 x 28,5 cm.

Tableau extrêmement réaliste (tableau extrêmement médiocre), sur fond de nouvelle abstraction nulle et figure néo-rupestre 315 x 670 cm. Bâche de camion, acrylique, pigments. 1985 Au second plan : Source Lizène. 1985

Tentatives de rire… art d’attitude Dimensions variables. Cassettophone, inscription au feutre. 1974

Petits dessins médiocres, Art néo-rupestre, façon 1964-1966 sur colonne. Dimensions variables. Peinture acrylique sur papier. 1985

Vue de la Place Saint-Lambert en 1985.
Affiche A2

Lieu de la mémoire

Nous vous proposons cette exposition non pas dans un lieu d’art prestigieux, mais dans un espace polémique, condensé symbolique de toutes les souffrances d’une région. Ce lieu est celui où Liège s’est pensée, c’est le lieu de la mémoire menacée. Un lieu d’investigations multiples qui ne doit pas être réduit au simple fait ponctuel d’une exposition.

La place Saint-Lambert est comme une coupe spatio-temporelle dans les strates de notre mémoire collective. Ce n’est donc pas un hasard si la mise sur pied de cette exposition a concerné un si grand nombre d’acteurs de la vie sociale aux niveaux les plus divers.

Réemploi

Ce lieu que d’énormes travaux de génie civil appelaient tout récemment à une autre destination, nous permet de faire voir les œuvres dans des conditions optimales. La présence de telles œuvres transforme et renverse bon nombre d’idées reçues sur la gérance d’un espace-scandale qui devient espace d’exposition.

Tentative

Notre tentative, dans son cheminement avec les artistes, tient au désir de faire de cette exposition un lieu de densité et d’émergence qui propose d’autres possibles. La réussite de cette tentative exige une relation quasi-amoureuse avec les œuvres, en même temps que la volonté d’assumer l’expérience dans sa totalité: avec ses défauts, ses erreurs ou ses accidents.

Laboratoire

Le lieu-laboratoire qui se dessine nous invite à revendiquer la liberté du chercheur. Tentative exigeante que de mettre en scène des artistes de grande qualité, dont bon nombre ont une sensation d’exilé de l’intérieur: l’immobilisme des structures en place, sans discours ni lieu de parole, provoque un cloisonnement de plus en plus étanche qui produit inévitablement un étouffement lent de la création.

Racines

L’impossibilité de ressaisir nos racines nous laisse en quelque sorte étrangers à nous-mêmes, cosmopolites nourris à faibles doses par de brèves excursions dans les musées frontaliers et des incursions dans des revues venues d’ailleurs.

Evénement

Pour enrayer la fatalité de cet exil, la nécessité s’impose d’événements internationaux où s’inscrit la production de notre «diaspora intérieure», une production à travers laquelle paraît et se développe ce qui fait notre identité culturelle.

Espace 251 Nord se place dans la lignée des quelques fous de l’Art qui se sont proposés avec conviction de poser des questions, de formuler des hypothèses, de tracer des directions, quand tout était négligé, des conditions de la création, de la mise en place de structures et de lieux d’accueil adéquats pour les œuvres. La passion des modèles formels et des modes tellement prisées depuis la « fin des avant-gardes » a fini par faire se confondre ce qu’on appelle culture avec une imagerie, désuète et vide. SI dans notre contexte non pas général, mais très particulier, nous ne parvenons pas à aimer ce qui a été aimé de tout temps et partout, il est absurde d’essayer de nous persuader hypocritiquement de la possibilité d’un quelconque devenir-ici.

Expos : Cirque Divers, Liège, 1978

La Criée, Halle d’art contemporain, Rennes, 1989 Atelier 340, Bruxelles, 1990

Le Jardin de la Vierge, Old England, Bruxelles, 1993 Passage du Retz, Paris, 2011

Peinture nulle de 1966, Déposer une vieille toile au bas d’une cimaise, 1970 (quelconque) (Art d’attitude) 1966

Dimensions variables. Acrylique sur toile, inscriptions au feutre. 1985

Fontaine de cheveux. 130 x 100cm. Photographie de Pierre Houcmant pour le catalogue de l’exposition.1985

D’après la houppe du chanteur en-dessous de tout, 1980.

Laurent Jacob, 1985
Peinture à la matière fécale, mur des défécations. 600 x 210 cm. Matière fécale sur toile de coton. 1977.

L’ESPACE COMME ŒUVRE D’ ART ou de utilisation intelligente d’une cathédrale engloutie. (…)

Etape supplémentaire - et nécessaire - de cette aventure: l’aménagement de cette cathédrale Saint-Lambert inédite et inouïe. Il y a quelque chose de miraculeux, par moments, dans les projets volontiers majestueux des urbanistes et des constructeurs immobiliers confrontés aux malignités de la politique locale et à la dérision des populations utilisatrices! On imagine mal en effet qu’un complexe de parkings et de circulation souterraine dispendieux puisse être, juste avant son achèvement et sa mise en fonction, pratiquement abandonné. C’est le cas ici. Au centre même de Liège, au cœur réel de la ville. Abandon, peut-être justifié; abandon cependant inimaginable, à tout le moins si l’on en est encore à penser que tant d’argent dépensé le serait en pure perte pour la communauté et si l’on croit toujours que bâtir, c’est pour l’éternité. Le miracle surgit lorsque quelqu’un croit que rien n’est irrémédiable et que d’un désolant abandon peut découler un si excitant projet: transformer cette cathédrale engloutie, de béton et de fer, en un lieu privilégié d’exhibition artistique. Soit utiliser ces coursives et ces salles immenses, kilométriques, ces plafonds invisibles tant ils sont hauts et ces recoins, qu’impose la fondation de l’ensemble, tout cela qui tient entre le retranchement militaire à la Maginot et l’installation routière souterraine, la mine et la caverne, les utiliser donc pour la propagation d’un art contemporain mis ainsi en situation à la fois décisive et précaire. (…)

Jacques Meuris, 1985

Extrait du catalogue PSL Investigations

Toile extrême-réaliste 382 x 208 cm. Bâche de camion, acrylique, pigments. 1985.
Plan large de l’espace d’exposition
Deux vues de fresques in-situ, aujourd’hui détruites : Lizène artiste de la médiocrité (Art d’attitude 1965-19…).
Acrylique et feutre. 1985
NUL. Acrylique et feutre. 1985

1986 PORTRAITS DE SCÈNE À L’ILE AUX PHOQUES

OFF 42e biennale de Venise

Arts et Sciences

42e OFF Biennale de Venise Arts et Sciences (Entre passé et présent ; L’âge de la science)

Commissariat général : Maurizio Calvesi. Pavillon belge (dévolu à la Communauté française)

Artistes : Willy Helleweegen, Michel Couturier, Jean-François Octave, François Schuiten

Commissaire : Catherine De Croës

26/06 > 3/08/1986

Lieu : Casa Frollo (Venise) – avec l’hospitalité de Marino et Flora Soldan

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Waldo Bien / Michel Boulanger / Philippe Cazal / Léo Copers / Philippe Favier

Michel François / Jef Geys / Sigurdur Gudmundsson / Damien Hustinx / IFP / Ann Veronica Janssens

Babis Kandilaptis / Jacques Lizène / Jacqueline Mesmaeker / Pieter Laurens Mol / Johan Muyle / Panamarenko / Guy Rombouts / Patrick Saytour / Philippe Thomas / Narcisse tordoir / Jean-Luc Vilmouth / Ton Zwerver

Avec la participation de l’architecte Jean Englebert et de Quaternaire

Coordination : Laurent Jacob, Johan Muyle, Anne Zumkir

Administration : Sophie Kalpers

Communication : Benoît Califice / Régie : Brigitte Meuris

Photos : Thomas Chable, Eli Happart, Damien Hustinx

Médiation : Eric Duyckaerts, Francine Landrain, Eugène Savitzkaya, Carmelo Virone

Accueil : Flora et Marino Soldan

Catalogue : Portraits de scène à l’Ile aux Phoques

Textes : Laurent Jacob et Eric Duyckaerts. 1986. Graphiste : Johan Muyle

(…)

L’exposition de la Casa Frollo peut donc se concevoir en soi comme une œuvre totale, en même temps qu’un exercice délicat de relations publiques. La problématique du rapport brut (ou direct) à l’œuvre d’art, depuis longtemps perturbé par la photographie et les techniques de reproduction, est ici reprise sous un jour nouveau: dans le clignotement de la présence/absence et surtout de la proximité/inaccessibilité. Ce qui en ressort, c’est la signification assignée en dernier lieu par les occupants et les percevant d’un lieu qui ne cesse pas d’être ce qu’il est en accueillant des œuvres; l’hôtel, vraiment hôtel, accueille une exposition dont le statut est difficile à définir parce qu’il est inséparable de la vie de l’hôtel qui lui donne son rythme, ce dont les artistes auront été amenés à tenir compte. Effet de boucle : plusieurs œuvres ont été conçues pour renvoyer le lieu à sa structure hôtelière, fictionnelle, cosmopolite et intime, tout à la fois. D’autres créations, élaborées en atelier, ont été choisies en fonction du pouvoir de transformations réciproques qu’elles entretiendront avec la Casa Frollo. (…)

Le dialogue du secret et du manifeste, qui est au principe de l’exposition, entre évidemment en résonnance avec Venise, ville qui ne cesse de s’offrir à la contemplation tout en se dérobant dans les pièges du labyrinthe. Ne nous risquons pas à essayer de définir Venise plus qu’il n’en faut pour éclairer notre exposition : la ville peut être vue comme un immense théâtre dont la machinerie, les coulisses, les loges seraient masquées ou excentrées. La Casa Frollo, au bord de la Giudecca, tournée vers le Grand Canal (le plateau de la scène) se trouve à la lisière des coulisses ou à la porte des loges. L’exposition qui s’y conçoit ne peut s’imaginer sans la discrétion feutrée des coulisses, la concentration ou la détente que permet le retrait dans la loge.

(…)

Entretien entre Laurent Jacob et Eric Duyckaerts , 1985 (extrait)

Carton d’invitation A5
L’entrée de la Casa Frollo avec Eli Happart en vigie sur le balcon
Les jardins de la Casa Frollo

:

Projet de sculpture nulle avec fumée. 114 x 83 cm. Dessin sur carton, acrylique, feutre. 1980 - 1986

Projet de sculpture nulle sonore, peinture médiocre. 114 x 83 cm. Dessin sur carton, acrylique, feutre. 1980 -1986

Peinture médiocre (fragment, 2e moitié du XXe s.). 108 x 83 cm. Dessin sur carton, acrylique, feutre. 1980 -1986

Vue de la chambre de l’actrice Dominique Sanda, à la Casa Frollo, avec trois Peintures médiocres

1986 PORTRAITS DE SCÈNE

20/10 > 17/11/1986

Lieux : Musée d’Ansembourg (Liège), Hôtel de Bocholtz (Liège), Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Waldo Bien / Michel Boulanger / Philippe Cazal / Léo Copers / Philippe Favier / Michel François / Jef Geys / Sigurdur

Gudmundsson / Damien Hustinx / IFP / Ann Veronica Janssens / Babis

Kandilaptis / Jacques Lizène / Jacqueline Mesmaeker / Pieter Laurens Mol Johan Muyle / Panamarenko / Guy Rombouts / Patrick Saytour / Philippe Thomas / Narcisse Tordoir / Jean-Luc Vilmouth / Ton Zwerver

Coordination : Laurent Jacob, Johan Muyle, Anne Zumkir

Communication : Benoît Califice

Photos de l’exposition : Damien Hustinx, Marc Guillaume

• Carton d’invitation à l’exposition A5

Portraits de scène Espace 251 Nord, Liège

Après une prestation très remarquée place Saint-Lambert à Liège en 85 (à laquelle participaient : Deacon, Paolini, Opie, Vilmouth, Panamarenko, Deleu, Saytour, etc.), l’Espace 251 Nord réaffirmait sa présence avec deux manifestations importantes: une à Venise pendant la Biennale, l’autre à Liège l’automne dernier. Il faut préciser que le travail de prospection mené par les responsables de l’Espace Nord a pour but de « réveiller » une situation nationale bloquée depuis longtemps, et tiraillée par des clivages inhérents aux différentes identités culturelles. Situation paradoxale, puisque d’un autre côté la Belgique ne manque ni d’artistes, ni de talents et elle a de plus, l’avantage de se trouver dans une position géographique privilégiée entre Allemagne, Hollande et France. Partant de ces qualités, l’Espace Nord a su tenir le pari toujours objectif: provoquer des échanges en confrontant des artistes belges et des artistes internationaux dans le cadre d’expositions en Belgique, exporter ces mêmes artistes à l’étranger à travers des manifestations du type de celle de la Casa Frollo à Venise en 86. Ainsi l’exposition de Venise Portraits de Scène à l’Ile aux Phoques présentait-elle des artistes belges (Copers, Degobert, Droste, François, Muyle, Hustinx, Geys, Panamarenko, etc.), hollandais (Bien, Gudmundsson, Zwerver) et français (Cazal, Favier, LF.P., Thomas, Saytour, Vilmouth).

L’exposition de Liège, répartie dans trois endroits différents (une banque, un musée d’arts décoratifs, une ancienne administration des charbonnages), reprenait les mêmes artistes qu’à Venise et à quelques exceptions près les mêmes oeuvres. Si à la Casa Frollo l’intérêt consistait à faire vivre les oeuvres dans un lieu qui est un hôtel, avec pour conséquence le fait de ne voir qu’en photo certaines

Couvercle du boîtier/catalogue de l’exposition

pièces installées dans les chambres, et de devoir débusquer les autres un peu partout dans les couloirs, les escaliers ou le jardin; la présentation très différente à Liège, mettait d’autres éléments en jeu. Tout d’abord au Musée d’Ansembourg (musée des arts décoratifs), il s’agissait d’intégrer les oeuvres dans un cadre particulier, au milieu d’un grand nombre d’objets et de salles ayant chacune son propre style... Les oeuvres devaient à la fois s’intégrer au décor préexistant mais aussi être suffisamment singulières pour surprendre et attirer l’attention. Opération totalement réussie; en ménageant humour, dérision, finesse et une certaine préciosité propre au lieu, le choix judicieux des oeuvres accrochées ou installées au musée a permis une lecture originale et non réductrice (comme on aurait pu le craindre). Des artistes aussi variés que: Degobert, Rombouts, Copers, Muyle, Tordoir, Hustinx, Cazal, LF.P. Thomas, Saytour, Vilmouth, etc ... y trouvaient fort bien leur place. A l’Espace Nord étaient exposées les pièces les plus lourdes ou les plus monumentales. Principalement sculptures et installations (Rombouts, Droste, Janssens, Mesmaeker, Gudmundsson, etc.). Enfin à l’Hôtel de Bocholtz (banque) on pouvait voir le compte-rendu photographique de l’exposition de Venise. En parvenant à ménager éclectisme et cohérence avec un choix de pièces de bonne qualité, l’Espace Nord a su tenir le parti toujours difficile de réaliser une belle exposition de groupe.

Françoise-Claire Prodhon, in Flash Art International, 1986

Chorégraphie primitive pour bras-robot. A6. Carte postale. 1986

Petits dessins médiocres, Art néo-rupestre, en situation. Dimensions variables.

Acrylique sur papier. 1985 (Projet 1964)

Présentés une première fois sur une des colonnes du sous-sol de la place

Saint-Lambert en 1985, décollés et replacés au Musée d’Ansembourg.

A gauche : I.F.P. (Information, Fiction, Publicité). Ciel, détails n°1 et n°2 ; à droite : Jean-Luc Vilmouth. Piliers pour une pièce

Petit dessin médiocre, Art néo-rupestre, en situation.

Acrylique sur papier. 1985 (Projet 1964)

1987 ARTE IN SITUAZIONE BELGICA SITUAZIONE DELL’ARTE

02/04 > 3/05/1987

Lieu : Rome

Direction de projet : Laurent Jacob et Luk Darras. Organisation : Espace 251 Nord et Ambassade belge à Rome - (Ambassade de Belgique à Rome)

L’Inimmaginario belga

Accademia di Francia - Commissaire : Achille Bonito Oliva - Exposition collective avec : James Ensor / René Magritte / Marcel Mariën / Marcel Broodthaers / Jef Geys / Jacques Charlier / Panamarenko

Accademia belgica - Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Marc Angeli / Franky Deconinck / Monika Droste / Paul Gees / Jean-Marie Gheerardijn

Bruna Hautman / Damien Hustinx / Jacqueline Mesmaeker / Luk Van Soom

Spazi d’arte XXI – Incontri Internazionali D’Arte - Palazzo Taverna - 4/04/1987

Débat international avec critiques et directeurs de musées - Intervenants : Laurent Busine, Bruno Corà, Rudi Fuchs, Jacques Guillot, Jan Hoet, Laurent Jacob, Kaspar Konig, Achille Bonito Oliva Galleria Arco d’Alibert - Bernd Lohaus • Galleria il Cortile - Guy Rombouts • Galleria Anna D’Ascanio - Franky Deconinck / Paolo Gasparotto • Galleria Giuliana De Crescenzo - Jacques Lizène • Galleria Jartrakor - Filip Francis / Philippe Van Snick • Galleria Em. Oddi Baglioni - Michel Boulanger / Babis Kandilaptis • Galleria Pieroni - Jan Vercruysse • Galleria Planita - Michel François • Galleria Primo Piano - Panamarenko • Galleria

Sala 1 - Guillaume Bijl • Galleria Gian Enzo Sperone - Panamarenko • Galleria Studio Massimi - Michel Frère Walter Swennen / Narcisse Tordoir • Galleria Arte Contemporanea - Jean-Pierre Ransonnet

« Salon Privé » Pino Casagrande - Ann Veronica Janssens / Dan Van Severen / Marthe Wery • « Salon Privé » Luk Darras - Jef Geys • « Salon Privé » Em. Oddi Baglioni - Léo Copers • « Salon Privé » Sergio Rispoli - Johan J. A. G. Muyle • « Salon Privé » Patrizio Paris - Paolo Gasparotto

Comité de coordination (en Belgique) : Laurent Jacob, Johan Muyle, René Deprez

Responsables Villa Medicis : Laurent Jacob, Johan Muyle, René Debanterlé

Coordination galerie : Laurent Jacob, Luk Darras

Edition (création graphique) : Dominique Houcmant, Johan Muyle / Administration : René Deprez

Photos de l’exposition : Damien Hustinx, assisté de Alain Kasinierakis

Photos presse : André Jasinski, D’Harcourt

ENTRETIEN AVEC ACHILLE BONITO OLIVA

(…) Et donc je dirais que tous ces éléments…

(…) l’éclairage avec lequel cette exposition a été présentée ; une exposition qui pouvait sembler destinée à des non-voyants, où il était nécessaire de toucher les objets pour les reconnaitre. C’étaient des signaux qui montraient combien en réalité celui-ci est un art envers lequel il faut montrer une attention poly-sensorielle, mentale, conceptuelle, visuelle, mais, dans le même temps, (disons-le ainsi), c’est un type de ... situations vers lesquelles il faut se diriger armé non seulement de lumière, mais je dirais aussi d’alarmes psychiques , de toute une série de composants qui, selon moi, aident à lire cette culture qui œuvre entre ironie et précision, entre transgression et anarchie sur toute la série de composants, et je dirais, dans le rapport habituel sur lequel l’art belge a toujours travaillé: art et vie. L’art belge se situe dans cette charnière. Une charnière qui trouve à mon avis dans les années 50 - 60 un débouché philosophique et politique dans le situationnisme.

Le situationnisme, comme vous le savez, est une situation (le mot le dit lui-même) à laquelle ont collaboré beaucoup d’intellectuels en Belgique. Et cela a été une situation qui a uni la culture disons française, francophone, et la culture flamande. (…)

Transcription et traduction : Carmelo Virone

Pittura mediocre, Pittura nulla. Acrylique sur toile. 1987
Affiche A1
Carton d’invitation A6

Expositions belges à Rome

La difficulté pour l’art belge à s’exporter est une constante des interrogations qu’on se pose sur les politiques utiles à aménager. Voici une réalisation qui, à l’origine, ne doit rien à l’officialité et qui consacre l’intérêt qu’offrent, en ce sens, des promoteurs efficaces en l’occurrence, l’asbl Espace 251 Nord, à Liège.

De Ensor aux jeunes

Montrer, donc, l’art belge à Rome, après une expérience réussie à Venise. Avec la collaboration du milieu italien - dont le critique Achille Bonito-Oliva et l’attaché culturel de notre ambassade - opérer un déploiement qui va de Ensor à de jeunes artistes : dans des institutions comme la française Villa Medicis et à l’Academie Belgica, d’une part, avec la coopération de galeries sur place, et non des moindres, d’autre part. Pacifique invasion: Rome aux couleurs de nos beaux-arts ...

A la Villa Medicis, on montre un ensemble qui ne répond à l’histoire que par le biais: Ensor, tutélaire, Magritte, intercesseur, puis Mariën, Broodthaers. Geys, Charlier, Panamarenko. A l’Academia Belgica : de jeunes francophones et flamands. Dans 17 autres endroits - galeries et salons privés - un ensemble marquant d’artistes des deux communautés qui représentent, en général, les tendances actuelles telles qu’elles se dégagent plus ou moins nettement des expositions en « académies». Impossible de citer les noms, trop nombreux, et dont le nombre même dit l’ampleur du projet.

Une mobilisation réussie

La gageure, en l’occurrence, c’est d’avoir réussi la mobilisation, non seulement des institutions, mais surtout des galeries privées, si souvent prudentes dans l’accueil qu’elles réservent à des artistes mal connus sur place ou sur le marché international.

Or, c’est là l’important : ces galeries poursuivent des objectifs très médités, et l’on peut espérer que la présence en leurs murs d’artistes belges constituera une ouverture inattendue. En effet, l’opération doit être d’autant plus efficace qu’elle transforme l’avril romain en une véritable opération de révélation de l’art de notre pays, sans partage communautaire, et, par ce truchement, en appelle à une attention toute particulière, inévitable, des amateurs italiens.

Ce projet romain, il faut le souligner, est donc l’œuvre d’une association à l’existence par ailleurs difficile, qui n’est pas liée aux instances officielles, comme telle. Ce qui porte de nouveau à remarquer, dès lors, que les insuffisances notoires dans le domaine de l’exportation artistique ne peuvent être résolues que par des initiatives de la sorte, animées par des gens convaincus. On peut en tirer des leçons pour l’avenir, peut-être... Le ministre Monfils fait le voyage à Rome pour être là : c’est un bon signe.

Jacques Meuris, In La Libre Belgique, 3 avril 1987

A gauche : Entassement de toiles nulles (1970). Acrylique sur toile. 1987 - A droite : fragment de fresque, petite usine avec fumée. Acrylique sur toile.1987

L’imaginaire artistique prend ses différents visages, ses différents masques, selon le contexte culturel dans lequel il est produit. Le contexte belge participe sans aucun doute du nord, de ce nord qui, de Bosch à Bruegel, s’est développé selon des lignes de force qui oscillent entre le grotesque et le sens de duperie qui émane des choses. II comporte en tous cas, cet imaginaire, le besoin d’une représentation capable d’introspection interne et externe. L’interne concerne les fantasmes qui accompagnent l’existence humaine, la peur de la mort, la claire conscience de la précarité des choses.

L’introspection externe naît du besoin qu’a l’artiste de ne pas détourner son regard des horreurs de la vie, d’en restituer même une vision minutieuse, analytique, et d’aller jusqu’à témoigner sur la duperie qui est le statut spécifique de l’art, sur sa perverse capacité de révélation, à travers le voile d’un langage qui n’est pas la réalité elle-même, une réalité particulière et spécifique.

Au cours de l’histoire de l’art, l’imaginaire belge se développe sur deux fronts qui correspondent en fait au strabisme géographique et politique d’une nation appartenant à deux traditions culturelles différentes: la flamande et la francophone.

La culture figurative flamande est traversée par une ligne optico-perceptive qui toujours fonde une iconographie nette, limpide et minutieuse, réalisée à partir de processus toujours vérifiables et pertinents à la construction visuelle de l’image.

La tradition francophone suit des parcours plus expressifs, des poussées qui tendent à affirmer la subjectivité plus que l’objectivité du processus créatif.

La soudure entre les deux composantes s’opère sur la ligne médiane d’une haute conceptualité qui est indissolublement liée à la production figurative belge. De toutes façons, l’art belge a toujours tenté de représenter, par les moyens relatifs du langage, l’impossibilité de mettre parfaitement en scène, autrement dit de renfermer dans le cadre de l’œuvre, ce sentiment d’absolu ou sens profond de la vie, l’obscure et métaphysique pulsion de l’autre réalité, celle qui est sous la peau des choses et que le regard parvient à percevoir et à restituer.

L’art est précisément le lieu qui fonde, à travers des instruments de duperie et d’illusion (le trompe-l’œil), la vision capable de dévoiler l’impossibilité où se trouve l’homme d’accéder au grand dévoilement du mystère et à la représentation totale de sa relation avec le monde. L’art est fait de nature et d’histoire, de contemplation et de transformation, de sentiment et de raison, d’analyse et de synthèse, de folie et de mesure. Et ainsi il advient que l’art belge tende à suppléer, par la description minutieuse, à l’impossibilité de saisir le sens de l’ensemble et de la complexité. L’imaginaire de l’artiste s’installe à la frontière du regard qui scrute l’intérieur pour ensuite se retourner vers l’extérieur, à la surface de l’image. De Bosch à Bruegel et aux générations suivantes, on assiste à l’effort d’un art qui, pour mieux représenter les fantasmes psychiques, s’arme d’instruments laborieux, typiques d’une culture

qui trouve dans la valeur du travail et de l’observation analytique la capacité de tempérer les terreurs du monde. La peur de l’absolu et la respiration de la nature trouvent leur réalisation figurative dans l’utilisation raisonnable des instruments particuliers du langage. Même quand il semble tenir des propos purement illustratifs, l’art belge, sur son double versant, explore toujours le sol sous-jacent à l’apparence des choses. En somme, soit dans l’emphase analytique et minutieusement descriptive, soit dans la fougue gestuelle du geste et de la matière, il renvoie toujours à un sentiment qui en ceci est vraiment nordique: la conscience que l’art est inadéquat à restituer l’obscur nœud des choses.

L’imaginaire belge se transforme en «inimaginaire» ou «animaginaire» précisément à partir de cette observation. La poussée vers l’absolu détermine inévitablement une honnête frustration qui amène l’artiste à se heurter contre la limite insurmontable du langage (qui par statut ne peut aller outre, ne peut perforer la barrière de l’indicible et due non représentable).

On peut même dire que la représentation, dans son mécanisme illusoire, sert précisément à réaliser le paradoxe de cette vérité qui accompagne le travail artistique.

Au cours du temps évidemment, l’artiste a de plus en plus accepté cette impossibilité philosophique et a assumé la mentalité contemporaine, qui consiste à ne pas adopter le langage comme arme d’une lutte impossible mais plutôt comme dévoilement de ses procédés internes qui conduisent toujours au résultat d’une image à la fois ambiguë et explicite, matérielle et en même temps énonciative du statut même de l’art. Le statut de l’art est de transformer l’imaginaire en son homologue, en un «inimaginaire» qui s’autolimite, qui assume la relativité de l’image comme son champ spécifique. Cette relativité est fomentée par le strabisme anthropologique d’une identité qui résulte de nombreux apports culturels, de ce double versant qui conjugue l’apparente impartialité opticoperceptive flamande et la conceptualité ambiguë et expressive francophone.

James Ensor est l’artiste qui a su mettre en scène la terreur, la peur, selon des cadences figuratives explicites et entrecroisées. Le donné explicite est restitué par un langage qui altère toute symétrie jusqu’à cette exaspération grotesque que connaît la rigueur nordique de l’introspection. L’entrecroisement naît de la représentation simultanée de scènes sociales et intérieures, d’hommes et de fantômes qui habitent la surface de la peinture et du dessin.

Un sens de décomposition traverse chaque vision.

Nature et histoire sont toutes deux contaminées par une force désagrégeante et irisée qui sert d’amalgame à un univers catastrophique, saisi dans son moment de passage de l’intégrité vers l’état d’éboulement de toute unité. Les images sont toujours saturées, il n’y a pas en effet de points morts ni de séparations. Toutes les silhouettes, tous les objets sont unis dans leur bruyante agrégation, par une dynamique de liquéfaction silencieuse.

Des présences menaçantes émergent sur la scène, explicites comme la mort qui plane avec sa faux sûre et tranchante, ou bien ces corbeaux, ces boucs et ces coqs qui président la scène, sentinelles de la vie latérales mais non moins menaçantes.

Quand ce ne sont pas ces silhouettes explicites, ce sont les couteaux, les clous et marteaux, les bouteilles renversées et les couverts de table qui deviennent à leur tour instruments menaçants, cauchemars objectuels qui assument la plasticité d’outils anthropomorphiques, prothèses externes d’un cauchemar intérieur.

La nature en tant que paysage n’est pas moins inquiétante: elle entre dans les maisons avec ses griffes, afin de se souder à la dissolution de la scène. La dérision de Ensor n’épargne ni l’histoire ni la nature. Elle les soude en une vision qui ne croit en aucun rachat, même pas en celui de l’art qui ne peut que prendre les distances et rendre évidente la tragique évidence du monde.

René Magritte représente l’artiste qui a réalisé une sorte de métaphysique analytique, capable de saisir le fonctionnement de duperie inhérent au langage. Chez lui l’art adopte le style cordial du trompe-l’œil pour révéler les mécanismes occultes qui président au rapport de connaissance de choses. Une sorte de féroce didactique illuministe préside à son œuvre qui tend toujours à mettre en évidence le déphasage entre l’image et son référant.

La métaphysique de Magritte est immanentiste, elle est liée directement au donné visuel mais renvoie en même temps à la condition générale de l’art, qui toujours déplace l’image vers un ailleurs. La description minutieuse et cordiale de l’objet ou de la figure représentée accroit l’aura de l’image, en ce sens qu’elle la rend explicite et adaptée au regard, faite de surface et donc vérifiable dans chacun de ses détails. En ce cas, une double culture préside à l’œuvre : la culture flamande, adaptée à la description méticuleuse et objective, et la francophone qui adopte les cadences d’un surréalisme conceptuel. Au fond, toute l’œuvre de Magritte peintre et photographe, affirme une explicite négation, celle de l’image qui, dans son évidence si peu mystérieuse, annonce par contre un mystère, lui aussi évident et laïc. Tout ceci précise l’imaginaire qui accepte de devenir presque stérile, d’annuler son

Catalogue : L’Inimmaginario Belga. Rome. 1987. Edit. Carte segrete –Data arte srl.

potentiel expressif pour parvenir à un maximum de transparence, à des structures langagières faites de cristaux, qui permettent le regard mais empêchent le passage du son, c’est-à-dire du sens.

Marcel Mariën concentre son attention sur l’objet quotidien dont il souligne la capacité de métamorphose et de relation avec les autres objets. Ici l’œuvre révèle une double attitude, liée à la récupération dadaïste du ready-made et à celle de sa réutilisation en un réseau inédit, porteur de dépaysement surréel.

Un sang authentiquement anarchique bat sous le travail de cet artiste irrégulier qui utilise l’art comme arme désacralisante tournée contre l’opacité du public et du corps social tout entier. La limpidité avec laquelle il peint et encadre ses petits objets révèle encore mieux son intention, met à nu son désir de produire un champ d’intensification sensible autour de l’horizon banal des objets.

De cet horizon fait évidemment partie la plupart du public, cette bourgeoisie habituée à suivre des codes de comportement et d’apprentissage préétablis. Si Magritte se limite à souligner les procédés de duperie produits par l’art, Mariën, lui, veut révéler l’impossibilité où se trouve l’œuvre de s’identifier avec l’ensemble du corps social, dans la mesure où elle se construit selon des schémas de libre association et de pure imprévisibilité.

Mariën veut également mettre en évidence l’arbitraire de toute l’auréole autoritaire qui souvent se cache derrière l’art puisque celui-ci, dans ses rituels pervers, tend souvent à imposer des solutions linguistiques de pur arbitre. Néanmoins en ce cas, l’arbitraire de l’art sert une possibilité de révélation de la différence entre le niveau inerte du corps social et la fluidité de la création artistique qui au contraire développe l’attention vers les petites choses, qui les relie et les transforme selon des rapprochements et des glissements du sens.

Marcel Broodthaers a travaillé dans un champ interdisciplinaire, avec des œuvres figuratives, des œuvres poétiques, des installations. Son enquête se déroule toujours dans la transversalité d’images faisant allusion au fonctionnement de l’art dans le contexte petit-bourgeois de la vie provinciale belge. Le court-circuit se produit précisément entre l’évocation d’une atmosphère sociale asphyxiante et l’atmosphère vivifiante et ouverte de l’art qui permet un usage infini de moyens expressifs. Le haut niveau culturel des images sert à souligner la différence par rapport a la réalité du milieu. Ceci comporte une inévitable ironie, une élégance des images qui renvoient au décor codifié de l’art, ou du moins à la vision qu’en a le milieu petit-bourgeois. L’ironie ici sert une prise de distance passionnelle et l’accès à une indifférence larvée du sentiment. C’est un scénario post-moderne, celui de l’installation de l’artiste belge disparu, un scénario qui adopte le style du bricolage pour donner à l’image des contextes bien délimités, bien encadrés.

Même la parole est au service de cet art qui adopte souvent le style de l’élégance pour mieux affirmer l’évidence d’une mentalité dont en même temps l’artiste se moque, celle du rituel de l’art, rituel qui

entraîne l’adoption de formes mortes. Le vide petit-bourgeois belge, dans sa double valeur anthropologique, est ainsi célébré grâce à l’adoption du détail pompeux, des encadrements qui ne découpent, au fond, que le vide.

Broodthaers, dans le montage des détails, confirme ironiquement l’idée que l’art est une scène, un lieu de pure célébration qui fétichise les bords de l’encadrement.

Jef Geys pousse jusqu’à l’extrême conséquence le travail artistique au moyen d’un langage dématérialisé au maximum, simplifié à l’extrême. Il ne veut pas se situer en artiste traditionnel, producteur de complexité et d’originalité, mais plutôt comme agent d’une créativité capable de raccorder art et vie.

Au cours des années, il a assumé différentes positions, mais toutes sont empruntes du refus d’un milieu artistique séparé du reste de la société. Au fond, l’artiste doit toujours prouver son talent pour être considéré tel par la communauté sociale et Geys, en ce sens, refuse de rendre compte. Il crée des œuvres qu’il porte au point maximum de simplicité et de confrontation avec le contexte de l’art. Ce contexte naturellement représente celui de la société et c’est pourquoi, après quelques années de silence, l’artiste est revenu au langage figuratif. Mais toujours pour analyser et découper des situations minimales, appartenant au quotidien de tout le monde, non plus excentrique et original comme le quotidien attribué traditionnellement à l’artiste.

Geys place le regard de l’artiste en perspective, en ce sens qu’il adopte la capacité offerte par la perspective de scruter avec limpidité à travers les strates denses de la réalité. La valeur analytique qui accompagne la culture flamande trouve ici son application, dans le choix des procédés, dans la sélection des langages adoptés, appartenant tous au domaine de l’expérimentation et de la recherche.

Geys en tous cas tend à donner une valeur symbolique à l’œuvre, précisément grâce à sa capacité de condensation et de synthèse. Art et vie sont mis en étroit rapport.

Jacques Charlier met en scène la convention d’absolu qui semble habiter le domaine de l’art, domaine rhétorique où vivent ensemble, dans cette équivoque, l’artiste et le spectateur. Il a l’air poussé par un esprit anarchique et dadaïste qui croit en l’art comme en une arme inadéquate mais néanmoins capable de rendre compte dans ses procédés, des mécanismes qui le sous-tendent.

Un esprit ironique et investigateur soutient cette œuvre qui sait assumer différents travestissements linguistiques, peinture, dessin, bande-dessinée, musique, photographie.

Tous les langages adoptés signalent l’exigence de tempérer la portée poétique du geste artistique, grâce à l’introduction d’une valeur ironique qui renverse en prose la soi-disant poésie.

L’attitude de Charlier tente de saisir moins le geste créatif dans son abstraite force expressive, que le système de relation que l’art établit avec la réalité sociale. En effet, il utilise la photographie et même

la peinture comme documentation et information sur le monde de l’art.

Même lorsqu’il adopte la bande dessinée, on sent qu’il n’est pas tellement fasciné par le grotesque implicite dans son usage, mais plutôt par la possibilité de rendre quotidienne la condition d’artiste. Ceci dénote une position éthique envers l’art qui n’entend pas privilégier l’œuvre comme objet différent, mais bien au contraire souligner son irradiation dans le tissu social. Pour cela, l’artiste belge conserve une optique analytique, tempérée par le sens inné du jeu qui imprègne son œuvre, même sa peinture.

En effet, Charlier présente des œuvres où la peinture offre son statut de spiritualité extrême par le truchement de formes abstraites et matérielles, mais cette peinture est cernée dans des cadres opulents et baroques, de petites silhouettes de gnomes et de fées qui semblent commenter avec ironie le statut trop noble des beaux-arts.

Panamarenko récupère le mythe Renaissance de l’artiste constructeur non seulement de formes mais aussi de machines qui interprètent les lois de la nature. Il est particulièrement fasciné par la loi de gravitation qu’il défie au moyen de formes fantastiques, aéroplanes, dirigeables et autres machines capables de renvoyer à la possibilité de voler.

L’imaginaire de Panamarenko semble habité par un dadaïsme constructiviste qui utilise les matériaux les plus courants pour réaliser des formes aérodynamiques capables de défier la servitude gravitationnelle de la matière. De tout premier intérêt est l’usage qu’il fait de la machine, un usage ludique qui altère les proportions, soude des formes inventées ou provenant par citation d’autres engrenages. Ces machines fantastiques reçoivent une stimulation ultérieure du fait que l’artiste les place en espace clos, réalisant ainsi un court-circuit avec une architecture qui n’est pas à la même échelle que l’objet créé, lui, selon des modules totalement fantastiques. Panamarenko applique toute son éthique de travail en vue de réaliser des produits de grandes et petites dimensions qui tous dérivent d’une capacité de synthèse, typique d’une mentalité apparemment rationnelle.

La pauvreté des matériaux employés indiques l’intention de l’artiste qui veut représenter une idée, même si elle est liée à une réalisation macroscopique: ces machines ne doivent pas voler mais produire une condensation et un déplacement. Dirigeables bien gonflés et avions fantastiques sont le fruit d’une mentalité certainement non métaphorique sur le thème de l’art, mais plutôt concentrée sur la réalisation de formes qui défient l’espace et renvoient à la force de l’art lui-même, puisque celui-ci parvient à construire des mécanismes non fonctionnels mais encombrants, des machines cinétiques au sens étroit où elles mettent en mouvement les sens du spectateur, les niveaux de connaissance à la fois spectaculaire et profonde.

1988

ATELIER

DE PRODUCTION JACQUES LIZÈNE

GUILLAUME BIJL

20/02 >15/03/1988

Lieu : Espace 251 Nord

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Administration : Eveline Massart / Graphiste : Johan Muyle / Régie : Philippe Minon

JACQUES LIZÈNE

LE SAVON DES ARTISTES OU L’HYGIÈNE PUBLIQUE

« Dans la guerre qui oppose le savon à la crasse, n’est-ce pas en définitive la crasse qui fait disparaître le savon? » (D’après Clausewitz.)

Les interventions de Jacques Lizène sont de nature à intimider celui qui veut recourir à leur égard à une parole critique. Pour deux raisons. C’est que d’abord les réalisations de Lizène sont elles-mêmes porteuses d’un discours d’apparence critique. L’artiste n’arrête pas, en effet, de se poser en observateur de son œuvre et de commenter les formes qu’il a produites, que ce soit par le biais des titres de ses compositions (nouvelle abstraction nulle), par des autoréférences historiennes (citant ses propres sources: d’après des dessins minables de 66) ou encore par la multiplication de marques d’appréciation sur ce qu’il a conçu ou réalisé (appréciations toujours paradoxales dans la mesure où pour Jacques Lizène, ça ne commence à être bien que lorsque c’est suffisamment nul). Formulation canonique : « très mauvais, bien! », variante, parmi beaucoup d’autres: « d’un certain inintérêt ... bien! », ou, a contrario: « presque pas assez inintéressant ». Ainsi prend-il lui-même en charge la double énonciation normalement dévolue au critique: celle qui consiste à juger (du point de vue de l’esthétique) pour pouvoir ensuite classer (en historien) et, dans les deux cas, établir une échelle de valeur, somme toute: fixer un prix. C’est la condition même de l’art d’attitude qu’entend

développer Jacques Lizène, artiste de la médiocrité et de la sans importance et petit mettre liégeois de la deuxième moitié du XXe siècle. C’est cette prise en charge qui l’amène à délimiter lui-même la portée de ses interventions dans le champ de l’art (puisqu’il sait, pas bête, que désormais, entre conceptuels, c’est là que ça se passe) ou encore à décrire de sa propre autorité ses positions successives dans les diverses parcelles dudit champ (parcelles du champ puisqu’il passe d’un médium, ou d’un médiocre, à l’autre). Si donc dans sa rapide biographie incomplète il déclare avoir fait réaliser (en 1971) une série de diapositives où le personnage photographié fait une promenade autour du cadre de l’écran, c’est pour aussitôt préciser qu’il s’agit - bien entendu - de réflexions sur les limites du cadre. Quant au cursus de ses prises de position, on peut glaner, dans la même biographie, les assertions suivantes: 1966 : prend position pour l’art sans talent, (1968) : pour l’inefficacité, (1970) : pour la réalité et pour la banalité. Suivront: pour la futilité, pour la lenteur, pour la facétie, etc.

On conçoit ce qu’une telle démarche peut avoir, dans un premier temps de décourageant: que pourrait-on écrire d’autre que ce qu’il a lui-même énoncé?

Dans la rivalité incessante qui oppose les artistes aux critiques (et dont les derniers avatars ont amené les uns et les autres, en pacte de paix provisoire, à coupler leurs rôles respectifs, le critique ou l’opérateur ne s’assignant le statut d’artiste que pour mieux pouvoir, sans perdre la face, reconnaître à l’artiste son opérativité critique), dans ce joyeux combat de coqs, comment celui qui se pro-

Sculpture nulle d’après projet de 1980, Fontaine je ne boirai pas de ton eau. 130x127x60 cm. Divers éléments métalliques, eau, pompe électrique et détergent. 1988
Façade E2N
Premier plan : Sculpture nulle avec fumée, d’après un projet de 1980. Divers éléments métalliques et acrylique. 1988. Coll. province du Hainaut. Expo : au Domaine de Chamarande, Essonne, 2007
Second plan : Fontaine de cheveux. Photo de Pierre Houcmant (1985) rehaussée à l’acrylique par Jacques Lizène en 1988

pose d’énoncer un métadiscours accepterait-il de reconnaître sa défaite en ne trouvant rien d’autre à aligner que des paraphrases de l’œuvre elle-même?

Quand bien même on accepterait de courir ce risque, il faudrait alors affronter le plus redoutable: le rire de Lizène (dont l’approximation dactylographique est du type: ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah!). En plaçant son travail sous le signe du dérisoire, de la médiocrité souriante, de l’absence de talent, il désarme toutes les volontés qu’on pourrait avoir de le prendre au sérieux: pas la peine, les amis, de vous amener avec vos concepts-truelles, le ciment ne prendra pas. Et le mur de brique n’est jamais que de la merde ... (Et voici énoncée la seconde intimidation critique).

Lizène embarrasse, donc. Le prendre au sérieux, avancer la pesanteur d’un discours explicatif, c’est risquer d’affronter le système d’ironie qu’il a élaboré, et de passer pour ridicule

A moins, bien sûr, d’opter pour l’indifférence (c’est trop bête), par le mépris (c’est trop vulgaire) ou par l’indignation (c’est trop négatif). Les raisons de justifier de telles attitudes ne manqueraient pas. Et au moins auraient-elles le mérite de répondre à l’une des données fondamentales de la démarche non-talentueuse: sa violence, développée avec une extrême rigueur.

Jacques Lizène a adopté l’attitude de la transgression. Il se déclare contre la vie, parce que la matière est une erreur. La société exclut-elle par des interdits la frénésie sexuelle et la mort? Lizène va avancer les propositions suivantes: 1965, décide de ne lamais procréer, 1966, propose à l’espèce humaine de s’éteindre à jamais, gentiment en cessant de procréer, 1970, subit volontairement la vasectomie (stérilisation définitive). Il affirme donc effrontément se placer du côté de la mort, de la dépense en pure perte.

On pourrait évidemment montrer qu’il n’y a pas grande audace, dans l’art contemporain, à traiter la question du sexe. Quel moderne, invoquant Sade ou Bataille, n’a-t-il pas eu sa phase de prurit libidinal? Mais Lizène connaît son époque. Et c’est dans l’institution même de l’art qu’il entend porter sa marque négative. Aussi ne va-t-il pas exalter les forces obscures de l’érotisme ou confronter son ego aux fantômes de Thanatos (toujours susceptibles d’intéresser). Au contraire il se contentera de représenter gentiment des scènes de rut et de chasses au sexe où des bonshommes ithyphalliques poursuivent allègrement des cambrures fessières et des poitrines opulentes. Ou bien il soulignera, en Pierrot qu’il aurait aimé plaire ... aux belles jeunes filles.

règles (on n’évite pas l’interdit), mais il n’y apportera rien d’intéressant. De sorte qu’une fois de plus, il sera amené à produire en pure perte, puisque son produit n’a pas la valeur nécessaire pour alimenter l’Economie.

La famille de l’art enjoint à chacun de ses enfants de se singulariser (trouver son style) et à tous de devenir le meilleur (avoir la cote). Situation paradoxale, car si tous ont en commun de vouloir occuper le haut de l’échelle, qu’en advient-il de leur singularité? N’en serait-on pas amené à devoir dire: le style, c’est l’or même. Situation insoutenable pour tout véritable enfant de l’art. Trouver un style sans avoir de cote, ce serait s’exclure de la famille. Avoir la cote, comme tous les autres, ce serait perdre sa singularité. Schizophrénie. En tant qu’artiste, Lizène est celui qui ne peut quitter sa famille et qui ne veut pas perdre la singularité qui l’empêcherait d’y rester. Dès lors, il n’a qu’un choix, s’il veut échapper à la schizophrénie ambiante: dédoubler sa pratique pour se proposer à lui-même une injonction paradoxale qui lui permette d’échapper à la double contrainte familiale.

Se proposer de faire carrière comme artiste de la médiocrité, c’est à la fois reconnaître l’autorité de la famille (il en accepte les règles, puisqu’il se situe par rapport à l’échelle de valeur qu’elle-même a disposée) et conserver sa singularité. Et voici la famille placée à son tour devant une double impossibilité: si elle ne peut pas reconnaître l’enfant, elle ne peut pas non plus ne pas le faire. Eh, eh!

Dans ces représentations, Lizène ne livre pas au public une image de soi, ni ne justifie la forme obtenue par une référence à son imaginaire personnel. Il n’étale pas ses fêlures intimes et ne mime aucune impulsion irrépressible. Non. Ses personnages ou ses objets tendent au purisme du pictogramme, au consensus d’un lexique élémentaire, au détachement d’une signification reconnue par tous. Ainsi Lizène à ce premier niveau d’intervention peut-il opérer en classique, qui se contenterait de faire voir la comédie du monde. Son humeur, il la place au second niveau de sa démarche, celui où il commente sa pratique et où il fait intervenir de nouvelles formes de la transgression. D’une part, ses prises de position contre la vie renvoient toutes les scénographies du coït à l’inanité d’un geste erroné (mais amusant). D’autre part, en soulignant la médiocrité (la banalité, la facilité…) de ses mises en formes, le petit maître se dérobe à la «doxa» qui fonde son évaluation sur le critère de la qualité du travail. Ce n’est pas qu’il refuse le travail et ses

Qui plus est, la singularité même de Lizène l’amène à disqualifier la démarche de tous les autres fils de famille, puisque ceux-ci ne visent banalement qu’à être - tous - le premier. Et voici le fils prodigue réhabilité.

Embêtée, la famille. Ou contente, malgré tout, que le tour de passe-passe communicationnel ait réussi, parce qu’il lui permet, sans perdre la face, de réajuster les règles du jeu, de s’ y trouver plus à l’aise, et d’enfin décrisper son rire?

La médiocrité, pour Lizène, est un style et une position. Il faut aussi considérer que c’est le fondement d’une liberté d’écriture et de communication.

Dans la mesure où l’artiste ne doit pas faire preuve de talent (puisque son art, il l’annonce, en est dépourvu), il peut se permettre, selon ce qui lui convient ou ce qui l’amuse, de passer d’une technique et d’un médium à l’autre: dessins néo-rupestres (minables), peinture (nulle, médiocre ou vraiment médiocre), sculptures

Sculpture nulle d’après projet de 1980, Ronde de pots d’échappements. 1988. Coll.Frac-Nord-Pas-de-Calais
Cette sculpture est inspirée d’un bracelet celte, elle est aussi intitulée Celtamoto par l’artiste.
Fumée et sculpture nulle. Divers éléments métalliques et inscription à la craie. 1988 (Projet 1980)
Projet de sculpture nulle avec fumigène. 142 x 88 cm. Pastel gras sur tôle en fer. 1988 (Projet 1980)
Petite usine, sculpture à roulettes. Acier. 1988 (Projet 1980)

et vidéos (tout aussi nulles), fragments de fresque, séquences-photos, musique (non-séductive), minable music-hall et chansons médiocres…

Lizène n’est pas contraint, comme tant d’autres, de se montrer à la hauteur. Il n’a aucune précellence à justifier, aucune réputation de qualité à préserver. Ce n’est pas à lui de s’embarrasser à souligner une maîtrise quelconque. Aussi n’estil pas obligé de montrer qu’il peut se jouer d’une technique pour pouvoir en jouer - comme on s’amuse.

Plus important, peut-être: sa pragmatique n’a pas besoin d’être légitimée par la performance qu’elle représente (sous entendu: par l’originalité ou l’intensité particulière de l’acte). Puisque le Petit maître n’entre pas en lice, qu’il a marqué définitivement sa place dans l’Histoire de l’Art, il peut se permettre, par exemple, de répéter cette histoire et donc de se proposer très sérieusement de filmer l’arrivée d’un train en gare de La Ciotat ou, plus quelconque encore (mais non plus indifférent), l’arrivée d’un train en gare de La Louvière.

Cette éthique de la médiocrité s’applique également à l’écriture même, qui ne se référera ni dans ses formes ni dans ses substances à une pratique noble. Lizène bricole, chipote, fait des tentatives, Il fait du bruit avec sa bouche pour essayer d’imiter les aboiements des chiens ou les pétarades des motorettes, Ou bien il fait du bruit avec des billes, des milliers de billes étalées au-dessus du grand escalier d’un musée, et qui composent un sol mouvant, des billes multicolores, qui déferlent en cascade, qui dégringolent toutes les marches dans un potin du tonnerre, parasitant les discours officiels, Il communique avec le bruit même, le laissé-pour-compte de l’interaction. Gageons que s’il lui prenait un jour l’envie de composer un médiocre air d’opérette, ce serait à coup sûr La Chevauchée de la Vache-qui-rit (avec Madame-les-mimosas et Don Juan des Olivettes).

Les formes que Lizène déploie tendent à l’ennuyeux, au non-séductif, au cacaphonique, au gribouillage consciencieux, à la facétie. Elles récupèrent la face cachée de la lune

(1) Lizène a présenté en 1973, à la galerie Yellow Now, à Liège, l’enregistrement de 881 tentatives de rire.

(2) Tentative, avec la bouche, d’imitation d’aboiements et de grognements intempestifs. Enregistrement présenté à l’exposition Fluxus, Liège, Musée St-Georges, (3) Musée d’Hasselt, 1987

Arrêt 1977: le mur de merde (Peinture analitique ou Mur des défécations). On a beaucoup vomi la merde, on a beaucoup ri de l’odeur. Il faudrait interroger le mur, l’obstination avec laquelle a été peinte, brique après brique, cette toile de plusieurs mètres.

Lizène présente sa démarche par un discours économiste d’autarcie: être son propre tube de couleur. Manger pour produire de la matière et grâce à elle gagner de l’argent pour pouvoir manger.

Pourtant Lizène se présente contre la vie, parce que la matière est une erreur. Se contredirait-il soudain en accordant l’honneur d’une mise en peinture à ce qui constitue la matière par excellence?

La merde est le luxe de la vie. Elle est, précisément, ce qui lui permet de continuer à être, (Et c’est ce luxe, cette perte d’être assurant à la vie ses possibilités de permanence que Bataille appelle la part maudite). Accepter la perte, c’est consentir à la vie (approuver la vie jusque dans la mort), Interrompre le cycle, récupérer la matière pour peindre son mur, brique après brique, c’est donc faire de l’art avec son refus de la vie. Construire son oeuvre en acceptant de n’être.

Lizène produit ses inscriptions avec ce qui, sans lui, serait perdu, oublié, renié, évacué, rejeté par le Monde et par l’Art. Petit chanteur, Petit bonheur, Vapeurs de bière. Bruits de bistrots, Cirques divers. Petits joujoux du quotidien, Meccanos, Electros. Electrucs pour communiquer. Lizène nous représente le luxe de la vie. Petits bonshommes néo-rupestres. Petites usines, bites et nichons, où le travail part en fumée. Voilà pourquoi, sans doute, il importe, le soir, de bien se brosser les dents.

Jacques LlZENE (1916 Ougrée). Vit et travaille à Liège Carmelo VIRONE (1957 Seraing). Licencié en philologie romane, Collabore à des spectacles de théâtre

Sculpture nulle avec fumée. Divers éléments métalliques et acrylique. 1988 (Projet 1980)

Projet pour Sculpture dangereuse, 6000 billes de verre au sol. A4. Dessin et texte tapuscrit sur une Remington portative. 1970
Sculpture dangereuse, 6000 billes de verre au sol. Dimensions varaibles. Installation in situ. Billes, toboggan et système d’amplification sonore. 1988

1988 BELGICISME OBJET DARD

OFF 43e Biennale de Venise

LA PLACE DES ARTISTES

Commissariat général : Giovanni Carandente

PAVILLON BELGE (dévolu à la Communauté flamande)

Artistes : Guillaume Bijl, Narcisse Tordoir - Commissaire : Jan Hoet 21/06 > 31/07/1988

BELGICISME OBJET DARD

Lieu : Casa Frollo (Venise) – avec l’hospitalité de Marino et Flora Soldan

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Guillaume Bijl / Jan Carlier / Jacques Charlier / Leo Copers / Franky De Coninck / Monika Droste / Eric Duyckaerts / Fred Eerdekens / Michel François / Robert Garcet / Jef Geys / Jean-Marie Gheerardijn / Eli Happart / Ann Veronica Janssens

Babis Kandilaptis / Damien Hustinx / S.B. Hautman / Jacques Lizène / Jacqueline Mesmaecker / Urbain Mulkers / Johan Muyle / Ria Pacquée / Panamarenko / Guy Rombouts / Frank Sweijd / Walter Swennen / Luk Van Soom

Coordination : Laurent Jacob, Johan Muyle / Photos de l’exposition : Caroline Jacob

Belgicisme - Objet dard

(…)

Cette exposition intime, feutrée, non ostentatoire, aux antipodes des surfaces de consommation immédiate proposées par les musées et les pavillons biennaux tout proches, impliquait une perception fondée sur la durée de la connivence. Elle proposait aux clients de l’hôtel ainsi qu’aux écrivains et artistes invités à y séjourner l’amorce d’un dialogue : chacun avait en effet été incité à décrire le rapport qu’il avait vécu avec les œuvres de la Casa Frollo et la mise en scène élaborée par Espace 251 Nord. Les textes et les images créés dans le prolongement de l’exposition ont été collationnés en vue d’une publication.

La manifestation organisée à Venise cette année sera à bien des égards voisine de la précédente et pourtant fondamentalement différente dans son propos. Certes, elle se déroulera de nouveau en parallèle à la Biennale, de manière à pouvoir accueillir les artistes et les critiques séjournant dans la ville à cette occasion. Mais si le cadre et le moment ne changent pas, toute autre sera sa définition. D’une part, les 27 artistes conviés cette fois-ci à exposer à la Casa Frollo sont tous originaires de Belgique. D’autre part, les œuvres ne seront présentées que dans les espaces communs de la maison, sur trois étages et selon trois cercles de monstration, du plus manifeste au plus ténu. Il s’agira donc moins, cette fois, de jouer sur la dialectique du secret et de l’exhibé que d’affirmer une présence, une singularité d’expression, des idiolectes particuliers: ce qu’on appellera ici «belgicismes».

(…)

Laurent Jacob et Carmelo Virone, 1988

Vue de Venise avec à l’avant-plan : Ann Veronica Janssens. Sans titre. Feuilles de verre. 1988

Cassettophone à roulettes. Séquence avec enregistrement sonore diffusant la chanson de Lizène : « Mais qu’y a-t-il sous mes souliers? / Deux lacets lacés ou délacés / Mais qu’y a-t-il sous mes souliers? / Deux semelles caoutchoutées / Et qu’y a-t-il dans mes souliers? / Deux chaussettes et deux pieds / Et qu’y a-t-il au bout de ces deux pieds? / Dix doigts agités, agités / Hop! La la la / Hop! La la la. »; et Sans titre. triptyque photographique et texte de la chanson en anglais. 1971-1974. Edition Yellow Now

Projet de sculpture nulle avec fumigène. 142 x 88 cm. Pastel gras sur tôle en fer. 1988 (Projet 1980)

1988 ETATS LIMITES ARCHIVES DES PASSIONS

01/10 > 31/12/1988

Lieu : Espace 251 Nord

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Guillaume Bijl / Jan Carlier / Jacques Charlier / Leo Copers / Franky De Coninck / Monika Droste / Eric Duyckaerts / Fred Eerdekens / Michel François / Robert Garcet / Jef Geys / Jean-Marie Gheerardijn / Eli Happart / Ann Veronica Janssens

Babis Kandilaptis / Damien Hustinx / S.B. Hautman / Jacques Lizène / Jacqueline Mesmaeker / Urbain Mulkers / Johan Muyle / Ria Pacquée / Panamarenko / Guy Rombouts / Frank Sweijd / Walter Swennen / Luk Van Soom

Photos de l’exposition : Laurent Jacob

Pour la rentrée, Espace 251 Nord avait comme projet de présenter les artistes qui ont exposé en Italie au Musée d’Art Moderne de la Ville de Liège. Or, comme vous le savez, par décision des services de sécurité, le musée doit fermer ses portes pour une durée indéterminée. Nous avons décidé, en conséquence, de réaliser cette exposition en nos locaux.

Voulant recréer l’ambiance intimiste et feutrée de la Casa Frollo et intégrer le thème particulier de « Borderline » (qui désigne en psychologie des situations pathologiques limites, difficiles à classer dans les catégories traditionnelles), c’est donc bien de création hors des sentiers battus qu’il s’agira pour cette exposition.

Extrait du communiqué de presse Etats limites, archives des passions, 1988

Affiche A2

Cassettophone à roulettes. Séquence avec enregistrement sonore diffusant la chanson de Lizène : « Mais qu’y a-t-il sous mes souliers? /

Deux lacets lacés ou délacés / Mais qu’y a-t-il sous mes souliers? /

Deux semelles caoutchoutées /

Et qu’y a-t-il dans mes souliers? /

Deux chaussettes et deux pieds / Et qu’y a-t-il au bout de ces deux pieds? /

Dix doigts agités, agités / Hop! La la la / Hop! La la la. »; et Sans titre. Triptyque photographique et texte de la chanson en anglais. 1971 - 1974. Edition Yellow Now

1990 ATELIER DE PRODUCTION POUR L’EXPOSITION CARAVANE DES CARAVANES

Lieu de production : Espace 251 Nord

Villes parcourues (1990) : Dunkerque, Mers-les-Bains, Dieppe, Honfleur, Saint-Malo, Les Sables-d’Olonne, Saint-Pierre-d’Oléron, La teste, Caussade, Montpellier, Avignon, Vitrolles, Vendres

Commissaires : Pierre-Jean Galdin et Jean-Marc Ferrari sur une idée de Ben Vautier

Chargée de projet : Anne-Aimée Guiot

Espace 251 Nord accueille un atelier de production pour la caravane de Jacques Lizène. Elle sera présentée avec celles d’Olivier Mosset, Jean-Luc Parent, Présence Panchounette, Daniel Spoeri, Ben Vautier, etc.

Caravane en cours d’achèvement

Modèle réduit et sculpture en forme de caravane Jacques Lizène, son assistant Philippe Minon et son épouse

1993 JACQUES LIZÈNE, ARTISTE DE LA MÉDIOCRITÉ

23/04 > 22/05/1993

Lieu : Espace 251 Nord

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

« ( ... ) Puis j’ai vu une cassette de Jacques Lizène. La misère sexuelle le hante. Son sexe dépassait d’un trou aménagé dans une plaque de contre-plaqué; il était enserré dans un nœud coulant par une ficelle servant à l’actionner. Il l’agitait longuement, par secousses, comme une marionnette molle. J’étais très mal à l’aise. Cette ambiance de décomposition, de foirage triste qui accompagne l’art contemporain finit par vous prendre à la gorge; on peut regretter Joseph Beuys et ses propositions empreintes de générosité. Il n’empêche que le témoignage porté sur l’époque est d’une précision éprouvante. Toute la soirée j’y ai pensé, sans pouvoir échapper à ce constat: l’art contemporain me déprime; mais je me rends compte qu’il représente, et de loin, le meilleur commentaire récent sur l’état des choses.( ... ) »

Michel HOUELLEBECQ, écrivain, Les lnrockuptibles, in La Lettre du réseau, n• 0, Avignon, 1996

marionnette. 5 min. 07. Vidéo couleur, son, Hi8 transféré sur DVD. 1993 (Projet 1977). Production : E2N

Sexe
Edition de 300 affiches A0 de l’exposition. Sérigraphie sur des affiches publicitaires.
Carton d’invitation A6

1993 LE JARDIN DE LA VIERGE

11/09 > 17/10/1993

Lieu : anciens établissements Old England (Bruxelles)

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Carl Andre / Marc Angeli / Giovani Anselmo / Lothar Baumgarten / Joseph Beuys

Waldo Bien / Maurice Blaussyld / Karl Blossfeldt / Alighiero e Boetti / Michel Boulanger / Stanley Brouwn / Günter Brus / Chris Burden / Balthasar Burkhard / Andre Cadere / Pier Paolo Calzolari / Marcel Duchamp / Eric Duyckaerts / Barry Flanagan / Michel François / Hamish Fulton / Anya Gallaccio / Gérard Gasiorowski / Jean-Marie Gheerardijn / Alberto Giacometti / Gilbert & George / Rebecca Horn / Ann Veronica Janssens / Babis Kandilaptis / Anish Kapoor / On Kawara / Yves Klein / Pierre Klossowski / Jannis Kounellis / Wolfgang Laib / Wilhelm Lehmbruck / Eugène Leroy / Jacques Lizène / Bernd Lohaus / Richard Long / Piero Manzoni John Mc Cracken / Mario Merz / Jacqueline Mesmaeker / Henri Michaux / Pieter Laurens Mol / Jorge Molder / Johan Muyle / Bruce Nauman / Luigi Ontani / Baudouin Oosterlynck / Roman Opalka / Blinky Palermo / Panamarenko / Pino Pascali / Giuseppe Penone / Maurice Pirenne / Man Ray / Jean-Pierre Raynaud / Auguste Rodin / Alexander Rodtchenko / Félicien Rops / Ulrich Rückriem / Robert Ryman / August Sander / Richard Serra / Andres Serrano / Harry Shunk / Rudolf Steiner / Robert Therrien / Marc Trivier / James Turrell / Günter Umberg / Dan Van Severen / Bram Van Velde / Gilberto Zorio

Assistant : Philippe Braem / Administration : Marie-Christine Delrée, Caroline Jacob / Responsable aménagement et sécurité : Christine Tossens / Régie générale : Didier Demorcy / Montage : Eric Angenot, Marcel Berlanger, Eric Delmotte / Librairie : Bernard Marcelis / Photos de l’exposition : Manfred Jade Remerciements particuliers à Jacques Godefroid, Christine Duchiron-Brachot

Les anciens établissements Old England, aujourd’hui Musée des instruments de musique

(…)

De sorte que l’un des événements auquel concourt cette introspection en ce Jardin de la Vierge, réside dans l’affirmation, en art aussi, d’une perspective historique permanente et d’ailleurs intarissable, chaque fois réexplorée - et dès lors réformée - par l’intrusion régulière de regards quémandeurs, interrogatifs.

(…)

Aller, d’une part, de l’Eugène Leroy des pâtes vives au Jean-Pierre Raynaud minimaliste de l’abbaye de Noirlac. Ou du Jacques Lizène de la réfutation iconoclaste au Van Severen de la réflexion illuminatrice. Ou, trajet plus subtil encore, aller comme en rond dans le fond du temps lui-même, de Roman Opalka à On Kawara, calculateurs divergents mais plus manifestes que tout autre du passage du temps, justement.

Jacques Meuris, extrait du journal de l’exposition, 1993

Carton d’invitation A6

Au centre : Peinture à la matière fécale, mur des défécations. 600 x 210 cm. Matière fécale sur toile de coton. 1977

A gauche : Peinture nulle remake 1993. Vasectomie youppie. Art d’attitude 1965. Subir volontairement la stérilisation par vasectomie, sculpture interne 1970. Acrylique sur panneau. 1993

A droite : Sexe marionnette. 5 min. 07. Vidéo couleur, son, V8 transféré sur DVD. 1993. Production : E2N

A gauche : Gilbert & George. Bent shit cunt. 241 x 201 cm. Techniques mixtes. 1977

1993/94

LA TENTATION DE L’IMAGE

01/12/1993 > 28/02/1994

Lieu : Fundaçao Calouste Gulbenkian - Centro de Arte Moderna José de Azeredo Perdigao (Lisbonne)

Commissaires : Laurent Jacob, Suzette Henrion, José Sommer Ribeirio

Exposition collective avec : Patrick Corillon / Michel François / Ann Veronica Janssens / Babis Kandilaptis / Jacques Lizène / Johan Muyle

Photos de l’exposition : Fundaçao Calouste Gulbenkian

Catalogue : La Tentation de l’image. 1993. Edit. Centro de Arte Moderna José de Azeredo Perdigao (Lisbonne).

124 pages - 24 x 28 cm

En haut : couverture du catalogue de l’exposition reproduisant l’œuvre La tentation de saint Antoine, Jérôme Bosch, Musée

National d’art ancien, Lisbonne

En bas : sommaire du catalogue

Sexe Marionnette. Marqueur, bic sur carton. 1977. Cette pièce a inspiré les dessins réalisés à Lisbonne en 1993.
La Fundaçao Calouste Gulbenkian

(Projet 1977). Un faux a été ajouté par un anonyme lors de l’exposition.

Sexe marionnette. 50 x 70,5 cm. Douze dessins médiocres sur papier au feutre noir et crayon. 1993
Sexe marionnette. Dimensions variables. 5 min. 07. Vidéo couleur, son, Hi8 transféré sur DVD et installation avec chapeaux de la collection de Véronique Marit. 1993

1995

LES YEUX D’UN MONDE

Situations & perspectives d’œuvres, projets & jeux d’artistes

29/09 > 21/12/1995

Lieu : Espace 251 Nord

Production : Espace 251 Nord Exposition collective avec Francis Alÿs / Marc Angeli / Eric Angenot / Marcel Berlanger / Joseph Beuys Marcel Boulanger / Jean-Paul Brohez / Jan Carlier / Jacques Charlier / Ferdinand Chevalier / Brigitte Closset / Leo Copers / François Curlet / Monsieur Delmotte / Eric Duyckaerts / Fred Eerdekens / David Evrard / Vincent Fournier / Pierre-Etienne Fourré / Michel François / Robert Garcet / Jef Geys / Jean-Marie Gheerardijn / Alberto Giacometti / Maria Gilissen / Marcel Hubert / Babis Kandilaptis / Nicolas Kozakis / Bertrand Lavier / Jacques Lizène / Bernd Lohaus / Aniceto Exposito Lopez / Jacqueline Mesmaecker / Johan Muyle / Luigi Ontani / Régis Pinault / Maurice Pirenne / Jean-Pierre Ransonnet / Guy Rombouts / Pascale Rouffart / Jules Schmalzigaug / Frédéric Tolmatcheff /Marc Trivier / Gunter Umberg / Angel Vergara

Invitation format A5

1996 ART ET NATURE ELEMENT FEU

25/05 > 22/06/1996

Lieu : Espace 251 Nord

Production : Centre culturel Les Chiroux (Liège)

Coordination : Eveline Massart

Exposition collective avec : Waldo Bien / Benoît Christiaens / François Curlet / Edith Dekyndt / Monsieur Delmotte /Pierre-Etienne Fourré / Robert Garcet / Jean-Marie Gheerardijn / Jean Glibert / Babis Kandilaptis / Nicolas Kozakis / Jacques Lizène / Benoit Roussel

Performance : Alain De Clerck

Photos de l’exposition : Alain Janssens

Les innombrables rites de purification par le feu, généralement rites de passage, sont caractéristiques de cultures agraires. Ils symbolisent les incendies des champs qui ramèneront le vert de la nature vivante.

L’homme a initialement obtenu le feu par percussion ou par frottement. C’est l’étape la plus importante de son intellectualisation qui l’éloigna le plus de la condition animale.

Comme le soleil par ses rayons, le feu par ses flammes symbolise l’action fécondante, purificatrice et illuminatrice. Mais il comporte aussi un aspect négatif : il obscurcit et étouffe par sa fumée; il brûle, dévore, détruit : le feu des passions, du châtiment, de la guerre.

Art & Nature, élément feu, 1996 (extrait)

Ronde de pots d’échappements. 1988. Sculpture nulle d’après projet de 1980 Collection Frac Nord-Pas-de-Calais. Cette sculpture est inspirée d’un bracelet celte, elle est aussi intitulée Celtamoto par l’artiste Arrière plan : P.E. FOUR et Babis Kandilaptis. Sans titre. Installation. 1996. Réalisée à partir des affiches d’Olivero Toscani dans le cadre de ses campagnes de publicité pour Benetton

Carton d’invitation A6 pour un événement le 21 juin dans le cadre de l’exposition. Laurent Jacob et Jean Glibert. Inventaire d’intervention n°42. Photo : Pierre Houcmant

1997 JACQUES LIZÈNE Scupltures génétiques et fun fichier

01/11 > 01/12/1997

Lieu : La Boutique (Liège)

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Administration : Marie-Christine Delrée

Médiation : Bérénice Gillot

Photos de l’exposition : Caroline Jacob

Avec le soutien de Georges Uhoda

Recto de l’affiche reproduisant : Sculpture génétique (1971), en remake 1997, Petit maître à la fontaine de cheveux croisé avec l’artiste Harold Barreiro (U.S.)

( ... ) Lizène doit être très ambitieux, car seule une énorme ambition pourrait s’intéresser à vouloir être un «minable». BEN, in catalogue Atelier 340, 1990

Sculptures génétiques, Action de rue. 24 min.49. Vidéo couleur, son transféré sur DVD. 1997. Production RTBF
Verso de l’affiche
Sculptures génétiques. Dimensions variables. Installation, collage photographique. 1997 (Projet 1971 - 1993)
Musique doublement à l’envers. 7 min. 32. Vidéo couleur, son, DV transféré sur DVD. 1997. Pianiste : Jacques Swyngedouw. Réalisation : Laurent Jacob et Alain Daniel. Enregistré au Musée d’Art Moderne de Liège. Production : E2N
Musique pour instrument retourné. Extrait de l’affiche-dépliant de l’exposition. 1979 - 1996
Courrier de Jacques Lizène avec ses indications pour sa performance Musique à l’envers et Musique doublement à l’envers réalisée au Musée d’Art Moderne de Liège en 1997

Réécrire à l’envers tout Chopin, Mozart, Satie et les autres. 1979, remake 1996, Musique doublement à l’envers : « faire interpréter à l’envers une partition réécrite elle aussi à l’envers ». Dessins et squelette en carton

1997/98

ECOLES LIÉGEOISES ET SPÉCIALITÉS BELGES

16/12/1997 > 28/02/1998

Lieu : La Boutique (Liège)

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Francis Alÿs / Marc Angeli / Harold Barreiro / Michel Boulanger / Charles Bresmal / Brigitte Closset

Jeanne Cunill / Monsieur Delmotte / Daniel Fourneau / Michel François Robert Garcet / Jean-Marie Gheerardijn / Maria Gilissen / Pierre Houcmant / Marcel Hubert / Damien Hustinx / Alain Janssens / Babis Kandilaptis / Jacques Lizène / Aniceto Lopez / Paul Mahoux François Medard Kees Nieuwenhuis / Maurice Pirenne / Pascale Rouffart / Benoit Roussel / Jean-Michel Sarlet / Georges Thiry / Marc Trivier Luc Vaiser

Administration : Marie-Christine Delrée, Caroline Jacob

Médiation : Bérénice Gillot

Avec le soutien de Georges Uhoda

Carton d’invitation 21 x 9,5 cm

Cette proposition prend comme point de départ un habitus, un ancrage de l’expérimentation d’Espace 251 depuis 1984. En effet dès la constitution du centre d’art un appel à des artistes aînés tels Jacques Charlier ou Jacques Lizène a donné le ton d’une orientation conjuguée et tournée vers la création la plus émergente. Des relations durables ont commencé.

Les liens d’après 68 et 73 tant avec les militants de gauche et d’extrême gauche effondrés et recyclés dans le milieu culturel, médiatique et universitaire et la fréquentation de cercles ou de lieux de sorties nocturnes comme le cabaret

Cirque divers, ou le Lion sans voiles ont dressé une cartographie de projets bien différentes de celle de l’institution. Une activité jour et nuit faite de transferts et d’expérience où se sont mêlés performance, théâtre, cinéma, écriture…

D’autres démarches étoilées, sans attaches politiques, ont par ailleurs développé un vocabulaire et des œuvres singulières souvent réduites à des publics amis. L’absence de marché et de politiques culturelles visionnaires avait laissé nombre d’entre eux dans l’ombre, cette exposition s’attache à les mettre en lumière. Quelques notes autour de l’Ecole liégeoise.

Fin du millénaire, jeux de mots par Lizène le facétieux sur le nom de l’antiquaire, ex-occupant des lieux.

Laurent Jacob et Jacques Lizène à L’ombre de la cathédrale
Peinture nulle, hommage à mon grand-père. Installation, petit violon à l’envers, sur petite roue, acrylique, crayon, objets divers. 1996 (Projet 1966)

1999 EN ATTENDANT L’ANNÉE DERNIÈRE

48e Biennale de Venise APERTO par TOUT - Commissariat général : Harald Szeeman

Pavillon national : Horror Vacui – Commissariat Laurent Jacob - Commissaire associé : Charles-Olivier Gohy

Artistes Michel François et Ann Veronica Janssens

OFF Biennale de Venise, journées professionnelles

En attendant l’année dernière

09 > 12/06/1999

Lieu : Venise

Production : Espace 251 Nord – Communauté française de Belgique

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Francis Alÿs / Michel Antaki / François Curlet / Michael Dans / Alain De Clerck / Laone Dos Santos Lopez / Honoré d’O / Charles François / P.E. Four / Michel François / Ann Veronica Janssens / Jacques Lizène / Emilio Lopez-Menchero / Erwan Maheo / NordProject & Cie / Benoît Platéus / Skart

Assistant : Charles-Olivier Gohy / Communication : Benoît Califice / Traduction : Giovanna Massoni / Texte : Lise Coirier

Remerciements : Fonds Mercator (Editeur), Banque Artesia

Outre Ann Veronica Janssens et Michel François, deux plasticiens confirmés, Laurent Jacob a souhaité la présence de créateurs de la Communauté française qui interviendront dans la ville. Ils mèneront performances et happenings sur le thème de la déambulation… une invitation à la promenade dans Venise. Il s’agit de plasticiens : Francis Alÿs en collaboration avec Honoré D’O, François Curlet, Michael Dans, Laone Dos Santos Lopes, P.E. Four, Jacques Lizène (exception qui confirme la règle, l’artiste n’est plus un débutant) et Benoit Platéus.

Présentation du projet, 1999

Affiche/dépliant A2 recto/verso

Jacques Lizène devant le pavillon belge dans les Giardini. Lizène commence l’art déambulatoire en 1964. Pour les journées professionnelles de la Biennale, il arpente durant 3 jours les Giardini et Venise muni de 2 sculptures génétiques Szeemann croisé Lizène, remake 1999

(moderato) A. and B. arrive at opposite ends of Venezia. A. is carrying the upper part of a tuba helicon, B. is carrying the lower part.

(andante) A. and B. wander throught the city looking for each other.

(crescendo) Upon meeting, A. will help B. to re-assemble the tuba.

(vibrato) With one breath B. will play a note for as long as he can. A. will clap for as long as he can hold his breath

Duett. Francis Alÿs en collaboration avec Honoré d’O. 1999
Lizène avec P.E Four devant le pavillon italien dans les Giardini

2000 PIÈCES À CONVICTION

07/04 > 15/05/2000

Lieu : Espace 251 Nord

Lieu : ART Brussels (Bruxelles) – promotion de l’exposition

Production : Espace 251 Nord

Exposition collective avec : Francis Alÿs / Isabelle Arthuis / François Curlet / Michael Dans / PE Four / Michel François

Jean-Marie Gheerardijn / Patrick Guns / Ann Veronica Janssens / Jacques Lizène / Bernd Lohaus / Laone Lopes / Erwan Maheo / Jacqueline Mesmaeker / Johan Muyle / Benoit Platéus / Franck Scurti / Jacques Charlier / Guillaume Bijl

Des formes d’art interpellantes

A l’occasion de sa quatrième participation à la foire d’Art contemporain de Bruxelles, l’Espace 251 Nord, situé rue Vivegnis à Liège, organise une exposition portant une attention toute particulière à la jeune création. Depuis sa fondation en 1984 par Laurent Jacob - artiste qui décida alors de passer «de l’autre côté», ce centre d’art contemporain indépendant assure un rôle de médiateur entre les artistes, le milieu marchand et l’espace public, et permet ainsi aux amateurs de découvrir des œuvres parfois pour le moins surprenantes.

L’exposition Pièces à conviction accueille les amateurs ou les curieux intrigués par la création artistique de notre temps, dans le beau cadre de l’Espace 251 Nord, jusqu’au 15 mai.

Le public pourra découvrir des artistes souvent plein d’humour ou d’auto-dérision qui abordent le phénomène artistique avec beaucoup de personnalité. Ainsi, le Liégeois Jean-Marie Gheerardijn - qui se surnomme le «dictateur artistique» fasciné par les mouches, présente ses œuvres centrées sur l’insecte; Johan Muyle - qui exposa en septembre dernier sous la place Saint-Lambert - a mis en place ses personnage gigantesques animés et très colorés; Jacques Lizène expose ses Sculptures génétiques; Benoit Plateus exploite les phénomènes de lumière fugitifs et Patrick Guns utilise les trois dimensions pour habiter l’espace. Chacun des artistes sélectionnés révèle ses obsessions, ses interrogations ou ses revendications sous des formes souvent très originales et «interpellantes». Stéphanie Koch in La Libre Belgique, 20 avril 2000

A l’occasion de sa quatrième participation la foire d’Art contemporain de Bruxelles, l’Espace 251 Nord a édité Pièces à convictions, un journal gratuit de 24 pages (format 30 x 40, 7000 exemplaires) qui décline, dans l’esprit d’Images d’expositions, le stand de l’Espace 251 Nord, remarqué il y a 2 ans par ses spécificités et souhaits de travail.

Pour sa première intervention à Art Brussels, soucieuse de valoriser la participation belge à la 48e Biennale de Venise, la Communauté française présente Vaporetto (stand M7), un film de Isabelle Arthuis et de Erwan Maheo. Vaporetto porte un regard sur le Pavillon belge et les travaux de Ann Veronica Janssens et de Michel François, sous le commissariat assuré par Laurent Jacob, ainsi que sur l’ensemble des manifestations OFF de la Communauté française, regroupées sous le titre de En attendant l’année dernière

Extrait du communiqué de presse

Couverture et page extrait du journal de l’exposition
Sculpture génétique, 1971 remake 1993, comme art d’attitude 1966, Lizène avec les yeux de Harald Szeemann
A4. Collage photo, intervention au bic, carte postale de Harald Szeemann à Lizène. 1998

2000 MÉTAMORPHOSES

16 > 17/09/2000

Lieu : Atelier de moulages – Musée royaux d’Art et d’Histoire (Bruxelles)

Production : Bruxelles 2000 (Ville européenne de la culture)

Coordination : Fabienne Verstraeten

Programmation arts plastiques : Laurent Jacob

Réalisation : Espace 251 Nord

Assistants : Cécilia Bezzan, Charles-Olivier Gohy / Relations publiques : Laone Lopes

Photos de l’exposition : Laurent Jacob / Photo de l’affiche : Michel François (modèle

Laone Dos Santos Lopez)

Tout être est génétiquement défini par une formule de base A.G.C.T. Un homme sera différencié de son semblable par le principe d’association libre des bases puriques que sont l’adénine et la guanine et des bases pyrimidiques que sont la cytosine et la thymine. La répartition est aléatoire, c’est ce qui crée la variété humaine.

Face à l’ampleur d’un tel phénomène microcosmique et contingent, Jacques Lizène, le petit maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle, exprime à la fois un émerveillement teinté de désarroi et un sentiment de résignation : le monde est une immense histoire génétique, nous dit-il.

Un projet de recensement du plus grand nombre de visages humains est entrepris avec L’Action polaroïde, en 1971. L’artiste fait réaliser, à l’aide d’un Polaroïd, le plus grand nombre possible de photographies de visages, toutes races confondues. Vingt ans plus tard, Lizène reprend, de manière personnelle, le principe fondamental du processus biologique et l’applique aux nouveaux visages photographiées. Avec le Fun Fichier (1993), l’artiste décide de découper les visages en trois zones, des yeux au menton, puis de les échanger entre-elles : il en résulte alors des centaines de nouveaux faciès !

Faut-il aussi savoir que le petit maître s’ingénie au ratage, à la médiocrité en art, deux concepts mis au point, dès 1965, pour mieux contrarier les valeurs artistiques dominantes et lutter contre l’idée de jugement.

Aujourd’hui, à l’Atelier de moulages, il sera loisible d’admirer la variation « génétique culturelle ratée » produite à partir de moulages de statuaire antique, renaissante et classique agrémentée de masques africains.

Cécilia Bezzan, 2000

Affiche de l’événement qui se déroule au sein d’une douzaine de lieux bruxellois emblématiques dont le Musée des instruments de musique, la Bourse de Bruxelles, les Archives de la Ville de Bruxelles, Tour et Taxis, les Musées royaux des Beaux-Arts, la Bibliothèque Royale Albert Ier , l’IRPA, la Banque Bruxelles-Lambert, le siège social de la banque BACOB, les tours Belgacom, le Parlement bruxellois, l’Atomium, etc.

Les pièces de Jacques Lizène sont quant à elles réalisées et présentées à l’Atelier de moulages des Musées royaux d’Art et d’Histoire du Cinquantenaire. Cette installation marque le début du projet des Sculptures génétiques culturelles

Vues de l’exposition dans le showroom de l’atelier de moulages avec les interventions de Lizène, Sculptures génétiques culturelles. Fragments de moulages en plâtre associés à des copies de statuaire africaine chinées aux puces et interventions au papier. 2000 (Projet 1964-1971-1984)

Vue de la réserve des plâtres de l’atelier de moulages et installation de Sculptures génétiques culturelles (1964-1971-1984) remake 2000. Au centre : téléviseur diffusant la vidéo Sculpture génétique A.G.C.T.. 1997

2001

LA TRAHISON DES IMAGES 49e Biennale de Venise a-latere

2001 – 49e Biennale de Venise

Platea dell’umanità / Plateau of humankind / Plateau de l’humanité / Plateau der menschheit

Commissaire général : Harald Szeeman

Pavillon belge (dévolu à la Communauté flamande).

Artistes : Luc Tuymans.

Commissaire : Jan Hoet

La trahison des images

07/06 > 09/09/2001

Lieu : Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti, Palazzo Franchetti (Venise)

Production : Communauté française de Belgique - M. Richard Miller, Ministre des Arts, des Lettres et de l’Audiovisuel - Henry Ingberg, Secrétaire général

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Marcel Berlanger / François Curlet / Edith Dekyndt / Eric Duyckaerts

Jean-Pierre Khazem / Patrick Everaert / Jean-Marie Gheerardijn / Michel François / Patrick Guns / Johan Muyle / Benoit Platéus / Michael Dans / Jacques Lizène / Benoit Roussel

Commissaire adjointe : Cécilia Bezzan / Régie générale : Charles-Olivier Gohy

Communication : Tamara Andruszkiewicz / Maintenance : Philippe Zimmerman

Photo de l’exposition : Serge Rovenne

Remerciements particuliers à Sandro Franchini

Publication : L’Art Même, chronique des Arts Plastiques de la Communauté française : Biennale de Venise, hors série n° 12, Bruxelles, 2001. Auteurs : Cécilia Bezzan, Denis Gielen, Bernard Marcelis, Pierre-Olivier Rollin, Christine Jamart

de dressage d’une caméra, Tentative d’échapper à la surveillance

La sélection s’est opérée autour du paradigme de la Trahison des images, titre officiel du célébrissime tableau de Magritte Ceci n’est pas une pipe

Aujourd’hui, les éléments de ruptures et de provocations se donnent dans une visibilité plus nuancée. Les démarches de Eric Duyckaerts, Michel François, Jacques Lizène, Laone Lopes, … ne peuvent se réduire au masque prétendument cocasse, ils ne se résument pas à la parodie.

Leurs personnalités déconcertent quant à leur propension à produire un discours à chaque fois pertinent.

Leurs démarches fuient la définition et l’étiquetage. Elles dérangent parce hésitantes, assises entre deux chaises, elles participent plutôt de l’inachèvement que du résultat. Subreptices, elles ne fondent pas de principes de reconnaissance, mais se donnent à voir en tout temps, en chaque lieu, parce qu’elles sont le miroir de la vie.

Plusieurs facettes sous-tendent le concept, dont les suivantes sont les plus fédératrices :

- Dandysme et stratégies subversives :

Le burlesque : au delà d’un égocentrisme transfiguré

- Mise en déroute et attitudes labiles

- Les errances visuelles :

Nomadisme et dérives migratoires

La trahison des images : concept, 2001

Tentative
d’une caméra. 2 min. Vidéo, noir & blanc, son. Portapack sony transféré sur DVD. 2001. Editions Yellow
Affiche A1. Contrefaçons de sacs à main vendus sur le pont de l’Académie (ph. Laurent Jacob. 2000)
Carton d’invitation 21 x 9,5 cm
Le Palazzo Franchetti. Dans le jardin : François Curlet. Homless is more. 1991. Sur la façade : Johan Muyle. Portraits d’artistes, ici : Jacques Lizène. 2001
Sculptures génétiques culturelles en remake d’installation. 2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984). A l’arrière-plan : Tentative d’échapper à la surveillance d’une caméra. Vidéo. 1971

2001

ICI & MAINTENANT / HIER & NU BELGIAN SYSTEM

16/09 > 28/10/2001

OFF présidence belge de l’Union Européenne

Lieu : Tour & Taxis (Bruxelles)

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Jacques André / Marc Angeli / Eric Angenot / Isabelle Arthuis / Olivier Barrea / Laurent Baudoux / Marcel Berlanger / Daphna Blancherie / Fred Biesmans / Guillaume Bijl / Alain Bornain / Dirk Braeckman / Ricardo Brey / Guy Cardoso / Jan Carlier / Frank Castelyns / Wim Catrysse / Jacques Charlier / Jeanine Cohen / Leo Copers / Laura Couderc / Michel Couturier / Ronald Dagonnier / Michael Dans / Francky Deconinck / Goele De Bruyn / Didier Decoux / Jan De Cock / Philippe Degobert / Edith Dekyndt / Jean Delouvroy / Daniel Deltour / Simona Denicolai & Ivo Provoost / Jean-Paul Deridder / Johan Deschuymer / Peter Downsbrough / Lise Duclaux / Eric Duyckaerts / Fred Eerdekens / Lionel Estève / Patrick Everaert / David Evrard / Sylvie Eyberg / Jean-Pascal Flavien / Olivier Foulon / P.E. Four Filip Francis / Michel François / Frédéric Gaillard / Dora Garcià / Alain Géronnez / Jean-Marie Gheerardijn / Stéphane Gilot / Guy Giraud / Jean Glibert / Geert Goiris / Olivier Grossetête / Patrick Guns / Ronny Heiremans / Christian Israel / Henri Jacobs / Manfred Jade / Ann Veronica Janssens / Lucas Jodogne / Marin Kasimir / Steve Kaspar / Jozef Legrand / Michel Leonardi / Stefan Liberski / Jacques Lizène / Bernd Lohaus / Emilio Lopez-Menchero / Toma Muteba Luntumbue Sylvie Macias-Diaz / Gyuri Macsai / Annemie Maes / Erwan Maheo / Valérie Mannaerts / Guy Mees / Vincent Meessen Nathalie Mertens / Jacqueline Mesmaeker / Dirk Meylaerts / Carlo Mistiaen / Jean-Luc Moerman & Wim Van Den Bogaert / Michel Mouffe / Johan Muyle / Xavier Noiret-Thomé / Annick Nolle & Neven / NordProject & Co / Els Opsomer Ria Pacquée / Charlemagne Palestine / Panamarenko / Joaquim Pereira Eires / Pol Piérart / Régis Pinault / Benoit Platéus / Klaus Pobitzer / Claudia Radulescu / Perry Roberts / Gwendoline Robin / Guy Rombouts / Kurt Ryslavy / Olivier Stévenart / Jean Stijl / Walter Swennen / Pierre Tatu / Pascale Marthine Tayou / Christophe Terlinden / Christophe Touzot Frank Theys / Koen Theys / Dominique Thirion / Tilman / Marc Trivier / Ulises Urra Hernandez / Philippe Van Damme / Dimitri Vangrunderbeek / Lukas Vandenabeele / Richard Venlet / Danny Venlet / Katleen Vermeir / Piki Verschueren / Koen Wastijn / Sophie Whettnall / Erich Weiss / Marthe Wéry / Thierry Zéno

Assistant : Charles-Olivier Gohy / Communication : Benoît Califice, Fabienne Verstraeten, Corinne Bertrand, Philippe Braem, Sonia Dermience / Administration : Caroline Jacob, Marie-Christine Delrée / Production artistique : Erwin de Meuer, Isabelle Vander Donckt / Régie générale : François Jooris / Photos de l’exposition : Serge Rovenne et Philippe Degobert

Remerciements particuliers à Leasinvest (Philippe Ponlot), Robelco

Après 12 années d’inactivité, l’ancien Entrepôt royal des Douanes connaîtra un nouvel essor, d’envergure européenne, à l’occasion de l’événement 100 Ateliers – 100 Jours et d’une exposition d’art contemporain. Cette mutation - cette transition - replacera l’édifice au cœur d’un dispositif international à vocation artistique et culturelle.

Pour ce faire, Espace 251 Nord s’ancre dans une pratique public-privé. Un large partenariat institutionnel et privé - tissu associatif, galeries et sponsors - sous-tend le projet, amplifiant la spécificité de la démarche.

Le site de Tour et Taxis, d’une valeur historique, architecturale et industrielle remarquable fera ensuite l’objet d’une importante réaffectation avec le projet porté par N.V. Leasinvest S.A.

Ici et Maintenant - 100 Ateliers – 100 Jours

Un événement en deux temps, été - automne, propose la cohabitation entre arts plastiques, musique et création multimédia, mais aussi concerts, projec-

tions, DJparty, VJ et happenings, visant l’hétérogénéïté des publics.

Eté - Work in progress et Workshops

Orienté sur la jeune création, et résolument transdisciplinaire, 100 Ateliers – 100 Jours agit dans le décloisonnement des pratiques. Ce dispositif de Work in progress et Workshops se fonde sur la production de nouvelles pièces in situ.

Automne - Exposition d’art contemporain

En septembre et octobre, une exposition d’art contemporain internationale, collection en mouvement, présente la singularité et les spécificités des expériences menées dans les ateliers et Workshops.

D’ici et d’ailleurs

Usine à idées, 100 Ateliers – 100 Jours agit comme un catalyseur et affirme un soutien fort et actif à la jeune création en Belgique et au-delà des frontières.

Bruxelles, ville d’accueil et de résidence de nombreux artistes et intellectuels, à l’intersection des

axes Amsterdam – Paris et Londres – Berlin, se situe au croisement des réseaux internationaux.

Puisant sa substance dans les spécificités Made in Belgium, 100 Ateliers – 100 Jours déploie les concepts de réseaux, d’échanges, de transits et de séjours éphémères. Le dispositif invite les artistes des trois communautés ainsi que les résidents étrangers. Il est également transfrontalier et ouvert à l’Europe.

Investigation de sites …

100 Ateliers – 100 Jours interroge le phénomène de réappropriation des friches industrielles et leur transformation en espaces de création condensant et redéployant l’énergie urbaine : l’ancien Entrepôt royal des Douanes devient le lieu de médiations et de rencontres multiples entre les artistes, les publics et les habitants.

Ici & maintenant, 2001

Affiche 50x50 cm. Graphisme : Pascal Schyns
Tour et Taxis

Sculptures génétiques culturelles en remake d’installation. 2000 (Projet 1964 - 1971- 1984)

Arrière-plan, à gauche : Sculpture génétique, Lizène jeune croisé Mie jeune. Impression jet d’encre

Arrière-plan, à droite : Sculpture génétique, Lizène pubère croisé Picasso. Impression jet d’encre rehaussée

2002 JACQUES LIZÈNE - ATELIER NOMADE

02 > 09/2002

Lieux : OFF Documenta Kassel, OFF Art Basel, Casino de Luxembourg, Francfort, Retrouvailles Parc de la Boverie (Liège), Paris, etc.

Production : Espace 251 Nord

Conception : Laurent Jacob

Assistant : Renaud Guissart / Graphisme : Gyuri Macsai, Antoine Degive

CD : Centre de Recherche Musicale (Liège)

La camionnette Lizène, Drapeaux avec drôles de sculptures génétiques, Coq croisé lion, lion croisé coq et sculpture génétique sur carrosserie 2002 (Projet 1984 - 2000). Prise de vue pendant la Documenta

Maquette numérique préparatoire de La camionnette Lizène
Carte postale A6 recto/verso
La camionnette Lizène. Vidéo couleur. 2002. Production : E2N

Diffusion dans le cadre de Retrouvailles sur écran géant au parc de la Boverie (Liège) de Lizène, A.G.C.T. (acides de base), Sculptures génétiques et quelques bonus. 1971

Instruments de musique modifiés en guise d’interrogation génétique. 1980. Destinés à être imprimé puis placé sur les enjoliveurs de La Camionette Lizène

Pochette du CD Le Minable music-hall et le chanteur en-dessous de tout. 14 remix 2000 et 14 originaux 1970-1981, tirage 3000 exemplaires

2002 COLLOQUE DES CHIENS

04/10/02 > 05/01/03

Lieu : Espace 251 Nord, Liège

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Eric Angenot / Michel Antaki / Francis Alÿs / Isabelle Arthuis / Marcel Berlanger / Waldo

Bien / Michel Boulanger / Philippe Cazal / Jacques Charlier / François Curlet / Michael Dans / Edith Dekyndt / Eric

Duyckaerts / Patrick Everaert / Michel François / Robert Garcet / Jean-Marie Gheerardijn / Maria Gilissen / Patrick Guns Damien Hustinx / Ann Veronica Janssens / Jean-Pierre Khazem / Jacques Lizène / Emilio Lopez-Menchero / Erwan Mahéo / Jacqueline Mesmaeker / Johan Muyle / NordProjet & Co / Panamarenko / Benoît Platéus / Benoît Roussel / Walter Swennen

Assistants : Charles-Olivier Gohy, Cécilia Bezzan

Administration : Caroline Jacob, Marie-Christine Delrée

Depuis 1986, le centre d’art contemporain Espace 251 Nord a participé à de nombreuses reprises au OFF de la Biennale des arts visuels de Venise avec une tradition de retour des expositions à Liège. La dernière proposition, en 2001, s’intitulait La trahison des images - Portraits de scène (Palazzo Franchetti et La Serra dei Giardini, 49e édition de la Biennale de Venise). Cette participation a-latere, (OFF officialisé, puisque avalisé par le comité artistique de la Biennale et repris dans les supports de communication) marquait la volonté de la Communauté française de Belgique d’assurer une présence sur la scène internationale à chaque édition de la Biennale, et rompait donc avec la loi d’alternance bicommunautaire du pays.

Dans le cadre du retour de Venise 2001, Le colloque des chiens sera visible pendant deux mois à Espace 251 Nord et sera enrichie d’une part par les œuvres présentées antérieurement à Venise, ainsi que par de nouvelles propositions artistiques. L’occasion est aujourd’hui donnée de se pencher sur la définition du «OFF» par rapport à la plus prestigieuse des biennales des arts plastiques avec, entre autres, Francis Alÿs, Michel Antaki, Isabelle Arthuis, Marcel Berlanger, Waldo Bien, Michel Boulanger, Philippe Cazal, Jacques Charlier, François Curlet, Michael Dans, Eric Duyckaerts, Michel François, Jean-Marie Gheerardijn, Patrick Guns, Babis Kandilaptis, Jean-Pierre Khazem, Jacobus Klopenburg, Jacques Lizène, Jacqueline Mesmaeker, Johan Muyle, NordProjet & Co, Benoît Platéus, Benoît Roussel, Walter Swennen.

L’allusion à l’écrit de Miguel Cervantès, Le colloque des chiens, se profile comme métaphore pour appréhender la gestion sociopolitique culturelle au travers des sphères entre inclus, IN, et périphérique, OFF. Tel est l’enjeu du débat qui, dans l’exposition, se dynamisera par des activités parallèles, avec pour exemple, l’intervention à D’une certaine gaieté, où plusieurs personnes seront invitées à traiter du sujet. L’accrochage évolutif offrira de manière hebdomadaire de nouveaux arguments pour élargir la question.

Le colloque des chiens, 2002

Affiche/dépliant 21x21 cm. Graphisme : Michel Thomé
Squelette en papier et Lizène, A.G.C.T. (acides de base), Sculpture génétique et quelques bonus. Vidéo. 1971
Sculptures génétiques culturelles en remake d’installation. 2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)
Picasso croisé Lizène, sculpture génétique. Lizène devant sa vidéo en circuit fermé. 1971-2002
Ensemble de dessins reprenant des projets de petites sculptures génétiques de sapins croisés palmiers. 2002
Voitures croisées. Collage. S.D.
Début de l’atelier virtuel. Sculptures génétiques. A4. Collage et feutre. 1997

2003 COLLOQUE DES CHIENS

07/03 25/05/03

Lieu : Centre Wallonie-Bruxelles (Paris)

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Francis Alÿs / François Curlet / Michael Dans / Honoré d’O / Eric

Duyckaerts / Michel François / Patrick Guns / Jean-Pierre Khazem / Jacques Lizène / Laone

Lopes / Emilio Lopez-Menchero / Johan Muyle / NordProject & Co / Pascale Marthie Tayou

Assistants : Charles-Olivier Gohy, Cécilia Bezzan

Administration : Caroline Jacob, Marie-Christine Delrée

Photos de l’exposition : David Lucas

Le premier volet de l’exposition Le Colloque des chiens à Liège, consacré aux participations d’Espace 251 Nord à la Biennale de Venise, reprenait une sélection de 35 artistes. Leurs œuvres se donnaient à voir sous l’angle de l’inquiétante étrangeté – un concept freudien, qui définit ce qui nous est familier et qui pourtant perturbe. En revanche, le second volet, présenté au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, se distingue du premier par la mise en évidence de plusieurs préoccupations : - le corps de l’artiste, - les psychologies et mythologies individuelles, - l’identité, - la figure du double, - la notion de liberté et l’enjeu de la différence, - le jeu d’échelle, - l’objet détourné, - le travestissement, - le drolatique.

Le colloque des chiens, 2003

Lizène, A.G.C.T (acides de base), Sculptures génétiques. Vidéo couleur, son. 1971. Infographie, montage et production : Avcan
Affiche/ dépliant 50x50 cm. Graphisme : Michel Thomé
Signature de Jacques Lizène sur la vitrine du Centre Wallonie-Bruxelles et reflet du Centre Pompidou (Paris)

Sculptures génétiques culturelles en remake d’installation. 2000 - 2003 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

Sculpture génétique, 1971 A.G.C.T., expo virtuelle. Vidéo. Mix de quart de visages et diverses séquences vidéos. 1997 - 1999

Jacques Lizène ou la contrariété intuitive. Part III.

Interview « orientée » par la critique d’art, à la demande de l’artiste, et un peu « loupée », à la demande de la critique.

Cécilia Bezzan.

in Trouble # 3, Paris, 2003, P. 176-187

Il ne suffit pas d’être arrogant, il faut aussi être un peu aimé. Jacques Lizène, d’après Maurizio Cattelan 1

Cette interview  « orientée », à la demande de l’artiste, et un peu « loupée », à la demande de la critique fait suite aux deux précédents textes que j’ai publiés sur Jacques Lizène 2. Il appartient à une écriture critique et théorique processuelle. Il ne fictionne pas, mais se présente telle une mise au point, fruit de réajustements permanents. Depuis la rencontre avec l’artiste, en 1996, lorsque l’occasion se présente, les résultats des réflexions sont publiés. Cette manière de procéder permet de revenir sur les idées, de les retravailler. Il s’agit donc de donner à voir une pensée qui (s’) élabore, avec ses questions, voire ses contradictions.

Le va-et-vient entre l’interview et le texte de fond s’opère dans le mixage, la signification émerge de leur relation. Pour appréhender le mix dans sa globalité, on pourra se procurer un CD audio3, où il est loisible d’entendre, entre autres, les onomatopées lizéniennes, sa musique, le bruit de fond urbain, etc.

La praxis de Lizène met à mal le propos esthétique par son choix de la médiocrité. Ce fer de lance concerne la démarche et l’objet. Pour l’étude d’une telle œuvre, les outils d’analyse propres à l’histoire de l’art ne peuvent suffire, aussi des lectures croisées incluant les champs d’investigation sociologique et psychanalytique ont-elles alimenté la réflexion.

Cadrage - shortcuts - abstract

Depuis qu’il est parti en croisade contre la Vie et l’Espèce humaine, Jacques Lizène, connu aussi sous le nom de Petit Maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle, ne cesse d’intriguer. Qu’il s’agisse des Shit paintings (peintures à la matière fécale conçues dès 1977), ou encore du refus de procréer, (position drastique adoptée comme «Art d’attitude», en 1965, puis radicalisée par une sculpture interne et non moins intervention chirurgicale : la vasectomie – effectivement réalisée ou non, telle n’est pas la question), l’ensemble des propositions artistiques s’ingénient à contrer l’idée de jugement pour mieux repousser les frontières d’une bienséance convenue en art et contrarier les valeurs artistiques dominantes.

Aparté… un après-midi à l’aube du printemps, Paris 2e - au 34 rue Etienne Marcel, mars 2003.

Nous voulions nous rendre aux Marronniers, mais les réunions de Perpendiculaire n’ayant plus lieu, nous sommes allez chez Parreno et Huyghe.

C. B. : Vos propositions artistiques posent la question de la liberté en art. D’une part, vous revendiquez la banlieue, la périphérie, la marge comme lieux préférés d’identité ; d’autre part, vous réclamez la nullité, la médiocrité, le ratage comme «valeurs» artistiques à part entière et les proposez sur un pied d’égalité aux côtés des questions prospectives dégagées par «l’art contemporain» depuis plus de 30 ans. Tentez-vous de créer une catégorie esthétique ?

J. L. : Disons que la catégorie esthétique sera avalisée une fois qu’un théoricien de l’art aura pris la peine de publier sur le sujet. Si je suis aussi exégète de ma propre démarche, cela ne suffit apparemment pas à établir la médiocrité comme valeur artistique reconnue de tous. Ma démarche travaille à faire reculer les limites tous azimuts, comme les contraintes qui en résultent. Je contrarie le convenu, le prend au pied de la lettre, dans l’humour. La marge est éminemment joyeuse ! Et puisque je me suis marginalisé, les astreintes ne sont qu’abstractions. Cela me permet une grande liberté de travail et d’attitudes, toujours promptes à générer avec facétie des réflexions sur le monde. En novembre dernier, j’ai eu l’occasion d’intervenir au Musée des Beaux-Arts de Brest. La collection regorge de naufrages et de marines. Le Petit Maître a eu l’idée de réaliser un naufrage de naufrage. AhahhahHAHAHhahha. Je suis intervenu sur l’accrochage en chavirant les cadres. Vous savez, lors d’un naufrage, tout est sens dessus dessous ! C’était une manière médiocre de donner à ressentir au spectateur la mer houleuse ou la lame de fond qui soulève les navires. Très amusant ! Je considère la marge, la périphérie, la banlieue comme des terrains d’expérimentations satellites au centre. Le cadre est contrainte. Je déboîte. Je préfère la tentative à la règle. On dit de moi que je suis parodique. Je ne suis pas contre, sans pour autant me laisser circonscrire à une définition. Je considère la médiocrité en art comme une valeur ajoutée. Une chose n’existe qu’en relation aux autres. Le Beau n’existe que par rapport au Laid. Je préfère ce côté et cela m’appartient. Il m’inspire moins d’artifice. Lors de ma première exposition individuelle, à Liège, en 1969, - cette date correspond avec l’ouverture de la galerie Yellow Now, le carton d’invitation se présentait sous la forme d’un avis mortuaire au liseré noir. Une phrase de Duchamp parcourait la plaquette : «Il faut abolir l’idée de jugement». Je voulais citer Cioran « L’art disparaîtra et l’espèce humaine suivra de près », mais je m’en suis remis au conseil de Guy Jungblut. L’ensemble de mes démarches participe de cette première attitude. Un marginal qui a joué la marginalité, mais très soutenu par ses parents et par son frère aîné, Guy. Je bats le héros du film Tanguy d’au moins 26 ans !!! ahhHHAahhahha.

1 On peut être radical tant qu’on veut mais il faut aussi plaire à quelqu’un, in Beaux-Arts Magazine, numéro 227, avril 2003, p.80. Jacques Lizène ajoute : « Cattelan a raison parce que lorsqu’on est radicalement désagréable, on n’est jamais cité dans les revues, ni invité aux expositions – ahhhahhhaha.»

2 In Art & Fact # 16, revue des historiens de l’art, des archéologues, des musicologues et des orientalistes de l’Université de Liège, Liège, 1997, p. 103 - 117 et in, CAP, Art relationnel, La Renaissance du Livre, Dexia, Bruxelles 2002, p. 185 - 191. Notez qu’à la suite d’astreintes quant au formatage de cette deuxième publication, le texte n’est publié que dans une version raccourcie : le titre et les sous titres étant, par exemple, tout simplement supprimés, le phrasé remodelé, le nombre de caractère sous-pesé.

3 CD édité au « coup par coup ». Pour les éventuels curieux, s’adresser à la rédaction de Trouble.

C. B. : Vous jouez sans cesse, Lizène, du repentir, de la récrimination perpétuelle. En soit, mieux vaut s’exclure que de se faire exclure. On aborde la question du dandysme ?

J. L. : Si vous voulez. J’étais ravi lorsque Jean-Yves Jouannais a abordé le premier cette définition me concernant, mais lui parlait d’un antidandysme et a ajouté par la suite la position excentrique. Arnaud Labelle Rojoux argumente en faveur du dandy du ratage. Ce qui importe c’est que Lizène - voix nasillarde, en entonnant une mélopée - est …et restera le Petit maître liégeois… qu’il soit dandy ou pas. Non non non il ne veut pas être papa non pas papa non pas…(rires)

Cadrage - shortcuts - abstract

Art d’attitude : dandysme à rebours

On voit en Duchamp, puis en Cage l’introduction du social relationnel dans la pratique artistique, dont les héros (in)convenus de la performance et/ou du happening en sont les héritiers directs (cfr Fluxus). Simultanément et par voie de conséquence, de cette position ouverte à la rencontre, à l’interaction des médias et à la relation au spectateur, l’objet d’art tend à se dématérialiser au profit de l’action contextuelle. Dans cette praxis, les concepts d’interaction et d’indétermination sont essentiels. Aussi, lorsque l’on se réfère à l’équation art = vie, sous les traits d’un Kaprow, on conçoit que Lizène intègre fondamentalement le concept de performance.

Par la stratégie d’un effet de doublure4, Lizène travaille à « s’étranger ». La ventriloquie permet au Petit Maître d’endosser le rôle loufoque, tandis que Lizène régule constamment sa parole. L’effet de doublure produit la surenchère narcissique. Lizène joue son propre rôle à la vie, comme sur la scène artistique. L’un ne peut prétendre sans l’autre. Il faut chercher dans ce partenariat nécessaire la clef de la caution artistique. Chez Lizène, l’art d’attitude est une intégration et une situation continue de la performance : le fait artistique premier coïncide avec les opinions et le comportement de l’artiste, qui les articule dans le discours autorisé. Ils régissent le produit qui se matérialise en « œuvre », tandis que l’attitude artistique demeure dématérialisée, mais tout aussi signifiante. Dans l’ouvrage5 consacré au dandysme, Françoise Dolto parle d’engagement, de présence liée à l’image et son miroir, « d’âme effeuillée », tandis que certains passages révèlent des accointances avec l’attitude morbide : « dresse son dard contre la bêtise des larves processionnaires humaines (…), toutes les valeurs composées et défendues par des hommes sont par lui (le dandy) frappées de mort et dans son arraché iconoclaste, il risque sa face d’archange dans l’horreur démoniaque »6. De ce désir mortifère « toujours en quête » et éminemment narcissique, Dolto n’exclut pas le dandy ailleurs que dans la beauté, à la recherche d’un idéal, sublimé(e) ou non, puisqu’il s’entend aussi dans la « saleté » : « la beauté de la saloperie ça existe sûrement7 ».

Dolto rejoint le propos de Cioran, lorsqu’elle évoque le dandy hors de la quête esthétique, de beauté avec le corps, dans l’image qu’il construit et qu’il renvoie, le rapprochant alors de la figure sanctifiée.

4 Expression de Laurent Jacob pour désigner la pratique artistique qui s’opère à quatre mains. Exemples : la réalisation de peintures grands formats avec les rotulistas mexicains chez Francis Alÿs, ou les cinnebanners indiens, chez Johan Muyle.

5 Le dandy, solitaire et singulier, Paris, seconde édition, 1999. Entretien avec Patrick Favardin et Laurent Bouëxière.

6 Idem, p. 21.

7 Idem, p. 31. Et plus loin, il est question de Benoît-Joseph Labre, mystique français du XVIIIe siècle, canonisé en 1881, autre dandy de la saleté.

Cette dernière précision interpelle le Précis de décomposition, où Cioran dans le passage intitulé le Refus de procréer note : « il déteste se survivre dans un autre, auquel d’ailleurs il n’aurait plus rien à transmettre ; l’espèce l’effraye »; plus loin, « (il) est parvenu aux cimes dorées de ses dégoûts, à l’antipode de la Création, il a fait de son néant une auréole8 ».

Retors dans sa parole intensivement ludique, Lizène n’hésite pas à affirmer être le 25e Bouddha. Il ricoche d’un argument à l’autre arguant de l’enjeu de non-procréation, de la bêtise de l’espèce humaine à vouloir se succéder à elle-même.

Je propose à l’espèce humaine de s’éteindre gentiment, à jamais, en cessant de procréer (1965), Lizène «est au monde» en marche de désaveu, de morbidité, d’opposition aux valeurs établies, d’iconoclastie, de rejet, de narcissisme dévoyé, alors que l’idée de quête renvoie à celle d’inachèvement. L’ensemble de la geste s’actionne dans le principe de désublimation, lui-même au centre de la pratique scato9 C’est précisément ici que Lacan interpelle10. Lizène démonte la sublimation que comporte toute peinture, dans un geste qui est un retour, sans doute parodique, à l’état de nature. En peignant avec sa propre merde, Lizène renonce à proposer son mode de regard, se réfugie dans un tabou pour aboutir à ce vers quoi tout son être tend : le rejet d’autrui, la marge. Le recours à la désublimation n’est-elle point négation de la démarche du peintre et de son éthique ? La peinture à la merde équivaut symboliquement à une peinture aveugle, comme le mur de briques est une surface aveugle, sans fenêtre. Là où le peintre transforme la merde en regard, Lizène, par le recours à la matière fécale, annule son regard.

Qu’il soit question d’inefficacité, de frustration du spectateur, ou de rature, tout indique le positionnement stratégique, la détermination acharnée dans la volonté de se démarquer. L’esthétique du raffinement est dévoyée au profit d’un déplacement de valeurs et (se) joue de l’impertinence, l’arrogance parfois, la dérision, toujours. Le dandysme lizénien mêle l’irrespect à l’insolence du geste. Le « mauvais goût » ainsi généré sert à contrer l’idée de jugement. Les allures de l’être infatué font partie de la mise en scène. Il s’agit bien de mise en scène, tellement raccord avec la vie qu’elle se (con)fond avec elle. Pratiquer cyniquement la sincérité, même dans le mensonge. Un cynisme, tel qu’en parle Michel Onfray, cultivé avec déférence, humilité vis-à-vis de la grande comédie humaine, analogue au dandysme,

8 Emile Michel Cioran, Précis de décomposition, Paris, 1949, p. 179-182.

9 La première toile à la matière fécale, vaste aplat de matière brune, a été réalisée en 1977 à l’occasion de l’exposition CAP Le jardin. Lectures et relations. Par la suite, formellement, les Shit paintings opteront de manière récurrente pour le motif de la brique.

10 Jacques Lacan, Qu’est-ce qu’un tableau ?, dans Le Séminaire, livre XI. Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, 1973, p. 97-109.

où la «volonté est esthétique et distille l’essence du style dans une existence devenue ludique» 11 .

Le dandysme lizénien est-il pour autant désabusé ? Pas sûr. Car dans son champ d’actions symboliques, il est avant tout question de liberté, d’une façon d’être au monde, comme de faire image dans le renversement quasi complet des valeurs généralement accordées au terme. La médiocrité en art est un concept pensé stratégiquement par l’artiste pour revendiquer comme valeur artistique ce qui est d’habitude considéré comme non louable. Par des comportements aussi singuliers que spectaculaires, Lizène perturbe et bouleverse la bienséance et s’applique toujours avec méthode dans la pitrerie. Aparté… suite d’un après-midi à l’aube du printemps, Paris 2e - au 34 rue Etienne Marcel, mars 2003.

C. B. : Le CD est vraiment pas mal, le remix du Minable music-hall et le chanteur en dessous de tout. J’avoue, quand la déprime me guette, j’en passe deux, trois morceaux et franchement je suis morte de rire, pliée en deux. C’est bon !

J. L. : Moi je vous dirais plutôt, qu’il faut passer le CD lorsque l’on est joyeux pour se déprimer un peu (rires). Son air intimidé, souriant - Et quand on rit à l’écoute, c’est un peu la réaction au comique involontaire - Le CD a été réalisé grâce à Laurent Jacob, en collaboration avec Jean-Marc Sullon du Centre de recherche et de formation musicales de Wallonie. Outre quelques originaux, il s’agit d’un remix des petites chansons médiocres des années ‘70 et de celles produites à l’occasion de Radio Titanic, en 1980-1982, l’émission de Jacques Delcuvellerie sur la RTBF première. L’équipe de Radio Titanic était constituée d’une bande de copains. On avait l’habitude de se réunir les jeudis soirs pour décider du thème de l’émission, le samedi matin. On travaillait sur la publicité, l’écologie, etc. Lorsque j’étais assidu, j’écrivais les paroles et les retravaillais avant l’enregistrement. Sinon, c’était du « live ». Vous voyez, Lizène a aussi du talent, mais il est involontaire. Ahhhahhahahahhah. C’est l’exception qui confirme la règle.

C.B. : Pour un homme acquis à l’idée de non-procréation, vous procédez par inachèvement, je pense au concept des remake et autres démarches qui fonctionnent selon le principe à visée exhaustive, forcément vouées à l’échec : «filmer tous les visages du monde», «réécrire toutes les musiques du monde, à l’envers», etc. Vous vous occasionnez donc dans la multitude. Cet essaimage, est-ce une manière détournée, une métaphore, pour subvenir à votre descendance, à jamais rendue impossible ?

J. L. : C’est votre avis et vous le partagez sans aucun doute (rires) et c’est le meilleur et vous avez tout à fait raison, comme le disait à peu près Kant, qui selon Eric Duyckaerts, dans son livre Hegel ou la vie en rose, prétendait que Kant et Hegel étaient plutôt des buveurs de bière. Moi je les soupçonnais d’être plutôt des buveurs de vin blanc. Nous nous sommes donc mis d’accord, Eric et moi, sur le fait qu’ils devaient, certains jours, être au vin blanc, et d’autres, à la bière ! Voilà. Lizène prend l’accent espagnol : « Chaque jour je fais pire », comme disait Picasso. AHhahahHHAHahha. Chez moi, tout se recoupe… (jeu de mot involontaire). (blanc - le Petit maître sourit)

C. B. : Dois-je comprendre que vous réfutez la question ? (blanc)

J. L. : Et si on reprenait un petit verre ?

C.B. : Un verre de vin blanc ou une bière ?

J. L. : Un après l’autre.

C. B. : Oui Jacques. (blanc), je ne cherche pas à «surinterpréter». Si vous sentez poindre l’outil analytique, je puis vous dire qu’il n’est qu’un moyen référent, non une méthode référentielle. Il sert à démultiplier les possibilités de lectures et permet à la pensée d’élaborer de manière radicante.

J. L. : Ma démarche est sincère, d’une telle sincérité que je peux me permettre une malhonnêteté sincère. «L’art c’est la sincérité du mensonge. Je ne renie rien

et pourtant je renie tout», comme je le disais à Patrick Corillon, en 1986. Ceci était un exemple d’autocitation, notez-le, je vous prie.

C. B. : C’est noté. Au fil de votre carrière vous avez opté pour une personnalité multiple, à la fois exégète de votre démarche. Le dernier exemple est Lizène, collectionneur virtuel. C’est aussi le sujet d’un film d’Erwan Maheo et d’Isabelle Arthuis réalisé à l’Espace 251 Nord. Ce qui m’a fait écrire sur votre démarche qu’elle plaidait pour le discours autorisé.

J. L. : Je suis aussi le 25e Bouddha (rires). Vous savez, le 24e, que vous connaissez, ayant déclaré que les 23 précédents, étaient restés inconnus... j’ai décidé d’être le 25e… une place était à prendre. Je l’ai prise. Et hop !

Cadrage - shortcuts - abstract

Le discours autorisé - Kesako ? Plaidoyer pour la suspension d’incrédulité.

Le discours autorisé est une manière de (se) prononcer, sans demander son reste, de (se) produire dans l’attitude, via le texte, l’adresse épistolaire, l’autoproclamation, une manière de régenter une démarche et de créer son propre glossaire, langage, d’être son propre exégète. Bref, de mettre en œuvre un panel de moyens pour agir dans la communication d’un contenu, ce qui revient également à démontrer, ab absurdo, que la lecture de l’œuvre d’art participe avant tout de ce que l’on veut lui faire dire.

Aussi, que la vasectomie ait été pratiquée ou non, peu importe, puisqu’elle est vécue comme telle.

Il y a suspension d’incrédulité dans la stratégie qui permet à l’artiste de…

Le public obtempère sur l’idée première de l’action, de la démarche qui

IN PROGRESS

S’autoproclamant historien et critique d’art, Lizène court-circuite les tâches exégètes. Outre la pratique du changement de rôles, pour le moins répandue dans la praxis contemporaine (artiste - curateurcritique), c’est ici une façon de s’assurer un commentaire (bon ou mauvais), c’est-à-dire de se donner l’illusion d’un intérêt partagé avec le monde. Lizène enjoint la volonté de créer son propre système d’immunisation pour ne point se laisser embarrasser par les critiques d’autrui.

Par ailleurs, on achoppe sur la répétition d’une démarche. L’artiste parle de remake. Il s’agite dans l’augmentation de son propre travail. Pour exemple, alors que «l’art génétique», énoncé comme tel, voit le jour avec les séquences vidéos réalisées à Bourges, à l’occasion de Bandits-Mages, en 1997, Lizène, interrogé sur le concept, prouve, photocopies à la main, que l’idée remonte aux années ‘70. Le re-make est une méthode, qui consiste à reprendre le projet d’une œuvre ou d’une thématique pour en proposer une réactualisation, tout médium confondu. La notion d’inachèvement y adhère subséquemment. Aujourd’hui, on parle également de travail «augmenté». Le côté répétitif caractéristique au remake est d’autant plus accentué par la pratique de l’artiste à inscrire les différentes dates des projets et celles de leurs (éventuelles) réalisations. Quelques exemples sont fournis avec les contraintes du corps à s’inscrire dans un cadre (1971, remake 1980, 1996, 2001), les entassements de toiles (1970, remake 1980, 1989) ou encore réécrire toutes les musiques du monde à l’envers (1979, remake, 1996, 2001), etc.

De cette manière, Lizène témoigne d’une capacité à revisiter luimême sa propre œuvre et à prouver, par argumentation tautologique, le caractère autarcique, une manière d’agir en «circuit fermé» (1971).

11 Michel Onfray, Cynismes, Grasset & Fasquelle, 1990. Ajoutons ici qu’il y a matière à débat. Le cynisme d’Onfray est un exemple, non pour autant une référence obligée.

Aparté… suite et fin d’un après-midi à l’aube du printemps, Paris 2e - au 34 rue Etienne Marcel, mars 2003.

C. B. : Vous avez défini votre démarche comme autarcique. La vasectomie est un exemple de coupure vis-à-vis du monde extérieur et symbolise par conséquent le repli sur soi, tout comme votre humour s’occasionne dans la facétie, il a la particularité de se suffire à lui-même. Que… (Lizène interrompt)

J. L. : Enfin, cela c’est ce que j’aimerais bien, quoique. C’est amusant aussi d’être plaisant pour les autres et d’éteindre le circuit fermé. Il faut beaucoup d’humour pour apprécier la démarche du Petit Maître. Être son propre tube de couleur exprime de façon on ne peut plus claire le cycle des peintures à la matière fécale : manger, déféquer, peindre, vendre pour pouvoir à nouveau manger, etc. C’est une manière de travailler en circuit fermé. C’est aussi une référence à la tentative, en 1971, de faire les premières vidéos, à Liège. Faute de moyen technique adéquat, après la découverte du Portapak Sony, nous avons dû nous résoudre à travailler en relais direct au moniteur. Le circuit fermé est un perpétuel inachèvement, qui ne cesse de s’achever en inachèvement. Ca tourne en rond quoi.

Mais j’ai aussi créé L’art banlieue,  La nouvelle abstraction nulle, L’art néo-déco, Le conceptuel comique des années ‘70 et L’art génétique. Cette surenchère des catégories, n’est en soit ni une critique du modernisme, ni du postmodernisme. C’est plutôt un joyeux jeu. Karel Geirlandt, un grand amateur de l’art belge a dit de ma peinture à la matière fécale que cet art organique était une manière de ridiculiser la résurgence des différents pictorialismes, dans les années ‘80 et dans le contexte de la crise économique. Il avait un peu raison, mais aussi complètement tort. J’aime toutes les picturalités et toutes leurs résurgences !

C. B. : Vous pensiez détenir l’apanage du concept de la médiocrité, jusqu’au jour où … (Lizène interrompt)

J. L. : Ouiiii, Duchamp ! Un dessin au crayon de 1911. Quel instant formidable ! Vous vous rendez compte : Duchamp avait noté de sa main «médiocrité». Cela vient renforcer l’idée que mon art est intuitif. En fait, il a fait du Lizène sans le savoir ! Ahahhha. Ouuuuh Oui ! prodigieux ! Visionnaire ! Mais d’autres, ont témoigné de la dimension du ratage, je pense à Picabia ou encore à Giacometti, ou Picasso dans le film de Henri-Georges Clouzot. La dimension du chef-d’œuvre flirte avec le ratage, comme quoi, nul n’est jamais à l’abri d’une erreur ! Même Lizène en fait involontairement, quelque fois il lui arrive de produire quelque chose de bien.

C. B. : Il y avait de quoi réagir à la parution de l’article de Baudrillard, en 1996. A croire que Le complot de l’Art avait été rédigé avec une pensée particulière à votre égard. Si j’en cite un extrait, ce n’est pas pour raviver la «querelle des anciens et des modernes» qui a eu lieu fin des années ‘90, dans l’intelligentsia française et plus particulièrement en son sein parisien, mais simplement parce que les termes employés résonnaient étonnamment vis-à-vis de votre démarche. «Toute la duplicité de l’Art contemporain est là : revendiquer la nullité, l’insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu’on est déjà nul. Viser le non-sens alors qu’on est déjà insignifiant. Prétendre à la superficialité en des termes superficiels»…

J. L. : Je lui ai écrit un petit mot, auquel il n’a évidemment pas répondu. Je témoignais de ma démarche et le remerciais d’avoir fait indirectement, et sans le savoir, de la publicité pour l’art nul du Petit Maître. (rires) J’ai débuté, en 1965, avec les Dessins minables et, en 1966, avec la Peinture nulle. Mais, la formule employée comme « statement » : «encore plus médiocre», n’apparaît qu’en 1969. Il faut être quasiment nul. Vostell, qui parlait très bien le français, m’avait demandé en lisant cette formule, dans une exposition organisée par Ben Vautier, peu après l’ouverture du Centre Pompidou, dans l’espace post Duchamp : « Pourquoi quasiment ? ». « Parce que c’est encore plus médiocre », lui ai-je répondu. Ahhahahahaha.

D’une voix décidée, Lizène harangue une jeune femme en rue, se lève et quitte la table. « Bonjour ! Vous ne me connaissez pas, ce n’est pas grave - Mon nom est Jacques Lizène. Petit Maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle. Artiste de la médiocrité. Enchanté. Bonne journée ». La jeune femme sourit tend la main et reprend son chemin.

2004 LES AFRIQUES

03/03 > 08/08/2004

Lieu : Tri Postal (Lille)

Coproduction : Lille 2004, Capitale européenne de la culture & Espace 251 Nord Direction Lille 2004 : Didier Fusillier

Responsable des expositions Lille 2004 : Caroline David

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Fernando Alvim / Guillaume Bijl / François Curlet / Mohammed El Baz / Michel François / Patrick Guns / David Hammons / William Kentridge / Jacques Lizène / Michel Magema / Mounir Fatmi / Meschac Gaba / Kendel Geers / Alfredo Jaar / Moké / Groupov / Zoulikha Bouabdellah / Fabien Rigobert / Gast Bouschet / Kay Hassan / Zwellethu Mthethwa / Bodo / Frederic Burly Bouabre / Lisa Brice / Chris Cunningham / Bruno Peinado / Olu Oguibe / Philippe Cazal / Toma Muteba Lutumbue / Johan Muyle / Steve McQueen / Bili Bidjocka / Oladele Ajiboye Bamgboye / Barthélémy Toguo / Minnette Vari / Franck Scurti / Messieurs Delmotte / Jean-Marie Gheerardijn / Yinka Shonibare / Pascale Marthine Tayou / Ingrid Mwangi / Cheri Samba / Oliviero Toscani

Coordination et régie : Charles-Olivier Gohy / Communication : Adrien Himmelreich, Marie Deparis (Lille 2004) / Photo et vidéo : David Lucas / Administration : Caroline Jacob, Marie-Christine Bernard / Scénographie : Erwin De Muer / Photos de l’exposition : Serge Rovenne

Remerciements particuliers à Laurence et Bernard Soens

Catalogue : Black Box Les Afriques. 2005. 17x23 cm

Les Afriques présentait au Tri Postal un vaste ensemble de créations contemporaines sur fond de relations historiques, politiques, artistiques et culturelles entre l’Afrique et l’Occident. Dans la foulée de Ici & Maintenant – Hier & Nu, à Tour et Taxis (Bruxelles - 2001), Laurent Jacob a reçu une mission des instances de Lille 2004 – future Capitale européenne de la Culture pour concevoir et réaliser une exposition originale d’art contemporain.

Dans une scénographie foisonnante, au travers de nombreux points de vue, en contraste dans de nombreuses interactions, LES AFRIQUES relevait de l’« expopéra » au caractère baroque, dans laquelle la singularité de chaque création était mise en relation.

D’Angola, du Cameroun, du Bénin, d’Afrique du Sud, du Congo mais aussi de Belgique, de France, des Etats-Unis ou du Chili, plus de quarante artistes ont offert des visions plurielles et croisées autour de ce fascinant continent, à travers l’utilisation de nombreux médiums (peinture, photographie, sculpture, installation, vidéo, performance et multimédia).

Les œuvres présentées portaient pour la plupart les marques des métissages de différentes influences artistiques et culturelles, et étaient le fruit de migra-

tions et d’emprunts réciproques dans une dimension atlantique. Nous pensions au sort de nombreux exilés et réfugiés… avec en toile de fond les déplacements forcés de populations noires dans le cadre de l’esclavagisme et l’histoire des colonies et de l’existence, aujourd’hui, de ces multiples diasporas. De nos jours, le déplacement fait partie intégrante de la vie professionnelle des artistes; ce nomadisme international est une des particularités du monde artistique contemporain.

Cet ensemble inédit reflétait un monde globalisé dans un concert d’œuvres et de perceptions à de multiples vitesses. L’universalisme moderne, machiste et eurocentriste du temps de la décolonisation et de la guerre froide ayant cédé sa place à la mondialisation du village planétaire, de nombreux artistes présentés dans cette exposition se croisent à Séoul, Johannesburg ou New York avec la même aisance. Les Afriques s’inscrivait dans une suite d’événements artistiques organisés dans le monde, tout particulièrement depuis Les Magiciens de la Terre de Jean-Hubert Martin à Paris en 1989, à l’occasion du bicentenaire de la révolution. Depuis, les rencontres internationales se sont ouvertes sur les artistes

du reste du monde – que ce soit aux Biennales de Lyon, de Venise ou à la dernière Documenta XI mais aussi dans les dizaines d’autres biennales (Dakar, Shanghai, La Havane, Sao Paolo) – ont ainsi mis en mouvement des artistes, des œuvres, des critiques et des collectionneurs, qui constituent aujourd’hui les principaux acteurs d’une recherche permanente sur les réalités du monde actuel.

L’exposition valorisait la singularité et la portée universelle de la production de ces artistes africains, nomades, exilés, voyageurs… Ces œuvres contemporaines sont complexes, car elles se nourrissent de racines culturelles multiples, sans être traditionalistes, et d’une conscience aiguë des réalités du monde moderne, sans faire table rase de l’Histoire. L’exposition prenait en compte la réalité des problèmes contemporains de l’Afrique : nombre des artistes présentés en ont d’ailleurs fait légitimement leurs principaux thèmes de réflexion. Mais, dans les œuvres mêmes, il y a ces passages vers l’humour, le théâtral ou la poésie, qui donnaient à voir et à ressentir ce que l’on ne connaissait qu’au travers du filtre des médias

Les Afriques, 2007

Le Tri Postal
Dépliant (visuel œuvre de Chris Cunningham) Affiche A0 (visuel œuvre de Michel Magema)

Art de derrière le décor

Sculptures génétiques culturelles. en remake d’installation 2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

A l’arrière-plan : Franck Scurti. Black Box, 2004

Art de derrière le décor. Sculptures génétiques culturelles. en remake d’installation, 2000 - 2004 (Projet 1964 - 1971 - 1984)

2005 BLACK BOX LES AFRIQUES

OFF 51e Biennale de Venise

Thème : L’esperienza dell’arte (Giardini) / L’expérience de l’art / The art experience Sempre un po’ più lontano (Arsenale) / Toujours un peu plus loin Commissariats généraux : Maria de Corral (direction des Giardini) et Rosa Martinez (direction de l’Arsenal)

Pavillon belge (dévolu à la Communauté flamande)

The Quest - Artistes : Honoré D’O - Commissaire : Bart De Baere

Black Box : un pavillon clandestin

1000 catalogues Black Box échangés gratuitement contre des cartes de visite professionnelles.

09 >11/06 (journées professionnelles)

Lieu : Pavillon belge, Giardini di Castello et Via Garibaldi, Venise

Artistes du catalogue Black Box - Les Afriques : Fernando Alvim / Guillaume Bijl / François Curlet / Mohammed El Baz / Michel François / Patrick Guns / David Hammons

William Kentridge / Jacques Lizène / Michel Magema / Mounir Fatmi / Meschac Gaba / Kendel Geers / Alfredo Jaar / Moké / Groupov / Zoulikha Bouabdellah / Fabien Rigobert

Gast Bouschet / Kay Hassan / Zwellethu Mthethwa / Bodo / Frederic Burly Bouabre / Lisa Brice / Chris Cunningham / Bruno Peinado / Olu Oguibe / Philippe Cazal / Toma Muteba Lutumbue / Johan Muyle / Steve McQueen / Bili Bidjocka / Oladele Ajiboye Bamgboye / Barthélémy Toguo / Minnette Vari / Franck Scurti / Messieurs Delmotte / Jean-Marie Gheerardijn / Yinka Shonibare / Pascale Marthine Tayou / Ingrid Mwangi / Cheri Samba / Oliviero Toscani

Coordination : Laurent Jacob

Assistants : David Lucas, Bérénice Gillot

Communication : Benoît Califice

Graphisme : Pierre Geurts (Nice Work)

Pavillon belge, Giardini di Castello
Via Garibaldi, Venise

Leave your adress, take a book

E2N - Archives Actives opte pour une participation «diffusa» et contaminante avec le livre-exposition. Ce livre présente un travelling de l’exposition Les Afriques réalisée en 2004. Elle consistait en un point de vue sur les crosiements réels et imaginaires dans la création contemporaine interrogeant Les Afriques dans une relation atlantique.

2005 LE CARNAVAL DES RUMEURS

28/02/2005

Lieu : quartier Saint-Léonard (Liège)

1200 masques distribués aux participants.

Performance : Bérénice Gillot et Guyri Macsai

Graphisme : Guyri Macsai

Photos : Laurent Jacob

Médiation : Benoît Califice

Les quartiers d’hiver à E2N ont accueilli l’atelier de production de Jacques Lizène en collaboration avec Gyuri Macsai sur une idée de Nord Projet & Co.

Dans la lignée des Sculptures Génétiques de Jacques Lizène, l’atelier a réalisé une application du principe sur des masques.

Prises de vue, assemblage graphique, confection … débouchent sur la mise en circulation de quelque 1200 masques au nouveau carnaval de quartier.

Cette distribution amenait la création contemporaine au cœur d’un carnaval populaire et permettait à tout un chacun d’y participer avec un masque original.

De plus, E2N a mis en scène 2 chars légués par le Civa et issus de L’opéra Équestre de Bruxelles 2000, Ville européenne de la culture.

Affiche rétrospective A2
Défilé dans les rues du quartier Saint-Léonard
Grand feu donné à l’issue du carnaval dans la cour d’Espace 251 Nord
Défilé dans les rues du quartier Saint-Léonard. Les participants portent des masques Sculptures génétiques. En haut à droite : Pauline Bastin et le chien Gustave

2006 IMAGES PUBLIQUES Triennale d’art public

Lieu : centre-ville de Liège

Production : Province de Liège, à l’initiative de Monsieur le Député Paul-Emile Mottard

Réalisation : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Isabelle Arthuis / Vincen Beeckman / Marcel Berlanger / Guillaume Bijl / Michel Couturier / François Curlet / M D / Michel François / Kendell Geers

Jef Geys / Patrick Guns / Babis Kandilaptis / Marin Kasimir / Nicolas Kozakis / Jacques Lizène / Gyuri Macsai / Erwan Maheo / Emilio Lopez-Menchero / Selçuk Mutlu / P. E. Four

Dan Perjovschi / Personal Cinema / Jimmy Robert / Pascale Marthine Tayou / Christophe Terlinden

Communication & partenariats : Benoît Califice, Jenny Graff

Coordination : Philippe Braem, Edith Schurgers

Coordination visuelle : David Lucas

Administration : Marie-Christine Delrée, Caroline Jacob

Régie Générale : Alexander Weiss

Graphisme : Gyuri Macsai, Julien Nicolay, Raphaël Oprenyeszk

Photos : David Lucas

Collaboration technique : Urban Média

Images publiques a placé l’art contemporain au cœur de la cité et abordait les questions du devenir de la ville : urbanisme, fonctions…place du citoyen dans ce théâtre d’opérations en mutation. Vecteurs de renouveau, les multiples chantiers (infrastructure, culture,…) qui accueillaient les interventions artistiques constituaient le fil rouge de la manifestation ; mutation urbanistiques et enjeux sociétaux en tissaient la toile de fond.

Images publiques a procédé d’une démarche évolutive : 3 vagues d’accrochage ont eu lieu. L’exposition se coulait dans cette logique de chantiers en cours ou à venir. Son originalité résidait dans la conjugaison d’interventions artistiques résolument contemporaines dans le périmètre historique de Liège où l’on dénombre une richesse et un foisonnement de collections publiques. Ces interventions artistiques «in situ» se sont effectuées dans le respect des lieux, de leurs charges patrimoniales, de leurs situations stratégiques mais aussi de leurs capacités d’évocation. C’était également la première fois que des photos issues du photojournalisme, l’Agence France Presse, prenaient place en tout grand format dans l’espace public. Après cette expérience concluante, Laurent Jacob et Espace 251 Nord envisagent d’élaborer des dispositifs artistiques similaires dans d’autres villes.

Au terme de cette 1e édition d’un événement appelé à être récurrent, des œuvres ont acquis une certaine pérennité. Les travaux de plusieurs artistes occupent toujours aujourd’hui l’espace public : Kendell Geers sur l’Académie des Beaux-Arts, Qingsong Wang sur le futur Mnema, Nicolas Kozakis sur la Cité administrative. Images publiques a proposé un large panel d’images : billboards, bâches imprimées, autocollants provenaient de la filière numérique, à la pointe de la technologie. La peinture, la sérigraphie étaient aussi présentes. Des performances ont accompagné la manifestation.

Images publiques, texte rétrospectif, 2007

Appelé à se prononcer sur son travail, Jacques Lizène désire d’emblée faire référence à sa carrière dans sa globalité. « Ma démarche, que je commence en 1964, consiste justement à travailler sur le perçu ou le non perçu. Par cette seule formule tout est dit, elle résume tout ! »

« Je peux vous donner un exemple récemment réalisé sur la place Saint-Lambert. Il y a une bouche d’aération où nous avons placé quatre baffles qui diffusent une œuvre réalisée par le Centre de Recherches Musicales de Wallonie. Jouant aux chasseurs de son, comme dans les années 50, ils sont allés enregistrer la source de la Légia où un petit escalier produit un son de cascade. Ce son a été amplifié et nous avons appelé ça Cascade virtuelle, puisqu’elle n’est pas là, qu’il n’y a que le son ! C’est une pièce sonore, une pièce urbaine.

Mais vous savez, comme il y a beaucoup de bruit autour, cela ne s’entend pas. Et puis, nous n’avons pas mis de plaque indiquant qu’il y avait une œuvre sonore. Donc, c’est le perçu et le non perçu. » Jacques Lizène ponctue ses phrases de ricanements qui sont autant de respirations.

« L’autre proposition que j’ai faite s’appelait Projet volontairement irréalisable parce que trop coûteux et trop encombrant J’aime beaucoup ce titre ! Nous voulions en présenter le dessin, ce qui finalement ne s’est même pas fait. Il y avait un dôme, avec une coupole remplie d’écrans plasma qui coûtent 200.000 FB pièce. Il fallait mettre des plaques de verre pour les protéger des intempéries. Le tout était posé sur quatre roues de gros avions qui coûtent au moins 1.000.000 FB pièce. Et puis il y avait un petit escalier pour entrer à l’intérieur, comme dans les jets privés. Cela coûte très cher également. Nous voulions filmer des visages, et avec l’infographie, transformer ces visages avec d’autres visages. C’était un peu interactif. Mais comme ce genre d’œuvre ne sert à rien, on préfère mettre le projet virtuel. Parce que cela joue sur le perçu ou le non perçu. »

«Mais savez-vous que je ne suis pas le seul artiste qui ait travaillé consciemment ou inconsciemment sur le perçu et le non perçu ?

Non, il y en a des millions ! Je peux vous donner des exemples ... Quand vous voyez voir La Joconde, vous croyez voir La Joconde. Et bien non, pas du tout, c’est autre chose. Magritte a beaucoup travaillé là-dessus également, comme tous les grands artistes. Moi, je suis le seul petit maître qui travaille sur le perçu et le non perçu.»

Publié dans Regards publics, entretiens et reportages autour d’Images Publiques. Edit. D’une certaine gaieté

Affiche format planimètre. Visuel de Marin Kasimir, 2006. Fragment de projet pour la cour du Palais des Princes-Evêques.-

Projet volontairement irréalisable, trop onéreux, trop encombrant. 2006 (Projet 1980)

Cascade virtuelle du petit maître. Projet sonore en collaboration avec Laurent Jacob. Réalisation : Jean-Marc Sullon, Centre de recherche musicale de Wallonie. 2006 (Projet 1985)

Pour Images Publiques, Jacques Lizène s’associe à Nord Projet © et au Centre de Recherche Musicale de la Communauté française dans un projet sonore qui vise à « faire ressortir » la Légia  considérée à tort par beaucoup comme étant à l’origine sémantique du nom de la ville de Liège. Ce projet se réfère directement aux nombreux bras de Meuse canalisés dans le soussol de Liège. Lizène reprend ici son principe de fontaine mis en place en 1985 dans le cadre de La Place Saint-Lambert Investigations qui prenait place également dans le sous-sol liégeois. Images publiques, 2006

Rapide projet. Cariatide pour boîtier urbain. 2006

2006 POTLACH & GAMBIT

24/06 > 24/09/2006

Dans le cadre de After Cage

Lieu : Musée d’Ansembourg (Liège)

Production : Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Exposition collective avec : Francis Alÿs / Michel Antaki / Marcel Berlanger / Jan Carlier / Jacques Charlier / Leo Copers / Michel Couturier / François Curlet / Ronald Dagonnier / Michael Dans / Robert Devriendt / Messieurs Delmotte / Alain d’Hooghe / Eric Duyckaerts / Robert Filliou / Michel François / Robert Garcet / Pierre Gérard / Jef Geys / JeanMarie Gheerardijn / Maria Gilissen / Ann Veronica Janssens / Babis Kandilaptis / Marin Kasimir / Nicolas Kozakis / Jacques Lizène / Capitaine Lonchamps / Gyuri Macsai / Selçuk Mutlu / Johan Muyle / NordProject & Co / PE Four / Personal Cinema / Pol Pierart / Benoit

Platéus / Patrick Regout / Benoit Roussel / Franc Scurti / Suchan Kinochita / Walter Swennen / Christophe Terlinden / Georges Thiry / Roland Topor / Angel Vergara / Jean Dols / Albrecht Durer / James Ensor / Armand Rassenfosse / Félicien Rops / Antoine Wiertz

Communication : Benoît Califice / Administration : Marie-Christine Delrée, Caroline Jacob / Coordination : Edith Schurgers / Assistants : Philippe Braem, Jenny Graff / Photos de l’exposition : Aline Inglese, David Lucas / Graphiste : Gyuri Macsai

Affiche-journal A3 fermé, groupe d’œuvres de JeanMarie Gheerardijn / A1 ouvert, foire d’art industriel place Saint-Lambert, 1870

Potlatch & Gambit, Trésors Cachés investit le Musée d’Ansembourg, dernier hôtel XVIIIe siècle ayant conservé un grand nombre de ses décors originaux. Cette exposition d’inspiration baroque renoue avec la tradition des cabinets de curiosités.

Après avoir parcouru les réserves des musées et collections liégeoises, Laurent Jacob (Espace 251 Nord) rassemble en cette demeure patricienne, les œuvres et les objets qu’il y a décelés, choisis pour leur singularité.

Tombés en désuétude à la fin du XVIIe siècle, les cabinets de curiosités ont connu un regain d’intérêt au XXe siècle. Ainsi, leurs esthétiques inspirent différents courants artistiques tels que le Surréalisme, le Ready-made ou encore le Storage. Avec cette exposition, Espace 251 Nord met en résonance la création contemporaine, les arts traditionnels, les sciences et techniques.

Cette exposition fait écho à After Cage – 24 collections en mouvement au Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain. Ce projet tripartite, à l’initiative de 4 centres d’art eurégionaux (NAK Aachen, Z33 Hasselt, Espace 251 Nord Liège et Marres Maastricht), propose des cabinets de curiosités avec quelques 500 pièces provenant de 24 musées différents de l’Eurégio Meuse-Rhin. La sélection des pièces s’opère selon un principe aléatoire élaboré d’après le concept du compositeur John Cage (Rolywholyhover a Circus, 1993). L’objectif d’After Cage est de contribuer à générer un réseau entre les institutions culturelles et d’accroître la présence de chacune des régions par delà les frontières. Potlatch & Gambit, Trésors Cachés est complémentaire de ce volet eurégional. Les objets, choisis pour leur valeur intrinsèque, se répondent entre eux et dialoguent avec les créations contemporaines. En effet, dans les productions artistiques actuelles, de nombreux thèmes et sujets abordés dans les cabinets de curiosités de la Renaissance et du XVIIIe siècle sont présents de manière tant explicite que suggérée. L’ensemble se regroupe dans les salles du Musée d’An-

sembourg selon des thématiques touchant à diverses problématiques telles que la vie et la mort, l’africanisme et le colonialisme, la sorcellerie, la botanique, etc. La diversité des pièces présentées donne un aperçu des multiples techniques de création, engendrant des passerelles interdisciplinaires. Ainsi, peinture, gravure, sculpture, musique et vidéo se côtoient dans un cabinet de curiosité d’aujourd’hui.

Lizène exerce une pratique continue de la médiocrité, parsemée de tableaux inachevés, de projets qualifiés « d’inaboutis », « médiocres », « nuls ». D’un point de vue technique, il utilise des procédés traditionnels comme la peinture, le dessin ou la vidéo qui démontrent selon lui un manque de talent. Il y a cependant une notion paradoxale dans ce travail qui ne peut aboutir qu’avec l’adhésion du public, du marché de l’art et des institutions. Ceux-ci, en acceptant Lizène dans leurs champs artistiques, renversent la négativité de son travail. Pratiquant l’art du collage sur sculpture, il crée ainsi des sculptures génétiques grâce à un mix entre masques africains et statuaire classique occidentale. Il pointe ainsi du doigt les questions d’héritages culturels, génétiques et identitaires. Présentée à Métamorphose dans le cadre de Bruxelles 2000 Ville européenne de la Culture, à l’atelier de moulage du Cinquantenaire (créé au XIXe siècle, sous Léopold II, l’atelier de moulage exploite une collection de près de 4000 moules réalisés sur des œuvres d’art datant de la préhistoire au XVIIIe siècle), ces sculptures génétiques allient des éléments moulés, références à la sculpture greco-romaine et des éléments rapportés trouvés aux puces. Au gré des expositions, de nouvelles pièces reposant sur le même concept sont créées notamment pour Ici et maintenant à Tour et Taxis à Bruxelles en 2001, au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris en 2003 ou encore pour Les Afriques à Lille en 2004.

Texte de présentation de l’exposition, 2006

Manneken-Pis croisé fétiche africain Sculpture génétique culturelle aux deux phallus.
A droite : dessin de Roland Topor, coll. Cirque Divers
Sculpture génétique culturelle sur luge du XVIIIe siècle. A l’arrière-plan La Vierge de Jean Delcour

2007 ROTATION DES STOCKS

19/04 > 25/06/2007

Lieu : Des arts (Bruxelles)

06/10 > 17/11/2007

Lieu : Espace 251 Nord

Production Espace 251 Nord

Commissaire : Laurent Jacob

Coordination : Benoît Califice / Médiation : Bérénice Gillot

Photo de l’exposition (Espace 251 Nord) : Alain Janssens

Textes : Cecilia Bezzan

Croisé, à rebours. Absolument

Cécilia Bezzan

Alors que d’aucuns participent avec frénésie à l’écriture au « top de la fama » du ballet artistique mondial, Jacques Lizène, Petit maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle, concourt sans relâche à l’élaboration d’une farandole. Une chorégraphie du médiocre, infâme et répétitive. Encore et toujours apporte-t-il une brique à l’édifice d’une reconnaissance (faussement) banlieusarde. Chez Lizène, l’humour est facétie. La dérision s’emploie à coups tirés, semblables à des injections neuronales de verve déraisonnée. L’esprit dédaigne les valeurs dominantes, leur préférant les chemins contrariés d’une création singulièrement indisciplinée. Dès le début du grand oeuvre, plusieurs statements provoquèrent le rejet et le dégoût, projetant la démarche dans l’abîme du renoncement : « Je propose à l’espèce humaine de s’éteindre gentiment, à jamais, en cessant de procréer (1965) ». Subversif et impudique, le trublion de service convoitera la déchéance morale par la réalisation de toiles à la matière fécale. Le principe autarcique se met efficacement en place par la création en « circuit fermé » : manger, peindre, vendre pour à nouveau manger… (1977). À l’image d’une cou-

pure vis-à-vis du monde extérieur, la vasectomie en tant que sculpture interne signe symboliquement le repli sur soi (1970). Ailleurs, le pessimisme à l’œuvre dans la démarche s’exprime par le motif croisé. Deux barres obliques formant une croix évoquent avec incertitude le chromosome X, qui vient marquer en tant que négation un autoportrait (1970), la pellicule d’un film raté et barré à la main (1972). Parallèlement au propos morbide, Lizène organise cependant la résistance à la stratégie de sa propre perte, s’occasionnant dans une descendance remarquable. Une foule de petits personnages (médiocres) peuple dessins et peintures (minables) et se mue en groupe d’individus ithyphalliques courant après des « petites bonnes femmes » (1966). De la même manière, le recours continu au « croisement » en tant que principe de création universelle organise tout autant l’œuvre depuis ses débuts, un peu comme si tout dans le monde environnant devenait prétexte à échapper à la sévérité de la sanction affligée. Sous diverses appellations, « syncrétique », « AGCT » ou « génétique », le chiasme abordera au fil du temps chaque sujet, chaque discipline.

Déferlante génétique

L’intérêt génétique remonte à 1964, comme en témoigne un dessin au crayon de sculptures hindoues / africaines. Plus tard, la démarche se formule dans le systématisme de l’action. Action polaroïde (1971) propose un projet de recense-

Couverture du journal d’automne, A3, 16 pages. Graphiste Gyuri Macsai
Dessin médiocre, Lizène le quasi nul. 195 x 111 cm. Deux dessins au feutre sur papier calque. 2007 (Projet 1964)
Richelieu masqué sur diable, Sculpture génétique culturelle 2000 (1964 - 1971 - 1984), Bruxelles
Selçuk Mutlu avec la collaboration de Jacques Lizène. Ni gris, ni vert. Triptyque partie 1. Vidéo, couleur, son. 2007 - 2011. Production : Espace 251 Nord. Tournage : Au laboureur, rue de Flandres (Bruxelles).
Mélange de jambes, 2000 (Projet 1964 - 1971 - 1984)
Ensemble de sculptures génétiques, en remake d’installation. 2000 - 2007 (1964 - 1971 - 1984), Bruxelles
Petits robots, post-humains prémonitoires. 2007

ment du plus grand nombre de visages humains, toutes races confondues. Vingt ans plus tard, Fun Fichier (1993) reprend le principe fondamental du processus biologique A.G.C.T. et l’applique aux photographies, en échangeant entre elles les zones du nez, des yeux, du front et du menton. Sur enveloppe de récupération ou sur bouts de papier rapiécés au scotch, crayonnés au feutre noir ou plus simplement au stylo Bic, une multitude de projets prendront forme. Quelle que soit la technique pressentie, le principe moteur de l’œuvre féconde conjointement peinture et vidéo, sculpture et photographie, dessin et papier plastifié : la déferlante génétique est lancée. La musique aussi n’y échappe pas. Depuis les mélopées des années 70, petites chansons non séductives enregistrées sur cassette devant accompagner ses œuvres d’arts, Lizène « chanteur-en-dessous-detout » produit le Minable Music-Hall, en collaboration avec l’émission Radio-Titanic sur les ondes du premier programme de la RTBF (1980-1982). Le principe de réécriture de musique à l’envers, déposé à la SABAM, en 1996, concerne les musiques de Chopin et de Mozart.

En 1997, Espace 251 Nord s’installe dans une boutique, rue Bonne Fortune, à Liège. Tandis que la vitrine accueille les nombreux portraits génétiques réalisés au fur et à mesure par le Petit maître, une vidéo montre le pianiste Jacques Swingedouw interpréter une partition doublement à l’envers. Le musicien exécute le morceau assis sur le tabouret et continue de jouer dans un deuxième temps, à genoux sur le couvercle de l’instrument. Quelques années plus tard, en 2000, Bruxelles/Brussel 2000 Ville européenne de la culture offre l’opportunité de produire les Sculptures génétiques culturelles, à partir de véritables copies de sculptures antiques, renaissantes et classiques issues de l’Atelier de moulages des Musées royaux d’Art et d‘Histoire, complétées de statuaire africaine. Conçue dans l’optique d’une démarche processuelle, cette première installation donne lieu, l’année suivante, au dispositif réalisé au Palazzo Franchetti à l’occasion de la participation a-latere de la Communauté française de Belgique à la Biennale de Venise (2001). Proposées au devant d’une projection noir et blanc d’extraits vidéo des années 70, les Sculptures génétiques culturelles hautes en couleur

reprennent en partie les oeuvres fabriquées pour le Cinquantenaire et se dotent d’autres exemplaires mettant plus en valeur le croisement « art africain » / « art occidental ». Le processus perdure et quelques mois plus tard, lors de la vaste exposition Ici / Maintenant, 100 jours / 100 ateliers, aux anciens entrepôts des douanes Tour et Taxis, Jacques Lizène réactive ses sculptures en une imposante installation dotée de photocopies plastifiées supplémentaires, mettant en scène aussi bien des artistes emblématiques du XXe siècle, tels que Duchamp ou Picasso, que des hommes politiques plus tristement célèbres, tels qu’Hitler ou Staline (Bruxelles, 2001). Lille 2004, autre capitale européenne de la culture, sera l’occasion d’un énième remake montrant « l’envers du décor ». A l’arrière d’une grande palissade stratifiée sur laquelle était projetée l’œuvre d’un autre artiste, Lizène dépose au sol plusieurs sculptures génétiques donnant à apprécier l’atmosphère bordélique de l’atelier d’artiste, qui a toujours animé l’esprit de la pièce au fil de ses nombreuses versions.

Remake, et cetera.

Le principe même du remake, à savoir la réactivation d’un statement, d’une manière de faire, à l’œuvre depuis les débuts de la démarche du Petit maître liégeois, artiste de la médiocrité, produit une sorte de suite répétitive et fastidieuse. Bien qu’il s’agisse d’entreprendre la relecture de sa propre œuvre, donnant lieu à des réajustements continus, c’est aussi l’occasion pour Lizène de provoquer la frustration du spectateur, tout du moins son agacement. Le remake procède donc du discours autorisé, qui chez Lizène correspond à une manière de s’exprimer sans demander son reste, de se produire dans l’attitude, via le texte, l’adresse épistolaire, l’autoproclamation. Une manière de régenter sa démarche et de créer son propre glossaire, langage, de se définir en tant que son propre exégète. Bref, de mettre en œuvre un panel de moyens pour agir dans la communication d’un contenu, ce qui revient également à démontrer par l’absurde, que la lecture de l’œuvre d’art tient avant tout à ce que l’on veut bien y lire.

Lizène est une odyssée à lui seul, une fable. Bien que la médiocrité revendiquée ne laisse pas indemne le spectateur, l’œuvre jouit d’une humanité remarquable. Contrariante, taquine, subversive, égotique, la parole de Lizène revient toujours vers l’autre. Allusion à de nombreuses histoires racontées, comme les scenarii passés en douce à Woody Allen lors d’un séjour à Venise ou encore l’estomac tapissé de feuilles d’or de feu son père, Lizène fictionne de plus en plus, élevant le phrasé vers les limbes de la création. Son activité de conteur virtuel ajoute la dématérialisation à l’œuvre et participe tout autant du discours autorisé que de l’art d’attitude. A d’autres moments, le dédoublement entre Lizène et le Petit maître fonctionne sur un mode ventriloque, l’un permettant de réguler la parole de l’autre. L’effet de doublure ainsi généré produit la surenchère narcissique. Lizène joue son propre rôle à la vie, comme sur la scène artistique. L’un ne subsiste sans l’autre et c’est dans ce partenariat nécessaire que repose la clef de la caution artistique.

Auparavant, au téléphone (extraits) :

Cécilia Bezzan : Ces dernières années, votre production s’est quasi exclusivement orientée vers les Sculptures génétiques, quelles que soient leur formes. La médiocrité du Petit maître se résume-t-elle désormais aux Sculptures génétiques ?

Jacques Lizène : Oui et non. AH haHAHHhahaa. Et bien vous voyez, vous aussi vous donnez dans le remake. C’est un thème que nous avons déjà abordé. C’est magnifique ! J’aime l’idée d’inachèvement et plus encore celle du sys-téma-tisme. ahahhahHAHHAhhaa. C’est une manière de créer en « circuit fermé ». Comme un tic de la création. Certains disaient d’ailleurs de Bernard Buffet qu’il n’était pas un grand artiste parce qu’il se répétait. Je ne suis pas du tout d’accord. J’ai toujours aimé cela la sys-té-ma-ti-sa-tion. Cela ennuie le spectateur. J’ai beaucoup d’empathie pour les systèmes répétitifs. J’aime aussi les

coïncidences dans l’art. Il y en a beaucoup et pas seulement dans la pratique du Petit maître ! Ahahahahahahahah. Quand on est jeune, on est légèrement agacé mais lorsque l’on vieillit, on se rend compte de l’importance d’être constant !

CB : Essayons d’être méthodiques… (Le Petit maître interrompt)

JL : Ouioui oui oui. Cela commence par L’art syncrétique, en 1964, puis par des petits dessins de projets non réalisés et en 1971, le terme génétique apparaît. En 1996, j’ai déjà le projet d’un site Internet, où il est proposé aux visiteurs de déposer le scan de leur portrait pour en produire une sculpture génétique. Mais à l’époque, personne ne possédait de scanner ! Ahahhahahaha. Même Ben m’a envoyé sa photo par la poste. Le projet était donc nul, faute de moyens techniques adéquats. Dix personnes ont visité le site, dont cinq visites de Charles François. Le projet n’a vraiment pas fonctionné. Défaillance technique et défaillance d’audience totales !

CB : Depuis toutes ces années, le processus a-t-il évolué ?

JL : NonnonNon non non, pas du tout. Et pas seulement chez le Petit maître. Ahahhahahaha. Déjà sur les peintures rupestres préhistoriques, on voit une représentation d’un homme avec une tête d’oiseau. Intuitivement, ils ont découverts la sculpture génétique contemporaine. Les Egyptiens aussi. Le Sphynx est une sculpture génétique. Ahahhahahaha. J’aime transgresser et créer des déplacements sémantiques. D’ailleurs, le terme remake provient du cinéma. Je l’ai déplacé dans les arts plastiques. C’est un jeu plastique, comme mes sculptures. Pour clôturer, je vais d’ailleurs citer un artiste américain positif, Jeff Koons. Sa déclaration pourrait très bien servir ma démarche mais à rebours : « Il ne s’agit pas d’images, qui seraient appréciées pour elles-mêmes mais il s’agit bien de permettre au spectateur de s’accepter lui-même ». Voilà.

n

PRÊTS D’ŒUVRES

Trace du sacré

07/05 > 11/08/2008

Lieu : Centre Georges Pompidou, Paris

Production : Centre Georges Pompidou

Commissaire : Jean De Loisy et Angela Lampe

Prêt d’œuvres : Espace 251 Nord

Ad Reinhardt / Adel Abdessemed / Alexej von Jawlensky / Alfred

Manessier / Allen Ginsberg / André Breton / André Derain / André

Masson / Andy Warhol / Anish Kapoor / Antoni Tàpies / Antonin Artaud / Arnulf Rainer / Auguste Rodin / Augustin Lesage / Augusto Giacometti / Barnett Newman / Ben / Bill Viola / Brion Gysin / Bruce Conner / Bruce

Les Maîtres du désordre

11/04 > 29/07/12

Lieu : Musée du quai Branly, Paris

Production Musée du quai Branly

Commissaires : Jean De Loisy et Nanette Jacomijn Snoep

Prêt de trois œuvres pour l’installation Le char des conjurations profanes d’Arnaud Labelle-Rojoux

Photo : Virginie Marielle / ADAGP

Nauman / Bruno Perramant / Cameron Jamie / Charlotte Rudolph / Christer Strömholm / Christian Boltanski / Constantin Brancusi / Edvard

Munch / Eli Lotar / Emil Nolde / Emmanuel Saulnier / Ernst Ludwig

Kirchner / Etienne-Martin / Fernand Léger / Francis Bacon / Francis

Picabia / Franck Scurti / Franz Marc / George Grosz / Georges Rouault

Germaine Richier / Gina Pane / Giorgio De Chirico / Gérard Garouste

Harry Smith / Henri Matisse / Henri Michaux / Hermann Nitsch / Jackson Pollock / Jacques Lipchitz / Jacques Lizène Valère Novarina...

Sacré profane en morcellement de cimaises 1970, en remake, 1979-2007/2008 Exposition Trace du sacré, Centre George Pompidou, Paris, 2008.

Lizène : génied’artmédiocre2046

Lizène : geniusmittelmässigerkunst2046

02/08 >2 0/09/2009

Lieu : Ikob, Eupen

Production : Ikob, Eupen

Commissaire : Francis Feidler

Prêt d’œuvres : Espace 251 Nord

Photo : Christian Roosen

Le(s) Moi(s) de Lizène

31/01 > 27/03/2009

Lieu : Muhka, Anvers

Production : Muhka, Commissaire : Bart de Baere

Prêt d’œuvres : Espace 251 Nord

: Christine Clinckx

Photo

La geste Lizène

L’Emoi, les mois, le moi de Jacques Lizène

Muhka, Anvers du 31 janvier au 29 mars 2009

Autoproclamé  Petit Maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle – Artiste de la médiocrité et de la sans importance , Jacques Lizène produit une œuvre à l’image d’une fable philosophique marginale et irrévérencieuse, qui s’ingénie à lutter contre l’idée de jugement, contre la norme, la bienséance et le politiquement correct. Son esprit dédaigne les valeurs dominantes, leur préférant les chemins contrariés d’une création singulièrement indisciplinée. A l’occasion de sa rétrospective au Muhka (Anvers),  L’Emoi, les mois, le moi de Jacques Lizène , que les plus sensibles s’éloignent. Point n’est question de demi mesure…

Little maestro et son Aurea Mediocritas

Empruntée à Horace, « Aurea Mediocritas » permet d’entrevoir la dimension d’équilibre lizénien, jouant depuis 1965 du concept de la médiocrité comme d’un aulos, à savoir une flûte à double conduit apte à signifier « l’état de ce qui est entre le grand et le petit, entre le bon et le mauvais » et de « l’insuffisance de qualité ». L’œuvre participe de l’élaboration d’une grammaire plastique (croix, ratures, ponctuation des termes « minable » et « nul ») propre à revendiquer la médiocrité, le ratage, l’inefficacité comme autant de valeurs artistiques. Pour aborder cette rébellion épique, mieux vaut évacuer le propos sur la Belgitude, caricature du folklore de la pensée. Néanmoins, le terreau fertile des illustres prédécesseurs, qu’ils se nomment Rops, Magritte ou Mariën n’est pas sans effets. Jouissive, la vidéo Sexe marionnette (1977, remake 1993) présente le sexe de l’artiste tenu par une ficelle, alternant entre sexe triste et sexe gai. Ce théâtre minimaliste rappelle précisément deux eaux-fortes de Félicien Rops, L’Homme au repos et L’Homme au travail, où le premier avachi, tête basse, échine courbée, bourses tombantes avance péniblement, le second, col haut, poitrine gonflée, le poil dressé, plastronne d’aise. Et que dire des élans vaches de Magritte et sa profusion de petits dessins érotiques, ceux d’un visage présentant un long appendice bito-nasal, d’une main agrippant le fût d’une cheminée industrielle crachant un petit nuage tel un sexe en érection1 ? Ne participent-ils pas du même enjeu métaphorique que les usines miniatures des Sculptures nulles avec fumigène (1980-1988) ? Ni hommage, ni réinterprétation, on serait tenté de traduire cette culture de coïncidence par ce que Breton appela « hasards objectifs ». Les usines miniatures crachant aussi leur petit jet de fumée renvoient précisément à la dispersion de matière ayant perdu sa fonction séminale (Vasectomie, 1970) ainsi qu’au contexte périphérique banlieusard, ambitionné par la démarche à la fois excentrée et excentrique (Art banlieue, 1974). Il n’y aurait donc qu’un pas entre la trahison des images dont parlait Magritte et la sincérité chez Lizène lorsqu’il précise au sujet de sa démarche que « l’art est la sincérité du mensonge ».

Thanatos / Eros

Etonnamment, il s’est toujours établi un équilibre entre esthétique morbide et désir de vie. Paroxystique, l’expression mortifère trouve son fondement dans le statement de 1965 « Je propose à l’espèce humaine de s’éteindre gentiment à

jamais en cessant de procréer »2 et sera relayée plus tard dans les performances Actions spécifiques, Volet clos. Noir funèbre. Pose d’une fenêtre morte  (1970) et la même année avec sa vasectomie3, opération de stérilisation irréversible. Malgré cela, Lizène habille à foison ses dessins et peintures de petits personnages ithyphalliques prompts à exercer joyeusement leurs ardeurs. Autre témoignage de cette énergie vitale, le procédé génétique mis en œuvre dès 1971 avec « AGCT », un projet de recensement du plus grand nombre de visages toutes races confondues. Ailleurs, Lizène continue de s’occasionner dans la multitude des Sculptures génétiques (1996-2008), autant de collages photographiques et de sculptures mixant l’espèce humaine et ses représentations artistiques à travers les âges.

Dans le même esprit, le remake permet à l’artiste de reprendre à souhait le projet d’une œuvre ou d’une thématique pour en proposer une réactualisation, tous média confondus (Contraindre le corps, 1971, remake 1980, 1996, 2001, …, Entassements de toiles, 1970, remake 1980, 1989, …). A la manière d’un disque rayé, le remake employé à gogo, systématisé, ritualise une manière d’agir au sein de sa propre production, sans demander son reste.

Merde !

Si le motif de la brique rouge présent dans la peinture à la matière fécale (1977) se réfère plus généralement à l’art belge (Mariën, Broodthaers), Magritte encore demeure une référence avec La saignée (1938 – 1939), une gouache sur papier montrant la représentation encadrée d’un mur de briques. A contrario des productions contemporaines4 les plus récentes, Kackabet  (2007) des Gelitin (photographies de leurs crottes formant les lettres de l’alphabet) ou Shit (2008) d’Andres Serrano (photographies des étrons de diverses espèces animales recueillies dans un zoo équatorien), Lizène continue d’être célébré dans l’infamie5, sans doute parce que le recours à sa propre matière fécale comme matière picturale s’emploie « au sens propre », alors que les autres productions ne l’abordent qu’à travers sa représentation.

La formule autarcique « être son propre tube de couleur » révèle selon l’équivalence freudienne (or – merde) une « savoureuse » litote, puisqu’il s’agit de boire, manger, déféquer, peindre avec, tenter de vendre le tableau pour à nouveau boire, manger, etc. Eclairée par le propos lacanien, la peinture au caca et sa formalisation par le motif de la brique conduisent cependant à l’abîme du renoncement6. Là où le peintre transforme la merde en regard, Lizène, par le

1992.

2 Plus radicalement exprimé par Henry Flynt Overthrown the Human race !! 1968.

3 Qu’elle ait été pratiquée ou non importe peu, puisqu’elle est vécue comme telle. Cette affir mation fait partie du discours autorisé de l’artiste.

4 Pour l’aventure de la merde dans l’art contemporain, voir Catherine Millet, Artpress, n° 242.

5 Jean-Yves Jouannais, Infamie, Hazan, 1995 et plus tard, L’Idiotie, in Beaux-arts magazine, 2003.

6 « Le créateur ne participera jamais qu’à la création d’un petit dépôt sale, d’une succession de petits dépôts sales juxtaposés. C’est par cette

1 Graffiti dans Magritte. La période vache, catalogue de l’exposition, Musée Cantini, Marseille,

recours à la matière fécale, annule son regard. L’artiste démonte la sublimation que comporte toute peinture, dans un geste qui est un retour - sans doute parodique -, à l’état de nature, se réfugiant dans un tabou qui provoque le dégoût pour concrétiser son désir de rejet. La peinture à la merde équivaudrait symboliquement à une peinture « aveugle », à l’image du mur de briques sans fenêtre. De la même manière que l’humour facétieux se suffit à lui-même, l’autarcie sera l’expression d’une attitude en « circuit fermé », l’artiste endossant les rôles des acteurs du monde de l’art : du critique lorsqu’il produit sa propre exégèse, du curateur lorsqu’il propose le Partage de cimaise  (1974, nombreux remake), de l’historien de l’art lorsqu’il retrace l’histoire d’  Un certain art belge, une certaine forme d’humour (1993) et du collectionneur lorsqu’il dévoile sa Collection virtuelle (2001).

Fable & utopie

Cette manière de (se) raconter le monde, de le dérouler poétiquement s’exprime aussi dans le désir utopique d’abondants projets non réalisés. Véritable odyssée drolatique, nombre de sculptures et d’installations parsèment le catalogue lizénien. Dans son discours, l’artiste fictionne de plus en plus. Ses récits faisant preuve d’une imagination débordante pourraient fort bien convenir au pitch d’un Burton ou d’un Gondry. Il raconte à qui veut l’entendre l’histoire de son père qui avalait des feuilles d’or pour panser ses aigreurs stomacales ou encore explique comment il fila en douce des idées de scenarii à Woody Allen dans un bar à Venise.

Le dédoublement entre Lizène et le Petit Maître fonctionne sur le mode ventriloque, le premier permettant de réguler la parole de l’autre. Si l’effet du double produit la surenchère narcissique, c’est dans ce partenariat nécessaire que repose la clef de la caution artistique : Lizène joue son propre rôle à la vie comme sur la scène artistique. Dès lors, l’art d’attitude (1965) se comprend comme situation d’une performance continue contrariant la bienséance. Ce dandysme à rebours crée une identité somme toute foncièrement romantique dans ses ferments subversifs et impudiques, l’idée de raffinement étant dévoyée au profit d’un déplacement des valeurs. Le dandysme lizénien mêle l’irrespect à l’insolence du geste, afin de dépasser toute idée de jugement. L’allure faussement infatuée de l’être comme mise en scène tragi-comique plaide volontiers pour un désir d’humanité à jamais renouvelé. Aussi, l’attitude lizénienne rejoint-il l’idéal d’une quête d’infinie liberté.

Jacques Lizène. Né en 1946. Vit et travaille à Liège (Belgique). Il est représenté par la galerie Nadia Vilenne (Liège).

dimension que nous sommes dans la création scopique – le geste en tant que mouvement donné à voir », in Jacques Lacan, Qu’est-ce qu’un tableau ?, in Le Séminaire, livre XI. Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, 1973, p. 107.

Achevé d’imprimer à 2500 exemplaires en 2016

Impression Unijep

ISBN 978-2-9601301-1-9

Dépôt légal : D/2016/13.106/2

Tous droits réservés © Espace 251 Nord et Jacques Lizène

Coproduction Espace 251 Nord et Ecole supérieure des Arts de la Ville de Liège

Espace 251 Nord reçoit le soutien du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Administration générale de la Culture, Service des Arts plastiques

Jacques Lizène est représenté en Belgique par la galerie Nadia Vilenne

ESAVL

Rue des Anglais, 21 4000 Liège

Belgique

T +32 (0)4 221 70 70 arba.liege@sup.cfwb.be www.esavl.be

Espace 251 Nord asbl Rue Vivegnis, 251 4000 Liège

Belgique

T +32 (0)4 227 10 95 info@e2n.be www.e2n.be

ESPACE 251 NORD ACTIVES ARCHIVES

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.