Érectile Magazine #3

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Érectile est un magazine bi-mensuel gratuit extensif proposant des portraits, des interviews et des rencontres croisées de jeunes créateurs français. Ici, l’objectif est de parvenir à porter un regard plus objectif sur l’œuvre par le biais d’une démarche compréhensive du parcours de son géniteur. Nous souhaitons raconter des histoires plutôt que d’en inventer, avec simplicité – parfois – et sincérité – toujours.

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Rédacteur en chef Matthias Meunier

Directeur de publication Yannis Mouhoun

Rédaction magazine

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Charlotte Gelas Perrine Hériot Inès Lockert Cindy Renard

Conception graphique Matthias Meunier

Contact

E IN

redac@erectilemagazine.fr

Site web

www.érectile.fr

Un projet de

www.medias-culture.fr

Numéro trois.


Érectile adjectif.

Dérivé d’érection ou du latin erectum, supin de erigere, ériger. Qui peut se gonfler et durcir par afflux de sang dans les vaisseaux. Se dit également de poils susceptibles de se dresser. D’un point de vue symbolique, l’ours est un animal possédant bon nombre de facettes. Dans la cosmogonie chinoise, Yu le Grand, créateur du monde, prenait la forme d’un ours afin de l’organiser. Les Inuits, eux, voient l’ours comme un symbole de grande force et de courage symbolisant également le pouvoir de l’inconscience et de la connaissance de soi. Cette dernière vision de l’image de l’ours peut également se rapprocher de celle que possédaient les alchimistes puisqu’ils voyaient en lui une forme d’initiateur. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’ours possède également quelques point commun avec l’art. L’ours est considéré comme un animal violent et brutal, pourtant, c’est un animal capable d’être apprivoisé de manière très simple. Il n’en demeure pas moins capable de régresser violemment vers un état primaire, de la même façon que l’art peut lui aussi être considéré comme un moyen d’expression très brut, très primitif aujourd’hui apprivoisé et même intellectualisé. Enfin, quel animal, tout comme l’art, s’est retrouvé apprivoisé pour être donné en spectacle et exposé aux yeux de tous dansles cirques et les foires ? Et bien oui, il s’agit de l’ours. De la à trouver cohérente l’idée d’associer Érectile à un ours, il n’y qu’un poil...

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Redécouvrez l’art de la broderie au travers de notre rencontre avec le crew les

DeuZ’bro.

Le jeune duo utilise ce médium comme moyen d’expression urbaine sur les grilles de notre ville. Le broderie n’aura jamais été aussi « swaggé »


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Rencontre

DeuZ’bro

Street-artistes

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Une alternative au street-art ? Bonjour Les deuZ’bro, qui se cache derrière ces deux guérilleros brodeurs ?

Quel est votre parcours ?

Bonjour Érectile Magazine. Nous sommes Anna et Christofer, deux jeunes bien propres sur eux, fascinés par les arts de rue et qui en douce, expriment leur côté vandale.

Christofer : Nous avons fait ensemble un DMA textile (diplôme des Métiers d’Arts, équivalent BTS), je suis en tissage et Anna en broderie. Nous développons depuis plus d’un an notre projet de broderie de rue. Anna est en 3è année Design et Matière à l’ENSAD et moi en 2è année DSAA à l’ENSAAMA.


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Rencontre

DeuZ’bro

Street-artistes

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Le street art à la bombe est très en vogue en ce moment dans le monde de l’art, pourquoi ce parti pris de tagger avec des tissus ? Nous nous sommes engagés dans ce projet pour agir sur l’environnement quotidien des citadins. Nos interventions proposent une alternative visuelle au sein du mouvement street art. La rue appartient à tout le monde et à personne. Elle est saturée de signes que nous décodons machinalement sans y prêter attention. Nous essayons de surprendre l’œil endormi du citadin par la recherche de formes d’expressions inattendues. Ainsi en installant dehors des ornements propres à l’espace intime et familial, qui véhiculent des valeurs traditionnelles, artisanales, «nous intimisons» la rue.

C’est justement cette rencontre qui nous intéresse. Le point de croix à grande échelle prend une nouvelle vie, on redécouvre cet art du fil, mais on le rencontre aussi dans un autre lieu : la rue. La broderie est produite dans l’espace familial pour l’espace familial dont elle ne sort pas et où elle est protégée. En la déplaçant dans la rue on la rend fragile, à la merci des passants. La broderie prend du temps, elle demande de la patience contrairement au tag qui se fait très rapidement et donc anonymement.


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et limites.

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Rencontre

DeuZ’bro

Street-artistes

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Obstacles-

Votre démarche est très poétique et sert l’espace public, rencontrez-vous tout de même les mêmes types d’obstacles que les graffeurs traditionnels ? (problème avec la police, avec les intempéries, etc.) Il nous est arrivé, lorsque nous brodions dans des lieux sous surveillance (le jardin des Tuileries, le parc de la Villette,…) de nous faire virer et que notre broderie soit détruite le jour même. Mais en général, nos ouvrages sont appréciés par les riverains, qui sont parfois touchés qu’on prenne tant de temps pour «embellir» leur quartier. Certains nous prennent pour de jeunes rigolos qui ont du temps à perdre.


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DeuZ’bro

Street-artistes

Vos œuvres sont-elles forcément vouées à l’éphémère ? Oui, notre travail est soumis à la pollution, aux intempéries, au vol, au vandalisme… Mais ça fait partie de la démarche. On aime bien revoir nos broderies et observer leur évolution. La plus grande, située sur un pont à côté du parc de la Villette, est celle qui résiste le mieux ! Nous l’avons réalisé en octobre 2012 et elle y est toujours ! Très abimée, presque blanche, mais toujours là ! Nous savons que nos broderies in situ se dégradent avec le temps, mais elles restent présentes un bon moment, même dégradées. Nous aimons laisser une trace, même éphémère, qu’elle apparaisse quelque part, s’en aille puis revienne ailleurs. Une sorte d’émerveillement au quotidien... Lorsque nos broderies disparaissent, on imagine leurs aventures.

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Rencontre

DeuZ’bro

Street-artistes

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Deux univers que tout oppose. Qu’est-ce qui vous plait dans ce mix entre l’art urbain, plutôt cri de la jeunesse, et le point de croix de nos grands-mères ? Nous sommes tous les deux très sensibles au street art, à l’univers urbain et aux problématiques contemporaines liées à l’espace public. Nous avons choisi le fil comme moyen d’expression également parce qu’il nous permet de réunir des univers que tout oppose et des personnes de générations et de sensibilités différentes. Nos univers et inspirations artistiques sont très éclectiques. Cela va du mainstream aux cultures et artistes underground, les « subcultures » très spécifiques liées au Japon, à l’Europe, etc.


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Vous vous qualifiez comme « le crew des swageurs de point de croix », c’est votre but principal dans votre projet, remettre la broderie au goût du jour ?

Dans votre quotidien aussi vous vivez entre moderne et vintage ? (mode, musique, film, etc.)

Oui, c’est se faire rencontrer des univers qui ne semblent pas connectés, mais qui le sont forcément. La broderie et le point de croix, c’est écrire quelque chose avec du fil, tout comme le graff/tag avec de la peinture. C’est l’art de l’écriture, de la typographie. C’est aussi un moyen de marquer son territoire : de la jeune fille qui prépare son trousseau au graffeur qui marque la rue de son sceau.

Anna : Je pense vivre entre moderne et vintage comme la grande majorité des jeunes qui m’entourent. J’aime écouter du bon rap français (NTM, Rocé, Oxmo) en brodant et je ne l’affiche pas spécialement dans mon look. Les deuz bro c’est aussi pour nous un moyen de faire ressortir des traits de caractère refoulés. Christofer : Je suis très intéressé par le mix des univers dans tous les domaines. J’apprécie par exemple la musique kawaii tout autant que la musique goth, la déco contemporaine et le décor traditionnel, les costumes ancestraux et les dernières fringues 3D d’Iris Van Herpen. Tout est connecté, se rencontre et communique ensemble.


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Rencontre

DeuZ’bro

Street-artistes

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Mise en œuvredu dispositif. Vos thèmes sont ceux de la broderie traditionnelle, pourquoi ? Souhaitez-vous par la suite donner une autre orientation à vos motifs ? Nous utilisons principalement des typographies issues de livres anciens de broderie, mais nous créons aussi nos propres motifs. Nous empruntons également les codes des lettrages de graffs.

https://www.facebook.com/media/set/?set=a.185210381603186.7119.160838990706992&type=3

Vous brodez par préméditation ? Comment procédez-vous ? Nous avons deux manières d’agir : In Situ : Nous créons notre broderie en fonction du lieu que nous avons repéré. Dans ce cas-là il y a un travail de repérage en amont : on commence par compter les carreaux, ensuite on choisit les couleurs et on dessine notre motif, puis nous nous installons dans la rue avec notre boite à couture et tout notre « matos » et nous brodons directement la rue. À la maison : pour des projets spécifiques (déplacement à l’étranger par exemple, ou broderie très fine), nous brodons chez nous sur des grilles que nous posons ensuite dans la rue.


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Rencontre

DeuZ’bro

Vous travaillez par série ou plutôt par motif unique ? Non, nous brodons des motifs uniques en fonction du lieu et du temps. Mais évidemment nos créations sont influencées par nos lubies du moment. On a eu notre période motifs années 30, très géométriques. On vient de découvrir un livre de broderies russes donc on a attaqué une nouvelle phase.

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DeuZ’bro

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Rêves, anecdoteset mamies. Votre plus grand rêve de broderie ? Avoir du temps, toujours plus de temps pour une broderie « monumentesque » !

Avez-vous une anecdote liée à votre projet à nous raconter ? Des phrases et des gestes de passants : Une jeune femme : « Trop chelou les meufs ». Ou encore des SDF : « sympa la nouvelle déco » Un jour on nous a même tendu une pièce d’un euro...


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Rencontre

DeuZ’bro

Street-artistes

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Qu’en pensent vos grands-mères ? Christofer : Ma grand-mère est super cool ! Elle m’a appris à crocheter et m’a donné sa machine à tricoter que j’utilise régulièrement. Elle a beaucoup d’humour, mais ne me soutient pas trop dans ce projet. C’est une ancienne gendarme ! (rires) Anna : Ma grand-mère m’aurait sûrement trouvé un peu « vieux jeu » et farfelue avec mon point de croix, mais je pense qu’elle aurait été curieuse d’en savoir plus !!

Inès Lockert https://www.facebook.com/media/set/?set=a.185210381603186.7119.160838990706992&type=3


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Laura Eldin

Photographe

Entre construction et architecture, entre ligne et matières, entrez dans l’harmonie photographique créée par

Laura Eldin.

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Laura Eldin

Photographe

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Graphisme et photographie. Laura ELDIN habite à Paris, où elle a toujours vécu et où elle étudie actuellement. L’idée de faire du graphisme ne l’a jamais quittée : elle a préparé un Bac Arts Appliqués à l’Institut Sainte Geneviève, qui lui a permis d’intégrer l’ENSAAMA Olivier de Serre où elle s’est spécialisée dans la Communication Visuelle Multimédia pendant deux ans. Tout naturellement, Laura est ensuite entrée à l’École des Gobelins pour poursuivre une année en Motion Design. Pour un futur proche, elle aimerait intégrer une formation de Webdesign avant d’entrer dans le monde professionnel. Cependant, à côté de ses études, Laura a toujours eu une attirance pour la photographie, qu’elle n’a jamais cessé de pratiquer lors de voyages, notamment. Elle ne souhaite pourtant pas faire de la photographie son métier. Voici ce qu’elle en dit : « D’une part, je n’ai jamais voulu faire de la photographie un métier car le graphisme a toujours été pour moi le domaine vers lequel je voulais m’étendre.

Cependant, j’essaie souvent d’utiliser la photographie comme support dans mes travaux graphiques ! D’autre part, la photographie reste quelque chose de figé, alors que le graphisme ne l’est pas. » Pour elle, avec le développement et les évolutions des nouveaux médias, le graphisme « s’anime » : on parle d’animation, d’interaction, de digitalisation. Grâce au graphisme, on peut animer et donner vie à une photographie. Pour Laura, la photographie est un moyen, un outil, qui fait partie intégrante du graphisme. En effet, la photographie a toujours eu pour elle un rapport très important avec celui-ci: il s’agit d’un procédé où la composition et l’agencement sont très importants, autant que dans le graphisme. Parmi ses incontournables inspirations, notre graphiste/ photographe compte les travaux de Willy Ronis et de Raymond Depardon, qui reflètent pour elle une certaine nostalgie du monde d’avant. Elle se dit d’ailleurs ellemême être atteinte du syndrome de l’âge d’or : « Je ne suis pas née à la bonne époque ! » raconte-t-elle.


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Laura Eldin

Photographe

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Laura Eldin

Photographe

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Le syndrôme de l’âge d’or. p Pour Laura, Woody Allen retranscrit exactement le monde dans lequel elle se sent dans Minuit à Paris. Notre photographe pense réellement qu’elle n’est pas née à la bonne époque. Elle aurait préféré être née dans les années 1930, avec les valeurs qui accompagnaient ces années. Mais elle admet tout de même que notre époque est pleine de richesse et est très fière de faire partie de la jeunesse des années 1990, la musique étant selon elle d’une grande richesse !


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Laura Eldin

Photographe

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Architecture photographique. Dans son travail, Laura aime associer la photographie à l’architecture : elle affectionne jouer avec les lignes et avec les matières. De plus, la géométrie est quelque chose qu’elle explore sans cesse dans ses clichés. Notre photographe affectionne lorsqu’il ressort de ses photographies une certaine froideur, engendrée par une composition épurée. De plus, Laura est très attirée par les compositions photographiques très colorées, recréant alors un mélange entre la photographie de mode et la nature morte. Elle apprécie notamment beaucoup le travail de Miles Aldbridge, Philippe Jarrigeon, Roberto Badin, Wyne Veen, Anna Lomax et Sarah Parker Creative. « J’aime leur manière de composer, de gérer les obliques et de maitriser la géométrie. », ajoute-t-elle sans surprise ! Pour les photographies qu’elle réalise en studio, Laura s’attache une fois de plus à l’organisation de la composition de ses clichés, auxquelles elle peut consacrer d’avantage de temps. Pour elle, la composition, c’est comme une sorte de jeu : trouver le bon équilibre entre les objets et l’importance que prend la lumière ! Pour la série photographique nommée « Rêve éveillé », réalisée en studio, Laura a travaillé autour de la notion de rêve. Selon elle, le rêve est un moyen de retrouver la raison. Elle souligne d’ailleurs le fait suivant : «  Lorsque l’on rêve, on s’évade, on laisse aller son imagination à la frontière de l’inconscient et de la conscience : les rêves puisent leur source dans ce que nous voyons dans la journée, dans les images des personnes auxquelles nous pensons, et dans les souhaits que nous avons.

Le rêve mélange tout ça dans un désordre qui le rend souvent incohérent et étrange, mais qui reflète cependant ce qui se passe réellement dans notre cerveau. Laura a réalisé une expérience : prendre en note ses rêves pendant plus d’un an. Pendant cette expérience, elle a compris beaucoup de choses sur le conscient et l’inconscient. D’une part, le fait d’écrire dès que l’on se réveille permet d’entretenir la mémoire car les rêves s’oublient très vite lorsqu’on se réveille. D’autre part, lorsque l’on cherche à se souvenir d’un rêve, une sorte de réaction en chaine se met alors en marche : on se rappelle d’une chose, qui nous en rappelle une autre, puis une autre encore. Plus nous essayons d’écrire nos rêves, plus nous nous rappelons des rêves que nous faisons, et plus ces rêves sont proches de la réalité. Ils sont de moins en moins abstraits : ils contiennent des gens de notre entourage, et laissent paraître des émotions que nous éprouvons réellement telles que le désir ou la crainte. Laura ajoute à propos de cette expérience : « Elle m’a beaucoup fait réfléchir sur ce sujet : le rêve, le conscient et l’inconscient. J’ai donc eu la volonté de retranscrire par le biais photographique cette notion de rêve, en recréant l’atmosphère spécifique que j’ai mise en place dans « Rêve éveillé ». »


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Laura Eldin

Photographe

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L’ère du numérique. Notre photographe ne pratique que la photographie numérique, mais l’utilise « presque comme un argentique » dit-elle. Selon elle, aujourd’hui, avec les possibilités qu’offre la photographie numérique, les gens ne font plus attention au nombre de prises de vue et à la qualité de chacune des images, puisqu’il est possible de refaire une photographie à l’infini. Notre photographe, quant à elle, ne fait jamais plus de deux fois la même prise de vue, et n’appuie sur le déclencheur seulement lorsque l’ensemble des composantes de la photographie convient à ses attentes.


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Laura Eldin

Photographe

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Voyages, voyage. « J’essaie de voyager le plus possible, dès que j’en ai l’occasion. Je suis sans cesse à la recherche de lieux dépaysants, qui sont très différents de la France, non seulement en terme d’architecture, mais aussi en terme de culture. » Elle ajoute que l’Asie est un contient fascinant, qu’elle a découvert par le biais d’un voyage au Vietnam il y’a deux ans. Notre photographe fait ses longs voyages avec sa famille, la photographie devenant alors pour elle un moyen de découvrir ces pays inconnus en étant totalement seule : « Avec la photographie, je m’évade ». Laura souhaite, au travers ses prises de vue, rendre compte des différences qu’elle constate entre la culture européenne et celle qu’elle rencontre, tant dans la manière de vivre que dans les coutumes et les paysages… Pour ses séries de photographie de voyages, notre photographe est à la recherche de belles compositions, mais aussi d’esthétiques singulières. Laura s’intéresse notamment beaucoup aux attitudes des habitants, mais aussi aux relations qu’ils entretiennent avec l’espace dans lequel ils évoluent. Elle se dit, notamment, toujours être à la recherche d’expressions dans le visage, dans le regard, ou même dans la gestuelle des personnes qu’elle rencontre.


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Immersion

Laura Eldin

Pour la photographie « Dimanche 19 août 2012, Ho-ChiMinh », c’est le regard de cette femme, personnage principal, qui a interpellé notre photographe : une expression fatiguée, un regard vide. Cette photo a été prise dans un grand marché couvert à Ho-Chi-Minh au Vietnam, et, selon Laura, elle retranscrit véritablement le poids accablant de la chaleur de cette journée. Elle n’aurait certainement pas pris cette photo si l’environnement dans lequel cette Vietnamienne se situait était composé d’une autre manière : notre photographe a attaché une grande importance aux obliques, à la géométrie et aux contrastes pour ce cliché.

Cindy Renard http://lauraeldin.fr/

Photographe

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Immersion

Bob’Sleigh

Graphiste

Artiste touche à tout et en partie autodidacte,

Bob’Sleigh

s’est construit un univers varié et coloré. Actuellement graphiste, il exprime sa créativité sur tous les supports et par le biais de nombreuses techniques.

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un artiste.

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Graphiste

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Dessine moi-

Passionné de dessin depuis toujours, Arthur Bolot alias Bob’Sleigh touche aujourd’hui à tous les domaines de la création graphique : mise en page, photographie, dessin, peinture, graffiti, light painting, customisation d’objets. Après un bac pro Industrie Graphique où il a étudié le dessin et a découvert les logiciels de mise en page tels que Photoshop, Illustrator ou InDesign, il rentre à l’école Emile Cohl à Lyon. Il y suit une formation qui lui propose un module « Infographie et média » et lui permet, en seulement 6 mois, de se perfectionner sur les logiciels, la 3D, le web et évidemment le dessin. Il complète ce cursus par de nombreux stages en milieu professionnel. Il décroche ensuite son premier poste d’infographiste dans une agence de publicité stéphanoise où il avait effectué un stage auparavant. Il a pour ambition de devenir Créatif, même s’il a conscience de la difficulté à percer dans ce milieu de nos jours. Que ce soit dans son travail ou dans ses créations personnelles, il se répète souvent l’avertissement qu’un de ses professeurs lui a octroyé : « Tu veux être créatif mon canard ? Et ben crois moi tu vas devoir créater ! »


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Bob’Sleigh

Graphiste

Depuis deux ans il réside et travaille à Saint-Etienne. Vivant en appartement, il lui est devenu difficile de travailler sur grand format. Il est donc forcé d’exploiter des supports plus petits ou des objets, qu’il détourne et customise. Indirectement, cette contrainte l’a poussé à travailler plus amplement sur des supports numériques. En parallèle, il participe à des ateliers de graffiti et de light painting dans un grand centre social de sa ville natale, au sein duquel il contribue à de nombreux projets chaque année.

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l’art de rue. Dans la vie, Arthur aime deux choses : sa copine, et le dessin. Ou l’inverse, il les aime autant tous les deux : « Je l’aime autant que dessiner, du coup il y a des jours où je ne sais plus quoi faire en priorité ». En dehors de ça il aime investir des murs avec ses acolytes pour y peindre des fresques, ou encore rencontrer par hasard des gens qui ont les mêmes hobbies que lui.

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Bob’Sleigh

Graphiste

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Gloire à -


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Bob’Sleigh

Dès la primaire, le dessin s’est révélé être une grande passion : « Mes cahiers de poésie où l’on pouvait faire des dessins étaient mes premiers vrais espaces de création. Je les ai toujours et ça m’impressionne à chaque fois de voir ma propre évolution ». Depuis, il a découvert de nouveaux supports et de nouveaux outils. D’abord le marqueur, la bombe, les murs, les toiles. Ensuite, plus tard, les outils numériques. La maitrise de ces nombreux supports et techniques lui offre une palette d’expression très large et très variée.

Graphiste

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Immersion

Son inspiration, il la puise parfois dans les magazines, mais le plus souvent sur Internet où il passe beaucoup de temps et où il découvre de nombreuses créations. En effet, Internet est aujourd’hui un vecteur majeur de la création artistique sous toutes ses formes et regorge de travaux créatifs. Il s’intéresse aux travaux de nombreux artistes, notamment dans le milieu du graffiti. D’abord, il y a Roid, un graffeur au style inimitable et sans cesse en évolution qui utilise les couleurs et le noir et blanc comme personne. En ce moment, il aime particulièrement le style graphique du collectif 123 Klan, qu’il qualifie de « simple et efficace ». Ensuite, Hombre Suk, qu’il a découvert par hasard sur Facebook et dont le style l’a immédiatement bluffé, notamment par sa maîtrise des détails à la bombe. Enfin, il cite Tyrsa, « chef incontesté et jamais égalé en typographie ».

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Bob’Sleigh

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Bob’Sleigh

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Un univershaut en couleur. Ses créations, il les envisage comme de purs résultats. C’est-à-dire qu’il ne cherche pas à faire passer de messages à travers elles, il se contente d’exprimer ses idées à travers les mediums dont il dispose. C’est d’ailleurs le cas pour le dessin géométrique composé de cubes, flèches, et triangles en couleurs qu’il a l’intention de continuer sur une petite série : « Il y a du potentiel, j’ai créé ça par hasard, mon entourage et les gens qui l’ont vu ont aimé alors je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin ». Il utilise beaucoup les volumes dans ses travaux : « Quand je fais des croquis je ne peux pas m’empêcher de rajouter des ombres et lumières pour rajouter de la profondeur. C’est plus fort que moi ! ».

Au niveau de la composition, on retrouve beaucoup de formes géométriques. Pour lui, il n’y a que les flèches qui ont une signification : « Les directions indiquées ne sont pas toujours celles à prendre ». Les cubes et les triangles n’ont pour lui pas de sens particulier, il les utilise car il adore dessiner des volumes, et ces formes associées donnent un résultat harmonieux. En grand passionné de sneakers, il a aussi créé une série intitulée Your shoes reflect your lifestyle au sein de laquelle il réalise des croquis de baskets hauts en couleur qu’il travaille sur Illustrator et Photoshop.


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Bob’Sleigh

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Les couleurs sont d’ailleurs omniprésentes dans son travail. D’une part elles lui permettent de s’exprimer plus largement, et d’autre part elles demandent moins de maitrise technique que le noir et blanc. Il mixe les procédés et les outils afin de pallier aux limites de chaque technique, et les combinaisons sont nombreuses et presque infinies : numérique/ peinture, light painting/graffiti, toiles/bombes/marqueurs… Commencer au stylo puis terminer sur Photoshop, attaquer à la bombe et finir au pinceau. Selon l’idée de départ et les moyens de réalisation il adapte les techniques et les supports pour atteindre le meilleur résultat possible. La musique joue un très grand rôle dans son travail : « Elle me permet de me motiver, un peu comme pendant un effort physique, et aussi d’avoir un rythme de travail en fonction de que j’écoute - électro ou rap ». Depuis tout petit, il aime la musique et le dessin, il lui est donc naturel de mélanger les deux lors de la création de ses travaux.

Charlotte Gelas http://arthur-bolot.fr/


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Laura Automne

Rencontre avec une jeune illustratrice,

Illustratrice

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Laura Automne,

une vingtaine d’années.


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de parcours. Laura est née et a grandi dans une petite ville industrielle de Haute-Savoie. Elle décrit cet endroit comme une ville morne, sans trop d’ondes positives. Heureusement pour elle, ses études supérieures se déroulent à Lyon, où elle peut dessiner et s’improviser des sorties auxquelles elle n’aurait jamais pensé aller. En effet, Laura cherche avant tout à se laisser surprendre ! Un bac littéraire en poche, elle commence ses études supérieures par une prépa en arts appliqués, avant une erreur de parcours en septembre 2013. Depuis, elle travaille pour pouvoir intégrer l’école de dessin lyonnaise Emile Cohl.

Laura Automne

Illustratrice

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Erreur Et contrairement à Yoann Lemoine (Woodkid, ndlr), quand elle sera diplômée de cette école, elle n’a pas l’intention de faire carrière dans la chanson. Même si c’était un rêve quand elle était plus jeune, aujourd’hui elle se contente de chanter sous sa douche et de se consacrer à l’illustration.


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Laura Automne

Illustratrice

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En parlant de dessin, Laura se décrit comme « assez classique » en matière d’outils et de supports pour s’exprimer. Elle utilise des crayons de papier, mais aussi souvent un stylo Bic. « Je trouve ça simple, efficace et le rendu est lâché. C’est étonnant de voir ce que peuvent donner des erreurs ». Et en ce qui concerne le support, elle se tient au papier pour le moment.


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Laura Automne

Illustratrice

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Extraire ce qu’on ne peut garder. Les rencontres humaines influencent de façon très marquée les dessins de Laura, avant même la musique qui l’inspire aussi fortement. En effet, elle pense que rien n’est fait au hasard dans la vie et que l’on se crée à travers les personnes qui nous entourent. Dessiner ces personnes qui entrent et sortent de sa vie, c’est en quelque sorte extraire ce qu’elle ne pourra jamais garder d’eux, leur énergie. Les mettre sur papier c’est aussi, pour elle, installer une relation intime avec eux.


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Laura Automne

Illustratrice

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Dans un second temps, il y a aussi un rapport à la beauté qui l’inspire largement. « La beauté est un mot qui fait partie d’un certain vocabulaire, moi j’essaie d’en créer un autre avec des lignes et d’attribuer un autre mot qui désigne ce que je trouve fascinant chez chaque personne ». Laura a toujours été fascinée par l’androgynie et le mélange des genres, elle n’aime pas les filles trop féminines et les garçons trop masculins. Effacer les genres à travers le dessin, c’est une manière pour elle de les extirper du quotidien.


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Laura Automne

Illustratrice

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Laura Automne s’exprime aussi à travers la photographie, où ses inspirations sont sensiblement les mêmes qu’en dessin. D’ailleurs, parmi ses projets futurs, elle aimerait lier ces deux procédés créatifs et que la photographie devienne un support pour ses dessins. Son leitmotiv : rien n’est impossible ! Laura adorerait collaborer avec des artistes musicaux et créer leurs pochettes, et pourquoi pas leurs clips vidéo. Perrine Hériot


Retrouvez dans chaque numéro d’Érectile Magazine une thématique proposée par l’artiste de couverture à propos laquelle ce dernier invite les autres créateurs publiés de réfléchir. Le support, le format et les médiums sont totalement libres. Les artistes sont alors détachés de toutes contraintes et peuvent ainsi s’exprimer comme bon leur semble.

Le Folklore DeuZ’bro:/ Laura Eldin:/ Bob’Sleigh:/ Laura Automne:/

Nom masculin. Le folklore est l’ensemble des productions collectives émanant du peuple et se transmettant d’une génération à l’autre par voie orale (contes, récits, chants, musiques, danses et croyances) ou par l’exemple (rites, savoir-faire).


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Thématique

DeuZ’bro

Street-artistes

DeuZ’bro

Nous avons travaillé cet été sur des broderies géométriques, des frises et galons simples, mais symétriques faciles à broder, qui nous ont permis de nous orienter sur d’autres travaux que du point de croix typographique. Nous souhaitons continuer dans les frises et motifs traditionnels mais emprunts de différentes cultures et traditions. C’est la Russie qui nous attire actuellement et son folklore. Les couleurs chaudes, sanguines et les motifs fleuris.

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Thématique

Laura Eldin

J’ai souhaité traité le thème du Folklore de manière exprimentale. La notion de mouvement m’est apparut importante dans ce thème, et c’est ce que j’ai souhaité retranscrire graphiquement dans cette réalisation, par l’utilisation des courbes, de reliefs et de différents plans. Mon approche a été celle-ci : remettre au gout jour le côté traditionnel de la vision que nous avons du folklore, en proposant quelque chose de plus contemporain.

Laura Eldin

Photographe

46/60


Érectile Magazine

Mars

Thématique

Bob’Sleigh

Graphiste

47/60

Bob’Sleigh

Ce thème ne m’évoque pas grand chose, ce qui me vient à l’esprit sont des choses assez simples : l’homme déjà, les différents peuples, qui se transmettent un savoir, une culture au fil des siècles. Étant donné que cela se rapporte à un pays, un sujet, je me le suis réapproprié en utilisant des caractéristiques graphiques qui me représentent.

Je l’ai donc abordé par la typographie, dans le style graffiti, que j’ai esquissé sur papier, puis retravaillé dans Photoshop avec des éléments vectoriels. À travers cette création, j’ai voulu mélanger différents styles et représenter différentes étapes de réalisation. J’ai utilisé une base de deux couleurs qui ont un fort contraste pour un résultat le plus impactant possible.


Érectile Magazine

Mars

Thématique

Laura Automne

J’ai choisi de faire un orgue à enfants parce que c’était dans la continuité de mon travail (série de l’absurde) premièrement, et deuxièmement je trouvais que ça correspondait assez bien au thème du folklore, étant donné que je me suis inspiré des orgues à chats qui ont été inventés au XV ème siècle. J’ai modifié le concept et ai décidé d’y placer des petits garçons, je trouvais ça assez drôle et un peu cynique pour le coup.

Laura Automne

Illustratrice

48/60


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l ’ a m o u r c’est que t u s o i s sommeil p o u r Len’est m o i pas un lieu sûr. l e c oJean u tCocteau. eau avec lequel je fouille e n m o i . Cette rubrique est une véritable porte ouvertes dédiée aux jeunes créateurs souhaitant participer à l’aventure Érectile Magazine. Dans chaque numéro, il est proposé à qui le veut de venir illustrer une citation que nous proposons dans le médium de son choix.

Louisa Chankar:/ Clément Jolivet:/ Malizia Moulin:/ Pellicier Corentin:/ Martin Lanot:/ RedCode:/ Mickael Berdugo:/ The Stroobs:/ Matthias Meunier:/

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