De la vigne aux platines

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HISTO IR ES D ’ACCO RDS RO CK & VI N

DE LA VIGNE AUX PLATINES

Écouter, déguster. Sentir vos papilles vibrer de concert avec les membranes de vos enceintes. “Penser vin” en écoutant un album pop ou rock. Ce livre est une invitation – plus exactement cinquante – à “déguster des disques” et “écouter des vins” qui se répondent, unis par leurs textures, leurs arômes, leurs rythmes. C’est aussi une rencontre avec des auteurs de sensibilités très diverses. Ils nous ont fait l’amitié d’imaginer et retranscrire l’évidence et l’ivresse que chacune de ces résonances leur a inspirées. Bon voyage. ISBN : 978-2-35255-282-6 PRIX : 22 €

H I S T O I R E S D ’A C C O R D S R O C K & V I N



FA BI EN KOR BEN DAU & C H R I STO P H E MA R I AT

H I S T O I R E S D ’A C C O R D S R O C K & V I N


ÉCOUTEZ, DÉGUSTEZ…

Vous êtes confortablement installé(e) dans votre fauteuil préféré. Vous sentez vos papilles vibrer de concert avec les membranes de vos enceintes. La musique vous envahit, tandis qu’une gorgée de vin excite votre palais… Vous savourez un moment rare : un album pop ou rock a trouvé sa bouteille. Nous vous invitons à découvrir dans ces pages cinquante couples album-vin unis par leurs textures, leurs couleurs, leurs arômes, leurs rythmes. Il existe en effet des albums et des vins d’automne, de printemps, minéraux, végétaux, sauvages, féminins… Puissiez-vous vous délecter comme nous de leurs accords, et partager un peu de la passion avec laquelle nous les avons dénichés. Nous vous invitons également à une rencontre avec des personnalités d’horizons très divers, qui nous ont fait l’amitié d’imaginer et retranscrire l’évidence et l’ivresse de chacun de ces accords. Des amis, auteurs improvisés, se sont également prêtés au jeu. Deux cahiers composent ce livre. Le premier – “le Sensible” – réunit les textes et dessins que l’expérience d’écoute-dégustation a inspirés à chacun des auteurs. Le second – “l’Intelligible” – est le prolongement de ces évocations et propose, pour chacune d’elles, une présentation des protagonistes en jeu : l’auteur, l’album et le vin.

UN E “ MÉT HODE” RÉF L ÉCHI E, UN E SUB J ECT I V I T É ASSUMÉE…

Depuis quelque temps déjà, l’écoute de certains albums nous inclinait à “penser vin”. Trop régulièrement pour ne pas avoir envie de partager ces sensations, “d’en faire quelque chose”. L’idée de ce livre s’est donc naturellement imposée. À ma famille, ma compagne, mes amis, à l’inconnue qui m’a sauvé, et à ceux qui traînaient dans les rues de Cheadle Hulme en août 82 (Mark et Kathy en particulier). FK À Géraldine, Baptiste, Jeanne et Clémence. CM

Au-delà des albums qui nous avaient déjà inspirés, nous en avons écouté et réécouté des centaines, à l’affût d’éventuels accords “œno-acoustiques”. Nous en avons retenu cinquante. Dans notre sélection, un grand nombre d’albums “classic rock” ont été volontairement oubliés. Comme s’ils se suffisaient à eux-mêmes. Pas non plus de blues, de soul… La tentation fut très forte, mais c’eût été élargir encore le puits déjà sans fond des trésors à explorer. Musiques “blanches” donc, et deux albums noirs, le premier et le dernier. Les Noirs ont tout inventé et réinventé.

© Les Éditions de l’Épure, Paris, 2017 2

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ÉCOUTEZ, DÉGUSTEZ…

Vous êtes confortablement installé(e) dans votre fauteuil préféré. Vous sentez vos papilles vibrer de concert avec les membranes de vos enceintes. La musique vous envahit, tandis qu’une gorgée de vin excite votre palais… Vous savourez un moment rare : un album pop ou rock a trouvé sa bouteille. Nous vous invitons à découvrir dans ces pages cinquante couples album-vin unis par leurs textures, leurs couleurs, leurs arômes, leurs rythmes. Il existe en effet des albums et des vins d’automne, de printemps, minéraux, végétaux, sauvages, féminins… Puissiez-vous vous délecter comme nous de leurs accords, et partager un peu de la passion avec laquelle nous les avons dénichés. Nous vous invitons également à une rencontre avec des personnalités d’horizons très divers, qui nous ont fait l’amitié d’imaginer et retranscrire l’évidence et l’ivresse de chacun de ces accords. Des amis, auteurs improvisés, se sont également prêtés au jeu. Deux cahiers composent ce livre. Le premier – “le Sensible” – réunit les textes et dessins que l’expérience d’écoute-dégustation a inspirés à chacun des auteurs. Le second – “l’Intelligible” – est le prolongement de ces évocations et propose, pour chacune d’elles, une présentation des protagonistes en jeu : l’auteur, l’album et le vin.

UN E “ MÉT HODE” RÉF L ÉCHI E, UN E SUB J ECT I V I T É ASSUMÉE…

Depuis quelque temps déjà, l’écoute de certains albums nous inclinait à “penser vin”. Trop régulièrement pour ne pas avoir envie de partager ces sensations, “d’en faire quelque chose”. L’idée de ce livre s’est donc naturellement imposée. À ma famille, ma compagne, mes amis, à l’inconnue qui m’a sauvé, et à ceux qui traînaient dans les rues de Cheadle Hulme en août 82 (Mark et Kathy en particulier). FK À Géraldine, Baptiste, Jeanne et Clémence. CM

Au-delà des albums qui nous avaient déjà inspirés, nous en avons écouté et réécouté des centaines, à l’affût d’éventuels accords “œno-acoustiques”. Nous en avons retenu cinquante. Dans notre sélection, un grand nombre d’albums “classic rock” ont été volontairement oubliés. Comme s’ils se suffisaient à eux-mêmes. Pas non plus de blues, de soul… La tentation fut très forte, mais c’eût été élargir encore le puits déjà sans fond des trésors à explorer. Musiques “blanches” donc, et deux albums noirs, le premier et le dernier. Les Noirs ont tout inventé et réinventé.

© Les Éditions de l’Épure, Paris, 2017 2

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SOMMAIRE Pierre Mikaïloff Texte page 11 Bo Diddley, Have Guitar, Will Travel x Chinon Philippe Alliet “Coteau de Noiré” Correspondances page 117 Gaëtan Roussel Texte page 13 The Velvet Underground, The Velvet Underground & Nico x Tavel Domaine de l’Anglore Correspondances page 119 Éric Tandy Texte page 15 The Band, Music From Big Pink x Côte-roannaise rouge Domaine des Pothiers “Domaine” Correspondances page 121

Nous avons ensuite associé à chaque disque, en le réécoutant à l’envi, des “impressions” plus ou moins liées au vocabulaire du vin : “agrumes”, “animal”, “charnu”, “élégant”, “floral”, “fiévreux”, “fruits noirs”, “mélancolique”, “sousbois”, “velouté” etc. Vous trouverez l’inventaire des termes retenus pour chaque couple album-vin dans le second cahier. Sur la base de ces termes, nous avons alors recherché le vin complémentaire idéal en interrogeant notre propre mémoire olfactive ou, le plus souvent, des amis œnologues éclairés. Cette démarche nous amena immanquablement à présélectionner plusieurs vins, qu’il nous fallut consciencieusement goûter et départager au son des disques retenus, lors de longues, passionnantes et mémorables séances en compagnie d’alcoolytes motivés – dur métier ! Le plus souvent, les albums trouvaient comme prévu leur bouteille. Un vrai bonheur. Sinon, nous recommencions, jusqu’à ce que l’élue se fasse connaître. Pas ou peu de grands classiques rock, disions-nous, pas de bouteilles “stars” non plus ; ni de productions issues de domaines où on fait “pisser la vigne”, prioritairement destinées à irriguer les grandes surfaces. La passion est la raison de cultiver des vignerons mentionnés dans ce livre. La part belle y est faite aux vins d’artisans, de femmes et d’hommes adeptes des approches biologiques, biodynamiques, et nature ou à défaut, partisans d’une agriculture raisonnée. Le choix des albums et des vins sélectionnés ici est en grande partie le reflet de nos expériences personnelles. Nous revendiquons sa part de subjectivité, en espérant que celle-ci vous incite à venir partager et défendre des propositions alternatives sur une page Facebook dédiée : “De la Vigne aux Platines”. En réaction à la généralisation des playlists et des vins au verre trop vite consommés, ce livre a été pensé comme une invitation à prendre à nouveau son temps – un luxe. Un album est une œuvre, une progression, un tout, de même qu’une bouteille. Ils ne demandent qu’à s’ouvrir, patiemment si possible. Nous vous convions donc à prendre le temps de “déguster des albums” et “écouter des vins” qui se répondent, et de découvrir ce que des auteurs que nous aimons particulièrement – écrivains, musiciens, journalistes, dessinateurs, photographes… – ou des proches y ont projeté. Cinquante histoires d’exaltation des sens, de mises en mots ou en dessins, et d’amitiés. Bon voyage… Fabien Korbendau & Christophe Mariat

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Jean-Hugues Oppel Texte page 17 Creedence Cleerwater Revival, Bayou Country x Saint-chinian Domaine Rimbert “Le Mas au Schiste” Correspondances page 123 Silvain Vanot Texte page 19 White Noise, An Electric Storm x Côtes-du-rhône villages blanc Domaine Viret “La Coudée d’Or” Correspondances page 125 Arthur H Texte page 21 The Doors, L.A. Woman x Bourgueil Yannick Amirault “La Petite Cave” Correspondances page 127 Boualem Sansal Texte page 23 America, America x Banyuls rouge Domaine la Tour Vieille “Reserva” Correspondances page 129 Patrick Eudeline Texte page 25 Procol Harum, Grand Hotel x Jurançon sec Domaine Cauhapé “Geyser” Correspondances page 131 Loïc Bénétière Texte page 27 Robert Wyatt, Rock Bottom x Côtes-du-jura blanc Domaine Labet “Fleurs” Correspondances page 133 Philippe Auliac Texte page 29 David Bowie, Station to Station x Riesling Domaine Bott-Geyl “Les Éléments” Correspondances page 135 Rodolphe Burger Texte page 31 Pere Ubu, The Modern Dance x Cour-cheverny Domaine des Huards “François 1er Vieilles Vignes” Correspondances page 137 Jean-Christophe Menu Dessins page 33 Pere Ubu, The Modern Dance x Cour-cheverny Domaine des Huards “François 1er Vieilles Vignes” Correspondances page 137 Caryl Férey Texte page 35 The Clash, London Calling x Saint-pourçain rouge Domaine Les Terres d’Ocre “Instan T” Correspondances page 139 Dominic Sonic Texte page 37 The Gun Club, Fire of Love x Pommard Domaine Chantal Lescure “Les Vignots” Correspondances page 141 Jean Zobenbuhler Texte page 39 The Sound, From the Lions Mouth x Pic-saint-loup Domaine Christophe Peyrus Correspondances page 143 Christophe Conte Texte page 41 The Cure, Pornography x Bandol rouge Domaine Tempier Correspondances page 145 Tom Novembre Texte page 43 Joe Jackson, Night and Day x Gewurztraminer pétillant Domaine Brand & Fils “Tout Terriblement” Correspondances page 147

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SOMMAIRE Pierre Mikaïloff Texte page 11 Bo Diddley, Have Guitar, Will Travel x Chinon Philippe Alliet “Coteau de Noiré” Correspondances page 117 Gaëtan Roussel Texte page 13 The Velvet Underground, The Velvet Underground & Nico x Tavel Domaine de l’Anglore Correspondances page 119 Éric Tandy Texte page 15 The Band, Music From Big Pink x Côte-roannaise rouge Domaine des Pothiers “Domaine” Correspondances page 121

Nous avons ensuite associé à chaque disque, en le réécoutant à l’envi, des “impressions” plus ou moins liées au vocabulaire du vin : “agrumes”, “animal”, “charnu”, “élégant”, “floral”, “fiévreux”, “fruits noirs”, “mélancolique”, “sousbois”, “velouté” etc. Vous trouverez l’inventaire des termes retenus pour chaque couple album-vin dans le second cahier. Sur la base de ces termes, nous avons alors recherché le vin complémentaire idéal en interrogeant notre propre mémoire olfactive ou, le plus souvent, des amis œnologues éclairés. Cette démarche nous amena immanquablement à présélectionner plusieurs vins, qu’il nous fallut consciencieusement goûter et départager au son des disques retenus, lors de longues, passionnantes et mémorables séances en compagnie d’alcoolytes motivés – dur métier ! Le plus souvent, les albums trouvaient comme prévu leur bouteille. Un vrai bonheur. Sinon, nous recommencions, jusqu’à ce que l’élue se fasse connaître. Pas ou peu de grands classiques rock, disions-nous, pas de bouteilles “stars” non plus ; ni de productions issues de domaines où on fait “pisser la vigne”, prioritairement destinées à irriguer les grandes surfaces. La passion est la raison de cultiver des vignerons mentionnés dans ce livre. La part belle y est faite aux vins d’artisans, de femmes et d’hommes adeptes des approches biologiques, biodynamiques, et nature ou à défaut, partisans d’une agriculture raisonnée. Le choix des albums et des vins sélectionnés ici est en grande partie le reflet de nos expériences personnelles. Nous revendiquons sa part de subjectivité, en espérant que celle-ci vous incite à venir partager et défendre des propositions alternatives sur une page Facebook dédiée : “De la Vigne aux Platines”. En réaction à la généralisation des playlists et des vins au verre trop vite consommés, ce livre a été pensé comme une invitation à prendre à nouveau son temps – un luxe. Un album est une œuvre, une progression, un tout, de même qu’une bouteille. Ils ne demandent qu’à s’ouvrir, patiemment si possible. Nous vous convions donc à prendre le temps de “déguster des albums” et “écouter des vins” qui se répondent, et de découvrir ce que des auteurs que nous aimons particulièrement – écrivains, musiciens, journalistes, dessinateurs, photographes… – ou des proches y ont projeté. Cinquante histoires d’exaltation des sens, de mises en mots ou en dessins, et d’amitiés. Bon voyage… Fabien Korbendau & Christophe Mariat

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Jean-Hugues Oppel Texte page 17 Creedence Cleerwater Revival, Bayou Country x Saint-chinian Domaine Rimbert “Le Mas au Schiste” Correspondances page 123 Silvain Vanot Texte page 19 White Noise, An Electric Storm x Côtes-du-rhône villages blanc Domaine Viret “La Coudée d’Or” Correspondances page 125 Arthur H Texte page 21 The Doors, L.A. Woman x Bourgueil Yannick Amirault “La Petite Cave” Correspondances page 127 Boualem Sansal Texte page 23 America, America x Banyuls rouge Domaine la Tour Vieille “Reserva” Correspondances page 129 Patrick Eudeline Texte page 25 Procol Harum, Grand Hotel x Jurançon sec Domaine Cauhapé “Geyser” Correspondances page 131 Loïc Bénétière Texte page 27 Robert Wyatt, Rock Bottom x Côtes-du-jura blanc Domaine Labet “Fleurs” Correspondances page 133 Philippe Auliac Texte page 29 David Bowie, Station to Station x Riesling Domaine Bott-Geyl “Les Éléments” Correspondances page 135 Rodolphe Burger Texte page 31 Pere Ubu, The Modern Dance x Cour-cheverny Domaine des Huards “François 1er Vieilles Vignes” Correspondances page 137 Jean-Christophe Menu Dessins page 33 Pere Ubu, The Modern Dance x Cour-cheverny Domaine des Huards “François 1er Vieilles Vignes” Correspondances page 137 Caryl Férey Texte page 35 The Clash, London Calling x Saint-pourçain rouge Domaine Les Terres d’Ocre “Instan T” Correspondances page 139 Dominic Sonic Texte page 37 The Gun Club, Fire of Love x Pommard Domaine Chantal Lescure “Les Vignots” Correspondances page 141 Jean Zobenbuhler Texte page 39 The Sound, From the Lions Mouth x Pic-saint-loup Domaine Christophe Peyrus Correspondances page 143 Christophe Conte Texte page 41 The Cure, Pornography x Bandol rouge Domaine Tempier Correspondances page 145 Tom Novembre Texte page 43 Joe Jackson, Night and Day x Gewurztraminer pétillant Domaine Brand & Fils “Tout Terriblement” Correspondances page 147

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Dominique Hutin Texte page 45 The Stranglers, Feline x Coteaux-du-loir rouge Domaine de Bellivière “Le Rouge Gorge” Correspondances page 149

Sébastien Mariat Dessin page 83 Christophe, Comm’si la terre penchait x Maury Mas Amiel rouge “Vintage” Correspondances page 185

Fabien Korbendau Texte page 47 Eyeless in Gaza, Rust Red September x Pacherencdu-vic-bilh sec Domaine Labranche Laffont Correspondances page 151

Stan Cuesta Texte page 85 Sparklehorse, It’s a Wonderful Life x Vin de France blanc (Anjou) Domaine des Terres Blanches “Blet tendre” Correspondances page 187

CharlÉlie Couture Texte page 49 Tom Waits, Swordfishtrombones x Côtes-de-bergerac rouge Château Tour des Gendres “Les Gendres” Correspondances page 153

Natacha Teissèdre Dessin page 87 Richard Hawley, Late Night Final x Coteaux-du-languedoc rouge Domaine de Montcalmès Terrasses du Larzac Correspondances page 189

Fabien Korbendau Texte page 53 The Pale Fountains, Pacific Street x Côtes-du-roussillon villages rouge Mas Amiel “Origine” Correspondances page 155

Anne-Laure Enjolras Texte page 89 Tindersticks, Trouble Every Day x Côtes-catalanes Domaine de l’Horizon “L'Horizon Rouge” Correspondances page 191

François Gorin Texte page 55 Prefab Sprout, Swoon x Vouvray Domaine de Beaumont “Les Promenards” Correspondances page 157

Charles Berberian Dessin et texte page 91 Alain Bashung, L’Imprudence x Côtesdu-roussillon villages Domaine Gauby “Muntada” Correspondances page 193

Stéphanie Leroy Texte page 57 Cocteau Twins, Treasure x Collines-rhodaniennes Les Vins de Vienne “Tabernum” Correspondances page 159

Enki Bilal Dessin page 93 Autour de Lucie, Autour de Lucie x Duché-d'uzès blanc Domaine Puech Redon Correspondances page 197

Carole Poilvert Texte page 59 The Smiths, The Queen is Dead x Blaye-côtes-debordeaux blanc Château Haut Bertinerie Correspondances page 161

Frank Bridoux Texte page 95 Neil Young, Greatest Hits x Arbois Trousseau Domaine de la Pinte Correspondances page 199

Ingrid Desjours Texte page 61 Noir Désir, Où veux-tu qu’je r’garde x Marsannay rouge Domaine Jean Fournier “Les Longeroies” Correspondances page 163

Valérie Leulliot Texte page 97 Radiohead, In Rainbows x Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten Domaine Loew Correspondances page 201

Ivan Lefeuvre Texte page 63 Talk Talk, Spirit of Eden x Beaujolais blanc Domaine Pascal Berthier “Les 17 Pièces” Correspondances page 165

Bernard Collet Texte page 99 Kings of Convenience, Declaration of Dependence x Condrieu Domaine Yves Cuilleron “La Petite Côte” Correspondances page 203

Ludovic Morillon Texte page 65 Sonic Youth, Daydream Nation x Bandol rosé Domaine Bunan “Moulin des Costes” Correspondances page 167

Caroline Mioche Texte page 101 Foals, Total Life Forever x Pays-d'Oc blanc Château Saint-Cosme blanc “Little James’ Basket Press” Correspondances page 205

Richard Dumas Texte page 67 Portishead, Dummy x Vacqueyras blanc Domaine de Montvac “Mélodine” Correspondances page 169

Christophe Mariat Texte page 103 LCD Soundsystem, This is Happening x Côtes-dujura blanc Domaine Jean Macle Correspondances page 207

Henri Cuche Texte page 69 Massive Attack, Protection x Saint-Joseph rouge Domaine Bernard Gripa Correspondances page 171

Philippe Fertray Texte page 105 Everything Everything, Man Alive x Champagne Deutz brut rosé Correspondances page 209

Patrick Pécherot Texte page 71 Bruce Springsteen, The Ghost of Tom Joad x Vin de table blanc (Corse) Domaine Antoine Arena “Bianco Gentile” Correspondances page 173

Emmanuelle Dumont Texte page 107 Rickie Lee Jones, The Devil You Know x Palette blanc Château Simone Correspondances page 211

Bruno Volle Texte page 73 Sixteen Horsepower, Sackcloth ’n’ Ashes x Cahors Domaine Cosse Maisonneuve “Le Combal” Correspondances page 175

Bertrand Belin Texte page 109 Nick Cave, Push the Sky Away x Anjou blanc Domaine du Clos de l’Élu “Bastingage” Correspondances page 213

Stéphanie Morillon et Nicole Bertolt Texte page 75 Jean-Louis Murat, Dolorès x Mas de Daumas Gassac blanc Correspondances page 177

Emmanuelle Laurent Texte page 111 Wild Beasts, Present Tense x Gewurztraminer sec Domaine Julien Meyer “Les Pucelles” Correspondances page 215

Arnaud Cathrine Texte page 77 Kat Onoma, Happy Birthday Public x Crozes-hermitage blanc Domaine Julien Pilon “on the rhône again” Correspondances page 179

Baptiste Mariat Texte page 113 J. Cole, 4 Your Eyez Only x Muscat-du-cap-corse Domaine Leccia Correspondances page 217

Fabien Korbendau Texte page 79 Paul Weller, Heavy Soul x Saint-péray Domaine François Villard “Version Longue” Correspondances page 181 Jean-Bernard Pouy Texte page 81 B.R.M.C., Black Rebel Motorcycle Club x Morgon Domaine Jean-Marc Burgaud “Grands Cras” Correspondances page 183

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Les Auteurs, Remerciements, Notices Albums & Notes Vins Page 223

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Dominique Hutin Texte page 45 The Stranglers, Feline x Coteaux-du-loir rouge Domaine de Bellivière “Le Rouge Gorge” Correspondances page 149

Sébastien Mariat Dessin page 83 Christophe, Comm’si la terre penchait x Maury Mas Amiel rouge “Vintage” Correspondances page 185

Fabien Korbendau Texte page 47 Eyeless in Gaza, Rust Red September x Pacherencdu-vic-bilh sec Domaine Labranche Laffont Correspondances page 151

Stan Cuesta Texte page 85 Sparklehorse, It’s a Wonderful Life x Vin de France blanc (Anjou) Domaine des Terres Blanches “Blet tendre” Correspondances page 187

CharlÉlie Couture Texte page 49 Tom Waits, Swordfishtrombones x Côtes-de-bergerac rouge Château Tour des Gendres “Les Gendres” Correspondances page 153

Natacha Teissèdre Dessin page 87 Richard Hawley, Late Night Final x Coteaux-du-languedoc rouge Domaine de Montcalmès Terrasses du Larzac Correspondances page 189

Fabien Korbendau Texte page 53 The Pale Fountains, Pacific Street x Côtes-du-roussillon villages rouge Mas Amiel “Origine” Correspondances page 155

Anne-Laure Enjolras Texte page 89 Tindersticks, Trouble Every Day x Côtes-catalanes Domaine de l’Horizon “L'Horizon Rouge” Correspondances page 191

François Gorin Texte page 55 Prefab Sprout, Swoon x Vouvray Domaine de Beaumont “Les Promenards” Correspondances page 157

Charles Berberian Dessin et texte page 91 Alain Bashung, L’Imprudence x Côtesdu-roussillon villages Domaine Gauby “Muntada” Correspondances page 193

Stéphanie Leroy Texte page 57 Cocteau Twins, Treasure x Collines-rhodaniennes Les Vins de Vienne “Tabernum” Correspondances page 159

Enki Bilal Dessin page 93 Autour de Lucie, Autour de Lucie x Duché-d'uzès blanc Domaine Puech Redon Correspondances page 197

Carole Poilvert Texte page 59 The Smiths, The Queen is Dead x Blaye-côtes-debordeaux blanc Château Haut Bertinerie Correspondances page 161

Frank Bridoux Texte page 95 Neil Young, Greatest Hits x Arbois Trousseau Domaine de la Pinte Correspondances page 199

Ingrid Desjours Texte page 61 Noir Désir, Où veux-tu qu’je r’garde x Marsannay rouge Domaine Jean Fournier “Les Longeroies” Correspondances page 163

Valérie Leulliot Texte page 97 Radiohead, In Rainbows x Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten Domaine Loew Correspondances page 201

Ivan Lefeuvre Texte page 63 Talk Talk, Spirit of Eden x Beaujolais blanc Domaine Pascal Berthier “Les 17 Pièces” Correspondances page 165

Bernard Collet Texte page 99 Kings of Convenience, Declaration of Dependence x Condrieu Domaine Yves Cuilleron “La Petite Côte” Correspondances page 203

Ludovic Morillon Texte page 65 Sonic Youth, Daydream Nation x Bandol rosé Domaine Bunan “Moulin des Costes” Correspondances page 167

Caroline Mioche Texte page 101 Foals, Total Life Forever x Pays-d'Oc blanc Château Saint-Cosme blanc “Little James’ Basket Press” Correspondances page 205

Richard Dumas Texte page 67 Portishead, Dummy x Vacqueyras blanc Domaine de Montvac “Mélodine” Correspondances page 169

Christophe Mariat Texte page 103 LCD Soundsystem, This is Happening x Côtes-dujura blanc Domaine Jean Macle Correspondances page 207

Henri Cuche Texte page 69 Massive Attack, Protection x Saint-Joseph rouge Domaine Bernard Gripa Correspondances page 171

Philippe Fertray Texte page 105 Everything Everything, Man Alive x Champagne Deutz brut rosé Correspondances page 209

Patrick Pécherot Texte page 71 Bruce Springsteen, The Ghost of Tom Joad x Vin de table blanc (Corse) Domaine Antoine Arena “Bianco Gentile” Correspondances page 173

Emmanuelle Dumont Texte page 107 Rickie Lee Jones, The Devil You Know x Palette blanc Château Simone Correspondances page 211

Bruno Volle Texte page 73 Sixteen Horsepower, Sackcloth ’n’ Ashes x Cahors Domaine Cosse Maisonneuve “Le Combal” Correspondances page 175

Bertrand Belin Texte page 109 Nick Cave, Push the Sky Away x Anjou blanc Domaine du Clos de l’Élu “Bastingage” Correspondances page 213

Stéphanie Morillon et Nicole Bertolt Texte page 75 Jean-Louis Murat, Dolorès x Mas de Daumas Gassac blanc Correspondances page 177

Emmanuelle Laurent Texte page 111 Wild Beasts, Present Tense x Gewurztraminer sec Domaine Julien Meyer “Les Pucelles” Correspondances page 215

Arnaud Cathrine Texte page 77 Kat Onoma, Happy Birthday Public x Crozes-hermitage blanc Domaine Julien Pilon “on the rhône again” Correspondances page 179

Baptiste Mariat Texte page 113 J. Cole, 4 Your Eyez Only x Muscat-du-cap-corse Domaine Leccia Correspondances page 217

Fabien Korbendau Texte page 79 Paul Weller, Heavy Soul x Saint-péray Domaine François Villard “Version Longue” Correspondances page 181 Jean-Bernard Pouy Texte page 81 B.R.M.C., Black Rebel Motorcycle Club x Morgon Domaine Jean-Marc Burgaud “Grands Cras” Correspondances page 183

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Les Auteurs, Remerciements, Notices Albums & Notes Vins Page 223

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Avec ses murs couleur rose saumon, l’endroit dégage une rassurante quiétude. L’annonce précise que la vue sur Overlook Mountain et les forêts alentour y est très belle. Évidemment, les propriétaires du lieu depuis 1998, Monsieur et Madame LaSala ne le louent pas pour rien. Si vous désirez y passer la nuit, cela vous coûtera quand même dans les 650 dollars. Et encore, avec cette somme vous ne pourrez occuper que le rez-de-chaussée “avec sa cheminée d’origine“ et l’étage, là où sont les lits. La cave, elle, est interdite d’accès. À l’occasion vous pourrez quand même la réserver pour des soirées privées, “événements, projections, réunions”. Il faudra alors prévoir un supplément “à négocier”. Ce basement, il faut dire, les LaSala ne l’ouvriraient pas à n’importe qui. C’est là en effet qu’ils entreposent les bouteilles du Domaine des Pothiers, un vin de la côte roannaise qu’un ami leur a envoyé de France.

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> CORRESPONDANCES PAGE 121

É R I C TA N DY X TH E B A ND “ M U S I C F ROM B IG PI NK ” X CÔT E- ROANNAIS E ROU GE DOMAINE DE S P OT H IE RS “DOMAINE”

V I N R O U G E CERIS E ET M AIS O N ROS E

Ce cadeau, ils en apprécient la douceur quand il entre en bouche puis la belle ampleur qu’il prend lorsqu’il s’y installe progressivement. Après, c’est plus complexe : elle – Sue – songe aux saveurs de l’automne, elle lui trouve un arrière-goût de champignon, voire d’écorce. Alors que lui – Don – pense à une subtile combinaison de fruits rouges et d’épices assez difficiles à déterminer (de l’anis peut-être ?). Mais à chaque fois qu’ils ouvrent une bouteille, il s’amusent à lire sur l’étiquette “Élevage cuves bois et cuves béton” et pensent forcément à l’histoire de leur maison, connue dans tout le voisinage sous le nom de Big Pink. À la fin des années 60, des musiciens s’y étaient installés : des bons puisqu’ils avaient accompagné le fameux Bob Dylan pendant une tournée. À l’époque, il habitait la région, celle de Woodstock. Pendant des mois et des mois, le chanteur et les cinq multiinstrumentistes de The Band (c’est ainsi qu’ils allaient baptiser leur groupe) descendaient dans la cave et passaient la journée à y faire de la musique. Avec le magnétophone de leur batteur, ils enregistraient tout ce qui leur passait par la tête. On retrouvera plus tard les bandes magnétiques avec des étiquettes “Basement Tapes” collées dessus. C’est dans la cave, aussi, qu’ils vont commencer à bâtir un répertoire bien à eux. Ce n’est pas parce que Dylan part un jour à Nashville qu’ils vont abandonner le sous-sol… Et là, des chansons miraculeuses se créent. Elles s’inspirent des histoires de terroir, sentent l’harmonie désordonnée de la forêt, la rudesse souple de l’écorce, elles combinent des saveurs pas toujours faciles à déterminer. Le disque qui naîtra alors, Music From Big Pink, aura à la fois été “élevé en cuve bois” (la nature qui entoure la maison rose) et “élevé en cuve béton” (les studios d’enregistrement de New York et de Los Angeles où l’album sera finalisé)…

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Avec ses murs couleur rose saumon, l’endroit dégage une rassurante quiétude. L’annonce précise que la vue sur Overlook Mountain et les forêts alentour y est très belle. Évidemment, les propriétaires du lieu depuis 1998, Monsieur et Madame LaSala ne le louent pas pour rien. Si vous désirez y passer la nuit, cela vous coûtera quand même dans les 650 dollars. Et encore, avec cette somme vous ne pourrez occuper que le rez-de-chaussée “avec sa cheminée d’origine“ et l’étage, là où sont les lits. La cave, elle, est interdite d’accès. À l’occasion vous pourrez quand même la réserver pour des soirées privées, “événements, projections, réunions”. Il faudra alors prévoir un supplément “à négocier”. Ce basement, il faut dire, les LaSala ne l’ouvriraient pas à n’importe qui. C’est là en effet qu’ils entreposent les bouteilles du Domaine des Pothiers, un vin de la côte roannaise qu’un ami leur a envoyé de France.

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> CORRESPONDANCES PAGE 121

É R I C TA N DY X TH E B A ND “ M U S I C F ROM B IG PI NK ” X CÔT E- ROANNAIS E ROU GE DOMAINE DE S P OT H IE RS “DOMAINE”

V I N R O U G E CERIS E ET M AIS O N ROS E

Ce cadeau, ils en apprécient la douceur quand il entre en bouche puis la belle ampleur qu’il prend lorsqu’il s’y installe progressivement. Après, c’est plus complexe : elle – Sue – songe aux saveurs de l’automne, elle lui trouve un arrière-goût de champignon, voire d’écorce. Alors que lui – Don – pense à une subtile combinaison de fruits rouges et d’épices assez difficiles à déterminer (de l’anis peut-être ?). Mais à chaque fois qu’ils ouvrent une bouteille, il s’amusent à lire sur l’étiquette “Élevage cuves bois et cuves béton” et pensent forcément à l’histoire de leur maison, connue dans tout le voisinage sous le nom de Big Pink. À la fin des années 60, des musiciens s’y étaient installés : des bons puisqu’ils avaient accompagné le fameux Bob Dylan pendant une tournée. À l’époque, il habitait la région, celle de Woodstock. Pendant des mois et des mois, le chanteur et les cinq multiinstrumentistes de The Band (c’est ainsi qu’ils allaient baptiser leur groupe) descendaient dans la cave et passaient la journée à y faire de la musique. Avec le magnétophone de leur batteur, ils enregistraient tout ce qui leur passait par la tête. On retrouvera plus tard les bandes magnétiques avec des étiquettes “Basement Tapes” collées dessus. C’est dans la cave, aussi, qu’ils vont commencer à bâtir un répertoire bien à eux. Ce n’est pas parce que Dylan part un jour à Nashville qu’ils vont abandonner le sous-sol… Et là, des chansons miraculeuses se créent. Elles s’inspirent des histoires de terroir, sentent l’harmonie désordonnée de la forêt, la rudesse souple de l’écorce, elles combinent des saveurs pas toujours faciles à déterminer. Le disque qui naîtra alors, Music From Big Pink, aura à la fois été “élevé en cuve bois” (la nature qui entoure la maison rose) et “élevé en cuve béton” (les studios d’enregistrement de New York et de Los Angeles où l’album sera finalisé)…

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Été 1966. Premières répétitions des Doors dans un chalet de pêcheur des années 20 sur la plage de Venice Beach à Los Angeles. Musique organique qui craque dans la baraque en bois. Par la fenêtre, océan à perte de vue. Sel. Ligne de basse épaisse à l’orgue, volute de guitare orientale, rythme primitif, voix douce, suave, sans âge. Ivresse ancienne. Collusion fondamentale entre l’ivresse et la musique depuis toujours… Après deux heures de musique sauvage, les gars sortent pour prendre l’air. Une table, deux caisses en bois, la mer en face, vent, fraîcheur. Un ami qui revient de France sort une bouteille de sa sacoche. Bourgueil. Bouteille qui passe de main en main. L’œil de Jim s’allume, le mystère du vin qui résonne dans son palais. Doux, lumineux, entre terre et ciel, comme sa voix… La France, Baudelaire, Rimbaud, ivresse, mélodie tenace qui le hante. Automne 70, les Doors enregistrent L.A. Woman. Riders on the Storm se déploie dans leur nouveau lieu de répétition. Une bouteille vide de bourgueil à ses pieds, Jim chante. Musique souple et mystérieuse, orage au-dessus de la vigne, ciel noir et pourtant léger de la Loire, raisins vifs, Dionysos calme qui danse doucement les yeux fermés, vin qui soigne la tristesse, goût de la terre qui caresse, qui apaise, qui pose, douceur innommable après le chaos des dernières années. C’est décidé, Jim quitte la folie furieuse et part en France trouver la folie douce… Été 2017, Indre-et-Loire. Crépuscule tiède après le jour brûlant. Jim, assis entre Yannick et Benoît Amirault, déguste “La Petite Cave 2014”, cerise noire au cacao qui glisse dans sa gorge joyeuse. Sobriété heureuse. Homme sauvage apprivoisé par la science intuitive du sang de la terre. Homme guéri qui connaît l’extase qui construit, et qui oublie l’extase qui détruit. Sable, argile, bois, pluie, lune, vigne, vin, vie. Riders on the Storm… > CORRESPONDANCES PAGE 127

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A R T H U R H X T H E D O OR S “ L. A . WOMA N” X B OU RGUE I L YANNIC K AMIRAU LT “L A P E T IT E C AV E ”

J I M MORRI SON B OI T DU B OURG UEI L

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Été 1966. Premières répétitions des Doors dans un chalet de pêcheur des années 20 sur la plage de Venice Beach à Los Angeles. Musique organique qui craque dans la baraque en bois. Par la fenêtre, océan à perte de vue. Sel. Ligne de basse épaisse à l’orgue, volute de guitare orientale, rythme primitif, voix douce, suave, sans âge. Ivresse ancienne. Collusion fondamentale entre l’ivresse et la musique depuis toujours… Après deux heures de musique sauvage, les gars sortent pour prendre l’air. Une table, deux caisses en bois, la mer en face, vent, fraîcheur. Un ami qui revient de France sort une bouteille de sa sacoche. Bourgueil. Bouteille qui passe de main en main. L’œil de Jim s’allume, le mystère du vin qui résonne dans son palais. Doux, lumineux, entre terre et ciel, comme sa voix… La France, Baudelaire, Rimbaud, ivresse, mélodie tenace qui le hante. Automne 70, les Doors enregistrent L.A. Woman. Riders on the Storm se déploie dans leur nouveau lieu de répétition. Une bouteille vide de bourgueil à ses pieds, Jim chante. Musique souple et mystérieuse, orage au-dessus de la vigne, ciel noir et pourtant léger de la Loire, raisins vifs, Dionysos calme qui danse doucement les yeux fermés, vin qui soigne la tristesse, goût de la terre qui caresse, qui apaise, qui pose, douceur innommable après le chaos des dernières années. C’est décidé, Jim quitte la folie furieuse et part en France trouver la folie douce… Été 2017, Indre-et-Loire. Crépuscule tiède après le jour brûlant. Jim, assis entre Yannick et Benoît Amirault, déguste “La Petite Cave 2014”, cerise noire au cacao qui glisse dans sa gorge joyeuse. Sobriété heureuse. Homme sauvage apprivoisé par la science intuitive du sang de la terre. Homme guéri qui connaît l’extase qui construit, et qui oublie l’extase qui détruit. Sable, argile, bois, pluie, lune, vigne, vin, vie. Riders on the Storm… > CORRESPONDANCES PAGE 127

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A R T H U R H X T H E D O OR S “ L. A . WOMA N” X B OU RGUE I L YANNIC K AMIRAU LT “L A P E T IT E C AV E ”

J I M MORRI SON B OI T DU B OURG UEI L

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Le chant du couple America et banyuls installe en vous une caisse de résonance dont l’ÉCHO ne cessera pas de sitôt. Longtemps, il hantera votre palais, votre nez et vos oreilles. Savourez l’ÉCHO : c’est vous ouvrir à la LANGUEUR et vous couler dans un bain chaud parfumé par un maître ès parfums ; et alors arrive la DOUCEUR, le temps se fait cotonneux. Le nirvana n’est pas loin mais il faut vous garder de cette illusion et amorcer le retour à la réalité. Il n’est de vrai bonheur que dans la MODÉRATION. Demain on s’offrira bien un nouveau voyage en Amérique et dans le monde enchanteur des vins. > CORRESPONDANCES PAGE 129

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B O UA LE M SAN SA L X AM E RI CA “A ME RIC A” X BAN YU L S ROU GE DOMAINE L A TOU R V IE IL L E “RE S E RVA”

Ah c’est l’Amérique comme on l’aime, celle que le groupe America nous racontait en boucle dans A Horse With No Name ! Ah c’est la vie et le soleil comme on les aime, ceux que nous raconte le banyuls. Grand cru ô combien ! Est-ce une coïncidence que d’avoir à parler spécialement de ce groupe et de ce vin ? Il y a d’autres sujets qui vont par paire. Il faut y réfléchir. Écoutez de nouveau A Horse With No Name et débouchez une bouteille de banyuls rouge (mon préféré). La réponse me vint à l’esprit après deux belles gorgées de banyuls rouge et quelques passages d’America, elle me vint en trois mots : ÉCHO, LANGUEUR, DOUCEUR.

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Le chant du couple America et banyuls installe en vous une caisse de résonance dont l’ÉCHO ne cessera pas de sitôt. Longtemps, il hantera votre palais, votre nez et vos oreilles. Savourez l’ÉCHO : c’est vous ouvrir à la LANGUEUR et vous couler dans un bain chaud parfumé par un maître ès parfums ; et alors arrive la DOUCEUR, le temps se fait cotonneux. Le nirvana n’est pas loin mais il faut vous garder de cette illusion et amorcer le retour à la réalité. Il n’est de vrai bonheur que dans la MODÉRATION. Demain on s’offrira bien un nouveau voyage en Amérique et dans le monde enchanteur des vins. > CORRESPONDANCES PAGE 129

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B O UA LE M SAN SA L X AM E RI CA “A ME RIC A” X BAN YU L S ROU GE DOMAINE L A TOU R V IE IL L E “RE S E RVA”

Ah c’est l’Amérique comme on l’aime, celle que le groupe America nous racontait en boucle dans A Horse With No Name ! Ah c’est la vie et le soleil comme on les aime, ceux que nous raconte le banyuls. Grand cru ô combien ! Est-ce une coïncidence que d’avoir à parler spécialement de ce groupe et de ce vin ? Il y a d’autres sujets qui vont par paire. Il faut y réfléchir. Écoutez de nouveau A Horse With No Name et débouchez une bouteille de banyuls rouge (mon préféré). La réponse me vint à l’esprit après deux belles gorgées de banyuls rouge et quelques passages d’America, elle me vint en trois mots : ÉCHO, LANGUEUR, DOUCEUR.

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J E AN - B E R N A R D PO U Y X B. R . M .C. “ B LACK RE B E L MOTORCYC L E C LU B ” X MORGON DOMAINE JE AN- MARC B U RGAU D “GRANDS C RAS ”

Le cadavre était allongé sur la table en inox. La Sécurité civile venait de l’amener direct depuis l’A8. Accident de Guzzi. Le motard, qui portait encore son Barbour ensanglanté et ses grosses bottes lacérées, était mort depuis deux heures. Sur le coup. Un camtar de plein fouet à 140, ça ne pardonne pas. Autour du corps, deux hommes en bonnet et blouse vert amande le regardent avec gourmandise. Comme dans une toile de Rembrandt. Seule différence, ils ont chacun une grosse cuillère à la main. - À toi l’honneur. L’un des deux légistes plonge son couvert dans la flaque de sang noir s’écoulant encore entre les longs cheveux noirs de l’accidenté. Et il le porte à sa bouche, fermant les yeux, dégustant avec recueillement. - Houlà. Puissant, épicé, acide, presque piquant… - Ah bon ? Comme ça ? Direct ? - Très net. Je rajouterais même âpre, un peu aigrelet. - À moi.

Le deuxième praticien écarte légèrement le blouson et plonge sa cuillère dans le thorax défoncé. Puis, après avoir enfourné la sombre mixture, il la fait circuler dans sa bouche, les yeux brillants. - Exact. Bravo. C’est fort. Presque astringent. - T’es d’accord, alors ? - Absolument. Métallique, en plus, ça, c’est évident. Mais je cherche un mot, il y a un adjectif qui correspond, j’en suis sûr, je l’ai sur le bout de la langue, mais ça veut pas sortir… - Fiévreux ? - Ouais, aussi, mais c’est pas ça… - Corsé, capiteux ? - Non, non, trop facile… Attends, ça va venir… Les deux hommes replongent leurs cuillères dans le sang du cadavre et dégustent une seconde fois… Ils se regardent, perplexes. - Il faut imaginer ça en plus liquide… - Et enlever la groseille, les fruits noirs… - Euh… C’est pas “noir”, ton adjectif ? - Pas vraiment. Attends, ça y est, je le tiens… - Alors ? - Je dirais : électrique ! - Ah… Très fort. Exactement ça ! Les deux hommes en reprennent une louche. - Parfait, électrique… Et je rajouterais un autre adjectif… - Ah bon ? - Oui. Excellent. Et les deux légistes de se marrer.

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J E AN - B E R N A R D PO U Y X B. R . M .C. “ B LACK RE B E L MOTORCYC L E C LU B ” X MORGON DOMAINE JE AN- MARC B U RGAU D “GRANDS C RAS ”

Le cadavre était allongé sur la table en inox. La Sécurité civile venait de l’amener direct depuis l’A8. Accident de Guzzi. Le motard, qui portait encore son Barbour ensanglanté et ses grosses bottes lacérées, était mort depuis deux heures. Sur le coup. Un camtar de plein fouet à 140, ça ne pardonne pas. Autour du corps, deux hommes en bonnet et blouse vert amande le regardent avec gourmandise. Comme dans une toile de Rembrandt. Seule différence, ils ont chacun une grosse cuillère à la main. - À toi l’honneur. L’un des deux légistes plonge son couvert dans la flaque de sang noir s’écoulant encore entre les longs cheveux noirs de l’accidenté. Et il le porte à sa bouche, fermant les yeux, dégustant avec recueillement. - Houlà. Puissant, épicé, acide, presque piquant… - Ah bon ? Comme ça ? Direct ? - Très net. Je rajouterais même âpre, un peu aigrelet. - À moi.

Le deuxième praticien écarte légèrement le blouson et plonge sa cuillère dans le thorax défoncé. Puis, après avoir enfourné la sombre mixture, il la fait circuler dans sa bouche, les yeux brillants. - Exact. Bravo. C’est fort. Presque astringent. - T’es d’accord, alors ? - Absolument. Métallique, en plus, ça, c’est évident. Mais je cherche un mot, il y a un adjectif qui correspond, j’en suis sûr, je l’ai sur le bout de la langue, mais ça veut pas sortir… - Fiévreux ? - Ouais, aussi, mais c’est pas ça… - Corsé, capiteux ? - Non, non, trop facile… Attends, ça va venir… Les deux hommes replongent leurs cuillères dans le sang du cadavre et dégustent une seconde fois… Ils se regardent, perplexes. - Il faut imaginer ça en plus liquide… - Et enlever la groseille, les fruits noirs… - Euh… C’est pas “noir”, ton adjectif ? - Pas vraiment. Attends, ça y est, je le tiens… - Alors ? - Je dirais : électrique ! - Ah… Très fort. Exactement ça ! Les deux hommes en reprennent une louche. - Parfait, électrique… Et je rajouterais un autre adjectif… - Ah bon ? - Oui. Excellent. Et les deux légistes de se marrer.

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J’écoute l’album d’abord en dessinant, ensuite sans rien faire d’autre que de l’écouter. Je le réécoute, je le goûte, je le laisse s’installer, prendre une ampleur capiteuse. La voix dessine, ronde et gracile à la fois, des mélodies nocturnes. Ce sont des anguilles qui ondulent dans un étang planqué dans la végétation des arrangements où je me balade à présent avec une totale imprudence. Ce sont des lignes pour ne pas se perdre, tracées à la main dans le tunnel où je me suis à présent aventuré, tel Attila, tel Abel Gance. À un moment, je suis étourdi, ivre, déboussolé. Les chansons sont indissociables, elles s’enchaînent et j’ai l’impression de tourner en rond, de revenir au même point dans ce labyrinthe caverneux, à ce carrefour où je dois choisir d’aller vers l’ombre plus profonde, ou vers la lumière qu’un piano évoque mais que des ondes souterraines viennent tamiser. C’est là que Bashung a posé une ficelle. Je la ramasse. La mélodie est fragile, elle peut casser si on tire trop dessus. Le piano s’élève. Il y a une meurtrière qui laisse entrer un clair de lune. Une rythmique s’installe, la ficelle se tend, une guitare monte, me soulève. Je retombe. Têtu, Bashung me soulève à nouveau : Je suis le miel, je suis le fiel, je suis la ficelle qui se tend. Le courant d’une guitare électrique m’entraîne sur des violons houleux, m’emporte. Et je finis par flotter en apesanteur. La guitare s’est faite plus caressante, elle rassure, les violons bercent. Quelle élégance. Quel bonheur. La sortie du tunnel est là, presque au milieu de l’album. Elle mène à L’Irréel. L’Imprudence est un continent à la dérive. Désormais, je n’ai plus peur de rien.

À l’avenir, laisse venir l’imprudence. Tu l’auras toujours ta belle gueule. Faut-il boire pour le plaisir, ou bien faut-il jusqu’à l’hallali ? > CORRESPONDANCES PAGE 193

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C H A R LE S B E R B E R I A N X A LA I N B AS HU NG “L’I MPRU DE N C E ” X CÔT E S - DU - ROU SS IL LON V IL L AGE S DOMAINE GAU BY “MU NTADA”

Je suis entré dans L’Imprudence par La Ficelle. C’était un soir à l’Élysée-Montmartre, Bashung voulait s’extraire à la nuit, et nous avec. Les mélodies sombres et limpides nous enrobaient, l’artiste tendait les bras vers nous, l’ombre au bord de ses yeux peu à peu me happait. La Ficelle s’est déroulée, j’étais subjugué. Mais dans quel album se cachait cette chanson sublime ? gouglai-je aussitôt rentré chez moi. Mince, L’Imprudence. J’avais laissé s’échapper cet album entre mes doigts. Je n’avais sans doute pas envie à la première écoute de m’engager dans ce tunnel creusé dans la nuit. Au bout, la lumière peut-être, mais cette traversée s’annonçait trop dure pour moi. Il faut du courage pour se lancer dans L’Imprudence, n’est-ce pas ? Et bon, j’avoue, j’ai manqué de courage.

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J’écoute l’album d’abord en dessinant, ensuite sans rien faire d’autre que de l’écouter. Je le réécoute, je le goûte, je le laisse s’installer, prendre une ampleur capiteuse. La voix dessine, ronde et gracile à la fois, des mélodies nocturnes. Ce sont des anguilles qui ondulent dans un étang planqué dans la végétation des arrangements où je me balade à présent avec une totale imprudence. Ce sont des lignes pour ne pas se perdre, tracées à la main dans le tunnel où je me suis à présent aventuré, tel Attila, tel Abel Gance. À un moment, je suis étourdi, ivre, déboussolé. Les chansons sont indissociables, elles s’enchaînent et j’ai l’impression de tourner en rond, de revenir au même point dans ce labyrinthe caverneux, à ce carrefour où je dois choisir d’aller vers l’ombre plus profonde, ou vers la lumière qu’un piano évoque mais que des ondes souterraines viennent tamiser. C’est là que Bashung a posé une ficelle. Je la ramasse. La mélodie est fragile, elle peut casser si on tire trop dessus. Le piano s’élève. Il y a une meurtrière qui laisse entrer un clair de lune. Une rythmique s’installe, la ficelle se tend, une guitare monte, me soulève. Je retombe. Têtu, Bashung me soulève à nouveau : Je suis le miel, je suis le fiel, je suis la ficelle qui se tend. Le courant d’une guitare électrique m’entraîne sur des violons houleux, m’emporte. Et je finis par flotter en apesanteur. La guitare s’est faite plus caressante, elle rassure, les violons bercent. Quelle élégance. Quel bonheur. La sortie du tunnel est là, presque au milieu de l’album. Elle mène à L’Irréel. L’Imprudence est un continent à la dérive. Désormais, je n’ai plus peur de rien.

À l’avenir, laisse venir l’imprudence. Tu l’auras toujours ta belle gueule. Faut-il boire pour le plaisir, ou bien faut-il jusqu’à l’hallali ? > CORRESPONDANCES PAGE 193

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C H A R LE S B E R B E R I A N X A LA I N B AS HU NG “L’I MPRU DE N C E ” X CÔT E S - DU - ROU SS IL LON V IL L AGE S DOMAINE GAU BY “MU NTADA”

Je suis entré dans L’Imprudence par La Ficelle. C’était un soir à l’Élysée-Montmartre, Bashung voulait s’extraire à la nuit, et nous avec. Les mélodies sombres et limpides nous enrobaient, l’artiste tendait les bras vers nous, l’ombre au bord de ses yeux peu à peu me happait. La Ficelle s’est déroulée, j’étais subjugué. Mais dans quel album se cachait cette chanson sublime ? gouglai-je aussitôt rentré chez moi. Mince, L’Imprudence. J’avais laissé s’échapper cet album entre mes doigts. Je n’avais sans doute pas envie à la première écoute de m’engager dans ce tunnel creusé dans la nuit. Au bout, la lumière peut-être, mais cette traversée s’annonçait trop dure pour moi. Il faut du courage pour se lancer dans L’Imprudence, n’est-ce pas ? Et bon, j’avoue, j’ai manqué de courage.

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THE BAND MUSIC FROM BIG PINK (1968) SORTIE juillet 1968 DURÉE 42:22 LABEL Capitol PRODUCTEUR John Simon MUSICIENS Rick Danko : basse, violon, chant | Levon Helm : batterie, tambourin, chant | Garth Hudson : orgue, piano, clavinet, saxophone | Richard Manuel : piano, orgue, batterie, chant | Robbie Robertson : guitares, chant

Après avoir essayé plusieurs noms, pourquoi finalement choisir de s’appeler “Le Groupe”, terme générique au possible ? Parce qu’on est restés simples “accompagnateurs”, effacés derrière un “leader” ? De 1959 à 1963 d’abord, au second plan de Ronnie Hawkins1, rocker canadien de second plan lui-même, puis derrière le grand Bob, rencontré à New York au Village en 1965 ? Peut-être. Aucun doute en revanche sur la passion infinie que partagent ces cinq musiciens et Dylan pour les racines de la musique populaire américaine. Ces “folks” vont s’entendre à merveille, et Robertson et consorts vont opérer leur mue. En 1965 et 1966, ils accompagnent Dylan autour du monde, l’aidant à passer à l’électrique. Lui va les aider à passer à la postérité : en juillet 66, son accident de moto l’oblige à une retraite dans sa fameuse maison rose proche de Woodstock. La troupe l’accompagne, encore. Deux productions historiques sortiront de cette période de réclusion fertile, en communauté dans la maison, surtout dans sa cave : les compos des mythiques Basement Tapes, éditées en 1975, et de ce qui deviendra Music From Big Pink. La mue s’est poursuivie. “Le Groupe” s’est affranchi de son mentor. En juillet 1968 sort donc ce premier album de The Band, aux accents country, folk, rock, au son “rustique”, “nu”, inattendu. C’est un disque à la fois très singulier et ancré dans la tradition musicale américaine, notamment dans le choix des instruments. C’est l’Americana, ça sent le terroir, la bûcheronnade, l’humus, l’écorce et le champignon. Jusque dans les voix, disparates. C’est un peu le foutoir, et tant mieux. Dylan n’en est pas vraiment absent : il a composé trois titres et a peint la pochette (vierge de toute mention… The Band aime décidément s’effacer !).

© Anne-Andrée Carron

L’année suivante sortira une autre merveille du groupe, intitulée The Band (no comment). The Band restera également célèbre pour son dernier concert, donné le 25 novembre 1976 à San Francisco, avec une flopée d’invités prestigieux (Dylan en est), et filmé par Scorcese : The Last Waltz. Comme si seule la musique comptait, disparaître, toujours…

ÉRIC TANDY Auteur (Les Olivensteins, Nouveaux Riches, Axel Bauer, etc.), chanteur (trois 45T, un album Cafards Bizarres), journaliste musical (Rolling Stone, Politis, La Vie, Le Monde Diplomatique), conférencier. > TEXTE PAGE 15

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1 Hawkins sera surtout connu… pour avoir été accompagné par The Band !

DOMAINE DE POTHIERS CUVÉE DOMAINE 2015 AOC Côte-roannaise | 100% gamay | Biodynamie | Élevage en cuves La réputation du gamay n’est pas bonne. Ce cépage “vil et déloyal ” a pourtant un potentiel riche qui, bien au-delà du Beaujolais, a su séduire des vignerons inspirés. En côte-roannaise, Romain Paire navigue de la légèreté à la concentration, du fruit rouge aux épices, au gré de ses déclinaisons de gamay. La cuvée “Domaine” en est le point d’équilibre. Ouvrir 1 h avant dégustation. www.domainedespothiers.com ÉVOCATIONS Ample | Apaisant | Automne | Champignon | Charnu | Classique | Évolutif | Épicé | Fruits noirs | Humus | Sous-bois

É R I C TA N DY X TH E B A ND “ M U S I C F ROM B IG PI NK ” X CÔT E- ROANNAIS E ROU GE DOMAINE DE S P OT H IE RS “DOMAINE”

Music From Big Pink est le 1er album de The Band, nom que se donne en 1967 le groupe constitué de quatre Canadiens et un Américain jouant ensemble depuis la fin des années 50. Le titre est à prendre à la lettre : il fut composé dans la maison (rose) de Dylan surnommée “Big Pink”.

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THE BAND MUSIC FROM BIG PINK (1968) SORTIE juillet 1968 DURÉE 42:22 LABEL Capitol PRODUCTEUR John Simon MUSICIENS Rick Danko : basse, violon, chant | Levon Helm : batterie, tambourin, chant | Garth Hudson : orgue, piano, clavinet, saxophone | Richard Manuel : piano, orgue, batterie, chant | Robbie Robertson : guitares, chant

Après avoir essayé plusieurs noms, pourquoi finalement choisir de s’appeler “Le Groupe”, terme générique au possible ? Parce qu’on est restés simples “accompagnateurs”, effacés derrière un “leader” ? De 1959 à 1963 d’abord, au second plan de Ronnie Hawkins1, rocker canadien de second plan lui-même, puis derrière le grand Bob, rencontré à New York au Village en 1965 ? Peut-être. Aucun doute en revanche sur la passion infinie que partagent ces cinq musiciens et Dylan pour les racines de la musique populaire américaine. Ces “folks” vont s’entendre à merveille, et Robertson et consorts vont opérer leur mue. En 1965 et 1966, ils accompagnent Dylan autour du monde, l’aidant à passer à l’électrique. Lui va les aider à passer à la postérité : en juillet 66, son accident de moto l’oblige à une retraite dans sa fameuse maison rose proche de Woodstock. La troupe l’accompagne, encore. Deux productions historiques sortiront de cette période de réclusion fertile, en communauté dans la maison, surtout dans sa cave : les compos des mythiques Basement Tapes, éditées en 1975, et de ce qui deviendra Music From Big Pink. La mue s’est poursuivie. “Le Groupe” s’est affranchi de son mentor. En juillet 1968 sort donc ce premier album de The Band, aux accents country, folk, rock, au son “rustique”, “nu”, inattendu. C’est un disque à la fois très singulier et ancré dans la tradition musicale américaine, notamment dans le choix des instruments. C’est l’Americana, ça sent le terroir, la bûcheronnade, l’humus, l’écorce et le champignon. Jusque dans les voix, disparates. C’est un peu le foutoir, et tant mieux. Dylan n’en est pas vraiment absent : il a composé trois titres et a peint la pochette (vierge de toute mention… The Band aime décidément s’effacer !).

© Anne-Andrée Carron

L’année suivante sortira une autre merveille du groupe, intitulée The Band (no comment). The Band restera également célèbre pour son dernier concert, donné le 25 novembre 1976 à San Francisco, avec une flopée d’invités prestigieux (Dylan en est), et filmé par Scorcese : The Last Waltz. Comme si seule la musique comptait, disparaître, toujours…

ÉRIC TANDY Auteur (Les Olivensteins, Nouveaux Riches, Axel Bauer, etc.), chanteur (trois 45T, un album Cafards Bizarres), journaliste musical (Rolling Stone, Politis, La Vie, Le Monde Diplomatique), conférencier. > TEXTE PAGE 15

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1 Hawkins sera surtout connu… pour avoir été accompagné par The Band !

DOMAINE DE POTHIERS CUVÉE DOMAINE 2015 AOC Côte-roannaise | 100% gamay | Biodynamie | Élevage en cuves La réputation du gamay n’est pas bonne. Ce cépage “vil et déloyal ” a pourtant un potentiel riche qui, bien au-delà du Beaujolais, a su séduire des vignerons inspirés. En côte-roannaise, Romain Paire navigue de la légèreté à la concentration, du fruit rouge aux épices, au gré de ses déclinaisons de gamay. La cuvée “Domaine” en est le point d’équilibre. Ouvrir 1 h avant dégustation. www.domainedespothiers.com ÉVOCATIONS Ample | Apaisant | Automne | Champignon | Charnu | Classique | Évolutif | Épicé | Fruits noirs | Humus | Sous-bois

É R I C TA N DY X TH E B A ND “ M U S I C F ROM B IG PI NK ” X CÔT E- ROANNAIS E ROU GE DOMAINE DE S P OT H IE RS “DOMAINE”

Music From Big Pink est le 1er album de The Band, nom que se donne en 1967 le groupe constitué de quatre Canadiens et un Américain jouant ensemble depuis la fin des années 50. Le titre est à prendre à la lettre : il fut composé dans la maison (rose) de Dylan surnommée “Big Pink”.

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THE DOORS L.A. WOMAN (1971) SORTIE avril 1971 DURÉE 48:24 LABEL Elektra PRODUCTEURS The Doors, Bruce Botnick MUSICIENS Jim Morrison : chant, percussions, piano | Ray Manzarek : claviers, piano, guitare | Robby Krieger : guitare | John Densmore : batterie | Jerry Scheff : basse

ARTHUR H Musicien, chanteur, poète.

Peu avant de s’éteindre dans une baignoire du Marais, imbibé de tous les excès, Jim et son groupe avaient gravé un dernier album à L.A. en 71, L.A. Woman. Un disque capiteux, moite et sombre, bluesy, épais et enivrant, fiévreux, hallucinatoire, dramatique. Libre. Presque apaisé, aussi. Un chant du cygne, un sommet. Les vrais tourments, la violence sublimée, cela avait été avant. Avant le très bon Morrison Hotel en 70, un cousin blues rock de Creedence. Avant le déroutant Soft Parade en 69, avec ses orchestrations à la Burt Bacharach. Et avant ce concert de Miami qui avait fait interdire le groupe partout après une ultime provocation de Jim, l’ayant en réalité enfin déchargé de son “rôle” de gourou à écailles, de chamane hypnotique... (ne lui dénions pas pour autant l’authenticité des ses pulsions). Sur Waiting for the Sun (68), bien que prolongeant l’inquiétante expérience psychédélique des débuts, The Doors s’étaient “aérés”, tranchant ainsi avec l’ambiance des concerts-cérémonies parfois émaillés d’incidents notoires. Déstabilisé par sa quête d’absolu et le succès, le chanteur s’était enfoncé dans les drogues et l’alcool. Les spectateurs médusés découvraient dans ces concerts les interprétations sauvages et suggestives des titres de Strange Days (septembre 67, chef-d’œuvre) et de l’inaugural The Doors (janvier 67). Un disquerévolution, melting-pot rhythm’n’blues psychédélique parfois hurlé. The End achevait tout le monde. Avant d’avoir été signés par Elektra en 66, The Doors avaient écumé les clubs de L.A. Ce groupe expérimental était né de la rencontre de Jim et Ray – claviériste de blues chevronné – en 65 à Santa Monica. Jim avait parlé à Ray de ses visions poétiques, et Ray était sur “on”. John et Robby les avaient rejoints ; tout ce petit monde en pinçait pour la méditation transcendantale, en vogue alors là-bas. Fragile, en constante rébellion, le jeune Jim était parti en 63 étudier le ciné à L.A. Il avait lu, Kerouac l’obsédait. Enfant, il avait été fasciné par le rock’n’roll des pionniers. James Douglas Morrison était né à Melbourne, Floride, un jour béni et maudit de décembre 43. Ce jour-là, les Portes de la Perception s’étaient ouvertes. Strange day… BOURGUEIL YANNICK AMIRAULT LA PETITE CAVE 2014 AOC Bourgeuil | 100% cabernet franc | Agriculture biologique | Élevage en tonneaux 20 mois Implantées dans l’ancien lit de la Loire, les vignes du domaine Amirault sont choyées au rythme du calendrier lunaire. Histoire de filiation assumée, entre Yannick, le père, et Benoît, le fils, tout est question de sincérité. Offrir à un vin monocépage la variété de l’expression parcellaire. Entre fruits mûrs, gras et tannins, “La Petite Cave” a tout d’une grande. Ouvrir 1 h avant dégustation. www.yannickamirault.fr

> TEXTE PAGE 21

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ÉVOCATIONS Capiteux | Carmin | Charnu | Concentré | Déboussolant | Épicé | Faussement classique | Fruits noirs | Inattendu | Libre | Psychédélique

A R T H U R H X T H E D O OR S “ L. A . WOMA N” X B OU RGUE I L YANNIC K AMIRAU LT “L A P E T IT E C AV E ”

© Léonore Mercier

L.A. Woman est le 6e album du groupe The Doors, formé en 1965 à L.A. Comme l’atteste la SF vinicole d’Arthur H p. 21, le poète intersidéral Jim Morrison et son groupe défièrent le réel. Empruntons la machine à remonter le temps. Avant de s’être réincarné en vigneron dans l’Indre-et-Loire, Jim s’était presque fait oublier depuis deux décennies. En 91, un film qui l’avait bien fait rigoler avait tenté de raviver sa flamme. Auparavant, vagabondant dans le pays qui l’avait vu mourir, il avait observé d’un œil amusé son culte encore vivace. Un nombre incalculable de sacs ados marqués “The Doors” étaient bahutés. Il était devenu le héros des vendeurs de posters, la bête noire des gardiens du Père-Lachaise. Qu’avait-il fait pour cela ?

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THE DOORS L.A. WOMAN (1971) SORTIE avril 1971 DURÉE 48:24 LABEL Elektra PRODUCTEURS The Doors, Bruce Botnick MUSICIENS Jim Morrison : chant, percussions, piano | Ray Manzarek : claviers, piano, guitare | Robby Krieger : guitare | John Densmore : batterie | Jerry Scheff : basse

ARTHUR H Musicien, chanteur, poète.

Peu avant de s’éteindre dans une baignoire du Marais, imbibé de tous les excès, Jim et son groupe avaient gravé un dernier album à L.A. en 71, L.A. Woman. Un disque capiteux, moite et sombre, bluesy, épais et enivrant, fiévreux, hallucinatoire, dramatique. Libre. Presque apaisé, aussi. Un chant du cygne, un sommet. Les vrais tourments, la violence sublimée, cela avait été avant. Avant le très bon Morrison Hotel en 70, un cousin blues rock de Creedence. Avant le déroutant Soft Parade en 69, avec ses orchestrations à la Burt Bacharach. Et avant ce concert de Miami qui avait fait interdire le groupe partout après une ultime provocation de Jim, l’ayant en réalité enfin déchargé de son “rôle” de gourou à écailles, de chamane hypnotique... (ne lui dénions pas pour autant l’authenticité des ses pulsions). Sur Waiting for the Sun (68), bien que prolongeant l’inquiétante expérience psychédélique des débuts, The Doors s’étaient “aérés”, tranchant ainsi avec l’ambiance des concerts-cérémonies parfois émaillés d’incidents notoires. Déstabilisé par sa quête d’absolu et le succès, le chanteur s’était enfoncé dans les drogues et l’alcool. Les spectateurs médusés découvraient dans ces concerts les interprétations sauvages et suggestives des titres de Strange Days (septembre 67, chef-d’œuvre) et de l’inaugural The Doors (janvier 67). Un disquerévolution, melting-pot rhythm’n’blues psychédélique parfois hurlé. The End achevait tout le monde. Avant d’avoir été signés par Elektra en 66, The Doors avaient écumé les clubs de L.A. Ce groupe expérimental était né de la rencontre de Jim et Ray – claviériste de blues chevronné – en 65 à Santa Monica. Jim avait parlé à Ray de ses visions poétiques, et Ray était sur “on”. John et Robby les avaient rejoints ; tout ce petit monde en pinçait pour la méditation transcendantale, en vogue alors là-bas. Fragile, en constante rébellion, le jeune Jim était parti en 63 étudier le ciné à L.A. Il avait lu, Kerouac l’obsédait. Enfant, il avait été fasciné par le rock’n’roll des pionniers. James Douglas Morrison était né à Melbourne, Floride, un jour béni et maudit de décembre 43. Ce jour-là, les Portes de la Perception s’étaient ouvertes. Strange day… BOURGUEIL YANNICK AMIRAULT LA PETITE CAVE 2014 AOC Bourgeuil | 100% cabernet franc | Agriculture biologique | Élevage en tonneaux 20 mois Implantées dans l’ancien lit de la Loire, les vignes du domaine Amirault sont choyées au rythme du calendrier lunaire. Histoire de filiation assumée, entre Yannick, le père, et Benoît, le fils, tout est question de sincérité. Offrir à un vin monocépage la variété de l’expression parcellaire. Entre fruits mûrs, gras et tannins, “La Petite Cave” a tout d’une grande. Ouvrir 1 h avant dégustation. www.yannickamirault.fr

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ÉVOCATIONS Capiteux | Carmin | Charnu | Concentré | Déboussolant | Épicé | Faussement classique | Fruits noirs | Inattendu | Libre | Psychédélique

A R T H U R H X T H E D O OR S “ L. A . WOMA N” X B OU RGUE I L YANNIC K AMIRAU LT “L A P E T IT E C AV E ”

© Léonore Mercier

L.A. Woman est le 6e album du groupe The Doors, formé en 1965 à L.A. Comme l’atteste la SF vinicole d’Arthur H p. 21, le poète intersidéral Jim Morrison et son groupe défièrent le réel. Empruntons la machine à remonter le temps. Avant de s’être réincarné en vigneron dans l’Indre-et-Loire, Jim s’était presque fait oublier depuis deux décennies. En 91, un film qui l’avait bien fait rigoler avait tenté de raviver sa flamme. Auparavant, vagabondant dans le pays qui l’avait vu mourir, il avait observé d’un œil amusé son culte encore vivace. Un nombre incalculable de sacs ados marqués “The Doors” étaient bahutés. Il était devenu le héros des vendeurs de posters, la bête noire des gardiens du Père-Lachaise. Qu’avait-il fait pour cela ?

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AMERICA AMERICA (1971) SORTIE décembre 1971 DURÉE 46:14 LABEL Warner Bros PRODUCTEURS Ian Samwell, Jeff Dexter MUSICIENS Dewey Bunnell : chant, chœurs, guitare | Gerry Beckley : basse, chant, chœurs, guitares, piano, carillon | Dan Peek : guitares, chant, chœurs, piano | Ray Cooper : percussions | Dave Atwood : batterie | Kim Haworth : batterie | David Lindley : guitares

© Boualem Sansal

Si on vous fredonne A Horse With No Name, de deux choses l’une : ou vous avez l’âge d’avoir flirté au début des années 70, et vous dites “oui, bien sûr ”. Ou vous avez été ado bien plus tard, et vous dites “oui, bien sûr ! la chanson de Neil Young dans la pub de bagnole, là”. C’est évidemment un peu caricatural. Mais cette musique, qu’on l’aime ou non, ne méritait pas de tomber entre les mains des pubards. Américains, Dan, Dewey (moitié Anglais) et Gerry sont tous trois fils d’officiers de l’U.S. Air Force basés à Londres et ensemble au lycée. Ils se produisent rapidement dans une formation folk rock que l’Histoire oubliera mais qu’un agent influent remarquera et fera “grandir”, puis signer chez le géant Warner Brothers sous ce nom d’America. L’album également ainsi intitulé est enregistré à Londres fin 70. Ce n’est que début 72 que sort le tube mondial cité plus haut : il sera intégré dans les pressages suivants d’America.

BOUALEM SANSAL Écrivain.

Un album où les trois fils de l’Amérique entendent bien le faire savoir, recyclant un mélange d’évocations puisées dans l’enfance et de fantasmes associés au pays ; précisément à ces États où ils vécurent très jeunes et où prédominent déserts et fortes chaleurs. Un “inconscient sudiste”. En route pour la Californie, mais Haight-Ashbury zone interdite. Une musique de road movie qui manquerait de tourner au drame, un Easy Rider soft, un Twentynine Palms sans le sexe ni la fin. On imagine un groupe de geeks cool, vaguement anti-guerre du Viêt Nam, en virée dans le désert. Des filles sont là, étudiantes sages et jolies, on drague gentiment, on s'exalte pour peu, émotions faciles. On passe à côté du pire en l'ignorant. C’est délicat, tendre, suave, mélancolique et sucré… “Les amis, qui veut une tranche de pain d’épice ?” Un peu niais, naïf, et génial à la fois. Tout est bon, quelques pépites éclatent. D’accord, quelques accents des Eagles ou des Bee Gees affleurent… Du “sous Crosby, Stills & Nash” ? On s’en fout. Ses mélodies, ses partitions de guitares, ses harmonies vocales font d’America un disque magnifique. Est-ce pour cette “naïveté”, cette musique trop lisse, ces cheveux trop propres, ces coiffures de requins de studio, de mannequins Dop – No dope –, que la musique d’America (il faut dire culminante à ses débuts, après ça se gâte) a toujours rencontré du mépris ? Ou parce qu’elle arriva un peu “tard” ? Peut-être en raison du nombre de hits collectionnés par le groupe... Homecoming, le deuxième album, est très beau lui aussi. De l’air, les pubards. DOMAINE LA TOUR VIEILLE BANYULS ROUGE RESERVA AOC Banyuls | Grenaches noirs et gris, carignan | Agriculture raisonnée | 4 à 5 ans d’élevage en bombonnes et fûts Grands vins de dessert, les banyuls sont avant tout des grands vins. Christine Campadieu et Vincent Cantié, maîtres ès mutages, proposent une gamme de vins doux naturels issus de coteaux en terrasse qui lorgnent vers la Méditerranée et l’Espagne. La “Reserva” est un banyuls traditionnel qui refuse résolument de choisir entre le fruité et le grillé propres à l’appellation. À servir frais (10 °C). www.latourvieille.com

> TEXTE PAGE 23

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ÉVOCATIONS Cacao | Californien | Caramel | Charmeur | Datte | Été | Féminin | Orange | Pain d’épice | Suave | Sucré | Tendre

B O UA LE M SAN SA L X AM E RI CA “A ME RIC A” X BAN YU L S ROU GE DOMAINE L A TOU R V IE IL L E “RE S E RVA”

America est le 1er album du groupe formé en 1967 à Londres par Dewey Bunnell, Gerry Beckley et Dan Peek.

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AMERICA AMERICA (1971) SORTIE décembre 1971 DURÉE 46:14 LABEL Warner Bros PRODUCTEURS Ian Samwell, Jeff Dexter MUSICIENS Dewey Bunnell : chant, chœurs, guitare | Gerry Beckley : basse, chant, chœurs, guitares, piano, carillon | Dan Peek : guitares, chant, chœurs, piano | Ray Cooper : percussions | Dave Atwood : batterie | Kim Haworth : batterie | David Lindley : guitares

© Boualem Sansal

Si on vous fredonne A Horse With No Name, de deux choses l’une : ou vous avez l’âge d’avoir flirté au début des années 70, et vous dites “oui, bien sûr ”. Ou vous avez été ado bien plus tard, et vous dites “oui, bien sûr ! la chanson de Neil Young dans la pub de bagnole, là”. C’est évidemment un peu caricatural. Mais cette musique, qu’on l’aime ou non, ne méritait pas de tomber entre les mains des pubards. Américains, Dan, Dewey (moitié Anglais) et Gerry sont tous trois fils d’officiers de l’U.S. Air Force basés à Londres et ensemble au lycée. Ils se produisent rapidement dans une formation folk rock que l’Histoire oubliera mais qu’un agent influent remarquera et fera “grandir”, puis signer chez le géant Warner Brothers sous ce nom d’America. L’album également ainsi intitulé est enregistré à Londres fin 70. Ce n’est que début 72 que sort le tube mondial cité plus haut : il sera intégré dans les pressages suivants d’America.

BOUALEM SANSAL Écrivain.

Un album où les trois fils de l’Amérique entendent bien le faire savoir, recyclant un mélange d’évocations puisées dans l’enfance et de fantasmes associés au pays ; précisément à ces États où ils vécurent très jeunes et où prédominent déserts et fortes chaleurs. Un “inconscient sudiste”. En route pour la Californie, mais Haight-Ashbury zone interdite. Une musique de road movie qui manquerait de tourner au drame, un Easy Rider soft, un Twentynine Palms sans le sexe ni la fin. On imagine un groupe de geeks cool, vaguement anti-guerre du Viêt Nam, en virée dans le désert. Des filles sont là, étudiantes sages et jolies, on drague gentiment, on s'exalte pour peu, émotions faciles. On passe à côté du pire en l'ignorant. C’est délicat, tendre, suave, mélancolique et sucré… “Les amis, qui veut une tranche de pain d’épice ?” Un peu niais, naïf, et génial à la fois. Tout est bon, quelques pépites éclatent. D’accord, quelques accents des Eagles ou des Bee Gees affleurent… Du “sous Crosby, Stills & Nash” ? On s’en fout. Ses mélodies, ses partitions de guitares, ses harmonies vocales font d’America un disque magnifique. Est-ce pour cette “naïveté”, cette musique trop lisse, ces cheveux trop propres, ces coiffures de requins de studio, de mannequins Dop – No dope –, que la musique d’America (il faut dire culminante à ses débuts, après ça se gâte) a toujours rencontré du mépris ? Ou parce qu’elle arriva un peu “tard” ? Peut-être en raison du nombre de hits collectionnés par le groupe... Homecoming, le deuxième album, est très beau lui aussi. De l’air, les pubards. DOMAINE LA TOUR VIEILLE BANYULS ROUGE RESERVA AOC Banyuls | Grenaches noirs et gris, carignan | Agriculture raisonnée | 4 à 5 ans d’élevage en bombonnes et fûts Grands vins de dessert, les banyuls sont avant tout des grands vins. Christine Campadieu et Vincent Cantié, maîtres ès mutages, proposent une gamme de vins doux naturels issus de coteaux en terrasse qui lorgnent vers la Méditerranée et l’Espagne. La “Reserva” est un banyuls traditionnel qui refuse résolument de choisir entre le fruité et le grillé propres à l’appellation. À servir frais (10 °C). www.latourvieille.com

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ÉVOCATIONS Cacao | Californien | Caramel | Charmeur | Datte | Été | Féminin | Orange | Pain d’épice | Suave | Sucré | Tendre

B O UA LE M SAN SA L X AM E RI CA “A ME RIC A” X BAN YU L S ROU GE DOMAINE L A TOU R V IE IL L E “RE S E RVA”

America est le 1er album du groupe formé en 1967 à Londres par Dewey Bunnell, Gerry Beckley et Dan Peek.

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B.R.M.C. BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB (2001)

Black Rebel Motorcycle Club est le 1er album du groupe californien formé par Peter Hayes et Robert Turner1 en 1998. Son nom est directement inspiré de celui de la bande de Johnny Strabler-Marlon Brando dans L’Équipée sauvage. B.R.M.C. est la tête de proue du rock garage version tournant de siècle, charriant dans sa remorque graisseuse un tas d’influences rugueuses et sales comme celles des Stooges, de Bauhaus, du Gun Club, de Jesus and Mary Chain, des Stone Roses, de My Bloody Valentine ou du Brian Jonestown Massacre dans lequel Peter Hayes a joué (et peut-être piqué cette touche psychédélique qui infuse parfois dans la musique de B.R.M.C.). L’amitié entre Robert et Peter naît au lycée de Lafayette, banlieue de San Francisco, de l’amour qu’ils partagent pour cette musique et ces groupes. Ceci ne les empêche pas de rejoindre des groupes différents. Tout s’enchaîne ensuite très vite. Recrutement du batteur anglais Nick Jago, formation de The Elements rebaptisé en B.R.M.C., installation à L.A., démos remarquées – jusque dans le Royaume qui les a tant inspirés, où Noel Gallagher les adulera ouvertement –, propositions alléchantes de nombreuses maisons de disques, signature chez Virgin et départ en tournée.

Black Rebel Motorcycle Club est bien un disque de rock’n’roll, à écouter fort. Une musique de groupe à mèches noisy des 80’s finissantes affublé de blousons noirs et qui aurait pris des cours de garage US. Souvent abrasif, étiré et saturé façon shoegaze, ténébreux, parfois lourd, rarement nerveux, toujours poisseux, fiévreux et animal. Violence contenue. Le regard de Brando sous sa casquette. Le succès est immédiat. Take Them On, On Your Own et Howl, sortis en 2003 et 2005, sont aussi très réussis, bien que plus “propres” et chacun dans son genre plus “classiques”. Sur Howl, B.R.M.C. est comme “assagi”, plus soucieux de puiser chez les pionniers de la musique populaire américaine que de se rebeller. Pas au point de prendre le nom de la bande rivale des B.R.M.C. dans le film, menée par Lee Marvin, The Beetles… 1 De son vrai nom Robert Been, il est le fils de Michael Been, le chanteur du groupe The Call.

© Alex Horn

DOMAINE JEAN-MARC BURGAUD MORGON GRANDS CRAS 2014

JEAN-BERNARD POUY Écrivain, créateur et directeur de collections (père du Poulpe), homme de radio, peintre… > TEXTE PAGE 81

182

AOC Morgon | 100% gamay | Agriculture raisonnée | Élevage en cuves Située entre Lyon et Mâcon, l’appellation morgon est la plus vaste des dix crus du Beaujolais et donne souvent des vins puissants et robustes ayant un bon potentiel de vieillissement. Le “Grands Cras”, nom du lieu-dit, vinifié par Jean-Marc Burgaud offre une belle fraîcheur, de la tension, des arômes typiques de kirsch. L’amplitude et la souplesse des tannins ne laissent que peu de doutes sur la capacité à “morgonner” de cette cuvée. Ouvrir 1 h avant dégustation. www. jean-marc-burgaud.com ÉVOCATIONS Animal | Capiteux | Concentré | Corsé | Fiévreux | Fruits noirs | Opaque | Fougueux | Réverbérant | Sombre | Subversif | Viril

J E AN - B E R N A R D PO U Y X B. R . M .C. “ B LACK RE B E L MOTORCYC L E C LU B ” X MORGON DOMAINE JE AN- MARC B U RGAU D “GRANDS C RAS ”

SORTIE avril 2001 DURÉE 57:07 LABEL Virgin Records PRODUCTEUR B.R.M.C. MUSICIENS Peter Hayes : chant, guitare, basse, claviers, harmonica | Robert Turner : chant, basse, guitare, claviers | Nick Jago : batterie, percussions

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B.R.M.C. BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB (2001)

Black Rebel Motorcycle Club est le 1er album du groupe californien formé par Peter Hayes et Robert Turner1 en 1998. Son nom est directement inspiré de celui de la bande de Johnny Strabler-Marlon Brando dans L’Équipée sauvage. B.R.M.C. est la tête de proue du rock garage version tournant de siècle, charriant dans sa remorque graisseuse un tas d’influences rugueuses et sales comme celles des Stooges, de Bauhaus, du Gun Club, de Jesus and Mary Chain, des Stone Roses, de My Bloody Valentine ou du Brian Jonestown Massacre dans lequel Peter Hayes a joué (et peut-être piqué cette touche psychédélique qui infuse parfois dans la musique de B.R.M.C.). L’amitié entre Robert et Peter naît au lycée de Lafayette, banlieue de San Francisco, de l’amour qu’ils partagent pour cette musique et ces groupes. Ceci ne les empêche pas de rejoindre des groupes différents. Tout s’enchaîne ensuite très vite. Recrutement du batteur anglais Nick Jago, formation de The Elements rebaptisé en B.R.M.C., installation à L.A., démos remarquées – jusque dans le Royaume qui les a tant inspirés, où Noel Gallagher les adulera ouvertement –, propositions alléchantes de nombreuses maisons de disques, signature chez Virgin et départ en tournée.

Black Rebel Motorcycle Club est bien un disque de rock’n’roll, à écouter fort. Une musique de groupe à mèches noisy des 80’s finissantes affublé de blousons noirs et qui aurait pris des cours de garage US. Souvent abrasif, étiré et saturé façon shoegaze, ténébreux, parfois lourd, rarement nerveux, toujours poisseux, fiévreux et animal. Violence contenue. Le regard de Brando sous sa casquette. Le succès est immédiat. Take Them On, On Your Own et Howl, sortis en 2003 et 2005, sont aussi très réussis, bien que plus “propres” et chacun dans son genre plus “classiques”. Sur Howl, B.R.M.C. est comme “assagi”, plus soucieux de puiser chez les pionniers de la musique populaire américaine que de se rebeller. Pas au point de prendre le nom de la bande rivale des B.R.M.C. dans le film, menée par Lee Marvin, The Beetles… 1 De son vrai nom Robert Been, il est le fils de Michael Been, le chanteur du groupe The Call.

© Alex Horn

DOMAINE JEAN-MARC BURGAUD MORGON GRANDS CRAS 2014

JEAN-BERNARD POUY Écrivain, créateur et directeur de collections (père du Poulpe), homme de radio, peintre… > TEXTE PAGE 81

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AOC Morgon | 100% gamay | Agriculture raisonnée | Élevage en cuves Située entre Lyon et Mâcon, l’appellation morgon est la plus vaste des dix crus du Beaujolais et donne souvent des vins puissants et robustes ayant un bon potentiel de vieillissement. Le “Grands Cras”, nom du lieu-dit, vinifié par Jean-Marc Burgaud offre une belle fraîcheur, de la tension, des arômes typiques de kirsch. L’amplitude et la souplesse des tannins ne laissent que peu de doutes sur la capacité à “morgonner” de cette cuvée. Ouvrir 1 h avant dégustation. www. jean-marc-burgaud.com ÉVOCATIONS Animal | Capiteux | Concentré | Corsé | Fiévreux | Fruits noirs | Opaque | Fougueux | Réverbérant | Sombre | Subversif | Viril

J E AN - B E R N A R D PO U Y X B. R . M .C. “ B LACK RE B E L MOTORCYC L E C LU B ” X MORGON DOMAINE JE AN- MARC B U RGAU D “GRANDS C RAS ”

SORTIE avril 2001 DURÉE 57:07 LABEL Virgin Records PRODUCTEUR B.R.M.C. MUSICIENS Peter Hayes : chant, guitare, basse, claviers, harmonica | Robert Turner : chant, basse, guitare, claviers | Nick Jago : batterie, percussions

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SORTIE octobre 2002 DURÉE 66:23 LABEL Barclay PRODUCTEUR Anne Lamy MUSICIENS Alain Bashung : chant, harmonica | Mobile in Motion : programmations, arrangements cordes et cuivres, claviers, guitare | Marc Ribot : guitare électrique et acoustique | Arto Lindsay : guitare électrique | Simon Edwards : basses, contrebasse, sentir, bendir, bruits | Steve Nieve : piano, tubular bells, melodica, claviers, vibraphone | Martyn Barker : batterie, percussions, udu | Ludovic Bource : arrangements cordes et cuivres, programmations, accordéon, claviers | Arnaud Devos : programmations, percussions, arrangements cordes, guitares, vibraphones | Mino Cinelu : percussions, udu, chimes | Mark Steylaerts : direction des cordes | Éric Bigeon : arrangements cordes et cuivres | Philippe Leblanc : direction de cuivres, clarinette | Serge Plume : direction de cuivres | Benoit Urbain : arrangements cordes | Jean Lamoot : arrangements | Laurent Poget : guitare

L’Imprudence est le 11e album de l’artiste ultime, qui sortit son premier 45T en 66 (Pourquoi rêvez-vous des États-Unis ? ). Album capital dans la genèse de ce livre. Alain Bashung est un orchestre orphelin d’un genre précis – le rock’n’roll ? –, un rêve d’universel, un infini, un chercheur – de soi ? Un insondable, un irrésumable. Essayons. Alain naît à Paris fin 47 d’une mère ouvrière et d’un père qu’il ne connaîtra pas. Sa mère se remarie avec Roger Bashung, boulanger. Période difficile, l’enfant est expédié très tôt en Alsace chez les parents de Roger. Là-bas, on capte les radios allemandes qui passent du rock’n’roll. Cette “langue” le touche. L’adolescent qui repart à Paris en est assoiffé. Sa marraine Andrée lui ouvre les portes de la ville : concerts, Gene Vincent… Alain arrête l’école, forme un groupe qui écume les bases américaines. “J’ai pas toujours fait du rock’n’roll, j’ai commencé en fait avec des doutes terribles.” Dans ses productions des débuts, de 65 à 76, Alain ne se reconnaîtra en effet jamais : “J’ai mis une dizaine d’années avant de sortir quelque chose de moi-même.”

© Hugues Reip

77 : premier album, Roman Photos, textes de Boris Bergman et Daniel Tardieu. Album “country ” selon Jacqueline Herrenschmidt du nouveau label Egg (Barclay), qui lui donne sa chance. Album “folk ” selon l’ami Jean Fauque. Il ne marche pas, mais peu importe, Alain y est plus proche de ses amours musicales. J’suis cow-boy à Paname, mais c’est la faute à Dylan.

CHARLES BERBERIAN Dessinateur, auteur de bandes dessinées. Au centre, Rodolphe Burger, à droite Christophe Calpini.

79 : Roulette Russe. Album “blues, autobiographique et noir ”, dit son biographe Marc Besse. Alain sort d’une période sombre, sa mère n’est plus là, sa femme l’a quitté. Plus de compromissions. Triturés avec Bergman et Tardieu, les mots font corps. Ils sont testés sur des thèmes, des pulsations. “Travail de couture.” “Ils puisent dans la country ce côté humain, universel qu’on a du mal à comprendre en France ”, explique Pierre Mikaïloff 1. Piètres ventes. Je fume pour oublier que tu bois. Quitte ou double pour Alain avec le single Gaby Oh Gaby. Personne n’y croit, trop barré. Gainsbourg adore. “Vénérer le rock et le démolir en même temps ”, dit Alain. Gaby démarre doucement… et se retrouve no 1 en France. Alain se sent prisonnier, coincé. Il déprime gravement, se terre, veut “redébuter ”. Son ami Jean l’aide. Une musique sombre, composée pour un film – Le Cimetière des voitures – sera la genèse de l’album suivant. Entre-temps, la pâte de Pizza a été malaxée, l’album est sorti en 81. Vertiges…

> DESSIN & TEXTE PAGE 91

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Déconstruire est le nouveau mot d’ordre. Alain fuit Boris Bergman. Début 82, écriture de Play Blessures. Alain appelle Gainsbourg, “sa référence absolue”, selon Pierre Mikaïloff. Tout comme lui, Serge est au plus bas, en mal de Jane. Ils bossent, boivent et déconnent sévère. Textes imbibés, cosignés. Cet album froid et noir sonne parfois “cold wave”. Les ventes ne suivent pas (tant mieux ?). C’est comment qu’on freine ?

C H A R LE S B E R B E R I A N X A LA I N B AS HU NG “L’I MPRU DE N C E ” X CÔT E S - DU - ROU SS IL LON V IL L AGE S DOMAINE GAU BY “MU NTADA”

ALAIN BASHUNG L’IMPRUDENCE (2002)

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SORTIE octobre 2002 DURÉE 66:23 LABEL Barclay PRODUCTEUR Anne Lamy MUSICIENS Alain Bashung : chant, harmonica | Mobile in Motion : programmations, arrangements cordes et cuivres, claviers, guitare | Marc Ribot : guitare électrique et acoustique | Arto Lindsay : guitare électrique | Simon Edwards : basses, contrebasse, sentir, bendir, bruits | Steve Nieve : piano, tubular bells, melodica, claviers, vibraphone | Martyn Barker : batterie, percussions, udu | Ludovic Bource : arrangements cordes et cuivres, programmations, accordéon, claviers | Arnaud Devos : programmations, percussions, arrangements cordes, guitares, vibraphones | Mino Cinelu : percussions, udu, chimes | Mark Steylaerts : direction des cordes | Éric Bigeon : arrangements cordes et cuivres | Philippe Leblanc : direction de cuivres, clarinette | Serge Plume : direction de cuivres | Benoit Urbain : arrangements cordes | Jean Lamoot : arrangements | Laurent Poget : guitare

L’Imprudence est le 11e album de l’artiste ultime, qui sortit son premier 45T en 66 (Pourquoi rêvez-vous des États-Unis ? ). Album capital dans la genèse de ce livre. Alain Bashung est un orchestre orphelin d’un genre précis – le rock’n’roll ? –, un rêve d’universel, un infini, un chercheur – de soi ? Un insondable, un irrésumable. Essayons. Alain naît à Paris fin 47 d’une mère ouvrière et d’un père qu’il ne connaîtra pas. Sa mère se remarie avec Roger Bashung, boulanger. Période difficile, l’enfant est expédié très tôt en Alsace chez les parents de Roger. Là-bas, on capte les radios allemandes qui passent du rock’n’roll. Cette “langue” le touche. L’adolescent qui repart à Paris en est assoiffé. Sa marraine Andrée lui ouvre les portes de la ville : concerts, Gene Vincent… Alain arrête l’école, forme un groupe qui écume les bases américaines. “J’ai pas toujours fait du rock’n’roll, j’ai commencé en fait avec des doutes terribles.” Dans ses productions des débuts, de 65 à 76, Alain ne se reconnaîtra en effet jamais : “J’ai mis une dizaine d’années avant de sortir quelque chose de moi-même.”

© Hugues Reip

77 : premier album, Roman Photos, textes de Boris Bergman et Daniel Tardieu. Album “country ” selon Jacqueline Herrenschmidt du nouveau label Egg (Barclay), qui lui donne sa chance. Album “folk ” selon l’ami Jean Fauque. Il ne marche pas, mais peu importe, Alain y est plus proche de ses amours musicales. J’suis cow-boy à Paname, mais c’est la faute à Dylan.

CHARLES BERBERIAN Dessinateur, auteur de bandes dessinées. Au centre, Rodolphe Burger, à droite Christophe Calpini.

79 : Roulette Russe. Album “blues, autobiographique et noir ”, dit son biographe Marc Besse. Alain sort d’une période sombre, sa mère n’est plus là, sa femme l’a quitté. Plus de compromissions. Triturés avec Bergman et Tardieu, les mots font corps. Ils sont testés sur des thèmes, des pulsations. “Travail de couture.” “Ils puisent dans la country ce côté humain, universel qu’on a du mal à comprendre en France ”, explique Pierre Mikaïloff 1. Piètres ventes. Je fume pour oublier que tu bois. Quitte ou double pour Alain avec le single Gaby Oh Gaby. Personne n’y croit, trop barré. Gainsbourg adore. “Vénérer le rock et le démolir en même temps ”, dit Alain. Gaby démarre doucement… et se retrouve no 1 en France. Alain se sent prisonnier, coincé. Il déprime gravement, se terre, veut “redébuter ”. Son ami Jean l’aide. Une musique sombre, composée pour un film – Le Cimetière des voitures – sera la genèse de l’album suivant. Entre-temps, la pâte de Pizza a été malaxée, l’album est sorti en 81. Vertiges…

> DESSIN & TEXTE PAGE 91

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Déconstruire est le nouveau mot d’ordre. Alain fuit Boris Bergman. Début 82, écriture de Play Blessures. Alain appelle Gainsbourg, “sa référence absolue”, selon Pierre Mikaïloff. Tout comme lui, Serge est au plus bas, en mal de Jane. Ils bossent, boivent et déconnent sévère. Textes imbibés, cosignés. Cet album froid et noir sonne parfois “cold wave”. Les ventes ne suivent pas (tant mieux ?). C’est comment qu’on freine ?

C H A R LE S B E R B E R I A N X A LA I N B AS HU NG “L’I MPRU DE N C E ” X CÔT E S - DU - ROU SS IL LON V IL L AGE S DOMAINE GAU BY “MU NTADA”

ALAIN BASHUNG L’IMPRUDENCE (2002)

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INDEX GROUPES & ARTISTES A

America, America, 1971 pages 23, 129 Autour de Lucie, Autour de Lucie, 2004 pages 93, 197 B

Band (The), Music From Big Pink, 1968 pages 15, 121 Bashung Alain, L’Imprudence, 2002 pages 91, 193 B.R.M.C., Black Rebel Motorcycle Club, 2001 pages 81, 183 Bowie David, Station to Station, 1976 pages 29, 135 C

Cave Nick, Push the Sky Away, 2013 pages 109, 213 Christophe, Comm’si la terre penchait, 2001 pages 83, 185 Clash (The), London Calling, 1979 pages 35, 139 Cocteau Twins, Treasure, 1984 pages 57, 159 Cole J., 4 Your Eyez Only, 2016 pages 113, 217 Creedence Cleerwater Revival, Bayou Country, 1969 pages 17, 123 Cure (The), Pornography, 1982 pages 41, 145 D

Diddley Bo, Have Guitar, Will Travel, 1960 pages 11, 117 Doors (The), L.A. Woman, 1971 pages 21, 127 E

Everything Everything, Man Alive, 2010 pages 105, 209 Eyeless in Gaza, Rust Red September, 1983 pages 47, 151 F

Foals, Total Life Forever, 2010 pages 101, 205 G

Gun Club (The), Fire of Love, 1981 pages 37, 141 H

Hawley Richard, Late Night Final, 2001 pages 87, 189 J

Jackson Joe, Night and Day, 1982 pages 43, 147 Jones Rickie Lee, The Devil You Know, 2012 pages 107, 211 K

Kat Onoma, Happy Birthday Public, 1997 pages 77, 179 Kings of Convenience, Declaration of Dependence, 2009 pages 99, 203 L

LCD Soundsystem, This is Happening, 2010 pages 103, 207 M

Massive Attack, Protection, 1994 pages 69, 171 Murat Jean-Louis, Dolorès, 1996 pages 75, 177 N

Noir Désir, Où veux-tu qu’je r’garde, 1987 pages 61, 163

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INDEX GROUPES & ARTISTES A

America, America, 1971 pages 23, 129 Autour de Lucie, Autour de Lucie, 2004 pages 93, 197 B

Band (The), Music From Big Pink, 1968 pages 15, 121 Bashung Alain, L’Imprudence, 2002 pages 91, 193 B.R.M.C., Black Rebel Motorcycle Club, 2001 pages 81, 183 Bowie David, Station to Station, 1976 pages 29, 135 C

Cave Nick, Push the Sky Away, 2013 pages 109, 213 Christophe, Comm’si la terre penchait, 2001 pages 83, 185 Clash (The), London Calling, 1979 pages 35, 139 Cocteau Twins, Treasure, 1984 pages 57, 159 Cole J., 4 Your Eyez Only, 2016 pages 113, 217 Creedence Cleerwater Revival, Bayou Country, 1969 pages 17, 123 Cure (The), Pornography, 1982 pages 41, 145 D

Diddley Bo, Have Guitar, Will Travel, 1960 pages 11, 117 Doors (The), L.A. Woman, 1971 pages 21, 127 E

Everything Everything, Man Alive, 2010 pages 105, 209 Eyeless in Gaza, Rust Red September, 1983 pages 47, 151 F

Foals, Total Life Forever, 2010 pages 101, 205 G

Gun Club (The), Fire of Love, 1981 pages 37, 141 H

Hawley Richard, Late Night Final, 2001 pages 87, 189 J

Jackson Joe, Night and Day, 1982 pages 43, 147 Jones Rickie Lee, The Devil You Know, 2012 pages 107, 211 K

Kat Onoma, Happy Birthday Public, 1997 pages 77, 179 Kings of Convenience, Declaration of Dependence, 2009 pages 99, 203 L

LCD Soundsystem, This is Happening, 2010 pages 103, 207 M

Massive Attack, Protection, 1994 pages 69, 171 Murat Jean-Louis, Dolorès, 1996 pages 75, 177 N

Noir Désir, Où veux-tu qu’je r’garde, 1987 pages 61, 163

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P

Pale Fountains (The), Pacific Street, 1984 pages 53, 155 Pere Ubu, The Modern Dance, 1978 pages 31-33, 137 Portishead, Dummy, 1994 pages 67, 169 Prefab Sprout, Swoon, 1984 pages 55, 157 Procol Harum, Grand Hotel, 1973 pages 25, 131 R

Radiohead, In Rainbows, 2007 pages 97, 201 S

Sixteen Horsepower, Sackcloth ’n’ Ashes, 1996 pages 73, 175 Smiths (The), The Queen is Dead, 1986 pages 59, 161 Sonic Youth, Daydream Nation, 1988 pages 65, 167 Sound (The), From the Lions Mouth, 1981 pages 39, 143 Sparklehorse, It’s a Wonderful Life, 2001 pages 85, 187 Springsteen Bruce, The Ghost of Tom Joad, 1995 pages 71, 173 Stranglers (The), Feline, 1983 pages 45, 149 T

Talk Talk, Spirit of Eden, 1988 pages 63, 165 Tindersticks, Trouble Every Day, 2001 pages 89, 191 V

Velvet Underground (The), The Velvet Underground & Nico, 1967 pages 13, 119

N ORD- EST ( A L SACE, B EAUJ OL A I S, B OURGOGN E, CHA MPAGN E, J URA )

Bott-Geyl (domaine) – Cuvée “Les Éléments” (Riesling) pages 29, 135 Brand & Fils (domaine) – Cuvée “Tout Terriblement” (Gewurztraminer) pages 43, 147 Chantal Lescure (domaine) – Cuvée “Les Vignots” (Pommard) pages 37, 141 Deutz (Champagne) – Brut rosé pages 105, 209 Jean Fournier (domaine) – “Les Longeroies” (Marsannay) pages 61, 163 Jean Macle (domaine) – Côtes du Jura pages 103, 207 Jean-Marc Burgaud (domaine) – “Grands Cras” (Morgon) pages 81, 183 Julien Meyer (domaine) – Cuvée “Les Pucelles” (Gewurztraminer) pages 111, 215 Labet (domaine) – Cuvée “Fleurs” (Côtes-du-jura) pages 27, 133 La Pinte (domaine de) – Arbois Trousseau pages 95, 199 Loew (domaine) – Altenberg de Bergbieten (Riesling) pages 97, 201 Pascal Berthier (domaine) – “Les 17 Pièces” (Beaujolais) pages 63, 165

SUD- OUEST ( B ORDEAUX, V I GN OB L E DU SUD- OUEST )

Cauhapé (domaine) – Cuvée “Geyser” (Jurançon) pages 25, 131 Cosse Maisonneuve (domaine) – Cuvée “Le Combal” (Cahors) pages 73, 175 Haut Bertinerie (château) – Blaye Côtes de Bordeaux pages 59, 161 Labranche Laffont (domaine) – Pacherenc du Vic-Bilh Sec pages 47, 151 Tour des Gendres (château) – Cuvée “Les Gendres” (Côtes-de-bergerac) pages 49, 153

W

Waits Tom, Swordfishtrombones, 1983 pages 49, 153 Weller Paul, Heavy Soul, 1997 pages 79, 181 White Noise, An Electric Storm, 1969 pages 19, 125 Wild Beasts, Present Tense, 2014 pages 111, 215 Wyatt Robert, Rock Bottom, 1974 pages 27, 133 Y

Young Neil, Greatest Hits, 2004 pages 95, 199

INDEX VINS N O R D - O U E ST ( VA LLÉE D E LA LO IRE )

Alliet (Philippe) – “Coteau de Noiré” (Chinon) pages 11, 117 Amirault (Yannick) – “La Petite Cave” (Bourgueil) pages 21, 127 Beaumont (domaine de) – Cuvée “Les Promenards” (Vouvray) pages 55, 157 Bellivière (domaine de) – Cuvée “Le Rouge Gorge” (Coteaux-du-loir) pages 45, 149 Clos de l’Élu (domaine du) – Cuvée “Bastingage” (Anjou) pages 109, 213 Huards (domaine des) – Cuvée “François 1er Vieilles Vignes” (Cour-cheverny) pages 31-33, 137 Les Terres d’Ocre (domaine) – Cuvée “Instan T” (Saint-pourçain) pages 35, 139 Pothiers (domaine de) – Cuvée “Domaine” (Côte-roannaise) pages 15, 121 Terres Blanches (domaine des) – Cuvée “Blet Tendre” (Vin de France - Anjou) pages 85, 187

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SUD- EST ( VA L L ÉE DU RHÔN E, L A N G UEDOC- ROUSSI L LON , PROV EN CE, CORSE)

Antoine Arena (domaine) – Cuvée “Bianco Gentile” (Vin de table - Corse) pages 71, 173 Bunan (domaine) – “Moulin des Costes” (Bandol) pages 65, 167 Bernard Gripa (domaine) – Saint-Joseph pages 69, 171 Christophe Peyrus (domaine) – Pic Saint-Loup pages 39, 143 Daumas Gassac (Mas de) – Blanc (IGP Saint-guilhem-le-désert) pages 75, 177 François Villard (domaine) – Cuvée “Version Longue” (Saint-péray) pages 79, 181 Gauby (domaine) – Cuvée “Muntada” (Côtes-du-roussillon villages) pages 91, 193-195 Julien Pilon (domaine) – Cuvée “on the rhône again” (Crozes-hermitage) pages 77, 179 L'Anglore (domaine de) – Éric Pfifferling – Tavel pages 13, 119 La Tour Vieille (domaine) – “Reserva” (Banyuls) pages 23, 129 Leccia (domaine) – Muscat du Cap Corse pages 113, 217 Les Vins de Vienne – “Taburnum” (IGP des Collines-rhodaniennes) pages 57, 159 L’Horizon (domaine de) – “L'Horizon Rouge” (IGP Côtes-catalanes) pages 89, 191 Mas Amiel – Cuvée “Origine” (Côtes-du-roussillon villages) pages 53, 155 Mas Amiel – Cuvée “Vintage” (Maury) pages 83, 185 Montcalmès (domaine de) – Terrasses du Larzac rouge (Coteaux-du-languedoc) pages 87, 189 Montvac (domaine de) – Cuvée “Mélodine” (Vacqueyras) pages 67, 169 Puech Redon (domaine) – Duché d’Uzès pages 93, 197 Rimbert (domaine) – “Le Mas au Schiste” (Saint-chinian) pages 17, 123 Saint Cosme (château de) – “Little James’ Basket Press” (IGP Pays-d'oc) pages 101, 205 Simone (château) – Palette blanc pages 107, 211 Tempier (domaine) – Bandol pages 41, 145 Viret (domaine) – “La Coudée d’Or” (Côtes-du-rhône villages) pages 19, 125 Yves Cuilleron (domaine) – Cuvée “La Petite Côte” (Condrieu) pages 99, 203

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P

Pale Fountains (The), Pacific Street, 1984 pages 53, 155 Pere Ubu, The Modern Dance, 1978 pages 31-33, 137 Portishead, Dummy, 1994 pages 67, 169 Prefab Sprout, Swoon, 1984 pages 55, 157 Procol Harum, Grand Hotel, 1973 pages 25, 131 R

Radiohead, In Rainbows, 2007 pages 97, 201 S

Sixteen Horsepower, Sackcloth ’n’ Ashes, 1996 pages 73, 175 Smiths (The), The Queen is Dead, 1986 pages 59, 161 Sonic Youth, Daydream Nation, 1988 pages 65, 167 Sound (The), From the Lions Mouth, 1981 pages 39, 143 Sparklehorse, It’s a Wonderful Life, 2001 pages 85, 187 Springsteen Bruce, The Ghost of Tom Joad, 1995 pages 71, 173 Stranglers (The), Feline, 1983 pages 45, 149 T

Talk Talk, Spirit of Eden, 1988 pages 63, 165 Tindersticks, Trouble Every Day, 2001 pages 89, 191 V

Velvet Underground (The), The Velvet Underground & Nico, 1967 pages 13, 119

N ORD- EST ( A L SACE, B EAUJ OL A I S, B OURGOGN E, CHA MPAGN E, J URA )

Bott-Geyl (domaine) – Cuvée “Les Éléments” (Riesling) pages 29, 135 Brand & Fils (domaine) – Cuvée “Tout Terriblement” (Gewurztraminer) pages 43, 147 Chantal Lescure (domaine) – Cuvée “Les Vignots” (Pommard) pages 37, 141 Deutz (Champagne) – Brut rosé pages 105, 209 Jean Fournier (domaine) – “Les Longeroies” (Marsannay) pages 61, 163 Jean Macle (domaine) – Côtes du Jura pages 103, 207 Jean-Marc Burgaud (domaine) – “Grands Cras” (Morgon) pages 81, 183 Julien Meyer (domaine) – Cuvée “Les Pucelles” (Gewurztraminer) pages 111, 215 Labet (domaine) – Cuvée “Fleurs” (Côtes-du-jura) pages 27, 133 La Pinte (domaine de) – Arbois Trousseau pages 95, 199 Loew (domaine) – Altenberg de Bergbieten (Riesling) pages 97, 201 Pascal Berthier (domaine) – “Les 17 Pièces” (Beaujolais) pages 63, 165

SUD- OUEST ( B ORDEAUX, V I GN OB L E DU SUD- OUEST )

Cauhapé (domaine) – Cuvée “Geyser” (Jurançon) pages 25, 131 Cosse Maisonneuve (domaine) – Cuvée “Le Combal” (Cahors) pages 73, 175 Haut Bertinerie (château) – Blaye Côtes de Bordeaux pages 59, 161 Labranche Laffont (domaine) – Pacherenc du Vic-Bilh Sec pages 47, 151 Tour des Gendres (château) – Cuvée “Les Gendres” (Côtes-de-bergerac) pages 49, 153

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Waits Tom, Swordfishtrombones, 1983 pages 49, 153 Weller Paul, Heavy Soul, 1997 pages 79, 181 White Noise, An Electric Storm, 1969 pages 19, 125 Wild Beasts, Present Tense, 2014 pages 111, 215 Wyatt Robert, Rock Bottom, 1974 pages 27, 133 Y

Young Neil, Greatest Hits, 2004 pages 95, 199

INDEX VINS N O R D - O U E ST ( VA LLÉE D E LA LO IRE )

Alliet (Philippe) – “Coteau de Noiré” (Chinon) pages 11, 117 Amirault (Yannick) – “La Petite Cave” (Bourgueil) pages 21, 127 Beaumont (domaine de) – Cuvée “Les Promenards” (Vouvray) pages 55, 157 Bellivière (domaine de) – Cuvée “Le Rouge Gorge” (Coteaux-du-loir) pages 45, 149 Clos de l’Élu (domaine du) – Cuvée “Bastingage” (Anjou) pages 109, 213 Huards (domaine des) – Cuvée “François 1er Vieilles Vignes” (Cour-cheverny) pages 31-33, 137 Les Terres d’Ocre (domaine) – Cuvée “Instan T” (Saint-pourçain) pages 35, 139 Pothiers (domaine de) – Cuvée “Domaine” (Côte-roannaise) pages 15, 121 Terres Blanches (domaine des) – Cuvée “Blet Tendre” (Vin de France - Anjou) pages 85, 187

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SUD- EST ( VA L L ÉE DU RHÔN E, L A N G UEDOC- ROUSSI L LON , PROV EN CE, CORSE)

Antoine Arena (domaine) – Cuvée “Bianco Gentile” (Vin de table - Corse) pages 71, 173 Bunan (domaine) – “Moulin des Costes” (Bandol) pages 65, 167 Bernard Gripa (domaine) – Saint-Joseph pages 69, 171 Christophe Peyrus (domaine) – Pic Saint-Loup pages 39, 143 Daumas Gassac (Mas de) – Blanc (IGP Saint-guilhem-le-désert) pages 75, 177 François Villard (domaine) – Cuvée “Version Longue” (Saint-péray) pages 79, 181 Gauby (domaine) – Cuvée “Muntada” (Côtes-du-roussillon villages) pages 91, 193-195 Julien Pilon (domaine) – Cuvée “on the rhône again” (Crozes-hermitage) pages 77, 179 L'Anglore (domaine de) – Éric Pfifferling – Tavel pages 13, 119 La Tour Vieille (domaine) – “Reserva” (Banyuls) pages 23, 129 Leccia (domaine) – Muscat du Cap Corse pages 113, 217 Les Vins de Vienne – “Taburnum” (IGP des Collines-rhodaniennes) pages 57, 159 L’Horizon (domaine de) – “L'Horizon Rouge” (IGP Côtes-catalanes) pages 89, 191 Mas Amiel – Cuvée “Origine” (Côtes-du-roussillon villages) pages 53, 155 Mas Amiel – Cuvée “Vintage” (Maury) pages 83, 185 Montcalmès (domaine de) – Terrasses du Larzac rouge (Coteaux-du-languedoc) pages 87, 189 Montvac (domaine de) – Cuvée “Mélodine” (Vacqueyras) pages 67, 169 Puech Redon (domaine) – Duché d’Uzès pages 93, 197 Rimbert (domaine) – “Le Mas au Schiste” (Saint-chinian) pages 17, 123 Saint Cosme (château de) – “Little James’ Basket Press” (IGP Pays-d'oc) pages 101, 205 Simone (château) – Palette blanc pages 107, 211 Tempier (domaine) – Bandol pages 41, 145 Viret (domaine) – “La Coudée d’Or” (Côtes-du-rhône villages) pages 19, 125 Yves Cuilleron (domaine) – Cuvée “La Petite Côte” (Condrieu) pages 99, 203

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