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Revista de Economía Política de las Tecnologías de la Información y Comunicación www.eptic.com.br Vol.V, n.1, Ene./Abr. 2003

ultralibéral de construction de l’architecture réticulaire globale. Il s’agit d’un “vieux” projet. Car je crois que depuis le début de la révolution industrielle, les tenants des idéologies de l’ordre ont pris pour cible les intellectuels porteurs de la “pensée négative” (“insurrectionnelle”, non “constructive”, tous termes équivalents à leurs yeux). Ce n’est pas un hasard si dans sa généalogie de la “société post-industrielle”, première déclinaison de la “société de l’information”, Daniel Bell reprend mot pour mot les anathèmes lancés dès les années 1820 par Saint-Simon et les saint-simoniens, fondateurs de l’idée de technocratie, pour fustiger les “intellectuels apocalyptiques, hédonistes et nihilistes” dans la vie contemporaine qu’il contraste avec les représentants du “savoir positif”, orientés vers la “prise de décision et, destinés à fournir le socle de la société promise par les nouvelles “technologies intellectuelles”. Ce n’est pas un hasard non plus si des théoriciens du management comme Peter Drucker ne cessent de faire des appels du pied aux “intellectuels” au motif que seule l’alliance entre l’imagination de ces derniers et le réalisme des “managers” peut permettre de construire la “société de la connaissance”.

Sans cette alliance autour du pragmatisme,

martèle-t-il, les “intellectuels” sont condamnés à vivre dans un monde où “chacun fait ce qu’il veut mais où personne ne fait rien”. C’est dire combien le caractère structurant des nouvelles technologies et l’intellectualisation générale du travail et de la consommation n’ont cessé de mettre à l’ordre du jour la normalisation. La prétention prométhéenne des sphères de pouvoir à réorganiser la société et le monde en plaquant la grille du détermisme techno-marchand sur la totalité sociale obligent donc à redoubler de vigilance. Le rôle de l’”intellectuel professionnel universitaire” est polyfacétique. J’ y reviendrai sans doute dans ma réponse aux deux autres questions. Mais une des priorités est sans doute ce qui se passe sur son lieu de travail, lieu où se joue la redéfinition de la mission des institutions d’enseignement et de recherche et par où pénètre la rationalité technique nécessaire à l’intégration des viviers de savoir au nouvel ordre social et productif. La fascination pour les prouesses des nouvelles technologies de l’information et de communication ainsi que le mirage d’un professionalisme atteint par le seul renforcement de l’alliance entre l’université et le monde de l’entreprise tendent à brouiller l’entendement des enjeux de cette restructuration globale. De plus en plus, avec des modalités différentes selon les pays et les régions du monde, sous prétexte de standardisation des cursus, des diplômes, de gestion informatisée des études, des réformes sont mises en place qui tendent à réduire à la portion congrue la fonction critique de l’université et son caractère de “service public”. Ces tendances sont visibles dans la réorganisation des protocoles de la recherche de plus en plus


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