NPE N°45

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DOSSIER : INTOXICATIONS ET MYCOTOXINES CHEZ LES ÉQUIDÉS

Couv NPE 45.qxp_Couverture NPE 27 12/07/2018 18:47 Page1

Volume 12

N°45 AVRIL 2018 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV

(Comité de formation continue vétérinaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

INTOXICATIONS ET MYCOTOXINES CHEZ LES ÉQUIDÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°45 - AVRIL 2018

- Bilan des appels de toxicologie et évolution : données du CNITV et du CAPAE - Ouest depuis 12 ans - Les différentes plantes toxiques majeures et les circonstances d’apparition - Le robinier, un arbre toxique

DOSSIER :

- Comment confirmer une suspicion d’intoxication végétale chez le cheval - La toxicité des mycotoxines chez les équidés - Démarche diagnostique face à une suspicion d’intoxication chez le cheval

INTOXICATIONS ET MYCOTOXINES

Rubriques

Les intoxications aiguës d’équidés liées à l’ingestion de toxiques présents dans leur environnement sont fréquentes et souvent graves …

- L’intoxication par les glands chez les équidés : étude à partir de 19 cas autopsiés entre 2007 et 2017

chez les équidés

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Revue de presse internationale:

notre sélection en - Digestif - Ophtalmologie Anesthésie / Chirurgie - Imagerie / Locomoteur

- Test clinique - Un cas d’hyperthermie

www.neva.fr

chez une jument de 14 ans

- Prise en charge pratique de l’urgence

- Étude de cas - Intoxication probable à la fumonisine B1 par l’ingestion de maïs contaminé sur trois chevaux - Observation clinique Intoxication par la liqueur de Fowler chez un cheval - Anesthésie - Sédation et analgésie du cheval debout


pub2.qxp_Gabarit Bleu 13/07/2018 15:24 Page1

Pour toute question relative aux risques toxiques pour les animaux et l’environnement

DES CENTRES ANTIPOISON ANIMAL DISPONIBLES 24 h / 24 et 7 j / 7 Soutenez - nous par vos dons et vos adhésions annuelles !

Le Centre National d’Informations Toxicologiques Vétérinaires

Le Centre AntiPoison Animal et Environnemental de l’Ouest

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3 sommaire NPE45 BAT.qxp_Sommaire NPE 21 13/07/2018 11:12 Page3

sommaire Plus d’informations sur www.neva.fr

Test clinique - Cas d’hyperthermie chez une jument de 14 ans

CHEVAL ET ÉQUIDÉS

Dossier : Intoxications et mycotoxines chez les équidés - Bilan des appels de toxicologie et évolution : données du CNITV et du CAPAE-Ouest depuis 12 ans Stéphane Queffélec, Martine Kammerer, Hervé Pouliquen, Laurence Tavernier, Gilbert Gault - Les différentes plantes toxiques majeures et les circonstances d’apparition Nathalie Priymenko - Fiche - Le robinier, un arbre toxique Pauline Matrat, Martine Kammerer - Comment confirmer une suspicion d’intoxication végétale chez le cheval Nathalie Priymenko - La toxicité des mycotoxines chez les équidés Jean-Denis Bailly - Démarche diagnostique face à une suspicion d’intoxication chez le cheval Mathilde Royer, Jean-Luc Cadoré - Prise en charge pratique de l’urgence d’origine toxicologique Mathilde Royer, Jean-Luc Cadoré

N°45 DOSSIER SPÉCIAL

4 5

Paul Camdeborde, Jean-Luc Cadoré Éditorial Jean-Denis Bailly

Volume 12

INTOXICATIONS ET MYCOTOXINES chez les équidés

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11 17

19 23

30 33

RUBRIQUES - L’intoxication par les glands chez les équidés : étude à partir de 19 cas autopsiés entre 2007 et 2017 Maud Linster, Nathalie Foucher, Jean-Loïc Le Net, Jackie Tapprest - Étude de cas - Intoxication probable à la fumonisine B1 par l’ingestion de maïs contaminé sur trois chevaux Jennifer Blondeau, Sophie Mercier, Frédérique Faurie, Corinne Novella, Christelle Volmer, Marie-Capucine Dupuis Tricaud, Gilbert Gault, Laurence Tavernier, Meg-Anne Moriceau, Stéphane Queffélec - Observation clinique - Intoxication par la liqueur de Fowler chez un cheval Sandrine Maupu, Martine Kammerer - Anesthésie - Sédation et analgésie du cheval debout Mathieu Raillard, Olivier Levionnois

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE

Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré, Jean-Philippe Germain Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection par

39

45

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revue de formation à comité de lecture

indexée dans les bases de données :

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• Index Veterinarius

Anaëlle Barandiaran, Paul Camdeborde, Anna López Codony, Solenn Le Corre, Lauriane Lucas, Pauline Venture

(CAB International)

• Veterinary Bulletin

- Digestif - Déchirures du mésentère duodéno-jéjunal : survie et complications après correction chirurgicale chez 38 poulinières - Ophtalmologie - Comparaison entre dégénérescence cornéenne et kératopathie calcique en bande de 2000 à 2013 chez 69 chevaux - Ophtalmologie - Les caractéristiques des kératomycoses équines épithéliales et sous-épithéliales non ulcératives au microscope confocal (étude réalisée in vivo) - Anesthésie / Chirurgie - Ténotomie du muscle semi-tendineux réalisée sous sédation versus anesthésie générale - Imagerie / Locomoteur - Lésions du tendon fléchisseur superficiel du doigt chez les chevaux de course de plat - Locomoteur - Fixation interne de fractures proximales des os métacarpiens et métatarsiens II et IV avec des vis biorésorbables

Test clinique - les réponses Tests de formation continue - les réponses Observations et résultats originaux

(CAB International)

• CAB Abstracts Database

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV (Comité de formation continue vétérinaire)

CHEVAL RUBRIQUE

64 66

Souscription d’abonnement en page 65 et sur www.neva.fr

REVUE INTERNATIONALE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 AVRIL 2018 - 127


4 Test clinique Q NPE45 BAT.qxp_PP 4 Test clinique Q 12/07/2018 11:04 Page1

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

test clinique un cas d’hyperthermie chez une jument de 14 ans

Conseil scientifique

Gilles Bourdoiseau (VetAgro Sup) Marc Gogny (Oniris) Jean-François Bruyas (Oniris) Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (Anses

Rédacteurs en chef scientifiques

Eddy Cauvin (praticien) Mathieu Lenormand (praticien) Sophie Pradier (E.N.V.T.)

Comité de rédaction

Vincent Boureau (Comportement, praticien) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, Oniris) Aude Ferran (Physiologie et thérapeutique, E.N.V.T.), Jean-Yves Gauchot (Médecine, dentisterie, praticien), Jean-Philippe Germain (Médecine, chirurgie, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Laetitia Jaillardon (Biologie- biochimie, Oniris) Céline Mespoulhès-Rivière (Chirurgie, E.N.V.A.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Monika Gangl (Médecine interne, VetAgro Sup) Jean-Marc Person (Immunologie) Didier Pin (Dermatologie, VetAgro Sup) Caroline Prouillac (Pharmacie - Toxicologie VetagroSup) Xavier Pineau (Pharmaco-Toxicologie, VetAgro Sup) Benoît Rannou (Biologie clinique, VetAgro Sup) Alain Régnier (Ophtalmologie, E.N.V.T.) Fabien Relave (Chirurgie, praticien) Mickaël Robert (Chirurgie, Afrique du sud) Fabrice Rossignol (Chirurgie, praticien) Morgane Schambourg (Médecine, chirurgie, praticien) Renaud Tissier (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.A.) François Valon (Médecine interne, praticien) Rédaction - Secrétariat de rédaction Clara Dagonia Gestion des abonnements et comptabilité Marie Glussot Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication

Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. UE : 61 € Institutions, bibliothèques et admin : sur devis . SARL au capital de 7622 € Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey

Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0422 T 86 321 I.S.S.N. 1767-5081 Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux

Les contenus du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine sont protégés par la législation sur le droit d’auteur. Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon (loi du 11 mars 1957). Les “copies ou reproductions sont strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective (...)”. Le non respect de la législation constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 128 - AVRIL 2018

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Paul Camdeborde, Jean-Luc Cadoré

disponible sur www.neva.fr

Université de Lyon, VetAgro Sup, Campus Vétérinaire de Lyon, Département hippique, 69280 Marcy-l’Étoile

U

ne jument Arabe de 14 ans est présentée pour hyperthermie, asthénie et amaigrissement depuis 10 jours. Consultée par un confrère, ce dernier constate que la jument est abattue, et que sa température est de 39,5°C. ● Il réalise en première intention, une injection de Carbésia® (dose inconnue), de flunixine et d'Estocelan®. ● Une prise de sang, effectuée parallèlement, montre une leucocytose neutrophilique associée à une hyper protéinémie. ● Suspectant une infection, un traitement antibiotique à base de Tribissen® (Triméthoprime sulfamide) et de G4® (gentamicine) est alors mis en place durant 5 jours sans nette amélioration. ● À l’examen d’admission, la jument présente une note d’état corporel de 3/9. La température rectale est augmentée (38,8°C).

Une tachycardie (52 battements par minute) associée à un souffle protosystolique de grade 2/6 audible à gauche est mise en évidence. ● La jument est hospitalisée, une analyse hématologique et biochimique montre : - une leucocytose neutrophilique : 24 100 leucocytes/μL dont 21 400 neutrophiles/μL1 ; - une anémie : hématocrite 21,2 p. cent ; hémoglobine 8,3 g/dL 2 ; - une hyperprotéinémie : 91g/L3 ; - une augmentation de la concentration en substance Amyloide A : 2440 mg/L 4 ; - une augmentation de l’activité des enzymes hépatiques : GGT 266 U/L, GLDH 9,6 U/L, AST 576 U/L 5. ● L’auscultation après le test de ventilation forcée met en évidence des bruits respiratoires augmentés mais ne révèle pas de bruits adventices.

comité de lecture

3 56 g/L) ; 4 5 mg/L) ;

Aurélie Allard, François Auzas, Isabelle Barrier-Battut, Agnès Benamou, Philippe Benoit, Géraldine Blanchard, Sarah Buisson, Christian Bussy, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), Élodie Chollet, Undine Christman (USA), Pierre Chuit (Suisse), Matthieu Cousty, Julie Dauvillier, Valérie Deniau, Louis-Marie Desmaizières Florent David (Irlande), Isabelle Desjardins, Lucile Martin-Dumon, Guillaume Fortier, Aude Giraudet,

NOTE Valeurs usuelles

1 11 000 leucocytes/μL et 6900 neutrophiles/μL) ; 2 hématocrite 30 p. cent ; hémoglobine 10,7 g/dL) ;

5 GGT 87 U/L, GLDH U/L, AST U/L). Xavier Gluntz, Sigrid Grulke (Liège), Aymeric Hans, 1 Quelles sont vos hypothèses Martine Kammerer, diagnostiques ? Élodie Lallemand, Claire Laugier, 2 Quels examens complémentaires Jean-Pierre Lavoie (Canada), Serge Lenormand, réaliser pour déterminer l’origine Bertrand Losson (Liège), de l’hyperthermie ? Pierre-François Mazeaud, Sarah Ménager, 3 Quel traitement mettre en place ? Ève Mourier, Roland Perrin, Valérie Picandet, Réponses à ce test page 64 Cyrille Piccot-Crézollet, Karine Portier, Abdelmalek Sghiri (Maroc), en p. 65 Tilman Simon (Allemagne), Christopher Stockwell, et découvrez Jackie Tapprest, les offres spéciales Ahmed Tibary (USA), Denis Verwilghen (Danemark) et les offres parrainage

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5 Éditorial NPE 45 quasi BAT 3-07-2018.qxp_gabarit edito 12/07/2018 11:01 Page5

éditorial Les intoxications aiguës d’équidés liées à l’ingestion de toxiques présents dans leur environnement sont fréquentes et souvent graves …

L

es Équidés sont des animaux particulièrement exposés à de nombreux agents toxiques pouvant contaminer leur alimentation. Au pâturage, ils peuvent être exposés à différentes plantes toxiques dont les effets sont particulièrement néfastes. La fréquence des appels aux centres anti-poisons français pour des suspicions d’intoxications des chevaux liées à l’ingestion de plantes toxiques démontre, si besoin était, l’importance de cette problématique en médecine équine (“Bilan et évolution des appels de toxicologie reçus au CAPAE - Ouest et au CNITV depuis 12 ans” de Stéphane Quéffelec, Martine Kammerer, et coll). Dans ce dossier spécial Intoxications et mycotoxines du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine , plusieurs articles abordent ce sujet afin, tout d’abord, de rappeler les éléments qui doivent conduire à suspecter une intoxication d’origine végétale, puis à appréhender les différentes plantes toxiques importantes et leurs effets (articles “Comment confirmer une suspicion d’intoxication végétale chez le cheval”, et Les différentes plantes toxiques majeures et les circonstances d’apparition” de N. Priymenko). Ces articles sont complétés par une observation décrivant plusieurs cas d’intoxication par les glands chez les équidés (“L’intoxication par les glands chez les équidés, étude à partir de 19 cas autopsié entre 2007 et 2017”, M. Lindser et coll). Les Équidés peuvent aussi être exposés aux mycotoxines pouvant être contenus dans leurs aliments. L’absence de détoxification ruminale permet à ces composés d’être absorbés au niveau intestinal et d’atteindre les organes cibles. Les chevaux sont ainsi particulièrement sensibles aux fumonisines, toxines pour lesquelles il existe une valeur seuil spécifique dans cette espèce. Les principaux éléments à connaître sur cette mycotoxicose sont développés (article “La toxicité des mycotoxines chez les équidés”) et sont illustrés par la description d’une intoxication très probable chez plusieurs animaux (“Intoxication probable à la fumonisine B1 par l’ingestion de maïs contaminé sur trois chevaux”, J. Blondeau et coll). D’autres mycotoxines peuvent aussi contaminer les aliments des équidés, en particulier les fourrages. Il convient de connaître les conditions dans lesquelles cette contamination est possible afin de pouvoir mener les investigations nécessaires lors de suspicion. Pour ces toxiques naturels, le diagnostic de certitude d’intoxication est souvent difficile à établir à cause de la diversité possible des signes cliniques (fonction de la dose de toxique ingérée, de la durée d’exposition, de la sensibilité individuelle), avec des effets parfois foudroyants (mort rapide sans signe clinique évocateur) ainsi que de la difficulté à réaliser des analyses permettant de confirmer la suspicion (coût, expertise nécessaire, difficulté d’échantillonnage, difficulté à réaliser des autopsies). Deux articles présentent ainsi la démarche diagnostique à suivre lors de suspicion d’intoxication ainsi que la prise en charge de l’urgence toxicologique (M. Royer et J.-L.Cadoré). Ces articles sont complétés par la description d’un cas d’intoxication équine à l’arsenic (“Intoxication par la liqueur de Fowler chez un cheval “, P. Maupu et M. Kammerer) . Pour ces différents agents toxiques, l’absence très fréquente de traitement spécifique rend indispensable la connaissance des mesures préventives qui doivent être mises en œuvre pour limiter les risques d’apparition au sein des élevages.

Jean-Denis Bailly Hygiène des aliments École Nationale Vétérinaire de Toulouse

disponible sur www.neva.fr

à suivre ... ➜ Nutrition - Mieux connaître les effets des pratiques et des conditions culturales sur la qualité sanitaire des fourrages

V. Séguin, S. Lemauviel-Lavenant, Y. Gallard, V. Bouchart, A. Ourry, D. Garon

C

e dossier spécial vise à apporter aux vétérinaires impliqués dans la santé des Équidés, un tour d’horizon des composés toxiques pouvant fréquemment être rencontrés dans l’environnement des chevaux et de leurs effets afin qu’ils puissent, lors de suspicion clinique, orienter au mieux leur démarche diagnostique et leur thérapeutique mais aussi qu’ils soient, en amont, en mesure de conseiller au mieux les propriétaires de chevaux pour limiter les risques de voir apparaître ces intoxications. Bonne lecture. ❒

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

5

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 AVRIL 2018 - 129


6-10 Bilan des appels V°BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 12/07/2018 19:44 Page6

bilan des appels de toxicologie

Données originales

et évolution

Stéphane Queffélec1 Martine Kammerer2 Hervé Pouliquen2 Laurence Tavernier1 Gilbert Gault1

données du CNITV et du CAPAE-Ouest depuis 12 ans

Centre national d'informations toxicologiques vétérinaires (CNITV), Vetagro Sup campus vétérinaire, 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy L'Étoile

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CAPAE-Ouest Unité de Pharmacologie et Toxicologie Oniris La Chantrerie B.P. 40706 44307 Nantes Cedex 03

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Les Centres nationaux d’'informations toxicologiques vétérinaires ou antipoisons sont des aides précieuses pour le praticien aussi bien pour les actions de prévention auprès de leurs clients (plantes toxiques à conaître) qu’en cas d’intoxication, suspectée ou avérée.

Objectif pédagogique ❚ Connaître les principaux toxiques auxquels les chevaux, les ânes et les poneys sont exposés, à partir du bilan des 12 dernières années.

L

e CAPAE-Ouest (centre antipoison animal et environnemental de l’Ouest) et le CNITV (centre national d'informations toxicologiques vétérinaires) accumulent des données qui n’ont encore jamais été rassemblées et mises en perspective. Cet article propose un bilan chiffré des appels reçus dans ces deux Centres, ces 12 dernières années de la France métropolitaine, des départements et des territoires d’Outre mer ainsi que des pays francophones comme nous l’avions fait précédemment dans le NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire canine-féline*.

Essentiel ❚ Les chevaux font l’objet d’environ 3/4 des appels pour les équins, les ânes et les poneys se partageant le 1/4 restant. ❚ Les plantes et les rodenticides anticoagulants sont les principaux toxiques en cause.

L’ÉVOLUTION DU NOMBRE D’APPELS En 2017, les appels concernant les Équidés ont représenté de 1060 à 2500 dossiers selon le Centre d’appels. Depuis 2005, ce nombre a moins augmenté que dans d’autres espèces telles que pour les Carnivores domestiques (figure 1). Cette relative stabilité s’inscrit pourtant dans un contexte d’augmentation continue des appels principalement dus à l’essor des appels, pour chiens et chats (85 à 92 p. cent des appels, selon le centre). Nous sommes ainsi passés de 3000 à 7000 appels par an entre 2005 et 2017 pour le CAPAE-Ouest, et de 4500 à plus de 16 000 dans le même ●

CHEVAL

NOTE * cf. le dossier : Les intoxications chez le chien, le chat, les nac du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline N° 60, Juin/Septembre 2015.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 130 - AVRIL 2018

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temps pour le CNITV, sans compter les appels pour la pharmacovigilance. ● Les espèces d’équidés concernées par les intoxications sont le reflet de leur population en France : devant les ânes et les poneys, les chevaux sont majoritaires. Celà se retrouve dans les appels où ils représentent 75 à 85 p. cent des équidés, selon les années et le Centre d’appels (figure 2). ● Les vétérinaires praticiens sont les principaux “appelants”. Ils contactent les centres antipoison à la fois pour obtenir des renseignements sur certains toxiques, sans exposition particulière : il s’agit alors de questions de prévention, qui concernent principalement les plantes toxiques. ● Nous sommes également confrontés à des expositions symptomatiques, pour lesquelles le praticien souhaite des éléments de pronostic, de traitement spécifique ou encore, cherche à faire pratiquer des analyses complémentaires permettant de confirmer ses hypothèses diagnostiques. ● Chaque Centre anti-poison vétérinaire (Lyon ou Nantes) reçoit ses cas en fonction de différents paramètres tels que les éléments intrinsèques (disponibilité, relationnel avec les toxicologues, type de retour au praticien, etc), la proximité géographique, la démographie française des Équidés et la répartition géographique en France des toxiques d’origine végétale (tableau 1, fréquence d’appels et répartition). LES MOTIFS D’APPELS ET LEUR ÉVOLUTION Les expositions avérées aux substances toxiques, les rodenticides anticoagulants ● Si l’on considère les expositions avérées aux substances toxiques, les rodenticides anticoagulants devancent les plantes. Les Équidés rejoignent sur ce point toutes les autres espèces rencontrées dans nos dossiers d’appels (tableaux 2, 3, 4). Cette prédominance témoigne à la fois d’une exposition assez commune à ces produits de lutte


11-16 différentes plantes toxiques BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 10/07/2018 14:11 Page11

les différentes plantes toxiques majeures

et les circonstances d’apparition Nathalie Priymenko UP Alimentation ENVT, INP-Purpan, UPS F-31000 Toulouse France

Les plantes toxiques d’importance majeure pour les chevaux sont fréquentes, et les intoxications qu’elles provoquent sont graves et souvent mortelles. La méconnaissance croissante du public, combinée à l’extension rapide de plantes envahissantes et toxiques font que le vétérinaire est de plus en plus confronté à ce risque.

L

es plantes les plus souvent citées entre 2004 et 2014 comme responsables d’intoxications chez le cheval sont, par ordre décroissant d’appels, le robinier, le laurier rose, le chêne, l’if à baie, la porcelle enracinée, les séneçons, le laurier cerise, les érables sycomores, le gui, le thuya, le datura et la glycine (données CNITV de 2004 à 2014) [4]. ● Les chevaux vivant le plus souvent sur des prairies permanentes et nourris avec des foins issus de prairies permanentes sont particulièrement exposés aux plantes toxiques. Le risque est lié à la présence soit d’arbres ou d’arbustes toxiques dans leur environnement, soit de plantes herbacées dans leurs prairies ou dans les fourrages. ● Cet article s’attache à décrire les circonstances d’intoxication par les plantes toxiques les plus fréquemment impliquées dans les intoxications végétales chez le cheval. LES ARBRES ET LES ARBUSTES TOXIQUES

● Sans faire un inventaire exhaustif, certains arbres doivent absolument être évités en bordure de prairie, voire dans l’ensemble de l’environnement où évolue le cheval. On pourrait opposer à cette affirmation que les chênes à feuilles caduques et les robiniers faux acacia sont très fréquemment présents en bordure de prairie mais ne posent pas systématiquement de souci. Ils sont néanmoins toxiques.

Les arbres toxiques

Objectif pédagogique

Le robinier

Les intoxications avec du robinier (Robinia pseudoacacia L.) sont plutôt rares en comparaison de la fréquente présence de ces arbres, surtout dans le Sud de la France*. ● Elles peuvent être liées au mâchonnement de piquets ou d’écorce, à la consommation de jeunes pousses qui naissent très facilement car la plante émet de nombreux drageons, et à la consommation de jeunes feuilles, de résidus de taille ou après un stress. Les ânes semblent particulièrement friands des drageons ( repousses). ➜ Veiller ainsi à ne pas attacher d’équidés à des robiniers. ● Toutes les parties de l’arbre, sauf les fleurs, sont toxiques en raison de la présence de lectines appelées aussi phytohémaglutinines dont la robine. ● Lors d’intoxication, le cheval présente des troubles digestifs, une stomatite avec de la salivation abondante, des diarrhées, des coliques qui se compliquent rapidement de signes nerveux avec faiblesse, de l’ataxie, de l’hyperexcitabilité, de la paralysie, parfois de la tachycardie, avec un pouls faible et irrégulier. ● L’évolution est souvent relativement rapide et on observe des lésions digestives. La dose létale est mal connue, elle serait de 0,04 p.cent du poids vif chez le cheval, soit 150 à 200 g d'écorce fraiche [9]. À l’autopsie, les lésions de gastro-entérite dominent sans être pathognomoniques.

❚ Comprendre les circonstances d’intoxication par les plantes chez le cheval, afin de conseiller l’utilisateur sur la prévention de ces intoxications.

Les chênes ● Les chênes à feuilles caduques (le chêne sessile, Quercus petraea (Liebl.), le chêne pédonculé ou chêne rouvre, Quercus robur L.) sont tout aussi toxiques que les robiniers. Les intoxications sont dues aux tanins non condensés, présents principalement dans les jeunes feuilles et les glands verts, par exemple accessibles car tombés suite à un coup de vent**.

NOTES

Essentiel ❚ Les chevaux doivent être systématiquement éloignés de certains arbres comme l'if à baie, le cytise, le laurier rose, l'érable sycomore et la glycine. ❚ Veiller particulièrement aux endroits où on attache les chevaux, et éviter qu’ils aient accès à des tailles de haies. ❚ Toujours attirer l’attention sur la dangerosité de certaines plantes.

CHEVAL

cf. dans ce même numéro : * la fiche : “Le robinier, un arbre toxique”, de P. Matrat et M. Kammerer ;

** l’article “L’intoxication par les glands chez les équidés, étude à partir de 19 cas autopsiés entre 2007 et 2017”, de M. Linster et coll.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 AVRIL 2018 - 135


fiche robinier BAT .qxp_gabarit rubrique NPE 09/07/2018 21:00 Page17

fiche

le robinier un arbre toxique Le robinier faux-acacia est toxique pour tous les mammifères et les oiseaux, mais les équidés sont les plus sensibles. Les parties toxiques renferment deux toxalbumines ou lectines.

L

e robinier faux-acacia ou Robinia pseudoacacia L. (souvent appelé improprement acacia) est un arbre très commun, qui peut atteindre 25 mètres de haut, à feuilles caduques de la famille des Fabacées (ex Papilionacées), originaire d’Amérique du Nord. Ses tiges épineuses le protègent contre l’attaque des herbivores. ● Ses feuilles sont composées et imparipennées (avec 9 à 19 paires de folioles ovales), alternes et le pétiole est pourvu de deux épines à sa base. Les fleurs sont blanches et mesurent 1,5 à 2,5 cm. Elles sont disposées en longues grappes pendantes de 10 à 20 cm. Son fruit est une gousse brune, luisante, droite qui mesure 7 à 8 cm de long. L’arbre émet souvent des drageons épineux, qui forment parfois d’énormes bosquets. ● Cet arbre se plait sur les substrats relativement secs et sableux. Il est cultivé dans les jardins et dans les parcs, ou bien pousse de manière subspontanée. Son bois très dur présente une forte résistance à la putréfaction, ce qui explique l’utilisation de cette essence pour la fabrication des parquets, des poteaux de clôtures, etc. TOXICITÉ

● L’arbre est toxique pour tous les mammifères et pour les oiseaux, mais les équidés sont les plus sensibles. ● Bien que la plante soit très dangereuse fraîche, les chevaux s’intoxiquent le plus souvent lorsqu’ils rongent l’écorce des piquets de clôture dont ils semblent très friands, peut-être attirés par l’odeur agréable dégagée par le bois.

L’écorce est la partie la plus toxique, les jeunes pousses le sont dans une moindre mesure, et les feuilles nettement moins [2]. ● Seules les fleurs et les graines sont sans danger, ce qui explique que l’ingestion de beignets de “fleurs d’accacia” ne soient pas toxiques chez l’homme. ● Les parties toxiques renferment deux toxalbumines ou lectines, la robine et la phasine. La robine est la plus puissante ; elle provoque l’agglutination des hématies et possède des propriétés cytotoxiques. ➜ Ces toxines provoquent une inhibition de la synthèse protéique, conduisant à la mort cellulaire. Leur premier site d’action semble être les cellules prolifératives de la paroi intestinale. ● Les irritations gastro-intestinales et les ulcérations ainsi engendrées sont à l’origine de douleurs abdominales et évoluent généralement vers une entérite hémorragique. L’inflammation provoquée au niveau de la paroi intestinale favoriserait l’absorption d’ammoniaque provoquant une hyperammonémie. ● L’ingestion d’environ 70 g d’écorce peut être à l’origine de troubles digestifs chez un cheval (standard de 500 kg), et celle de 150 g est considérée comme mortelle [2]. SYMPTOMATOLOGIE ● Les signes cliniques observés dépendent de la dose ingérée. Ils apparaissent généralement 1 à 2 heures après l’ingestion. ● Si la quantité ingérée est faible, le tableau clinique est dominé par un ensemble de signes digestifs : - stomatite ; - coliques ; - diarrhée ; - puis constipation ; - anorexie ; - douleurs abdominales ; - bruits intestinaux réduits ou absents. ● Les coliques peuvent présenter différents degrés de sévérité, et constituent alors le signe dominant.

17

Pauline Matrat Martine Kammerer CAPAE-Ouest – Oniris, La Chantrerie, 44307 Nantes Cedex 3

Objectif pédagogique ❚ Connaître la toxicité de cet arbre auquel le cheval est très sensible, et auquel il peut être exposé sur pied ainsi que par les poteaux de clôture.

Essentiel ❚ L’écorce du robinier est la partie la plus toxique : les chevaux s’intoxiquent souvent lorsqu’ils rongent l’écorce des piquets de clôture, peut-être attirés par l’odeur agréable dégagée par le bois. ❚ Les irritations gastro-intestinales et les ulcérations engendrées sont à l’origine de douleurs abdominales et évoluent généralement vers une entérite hémorragique. ❚ L’ingestion d’environ 70 g d’écorce peut être à l’origine de troubles digestifs chez un cheval (standard de 500 kg).

CHEVAL

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 AVRIL 2018 - 141


19-22 confirmer une suspicion d'intoxication BAT 2.qxp_gabarit rubrique NPE 10/07/2018 12:30 Page19

comment confirmer une suspicion

d’intoxication végétale chez le cheval Il est nécessaire de comprendre comment rechercher des indices lorsqu’on soupçonne une intoxication végétale, chez le cheval.

U

ne suspicion d’intoxication végétale intervient souvent tardivement, après avoir envisagé de multiples autres hypothèses, sauf si l’animal est intoxiqué sur le mode aigu ou suraigu, et qu’il se trouve parfois directement à proximité des plantes incriminées. Le diagnostic clinique est relativement délicat car les symptômes sont rarement pathognomoniques. Le propriétaire, comme le public, a une large méconnaissance des plantes toxiques, et considère souvent que la consommation de végétaux par son ou par ses chevaux est banale car c’est un herbivore. ANAMNÈSE

● Établir un diagnostic requiert une anamnèse approfondie. ● Le propriétaire de l’animal ou des animaux suspects d’intoxication appelle le vétérinaire après avoir observé des éléments inquiétants. Dans les questions à lui poser, il convient de penser à détailler : - l’identification des animaux malades, avec leur âge, leur race, leur sexe, leur utilisation ; - le motif de la demande de consultation ; - l’histoire et la chronologie des observations avec le moment d’apparition (à interpréter en fonction de la capacité du propriétaire à savoir observer des prodromes) ; - la vitesse d’évolution ; - les “symptômes” observés. ● Cette anamnèse classique doit être complétée de données extrêmement précises sur l’environnement habituel du ou des animaux intoxiqués, avec l’identité de ou des lieux de vie, des données précises sur l’eau (origine, mode de distribution, …) et la ration distribuées. ● En outre, tout événement inhabituel doit être relevé, comme une modification climatique d’importance (vent fort, pluies, orages, …), une taille de végétaux sur l’exploitation

Nathalie Priymenko UP Alimentation, ENVT, INP-Purpan, UPS, F-31000 Toulouse, France

ou chez les voisins, un retour de concours ou de courses hippiques, … ● Toutes ces données doivent être soigneusement notées et mises en perspective avec la date et les caractéristiques du ou des biotopes.

Objectif pédagogique ❚ Connaître les observations et les prélèvements à réaliser lorsque le vétérinaire cherche à confirmer une intoxication d’origine végétale.

EXAMEN CLINIQUE ET SOINS ● L’examen clinique des animaux est classique, et doit être complet, même en cas de suspicion d’intoxication végétale. ● À la lumière de celui-ci, un traitement symptomatique (et spécifique s’il existe et si la plante a été identifiée) est mis en œuvre. N.B. : Une hyperthermie, une atteinte concomitante de plusieurs animaux ou, au contraire, un seul milieu de vie et seulement certains chevaux atteints ... ne permettent pas d’exclure des intoxications végétales.

LA VISITE DES LIEUX DE VIE Une visite appronfondie de terrain complète l’anamnèse et les commémoratifs, l’examen clinique et les traitements administrés. Celle-ci permet : - une analyse visuelle de toutes les pâtures ayant été fréquentées par le cheval, afin d’évaluer les ressources alimentaires (l’identité, la densité et le stade des graminées fourragères présentes dans la prairie), et de réaliser une liste des plantes à fleurs (les dicotylédones). Si le vétérinaire ne peut identifier toutes les plantes qu’il a ainsi répertoriées, il convient de les ramasser, pour les identifier ou pour les faire identifier ultérieurement ; - une évaluation grossière de la qualité nutritionnelle du foin s’il en est distribué en plus du pâturage, avec un examen visuel soigneux pour identifier d’éventuelles plantes non fourragères. S’il existe un doute quant à l’identité de plantes présentes dans le foin, ces plantes sont aussi collectées (photo 1) ; - de dresser la liste des plantes herbacées (les dicotylédones) ou ligneuses (les arbres et les arbustes) que le cheval peut consommer dans et en bordure du pâturage ; - un examen visuel de l’abreuvoir et du réservoir d’eau s’il existe, avec une collecte des plantes qui peuvent y tremper si c’est le cas ; ●

Essentiel ❚ Même après une “enquête” soigneuse, il n’est pas toujours facile de confirmer un cas d’intoxication végétale. ❚ Le diagnostic des intoxications avec des plantes coriaces, et avec une évolution rapide sont plus faciles à réaliser.

CHEVAL

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

19

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 AVRIL 2018 - 143


23-29 toxicité des mycotoxines BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 10/07/2018 17:36 Page23

la toxicité des mycotoxines chez les équidés Les matières premières utilisées en alimentation des équidés sont très variés. Cette espèce est ainsi exposée à différentes mycotoxines. Les principales sont retrouvées dans les céréales ou dans les fourrages.

L

es mycotoxines sont des métabolites toxiques produits par certaines espèces de moisissures au cours de leur développement. Il s’agit de contaminants très fréquents de nombreuses matières premières destinées à l’alimentation humaine et animale et les enquêtes montrent que près de 70 p. cent des échantillons analysés sont contaminés par une ou plusieurs mycotoxines [36, 37]. ● Cependant, en fonction des produits, des pratiques agricoles et du climat dans la zone de production, la nature des toxines et les niveaux de contamination observés peuvent être très variables. ● Certaines mycotoxines font l’objet de nombreuses études depuis plusieurs dizaines d’années. Ceci a permis d’établir des règlementations en alimentation humaine,

Jean-Denis Bailly Toxalim, Université de Toulouse, INRA, Hygiène des aliments ENVT, INP-Purpan, UPS, F-31000 Toulouse, France

ou des recommandations européennes en alimentation animale pour ces composés [11, 12]. ● Les données concernant les effets possibles de ces contaminants dans l’espèce équine sont cependant souvent relativement limitées, en grande partie à cause de la difficulté de réaliser des reproductions expérimentales d’intoxications dans cette espèce. Par ailleurs, les équidés peuvent aussi être exposés à d’autres composés toxiques, présents dans les fourrages et pour lesquels les données disponibles sont beaucoup moins nombreuses. ● L’objectif de cet article est donc de faire le point sur les données disponibles concernant l’impact des mycotoxines sur la santé des équidés.

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les effets des mycotoxines chez les équidés. ❚ Connaître les sources d’exposition des chevaux à ces contaminants.

LA CONTAMINATION DES ALIMENTS DESTINÉS AUX ÉQUIDÉS PAR LES MYCOTOXINES

Essentiel ❚ Les données concernant les effets possibles des mycotoxines dans l’espèce équine sont souvent relativement limitées. ❚ Elles indiquent que la fréquence, la nature des toxines et les niveaux de contamination observés dans les aliments destinés aux équidés sont comparables à ceux pouvant être rapportés pour d’autres espèces.

Si de très nombreuses enquêtes décrivant les niveaux de contamination des aliments destinés à l’homme ou à l’animal sont publiées chaque année, les publications traitant spécifiquement des aliments destinés aux équidés sont peu nombreuses. ●

Tableau 1 - Contamination des aliments pour chevaux par différentes mycotoxines Pays

Nombre Mycotoxines d’échantillons analysées

Contamination

Référence

Serbie

Avoine

12

DON

4/12 (5 - 150 ppb)

[39]

Argentine

Avoine

23

DON FB1 ZEA

Nd 2/23 (10 - 108 ppb) Nd

[32]

Portugal

Aliments complets

105

FB1

13 % (66 - 3800 ppb)

[23]

62

DON ZEA FB1 T-2/HT-2

100 % (16 - 4900 ppb) 98 % (7 - 310 ppb) 94 % (2 - 2200 ppb) 100 % (0,8 - 230 ppb)

[22]

149 85 25

T-2 FB1 T-2 FB1 T-2 FB1

Nd Nd 36 % 2% 40 % Nd

[8]

Aliment

Aliments Allemagne complémentaires et grains

Irlande/Canada

Fourrages Concentrés Avoine

CHEVAL

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

23

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 AVRIL 2018 - 147


30-32 Démarche diagnostique suspicion intoxication BAT v°.qxp_gabarit rubrique NPE 13/07/2018 11:09 Page30

démarche diagnostique

face à une suspicion d’intoxication chez le cheval

Mathilde Royer 1 Jean-Luc Cadoré 2

1Centre national d'informations toxicologiques vétérinaires (CNITV)

Le cheval est un animal particulièrement sensible aux intoxications en raison de son comportement alimentaire et de sa physiologie. Les toxiques les plus fréquemment incriminés chez le cheval sont les plantes, puis les pesticides, et enfin les polluants*.

2Professeur agrégé de médecine interne équine, canine et féline VetAgro Sup, Université de Lyon, Campus vétérinaire, 1 av Bourgelat, 69280 Marcy l’Étoile,

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir mener une démarche diagnostique précise dans le contexte d’une suspicion d’intoxication. ❚ Savoir reconnaître les signes cliniques d’une intoxication chez le cheval.

L

es circonstances des intoxications chez le cheval sont variées (accident, malveillance, automédication) et les manifestations cliniques des différentes intoxications sont la plupart du temps frustes et non spécifiques [1, 4]. ● Une démarche anamnestique et diagnostique complète, méthodique, rigoureuse et systématique est donc nécessaire afin de bien identifier le toxique en cause, et d’adapter la prise en charge thérapeutique en fonction du toxique incriminé, ceci peut s’avérer vital pour l’animal. ● Nous abordons donc les différents moyens de reconnaître une intoxication chez le cheval, par un recueil de commémoratifs et d’anamnèse précis, puis un examen clinique complet et méthodique permettant de mettre en évidence les symptômes possiblement rencontrés en cas d’intoxications (qui seront rappelés à cette occasion).

Essentiel ❚ En cas de suspicion d’intoxication, il est primordial de recueillir les commémoratifs et l’anamnèse de manière rigoureuse. ❚ Le moindre détail peut avoir une importance capitale pour établir le diagnostic et décider de la prise en charge thérapeutique.

LE RECUEIL DES COMMÉMORATIFS Savoir quand suspecter une intoxication permet au vétérinaire d’orienter ses questions lors du recueil des commémoratifs et de l’anamnèse (encadré). ● Ce recueil des commémoratifs est un moment clé de la démarche diagnostique et de la prise en charge en cas d’intoxications. Les commémoratifs doivent être les plus détaillés possible. 1. Les données individuelles concernant l’animal atteint sont essentielles : en particu●

CHEVAL

❚ Crédit Formation Continue :

NOTE

0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 154 - AVRIL 2018

30

* cf. l’article “Bilan et évolution des appels de toxicologie reçus au CAPAE-Ouest et au CNITV depuis 12 ans”, par S. Quéffelec, M. Kammerer, et coll dans ce même numéro.

Encadré - Les situations à risque Un certain nombre de situations font suspecter une intoxication chez le cheval ➜ Une atteinte concomitante de plusieurs chevaux sans évidence d’exposition à un processus infectieux ➜ Une exposition récente à un nouvel environnement ➜ Une exposition récente à un traitement médical ➜ Un changement alimentaire récent (nouveau silo de concentrés, nouveau foin, …) ➜ Une application récente de pesticides dans l’environnement ➜ Des travaux ou activité de construction dans l’environnement ➜ Des conditions météorologiques inhabituelles ➜ Une alimentation inadaptée (quantité, qualité) ➜ Des menaces d’empoisonnement criminel ➜ Une mort subite inexpliquée

lier, son âge, sa race, son sexe, son statut physiologique, son activité, son historique médical, son statut vaccinal, et les éventuelles maladies intercurrentes dont il pourrait être atteint. ● Toutes ces informations permettent d’évaluer la sensibilité de l’animal aux intoxications et la probabilité de son exposition à des toxiques. 2. Le nombre d’animaux concernés est ensuite à considérer. Si plusieurs individus semblent atteints, comment est-il possible d’établir un lien entre eux (espèce, tranche d’âge, sexe, état d’embonpoint, statut hiérarchique, …). 3. Le mode de vie des animaux atteints est également très intéressant à prendre en compte. Observation des animaux et de l’environnement ● La prise de renseignements commence à l’arrivée sur les lieux par une observation minutieuse de l’environnement. Les chevaux vivent-ils au pré, en box ou au paddock, sont-ils à proximité d’autres espèces telles


33-38 Prise en charge urgence toxicologie BAT 2.qxp_gabarit rubrique NPE 13/07/2018 15:18 Page33

prise en charge pratique de l’urgence d’origine toxicologique chez le cheval Malgré toute la rigueur observée lors du recueil des commémoratifs et de la réalisation de l’examen clinique, il est rarement possible de déterminer avec certitude le toxique en cause, si celui-ci n’a pas été identifié par le propriétaire. Il est cependant possible de prendre en charge une suspicion d’urgence d’origine toxicologique, en mettant en place un traitement symptomatique afin de limiter les dommages causés par le toxique potentiel.

D

éterminer le niveau de l’urgence et trier les informations permet de prendre en charge le plus rapidement possible l’animal le plus atteint si plusieurs animaux sont concernés (tableau 1). De même, cela permet d’identifier le système (cardiovasculaire, respiratoire, digestif, ...) menaçant le plus la vie de l’animal atteint et de prendre en charge celui-ci rapidement [6, 9]. ● S’il existe très peu d’antidotes en cas d’intoxications notamment en médecine équine, le praticien peut néanmoins entreprend-re une décontamination, une prise en charge symptomatique et de soutien qui peuvent, à elles seules, conduire à l’amélioration de l’état de l’animal voire sa guérison. ● Cet article présente les prises en charges pratiques des suspicions d’intoxications, en considérant les décontaminations, le soutien

Grade 2

➜ Nécessitent

➜ Nécessitent

d’être prises en charge immédiatement car la vie du cheval en dépend ➜ Concernent les systèmes circulatoire, reproducteur et métabolique

d’être traitées vite mais pas toujours immédiatement ➜ Concernent les systèmes digestif, musculo-squelettique et respiratoire

1 2

1Centre national d'informations toxicologiques vétérinaires (CNITV) 2Professeur agrégé de médecine interne

des grandes fonctions ainsi que les prises en charges spécifiques au moyen d'antidotes.

équine, canine et féline VetAgro Sup, Université de Lyon, Campus vétérinaire, 1 av Bourgelat, 69280 Marcy l’Étoile

DÉCONTAMINER La décontamination locale est la première étape en cas de contact avec un toxique, quel qu’il soit, et parfois avant même l’apparition des signes cliniques, dans le cas où le propriétaire a vu son animal entrer en contact avec un toxique (figure 1). ● La méthode de décontamination dépend du toxique incriminé et de la voie de contact (digestive, cutanée, respiratoire, oculaire …). ●

Décontamination digestive

Objectif pédagogique ❚ Savoir prendre en charge une urgence d’origine toxicologique chez le cheval.

Le point clé de la décontamination digestive est de parvenir à retirer le toxique de l’estomac du cheval. Lavage gastrique

Essentiel

Il est nécessaire de vidanger l’estomac à l’aide d’une sonde nasogastrique pour effectuer un lavage. Cette méthode est très longue, fastidieuse et demande beaucoup d’énergie mais il s’agit d’une étape cruciale dans la prise en charge. Les rinçages doivent être poursuivis jusqu’à ce que le liquide recueilli soit limpide. ● Cette méthode est beaucoup plus compliquée que chez les carnivores domestiques en raison de l’incapacité du cheval à vomir.

❚ La prise en charge de l’urgence toxicologique passe d’abord par un tri et par une gradation de l’urgence. ❚ La prise en charge initiale est d’abord symptomatique (traitement éliminatoire et soutien des grandes fonctions). ❚ La plupart des toxiques ne possède pas d’antidote, et seul un traitement symptomatique est possible. ❚ Si le toxique est identifié de manière certaine, il est possible d’administrer un antidote, si celui-ci existe et s’il est disponible.

L’administration d’adsorbants ● Une fois le lavage terminé, il est possible d’administrer un adsorbant digestif avec la sonde nasogastrique toujours en place. Le plus utilisé et le plus efficace en médecine équine est le charbon végétal activé.

Tableau 1 - Les cinq grades des urgences (daprès [1]) Grade 1

Mathilde Royer Jean-Luc Cadoré

Grade 3

Grade 4

➜ Urgences de bon

pronostic si le traitement est administré dans les heures suivant la survenue du problème ➜ Concernent les systèmes oculaire et nerveux

Grade 5 ➜ Urgences

nécessitant d’être stabilisées dans la journée suivant la découverte d u problème ➜ Concernent le système cutané

CHEVAL

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

33

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 AVRIL 2018 - 157


39-44 intoxication par les glands BAT.qxp_Gabarit rubrique 13/07/2018 11:19 Page39

Observation originale

l’intoxication par les glands chez les équidés étude à partir de 19 cas autopsiés entre 2007 et 2017

L’intoxication par les glands est une entité relativement bien connue et décrite chez les ruminants [2, 4, 6]. Au contraire, il existe peu de cas documentés chez les équidés. Dans cette espèce, cette intoxication reste encore mal connue. Cette étude présente 19 cas d’intoxication par les glands chez des équidés autopsiés au sein de l’unité Épidémiologie et Anatomie Pathologique (EAP) de l’Anses-Laboratoire de Pathologie Équine de Dozulé.

L

’intoxication par les glands chez les équidés est une intoxication très répandue dans certaines régions françaises en raison de la présence de nombreux chênes (Normandie, Bretagne, ...). Elle touche les animaux vivants au pré à proximité de chênes. Ces derniers s’intoxiquent en mangeant les feuilles, les tiges, les jeunes pousses, les bourgeons, les fleurs ou les glands. De plus, l’ingestion de glands par les équidés est favorisée par une disette ou par une sécheresse [1, 2, 4, 6, 9, 10]. Cette étude rétrospective a pour objectif de préciser la fréquence des intoxications par les glands parmi les causes de mortalité des équidés, de rechercher l’influence éventuelle de certains paramètres individuels ou saisonniers sur la fréquence de l’intoxication par les glands, et d’en décrire les circonstances d’apparition, la durée d’évolution et les aspects lésionnels. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

Des cas d’intoxications par les glands sont donc fréquents dans de nombreuses régions ●

en France, et ils sont rencontrés aux ÉtatsUnis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suède, en Australie, en Chine et en Afrique du Sud. En France, seul l’espace méditerranéen semble épargné [2, 4, 6, 10]. ● La toxicité des feuilles, des jeunes pousses, des bourgeons, des fleurs ou des glands est attribuée à leur richesse en tanins. Il s’agit plus précisément de tanins hydrolysables. Une ingestion massive est nécessaire sans pour autant qu’une dose toxique n’ait pu être établie. Les jeunes seraient plus affectés que les adultes [1, 2, 4, 6, 9, 10]. ● En France, deux espèces de chênes à feuilles caduques semblent intervenir dans les intoxications aux glands : - Quercus pedonculata (chêne pédonculé) ; - Quercus petraea (chêne sessile ou chêne rouvre) [6].

Maud Linster12 Nathalie Foucher2 Jean-Loïc Le Net3 Jackie Tapprest2 Unité d’histologie et d’anatomie pathologique, École nationale vétérinaire de Maisons-Alfort, 7, avenue du Général de Gaulle, 94704 Maisons-Alfort, France. 2 Unité épidémiologie et anatomie pathologique Anses Laboratoire de pathologie équine 14430 Goustranville, France. 3 LAPV Amboise, 6 impasse de Vilvent, 37530 Nazelles Négron, France 1

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les principales anomalies retrouvées à l’autopsie chez les équidés lors d’intoxication par les glands. ❚ Mieux comprendre dans quelles circonstances suspecter une intoxication par les glands chez les équidés.

LES MÉCANISMES D’ACTION Les tanins une fois ingérés sont hydrolysés en plusieurs composés. L’acide digallique (fragment polyhydroxyphenolique) est le composé responsable de l’intoxication. En effet, les fermentations bactériennes le convertissent en acide gallique et pyrogallol. ● Les mécanismes d’action des tanins sont de deux types, tout d’abord en tant que macromolécule qui se lie à d’autres protéines ou enzymes, et ensuite à travers les produits de dégradation que sont l’acide gallique et le pyrogallol [4, 5, 8]. ● Les effets des tanins sont variés. Tout d’abord, ils ont un goût amer et astringent qui diminue les propriétés lubrificatrices de la salive et qui engendre un sentiment de sécheresse de la bouche. Celle-ci est à l’origine d’une diminution de la prise alimentaire, d’une perte de poids mais aussi d’un assèchement des muqueuses digestives qui favorise la nécrose. ● De plus, ils agissent sur la digestion en formant des liaisons et des interactions avec d’autres protéines, ce qui entraîne une ●

Essentiel ❚ L’intoxication par les glands peut toucher aussi bien des chevaux que des poneys, ou des ânes de tout âge. ❚ Les tanins et leurs composés de dégradation sont responsables de l’intoxication par les glands.

RUBRIQUE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

39

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 AVRIL 2018 - 163


45-51 Mortalité chez trois chevaux BAT.qxp_Gabarit rubrique 13/07/2018 11:14 Page45

étude de cas

Observation originale

intoxication probable à la fumonisine B1

par l’ingestion de maïs contaminé

sur trois chevaux Les mycotoxines frappent toujours en France, comme en témoigne une série de trois cas de leucoencéphalomalacie équine diagnostiqués en l’espace de 6 jours, dans une même écurie.

É

tablir un diagnostic face à des cas groupés d’atteintes neurologiques graves, aiguës et létales chez des chevaux d’une même écurie relève parfois du défi pour le vétérinaire. ● Outre la gestion médicale compliquée car dangereuse pour les manipulateurs, c’est également une course contre la montre afin d’évaluer les risques pour les animaux non symptomatiques. Les causes infectieuses et toxiques sont à privilégier compte tenu de la situation épidémiologique. ● Outre l’examen clinique, l’examen attentif de l’environnement (zone de pâture, zone de couchage, zone de stockage de l’alimentation, …) apporte bien souvent de précieuses informations et permet d’orienter rapidement les recherches. CAS CLINIQUE Anamèse et commémoratifS

Un mâle castré de 3 ans, de race non déterminée, est retrouvé au box un matin, en décembre par temps froid, sec et ensoleillé, en décubitus et comateux. Du pédalage pendant la nuit est suspecté car le bac à eau a été renversé. ● Les chevaux de cette écurie, située dans le Sud-Ouest de la France en périphérie d’une petite ville, pâturent dans une prairie “habituelle” et sont rentrés au box le soir. Leur ration est complémentée par du foin et par du maïs concassé stocké dans des sacs, et distribué depuis 3 ou 4 semaines. Aucune moisissure n’est constatée macroscopiquement par notre consœur, ni sur le maïs ni sur le foin. ●

Examen clinique, examens complémentaires et traitement À l’examen clinique, la vétérinaire rapporte un animal couché, dans l’incapacité de se lever même après des stimulations, il présente également de l’hyperesthésie, une mydriase aréflective, une hypothermie (32,2°C) et une absence de transit. ● Un traitement a été initié vers 10 h le matin même : perfusion, corticoïde injectable, diméthylsulfoxyde (DMSO) dilué dans la perfusion de Ringer Lactate, et réchauffement externe (lampe chauffante). La numération formule sanguine se situe alors dans les normes, et la biochimie révèle une légère augmentation de la créatinine et des protéines totales (tableau 1). En raison des troubles neurologiques observés sur cet animal (appelé cheval n°2), cette consœur appelle le CNITV (Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires). ● Des analyses sur des prélèvements sanguins et naso-pharyngés, suivant les recommandations du protocole RESPE (Réseau d’Épidémio-Surveillance en Pathologie Équine Européen) lors de syndrome neurologique, sont en cours au moment de l’appel dont une recherche par PCR de l’Herpès virus équin 1 (HVE-1), et par la technique ELISA pour la maladie de West Nile. ● Deux jours plus tôt, une jument de 13 ans (nommée cheval n°1) de la même écurie a également présenté des symptômes nerveux : pousser au mur, ataxie et agitation. L’état de cet animal s’était rapidement dégradé, sans beaucoup plus de précisions conduisant un autre confrère à la décision d’euthanasier ce cheval. Les analyses hématologique et biochimique n’avaient révélé qu’une monocytose et une légère augmentation de la créatine kinase (tableau 1). ●

Jennifer Blondeau1 Sophie Mercier2 Frédérique Faurie2 Corinne Novella3 Christelle Volmer4 M-Capucine Dupuis Tricaud4 Gilbert Gault5 Laurence Tavernier1 Meg-Anne Moriceau1 Stéphane Queffélec1 1Centre National d’Informations Toxicologiques Vétérinaires (CNITV), Vetagro Sup campus vétérinaire, 1, avenue Bourgelat, 69280 Marcy l’Étoile. 2Cabinet Vét Équin de la Madeleine, 3240, avenue de Canenx, 40000 Mont de Marsan. 3LPL Laboratoires des Pyrénées et des Landes, Rue des Écoles, 64150 Lagor 4SELAS Vetodiag, Laboratoire d’analyses vétérinaires, 6, route du Robillard, 14170 Berville L’Oudon. 5USC 1233 Vetagro Sup Campus vétérinaire, 1, avenue Bourgelat, 69280 Marcy l’Étoile.

Objectifs pédagogiques ❚ Reconnaître les symptômes et les circonstances d’une intoxication à la fumonisine B1. ❚ Savoir quels examens complémentaires pratiquer pour confirmer le diagnostic de leucoencéphalomalacie équine. ❚ Proposer des mesures préventives afin d’éviter cette intoxication.

RUBRIQUE

Hypothèses diagnostiques Les causes de troubles neurologiques chez les équidés sont diverses (tableau 2) [5]. Cependant, quand plusieurs sujets sont touchés et vivent en étroite proximité, les

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

45

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 AVRIL 2018 - 169


52-54 intoxication liqueur de Fowler BATV°.qxp_Gabarit rubrique 13/07/2018 11:15 Page52

observation clinique

Observation originale

intoxication

par la liqueur de Fowler chez un cheval

Sandrine Maupu1 Martine Kammerer2 Beauvais 35130 La Guerche de Bretagnet

1CZA

Bien que l’arsenic soit un exemple type de substance toxique, son interêt thérapeutique reste une question d’actualité.

AntiPoison Animal et Environnemental de l’Ouest Unité de Pharmacologie et Toxicologie Oniris-La Chantrerie 44307 Nantes cedex 3

2Centre

ANAMNÈSE ET COMMÉMORATIFS Au début du printemps, en Bretagne, un cheval Trotteur âgé de 7 ans, qui est au pré, présente un léger emphysème pulmonaire, reçoit un traitement par la liqueur de Fowler (achetée chez un distributeur de produits pour chevaux), à raison de 15 ml à verser sur le concentré chaque jour pendant 20 jours. Le propriétaire, voyant son cheval bouder les granulés au bout de 2 jours de traitement, décide de lui administrer la solution directement à la seringue dans la bouche (photo 1). ● Dès le lendemain, le cheval présente une légère apathie. Son état se dégrade, il cesse de s’alimenter, et 5 jours après le début de l’administration, le propriétaire rappelle son ●

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les risques encore possibles d’intoxication par l’arsenic chez le cheval. ❚ Connaître les signes cliniques d’appel et la conduite à tenir en cas de suspicio et le traitement.

Encadré - Composition de la liqueur de Fowler

- Anhydride arsénieux : 1 g - Carbonate dipotassique : 1 g - Alcool de mélisse : 3 g - Alcool à 90° : 12 g - Eau distillée qsp : 100 g

vétérinaire qui examine le cheval en début d’après-midi. EXAMEN CLINIQUE ● À l’examen clinique, le praticien note la présence de plusieurs ulcères profonds, rouges ou jaunes, dans la bouche et sur la langue. ● Le cheval est très abattu, il bave, et présente une polydipsie et une polypnée.

ANALYSES ● L’analyse de sang montre une déshydratation (hématocrite 53 p. cent), une leucopénie (2300/mm3) et une augmentation de la bilirubine (96 mg/L, norme : 8 - 25 mg/L). ● Urée et créatinine sont dans les valeurs usuelles. ● L’activité des transaminases n’a pas été mesurée.

DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT

RUBRIQUE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 176 - AVRIL 2018

1 Un cheval Trotteur au pré âgé de 7 ans reçoit une prescription de liqueur de Fowler, puis, le propriétaire décide de lui administrer la solution directement à la seringue dans la bouche (photo CAPA-Ouest).

52

● Consulté, le CAPAE-Ouest confirme que la responsabilité du médicament est très plausible, car les lésions ulcératives de la muqueuse digestive sont caractéristiques de l’intoxication par l’arsenic. ● Le traitement antidotique est évoqué (dimercaprol) mais il est écarté en raison de son coût (cf. infra). En plus du traitement symptomatique basé sur la réhydratation, il est proposé d’appliquer sur les lésions linguales et buccales un gel à base d’acide hyaluronique et xylocaïne, prescrit en médecine humaine pour le traitement des aphtes (Hyalugel®).

SUIVI DU CAS ● Le même soir, apparaissent des coliques avec une diarrhée et une soif intense. Les muqueuses sont ictériques.


sédation et analgésie cheval debout BAT.qxp_Gabarit rubrique 11/07/2018 18:41 Page55

anesthésie sédation et analgésie du cheval debout De nombreuses procédures diagnostiques et chirurgicales peuvent être réalisées de manière sûre et “humaine” sur un cheval conscient si les techniques de sédation et d’analgésie sont adaptées. La sédation offre de nombreux avantages par rapport à l’anesthésie générale. Elle permet de réduire morbidité et mortalité ainsi que les coûts.

L

’évaluation préopératoire est un prérequis avant toute intervention, avec notamment le recueil d’une anamnèse complète (historique, présentation clinique, traitements reçus et en cours). Les comportement et niveau de stress du cheval sont également à prendre en compte. L’examen physique doit être aussi complet que possible (cardiovasculaire et respiratoire ainsi que neurologique et locomoteur). Le choix des examens complémentaires est à adapter en fonction de l’examen clinique et de l’histoire médicale de l’animal. ● Un consensus éclairé concernant les risques et complications possibles de la sédation doit être donné par les propriétaires de l’animal. ● Le vétérinaire doit donc être à même de les expliquer avant l’intervention. ● Nous présentons des recommandations initiales pour effectuer une sédation, comment préparer le cheval, et discutons les accès veineux et le monitoring de la sédation, puis les choix pharmacologiques. Deux tableaux donnent des exemples de molécules et de doses couramment utilisées ainsi que les dilutions possibles (tableaux 1, 2). Des exemples cliniques sont proposés dans le tableau 3. LES RECOMMANDATIONS INITIALES

● Plusieurs facteurs conditionnent le choix du protocole. Le type et la durée de l’intervention envisagée sont primordiaux pour

Mathieu Raillard Olivier Levionnois

choisir des anesthésiques ainsi que leurs voies et les modes d’administration (intramusculaire vs intraveineuse, bolus vs perfusion continue). ● Il convient aussi de déterminer les objectifs de la sédation-analgésie : - le cheval ne doit pas répondre aux stimuli nociceptifs de la procédure à réaliser ; - il doit rester debout sans être ataxique ; - il ne doit être ni sous ni sur-sédaté. ● Mesurer les risques associés à la procédure concernée (laparoscopie, chirurgie ophtalmologique, dentisterie,…) est un prérequis. Les risques associés à la procédure considérée sont à établir afin d’adapter au mieux les techniques utilisées. COMMENT SÉLECTIONNER ET PRÉPARER LE CHEVAL Si le cheval est excité avant l’administration des substances anesthésiques, l’efficacité de la sédation peut être réduite. ● L’intervention est à réaliser dans un endroit calme, permettant d’éviter toute distraction (éclairage trop intense, bruit, autres chevaux), avec un éclairage adapté. Le cheval doit être acclimaté à l’endroit avant de lui administrer la sédation. Ceci est d’autant plus important si les médications sont administrées par voie intramusculaire ou par voie orale car leur pic d’action se révèle dans ces cas plus lent. ● Pour les sédations profondes, il est nécessaire de les réaliser dans un travail ou à proximité d’un mur, car celles-ci peuvent rendre les chevaux ataxiques. ● Les stimulations de l’environnement peuvent être évitées si des bouchons d’oreilles et des cache-yeux sont mis en place une fois que l’animal est sédaté. L’équipement doit être prêt à l’avance, avec un étiquetage des seringues approprié afin de permettre une administration adaptée en cas de situation d’urgence. ●

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Objectifs pédagogiques ❚ Identifier et préparer le cheval et son propriétaire à la sédation. ❚ Comprendre les différentes options pharmacologiques couramment utilisées, ainsi que les différents modes et voies d’administration possibles. ❚ Être à même de choisir un protocole adapté pour le type de procédure envisagé.

En pratique ❚ La sédation et l’analgésie du cheval debout pour certaines interventions chirurgicales permettent de réduire la morbidité, la mortalité et les coûts par rapport à l’anesthésie générale.

L’accès veineux Il est conseillé de placer un cathéter intraveineux si l’intervention requiert l’administration répétée de sédatifs afin d’éviter des injections périveineuses ou intra-carotidiennes.

RUBRIQUE

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

55

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 AVRIL 2018 - 179


59-63 Revue internationale NPE45 BAT.qxp_Revue Internationale 12/07/2018 16:30 Page59

revue internationale synthèse d’une sélection d’articles publiés classés par thème dans les revues

rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 Jean-Philippe Germain2 1 Pôle équin VetAgro-Sup, 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 La clinique du cheval 3910, Route de Launac 31330 Grenade

- Vet Surg ..................................................................................... 2017; 46: 367-375, 2018 Apr;47(3):350-56. - Veterinary ophthalmology, ............................................................................. (2017) 20, 1, 16-26; ..................................................................................2018 May 2. doi: 10.1111/vop.12576., - Australian Veterinary Journal, .................................................................. 2018, Vol 96, 3, 76-81- Equine

Ophtalmologie - Comparaison entre dégénérescence cornéenne et kératopathie calcique en bande de 2000 à 2013 chez 69 chevaux - Les caractéristiques des kératomycoses équines épithéliales et sous-épithéliales non ulcératives au microscope confocal (étude réalisée in vivo)

Digestif - Déchirures du mésentère duodéno-jéjunal :

Vet J.

...........................................................................

2018; Jan 20.doi: 10.1111/evj.12810.

survie et complications après correction chirurgicale chez 38 poulinières

facteurs prédictifs basés sur l'échographie influençant le retour réussi en course

Anesthésie / Chirurgie

Locomoteur

- Ténotomie du muscle semi-tendineux réalisée sous sédation versus anesthésie générale : résultats chez 20 chevaux atteints de myopathie fibrosante

- Fixation interne de fractures proximales des os métacarpiens et métatarsiens II et IV avec des vis biorésorbables

Imagerie / Locomoteur

Synthèses rédigées par

- Lésions du tendon fléchisseur superficiel du doigt chez les chevaux de course de plat : les

Anaëlle Barandiaran, Paul Camdeborde, Anna López Codony, Solenn Le Corre, Lauriane Lucas, Pauline Venture

COMPARAISON ENTRE DÉGÉNÉRESCENCE CORNÉENNE ET KÉRATOPATHIE CALCIQUE EN BANDE DE 2000 à 2013 chez 69 chevaux Peu de données sont disponibles concernant la définition des dégénérescences cornéennes (DC) et des kératopathies calciques en bande ou bandes calciques cornéennes (KCB). Ces deux affections sont toutes deux caractérisées principalement par un dépôt minéral ou lipidique sur la cornée causant une diminution de la transparence de celle-ci, et pouvant aboutir à terme à des ulcères cornéens. ● Cette étude rétrospective a donc pour objectif de comparer la symptomatologie, le traitement et le pronostic de ces deux affections oculaires chez les chevaux. ●

Matériel et méthode

Soixante-neuf chevaux diagnostiqués avec une dégénérescence cornéenne (DC) ou une kératopathie calcique en bande (KCB) intéressant un seul ou les deux yeux ont été inclus dans cette étude. Les différentes données des chevaux, la présence d’autres affections concomitantes, ou encore les traitements précédemment administrés ont été comparés. ● Les chevaux atteints par l’une ou l’autre de ces affections étaient significativement plus ●

Ophtalmologie

âgés que la population présentée au Veterinary Medical Teaching Hospital (VMTH) (respectivement 16 et 18 ans en moyenne pour la DC et la KCB) tandis que les chevaux âgés de 0 à 5 ans étaient significativement moins représentés. Les Appaloosas ont représenté 33 p. cent des chevaux inclus dans l’étude, contre 1,8 p. cent dans la population de référence. Résultats

Aucune différence significative n’a cependant été relevée concernant la race, le sexe ou l’œil atteint entre les chevaux diagnostiqués avec une dégénérescence cornéenne (DC) ou une kératopathie calcique en bande (KCB). ● En revanche, les maladies systémiques, et plus particulièrement la maladie de Cushing, étaient plus fréquemment présentes chez les chevaux atteints de KBC que ceux souffrant de DC. ● Concernant les traitements mis en place pour la prise en charge de ces deux affections oculaires, la chélation à l’EDTA a été significativement plus appliquée chez les sujets atteints de KCB. ❒

Objectif de l’étude ❚ Comparer la présentation, les signes cliniques, le traitement et le pronostic des dégénérescences cornéennes et des kératopathies calciques en bande chez les chevaux.

! Veterinary ophthalmology (2017) 20, 1, 16-26

Comparison of corneal degeneration and calcific band ketaropathy from 2000 to 2013 in 69 horses. Berryhill EH, Thomasy SM, Kass PH, Reilly CM, Good KL, Hollingsworth SR, Maggs DJ, Magdesian KG, Pusterla N.

Synthèse par Solenn Le Corre, Clinique équine, Vetagro Sup, campus de Lyon.

59

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 AVRIL 2018 - 183


64-65 Test clinique réponses NPE 45 BAT.qxp_gabarit NPE âne 09/07/2018 18:59 Page641

test clinique

Observation originale

les réponses

de multiples abcès spléniques d’origine

Paul Camdeborde Jean-Luc Cadoré Université de Lyon, VetAgro Sup, Campus Vétérinaire de Lyon, Département hippique, 69280 Marcy-l’Étoile

idiopathique

chez une jument de 14 ans 1 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? ● La fièvre peut être due à différents processus pathologiques, qu’il soit infectieux, inflammatoire, néoplasique ou immunitaire et impliquer divers systèmes (respiratoire, cardiovasculaire, digestifs, nerveux, …) [3]. ● Au regard de l’anamnèse, de l’examen général et des premiers examens complémentaires réalisés, il semble que cette jument souffre d’un phénomène inflammatoire ou infectieux ayant un rapport avec le système digestif ou hépatique. ● Néanmoins, des examens complémentaires doivent nous permettre d’infirmer ou de confirmer nos hypothèses diagnostiques.

disponible sur www.neva.fr

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / n°45 188 - AVRIL 2018

2 Quels examens complémentaires réaliser pour déterminer l’origine de cette hyperthermie ? ● Une échographie abdominale est réalisée en premier lieu suite à l’augmentation des paramètres hépatiques. ● Des images compatibles avec un abcès splénique associé à une splénite en périphérie (infectieuse le plus probablement), sont mises en évidence (photo 1). Un processus néoplasique (lymphome, hémangiosarcome, ...) surinfecté ne peut être exclu à ce stade. Les valeurs hépatiques à l’analyse biochimique peuvent éventuellement s’expliquer par “effet de masse” de la rate sur le foie. ● Une paracentèse abdominale est réalisée ; elle permet de récolter un liquide inflammatoire neutrophilique : 26 000 cellules nucléées/mm3 dont 94 p. cent de granulocytes neutrophiles, et 52 g/L de protéines totales ; (valeurs usuelles 10 000 cellules nucléées/mm3, 20 g/L de protéines totales). ➜ Ceci permet de conclure à une péritonite. L’examen cytologique ne met pas en évidence de cellules atypique, ni de microorganismes.

64

Foie Rate Abcès Estomac

1 Échographie abdominale mettant en évidence un abcès au niveau de la rate. (photo Clinique équine VetAgro Sup).

Un processus néoplasique ne pouvant être exclu, des radiographies du thorax sont effectuées en vue d’un bilan d’extension. Celui-ci se révèle négatif. Seule une discrète opacification bronchique diffuse du poumon, compatible avec une maladie inflammatoire des petites voies respiratoires est mise en évidence, mais aucun phénomène néoplasique n’est observé. ➜ Une cytoponction sous contrôle échographique de la masse splénique est réalisée. Celle-ci indique une inflammation suppurative compatible avec un abcès, sans évidence de cellule atypique ou de microorganisme. ● L’examen bactériologique se révèle négatif. ●

3 Quel traitement mettre en place ? ● Dans certains cas, les abcès spléniques peuvent être traités chirurgicalement, (splénectomie) si aucune adhérence ou signes de péritonite ne sont présents. Mais, il est souvent difficile de réaliser cette intervention avant l‘apparition des signes cliniques, en raison de l’évolution rapide des lésions [2]. ● Dans ce cas, un traitement médical avec des antibiotiques est proposé :


Pub Coll Equine juillet 2018.qxp_Pub NPE je complète ma collection +HS 2011 12/07/2018 16:49 Page1

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N°21 FÉVRIER 2010 Volume 6

N°22 JUIN 2010

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- Conduite à tenir face • Veterinary Bulletin à une fièvre d’évolution (CAB International) chronique apparemment • CAB Abstracts Database isolée chez le cheval adulte - Conduite à tenir face à une fièvre aiguë isolée : approche pratique - Comment interpréter et - Le moment de l'insémination artificielle gérer une modificaiton ou l'insémination artificielle de la température corporelle du cheval post-ovulation pendant la période - Comment préparer péri-opératoire des doses de semence : - Attitude du praticien face - 1. Pour une insémination à une hyperthermie : en frais résultats d’une enquête 2. Pour une insémination épidémiologique - Observation clinique - en sperme réfrigéré sur place

MISE À LA REPRODUCTION

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LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire

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Herpèsvirus et fièvre isolée chez le cheval

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Âne - Particularités de l’hyperthermie et de la fièvre d’origine à déterminer chez l’âne

Rubriques - Observation clinique -

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Une dent incluse chez un cheval de 4 ans - La conduite et l'hygiène - Gestes et techniques de la saillie chez l'âne - Comment réaliser un pansement pour la face solaire du pied - Comment réaliser : - Comment réaliser - 1. une insémination une injection intraveineuse sous garrot artificielle classique - L’administration - 2. une insémination loco- régionale artificielle profonde d’un antibiotique - 3. une insémination sous vidéoendoscopie

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❒ N°12* : Les traitements de l’arthrose

Volume 11

❒ N°13 : Les ictères chez les équidés adultes

N°38

NOVEMBRE 2015

❒ N°14* : L’étalon

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❒ N°32 : Les affections sinusales

❒ N°36 : L’antibiothérapie ❒ N°37 : La chirurgie debout

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[1] - RCP Mépidor (16/11/2017). [2] - Dugdale, A. (2010). Local anaesthetics. In Veterinary anaesthesia. Edit. Wiley-Blackwell, Oxford UK, (pp.109-117).

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