NPE - Hors-Série Infertilité et subfertilité

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - HORS-SÉRIE

INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ CHEZ LA JUMENT, L’ÉTALON ET LES ASINS

Couv HS Repro 18 h 30.qxp_Couverture NPE 27 08/01/2019 19:22 Page1

HORS-SÉRIE INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV

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INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ

chez la jument, l’étalon et les asins Un non succès de mise à la reproduction n’est pas toujours synonyme d’infertilité. Quand faut-il alors se poser la question d’une potentielle infertilité ? ...

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sommaire

NUMÉRO HORS-SÉRIE

INFERTILITÉ Éditorial Jean-François Bruyas

4

❒ Introduction : - La fertilité dans l’espace équine Isabelle Barrier-Battut

6

- Mise à la reproduction et insémination artificielle : pratiques des vétérinaires français chez la jument

ET SUBFERTILITÉ chez la jument et l’étalon

11

Suzy Loigerot, Jean-François Bruyas, Sylvie Chastant-Maillard ❒ 1re partie : FACTEURS EXTRAGÉNITAUX D’INFERTILITÉS À NE PAS NÉGLIGER - Les apports de la cytogénétique et de la génomique à la reproduction équine Stéphane Chaffaux, Edmond-Paul Cribiu

17

- Les effets de l’exercice sur la fertilité chez l’étalon de sport Jérôme Ponthier - Les toxiques responsables d’avortement chez la jument Martine Kammerer - Les avortements iatrogènes chez la jument Yasmine Mallem

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❒ 2e partie : DÉMARCHE ET AIDES DIAGNOSTIQUES POUR EXPLORER LES CAUSES D’INFERTILITÉ - Explorations hormonales et infertilité de la jument et de l’étalon Laetitia Jaillardon, Nicolas Soetart - L’examen de la jument subfertile Élodie Chollet ❒ 3e partie : DOMINANTES PATHOLOGIQUES GÉNITALES CHEZ LA JUMENT INFERTILE ET LEUR PRISE EN CHARGE - Les différents types d’endométrites chez la jument Jean-François Bruyas - Les kystes utérins chez la jument Catherine Renaudin, Guislaine Dujovne - Infertilité de la jument : une anomalie cervicale chez une jument maiden Laurent Mangold - Les troubles de la cyclicité ovarienne chez la jument Ève Mourier, Jean-François Bruyas - Comment améliorer la qualité de la semence par l’apport d’aliments minéraux vitaminés Aurélie Allard - La pathologie tubaire : un défi clinique chez la jument Kaatje Ducheyne, Elke Polaris, Jean-François Bruyas, Peter Daels - Les techniques de reproduction artificielle au secours des juments infertiles Stefan Deleuze - Les causes de mortalité embryonnaire chez la jument Aurélie Allard - Comment diagnostiquer et gérer le risque de mortalité embryonnaire chez la jument Aurélie Allard

28 33

35 43

revue de formation à comité de lecture

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73 79

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88 96

INTRODUCTION 103

A U T R E S FA C T E U R S

❒ ÂNE - Infertilité ou subfertilité chez les asins Ahmed Chabchoub, Jamel Chemli

107

DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE

Tests de formation continue - Les réponses

113

AFFECTIONS

3

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 127


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NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 courriel : neva@neva.fr

Conseil scientifique

Gilles Bourdoiseau (VetAgro Sup) Marc Gogny (Oniris) Jean-François Bruyas (Oniris) Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (Anses)

Rédacteurs en chef scientifiques

Eddy Cauvin (praticien) Mathieu Lenormand (praticien) Sophie Pradier (E.N.V.T.)

Comité de rédaction

Vincent Boureau (Comportement, praticien) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, Oniris) Aude Ferran (Physiologie et thérapeutique, E.N.V.T.), Jean-Yves Gauchot (Médecine, dentisterie, praticien), Jean-Philippe Germain (Médecine, chirurgie, praticien) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Laetitia Jaillardon (Biologie- biochimie, Oniris) Céline Mespoulhès-Rivière (Chirurgie, E.N.V.A.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Monika Gangl (Médecine interne, VetAgro Sup) Jean-Marc Person (Immunologie) Caroline Prouillac (Pharmacie - Toxicologie VetagroSup) Xavier Pineau (Pharmaco-Toxicologie, VetAgro Sup) Benoît Rannou (Biologie clinique, VetAgro Sup) Alain Régnier (Ophtalmologie, E.N.V.T.) Fabien Relave (Chirurgie, praticien) Mickaël Robert (Chirurgie, Afrique du sud) Fabrice Rossignol (Chirurgie, praticien) Morgane Schambourg (Médecine, chirurgie, praticien) Renaud Tissier (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.A.) François Valon (Médecine interne, praticien) Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication

Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 86€ T.T.C. UE : 89 € Institutions, bibliothèques et admin : sur devis . SARL au capital de 7622 € Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey

Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0422 T 86 321 I.S.S.N. 1767-5081

Un non succès de mise à la reproduction n’est pas toujours synonyme d’infertilité ...

D

epuis sa naissance en 2004, LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine a consacré quelques dossiers à la reproduction avec, par ordre chronologique : “La fin de gestation” (n°3), “Le péripartum” (n°7), “Le poulain” (n°11), “L’étalon” (n°14), “Le suivi des chaleurs” (n°18), “La mise à la reproduction”(n°22), et plus récemment (n°44) “Reproduction : mises au point et nouveautés”. Quelques articles plus ponctuels sur la reproduction équine ont également jalonné les autres numéros et les Hors-séries : “Les troubles liés au veillissement”, “Les maladies infectieuses”, “Néonatologie” et “Diagnostic et examens complémentaires”. Il restait cependant un vaste domaine à couvrir : “l’infertilité équine”. Définir l’infertilité n’est pas aussi simple qu’il peut y paraître : c’est à priori l’inverse de la fertilité, mais qu’est-ce que la fertilité ? Est-ce synonyme de fécondité ou non ? Infertilité et infécondité, est-ce la même chose ? Et la stérilité alors c’est quoi ? Pourquoi utilise-t-on parfois les termes d’hypofertilité ou de subfertilité ? Pour le sens commun, les termes “fécondité” et “fertilité” sont en général considérés comme synonymes et utilisés fréquemment l’un pour l’autre. Il en est de même pour les mots “infertilité” et “infécondité” qui désignent des situations qui ne sont pas considérés comme totalement incurables car sinon on parle de stérilité. Historiquement, et jusqu’à au moins la fin du XIXè siècle, le mot “fertilité” était réservé à la botanique et le terme “fécondité” aux animaux … Plus récemment, avec les avancées des connaissances physiologiques, la fertilité a désigné l’aptitude à engendrer une gestation et la fécondité celle à donner naissance à un nouveau-né vivant. En médecine humaine, le taux de fécondité désigne le nombre d’enfants-nés vivants par femme en âge de procréer. La fertilité, et par conséquent l’infertilité, ont ainsi des définitions très précises. La fertilité est la possibilité pour un couple d'obtenir une grossesse après un an de rapports sexuels complets, réguliers (deux à trois fois par semaine) et sans contraception. La fertilité humaine est physiologiquement de 25 p. cent par cycle avec un délai moyen nécessaire pour concevoir de 6 mois ! Après 1 an d’attente, pour les 18 p. cent de couples, normalement fertiles qui n’ont pas encore vu de grossesse débuter, les chances d’obtenir une grossesse la 2è année sont encore de 50 p. cent. Passé ce délai de 2 ans (24 cycles) sans grossesse, la question de l’infertilité du couple peut se poser, celle de la stérilité du couple également puisque par le jeu des probabilités, seulement un couple sur 1000 sans problème de fertilité sera dans cette situation. Infertilité, stérilité ?

comité de lecture

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Les contenus du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine sont protégés par la législation sur le droit d’auteur. Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon (loi du 11 mars 1957). Les “copies ou reproductions sont strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective (...)”. Le non respect de la législation constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et 429 du Code pénal. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 128

éditorial

4

Aurélie Allard, François Auzas, Isabelle Barrier-Battut, Agnès Benamou, Philippe Benoit, Géraldine Blanchard, Sarah Buisson, Christian Bussy, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), Élodie Chollet, Undine Christman (USA), Pierre Chuit (Suisse), Matthieu Cousty, Julie Dauvillier, Valérie Deniau, Louis-Marie Desmaizières Florent David (Irlande), Isabelle Desjardins, Lucile Martin-Dumon, Guillaume Fortier,

Suite p. 5

Consultez sur www.neva.fr Aude Giraudet, les résumés des articles, Sigrid Grulke (Liège), les plans, les parcours Aymeric Hans, des auteurs, retouvez Martine Kammerer, ces articles dans l’index Élodie Lallemand, Jean-Pierre Lavoie (Canada), thématique par auteur, Serge Lenormand, par discipline, par mot clé, ... Bertrand Losson (Liège), Pierre-François Mazeaud, Sarah Ménager, Roland Perrin, Valérie Picandet, Cyrille Piccot-Crézollet, Karine Portier, Abdelmalek Sghiri (Maroc), Tilman Simon (Allemagne), Pour toute question Christopher Stockwell, tél. 01 41 94 51 51 Jackie Tapprest, ou courriel Ahmed Tibary (USA), Denis Verwilghen (Danemark) neva@neva.fr


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éditorial disponible sur www.neva.fr

L’infertilité du couple se définit alors comme une probabilité de débuter une grossesse inférieure à la moyenne (< 20 p. cent par cycle), ce qui a pour conséquences un allongement du délai pour concevoir au delà de 2 ans. La définition de l’infertilité est donc une baisse de la probabilité de débuter une grossesse, probabilité qui peut être de 1 à 20 p. cent par cycle, selon la cause et la sévérité des troubles ! Le délai alors pour concevoir un enfant dépasse 2 ans et pourrait atteindre plusieurs années. C’est pour cela que, selon les directives de la loi de Bioéthique, la prise en charge de l’infertilité du couple commence après 2 ans de rapports sexuels. Pour appliquer une définition similaire, en équine, il conviendrait de connaître la fertilité par cycle considérée comme physiologique. Est-elle bien déterminée, et est-elle de 35, 40, 45 ou 50 p. cent ? Pour appréhender au mieux la valeur de cette fertilité physiologique par cycle, il faut également considérer le stade de la gestation pris en compte : 14è, 30è ou 45è jour ? Pour un même taux de fécondation par cycle, la fertilité par cycle diminue avec le moment où la gestation est constatée du fait des mortalités embryonnaires plus ou moins précoces. Quand faut-il alors se poser la question d’une potentielle infertilité ? En admettant que la fertilité physiologique par cycle soit de 50 p. cent, il ne faut pas ignorer qu’après trois cycles sans gestation débutante (qui constitue souvent le critère d’alerte pour rechercher une éventuelle cause d’infertilité), 12,5 p. cent des juments n’ont aucune altération de cette fertilité physiologique par cycle ! En considérant la définition de l’infertilité humaine comme une baisse de la fertilité par cycle, il faut alors admettre que les termes d’hypofertilité ou de subfertilité parfois employés ne se justifient pas. En fait, les seules données chiffrées officielles sont les chiffres publiés par SIRE (Système d’information relatif aux équidés) permettant un calcul du taux de fécondité par saison. Ainsi, pour la saison de reproduction 2016, il y a eu 76 148 juments déclarées mises à la reproduction et 47 511 poulains et ânons immatriculés en 2017. Le taux de fécondité pour 2016 est donc de 62,4 p. cent. En se livrant au même calcul à partir de la même source, il apparaît que, pour les années de 2000 à 2016, ce taux de fécondité a varié, selon les années entre 56,5 et 65,5 p. cent, (avec une moyenne de 60 p. cent). Aussi, seule un peu plus d’une jument sur deux mises à la reproduction une saison donne naissance à un poulain l’année suivante. Peut-on améliorer ce taux de fécondité en dépistant et en tentant de traiter certaines causes de baisse de fertilité par cycle ?

C

e numéro Hors-série du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vous permet d’explorer les principales causes d’infertilité chez les équidés, grâce à des contributions de nombreux confrères français et étrangers. En cette période de l’année où les juments demeurées non gravides sont présentées en consultation, les éléments mis à votre disposition, vous seront sans aucun doute fort utiles. Cependant, les consultations pour infertilité ne sont pas saisonnières, ce Hors-série sera donc à garder à porter de main ! Et il sera prochainement prolongé par un dossier complémentaire sur les endométrites. Bonne lecture à toutes et à tous. ❒

Jean-François Bruyas Prof. Agrégé, PhD, Dipl. ECAR Unité pédagogique Biotechnologies et Pathologie de la Reproduction ONIRIS, Site de la Chantrerie CS 40706 44307 Nantes Cedex 03

à suivre les articles : ➜ Les endométrites infectieuses Ahmed Tibary, Lisa K. Pearson ➜ Les endométrites dégénératives ou endométroses chez la jument Ahmed Tibary, Lisa K. Pearson ➜ Quels traitements progestatifs utiliser chez la jument subfertile Aurélie Allard

publiés dans un prochain numéro du NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire équine : dossier “Endométrites”.

Remerciements - à Jean-François Bruyas, Jean-Luc Cadoré, Christophe Hugnet, Stéphan Zientara, conseillers scientifiques, - aux rédacteurs, - aux auteurs des articles et aux lecteurs-arbitres pour leur contribution à ce hors-série

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 129


6-10 La fertilite VERSO BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 02/01/2019 17:29 Page6

la fertilité

dans l’espèce équine

Isabelle Barrier Battut Institut Français du Cheval et de l'Equitation ESCE site du Pin La Jumenterie du Pin 61310 Exmes

La fertilité est une préoccupation majeure des éleveurs, donc des vétérinaires, encore faut-il savoir de quoi l’on parle. Cet article met l’accent sur les différentes façons de calculer la fertilité, ainsi que sur les facteurs susceptibles de la faire varier.

Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre les différentes manières de calculer la fertilité dans un haras. ❚ Connaître les principaux facteurs de variation de la fertilité, ainsi que les fertilités moyennes pour les différents types d’insémination : monte naturelle, insémination artificielle avec ou sans conservation et/ou transport de la semence, semence réfrigérée ou congelée.

I

ntuitivement, tout le monde a une idée de ce qu’est la fertilité ou l’infertilité, mais sans parfois suspecter les différentes subtilités entrant dans la définition de ce concept. Les étalonniers le savent bien, qui annoncent souvent pour leurs étalons une “excellente fertilité”, voire “80 p. cent de fertilité”, sans en préciser le mode de calcul. Il est donc primordial de bien connaître la signification précise des différents termes utilisés. Après une définition de ceux-ci, nous présentons les différentes techniques de calcul de la fertilité, puis les valeurs attendues selon le type de monte.

Essentiel ❚ La fertilité par cycle est l’estimateur le plus fiable de la fertilité intrinsèque d’un étalon ou d’une technique de reproduction. ❚ Elle peut être calculée dès qu’on dispose de 20 cycles à résultat connu et moins de 60 p. cent de juments sans résultat connu.

DÉFINIR LES TERMES

INTRODUCTION

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 130

La “fertilité” est la capacité à produire une descendance, par opposition à la “stérilité”, qui est l’incapacité totale à produire une descendance. Jusque là, tout paraît simple. Un étalon ayant au moins un poulain peut donc être considéré comme “fertile” ! La situation se complique lorsque l’on cherche à définir “l’infertilité” ou la “subfertilité”, qui sont la difficulté à produire une descendance, mais sans que ce soit tout à fait impossible. La différence entre infertilité et subfertilité est une question de chiffres, c’est pour cela qu’il importe de bien définir la façon de calculer la fertilité. ● Chez l’homme, un couple est en général onsidéré comme infertile en l’absence de grossesse après 2 ans de rapports sexuels réguliers et non protégés. ● Chez le cheval, trois techniques sont classiquement utilisées pour mesurer la fertilité : la “fertilité par cycle” (ou “fertilité par chaleur”), la “fertilité fin de saison”, et la “ferti●

6

lité apparente” [7]. ● Chez les espèces multipares, on calcule également la “prolificité”, qui est le nombre moyen de descendants par portée. Elle entre en ligne de compte de façon non négligeable dans la rentabilité de l’élevage. On distingue alors la “fertilité”, qui se rapporte au nombre annuel de mises bas, et la “fécondité”, qui se rapporte au nombre de jeunes nés par an. ➜ Pour l’espèce équine, fertilité et fécondité peuvent être considérées comme synonymes. LES MODES DE CALCUL La fertilité par cycle (F/Q) ● Exprimée en pourcentage, la fertilité par cycle peut être calculée à tout moment de la saison de reproduction, à condition de disposer d’au moins 20 cycles avec des résultats connus et moins de 60 p. cent de juments sans résultat connu : F/Q = nombre de cycles fécondés (Q+) x 100 nombre de cycles fécondés (Q+) + nombre de cycles non fécondés (Q-)

En pratique : Une méthode simple de calcul consiste, à partir du planning de monte, à surligner en vert les cycles fécondés et en rose les cycles non fécondés, avant de les compter. ● Un cycle est une période de chaleurs avec saillies ou inséminations séparées de moins de 7 jours. Un cycle fécondé est celui à la suite duquel un diagnostic de gestation positif est établi (simple ou gémellaire, même s’il est suivi d’une résorption embryonnaire), un avortement ou un poulinage. Un cycle non fécondé est celui à la suite duquel est constaté un retour en chaleurs, un diagnostic de gestation négatif ou une absence de poulinage. La fertilité fin de saison (FFS) ● La fertilité fin de saison est calculée, comme son nom l’indique, après la fin de la saison de monte, à partir du planning de monte, après avoir recueilli si possible le résultat des inséminations faites au cours des dernières chaleurs pour toutes les


11-16 Enquete Mise à la reproduction BAT.qxp_gabarit NPE âne 27/12/2018 18:40 Page11

mise à la reproduction

et insémination artificielle : pratiques des vétérinaires français chez la jument

Face à la variété des protocoles possibles pour la mise à la reproduction d’une jument, une enquête réalisée auprès des vétérinaires français indique quels sont ceux qu’ils adoptent.

1. Reproduction, ENVT 23, Chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex

Figure 1 - Répartition géographique

et part de l’activité équine des vétérinaires

2. Unité pédagogique Biotechnologies et Pathologie de la Reproduction Oniris, École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes-Atlantique Oniris La Chantrerie 44307 Nantes cedex 3

ayant répondu à l’enquête

Objectif pédagogique

L

’insémination artificielle (IA) est un mode de reproduction fréquemment utilisé dans l’espèce équine : sur les 74 000 saillies recensées en France en 2015, (toutes races confondues, sang et trait), 41 p. cent ont été réalisées par IA. La majorité des inséminations sont effectuées avec du sperme frais (IAF, 61 p. cent), un quart (26 p. cent) avec des doses de sperme congelé (IAC), et une minorité (13 p. cent) avec des doses de sperme réfrigéré (IAR)*. ● Que la mise à la reproduction soit réalisée par saillie naturelle ou par IA, les juments bénéficient le plus souvent d’un suivi, plus ou moins médicalisé de leurs cycles. Depuis le développement de ces techniques dans les années 90, de nombreux protocoles de suivi et de traitement ont été proposés et certaines méthodes sont considérées comme des références. De grandes disparités existent cependant dans les pratiques sur le terrain. ● Cet article propose une synthèse des résultats de l’étude que nous avons menée auprès des vétérinaires français afin de recenser leurs pratiques en matière de mise à la reproduction des juments, et de les confronter aux recommandations scientifiques. MATÉRIELS ET MÉTHODES

● Un questionnaire conçu sur le site de sondage surveymonkey.com a été diffusé en ligne sur la page d’accueil du site www.neva.fr et par courriel aux abonnés de la revue LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine en octobre 2016. Le questionnaire a été construit en 20 questions, divisées en quatre par-

NOTE * www.ifce.fr.

Suzy Loigerot1 Jean-François Bruyas2 Sylvie Chastant-Maillard1

❚ Décrire les pratiques de reproduction mises en œuvre sur le terrain en France.

4

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K`!s`hkkd!cdr!chrptdr!qdoq„rdmsd! 'cd!0!⁄!4(!kd!mnlaqd!cd!u„s„qhm`hqdr! cd!bg`ptd!c„o`qsdldms! `x`ms!o`qshbho„!⁄!kçdmpt‰sd-

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Essentiel

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❚ L’hCG est la molécule

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la plus utilisée pour l’induction de l’ovulation chez la jument, mais les doses employées sur le terrain sont souvent plus élevées que nécessaire. ❚ Si globalement, la fréquence de suivi est supérieure lors d’IA en semence congelée, seul un tiers des vétérinaires réalisent les examens toutes les 6 h.

ties abordant successivement : - les pratiques en matière de maîtrise des cycles : techniques, molécules et spécialités utilisées pour l’induction et la synchronisation de l’œstrus ; - pratiques concernant l’induction de l’ovulation : molécules et spécialités, posologies, critères décisifs pour administrer le traitement ; - les protocoles de suivi et d’insémination des juments en fonction du type de doses de sperme utilisées ; - la dernière partie visait à caractériser les praticiens ayant participé à l’étude, avec leur département d’exercice, l’espèce dominante dans leur activité, la part qu’occupe la reproduction au sein de leur activité équine, et le type de juments généralement suivies.

INTRODUCTION

RÉSULTATS ET DISCUSSION Au total, 65 vétérinaires répartis sur l’ensemble du territoire français ont répondu au questionnaire (soit 3,5 p. cent des vétérinaires exerçant une activité équine en France [9] et parmi eux, 50 p. cent exercent une activité équine pure (soit 5,6 p. cent des

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 135


17-22 Apports de la cytogénétique BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 08/01/2019 12:43 Page17

les apports de la cytogénétique et de la génomique à la reproduction équine Le cheval est une des espèces de mammifère chez laquelle sont souvent observés des cas d’ambiguïté sexuelle ou états intersexués. L’analyse du caryotype en explique une partie. Cet examen, fondé sur des techniques de plus en plus élaborées qui permettent la détection de plus en plus fine d’anomalies chromosomiques, autorise dès maintenant le diagnostic d’autres affections touchant la reproduction : infertilité, subfertilité mâle et femelle, mortalité embryonnaire à répétition. Les progrès de la génomique offriront au clinicien équin, dans un avenir plus ou moins proche, de multiples applications : identification de marqueurs génétiques de prédisposition aux avortements, aux problèmes de fertilité, de congéabilité du sperme, de qualité de l’éjaculat, …

L

’objectif de la cytogénétique clinique est d’identifier et de caractériser les anomalies et les remaniements chromosomiques à l’origine de syndromes variés. Appliquée aux espèces domestiques, elle est un outil précieux pour la compréhension de la pathogénie de nombreuses affections. Ainsi, en médecine vétérinaire, elle a permis d’identifier des aberrations chromosomiques responsables d’anomalies sexuelles congénitales, de pertes embryonnaires ou fœtales et d’infertilité.

Ce n’est qu’en 1959 que Rothfels et ses collaborateurs [10] déterminèrent, à partir d’une culture de cellules rénales, le nombre exact des chromosomes équins : 2 n = 64. Puis, peu de temps après, ce nombre futconfirmé, après une brève mise en culture ●

Stéphane Chaffaux Edmond-Paul Cribiu

1 2

1 INRA, UMR 1198 Biologie du développement et reproduction 78352 Jouy-en-Josas 2 INRA, UMR 1313 Génétique animale et biologie intégrative 78352 Jouy-en-Josas

Objectif pédagogique ❚ Connaître les nouvelles techniques d’analyse du caryotype et les nouveaux outils de la génomique. 1

Essentiel

Jument Selle français de 4 ans, de caryotype XY (photo E-P Cribiu).

de lymphocytes sanguins, ce qui ouvrit la porte à l’application des analyses cytogénétiques en clinique équine. Des ateliers mis en place lors des colloques de cytogénétique animale, ont standardisé la nomenclature des chromosomes équins après colorations spécifiques, en bandes G et R [2], afin que l’ensemble des cytogénéticiens utilise les mêmes standards lors des analyses cytogénétiques cliniques. Pour l’ensemble de la filière équine, l’impact le plus important de cette recherche en cytogénétique concerne l’infertilité ou la subfertilité des reproducteurs et l’exploration des cas d’intersexualité. ●

● Cet article décrit l’évolution des apports de la cytogénétique à la clinique de la reproduction équine et envisage les possibilités offertes par l’essor de la génomique à l’étude de la pathologie de la reproduction de cette espèce.

LES ANIMAUX ATTEINTS DE DYSGÉNÉSIE GONADIQUE (JUMENTS XO, ET MOSAÏQUE XO/XX) La plupart des anomalies mises en évidence chez le cheval concerne les chromosomes sexuels. Plus d’une centaine de cas de dysgénésie gonadique de caryotype 63, XO, 63, XO/64, XX et 63, XO/64, XY a été rapportée chez des juments de conformation normale, avec un tractus génital externe (vulve et vagin) normal [2]. En revanche, elles présentent à la palpation, un utérus flasque et rudimentaire et de petites gonades inactives

❚ Face à un cheval présentant une ambiguïté sexuelle, une infertilité ou une subfertilité, des mortalités embryonnaires ou des avortements idiopathiques à répétition, l’analyse de son caryotype est l’examen complémentaire qui s’impose. ❚ Seule une collaboration active entre les vétérinaires praticiens répertoriant et décrivant très précisément les phénotypes de ces chevaux anormaux et/ou atteints et les généticiens analysant les génotypes de ces animaux, permettra à la médecine équine de bénéficier des avancées de la génomique : la mise en évidence de marqueurs génétiques de prédisposition à ces affections.

17

A U T R E S FA C T E U R S

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23-27 Effet exercice sur la fertilité BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 04/01/2019 20:54 Page23

les effets de l’exercice sur la fertilité chez l’étalon de sport Les résultats sportifs d’un étalon conditionnent les demandes pour des saillies ou des doses d’insémination. L’entraînement et la compétition limitent cependant la disponibilité de l’étalon de sport, ce qui diminue sa prolificité au démarrage de sa carrière reproductrice. Cette revue propose de revoir les effets du sport et de la température sur la physiologie et l’endocrinologie du testicule.

C

ontrairement aux Purs-Sangs galopeurs qui ont une retraite sportive précoce, les carrières de reproduction et d’entraînement sont simultanées chez les étalons de sport et chez les Trotteurs. Cette situation est souvent nécessaire d’un point de vue financier, mais elle est frustrante pour le propriétaire et pour le cavalier. ● L’entraînement est hypothéqué par les demandes de saillie ou par les séjours en centre de production de sperme, et la prolificité est parfois décevante pour le propriétaire de l’étalon. En effet, il faut parfois récolter le cheval les jours de concours ou d’entraînement et la qualité du sperme peut être affectée par les entraînements répétés. ● Le but de cette revue est de déterminer les possibles effets de l’entraînement sur la fertilité du cheval de sport. SPORT ET FERTILITÉ Chez l’homme, la qualité du sperme peut diminuer à la suite de certains types d’entraînement. Par exemple, la concentration et la mobilité des spermatozoïdes sont diminuées et les anomalies morphologiques des spermatozoïdes sont augmentées chez les coureurs d’endurance [1]. De plus, leur profil endocrinien est modifié : la testostéronémie et l’activité de l’axe hypothalamo-hypohysaire sont diminuées [1]. En revanche, le spermogramme ne semble pas modifié chez des

athlètes qui produisent des efforts courts et intenses, comme les haltérophiles [1]. ● Chez la femme, l’entraînement aux courses de fond augmente aussi la prolactinémie, ce qui peut diminuer l’activité ovarienne [18]. Ces effets sont cependant modulés par la phase du cycle et l’intensité de l’entraînement [18]. De plus, chez l’homme, l’effet de l’entraînement sur la prolactinémie semble moins évident [1, 18]. ● Chez la jument, le pourcentage d’embryons et la qualité des embryons récoltés sont diminués chez les juments soumises à un entraînement régulier [15]. Cet effet a récemment été en partie expliqué par la production de heat schock proteins par les ovocytes après un stress thermique en fin de maturation in vitro [16]. ● En andrologie équine, les effets de l’entraînement sur la qualité du sperme, l’activité endocrinienne ou la fertilité sont variables selon le type d’exercice. ● Diverses études ont montré des résultats parfois contradictoires, selon les protocoles d’entraînement et de repos utilisés : la fertilité observée chez des Trotteurs ne varie pas selon que le même étalon est au repos ou à l’entraînement [19]. La fertilité est plus élevée chez des chevaux Islandais entraînés intensivement que lorsqu’ils sont laissés au repos [7]. - Chez les chevaux de sport, la fertilité ne semble pas non plus être diminuée par l’exercice. - Chez le jeune étalon de sport, un exercice régulier au pas et au trot à la longe diminue légèrement la libido [8], mais ne diminue pas la qualité du sperme [9]. - La mobilité du sperme est meilleure chez des étalons régulièrement engagés en concours (dressage ou obstacle) que chez ceux uniquement utilisés pour la reproduction [13]. Cependant, les chevaux réservés pour la reproduction sont généralement retirés du sport, donc plus âgés, ce qui limite l’interprétation des résultats observés par cette étude. Notre expérience personnelle et les données de la littérature ne montrent pas d’effet de l’entraînement sur la qualité du sperme

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Jérôme Ponthier Pôle Equin Cliniques Vétérinaires Universitaires Faculté de Médecine Vétérinaire ULg - Université de Liège B41, 5D AVenue de Cureghem, Quartier Vallée 2 400 Liège, Belgique

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître la physiologie et l’endocrinologie testiculaire. ❚ Comprendre les mécanismes par lesquels l’exercice intervient sur la qualité du sperme.

Essentiel ❚ Pendant l’exercice, des mécanismes physiques et vasculaires régulent la température testiculaire. ❚ En conditions expérimentales ou pathologiques, une augmentation de la température testiculaire diminue la mobilité et augmente les anomalies des spermatozoïdes. ❚ L’exercice régulier en conditions normales ne semble pas interférer avec la qualité du sperme grâce aux systèmes de thermorégulation testiculaire.

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28-32 toxiques avortement BAT V° 2.qxp_gabarit rubrique NPE 03/01/2019 19:47 Page28

les toxiques responsables d’avortement chez la jument

Martine Kammerer Centre AntiPoison animal de l’Ouest Unité de Pharmacologie et Toxicologie Oniris La Chantrerie 44307 Nantes cedex 3

La mise en évidence de la potentialité abortive des substances chimiques, naturelles ou artificielles, est difficile ; elle repose principalement sur des observations cliniques et parfois, lorsqu’il est connu, sur le mécanisme d’action physiologique du toxique telle qu’une action hormonale, vasoconstrictrice, ou responsable d’une hypoxie du fœtus.

Objectifs pédagogiques ❚ Identifier les principales plantes et substances toxiques pouvant être responsables d’avortement chez la jument.

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’avortement est une complication possible lors d’intoxication par des produits chimiques variés. Il s’agit alors d’une conséquence de la défaillance de l’organisme et non d’un effet spécifique (photo 1). Mais, il existe également des substances toxiques pour la sphère génitale ou le fœtus. Dans ce cas, c’est un effet caractéristique. Ces toxiques sont peu nombreux et assez mal connus. En effet, leur possible responsabilité est en général soulevée tardivement, ce qui ne facilite pas le diagnostic car les données épidémiologiques sont alors plus difficiles à rassembler. La mise en évidence analytique n’est souvent pas ou plus possible. C’est pourquoi, un certain nombre de suspicions ne peuvent être confirmées avec certitude. Par ailleurs, les études expérimentales sont très rares. ● Hormis certains médicaments, les principales substances en cause sont d’origine végétale, plantes toxiques ou mycotoxines. Cet article présente ainsi les différentes plantes potentiellement abortives, puis les mycotoxines, et quelques polluants suspects.

Essentiel ❚ Certains cyprès de nos régions renferment de l’acide isocupressique abortif.

LES PLANTES TOXIQUES Diverses adventices (autrement dit “mauvaises herbes”) ont une réputation de plantes abortives et ont pu être autrefois utilisées pour cette raison sous forme d’infusion chez la femme : romarin, racines de pissenlit, persil, buis, sureau, ... En réalité, ces plantes ont un effet purgatif et non une action sur la sphère génitale. ● D’autres sont réellement associées à la survenue d’avortements. Ce sont les conifères, ●

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1 Certaines plantes, sauvages ou fourragères, peuvent être responsables d’avortement chez le cheval au pré (photo CAPAE-Ouest).

les astragales, la rue fétide, la grande ciguë, la laîche à bec court, les renoncules, les plantes riches en nitrate et les plantes à phytoœstrogènes. Cependant, les observations concernent surtout les ruminants. ● Les cas confirmés chez la jument sont très rares. Les conifères Aux États-Unis et au Canada ● L’ingestion d’aiguilles de pin jaune ou pin de Patagonie (Pinus pondarosa), est une cause d’avortement bien connue aux ÉtatsUnis et au Canada, car cet arbre est très répandu outre Atlantique. Les observations ont été rapportées en grande partie chez la vache mais la jument peut être concernée aussi [16]. ● La substance responsable est l’acide isocupressique, qui est un composé de structure diterpènique proche de certains constituants d’huiles essentielles. ● Son mécanisme d’action a été mis en évidence de manière expérimentale : lors d’incubation in vitro avec des cellules lutéales bovines, on observe une inhibition de la production de progestérone, avec ou sans stimulation par LH [18], et l’administration à la vache gestante, par voie orale ou veineuse, provoque une vasoconstriction placentaire et l’expulsion du fœtus. ● Les avortements observés sur le terrain après ingestion d’aiguilles de pin de Patagonie sont des avortements de fin de gestation. L’évolution est parfois favorable, et le veau peut survivre s’il est presque à


Mallem avortements corr auteur 29-08-18.qxp_gabarit rubrique NPE 03/01/2019 19:45 Page33

les avortements iatrogènes chez la jument Cet article passe en revue les principales causes iatrogéniques impliquées dans les avortements chez la jument.

LES AVORTEMENTS IATROGÈNES MÉDICAMENTEUX Les avortements liés à la iatrogénie médicamenteuse chez la jument peuvent être en rapport avec une prescription normale, ou apparaissent le plus souvent comme des incidents associés à une imprudence ou au mésusage (erreur dans la dose ou de la molécule administrées) de certaines drogues. ● Les anti-inflammatoires stéroïdiens (AIS) et les anesthésiques généraux, notamment au dernier tiers de la gestation, sont concernés. ●

Les anti-inflammatoires [1, 2, 5] Bien que les propriétés pharmacologiques des AIS et des AINS ont fait l’objet de nombreux travaux et sont relativement bien connues chez le cheval, les conséquences sur la gestation de leur utilisation chez la jument restent encore peu ou pas connues. ● Contrairement aux bovins, l’effet abortif des AIS, appelés également corticoïdes, est rarement observé quand ils sont utilisés à des doses thérapeutiques. Leur utilisation en début de gestation semble bien tolérée. ● En revanche, ils peuvent provoquer des avortements lorsqu’ils sont utilisés à forte dose ou en cas de cure prolongée, au der●

Unité de Pharmacologie et Toxicologie Oniris La Chantrerie 44307 Nantes cedex 3

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les principales classes pharmacologiques susceptibles de causer des avortements chez la jument. ❚ Connaître les causes iatrogéniques non médicamenteuses pouvant induire des avortements chez la jument.

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es avortements iatrogènes constituent une des causes d’avortements les moins fréquentes dans l’espèce équine. Cependant, ils demeurent insuffisamment documentés à ce jour. Ils sont notamment provoqués par la consommation de certains médicaments qui ont la capacité d’altérer les échanges fœto-maternels, mais peuvent aussi être liés, dans de rares cas, à des complications chirurgicales ou à la réalisation de certains examens gynécologiques [1, 2]. Sont successivement présentés les grandes classes pharmacologiques ainsi que les facteurs non médicamenteux susceptibles d’induire des avortements iatrogéniques chez la jument.

Yassine Mallem

1

Avortement d'un fœtus poulain de 7 mois atteint d'une torsion du cordon ombilical (Photo D. Bencharif, Oniris).

nier tiers de la gestation. Ces effets concernent en particulier les corticoïdes fluorés tels que la dexaméthasone qui peut facilement franchir la barrière placentaire. Son mécanisme d’action abortive reste encore mal établi chez la jument, mais implique une diminution du rapport progestérone / œstrogène, et une augmentation de la contractilité du myomètre. ● Contrairement aux corticoïdes, l’innocuité des AINS, excepté le védaprofène, est inconnue chez la jument gestante. Toutefois, tous les AINS ont plutôt une action préventive contre les avortements induits par les prostaglandines. Les anesthésiques généraux et les agents de prémédication Les anesthésiques généraux induisent rarement des avortements aux doses usuelles. Cependant, des cas d’avortements peuvent survenir lors de surdosage, notamment en fin de gestation. Le mécanisme précis de cet effet n’a pas encore été élucidé, mais il semble impliquer un effet cardio-dépresseur, à l’origine d’une d’hypoxie et d’une altération de l’unité fœto-placentaire [1, 2, 8]. ● L’acépromazine fait également courir aux juments gestantes un risque réel d’avortement en raison de l’altération de la perfusion utérine qu’elle peut induire à travers son action hypotensive. Cet effet, bien qu’il ne soit pas encore démontré, est particulièrement à redouter, quand l’acépromazine est utilisée en prémédication avec les anesthésiques généraux. ●

Essentiel ❚ Les anti-inflammatoires stéroïdiens (AIS) peuvent provoquer des avortements lorsqu’ils sont utilisés à forte dose ou en cas de cure prolongée, au dernier tiers de la gestation. ❚ Des cas d’avortements peuvent survenir lors de surdosage d’anesthésique, notamment en fin de gestation. ❚ L’acépromazine fait également courir aux juments gestantes un risque réel d’avortement en raison de l’altération de la perfusion utérine qu’elle peut induire à travers son action hypotensive.

A U T R E S FA C T E U R S

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35-42 Explorations hormonales et infertilité jument BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 04/01/2019 16:49 Page35

explorations hormonales et infertilité de la jument et de l’étalon L’infertilité est devenu un motif de consultation fréquent surtout chez les juments, avec le développement d’activités d’élevage par les amateurs et les espoirs suscités par les protocoles pharmacologiques pour faciliter la reproduction. Il faut pouvoir répondre précisément aux propriétaires, en leur proposant un diagnostic précis, qui permette d’établir un pronostic, et si possible, de mettre en place un traitement raisonné.

L

’infertilité se définit par l’absence de naissance d’un poulain viable, englobant ainsi le terme d’infécondité (absence de fécondation). La fertilité en élevage équin conditionne sa bonne santé économique (photo 1). Une baisse de fertilité est suspectée pour de nombreuses raisons, qu’elles soient gynécologiques, médicales, mais aussi environnementales, liées aux activités sportives, ou aux interventions médicamenteuses, en particulier avec le développement de la reproduction assistée. En effet, même si les interventions hormonales ont fait leurs preuves à court terme, on contrôle mal leurs effets à moyen et à long terme, surtout si elles ont été réitérées (encadré 1). ● Devant le désarroi des propriétaires et des éleveurs, il est important de pouvoir déterminer la cause de l’infertilité, afin de proposer un traitement raisonné avec les meilleures chances de réussite et d’au moins préciser au mieux le pronostic. Dans cette démarche, les explorations hormonales peuvent être très utiles au vétérinaire, aussi bien chez l’étalon que chez la jument. ● Avant d’envisager quels protocoles sont les plus intéressants et comment interpréter les résultats, les données essentielles de l’endocrinologie gonadique sont brièvement résumées.

Nicolas Soetart Laetitia Jaillardon LDHVet – LabOniris, Oniris, École nationale Vétérinaire de l’Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes Atlantique Route de Gachet, CS50707 44307 Nantes cedex 3.

Objectif pédagogique ❚ Savoir choisir, mettre en place et interpréter les dosages hormonaux susceptibles d’aider au diagnostic causal de l’infertilité, et à son pronostic chez la jument et l’étalon. 1 La fertilité des juments est un enjeu économique majeur dans la filière équine (photo Service de Reproduction, Oniris).

Essentiel ❚ Chez l’étalon, les dosages hormonaux sont inutiles si la qualité du sperme est correcte. ❚ En cas d’anomalie, un test de stimulation à l’hCG avec dosage de la testostérone doit être réalisé, conjointement avec le dosage d’estradiol et de prolactine. ❚ Chez la jument : un suivi de cycle est indispensable avec quatre prélèvements hebdomadaires pour dosages d’estradiol, progestérone et prolactine. ❚ En cas de surpoids, il faut doser la leptine.

ENDOCRINOLOGIE GONADIQUE ÉQUINE : LES HORMONES DOSABLES EN PRATIQUE Même si les protocoles utilisés dans les deux sexes sont très différents, les hormones dosées sont les mêmes (tableau 1). Les stéroïdes Les stéroïdes les plus fréquemment mesurés en routine sont la progestérone, la testostérone et l’estradiol. Il est aussi facile de doser des intermédiaires de leur synthèse (figure 1), comme la 17-OH progestérone ou l’androsténedione. Ces hormones sont assez stables aux conditions ordinaires (3 jours à moins de 25° dans le sérum ou le plasma), ce qui permet un envoi postal sans conditions particulières vers les laboratoires spécialisés. En effet, il est nécessaire de référer ces dosages à des laboratoires spécialisés en endocrinologie équine, car les tests réalisés par les petits automates vétérinaires n’ont en général, pas été validés dans cette espèce : même si la structure des stéroïdes est identique quelle que soit l’espèce, les protéines de transport sont différentes. Comme celles-ci interviennent dans les dosages immunologiques, les résultats sur automates vétérinaires, comme en laboratoire médical humain, risquent d’être erronés. ●

DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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43-47 Examen jument subfertile BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 03/01/2019 21:26 Page43

l’examen de la jument subfertile Élodie Chollet Centre de reproduction et cabinet vétérinaire du Petit Hautier 2 route de Paris 76220 Ménerval

L’examen de la jument subfertile nécessite tout d’abord une évaluation de son état général ainsi que de ses organes reproducteurs externes et internes. La mise en évidence de mauvaises conformations et/ou d’affections grâce à l’examen et aux moyens de diagnostic complémentaires éventuels permettent au praticien d’élaborer un traitement afin de tenter d’obtenir une jument gravide.

Objectifs pédagogiques ❚ Réaliser un examen gynécologique méthodique. ❚ Savoir déceler les anomalies.

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ne jument subfertile est un défi pour le vétérinaire gynécologue, car elle requiert une réflexion clinique et un diagnostic précis afin de résoudre un, ou des problèmes parfois complexes, et qui durent souvent depuis plusieurs saisons ou depuis plusieurs chaleurs. Cette démarche engendre souvent des coûts supplémentaires à préciser au propriétaire, afin d’éviter tout malentendu, surtout si la jument reste vide malgré nos efforts ! Il est donc recommandé de partager avec lui nos questionnements et nos démarches. ● L’examen de la jument subfertile nécessite tout d’abord un relevé précis et une analyse des commémoratifs qui sont extrêmement importants, puis un examen physique de la jument. ● Des analyses cyto-bactériologiques et une biopsie utérine peuvent compléter cette démarche. La mise en confrontation de tous ces résultats permet de mettre en œuvre une stratégie de traitement, et de conduite à tenir afin de tenter d’obtenir une gestation. LE RECUEIL DES COMMÉMORATIFS Le recueil des commémoratifs est essentiel. ● Un maximum de renseignements sur la jument et sur son passé de reproductrice est requis. ●

Essentiel

1

Anus légèrement enfoncé et lèvres de la vulve peu charnue (photo E. Chollet).

❚ Ne pas négliger l’examen général. ❚ Examen du périnée et de la vulve à différent moment du cycle. ❚ Contrôler l’intégrité du col de l’utérus en diœstrus et son ouverture en œstrus. ❚ Suivi gynécologique sur un cycle au moins. Vérifier la concordance entre utérus et ovaires. ❚ Ne pas hésiter à utiliser les examens complémentaires si nécessaire.

L’âge et la santé D’une manière générale, la fertilité de la jument commence à décroître naturellement à partir de l’âge de 12 ans. L’âge est à prendre en considération en fonction de ce que souhaite le propriétaire : ainsi, si par exemple, votre client souhaite inséminer une jument maiden de 18 ou 20 ans avec de la semence congelée et que vous disposez de 3 - 4 paillettes seulement pour la saison, il doit être prévenu du faible pourcentage de chance d’avoir une jument gravide ! ● De même, la condition physique et les éventuelles affections (fourbures, cushing, arthrose, emphysème) sont à prendre en compte. Par exemple, une jument maigre et âgée a de grands risques d’avoir une vulve mal positionnée, un utérus pendulaire, voire de souffrir de carences qui diminuent la fertilité (photo 1). ●

DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE

Le nombre de poulains et le rythme de poulinage Le nombre de poulains que la jument a eu, et le rythme des gestations sont égale-

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48-54 Endometrite mise au point V° BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 07/01/2019 19:38 Page48

les différents types d’endométrite de la jument aiguës, chroniques, infectieuses, non infectieuses

Jean-François Bruyas Unité pédagogique Biotechnologies et Pathologie de la Reproduction Oniris, Site de la Chantrerie CS 40706 44307 Nantes Cedex 03

Objectif pédagogique ❚ Bien comprendre à quoi correspondent les termes d’endométrite aiguë et chronique, selon que l’on a une approche clinique, ou lors de la lecture d’un compte-rendu de biopsie de l’endomètre.

Essentiel ❚ La distinction entre les différentes endométrites en fonction de leur étiopathogénie est essentielle pour la conduite thérapeutique et préventive. ❚ L’approche diagnostique est également différente.

Les métrites et les endométrites sont la première cause pathologique d’infertilité chez la jument et à ce titre, leur traitement et leur prévention représentent un enjeu essentiel pour l’élevage équin.

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es endométrites regroupent plusieurs entités cliniques, certaines sont infectieuses, d’autres non infectieuses, mais les anti-infectieux sont fréquemment incluses dans les protocoles thérapeutiques. Ces différentes entités cliniques sont parfois source de confusions* car face à ces cas, les uns et les autres ne parlons pas forcément du même processus pathologique ; or, chacune de ces entités cliniques justifient d’approches préventives ou curatives qui peuvent être différentes. Ainsi, parler d’endométrites aiguës ou chroniques nécessite de distinguer le niveau d’approche soit clinique soit histologique. L’endométrite aiguë de l’anatomo-pathologiste n’est pas forcément une endométrite avec des signes cliniques aigus. Une fois présentée la distinction clinique et épidémiologique des inflammations utérines, sont envisagées pour chaque entité les méthodes diagnostiques et les mesures préventives et/ou curatives pouvant être mises en place.

DISTINCTIONS ÉPIDÉMIOLOGIQUE ET CLINIQUE : MÉTRITE PUERPÉRALE ET ENDOMÉTRITES NON PUERPÉRALES Du point de vue clinique et épidémiologique, il convient de distinguer dans un premier temps, les métrites puerpérales qui sont les seules à évoluer avec des signes cliniques, sur un mode aigu à suraigu avec une atteinte de l’état général, des endométrites non puerpérales qui, cliniquement, évoluent à bas bruit sur un mode chronique,

AFFECTIONS ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 172

NOTE * cf les échanges lors de la table ronde sur l’antibiothérapie lors des journées AVEF 2012 de Reims.

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sans atteinte de l’état général mais à l’origine d’infertilité ou de subfertilité. Les métrites puerpérales d’évolution clinique aiguë ● Les infections utérines qui surviennent au cours des premiers jours post-partum semblent résulter à la fois d’un défaut de vidange utérine des lochies, en raison d’une atonie utérine et de lésions de la muqueuse utérine (endomètre) qui, de ce fait, perd son rôle de barrière infectieuse. ● Ces infections sont souvent la complication de dystocies sources d’atonie utérine et de larges contaminations bactériennes. Elles sont également la conséquence quasi inéluctable des rétentions placentaires, même très partielles [1]. ● La non évacuation des liquides fœtaux et des matières organiques qui favorisent la prolifération bactérienne dans la cavité utérine, la disparition, même localisée, de la barrière de l’endomètre et le renouvellement cellulaire de l’involution utérine, permettent la diffusion des germes et de leurs toxines dans les tissus profonds de l’utérus et dans la circulation générale. ➜ Ceci se traduit par une inflammation des tissus utérins en profondeur (métrite) et par une atteinte de l’état général, du fait d’une toxémie et/ou d’une septicémie [1].

Les endométrites d’évolution clinique chronique ● En dehors de la période post-partum, les inflammations utérines restent localisées à l’endomètre, avec peu ou pas de retentissement clinique, hormis l’infertilité qu’elles induisent. ● Ces affections peuvent être classées en fonction de leur étiologie, de leur pathogénie et de leur évolution en quatre entités [5, 7]. Les trois premières correspondent, d’un point vue histologique, à la phase aiguë d’une inflammation, la quatrième correspond au contraire à la phase chronique du processus inflammatoire. ● Distinguons ainsi deux grands types d’endométrites d’évolution clinique chronique mais histologiquement aiguës :


55-60 Kystes utérins BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 03/01/2019 20:33 Page55

les kystes utérins Catherine Renaudin Guislaine Dujovne

chez la jument Les kystes utérins sont fréquents chez les poulinières de plus de 10 ans. Suivant leur taille, leur nombre et leur localisation, ils peuvent être à l’origine d’infertilité ou d’erreur diagnostique s’ils sont confondus avec une vésicule embryonnaire. Un examen gynécologique complet de la jument incluant une biopsie utérine doit être effectué afin de donner une valeur pronostique suite à une ablation de ces kystes.

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a présence de kystes utérins augmente avec l’âge et la parité de la poulinière. Ils sont de taille et de forme variable et peuvent être situés n’importe où dans l’utérus. Ils sont souvent mis en cause si la jument n’est pas gestante et posent problème pour le diagnostic précoce de gestation. Après une description des différents types de kystes utérins, leur étiologie et leur prévalence, nous montrons comment ne pas les confondre avec une vésicule embryonnaire lors de diagnostic de gestation ; nous proposons une conduite à tenir pour les juments chez lesquelles une résection des kystes pourrait améliorer la fertilité. Les différentes options de traitements, leurs avantages et leurs inconvénients sont ensuite décrits. DESCRIPTION ET ÉTIOLOGIE DES KYSTES UTÉRINS

● Les kystes utérins, quelle que soit leur origine, peuvent se trouver n’importe où dans l’utérus, mais ont tendance à être localisés à la base d’une corne près du corps utérin [16]. ● Il existe deux catégories de kystes utérins : les kystes glandulaires et les kystes lymphatiques.

Les kystes glandulaires Les kystes glandulaires mesurent moins de 1 cm de diamètre [19]. Ils sont souvent ●

causés par de la fibrose péri-glandulaire qui engendre l’étranglement des glandes utérines. De plus, lorsque la contractilité du myomètre est diminuée (cas des juments âgées multipares), les secrétions glandulaires s’accumulent en formant des distensions kystiques. ● Ces kystes apparaissent suite à une élévation des taux d’œstrogène de façon similaire au complexe d’hyperplasie endométriale kystique de la chienne [19]. Les kystes lymphatiques Les kystes lymphatiques sont de diamètre supérieur à 1 cm pouvant atteindre 20 cm [19], et apparaissent pédonculés de forme sphérique ou cylindrique [20]. ● Ils peuvent soit former des petits sacs remplis de liquide jaunâtre, soit des structures multi- lobaires cloisonnées : ils résultent de l’obstruction de canaux lymphatiques ou de l’accumulation de la lymphe chez les juments multipares qui ont des utérus pendulaires gravides ou post partum [20]. ●

Veterinary Medical Teaching Hospital Theriogenology service UC Davis 1 Garrod Drive Davis, CA 95616 USA

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir distinguer un kyste d’une vésicule embryonnaire. ❚ Savoir décider quelles sont les juments candidates à un traitement. ❚ Connaître les différents traitements possible, leurs avantages et leurs inconvénients.

Prévalence L’incidence des kystes utérins augmente avec la parité et avec l’âge, la plupart des juments affectées ayant plus de 10 ans [15]. Dans une étude qui regroupe 259 juments âgées de 3 à 22 ans, 58 d’entre elles ont des kystes, soit une incidence de 22, 4 p. cent. ● Soixante treize p. cent des kystes se retrouvent chez les juments de plus de 14 ans alors que seulement 29,1 p. cent sont présents chez les juments âgées de 3 à 14 ans [17]. ● Leur taille croit aussi avec l’âge, et varie de 3 à 48 mm [15]. ● On les retrouve aussi bien au sein de l’endomètre normal que de l’endomètre inflammé de façon chronique [10]. ●

Essentiel ❚ La présence de kystes utérins augmente avec l’âge et la parité de la poulinière. ❚ Les kystes glandulaires mesurent moins de 1 cm de diamètre. ❚ Les kystes lymphatiques ont, un diamètre supérieur à 1 cm qui peut atteindre 20 cm.

IMPORTANCE CLINIQUE DES KYSTES SELON LEUR TAILLE, LEUR NOMBRE, LEUR LOCALISATION L’importance clinique dépend de la taille, du nombre et de la localisation des kystes dans l’utérus. ●

AFFECTIONS ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 179


61-64 Infertilité jument anomalie BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 04/01/2019 18:50 Page61

infertilité de la jument : une anomalie cervicale chez une jument maiden Une jument poulinière maiden de 11 ans est référée en consultation pour une infertilité persistante depuis 2 ans. Celle-ci présente une anomalie cervicale qui indique que certaines voies sont impénétrables.

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ne jument de 11 ans Selle Français a été mise à la reproduction l’année passée. Malgré de multiples cycles exploités avec un étalon à fertilité reconnue, elle est restée vide l’an dernier. En début de saison, deux cycles sont exploités. Aucune gestation n’est constatée. Le vétérinaire décide de référer la jument pour avis car il n’a relevé aucune anomalie durant son suivi gynécologique. ANAMNÈSE ET COMMÉMORATIFS

Au cours des 2 années de mise à la reproduction sans réussite, de la semence congelée, puis de la semence réfrigérée transportée d’étalon à fertilité reconnue ont été utilisées sur les conseils du vétérinaire en accord avec l’inséminateur. Le vétérinaire référent n’a pas relaté d’anomalies. L’inséminateur n’a pas signalé d’anormalité ou de difficulté lors de l’insémination. ● La jument arrive au centre le 27 mai. Elle est en bon état général, et exprime un fort tempérament, voire un tempérament de dominance ou parfois de mâle vis-à-vis de ses congénères. ●

EXAMEN CLINIQUE L’examen général ne révèle aucune anomalie. ● L’examen de l’appareil reproducteur montre une vulve, un clitoris, une fosse clitoridienne d’aspect normal. La position de la vulve est normale. Sa tonicité est bonne. L’épaisseur des lèvres est suffisante. ● Lors de la palpation transrectale, les deux ovaires sont de taille physiologique, l’utérus peut être facilement palpé, de taille et de position normale. Le col est identifiable par palpation transrectale et de bonne tonicité. ●

Clinique Équine d’Argonay 74370 Argonay Clinique Vétérinaire de Magnac Laval 10 Avenue F. Mitterrand 87190 Magnac Laval Centre de Reproduction équine et de transfert d’embryon du Dorat Chemin de la Fantaisie 87210 Le Dorat

PREMIER EXAMEN ÉCHOGRAPHIQUE ● Le premier examen échographique a lieu le lendemain de son arrivée. ● L’échographie permet de mesurer un follicule de 31 mm au niveau de l’ovaire gauche et d’identifier sur l’ovaire droit une multitude de follicules inférieures à 25 mm. ● Le corps utérin semble plus court que la normale mais les cornes ne montrent aucune image échographique anormale (échogénicité normale, absence de formation kystique, absence de liquide). ● L’utérus présente un œdème compatible avec une image d’utérus infiltré sous imprégnation œstrogénique. La jument présente donc des images échographiques compatibles avec une jument en chaleur.

Laurent Mangold

Objectif pédagogique ❚ Montrer l’importance de l’examen anatomique minutieux de l’appareil génital de toute jument mise à la reproduction.

SUIVI ÉCHOGRAPHIQUE DU FONCTIONNEMENT UTÉRIN (tableau 1) Il est décidé de revoir la jument en suivi gynécologique le lendemain. La chaleur ne sera pas exploitée mais le suivi de l’évolution des différents critères (croissance folliculaire, évolution de l’imprégnation utérine, ouverture et tonicité cervicale) permettra d’identifier une éventuelle anomalie de fonctionnement qui pourrait expliquer l’infertilité. ● L’échographie du 29 mai au matin ne montre pas de croissance folliculaire franche, mais permet de détecter une quantité de liquide utérin dont la mesure échographique est supérieure à 4 cm. ● Un traitement ocytocique est mis en place, et un lavage utérin est prévu en fin de journée est prévu. ● Une cause possible de l’infertilité de cette jument est évoquée avec la présence anormalement importante de liquide utérin en début de chaleur. ● Le soir, le lavage n’est cependant pas pratiqué car nous estimons par palpation transrectale que le col n’est pas assez ouvert. L’intervention est reportée à plus tard, quand la jument sera en “pleine chaleur” et que le col sera correctement ouvert. ● Les jours suivants, la croissance folliculaire se poursuit et l’œdème utérin et la collection liquidienne persistent malgré un traite●

Essentiel ❚ Les anomalies cervicales congénitales de la jument sont rares, mais elles peuvent expliquer certaines infertilités. ❚ La présence de liquide utérin pendant l’œstrus doit toujours être investiguée. ❚ L’examen du col utérin par palpation manuelle directe ou par examen visuel doit toujours compléter l’examen échographique d’une jument mise à la reproduction.

AFFECTIONS ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

61

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 185


65-72 LES TROUBLES DE LA CYCLICITE OVARIENNE JUMENT corr auteur 13-09-18.qxp_gabarit rubrique NPE 07/01/2019 20:32 Page65

les troubles de la cyclicité ovarienne chez la jument Les troubles de la cyclicité peuvent diminuer les performances reproductives des juments. Ils peuvent être causés, au cours de leur vie, par des conditions nombreuses et variées, physiologiques ou pathologiques. Pour chaque type de trouble de la cyclicité (anœstrus, œstrus trop fréquents, œstrus irrégulier ou prolongé), plusieurs mécanismes hormonaux peuvent être impliqués. Bien les connaître permet d’établir un diagnostic correct et de mettre en place le traitement adapté.

L

a jument a une reproduction saisonnière polyœstrienne, elle est cyclée lorsque les jours sont longs. Chaque cycle dure en moyenne 21 jours, et a deux phases : - l’œstrus (phase de réceptivité sexuelle) : durée moyenne de 5 à 7 jours mais peut aller physiologiquement 2 à 12 jours ; - le diœstrus (phase d’activité du corps jaune) durée 14 à 15 jours [7]. ● Cette cyclicité voit sa régularité reposer sur le bon déroulement de mécanismes hormonaux qui impliquent l’axe hypothalamohypophysaire (via les hormones GnRH, FSH et LH), les ovaires avec leurs structures (les follicules et les corps jaunes), et l’utérus (via la PGF2α). ● Les hormones produites par les structures ovariennes dictent en aval le comportement sexuel de la jument : l’œstradiol issu des follicules induit le comportement d’œstrus, la progestérone issue du corps jaune l’inhibe (figure) [3]*. NOTE * cf. Dossier Suivi et gestion de la mise à la reproduction, LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine.

● Les troubles de la cyclicité ovarienne peuvent être classifiés en trois catégories selon le comportement d’œstrus que l’on observe : - l’anœstrus (défini comme une période prolongée sans signes de comportement d’œstrus) ; - les œstrus trop fréquents (qui correspondent à un diœstrus raccourci) ; - les œstrus irréguliers ou prolongés [6]. ● Au cours de la vie de la jument, différentes conditions, physiologiques ou pathologiques, peuvent induire ces troubles de la cyclicité. Remarque : Dans ce texte J0 = jour de l’ovulation ; CJ = corps jaune. Cet article étudie les troubles de la cyclicité ovarienne chez la jument à travers leurs causes : les saisons, le vieillissement, la gestation, les anomalies des structures ovariennes, les affections inductrices de ces troubles, et enfin les causes iatrogènes.

Ève Mourier Jean-François Bruyas Unité pédagogique Biotechnologies et Pathologie de la Reproduction Oniris, Site de la Chantrerie CS 40706 44307 Nantes Cedex 03

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les différentes conditions pouvant induire des troubles de la cyclicité ovarienne chez la jument. ❚ Comprendre, pour chaque type de trouble de la cyclicité (anœstrus, œstrus trop fréquents, œstrus irrégulier ou prolongé), les mécanismes hormonaux susceptibles de les induire. ❚ Savoir établir un diagnostic correct afin de mettre en place le traitement adapté.

LES SAISONS La cyclicité ovarienne des juments varie au fil des saisons sous l’influence de la photopériode : seulement 10 à 25 p. cent des juments conservent une activité cyclique toute l’année (en particulier celles qui ont une bonne condition corporelle). ● Pour la majorité des juments, l’année est divisée en quatre phases (dans les zones à climat tempéré) [4] : - l’anœstrus hivernal ; - la transition de printemps ; - le solstice d’été ; - la transition d’automne. 1. l’anœstrus hivernal est une période sans cyclicité ovarienne, centrée après le solstice d’hiver (jours courts), il peut durer 2 à 6 mois ; 2. la transition de printemps est une phase d’anovulation au cours de laquelle la cyclicité ovarienne se met en place de manière progressive. Elle se déroule au moment de l’équinoxe de printemps, sa durée varie de quelques semaines à quelques mois ; Les sécrétions de gonadotrophines hypophysaires sont suffisantes pour causer la croissance folliculaire, mais inadéquates ●

65

Essentiel ❚ Les juments en mauvaise condition corporelle sont plus sujettes aux troubles de la cyclicité ovarienne de type anœstrus.

AFFECTIONS ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 189


73-78 amélioration de la qualité de semence apport minéraux BAT 2.qxp_gabarit NPE âne 07/01/2019 12:07 Page73

comment améliorer

la qualité de la semence Aurélie Allard

par l’apport d’aliments minéraux vitaminés Produire des doses de semence de qualité représente un gain économique. Voici un état des lieux de quelques stratégies d’amélioration de la semence par l’apport d’aliments minéraux vitaminés, décrites dans la littérature ces 15 dernières années.

E

n élevage équin, on sélectionne les étalons sur leurs origines et leurs compétences athlétiques sans prendre en compte leur fertilité. Pour pallier à ce manque, et dans le but d’augmenter la fertilité des étalons, nombreux sont ceux qui proposent des stratégies d’amélioration de la semence basées sur l’apport d’un aliment minéral vitaminé. ● La qualité de semence dépend de plusieurs facteurs : une gestion adéquate, de bons soins de santé et des nutriments pour couvrir les besoins des étalons reproducteurs [10]. En conséquence, l’industrie de l’élevage équin produit des compléments alimentaires visant à optimiser la santé des étalons et par conséquent, la qualité du sperme. Les acides gras polyinsaturés (AGPI) sont nécessaires au maintien de la structure, de la fonction et de l’intégrité de la membrane plasmique des spermatozoïdes. Les antioxydants assurent la protection contre l’attaque des dérivés réactifs de l’oxygène. ● Cet article propose une synthèse sur l’intérêt d’une supplémentation en acides gras polyinsaturés et en antioxydants, puis sur leurs effets sur les paramètres séminaux et la fertilité de l’étalon. POURQUOI UTILISER DES COMPLÉMENTS RICHES EN ACIDES GRAS POLYINSATURÉS ? ● La membrane plasmique des spermatozoïdes est riche en acides gras polyinsaturés (tableau 1). Les chevaux, incapables de les

Tableau 1 - Les acides gras de la membrane des spermatozoïdes

13 rue du merle 71250 Cluny

Objectif pédagogique

équins (d’après [3, 15])

❚ Connaître et comprendre

Les acides gras polyinsaturés représentent plus de la moitié des phospholipides

les effets d’un complément alimentaire pour étalons.

Acides gras polyinsaturés - Oméga 6 ●

Acide docosapantaénoïque - - 35-50 % 1 DPA (C22:5-n6) Acide arachidonique (C20:4-n6)

-3%

Acide linoléique (C18:2-n6)

- 1,5 %

Acide α-linolénique (C20:3-n6)

-2%

Essentiel ❚ Les étalons recevant des compléments alimentaires à base d’acide gras polyinsaturés omega-3 DHA et omega-6 DPA ont présenté une concentration spermatique supérieure. ❚ La supplémentation en omega-3 et la L-carnitine amélioreraient la mobilité spermatique des étalons aux paramètres séminaux médiocres. ❚ La supplémentation en acides gras peut être complétée par un apport en antioxydant.

Acides gras polyinsaturés - Oméga 3 ●

Acide Docosahexaénoïque (DHA) C22:6-n3

- 10 %

Ratio oméga 3/ oméga 6

- 0,30-0,22 1

Les acides gras saturés ●

Acide palmitique (C16:0)

- 15 à 20 %

Acide stéarique (C18:0)

- 10 %

Acide myristique (C14:0)

-5%

Plasmalogènes ou Aldéhydes Gras (C18:0-Ald ; C18:1-Ald ; C16:0-Ald) 2

- 10 - 25 %

1 L’omega 6 - DPA est présent dans des proportions variables selon les individus et subit des variations saisonnières (augmentation entre janvier et juin). De ce fait, le ratio omega-3/6 diminue entre janvier et juin. La proportion des deux principaux acides gras saturés : acide palmitique et acide stéarique présente également une variation saisonnière (diminution non continue entre janvier et juin). 2 Ce sont des acides gras dont le groupement carboxyl est remplacé par un groupement aldéhyde.

73

AFFECTIONS ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 197


79-87 Pathologie tubaire BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 08/01/2019 20:09 Page79

les affections tubaires chez la jument un défi clinique

Malgré un demi-siècle de recherche sur les causes d’infertilités chez la jument, celles potentiellement dues à l’oviducte (c’est-à-dire trompe utérine) reste une énigme. De nombreuses études ont clairement indiqué qu’il existe, comme dans d’autres espèces, un certain nombre de lésions et/ou d’anomalies de l’oviducte de la jument. Comme clinicien-praticien, nous sommes parfois confrontés à des infertilités pour lesquelles nous avons du mal à établir un diagnostic. Un diagnostic approfondi et détaillé est alors nécessaire pour éliminer toutes autres causes d’infertilité et pour enfin arriver à suspecter une affection de l’oviducte. Reste à choisir les techniques diagnostiques et curatives les plus appropriés pour identifier et pour remédier au problème.

L

es affections tubaires et leur impact sur la fertilité sont en général bien moins prises en compte que celle des autres organes de l’appareil génital et ce, particulièrement, chez la jument. Cela est en partie dû au fait la trompe utérine reste difficile à examiner chez la jument. Ceci est très dommageable car la trompe utérine joue un rôle majeur aussi bien pour le transport, la survie et la capacitation des spermatozoïdes que pour la maturation finale et la fécondation des ovocytes, que pour le développement embryonnaire précoce. Il existe de bien plus nombreuses données sur la physiologie et la pathologie tubaire, dans les autres espèces, aussi bien bovine, porcine que surtout humaine. ● Pour l’espèce équine, les publications sur les possibilités diagnostiques et les options thérapeutiques sont limitées. Néanmoins, les affections tubaires ne semblent pas

exceptionnelles chez la jument. Une des premières publications sur le sujet rapporte que sur 325 trompes utérines récupérées à l’abattoir, 88 p. cent présentaient au moins une lésion [38]. ● Cette revue propose un focus sur les anomalies tubaires les plus fréquentes chez la jument, avec un rappel d’anatomie et de physiologie (encadré 1) et présente la démarche diagnostique et les possibilités thérapeutiques à la disposition du praticien.

Kaatje Ducheyne1 Elke Polaris1 Jean-François Bruyas2 Peter Daels1 Article traduit par Jean-François Bruyas2 1Department of Reproduction Faculté de Médecine Vétérinaire Université de GentBelgique

pédagogique Biotechnologies et Pathologie de la Reproduction Oniris, Site de la Chantrerie CS 40706 44307 Nantes Cedex 03

2Unité

LES AFFECTIONS TUBAIRES Très peu d’articles se sont intéressés à la pathologie tubaire comme cause d’infertilité chez la jument. C’est surprenant par rapport aux autres espèces domestiques ; les salpingites y sont en effet présentées comme une cause majeure de subfertilité ou d’infertilité. En dépit de ce déficit de publications scientifiques à propos des trompes utérines chez la jument, ces dernières jouent un rôle central dans le succès de la reproduction. Ce sont les trompes qui assurent le transport des gamètes l’une vers l’autre, permettent la réalisation de la fécondation, et fournissent un environnement optimal pour le développement des embryons dans leurs premiers stades. ● La trompe utérine ne pouvant pas être réellement explorée lors d’un examen clinique en routine avec les moyens classiques d’examen (palpation et échographie transrectales), il est fort possible que de nombreuses affections tubaires ne soient pas diagnostiquées ou que leur incidence soit sous-estimée lors de prise en charge de juments avec des problèmes de fertilité. De plus, compte tenu du fait que la plupart des travaux sur la pathologie tubaire résulte d’investigations faites sur des appareils génitaux récupérés à l’abattoir, il est difficile d’avoir une réelle estimation de l’importance de telles affections et de leurs impacts sur la fertilité. ●

Objectif pédagogique ❚ Connaître les anomalies tubaires les plus fréquentes chez la jument, ainsi que la démarche diagnostique et les possibilités thérapeutiques à la disposition du praticien.

Essentiel ❚ Lorsqu’une jument reste non gravide, sans aucune raison, malgré une mise à la reproduction avec des étalons reconnus fertiles et en l’absence de détection d’affections, il convient de suspecter une affection de la (des) trompe(s) utérine(s). ❚ Actuellement, le seul trouble tubaire qui peut être traité est l’obstruction des trompes utérines grâce au dépôt sous laparoscopie de PGE2.

Les adhérences et les brides au niveau du pavillon Les adhérences au niveau du pavillon tubaire se présentent chez la jument comme de fines brides de tissu fibreux entre le pavillon et soit l’utérus, ou le méso●

79

AFFECTIONS ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 203


DELEUZE-techniques de repro artificielle VERSO.qxp_gabarit rubrique NPE 07/01/2019 19:16 Page88

les techniques de reproduction artificielle au secours des juments infertiles

Stefan Deleuze Département des Sciences Cliniques Clinique des Animaux de Compagnie et des Equidés Faculté de Médecine Vétérinaire, Université de Liège Boulevard de Colonster, 20-B41 B-4000 Liège, Belgique

Les techniques de reproduction assistée (ARTs) sont de plus en plus largement envisagées pour venir au secours des juments infertiles. Cette revue vise à donner un aperçu des techniques actuellement disponibles de même que leurs applications spécifiques et leur rendement.

Objectif pédagogique ❚ Appréhender les techniques de reproduction assistées actuellement disponibles pour traiter les cas d’infertilité chez la jument.

D Essentiel ❚ L’ovocyte doit quitter son état de quiescence pour atteindre un état de maturation qui le rend apte à être fécondé. ❚ Il existe trois techniques efficaces de production in vitro d’embryons : - la maturation in vitro (MIV) des ovocytes ; - la fécondation (FIV) ; - la culture in vitro d’embryons jusqu’à un stade de développement qui permet son transfert.

AFFECTIONS ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 212

e nombreuses étapes sont nécessaires pour conduire à la naissance d’un poulain. L’ovocyte doit avant tout, quitter son état de quiescence pour atteindre un état de maturation qui le rend apte à être fécondé. À ce stade, l’ovulation a lieu, l’ovocyte maturé est libéré hors du follicule, et migre ensuite dans l’ampoule de l’oviducte pour y être fécondé. L’ovocyte fécondé progresse dans l’oviducte pour atteindre la corne utérine environ 6 jours après l’ovulation. Le jeune embryon inhibe la disparition du corps jaune nécessaire à sa survie et après implantation et mise en place de la placentation, il poursuit son développement jusqu’au terme. Chacune de ces étapes représente un écueil possible pour la cascade complexe d’événements, qui mène à la naissance d’un poulain. ● L’acronyme “ART” pour : “Assisted Reproduction Technologies”, ou en français : “Techniques de Reproduction Assistée” (TRA), reprend des procédures allant de l‘insémination artificielle à la production de clones. Ces techniques de reproduction assistée permettent en ce moment de préserver le potentiel génétique d’animaux subfertiles ou même morts. ● Les premiers pas et les premiers grands succès ont été rapportés dans l’espèce bovine. Bénéficiant d’un intérêt marqué par le secteur bovin et d’une disponibilité quasi illimitée d’ovocytes qui proviennent d’ovaires prélevés en abattoirs, les recherches ont rapidement débouché sur des techniques efficaces de production in vitro d’embryons reprenant trois étapes essentielles : 1. la maturation in vitro (MIV) des ovocytes ;

88

1

Lors de la ponction, un opérateur immobilise l’ovaire par voie transrectale. - La sonde échographique introduite dans le vagin permet de visualiser à l’écran les follicules et l’aiguille de ponction manipulée par un second opérateur (photo S. Deleuze, Université de Liège).

2. la fécondation (FIV) ; 3. la culture in vitro d’embryons jusqu’à un stade de développement qui permet son transfert. ● L’industrie du cheval, en refusant encore dans bien des cas, le recours à ces biotechnologies, et la bien moindre disponibilité d’ovaires d’abattoirs, n’ont pas permis un essor aussi rapide des techniques de reproduction assistée dans cette espèce. Néanmoins, ces dernières années, ces techniques ont été utilisées pour une meilleure valorisation du potentiel génétique d’une jument ou pour obtenir un poulain de juments infertiles. ● Après une brève introduction, cet article développe le transfert d’embryon, puis les méthodes de récolte d’ovocytes, et les différentes techniques qui utilisent ces ovocytes et permettent de produire des poulains à partir de ceux-ci. Il s’agit précisément du transfert intra-folliculaire et intra-salpyngien d’ovocytes, de l’injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde et enfin, du clonage (photo 1). LE TRANSFERT D’EMBRYON ● Le transfert d’embryon permet d’obtenir plusieurs poulains d’une même jument au cours d’une même saison. Il permet aussi de produire des poulains de juments qui poursuivent une carrière sportive sans devoir interrompre cette dernière ou plus encore, de juments souffrant d’affections utérines les empêchant de mener à terme une gestation.


96 - 102 Causes de mortalite embryonnaire V° BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 07/01/2019 15:28 Page96

les causes de mortalité embryonnaire Aurélie Allard 13 rue du merle 71250 Cluny

Objectif pédagogique ❚ Connaître l’étiologie des pertes embryonnaires chez la jument.

chez la jument La mortalité embryonnaire, définie comme la perte d’un embryon entre la fécondation et J40 (J0 étant le jour de l’ovulation) est un phénomène fréquent chez la jument. De nombreux facteurs : embryonnaires, maternels ou environnementaux peuvent être à l’origine de ces pertes.

Figure 1 - Taux cumulatif d’interruption de gestation entre J2 et J60

chez les juments fertiles et subfertiles (d’après [1, 3, 23, 30] Taux cumulatif d'interruption de gestation (%) 100

50

C Essentiel ❚ L’incidence cumulative de mortalité embryonnaire entre la fécondation et J40 est de 20 p. cent chez les jeunes fertiles et de 80 p. cent chez les juments d’âge ou chez les juments subfertiles. ❚ Deux facteurs engendrent une faible production de progestérone : l’absence de reconnaissance maternelle et l’induction précoce de la lutéolyse. ❚ Les endométrites créent un environnement utérin néfaste à la survie de l’embryon.

AFFECTIONS ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 220

ontrairement aux autres femelles d’élevage, la jument est souvent maintenue longtemps au sein du troupeau. Il n’est pas rare de rencontrer des juments de plus de 20 ans toujours reproductrices, car nombreuses sont celles mises à la reproduction après leur carrière sportive, bien que les problèmes de fertilité soient liés à l’âge. Cet article propose une synthèse de l’incidence et de l’étiologie des pertes embryonnaires chez la jument. INCIDENCE

Selon les auteurs, l’incidence de la mortalité embryonnaire est comprise entre 2,5 et 25 p. cent (7,7 p. cent en moyenne) entre J1215 et J35-40, les valeurs les plus hautes concernent les juments âgées de plus de 18 ans [30]. ● Dans une étude, les taux de gestation à J2 et J14 sont calculés pour des juments fertiles vs âgées afin de déterminer le taux de mortalité embryonnaire entre J2 et J14 [2]. Il existe une différence significative entre les taux de gestation à J14 entre les juments fertiles (80 p. cent) et les juments âgées (20 p. cent), et non pour les taux de gestation à J2 (71 p. cent vs 79 p. cent respectivement). ● Les taux de fécondation identiques montrent que la mortalité embryonnaire très précoce est une importante cause d’infertilité chez la jument âgée. Entre J2 et J14, le taux de perte embryonnaire est quasiment nul chez les juments fertiles alors qu’il est de 73 p. cent chez les juments subfertiles [2]. ● Un taux cumulatif d’interruptions de gestation entre J2 et J60 pour les juments fertiles ●

96

0 0

10

20

30

40

50

60

Nombre de jours après ovulation Juments fertiles

Juments subfertiles

vs subfertiles peut être proposé à la lumière de plusieurs études. Chez les juments fertiles, le taux cumulatif à J2, J14, J40 et J60 est de 5 p. cent, 12 p. cent, 20 p. cent et 23 p. cent respectivement. Chez les juments subfertiles, le taux cumulatif de pertes embryonnaire à J2, J14, J40 et J60 est de 9 p. cent, 71 p. cent, 80 p. cent et 85 p. cent respectivement (figure 1) [1, 2, 3, 23, 30]. L’incidence de la mortalité embryonnaire très précoce des juments subfertiles avant J14 est donc forte (encadré). L’ÉTIOLOGIE ● Dans la littérature, les causes de mortalité embryonnaire sont classifiées selon trois grands axes : - les facteurs maternels ; - les facteurs embryonnaires ; - les facteurs environnementaux. ● Nous reprenons ainsi cette classification bien que celle-ci soit arbitraire car bien souvent, plusieurs facteurs sont étroitement liés.

LES FACTEURS MATERNELS Les facteurs endocriniens Pendant la période embryonnaire, qui s’étend jusqu’à J40, la progestérone est nécessaire au maintien de la gestation. La sécré●


Diagsnotic et gérer risque mortalité embryonnaire quasi BAT article 2 14-12-2018.qxp_gabarit rubrique NPE 07/01/2019 12:47 Page103

comment diagnostiquer et gérer le risque

de mortalité embryonnaire Aurélie Allard

chez la jument

13 rue du merle 71250 Cluny

La disparition de la vésicule embryonnaire entre deux contrôles échographiques permet de diagnostiquer avec certitude une perte embryonnaire. Il est alors nécessaire de prendre des mesures prophylactiques pour les chaleurs suivantes.

re 75 p. cent de la structure lutéale. L’absence de détection de vaisseaux sanguins indique que le corps jaune n’est plus fonctionnel en terme de sécrétion de progestérone [5]. ● Si la vésicule embryonnaire est irrégulière ou de petite taille pour son âge (en ayant pris en compte l’éventuel retard dû à une insémination post-ovulation), son développement est retardé et la gestation a toutes les chances de s’interrompre.

C

A J28-30 et J40 (tableaux 2, 3)

hez les juments âgées ou subfertiles, repérer les signes annonciateurs d’une perte embryonnaire imminente permet de proposer un traitement. Ces signes sont, pour la plupart, observés à la faveur d’une échographie. Un bon suivi échographique est donc nécessaire en début de gestation chez ces juments. Après avoir présenté quels sont les paramètres à rechercher au cours d’un diagnostic de gestation par palpation et par échographie transrectale, cet article propose des conduites à tenir face à une perte embryonnaire, que celle-ci survienne de manière sporadique ou répétée.

1. RECONNAÎTRE LES PARAMÈTRES ANORMAUX LORS DU DIAGNOSTIC DE GESTATION Entre J14 et J17 (tableau 1) À l’échographie, il est anormal d’observer la présence d’œdème autour de la vésicule embryonnaire. Cet œdème s’accompagne parfois d’un comportement d’œstrus. L’utérus et le col utérin sont peu fermes et la d’une progestéronémie est basse. Ces gestations s’interrompent très fréquemment [2]. ● De même, il est aussi anormal d’observer une accumulation de liquide autour de la vésicule embryonnaire. L’œdème utérin et l’accumulation de liquide autour de la vésicule embryonnaire sont des signes cliniques d’endométrite et de perte embryonnaire imminente. ● Le flux sanguin mesuré par échographie Doppler est positivement corrélé à la progestéronémie. Chez la jument non gestante l’aire de débit sanguin est maximale à J10 et couv●

Objectifs pédagogiques ❚ Reconnaître les signes annonciateurs de mortalité embryonnaire. ❚ Connaître la marche à suivre en cas de détection de signes annonciateurs.

La viabilité embryonnaire peut être remise en cause lors de retard au développement*. ● Une étude rétrospective a montré que l’incidence d’un développement embryonnaire anormal caractérisé par la formation d’une vésicule sans embryon est de 4,4 p. cent. Le diagnostic de certitude est établi si aucun embryon n’est détecté au sein de la vésicule au plus tard à J25 [6]. Il s’agirait d’un défaut de développement de la masse cellulaire interne (inner-cell mass) [10]. ● Il n’est pas prouvé que le développement adjacent à un kyste endométrial ait une répercussion sur la nutrition de l’embryon. Néanmoins, le kyste peut interférer sur la fixation de l’embryon**. ➜ Synthèse : Les signes échographiques indicateurs de risque de mortalité embryonnaire sont : - un retard de développement ; - la présence d’œdème ou de liquide intrautérin au moment du diagnostic de gestation ; - la non détection d’embryon dans la vésicule ou l’absence de battements cardiaques après J 25 - 30. Si un doute persiste, renouveler l’examen échographique quelques jours plus tard. ●

Essentiel ❚ S’assurer du statut gestationnel d’une jument avant tout traitement. ❚ Un bon suivi échographique est nécessaire en début de gestation chez les juments à risque de mortalité embryonnaire. ❚ La culture bactérienne et la cytologie de l’utérus sont les deux premiers examens complémentaires à réaliser lors de perte embryonnaire.

CONDUITE À TENIR FACE À UNE PERTE EMBRYONNAIRE Face à la grande diversité des causes de mortalité embryonnaire, il n’existe qu’un petit nombre de moyens prophylactiques. ●

NOTES

cf. les articles dans ce numéro : *“Les causes de mortalité embryonnaire chez la jument”du même auteur : encadré 1. **“Les kystes utérins chez la jument “ de C. Renaudin, G. Dujovne.

AFFECTIONS ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 227


107-112 infertilité Ane BAT.qxp_gabarit rubrique NPE 08/01/2019 13:17 Page107

infertilité et subfertilité chez les asins La connaissance de la physiologie et des particularités de la reproduction chez les asins est essentielle pour une maîtrise de la fertilité chez cette espèce. En effet, les modèles connus chez le cheval ne peuvent pas être toujours appliqués avec succès chez l’âne. Les affections liées à l’œstrus, à l’appareil génital du mâle et de la femelle, la conduite de la saillie et les maladies infectieuses sexuellement transmissibles constituent des causes d’infertilité ou de subfertilité chez cette espèce.

L

es causes d'infertilité chez les asins sont nombreuses, parfois particulières, et peuvent être classées selon leur origine. Elles sont liées à l’œstrus, à des affections du tractus génital du baudet et/ou de l’ânesse, à une mauvaise conduite de la saillie, ou bien en rapport avec des maladies vénériennes. Nous évoquons successivement ces causes. LES AFFECTIONS LIÉES À L'ŒSTRUS

● Les dysfonctionnements liés à la non détection de l'ovulation constituent une cause prépondérante d'échec de la reproduction chez l'ânesse. ● Plusieurs origines sont décrites. L’ânesse présente pendant l'œstrus une courte période de refus du mâle et d'arrêt des signes de chaleur. Néanmoins, les follicules continuent de se développer et l'ovulation a lieu normalement. La difficulté consiste à ne pas confondre la date de l'interruption de l'œstrus avec sa date de fin, ce qui peut induire une erreur dans l'appréciation du moment de l'ovulation. Ces chaleurs intermittentes représentent de 7 à 10 p. cent des chaleurs ovulatoires [10,

21]. Ces taux sont manifestement plus élevés que chez la jument ou même que chez la ponette. ● Un suivi par examen transrectal ou échographique permet de détecter ces périodes. L'incidence du sub-œstrus chez l’ânesse représente 5,4 p. cent des chaleurs ovulatoires [10]. 1. Des chaleurs silencieuses L'ânesse se trouve physiologiquement en état d'œstrus mais n'en manifeste aucun signe. Elle peut même refuser l'accouplement. Ces individus ne sont pas mis à la reproduction, ce qui représente une perte pour l'élevage. Certaines ânesses difficiles n'acceptent d'être saillies que par quelques mâles choisis, et seulement après s'être habituées à eux. Ces ânesses finissent par accepter le chevauchement après avoir été fortement stimulées par le mâle. ● Les jeunes femelles ainsi que les ânesses qui viennent de mettre bas sont les plus souvent concernées. Savoir si une cause métabolique ou hormonale est à l'origine de ce dysfonctionnement chez l'ânesse peut être intéréssant. ● Le signe d'appel pour l'éleveur reste la durée anormalement longue du diœstrus. Un contrôle de la croissance folliculaire ainsi que l'observation du tractus génital informent alors de l'état physiologique de l'individu. L'incidence de ces chaleurs silencieuses est de 2 p. cent [10]. ●

Un allongement du diœstrus dû à des chaleurs silencieuses ne doit pas être confondu avec la persistance anormale du corps jaune, autre cause d'infertilité. ●

Ahmed Chabchoub Jamel Chemli École Nationale de Médecine Vétérinaire Sidi-Thabet 2020 Tunisie

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les particularités de l’œstrus chez l’ânesse pour mieux réussir la saillie. ❚ Comprendre les cas d’infertilité en rapport avec des affections du tractus génital du baudet et de l’ânesse. ❚ Maîtriser les particularités des maladies asines infectieuses transmissibles sexuellement à l’origine d’infertilité.

Essentiel ❚ Un allongement du diœstrus dû à des chaleurs silencieuses ne doit pas être confondu avec la persistance anormale du corps jaune, autre cause d'infertilité.

2. Un corps jaune persistant Le corps jaune peut persister jusqu'à 80 jours après l'ovulation sans gestation associée. Des taux de progestérone élevés sont observés et l'ânesse ne revient pas en chaleur.

● Le diagnostic est confirmé par le dosage de la progestérone et, en pratique, l'injection de prostaglandines induit un retour en chaleur dans les 48 à 72 h.

ÂNE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine vol 12 / Hors-série INFERTILITÉ ET SUBFERTILITÉ chez les équidés - 231


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- Conduite à tenir face • Veterinary Bulletin à une fièvre d’évolution (CAB International) chronique apparemment • CAB Abstracts Database isolée chez le cheval adulte - Conduite à tenir face à une fièvre aiguë isolée : approche pratique - Comment interpréter et - Le moment de l'insémination artificielle gérer une modificaiton ou l'insémination artificielle de la température corporelle du cheval post-ovulation pendant la période - Comment préparer péri-opératoire des doses de semence : - Attitude du praticien face - 1. Pour une insémination à une hyperthermie : en frais résultats d’une enquête 2. Pour une insémination épidémiologique - Observation clinique - en sperme réfrigéré sur place

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l ➜ Prix éditoria ❒ N°13 : Les ictères chez les équidés adultes

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Volume 11

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[1] - RCP Mépidor (16/11/2017). [2] - Dugdale, A. (2010). Local anaesthetics. In Veterinary anaesthesia. Edit. Wiley-Blackwell, Oxford UK, (pp.109-117).

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