EchoBio N°31 : graines et fruits secs, petits aux grandes vertus

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Actualités Planète Équitable et bio

doivent aller de pair

“La production bio s’inscrit dans les gènes du commerce équitable, c’est une évidence”, affirme Christophe Alliot, coordinateur du jeune réseau international de commerce équitable CAN. Ce réseau réunit 800 organisations de producteurs dans 70 pays (Asie, Amérique latine, Afrique) sous la bannière Fairtrade de Max Havelaar. “Les coopératives sont en symbiose avec ces valeurs, rapporte-t-il. Elles adoptent d’abord le système équitable, contenant déjà plus de 300 points de contrôles environnementaux, puis elles passent en bio. Par exemple, près de 80 % du café bio d’Amérique latine est en commerce équitable.” Cependant, cette démarche dépendrait d’abord des opportunités de marchés. En outre, certaines zones d’Afrique de l’ouest subsaharienne seraient plus difficiles à convertir à la bio, en raison du manque d’intrants naturels ou du peu d’élevages, utiles pour l’apport de fumure. Comme les OGM sont interdits par le commerce équitable, parfois des paysans quittent cette démarche pour en produire. Au Burkina Faso en particulier, le coton transgénique a envahi le pays sous la coupe de Monsanto. “Officiellement, on nous annonce 40 % de culture de coton OGM, mais il y en a forcément beaucoup plus avec les contaminations croisées”, estime Christophe Alliot. À noter que la Plate-Forme pour le Commerce Équitable (PFCE) a sorti son guide 2011, décrivant les systèmes de ses adhérents, comme Ecocert Équitable (associé à Bioéquitable), Main dans la Main ou Naturland Fair. www.commercequitable.org

La souveraineté alimentaire,

cheval de bataille de Via Campesina

Au lieu d’être dédié à la production de nourriture saine et d’être accessible à tous, le modèle agricole actuel, en Europe comme ailleurs, se concentre de plus en plus sur des productions de matières premières telles que les agrocarburants, l’alimentation animale et les plantations industrielles. D’où la disparition des petites exploitions, l’uniformisation de modes alimentaires plus risqués pour la santé, car pauvres en fruits, légumes et céréales complètes... et les risques de pénuries, qui entraînent une forte volatilité des prix… “Pourtant de nombreuses expériences et pratiques existent déjà ici et maintenant au niveau local, régional et européen, basées sur le concept de la souveraineté alimentaire. Elles en démontrent la faisabilité”, affirme Via Campesina, le mouvement international des paysans. Afin d’effectuer un pas supplémentaire vers cette souveraineté alimentaire, vitale pour chaque nation, un forum a réuni à Krems en Autriche, du 16 au 21 août 2011, plus de 400 personnes de 34 pays du continent européen, de l’Atlantique à l’Oural et au Caucase, de l’Arctique à la Méditerranée – ainsi que des représentants internationaux –, membres de divers mouvements sociaux et organisations de la société civile. Ce forum a adopté la Déclaration européenne pour la souveraineté alimentaire, qui “rappelle le droit des peuples à déterminer de façon démocratique leurs propres systèmes alimentaires et agricoles, dans le respect des humains et de l’environnement”, souligne Via Campesina dans son communiqué. www.viacampesina.org

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EchoBio

/ Septembre Octobre 2011

En Inde, Monsanto poursuivi pour biopiraterie Accusé d’avoir volé du matériel végétal autochtone afin de développer une variété génétiquement modifiée connue sous le nom “d’aubergine Bt”, le géant américain des semences Monsanto et son collaborateur indien, Mahyco, sont poursuivis en Inde, par l’Autorité Nationale de la Biodiversité (ANB). Pour la première fois, cet organe institutionnel, créé en vertu de la loi sur la Diversité biologique de 2002, a décidé d’engager une procédure judiciaire contre des sociétés privées. Utiliser du matériel végétal sans aucune autorisation à des fins commerciales est considéré comme un acte de biopiraterie. Toute violation de la loi sur la biodiversité est une infraction reconnue et passible de sanction ferme. L’Inde, qui abrite 7,8 % des espèces animales et végétales de la planète sur seulement 2,5 % des terres émergées, est très exposée aux risques de biopiraterie. Déjà en 1997, des paysans du nord du pays avaient violemment protesté contre le brevetage, par le semencier américain RiceTec, d’une variété de riz basmati appelée “kasmati”. Afin de disposer de tous les éléments nécessaires pour défendre son patrimoine, le gouvernement a démarré un projet pharaonique de recensement du savoir-faire en matière de médecine traditionnelle : 200 000 traitements – y compris les postures de yoga – ont déjà été répertoriés. Les traités anciens de médecine ayurvédique sont épluchés pour y recenser les vertus déjà éprouvées de fruits ou de plantes médicinales. Cette “bibliothèque numérique du savoir traditionnel”, riche de 30 millions de pages et traduite en cinq langues, a déjà permis d’annuler de nombreux brevets. www.combat-monsanto.org


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