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Alger comme ma poche

#6Alger, Alger la blanche, terre d’orient et pourtant si proche de l’occident, terre où s’entremêlent les cultures qui l’ont vue se construire. Car Alger s’est construit et s’est enrichi des apports de chaque peuplade qui y élut domicile. En se baladant dans ses rues baignées de soleil, et comme emportés par la brise méditerranéenne, on y découvre toute sorte d’architecture formant un ensemble harmonieux souriant à la mer qu’on va essayer de survoler dans ce « Alger comme ma poche ».

HÔTEL EL-AURASSI 2, avenue du Docteur Frantz Fanon Architecte : Luigi Moretti 1975

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Ce bâtiment-écran niché sur les hauteurs de la ville pourrait être surnommé « le roi de la baied’Alger » si les algérois ne l’appelaient pas, avec dérision, « le climatiseur d’Alger », faisant référenceà son horizontalité et à ses proportions similaires à un climatiseur domestique. L’hôtel Aurassi fait partie de cette architecture postcoloniale qui voyait grand. Impressionnant et rassurant à la fois, il s’impose comme un repère fort et tranquille dans le paysage algérois que les habitants affectionnent tant.

GRANDE POSTE Boulevard Khemisti-Mohamed, rue Larbi-Ben-M’hidi et rue Asselah Hocine Architectes : Jules Voinot et Marius Tondoire 1907-1910

La Grande Poste d’Alger est l’un des emblèmes de la ville tant l’édifice prend une place importante dans le paysage urbain. Aussi est-elle le porte-étendard de l’architecture néo-mauresque, si prisée au début de XXe siècle qu’elle a été bâtie sur l’une des portes des anciens remparts de la ville nouvelle. Elle marque, à elle seule donc, le passage de l’ancien Alger vers la nouvelle extension de la ville au sud. En Juillet 2015, des travaux sont entrepris à l’intérieur du bâtiment pour transformer la Grande poste en musée sur l’histoire de la poste et des télécommunications en Algérie et est classé monument historique.

DJAMAÂ EL-DJAZAÏR (GRANDE MOSQUEE D’ALGER) MOHAMMADIA Mohammadia Architectes : KSP Jürgen Engel Architekten, Krebs und Kiefer 2012-2019

Et si je vous disais qu’à Alger vous pourrez retrouver la troisième plus grande mosquée du monde dotée, du plus haut minaret marquant ainsi la baie de la ville? Ce projet, longtemps et toujours décrié, aura été l’un des chantiers majeurs de la gouvernance du président déchu. Cette mosquée se veut être l’un des emblèmes du pays en symbolisant la synergie des différents styles d’architecture des mosquées, reliant la modernité et le traditionnel, tout en abritant en son sein un musée d’art et d’histoire islamiques, un centre de recherches sur l’histoire de l’Algérie, une salle de conférences, de locaux commerciaux et des restaurants.

B I B L I O T H E Q U E MOULOUD FERAOUN Route Saïd Ouaguenoun Architecte : Larbi Merhoum 2004

En se baladant le long du boulevard Krim Belkacem, un tableau de Mondrian se dresse tout d’un coup, suscitant notre curiosité. Ce projet, assez ordinaire dans l’absolu, devient extraordinaire dans le contexte algérien dans lequel il s’insère avec un contraste désarmant posant ainsi la question du caractère déstabilisant et intellectuel de l’architecture dont Larbi Merhoum prône le côté « militant ».

MUSEE PUBLIC NATIONAL D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN D’ALGER, MAMA Rue Larbi-Ben-M’hidi Architecte : Henri Petit 1909-1914

L’extérieur de l’édifice présente des façades à grandes baies à arcs outrepassés, un luxueux décor decéramique de la travée d’angle ainsi que de la frise portant l’inscription « Galeries de France », des menuiseries de remplages et des avant-toits mauresques. Après l’indépendance de l’Algérie, l’immeuble est rebaptisé «Galeries algériennes» et garde la même affectation jusqu’à la faillite de l’entreprise publique gérant la structure, en 1988. Passé sous la coupe du Ministère de la Culture, l’édifice est transformé, en 2007, en Musée National d’Art Moderne et Contemporain d’Alger. C’est en 2008, suite à sa restauration et réaffectation par l’architecte Halim Faïdi, le bâtiment est classé monument historique.

AERO-HABITAT Parc Beyrouth, boulevard Krim Belkacem, Telemly

Architectes : Louis Miquel, Pierre Bourlier, José Ferrer-Laloë ( membres de la section CIAM d’Alger) 1952- 1955 Cet ensemble d’habitations moderne tiendrait son nom d’une compagnie aérienne qui l’a commandé pour y loger ses employés, son côté « aérien » s’avère d’autant plus frappant lorsqu’on observe son immeuble principal qui domine les flancs d’Alger comme un navire céleste. Construit par trois membres de la section CIAM d’Alger, on le prendrait aisément pour la Cité Radieuse de Le Corbusier. Il est vrai que les deux bâtiments partagent de nombreuses caractéristiques communes ; village vertical, rue intérieure, cellules traversantes à double orientation…etc. Mais ce qui distingue l’Aéro-Habitat de son cousin marseillais est son rapport à la ville ; l’implantation et la hauteur des immeubles ont été étudiées dans le but de ne pas gêner les constructions alentours et les priver de leur vue sur mer si chère aux algérois.

Aimen Laihem

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