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Histoire et Action
76 pays sont membres de la Francophonie et si l’on tient compte de l’évolution de la démographie en Afrique, cela veut dire que d’ici à cinquante ans, la population francophone dépassera les 2 milliards d’individus.
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Historique L’histoire de l’Université Virtuelle de Médecine du Sport a débuté en Afrique en 2008 à l’issue d’un congrès africain de médecine du sport, placé sous l’égide du CIO et la présidence du Dr Constant ROUX, professeur à Abidjan de chirurgie orthopédique pédiatrique et président de l’Union africaine de médecine du sport (UAMS). En effet, regrettant que le contenu scientifique de ce congrès auquel participaient 150 médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, moniteurs sportifs, reste confiné à cette seule audience, l’idée a germé d’utiliser les techniques actuelles qui permettent de faire des enseignements en ligne pour l’ensemble de l’Afrique. La thématique objet d’une première expérience, consista en une sensibilisation des sportifs de l’Afrique sub-saharienne aux problèmes de dopage. Dans cet objectif, une convention fut alors signée en 2010 entre le président de l’Union africaine de médecine du sport (UAMS) et le président de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) Cette formation devint au fil des mois, plus ambitieuse, car au-delà de la simple lutte contre le dopage, elle essaya de donner aux étudiants africains une vue plus élargie de la médecine du sport. L’enseignement s’étalait sur deux années, et débouchait sur une attestation d’études. Cette première session comprenait 90 % de médecins et 10 % de kinésithérapeutes ; 22 pays étaient représentés. A la fin de l’enseignement, en 2012, une quinzaine de médecins avait obtenu l’Attestation. L’étape suivante fut en 2011, la création de l’association, Université Virtuelle Francophone de Médecine du Sport (UVFMS). Parmi les membres fondateurs, on comptait Alain Calmat alors président du Comité français Pierre de Coubertin, François Delmotte à l’époque vice président du CROSIF, Stello Farenjis, secrétaire général du “Haut Conseil de la Francophonie”, le Docteur Jehan Lecocq, président de la “ Société française de médecine de l’exercice et du sport” (SFMES) et les Professeurs Daniel Rivière, Constant Roux et Michel Rieu. En 2013 une nouvelle étape fut franchie par la signature de la convention passée entre l’UVFMS et l’Université Senghor. En effet, cette université constitue, dans le cadre de la francophonie, l’un des trois opérateurs qui œuvrent dans le domaine de l’enseignement supérieur, les deux autres étant l’Agence Universitaire Francophone dont le siège est à la Sorbonne et a des antennes relais dans les principaux pays francophones et TV5 Monde. L’Université Senghor siège à Alexandrie. Présidée par un recteur nommé par la France, elle comprend quatre départements de formation : Culture, Environnement, Management, Santé et recrute les étudiants titulaires d’une licence, en Master 1 et Master 2. Les diplômes qu’elle distribue sont qualifiants pour l’ensemble du continent africain francophone. Le diplôme d’université (DU) organisé par l’UVFMS que l’Université Senghor a accepté d’agréer s’inscrit dans le cadre de la formation continue du département « Santé ».
Contexte sociétal dans lequel s’inscrit la formation Si l’on reprend la définition qui est donnée du sport par le Conseil de l’Europe : « toutes formes d’activité physique qui, après une participation organisée ou non, ont pour objectif l’expression ou l’amélioration de la condition physique et psychique, le développement des relations sociales ou l’obtention de résultats aux compétitions de tous niveaux», on conçoit bien que les activités sportives peuvent être à l’origine d’effets opposés, favorables ou néfastes, sur la santé A propos des critères favorables, rappelons que L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a émis un certain nombre de recommandations, notamment concernant la lutte contre la sédentarité
2ème Semestre 2019 qui représente le quatrième facteur de risques de décès dans le Monde. Or l’ensemble des données scientifiques démontrent que l’activité physique : - en termes de prévention primaire, réduit les risques d’apparition de l’hypertension artérielle, des cardiopathies coronariennes, des accidents vasculaires cérébraux, du diabète, de certains cancers. Elle améliore aussi l’état du tissu osseux, de même que les capacités fonctionnelles des personnes. - en termes de prévention tertiaire chez toutes les personnes atteintes d’une pathologie chronique réduit l’impact de la maladie sur la qualité voire la durée de vie en diminuant les complications et les récidives. Il convient donc de mettre en œuvre une stratégie ayant pour but de promouvoir l’activité physique chez le plus grand nombre d’individus. En ce sens, le sport peut, par la mise en jeu des capacités physiques et mentales qui sous-tendent sa pratique et par son caractère ludique qui assure une certaine pérennité de pratique, jouer un rôle essentiel dans cette démarche de santé publique. A l’opposé, le sport-compétition, notamment de “haut niveau” qui est soumis à de fortes pressions médiatiques et financières et qui pour y répondre fait appel à des techniques d’entraînement de plus en plus sophistiquées, peut être à l’origine de morbidités dues à des accidents, à des erreurs d’entraînement, au dopage, aux conditions d’exercice et à l’environnement.
Dans ces deux situations, la médecine est concernée Ainsi, dans le domaine du “Sport-Santé”, il s’avère nécessaire de former les médecins de manière que leurs préconisations d’activités physiques soient les plus pertinentes et précises possibles et, en même temps, les éducateurs sportifs pour les initier à l’accueil, inhabituel pour eux, des personnes atteintes de pathologies chroniques. Cette approche est d’une particulière actualité en France depuis que la loi du 26 janvier 2016 et les décrets qui ont suivi ont fait entrer la pratique sportive dans le cadre des prescriptions médicales. Mais la médecine du sport a aussi comme mission de protéger la santé du sportif, non seulement du sportif de haut niveau mais aussi de tout sportif car toute personne, qui fait une compétition et qui veut améliorer ses performances, est un sportif de haut niveau, en tout cas par rapport à lui-même, sinon par rapport aux autres.
C’est à ces deux objectifs que veut répondre la formation distribuée par l’UVFMS
La formation L’Université Virtuelle Francophone de Médecine du Sport se propose d’apporter aux professionnels de santé soucieux d’acquérir des connaissances complémentaires en médecine du sport, des ressources élaborées par les meilleurs spécialistes des sujets traités par l’utilisation d’une plateforme de formation en ligne, bien adaptée pour répondre à cet objectif. Ce DU est une formation d’une durée maximale de deux ans. Elle est réservée aux médecins qui exercent dans des pays francophones où il n’existe pas d’enseignement de la médecine du sport ou dans ceux où notre langue n’est pas de pratique courante. Elle constitue aussi une première approche lorsque l’isolement lié aux distances ne permet pas aux praticiens de bénéficier d’un enseignement local. En Afrique, c’est le lieu commun : de nombreux médecins, de kinésithérapeutes ou d’infirmiers sont extrêmement éloignés des centres de formation, et pourtant souhaitent se perfectionner dans un certain nombre de domaines, notamment dans celui de la médecine du sport. Il s’agit d’un parcours de formation qui permet la mise à disposition des apprenants, outre les cours d’enseignement, des documents annexes, des informations complémentaires, des publications, des mises à jour. Ce parcours, en plus, offre des outils qui vont permettre à l’enseignant de vérifier le temps passé par l’apprenant sur son cours, ainsi que la consultation ou non des documents annexes qui ont été mis à sa disposition. L’enseignement du D.U. comprend plusieurs modules: Physiologie; Médecine générale du sport; Sport/ Santé; Pathologie de l’appareil locomoteur et sport; Lutte contre le dopage. Chaque module est lui-même composé de plusieurs chapitres comprenant plusieurs
cours assortis de travaux dirigés; chacun de ces chapitres se conclut par un QCM d’auto-évaluation auquel l’étudiant doit répondre obligatoirement, sa réponse déterminant la mise à sa disposition d’une nouvelle série de cours composant un nouveau chapitre. Il y a donc un suivi permanent de l’effort que fait l’apprenant par rapport à la lecture. Lorsque tous les chapitres composant le module concerné ont été consultés, le module est alors soumis à une évaluation validante finale des connaissances. La validation de tous les modules débouche sur l’attribution du diplôme d’université délivré par l’Université Senghor et portant en outre les signatures des présidents de l’UAMS et de L’UVFMS. Trois promotions de médecins ont d’ores et déjà obtenu leur diplôme : La première dite promotion “Chailley-Bert” en 2014 : la seconde dite “Fernand Lagrange” en 2016 ; la troisième dite “André Latarjet” en 2018. C’est donc, au total, 45 médecins qui ont été formés depuis 2012 par le biais de notre enseignement en ligne. Actuellement 70 médecins couvrant 8 pays d’Afrique subsaharienne et du Maghreb sont inscrits dans la formation depuis janvier 2018 et en septembre 2019 va s’ouvrir une nouvelle session d’inscription.Simultanément, en 2018, demande a été faite par le Burkina Faso que l’UVFMS organise aussi une formation destinée aux éducateurs sportifs et aux infirmiers. Son but était de fournir à ces nouveaux apprenants un socle de formation ouvrant sur la connaissance des caractéristiques des principales pathologies chroniques, des risques encourus et des protections à prendre en fonction de l’état de la personne et des médicaments prescrits avant la reprise d’une activité physique, et enfin d’être informé des méthodes permettant d’assurer l’accueil des personnes, de vérifier leur état de santé, d’évaluer leur condition physique et de quantifier leur niveau de dépense énergétique physique. Cette action a été réalisée en 2018. L’enseignement d’une durée de six mois a débouché sur un « Certificat d’aptitude à la prévention des maladies chroniques par l’activité physique et sportive». Onze éducateurs sportifs de ce pays sont aujourd’hui titulaires de cette attestation d’étude. Perspectives Dans le domaine de la francophonie nous avons établi un certain nombre de relations conventionnelles notamment avec des Universités de Colombie, du Mali et de la République Démocratique du Congo. Au niveau de l’Afrique nous commençons à construire un réseau de correspondants qui vont contribuer à développer l’action de l’UVFMS dans leur pays respectifs. Choisis parmi nos anciens étudiants titulaires du diplôme, huit d’entre eux sont déjà à l’œuvre et représentent l’UVFMS auprès des autorités locales. A terme, nous avons la volonté de mettre en place un réseau de tuteurs africains recrutés parmi nos jeunes diplômés afin d’améliorer encore le suivi individualisé de nos apprenants.
Un des objectifs, maintenant en voie de réalisation, est de rendre cette formation accessible sur Smartphone. Enfin, le développement accru de démonstrations de travaux dirigés, voire de travaux pratiques, est en cours. Nous envisageons enfin, d’accroitre l’étendue de nos relations avec l’Université Senghor sur deux plans : - celui de l’enseignement en organisant un module optionnel « Sport et Santé » entrant dans le programme de formation de ses étudiants. - celui de la recherche, en développant une grande enquête comparée de quantification de l’activité physique et de la nutrition dans la population scolaire associant plusieurs universités africaines et d’Amérique latine (Colombie) avec la participation souhaitée de l’IRD.
En conclusion, l’UVFMS souhaite progressivement étendre son influence et assurer sa pérennité. Notre volonté est, dans ce but, d’adosser l’action formatrice de l’UVFMS aux sociétés savantes et, notamment, à la Société française de l’exercice et du sport et d’accroitre les relations qu’elle a déjà avec l’Union africaine de médecine du sport et par son intermédiaire avec les Universités africaines ayant en charge la formation des médecins.
Pr Michel Rieu Président de l’UVFMS