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De Tokyo 1940 à Tokyo 2020

Le Japon et les jeux Olympiques Le Comité Olympique Japonais est fondé en 1911. Il est reconnu par le Comité International Olympique en 1912. Jigoro KANO, fondateur du Judo, y fut le 1er délégué japonais.

A - Les Jeux de 1940 En 1936, Tokyo est chargée d’organiser, du 21 septembre au 6 octobre 1940, les Jeux de la XIIe Olympiade. Candidate dès 1931, c’est la première nation asiatique à accueillir les Jeux, et c’est un honneur pour le Japon qui s’investit dans leur réussite. Un concours d’affiches illustrant la fierté et l’engagement des Japonais dans cette manifestation est organisé. Un programme détaillé et rédigé en quatre langues (japonais, anglais, français et allemand) est établi. Mais en 1938, malgré la construction très avancée des installations, le Japon doit renoncer en raison du déclenchement de la seconde guerre sino-japonaise. Le stade, déjà existant, va servir pour les cérémonies de départ des étudiants à la guerre. Déplacés à Helsinki, ces jeux Olympiques de 1940 sont annulés à cause de la Seconde Guerre mondiale. À la reprise de cet événement en 1948 à Londres, le Japon et l’Allemagne sont privés du droit de participation.

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B - Les jeux de 1964 Au cours de la 55e session du 26 mai 1959 à Munich, le Comité International Olympique confie, à nouveau, l’organisation des Jeux d’été, du 10 au 24 octobre 1964, à la ville de Tokyo. C’est une reconnaissance pour les Japonais qui retrouvent au travers de cet évènement une fierté nationale. Les dirigeants japonais veulent montrer au monde que leur pays s’est relevé de la guerre et décident d’investir d’énormes capitaux dans la construction d’installations sportives ultra-modernes.

Le 10 octobre 1964, au stade olympique de Tokyo, devant 90 000 spectateurs, l’Empereur HIROHITO déclare l’ouverture officielle de la XVIIIe Olympiade. C’est la première fois que le continent asiatique accueille les Jeux, 93 nations sont présentes. La cérémonie se poursuit par un lâcher de 12.000 ballons multicolores, et par l’envolée de 8000 pigeons, tandis que les cinq anneaux olympiques sont dessinés dans le ciel par cinq avions des forces aériennes japonaises.

Le dernier relayeur de la flamme olympique est Yoshinori SAKAI, né le 6 août 1945 à Hiroshima, le jour du bombardement atomique de cette ville. Ce 10 octobre sera « jour de sport » et férié jusqu’en 1999. Aujourd’hui c’est le deuxième lundi d’octobre.

Symbole du dynamisme économique et de l’esprit d’innovation technologique qui anime ce pays, le Shinkansen est inauguré 10 jours avant les Jeux. C’est un

De Tokyo 1940 à Tokyo 2020 via Tokyo 1964

par Michel Merckel

succès immédiat. Le Japon est le premier pays à se doter de voies réservées pour trains à grande vitesse et son « TGV » établit un record du monde de vitesse à 240 km/h. Ces jeux Olympiques sont une réussite. Si 2 millions de billets d’entrée sont vendus, le monde entier va suivre pour la première fois, grâce à la télévision, les exploits sportifs en direct. Deux nouvelles disciplines font leur apparition : le Judo et le Volley-Ball.

C - Les Jeux de 2020 Le 7 septembre 2012, à l’occasion de sa 125e session à Buenos Aires, le Comité International Olympique confie l’organisation des Jeux de la XXXIIe Olympiade et les XVIe Jeux paralympiques à Tokyo. Ils se dérouleront du 24 juillet au 9 août 2020 et du 25 août au 6 septembre 2020. Après les Jeux d’été de 1964 et en comptant ceux d’hiver de 1972 à Sapporo et de 1998 à Nagano, ce seront les quatrièmes Jeux à être accueillis par les Japonais.

Si les Jeux de 1964 avaient radicalement transformé le pays d’après les organisateurs, ceux de 2020 seront « les plus innovants jamais organisés et reposeront sur trois principes fondamentaux pour transformer le monde : faire de son mieux, s’accepter les uns les autres, transmettre aux générations futures». Les épreuves se tiendront sur la presqu’île de Harumi et entre Tsukishima et Odaiba. Le choix de ces lieux n’est pas dû au hasard, car ils sont protégés contre les tsunamis et, en cas de séisme, les bâtiments, construits selon des normes antisismiques strictes, tiendront le choc. Le logo choisi est bleu indigo, bleu typique du Japon et le motif à damier est une référence historique à Sanogawa ICHIMATSU, un acteur de Kabuki de la période d’Edo. Ce logo représente « l’unité dans la diversité ». S’inscrivant dans l’esprit des réformes préconisées par le cahier des charges olympique 2020, ces Jeux utiliseront au maximum les sites de compétition existants, notamment ceux édifiés pour les Jeux de 1964. Le stade national de Tokyo, le Nippon Budokkan pour le judo, le Parc Baji Koen pour l’équitation et le gymnase national de Yoyogi seront complètement repensés.

D - Avec pour credo « découvrir demain » Ces Jeux sont une opportunité pour le pays de montrer au monde entier son avancée en matière de robotique et de technologie. Par sa culture et son savoir-faire, le Japon compte bien étonner le monde et offrir aux athlètes comme aux spectateurs une expérience unique.

Au niveau des nombreuses avancées technologiques, concernant les transports, un système de taxis sans chauffeur est actuellement à l’essai et devrait être opérationnel pour 2020. Il suffira de monter à bord du véhicule et de se laisser guider jusqu’à la destination choisie. Pour répondre au Shinkansen de 1964, un train à sustentation électromagnétique se déplaçant à plus de 600 km/h est à l’étude. Le défi le plus important reste le

JO de 2020: “faire de son mieux, s’accepter les uns les autres, transmettre aux générations futures”

Village Robot qui sera situé à Odaiba. Un village dans lequel les visiteurs pourront avoir un avant-goût d’une société nouvelle, futuriste, où les robots seront au service des humains afin de les assister dans leur quotidien.

E - Les coûts de l’organisation C’est un investissement colossal que de prendre en charge de telles organisations. Tokyo, lors de sa candidature, avait avancé le chiffre de 730 milliards de yens (soit plus de 6 milliards d’euros), mais les experts tablent aujourd’hui sur un chiffre compris entre 1600 et 1800 milliards de yens (soit environ 14 milliards d’euros).

F - Le Japon traditionnel et moderne La culture japonaise doit sa particularité à ses us et coutumes ancestrales omniprésentes dans la vie quotidienne. Au Japon, l’ancien et le moderne cohabitent. Pays de forte tradition culturelle, c’est le lieu de naissance de nombreux sports de combat qui jouissent toujours dans l’archipel d’une grande popularité. Avec les différents arts martiaux qu’il a exportés, il a contribué à élargir mondialement l’audience de plusieurs sports importants comme le judo, le karaté, le ju-jistu et l’aikido ou encore le kendo. Sans perdre sa propre culture, le Japon reste très ouvert aux sports venus d’ailleurs.

Si le sumô reste le sport national traditionnel, le baseball est le sport moderne le plus pratiqué et toutes les raisons sont bonnes pour s’y adonner. À l’exemple du tournoi des Lycéens, disputé pendant le mois d’août, un nombre impressionnant de matchs s’enchaînent et tout le pays suit cette compétition avec passion. Mais les enfants pratiquent assidûment d’autres activités comme le foot, le basket, le rugby, le volley, le handball, tandis que les adultes se tournent vers le golf. Pour gérer au mieux les espaces d’entraînements, de nombreux toits d’immeubles sont aménagés en terrain de «practice»! Considéré comme un moyen fondamental d’éducation, le sport a une importance capitale au Japon.

Un palmarès élogieux En 21 participations aux Jeux d’été le Japon a remporté 398 médailles, plus 37 aux 20 Jeux d’hiver soit un total de 435 médailles olympiques. Elles se répartissent en 140 d’or, 137 d’argent et 158 de bronze. La gymnastique, le judo, la lutte et la natation sont les sports qui ont rapporté le plus de récompenses aux sportifs japonais. Si les champions sont très populaires, certains, par leurs résultats et leur charisme, bénéficient d’un prestige exceptionnel.

En attendant que la flamme illumine Tokyo… Avec ce défi de montrer au monde sa maîtrise technologique et sa fiabilité économique, le Japon a ouvert un chantier énorme. Riche de sa culture ancestrale profondément ancrée dans l’esprit du peuple japonais, le pays dispose de très nombreux atouts pour mener à bien ce moment de communion universelle. La vitrine qu’offrent les Jeux sera l’occasion pour le monde entier de découvrir ce pays qui a su jusqu’ici garder un équilibre parfait entre sa tradition et la modernité. Nul doute que la flamme olympique brillera à Tokyo à partir du 24 juillet 2020 !

Michel MERCKEL

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