Columbia Avril 2008

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CHEVALIERS DE COLOMB — ÉDITION FRANÇAISE

AU SERVICE DE UN. AU SERVICE DE TOUS.

AVRIL 2008


« Nos valeurs fondamentales guident toutes nos pratiques. » Pendant plus de 125 ans, nos valeurs fondamentales ont été enracinées dans notre identité comme organisme familial et fraternel catholique. Depuis le jour où nous avons remis nos premières prestations de décès de 970 $, en 1885, jusqu’aux prestations de 205 millions $ remises l’an dernier, nos principes n’ont pas changé. Nous avons toujours comme objectif d’assurer le bien-être financier des Chevaliers et de leurs familles, c’est pourquoi nos valeurs fondamentales guident toutes nos pratiques. L’Insurance Marketplace Standards Association cite les Chevaliers de Colomb comme un des chefs de file en éthique des pratiques de vente et de mise en marché. L’association estime que notre code d’éthique de mise en marché, fondé sur les dix commandements, se classe parmi les meilleures lignes de conduite de l’industrie. Nous avons comme politique de n’investir aucun montant de notre actif de 14 milliards $ dans aucune entreprise impliquée dans l’avortement ou la pornographie, ou encore d’autres pratiques qui contreviennent à l’enseignement catholique. Nous avons réussi, année après année, à obtenir invariablement une forte marge de profits sans avoir recours à de telles pratiques. Il en résulte que nous pouvons vous fournir à vous et votre famille une excellente base financière qui garantit votre avenir, tout en sauvegardant notre engagement de nous conformer aux normes morales et éthiques des plus élevées. Voilà notre engagement à votre égard.

Carl A. Anderson, Chevalier suprême

U N D E S AVA N TA G E S D E L A F R AT E R N I T É

ASSURANCE VIE

SOINS DE LONGUE DURÉE

R E N T E S V I A G E` R E S


Un numéro spécial de Columbia accueuillant le pape Benoît

Columbia

XVI aux États-Unis, avec des réflexions sur son ministère et son message.

AVRIL 2008

H YM N E D ’O U V E RT U R E 2

VOLUME 88

NOMBRE 4

Écouter, lire, célébrer PAR TIM S. HICKEY

CONSTRUIRE UN MONDE MEILLEUR En la personne du pape Benoît XVI, nous est présenté un modèle de vie chrétienne dans le nouveau millenaire.

CNS PHOTO/MAX ROSSI, REUTERS

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PAR CARL A. ANDERSON, LE CHEVALIER SUPRÊME

L’ORDRE EN IMAGES 48 Solidaires de l’Église BIENVENUE, SAINT-PÈRE! Les Chevaliers de Colomb devraient jouer un rôle de premier plan dans l’accueil que les États-Unis réserveront au pape Benoît XVI. PAR MGR WILLIAM LORI, L’AUMÔNIER SUPRÊME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

UNE CULTURE DE DIALOGUE Pour le pape, le dialogue doit être fondé sur la verite.

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PAR L’ABBÉ BERNARD O’CONNOR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PLUS L’homme catholique du mois, Les intentions du

RECONNAISSANCE ET COOPÉRATION Le pape s’est

Saint-Père et Votre plan d’action spirituelle

spécialement engagé à promouvoir les relations

IL NOUS APPORTE LE CHRIST C’est le cœur rempli de foi et d’enthousiasme que nous accueillons à notre SaintPère. PAR DONALD W. WUERL, L’ARCHEVÊQUE DE WASHINGTON. . . . . . . . . . . 6

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entre le catholicisme et le judaïsme. PAR LE RABBIN DAVID ROSEN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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UNE PLATE-FORME MORALE Plus que des puissants qui EMBRASSER LE MONDE ENTIER DE SON AMOUR La visite du pape Benoît aux États-Unis sera pour lui une occasion d’enseigner aux 70 millones Catholiques du pays. PAR JOHN L. ALLEN JR. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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VIVRE LES VÉRITÉS DE SON NOM Benoît: Un nom puissant gratifié d’une histoire aussi puissante. PAR CARMEN ACEVEDO BUTCHER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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jouent sur la scène politique, en ce qui concerne les difficultés du monde et de son potentiel, les papes parlent un langage moral universel.

PAR LESLEY RICE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Unis n’est qu’un parmi plusieurs événements majeurs de l’Église qui sont focalisés sur le renouveau de

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histoire des relations diplomatiques des États-Unis avec

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UN PAPE D’ESPÉRANCE ET D’AMOUR Les premier deux encycliques du pape Benoît XVI nous enseignent les fondements de la moralité chrétienne. PAR CARL A. ANDERSON, LE CHEVALIER SUPRÊME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PAR ROBERT MOYNIHAN . . . . . . . . . . . . . . . .

PARTENAIRES POUR LA LIBERTÉ, LA JUSTICE ET LA PAIX Une

L’ÉVANGILE DE LA FAMILLE Le premier moyen que Dieu prend pour rencontrer l’humanité c’est la famille. PAR DAVID S. CRAWFORD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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A L’ HORIZON La visite du pape Benoît XVI aux États-

l’Église en Jésus-Christ. RENDRE DIEU CRÉDIBLE Les enseignements du pape Benoît rejettent le relativisme et réaffirment le bienfondé de la foi.

PAR GEORGE WEIGEL. . . . . . . . . . . . . .

le Vatican. PAR JIM NICHOLSON . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

PLUS LE VIE ET LE MINISTÈRE DU PAPE BENOÎT XVI . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 PAGES SPÉCIALES DÉTACHABLES Des cita-

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REDÉCOUVRIR JÉSUS Le pontificat du pape Benoît est de plus en plus centré sur la compréhension de la personne du Christ. PAR L’ABBÉ RAYMOND J. DE SOUZA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

tions et des photos des 36 premiers mois du pontificat de Benoît XVI. . . . . 22

D’après ses propres paroles

BIEN CHER SAINT PÈRE Le dynamisme de la vie intellectuelle et spirituelle à plusieurs collèges et univer-

LE PAPE ET LE MESSE Au cœur d’un pontificat marqué par le renouveau eucharistique, le pape prend comme point de mire «la source et le sommet» de la vie catholique. PAR LE PÈRE FATHER JOSEPH FESSIO, S.J. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

sités américaines est capturé dans ces lettres adressées au papa Benoît XVI par les présidents de ces institutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35


HYMNE D’OUVERTURE

Chevaliers de Colomb Éditeurs

Écouter, lire, célébrer couter» est le premier mot de la Règle de Saint Benoît. Comme nous nous préparons à suivre le pape Benoît XVl au cours de son périple apostolique des ÉtatsUnis, c’est un bon conseil à suivre. Du 15 au 20 avril, dans le déroulement d’événements allant de messes de TIM S. HICKEY grande ampleur en plein air à Washington, District of Columbia, et New York, à de multiples petites rencontres avec les évêques des États-Unis, avec des séminaristes, des éducateurs catholiques et des jeunes gens, le pape fera ce qu’il fait depuis son élection il y a déjà trois ans ce mois-ci. Dans son homélie inaugurale, le pape Benoît XVl a dit : «Mon programme de gouvernance n’est pas d’accomplir ma propre volonté, ni de poursuivre mes propres idées, mais plutôt d’écouter avec l’Église entière la parole et la volonté du Seigneur, et d’être guidé par lui afin que ce soit lui qui dirige l’Église en ce moment de l’histoire». Tout en étant à l’écoute de la parole du Seigneur, le pape Benoît a parlé et il a agi. Ce numéro spécial de Columbia est consacré à «Son ministère et son message». Dans plus d’une douzaine d’articles nous soulignons ce que le pape a dit et enseigné jusqu’à aujourd’hui, et sur ce que nous croyons qu’il dira au cours de sa visite aux ÉtatsUnis. Des analystes rodés du Vatican, ce qui comprend George Weigel, John L. Allen, fils, et Robert Moynihan, comme l’a fait le Jésuite Joseph Fessio de Ignatius Press, l’éditeur du pape, ont aussi contribué leurs idées pour ce numéro. Par ailleurs, le Rabbin David Rosen, qui a été fait Chevalier Commandeur de l’Ordre de SaintGrégoire le Grand par le pape Benoît, aborde le sujet des relations du Saint Père avec le peuple Juif. Le Père Bernard O’Connor de la Congrégation du Vatican pour les Églises orientales s’intéresse à l’importance du dialogue pour faire avancer la compréhension

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entre les Catholiques et les personnes des autres religions. Le Père Raymond J. de Souza écrit au sujet d’un thème qui est au cœur même du pontificat de Benoît XVl : la Personne de Jésus-Christ. Lesley Price et le Dr David Crawford, des érudits de l’Institut pontifical Jean Paul ll pour les études sur le mariage et la famille à Washington, abordent deux aspects cruciaux des enseignements du pape Benoît : le relativisme et la primauté de la famille. Le chevalier suprême Carl A. Anderson intervient lui aussi avec une réflexion sur les deux encycliques du Saint Père. Enfin, l’ancien ambassadeur auprès du Vatican, Jim Nicholson, un frère chevalier, fait une revue de l’histoire des relations diplomatiques entre le Saint Siège et les États-Unis, incluant un chapitre de notre propre histoire. Au cœur littéral et symbolique du présent numéro de Columbia, on trouve une section spéciale qui contient les paroles du pape Benoît XVl. Nous avons revu plus de trois années des enseignements du pape pour en choisir des citations brèves mais révélatrices de ses Angélus, de ses messages de Noël et du Jour de l’an, de ses homélies et de ses écrits. Chacune d’elles, d’avril 2005 à aujourd’hui, est accompagnée d’une belle image du Saint Père. Écouter, lire et célébrer est le mot d’ordre pour la visite du pape Benoît. Écouter attentivement les paroles qu’il adressera. Lire attentivement le présent numéro de Columbia et les textes de ses discours. Finalement, célébrer le leadership pastoral visionnaire du pape. Et, le 16 avril, joignez-vous à moi et à tous les frères chevaliers pour lever un verre (ou deux) de bière — la boisson préférée du pays natal du pape — à la santé du pape benoît XVI pour célébrer son 81e anniversaire de naissance. Bienvenue, Saint Père. Ad multos annos! ■

Administrateurs suprêmes Carl A. Anderson Chevalier Suprême

Mgr. William E. Lori, S.T.D. Aumônier suprême

Dennis A. Savoie Député Chevalier suprême

Donald R. Kehoe Secrétaire Suprême

John “Jack” W. O’Reilly Jr. Trésorier suprême

Paul R. Devin Avocat Suprême

Rédaction Tim S. Hickey, Rédacteur en chef 203-752-4303 tim.hickey@kofc.org Alton J. Pelowski, Coordonnateur 203-752-4562 alton.pelowski@kofc.org Patrick Scalisi, Rédacteur en chef adjoint 203-752-4485 patrick.scalisi@kofc.org Arthur F. Hinckley Jr. Directeur artistique

Marc Chapleau, Gérard Brunelle et Raymond Braün Traduction L’abbé Michael J. McGivney (1852-90), Apôtre de la jeunesse, protecteur de la vie familiale et fondateur des Chevaliers de Colomb, intercédez pour nous.

Pour communiquer avec nous PAR LA POSTE Columbia, 1 Columbus Plaza, New Haven, CT 06510-3326 USA

TÉLÉPHONE: 203-752-4398 TÉLÉCOPIEUR: 203-752-4109 COURRIEL: columbia@kofc.org SERVICE À LA CLIENTÈLE: 1-800-380-9995 NOTRE SITE INTERNET: www.kofc.org SI VOUS DÉMÉNAGEZ Prévenez votre conseil. Envoyez votre nouvelle adresse et votre étiquette adresse à: Knights of Columbus, Dept. of Membership Records, PO Box 1670, New Haven, CT 06507-0901, ou par courriel à columbia@kofc.org

En page couverture Tableau du pape Benoît XVI avec un livre illustrant la parabole du bon Samaritain.

COVER: PAINTING BY ANTONELLA CAPPUCCIO © KNIGHTS OF COLUMBUS


CONSTRUIRE UN MONDE MEILLEUR PAR CARL A. ANDERSON, CHEVALIER SUPRÊME

Le pape des Béatitudes Le pape Benoît XVI nous propose un modèle pour l’avenir de l’Église ALORS QUE L’AN 2000 approchait, plusieurs se sont préparés à survivre à l’implosion de l’époque électronique, craignant que le nouveau millénaire ne s’accompagne d’un effondrement du réseau informatique mondial. Mais pour les chrétiens, il s’agissait plutôt d’un moment béni qui allait nous faire entrer de plain-pied dans le troisième millénaire de l’ère chrétienne et dans ce que le pape Jean-Paul II avait qualifié de «nouveau printemps de l’Évangile». Nous avons depuis franchi ce pas important et accueilli Benoît XVI — le pape du nouveau millénaire. Si nous vivons présentement le début d’un nouveau printemps pour le christianisme, quel genre de pape, pourrions-nous demander, avons-nous pour nous guider et nous diriger ? Alors que nous nous préparons à célébrer le troisième anniversaire du pontificat de Benoît XVI, celui-ci nous a déjà laissé beaucoup de matière à réflexion à ce sujet — y compris grâce à ses voyages en Allemagne, en Pologne, en Espagne, en Turquie et au Brésil, ainsi que ses deux encycliques et son livre. Et bientôt, sa visite aux États-Unis inaugurera un autre chapitre de son ministère. Déjà, nous avons conscience d’avoir devant nous un homme remarquable et un leader mondial — un homme constamment décrit en termes de simplicité, d’humilité, de gentillesse, de douceur et de joie. Effectivement, plus nous en apprenons sur Benoît XVI, plus nous reviennent en mémoire les Béatitudes prêchées par le Christ POPE: COURTESY L’OSSERVATORE ROMANO

lors de son Sermon sur la montagne (voir Mt 5.3-12) : Heureux les pauvres de cœur, les doux, ceux qui ont faim et soif de la justice, les miséricordieux, les cœurs purs et les artisans de paix. Et, finalement, «Soyez dans la joie détresse des pauvres et des soufet l’allégresse». Est-il exagéré de frants. penser qu’il nous a été donné Nous percevons également «un pape des Béatitudes» pour dans le ministère pastoral du diriger l’Église dans le nouveau Saint-Père l’ardente exhortation du millénaire ? Christ, à la fin des Le Catéchisme de En la personne Béatitudes : «Vous l’Église catholique nous la lumière du du pape Benoît êtes rappelle que les monde […] que votre Béatitudes sont «au XVI, nous est lumière brille aux cœur» des enseignements yeux des hommes de Jésus, qu’elles nous en présenté un pour qu’en voyant vos révèlent le «visage» et la actions, ils modèle de vie bonnes charité, et qu’elles soutirendent gloire à votre ennent l’espérance chréti- chrétienne dns Père qui est aux enne (1717). On ne doit cieux» (Mt 5.14-16). donc pas s’étonner que les le nouveau Ainsi, en la personne deux premières encydu pape Benoît XVI, millénaire cliques de Benoît XVI, nous est présenté un Deus Caritas Est (Dieu modèle de vie chrétiest amour) et Spe Salvi (Sur l’eenne dans le nouveau millénaire. spérance chrétienne), explorent Un modèle qui en est également notre compréhension de Dieu à un pour l’avenir même de l’Église travers les thèmes de l’amour, de et qui marque le retour aux fondela charité et de l’espérance. ments du message évangélique. Les Béatitudes exposent égaleLes Béatitudes parlent du poument une profonde déclaration voir transformateur qu’a l’Évangile morale, laquelle, à l’époque de dans la vie des croyants et dans Jésus, ne pouvait être comprise celle du monde aussi. Ce pouvoir qu’en tant que répudiation des brille de tous ses feux dans la vie valeurs traditionnelles liées à la et le ministère de Benoît XVI. richesse, au statut, au pouvoir, à Espérons que par suite de sa visite l’épanouissement personnel et au aux États-Unis, ce pouvoir bonheur. Nous voyons ici, reflété resplendira avec encore plus d’éclat dans le pontificat de Benoît XVI, à travers les Amériques et le une préoccupation pour les effets monde entier. déshumanisants de notre culture Vivat Jesus! laïque moderne axée sur la consommation et le progrès matériel, lesquels ignorent trop souvent la c o l u m b i a /a v r i l 2 0 0 8 3


Bienvenue, Saint-Père! Les Chevaliers de Colomb devraient jouer un rôle de premier plan dans l’accueil que les États-Unis réserveront au pape Benoît XVI PAR MGR WILLIAM E. LORI, L’AUMÔNIER SUPRÊME

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travers le monde. Il nous a d’ailleurs remercié pour ce qu’il a qualifié de la «grande armée» de loyaux Chevaliers. Le Chevalier suprême et moi avons également eu le privilège de discuter avec le Saint-Père de sa venue prochaine aux États-Unis. Alors que nous pensions qu’il allait nous accorder seulement quelques instants d’entretien, il nous consacra finalement presque 20 minutes. Il s’est montré sincèrement intéressé par ce que nous avions à lui communiquer. C’est un homme d’une grande intelligence, qui écoute avec le cœur d’un doux berger.

omme les fidèles lecteurs de ce message le savent déjà, nous UNE BÉNÉDICTION POUR L’ÉGLISE nous consacrons depuis quelque Du 15 au 19 avril, les États-Unis temps à la présentaaccueilleront une personne tion systématique du qui, à tous égards, est énorméCompendium de ment accomplie et possède l’Église catholique. une abondance de traits et de Mais, comme de cervertus humaines admirables, y taines chaînes téléviscompris le courage personnel sion qui lancent d’être une voix dominante soudain un «Nous prêchant la foi et la raison interrompons notre dans le monde d’aujourd’hui. programmation Cela dit, nous accueillons plus MGR WILLIAM E. LORI, régulière pour un qu’un grand homme. Nous L’AUMÔNIER SUPRÊME important message…», accueillons le vicaire du je vais moi-même Christ et devrions dès lors interrompre le flot de mes présentaréfléchir un peu à cette charge que tions afin de pouvoir ajouter ma voix lui a confiée le Saint-Esprit. aux vôtres et accueillir notre SaintNous pourrions par exemple comPère, Benoît XVI, pour sa venue aux mencer par nous demander d’où États-Unis. proviennent véritablement la misJuste avant Noël, j’ai accompagné sion et les responsabilités que le pape notre Chevalier suprême au Vatican, s’est vu confier. La réponse, tout simoù nous avons eu le privilège de renplement, est : du Christ. Au début de contrer le pape. Le Saint-Père nous a sa vie publique, le Christ a choisi des accueilli chaleureusement, il a parlé apôtres. Il les a formés puis les a anglais avec aisance et il a montré, envoyés dans le monde afin de pourencore là avec une aisance très suivre sa mission. Les Écritures étabnaturelle, combien il connaissait lissent clairement que saint Pierre bien avec l’esprit, la réputation et était le leader des Douze Apôtres, l’œuvre des Chevaliers de Colomb à une préséance reconnue par les 11

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autres tant durant la vie du Christ sur terre qu’après sa mort et sa résurrection. Au cours des siècles, la compréhension de l’Église quant au rôle du pape s’est développée. Fidèles à la tradition, tant Vatican I (1869-70) que Vatican II (1963-65) expliquent que «le Pape, Évêque de Rome et successeur de saint Pierre, est principe perpétuel et visible, et fondement de l’unité de l’Église. Il est le vicaire du Christ, la Tête du collège des Évêques et le pasteur de toute l’Église, sur laquelle il a, par institution divine, un pouvoir plénier, suprême, immédiat et universel» (Compendium du catéchisme de l’Église catholique, 182). Voilà toute une description de tâche ! Quelques mots d’explication ne nuiraient certainement pas. LE TRAVAIL DU PAPE Premièrement, le pape est l’évêque de Rome. Révérée en tant que lieu où Pierre et Paul ont sacrifié leurs vies pour Jésus-Christ, Rome est devenue le siège principal (diocèse). Aujourd’hui, par un vicaire général (le cardinal Camillo Ruini), le pape Benoît XVI voit aux besoins pastoraux de cette ville, à la fois ancienne et moderne, et de ses alentours. Aussi souvent que possible, il visite les paroisses de Rome et rencontre le clergé romain. À titre de successeur de saint Pierre, le pape donne suite au mandat donné à Pierre par le Christ, un mandat qui s’étendra jusqu’à la fin des temps — à savoir, être «le principe perpétuel et visible ainsi que le fondement de l’unité de l’Église». Jésus a fait de Pierre le leader visible des apôtres et lui a dit: «Quand tu seras revenu, affermis tes frères» (cf. Luc 22.32). Jusqu’à la fin des temps, le Seigneur continuera à fournir un pasteur universel pour son Église. Et il donnera à ce pasteur le pouvoir d’encourager l’unité de l’Église — «un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême» (Ep 4.5). Pour remplir cette mission, le Seigneur a donné au pape «un pouvoir plénier, suprême, immédiat et universel». Comme l’enseigne Vatican II, «[…] C’est Simon que le Seigneur a établi comme rocher et w w w. ko f c .o r g


porteur des clefs de l’Église (Mt 16.18-19) et qu’il a fait pasteur de tout son troupeau (Jn 21.15)» (Lumen Gentium, 22). Cela signifie que le pape peut intervenir dans les diocèses à travers le monde et se réserver certains sujets pour le bien de l’Église entière. Soulignons qu’il s’acquitte de sa mission principalement en enseignant la foi — parfois à l’aide de moyens exceptionnels (conciles œcuméniques, définitions solennelles), mais le plus souvent par le truchement de lettres encycliques, d’exhortations ou dans le cadre de ses audiences du mercredi. C’est en voyant la foi proclamée et enseignée que les gens sont incités à prier et à partager la vie sacramentelle de l’Église. C’est sur la base même de cette foi que l’Église est gouvernée. L’enseignement du pape sur les

questions de foi et de morale fait autorité, non pas en vertu de ses qualités personnelles, mais bien en raison du poste qu’il occupe. Il est doté du don de «sûr charisme de vérité» grâce auquel il peut défendre et promouvoir tout ce que Dieu a révélé. Tant Vatican I que Vatican II enseignent que «lorsque le pape, mettant à profit son autorité pleine et entière à titre de pasteur et d’éducateur de tous les chrétiens, définit ou établit précisément des doctrines sur la foi et la morale, et qu’il les présente en tant que doctrines devant être tenues pour véridiques aux yeux de toute l’Église, alors, grâce à l’assistance divine promise à saint Pierre, il enseigne avec cette infaillibilité que le Christ a voulue pour son Église» (tiré de The Gift of Faith, archevêque Donald E. Wuerl et collaborateurs, Our Sunday Visitor, 2001).

L’homme catholique du mois Saint Marc, l’évangéliste (mort 67) Fête : 25 avril

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aint Marc était membre de la première communauté chrétienne de Jérusalem. Il a travaillé au côté de saint Pierre, prêchant l’Évangile à Rome avant de le diffuser à Venise et Alexandrie, où il fut martyrisé. Marc est appelé évangéliste parce qu’il a écrit le premier des quatre comptes-rendus évangéliques, tout en ayant prêché l’Évangile partout où

il allait. De la même manière, nous sommes appelés à proclamer l’Évangile en parole et en fait. On croit que le «jeune homme» de l’Évangile qui s’enfuit, lorsque Jésus est arrêté, est Marc lui-même (cf. Mc 14.51-52). Comme les exemples laissés par les saints nous le rappellent, nous sommes dirigés vers

Mais le pape, bien entendu, ne supervise pas l’Église seul. Il est le successeur de saint Pierre tout comme les évêques à travers le monde sont les successeurs des apôtres. Lorsque nous pensons aux évêques en tant que groupe, nous parlons du «collège» des évêques. Ce collège assiste le pape dans le gouvernement suprême de l’Église. Comme l’a statué le concile Vatican II, «[…] Saint Pierre et les autres Apôtres constituent, par ordre du Seigneur, un seul Collège apostolique, et le Pontife romain, successeur de Pierre, et les évêques, successeurs des Apôtres, sont unis entre eux» (Lumen Gentium, 22). Collectivement, les évêques unis avec le successeur de Pierre doivent prendre soin de l’Église entière. Le

le Christ et l’espoir de la gloire future en raison de la grâce divine, de la miséricorde divine ainsi que du don de la persévérance. Dans la tradition catholique, saint Marc est désigné comme l’«interprète» de saint Pierre. Dans sa première épître, Pierre fait référence à Marc en tant que «mon fils» (1 P 5.13). Nous pouvons nous aussi, en toute confiance, considérer le successeur actuel de saint Pierre, le pape Benoît XVI, comme son fils spirituel.

Intentions du Saint-Père Offertes en solidarité avec le pape Benoît XVI ➢➢ Générale — La Résurrection du Christ, source d’espérance et de paix.-Pour que les chrétiens, même dans les situations difficiles et complexes pour la société actuelle, ne se lassent pas de proclamer par leur vie que la Résurrection du Christ est source d’espérance et de paix. ➢➢ Missionnaire — Les futurs prêtres des jeunes Eglises.-Pour que les futurs prêtres des jeunes Eglises soient de mieux en mieux formés sur les plans culturel et spirituel à l’évangélisation de leurs nations et du monde entier. POPE: CNS PHOTO/L’OSSERVATORE ROMANO VIA REUTERS ST. MARK: RÉUNION DES MUSÉES NATIONAUX/ART RESOURCE, N.Y.

(Suite à la page 6)

L’image de saint Marc est souvent associée à celle d’un lion, symbolisant le pouvoir et la royauté du Christ. Suivant l’exemple de Marc, cherchons nous aussi à devenir de vrais disciples du Christ. Accueillons et adorons Jésus dans l’Eucharistie, lui permettant ainsi de nous fortifier alors que nous vivons et partageons l’Évangile.

VOTRE PLAN D’ACTION SPIRITUELLE Visiter les malades ésus a guéri les malades et consolé les affligés. Nous pouvons grandir dans la foi et la confiance en visitant nous aussi les malades, en prêtant l’oreille à leur sagesse et en tirant des leçons de leurs souffrances. Avez-vous trouvé récemment une occasion de répondre aux besoins de nos frères et sœurs malades ? Méditez dans ce but les paroles d’Isaïe 61.1-3 et de Marc 10.46-52.

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collège des évêques n’agit cependant pas seul mais plutôt en union avec le pape, qu’ils soient mutuellement rapprochés ou éloignés par de grandes distances. Au sein de leurs diocèses individuels, les évêques gouvernent pleinement et totalement en communion avec le SaintPère. Après tout, les diocèses (qualifiés d’«Églises particulières») ne sont pas que des «succursales» de l’Église universelle mais plutôt des «incarnations» locales de celle-ci. Le successeur de Pierre est toujours présent quand un évêque exerce pleinement ses responsabilités d’éducateur, de sanctificateur et de gouvernant. Ce rôle joué par le pape n’amoindrit pas le rôle de l’évêque local : au con-

traire, il le renforce et le confirme de manière à ce que l’Église, dans sa diversité, puisse être unie dans la foi, le culte et le service. La visite de Benoît XVI aux États-Unis va grandement encourager et fortifier les évêques de ce pays, puisqu’elle va fortifier du même coup les prêtres, les diacres, les religieux ainsi que le laïcat. À L’AVANT-SCÈNE Enfin, le pape et les évêques en communion avec lui doivent être des signes vivants de la présence et de l’attention prodiguées par le Christ, le pasteur éternel. Nous accueillons le Saint-Père comme nous accueillerions le Christ (voir Mt. 10.40). Le pape

Benoît XVI est doté de plusieurs dons remarquables qu’il a mis au service du Seigneur et de son Église. Nous pouvons exprimer notre reconaissance de pouvoir compter sur Benoît XVI et sur la papauté en priant pour notre Saint-Père, en ouvrant nos cœurs à son enseignement et en nous engageant à être des témoins, au sein de notre monde, de la vérité et de l’amour de JésusChrist. Le pape a reconnu en la famille des Chevaliers de Colomb «une grande armée» de foi et de charité. Puissionsnous être aux premières loges et à l’avant-plan, quand nous accueillerons ce pape extraordinaire !

Il nous apporte le Christ Mot de bienvenue au Saint-Père à l’occasion de sa visite aux États Unis

PAR DONALD W. WUERL, ARCHEVÊQUE DE WASHINGTON

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’est le cœur rempli de foi et d’enthousiasme que nous accueil-

lons à notre Saint-Père, le pape l’exercice de son ministère en tant Benoît XVI, à l’occaque chef de l’Église et vicaire du sion de sa première Christ. visite pastorale aux Notre accueil enthousiaste États-Unis, en tant provient de la reconnaissance que premier pasteur que l’heure est au renouvellede l’Église uniment de notre foi et à l’approverselle. Notre joie fondissement de notre est enracinée dans espérance, alors que nous nous la conviction que le efforçons de porter au monde pape Benoît XVI est l’Évangile et la lumière du MGR DONALD W. le successeur de Christ. Le pape Benoît vient WUERL saint Pierre dans nous confirmer dans notre

Itinéraire du pape Benoît XVI – 15 au 20 avril 2008 MARDI 15 AVRIL Arrivée à la base aérienne militaire Andrews. Accueil du président George W. Bush et de madame Bush. Présence également des dignitaires de l’Église locaux et du nonce apostolique. MERCREDI 16 AVRIL 10 h 30 Le président Bush et la première dame accueillent le Saint-Père sur la pelouse sud

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de la Maison Blanche. C’est seulement la deuxième fois qu’un pontife aura rendu visite à la Maison Blanche. Après la cérémonie d’accueil, une rencontre privée est prévue entre le Saint-Père et le président, tandis que des dignitaires des deux États auront également une rencontre.

évêques des États Unis à la basilique du sanctuaire national de l’Immaculée-Conception. Avant la rencontre de prière, qui se tiendra dans la crypte du sanctuaire, il y aura, à l’extérieur de la basilique, une séance photo générale durant l’accueil du pape au sanctuaire national par le public.

17 h 30 Rencontre de prière privée et réunion avec les 350

JEUDI 17 AVRIL 10 heures Le pape présidera

l’Eucharistie au nouveau Nationals Park de Washington. Ce sera la première activité, à part les matchs de baseball, à avoir lieu dans ce parque. 17 heures Les dirigeants de plus de 200 collèges et universités des États-Unis et les surintendants des écoles paroissiales des 195 diocèses ont été invités à entendre un discours du pape Benoît XVI sur l’importance de l’éducation catholique, qui sera prononcé

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engagement au Christ et nous annoncer la foi qui nous tient tant à cœur. FAIRE ÉCHO À L’ÉVANGILE DE LA VIE Le pape se rend chez nous en tant que maître éminent de la foi. Sa première encyclique Deus Caritas Est (Dieu est amour) nous rappelle que «la nature profonde de l’Église s’exprime dans une triple tâche: annonce de la Parole de Dieu (kerygcélébration des ma-martyria), Sacrements (leitourgia), service de la charité (diakonia). Ce sont trois tâches qui s’appellent l’une l’autre et qui ne peuvent être séparées l’une de l’autre» (25). En accueillant le Saint-Père, nous réfléchissons avec lui pour approfondir qui nous sommes en tant que membres de l’Église et disciples du Seigneur. Dans son exhortation d’après-synode Sacramentum Caritatis (Sacrement d’amour), Benoît XVI nous enseigne que «l’Eucharistie nous fait découvrir que le Christ, mort et ressuscité, se manifeste comme notre contemporain dans le mystère de l’Église, son Corps» (97). Et de si belles réflexions sur l’Église et l’Eucharistie, trouvent leur résonance dans la plus récente encyclique du pape Benoît XVI, Spe Salvi (Sur l’espérance). Au cours de sa visite, nous nous tournerons vers le Saint-Père afin d’obtenir conseils et encouragement

— pour les familles qui doivent relever les défis d’une culture qui n’encourage guère la fidélité dans amour conjugal; pour les jeunes, dont plusieurs sont appelés à la vie consacrée ou à la prêtrise; et pour les écoles catholiques, les programmes d’enseignement religieux, et les instituts d’études supérieures. Le message de Benoît XVI nous aidera à poursuivre nos efforts en vue de bâtir une société de bien et de justice, fondée sur des valeurs morales authentiques. L’itinéraire du pape (voir cidessous) le mènera jusqu’au siège du gouvernement de notre pays (y compris une visite au président George W. Bush), et à des rencontres avec mes frères évêques, des éducateurs et des chefs du dialogue œcuménique. À New York, le pape partagera aux Nations unies son message de paix et d’expérience, et se réunira dans la prière avec des jeunes, des prêtres, des religieux et des séminaristes. Également à Washington et New York, Benoît XVI présidera plusieurs célébrations Eucharistiques en plein air, au cours desquelles résonneront clairement les paroles de l’Évangile de la vie et du salut du Christ. LA RÉAFFIMATION DE LA FOI En accueillant le pape, nous pensons notamment aux signes positifs du renouvellement au sein de l’Église

NOTRE JOIE EST ENRACINÉE dans la conviction que le pape Benoît XVI est le successeur de saint Pierre à l’université catholique d’Amérique, la seule institution postsecondaire des États-Unis dirigée par les évêques. 18 h 30 Bouddhistes, musulmans, hindous, juifs et des représentants d’autres religions partageront une rencontre le Saint-Père au centre Pope John-Paul II, situé tour près de l’université Catholique. VENDREDI 18 AVRIL 10 h 45 Le pape Benoît XVI CNS PHOTO/NANCY WIECHEC

adressera la parole aux Nations unies, suivant un vol matinal sur New York. 18 heures Rencontre de prière avec les chefs des communautés chrétiennes non catholiques, à l’église St. Joseph de Manhattan, fondée par des catholiques allemands. SAMEDI 19 AVRIL 9:15 a.m. Eucharistie avec les prêtres, les diacres et les membres de communautés et

des États-Unis. La visite du SaintPère affermira notre engagement au but de la formation à la foi catholique sous toutes ses formes. En nous rassemblant autour du vicaire du Christ, nous renouvelons notre sens de l’engagement de voir à ce que les brins de notre rencontre avec le Christ et son message de vie soient tissés dans la trame de notre expérience humaine, de notre société et de notre culture. Ce que le Saint-Père nous apporte c’est la réaffirmation de notre foi catholique, et nous saluons avec beaucoup de joie. En janvier dernier, Benoît XVI a transmis un message personnel d’encouragement aux dizaines de milliers de jeunes réunis à Washington, à l’occasion du Rallye et de l’Eucharistie des jeunes pour la vie. Il exprimait sa reconnaissance pour l’engagement de tant de jeunes Américains pour la promotion du respect de la dignité et des droits inaliénables de tout être humain, y compris les plus petits et les plus démunis des membres de notre famille humaine. Il nous a dit aussi quel point il anticipait venir nous rendre visite aux États-Unis et il nous assurait de son affection et de sa solidarité dans la prière. Maintenant, alors que nous accueillons le vicaire du Christ, le successeur de Pierre, l’évêque de Rome, le premier pasteur de l’Église universelle, notre accueil manifeste qu’il nous apporte le Christ. Et nous sommes assurés du renouvellement de notre foi et de notre engagement envers le Christ, grâce au ministère pastoral attentif de notre bien-aimé pape Benoît XVI.

ordres religieux, à la cathédrale St. Patrick de New York. 16 h 30 . Au séminaire St. Joseph, de Yonkers, le SaintPère rencontrera de jeunes catholiques dont 50 jeunes atteints de divers handicaps. Des milliers de jeunes, y compris des centaines de séminaristes sont attendus à ce ralliement et rencontre de prière, évènement au cours duquel le pape leur adressera la parole.

DIMANCHE 20 AVRIL 9 h 30 Le Saint-Père se rendra à Ground Zero. 14 h 30 L’Eucharistie au Yankee Stadium mettra fin à cette visite historique. 20 heures L’avion Shepherd One (Premier Pasteur) partira de l’aéroport John F. Kennedy, se pointant à l’est vers Rome.

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Embrasser le monde entier de son amour La visite apostolique du pape Benoît XVl aux États-Unis sera pour lui une occasion d’enseigner aux 70 millions de Catholiques du pays PAR JOHN L. ALLEN JR.

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adis, un des privilèges du pape était, non seulement de ne jamais avoir à s’excuser, mais aussi d’avoir rarement besoin de faire sa valise. Le protocole établi voulait que les rois et les empereurs viennent au pape. Ce n’était pas lui qui se déplaçait. Les rares fois que le pape ait dû quitter Rome, c’était pour fuir une horde en colère ou une armée d’envahisseurs. Cet isolement volontaire a commencé à changer sous Paul Vl, le premier souverain pontife des temps modernes à se déplacer à l’extérieur de l’Italie. Paul Vl a fait neuf voyages apostoliques symboliquement choisis, le premier en Terre Sainte, pour ensuite se rendre sur chacun des continents au moins une fois. Toutefois, c’est le pape Jean Paul ll qui a fait des voyages apostoliques un événement de routine des fonctions du pape. Cent quatre voyages l’ont amené dans 129 pays. À la suite de son élection, il a été dit de Jean Paul ll qu’il était le successeur, non seulement de Pierre, mais aussi celui de Paul, parcourant les chemins du monde moderne pour évangéliser les peuples. Le pape Benoît XVl, ayant fait

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sept voyages apostoliques dans moins de trois ans, s’est avéré, lui aussi, un instituteur itinérant : ■ Cologne, en Allemagne, pour la journée mondiale de la jeunesse, du 18 au 21 août 2005. ■ La Pologne, du 25 au 28 mai 2006. ■ Valence, en Espagne, les 8 et 9 juillet 2006, pour la Rencontre mondiale des familles. ■ La Bavière, en Allemagne, du 9 au 14 septembre 2006. ■ La Turquie, du 28 novembre au 1er décembre 2006. ■ Le Brésil, pour la cinquième conférence générale des évêques de l’Amérique Latine et des Caraïbes, du 9 au 14 mai 2007. ■ L’Autriche, du 7 au 9 septembre 2007. Sa visite aux États-Unis sera, on pourrait le soutenir, son voyage apostolique de la plus haute importance jusqu’à aujourd’hui — il y aura la célébration de messes en plein air devant le grand publique à Washington et à New York, une rencontre avec le président George Bush et une visite sur le «ground zero», des rencontres œcuméniques et interconfessionnelles, un ralliement avec des jeunes, et une allocution avidement attendue devant l’assemblée générale de l’ONU. Si le passé sert de prologue, une brève revue des voyages apostoliques de Benoît XVI pourrait indiquer ce à quoi on peut s’atten-

dre de lui sur le sol américain. LE POURQUOI DES VOYAGES DE BENOÎT XVI D’abord, il est important de noter le contraste qui existe entre les voyages apostoliques de Jean Paul ll et ceux de Benoît XVI : quand Jean Paul II partait en voyage, il avait pour but de remettre l’histoire au temps présent. Le pape Benoît XVI, lui, semble moins intéressé à obtenir des résultats immédiats qu’à renforcer à longue échéance les fondations de la foi des communautés qu’il visite. La différence peut réfléchir partiellement les défis divergents que les deux pontifes devaient affronter. Au début de son pontificat, Jean Paul II menait la lutte contre la dictature littérale du Bloc soviétique. Le pape Benoît XVI, lui, est aux prises avec la dictature beaucoup plus amorphe du relativisme occidental. À la lumière de ce défi, selon le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, l’impératif du pontificat de Benoît XVI, c’est de renforcer l’identité catholique dans le contexte d’un sécularisme répandu. Bien que ça ne fasse pas toujours les manchettes, c’est le thème qui se répète tout au long des voyages de Benoît XVI. Une allocution donnée en Pologne à des jeunes en mai 2006 est un bon exemple : «Le mot Christ est souvent relégué à un placard de questions où personne ose le mentionner

BENOÎT VRAISEMBLABLEMENT concentrera sur les essentiels de la foi qu’il présentera d’un ton affirmatif


à haute voix en public», disait le pape. Il leur disait «qu’une foi forte doit subir des épreuves». Au cours de ses voyages apostoliques, le pape Benoît XVI semble avoir développé une stratégie pour promouvoir l’identité catholique sur deux fronts. Pour le monde en dehors de l’Église, Benoît XVI s’efforce de remettre en question les préjugés accumulés au cours des siècles au sujet de la foi. Il est préoccupé par le fait que l’homme et la femme modernes semblent ne connaître le Christianisme que sous la forme d’une caricature — un système législatif de commandements et de con- Le pape Benoît XVI étreint un groupe d’enfants lors de trôles. Il adopte donc le sa visite à un centre de réhabilitation pour toxicostyle d’exprimer clairement, manes dirigé par des franciscains, à Guaratingueta, au d’une façon positive et Brésil, le 12 mai 2007. volontaire, les doctrines chrétiennes classiques telles que celle du péché, de la rédemption tion, les sacrements, le catéchisme et l’évangélisation. et du jugement. Au cours de son premier voyage C’est tout comme s’il voulait ramener la situation à un point, apostolique en terre étrangère à quand la foi et la culture ont d’abord Cologne pour la Journée mondiale de été séparées durant le siècle des la jeunesse en 2005, certains comlumières. C’est là une approche, mentateurs s’attendaient à voir une pourrait-on dire, d’orthodoxie affir- épreuve de force haut de gamme mative qui met l’accent sur le «oui» entre le pape et les défenseurs de la sous-jacent des «non» particuliers politique d’extrême gauche, ou à entendre le pape délibérer sur le des enseignements de l’Église. «Le Christianisme diffère, et est déclin du nombre des vocations et bien davantage qu’un code moral, des églises vides. Plutôt, il a présenté qu’une série d’exigences et de lois», à une méditation sur l’Eucharistie — dit le pape lors de son voyage apos- la décrivant comme un genre de «fistolique en Autriche en septembre sion nucléaire au cœur même de l’ex2007. «C’est le don d’une amitié qui istence» — qui déclenche une «réacperdure la vie durant, jusque dans la tion en chaîne d’actes d’amour». Collectivement, disait-il, ces petits mort». Dans un style parfois presque actes d’amour peuvent transformer lyrique, Benoît XVI a dit, en le monde — voire, ils sont les seuls à Autriche, que les bras ouverts de le pouvoir. Ses voyages sont ainsi riches en Jésus sur la croix sont au cœur même l’Évangile chrétien, ce qui devient les application de la pastorale, mais ordibras ouverts des chrétiens en prière, nairement ce n’est pas le sujet des les bras ouverts dans l’amour de tous grands titres. Cependant, ce n’est pas toujours les peuples. ainsi. Parfois, ses voyages ont produit une controverse, comme celle qui a CIBLAGE DES PRIORITÉS D’un autre côté, pour la commu- fait irruption dans le monde nauté catholique où il est en visite, le islamique après son allocution du 12 message du pape Benoît XVI est d’or- septembre 2006 à l’Université de dinaire centré sur les priorités spir- Regensberg. Durant sa présentation, ituelles de base — la prière, la dévo- le pape Benoît XVI a cité les paroles ABOVE: CNS PHOTO/TONY GENTILE, REUTERS RIGHT: CNS PHOTO FROM CATHOLIC PRESS PHOTO TIMELINE: VARIOUS SOURCES INCLUDING USCCB/CNS

La vie et le ministère du pape Benoît XVI 16 avril 1928 Naît Joseph Aloïs Ratzinger, à Marktl am Inn, Bavière, Allemagne, baptisé le même jour, Samedi Saint. 1939 Entre au petit séminaire de Traunstein. 1941 Joseph Ratzinger, à l’âge de 14 ans, entre dans la jeunesse hitlérienne, comme l’exige la loi de l’époque. 1943 À l’âge de 16 ans, Joseph Ratzinger et les autres élèves de la classe du séminaire sont conscrits dans le corps antiaérien allemand. Un an plus tard il est conscrit dans la Légion autrichienne et entre sa formation de base dans l’infanterie allemande. 1945 Au printemps, Joseph Ratzinger déserte l’armée et rentre chez lui à Traunstein. Il est détenu quelque temps dans un camp de prisonniers de guerre par les forces américaines. Après sa libération, son frère Georg et lui rentrent au séminaire. 1946-51 Il étudie la philosophie et la théologie à l’École des hautes études de philosophie et de théologie de Freising et au Herzogliches Georgianum, institut de théologie associé à l’université de Munich. 29 juin 1951 Joseph Ratzinger et son frère Georg sont ordonnés prêtres par le cardinal Faulhaber, archevêque de Munich. 1952 Commence à enseigner à l’école des Hautes Études de Freising. 1953 En juillet, l’abbé Ratzinger reçoit un doctorat en théologie de l’université de Munich. Sa thèse s’intitule: Le peuple et la maison de SUITE À LA PAGE 11

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d’un empereur byzantin qui avait dit que la foi prêchée par Muhammad «avait été rependue par l’épée». De même, une controverse a fait irruption au Brésil quand Benoît XVI a affirmé que le Christ n’avait pas été imposé aux peuples indigènes du Nouveau Monde. (Dans ces deux cas, le pape a insisté qu’à l’étude de son texte, on découvre une interprétation plus finement nuancée.) En d’autres occasions, on a vu se produire des «premières», telles que l’image iconique du Saint Père priant en compagnie du Grand Mufti d’Istanbul dans la fameuse mosquée bleue en décembre 2006. Toutefois, la plupart du temps de tels hauts faits sont l’exception qui confirme la règle. Parce que le pape Benoît XVI ne joue pas pour épater la galérie (les médias), la couverture ne fait pas le discernement de la profonde logique qui parsème son itinéraire. Un exemple : il y a eu trois bulletins de nouvelles-éclairs majeures qui sont ressortis de son voyage apostolique au Brésil en mai dernier: les commentaires impromptus faits à bord de son avion au sujet de l’excommunication des politiciens «prochoix»; sa condamnation des trafiquants de drogues à Fazenda Speranza, un centre rural pour jeunes toxicomanes; et sa critique du Marxisme et du Capitalisme durant un discours prononcé devant les évêques de l’Amérique Latine. Les médias ont traité ces événements, principalement comme des cas isolés, tout comme s’il n’y avait que

très peu de rapports entre eux. Pour sa part, Benoît y voyait clairement un fil écarlate. L’avortement, l’abus des stupéfiants et la promesse d’une fausse idéologie, suggérait le pape, illustraient ensemble ce qui arrive quand une société est assise etsi Deus non daretur — comme si Dieu n’existe pas. Au brésil, son raisonnement de base exprimé chaque fois de façons diverses durant ses discours, était que, seule la foi en Dieu, révélée en Jésus Christ, est passible de véritablement guérir les blessures de l’humanité. Ce n’est pas par accident qu’il a touché cette corde sensible au Brésil, un pays qui a été le laboratoire du mouvement de la théologie de libération au sein du catholicisme durant la période poste Vatican II (1962 à 1965). Le pape Benoît XVl a longtemps ressenti que la théologie de libération, dans ses formes les plus extrêmes, mettait l’espoir de la rédemption dans la politique plutôt que dans le Christ. Durant la messe pour la canonisation de Frei Galvão, le premier saint natif du Brésil, le pape a exprimé une formulation classique de sa pensée à ce sujet : «La véritable révolution, la façon définitive de changer le monde, ne peut venir que des saints, que de Dieu» a dit Benoît XVI. C’était un message réfléchi, qui ne laisse pas indifférent, mais aussi un message que l’esprit absorbe lentement. Puisque Benoît XVI n’est pas à la recherche de résultats immédiats, évaluer l’impact que ses voyages apostoliques ont eu sur les pays où il s’est rendu est parfois difficile.

L’IMPACT PONTIFICAL L’ampleur de la foule est une méthode traditionnelle de

mesurer cet impact. Le dossier à ce sujet pour Benoît XVI est un peu ambigu. De grandes foules sont venues le rencontrer à Cologne et en Pologne, mais ailleurs l’assistance était moindre. En Autriche, un pays extraordinairement catholique, la plus grande foule a été d’un peu plus de 30,000 personnes. Au Brésil, le plus grand des pays catholiques au monde, seulement 200,000 personnes ont assisté à la messe en plein air à Aparecida, le plus vaste sanctuaire marial de l’hémisphère austral. (Le Vatican avait prévu qu’un million de personnes assisteraient à cette messe.) Pourtant, de façon difficile à quantifier, des pèlerins ont dit avoir connu un approfondissement de leur foi : «Moi, c’est un père spirituel que je cherche, non pas une vedette de musique rock», a dit une jeune polonaise en 2006. Benoît XVI, lui, ne semble pas attacher d’importance aux normes conventionnelles pour mesurer le succès. L’été dernier au cours d’une conversation avec un groupe de prêtres du nord de l’Italie au sujet de son voyage au Brésil, il a dit que mesurer les choses quantitativement produisait «un faux-espoir», insistant d’un ton plein de sous-entendus que «notre divinité ne réside pas dans les statistiques». À la lumière de ce qui précède, à quoi pouvons s’attendre quand le pape Benoît XVI viendra aux ÉtatsUnis? En un mot, à plus de la même chose. Benoît XVI vraisemblablement concentrera sur les essentiels de la foi qu’il présentera d’un ton affirmatif, ce qui veut dire que toute personne cherchant une épreuve de force à la Hollywood sera déçue. D’un autre côté Benoît XVI est aussi bien conscient que, selon ce que Dieu lui réserve, ce voyage apostolique aux États-Unis pourrait fort bien être le seul qu’il aura la chance de faire — il fêtera son 81e anniversaire de naissance lors de son séjour à Washington. Sans doute, il rédigera

Le pape Benoît XVI observe une colombe s’envoler de son appartement, à la conclusion de la prière de l’Angélus, le 27 janvier dernier, au Vatican. Le Saint-Père avait relâché deux colombes en guise de symbole de paix.


ses messages avec prudence, profitant de cette circonstance pertinente pour s’adresser directement à la «nation essentielle» du monde. Si le pape fait des vagues, ce sera probablement accidentel. D’un autre côté, ce qui sera intentionnel, c’est une riche trame d’enseignements que seul ce pape érudit est capable de produire. D’une certaine façon, dans

son for intérieur, Benoît XVI est toujours demeuré professeur, et pour six jours à la mi-avril, sa salle de classe sera les États-Unis. John L. Allen, fils, est le premier correspondant de «The National Catholic Reporter». Il est l’auteur de «The Rise of Benedict XVl» (Doubleday, 2005). Il a accompagné le pape Benoît XVl à tous ses voyages apostoliques.

Benoît: vivre les vérités de son nom Un nom puissant accompagné d’une histoire aussi puissante PAR CARMEN ACEVEDO BUTCHER

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ue discer ner dans un nom? Selon la foi fondée sur le Verbe dans l’évangile de Jean: tout. La Bible met en valeur le pouvoir associé à tout ce qui est associé à la langue, de sorte que si nous lisons les Ancien et Nouveau Testaments, en scrutant d’un œil attentif l’attribution des noms, notamment quand il s’agit de changements de noms (par exemple, lorsqu’un cardinal est élu pape), ceux-ci prennent un tout autre sens, car c’est la bonté de Dieu et la bénédiction du salut divin qui entre en jeu. L’une des premières leçons de choses de l’Écriture enseigne que conférer un nom suppose une certaine autorité. Dieu mène le bétail fraîchement créé, les animaux sauvages et les oiseaux à Adam pour qu’il leur donne leurs noms, puissant symbole de notre responsabilité à l’égard de la terre et de toutes ses créatures. Plus tard, le nom Abraham, LEFT: CNS PHOTO/L’OSSERVATORE ROMANO

c’est-à-dire «père (ahh) d’une multitude (raham)», représente l’appel divin du premier patriarche hébreu. Puis, Jacob (le «qui saisit le talon», «qui vous “fera trébucher”») subtilise le droit d’aînesse de son frère Ésaü, mais à Peniel, l’escroc se mesure à une mystérieuse et puissante créature céleste, sans nom justement, qui lui confère un nouveau nom: de Jacob, il s’appellera «Israël ou “yisra’el”, en hébreu, ‘de Sara’, «il a combattu» et El «Dieu». Le nouveau sobriquet laisse entendre que ce chef hébreu s’est réconcilié avec lui-même et son identité en Dieu et que désormais il mènera une vie de sainteté. Un phénomène semblable se produit chez le versatile Simon (en hébreu Shim’on, pour «l’ouïe»). Celui-ci semble à l’écoute et ballotté par tout ce qu’il «entend» ou qu’il «écoute» au moment présent, comme le manifeste son reniement de Jésus, mais une fois que Jésus donne à Simon le nom de «Pierre», il devient en effet le «rocher» sur lequel sera construite l’Église de la paix, selon l’Évangile de Matthieu (cf. Mt 16). Les exégètes s’empressent aussi à faire remarquer que le sens du nom hébreu bien connu prend sa racine en Yeshua, c’est-à-dire «Dieu sauve». Dans l’esprit des anciens, le nom n’est pas qu’une étiquette insignifiante. Le nom fait plus qu’identifier la

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Dieu dans la Doctrine de l’Église de saint Augustin. 1957 Se qualifie pour l’enseignement universitaire. Rédige une thèse sur La Théologie de l’histoire chez saint Bonaventure. 1959 Commence à enseigner comme professeur à temps plein en théologie fondamentale à l’université de Bonn. Le 23 août, décès de son père. 1962-65 Participe aux quatre sessions du Concile Vatican II comme conseillerchef de théologie auprès du cardinal Joseph Frings, archevêque de Cologne, en Allemagne. 1963 Commence à enseigner à l’université de Münster. Le 16 décembre, décès de sa mère. 1966 Accepte la chaire de théologie dogmatique à l’université de Tübingen. 1969 La vague d’émeutes estudiantines servant en grande partie les idéologies marxistes et le rejet de la religion traditionnelle bouleverse l’abbé Ratzinger. Désillusionné par l’ambiance libérale de Tübingen, il rentre en Bavière pour enseigner à l’université de Regensburg. 1972 Avec Hans Urs von Balthasar, Henri de Lubac et autres théologiens de renom, fonde la revue trimestrielle de théologie catholique, Communio. 15 mars 1977 Nommé archevêque de Munich et Freising par le pape Paul VI. SUITE À LA PAGE 13

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personne au monde. On le considère plutôt comme l’élément qui mystérieusement fait participer la personne au sens qu’il signifie. Il est donc ce qu’il symbolise. Les mots joignent des gens et des objets visibles, spécifiques de la réalité invisible et universelle. C’est pourquoi, quand le poète Jean appelle Jésus «le Verbe» dans le premier chapitre de son Évangile, les mots eux-mêmes dans cette expression «le Verbe» sont pressentis comme le «Logos», «Jésus», «L’amour», dans un sens mystique immédiat que nos esprits modernes n’arrivent peut-être pas à saisir. Ayant désormais à l’esprit l’importance des noms, nous pouvons maintenant examiner pourquoi le 265e Saint-Père, autrefois, le cardinal Joseph Aloïs Ratzinger, a pris le nom «Benoît», comme chef de l’Église chrétienne et son milliard de disciples si divers. Benoît est un nom puissant, accoompagné également d’une histoire puissante, remontant au 5e siècle de notre ère jusqu’à saint Benoît, et qui maintenant guide un pape doué d’un nom judicieusement choisi à sa naissance. Pour reconnaître les résonances profondes du choix du nom de règne exige d’abord que nous comprenions les noms que le pape Benoît XVI a reçus à sa naissance. HARMONIE ET BÉNÉDICTIONS Le samedi saint 16 avril 1927, dans le petit village de Haute Bavière,

appelé Marktl am Inn (Petit marché sur la rivière Inn), deux fiers nouveaux parents, Joseph Ratzinger, père, agent de police, et sa femme, Marie, donne à leur dernier-né le nom de Joseph. En hébreu, Joseph veut dire «Dieu te donnera davantage», une phrase exprimant leur gratitude à Dieu pour ce petit, le plus récent «cadeau» (ou «bénédiction») reçu du Dieu toujours aimant et généreux qui «donne davantage». Nous appelons souvent «bénédictions», les dons spirituels et matériels reçus de Dieu et les parents du futur pape sont convaincus que grâce à son nom, Joseph, leur fils se souviendra constamment de la inépuisable de main nature généreuse de Dieu. Bien que Dieu nous manifeste chaque jour son amour en nous prodiguant ses bénédictions, il est facile de ne pas le remarquer et de les tenir pour acquis. Par contre, doté d’un nom qui signifie «bénédiction» constitue en soi une incitation bénie à la gratitude. Quant au pape Benoît XVI, son prénom, Joseph, se présente également comme un lien solide entre son Père du ciel et son père de la terre, et son nom de baptême doit lui rappeler de fait qu’il est possible de former une communauté lorsque le divin et l’ordinaire de la vie s’harmonisent. Remplis de piété, ses parents devinaient bien que «Joseph» garantit un héritage spirituel valable pour un nouveau-né, car ce fut également le nom du fils préféré de Jacob, qui, s’é-

tant rôdé à l’humilité et au pardon, devient, dans la force de l’âge, deviendra un grand chef d’Égypte dont les talents réussiront à unifier le pays durant les dures années de famine (cf. Gn 41). Ajoutant à la richesse du deuxième prénom de baptême du pape, il porte celui d’Aloïs, forme allemande de «sagesse». Et Ratzinger laisse entendre «bon conseil», puisqu’en allemand, «rat» signifie «conseil». Cette toile de fond natale de Joseph Aloïs Ratzinger devient encore plus intéressante lorsqu’on s’arrête au fait que Benoît, son choix de nom de règne, signifie, de fait, «dire du bien de, louer» du latin, «bénedicere» le préverbe bene > bien, et la racine dicere > dire. Mais benedicere a comme synonyme «bénir», ce qui fait du terme latin Benedict complémentaire de l’hébreu «Joseph», c’est-à-dire «Dieu donnera davantage». Les deux expressions mettent en relief l’idée de «bénédiction», mais avec une nuance. (…)

PROPHÈTE DE PAIX Cette étymologie poussée de l’expression «bénir» ne va pas sans être remarquée par une personne aussi savante que l’ancien cardinal Joseph Ratzinger. En effet, à la mort du pape Jean-Paul II, le 2 avril 2005, Joseph Ratzinger rend un hommage éloquent à son grand ami en insistant plusieurs fois sur le pouvoir du discours et de l’action de «bénir»: «Personne d’entre nous ne pourra


jamais oublier comment, lors du dernier dimanche de Pâques de sa vie, le Saint-Père, accablé par la souffrance, s’est présenté encore une fois à la fenêtre du palais apostolique et, pour la dernière fois, accorda sa bénédiction “urbi et orbi” [pour la ville et pour le monde]. Nous pouvons être assurés que notre pape bien-aimé est debout à la fenêtre de la demeure du Père, qu’il nous regarde et qu’il nous bénit. Oui, bénis-nous, Saint-Père. Nous confions votre âme si chère à la Mère de Dieu, votre mère, qui vous a guidé chaque jour et qui vous guidera maintenant vers l’éternelle gloire de son Fils, notre Seigneur, Jésus Christ.» [Italiques de l’auteur] Moins de deux semaines plus tard, le 19 avril, le cardinal Ratzinger était élu Évêque de Rome, prenant le nom de Benoît XVI, et le 27 avril, Benoît XVI était officiellement investi dans ses fonctions pontificales. Trois jours plus tard, il tenait sa première audience publique dans la place SaintPierre, et en présence de quelque 15 000 personnes, il expliquait le choix de ses noms: «En cette première rencontre, je voudrais tout d’abord m’arrêter sur le nom que j’ai choisi en devenant Évêque de Rome et Pasteur universel de l’Église. J’ai voulu m’appeler Benoit XVI pour me rattacher en esprit au vénéré Pontife Benoît XV, qui a guidé l’Église au cours d’une période difficile en raison du premier conflit mondial. Il fut un courageux et authentique prophète de paix et se prodigua avec un courage inlassable, tout d’abord pour éviter le drame de la guerre, puis pour en limiter les conséquences néfastes. C’est sur ses traces que je désire placer mon ministère au service de la réconciliation et de l’harmonie entre les hommes et les peuples, profondément convaincu

que le grand bien de la paix est tout d’abord un don de Dieu, un don malheureusement fragile et précieux qu’il faut invoquer, protéger et édifier jour après jour avec la contribution de tous. «Le nom de Benoît évoque, en outre, la figure extraordinaire du grand “Patriarche du monachisme occidental”, saint Benoît de Nursie, copatron de l’Europe avec les saints Cyrille et Méthode et les saintes femmes Brigitte de Suède, Catherine de Sienne et Édith Stein. L’expansion progressive de l’Ordre bénédictin qu’il fonda a exercé une profonde influence dans la diffusion du christianisme sur tout le continent. Saint Benoît est donc particulièrement vénéré en Allemagne, également et spécialement en Bavière, ma terre d’origine; il constitue un point de référence fondamental pour l’unité de l’Europe et un rappel puissant des incontournables racines chrétiennes de sa culture et de sa civilisation.» Le pape Benoît XVI explique qu’il choisit «Benoît», parce que c’est un nom associé à deux chrétiens qui ont œuvré pour la paix dans le monde: le pape Benoît XV et saint Benoît. Les manchettes des premiers jours de sa papauté confirment l’insistance du pape sur la bénédiction et la réconciliation: «Le pape tend la main à l’Église orthodoxe durant son pèlerinage inaugural» (CBC News, Canada); «Le pape prêche sur la paix à l’occasion de son premier voyage officiel» (Myrtle Beach, Sun News); «Le pape recherche à resserrer les liens avec les autres églises» (International Herald Tribune), et «Le pape Benoît XVI salue la décision de désarmement de l’IRA» (Thé Conservative Voice). Le pape Benoît XVI concentre ses efforts à vivre la vérité de son nom.

(À gauche) Le pape Benoit XVI prie sur la tombe du pape Benoît XV dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, le 2 novembre 2005, jour de la commémoration de tous les défunts. (Ci-dessus) Saint Benoît de Nursie en train de rédiger la règle bénédictine.

Carmen Acevedo Butcher est professeure associée de littérature médiévale et de la Renaissance à Shorter College, de Rome, dans l’état de Georgie. L’essai ci-dessus est extrait, avec permission, de son volume Man of Blessing: A Life of Saint Benedict (Un homme de bénédiction: saint Benoît), Paraclete Press © 2006, (www.paracletepress.com).

LEFT: CNS PHOTO/L’OSSERVATORE ROMANO ABOVE: PORTRAIT BY HERMAN NIEG

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28 mai 1977 Ordonné évêque, l’abbé Ratzinger devient le premier prêtre diocésain en 80 ans à assumer la gouvernance de l’archidiocèse de Bavière. Il choisit comme devise: «Coopérants de la vérité». 27 juin 1977 Élevé au collège des cardinaux par le pape Paul VI. Devient titulaire de l’église Santa Maria Consolatrice al Tiburtino. 15-16 octobre 1978 Participe au conclave qui élit Jean-Paul II. 1980 Le pape Jean-Paul II l’appelle à diriger la Congrégation pour l’éducation catholique au Vatican. Il refuse. 25 novembre 1981 Le pape JeanPaul II nomme le cardinal Ratzinger préfet de Congrégation pour la doctrine de la foi, président de la Commission pontificale biblique et de la Commission théologique internationale. 5 avril 1993 Élevé par le pape JeanPaul II à l’ordre des évêques du Collège des cardinaux, il le nomme suburbicarian (titulaire) du siège de Velletri-Segni. 1987-1992 Agit comme président de la Commission préparatoire du Catéchisme de l’Église catholique. 6 novembre 1998 Le pape Jean-Paul II approuve l’élection du cardinal Ratzinger comme vice-doyen du collège des cardinaux. 30 novembre 2002 Le pape JeanPaul II approuve l’élection du cardinal Ratzinger comme doyen du Collège des cardinaux et lui confère le titre de cardinal-évêque d’Ostie. avril 2005 À la mort de Jean-Paul II, il démissionne comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et participe au SUITE À LA PAGE 15

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Rendre Dieu crédible Les enseignements du pape Benoît XVI rejettent le relativisme et réaffirment le bien-fondé de la foi PAR LESLEY RICE

«L

’on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs.» Cette tranchante observation faite par le cardinal Joseph Ratzinger devant les cardinaux réunis en conclave, en avril 2005, a capté l’attention du monde entier et préfiguré ce qui allait devenir la tâche centrale de son pontificat : rappeler à l’Église et au monde la formidable dignité de l’homme, en mettant en lumière la relation entre foi et raison, ainsi qu’entre vérité et amour. Un regard sur les sociétés occidentales — dont l’influence, en cette ère de globalisation, dépasse de beaucoup leurs frontières géographiques — révèle que la tolérance y est privilégiée, alors que les vérités sur les enjeux humains fondamentaux sont craintes, méprisées ou ignorées. Comment le relativisme, qui favorise la coexistence de plusieurs points de vue, peut-il être qualifié de dictature et de régime répressif — et en quoi cela est-il relié à la foi chrétienne ? À l’instar de son prédécesseur, Jean-Paul II, Benoît XVI a été personnellement témoin tant des effets

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déshumanisants engendrés par les dictatures du 20e siècle, que de l’événement ecclésial marquant qu’a été Vatican II. Ce concile s’est employé à renouveler l’Église en récupérant les richesses de ses origines — les Écritures, les pères de l’Église, les saints —, tout en reprenant le dialogue avec la société contemporaine éprouvée et tumultueuse, justement en faisant valoir ces richesses. Trouver la forme appropriée d’engagement entre un monde férocement jaloux de son autonomie et une Église fermement confiante en Jésus-Christ aura néanmoins représenté un labeur incessant, dans les décennies suivant le concile.

LE «LOGOS» FAIT CHAIR Dans son allocution de Noël 2005 devant la Curie romaine — une occasion pour le pape de passer en revue les événements de l’année précédente — , Benoît XVI y est allé de sa propre réponse face à l’énigme des relations entre l’Église et le monde. «Le pas accompli par le Concile vers l’époque moderne, qui de façon assez imprécise a été présenté comme une ‘ouverture au monde’, appartient en définitive au problème éternel du rapport entre foi et raison, qui se représente sous des formes toujours nouvelles.» Le pape avait souligné que ce «perpétuel problème» de la rencontre entre la foi et la raison avait marqué les débuts de la chrétienté tout autant qu’il le fait aujourd’hui. On le constate notamment dans la Première Épître de Pierre : «[Soyez] toujours prêts à répondre, mais avec douceur et respect, à quiconque vous demande raison [logos] de l’espérance qui est en vous» (3.15). Cette exhortation rappelle les

premiers mots de l’évangile selon Jean, lesquels — comme l’a souligné Benoît XVI dans son discours de 2006 devant l’université de Regensburg, en Allemagne — reformulent les premiers passages du livre de la Genèse afin de nous éclairer sur l’identité de Jésus de Nazareth : «Au commencement était le Verbe [logos], et le Verbe était tourné vers Dieu. Il était au commencement tourné vers Dieu. Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui.» Avec ces courtes phrases, saint Jean unit la notion biblique de la création du monde par Dieu au concept philosophique grec de logos (verbe, raison, rationalité). Ce rapprochement reflète le fait que Jésus est divin et Dieu, raisonnable. Dieu a créé l’univers selon son propre logos, et par Jésus les fondements divins de la raison sont entrés dans l’ordre créé afin de mieux éclairer celui-ci : «Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire […]» Rédigeant son évangile au premier siècle, Jean travaillait à partir d’un concept de la raison très différent de celui qui prévaut aujourd’hui. L’ancienne signification de «raison» comprenait l’ordre universel, la capacité de l’homme à percevoir cet ordre, et l’acte créateur de Dieu en tant que source durable de cet ordre. Ce qu’implique cette vision de la raison, c’est que notre capacité à percevoir l’ordre universel nous met en contact avec le créateur du monde. La richesse de cette idée de la raison — une faculté qui non seulement cherche à savoir comment le monde fonctionne, mais aussi pourquoi il fonctionne et pourquoi, même, il existe tout simplement — est illustrée par un exemple dans Spe Salvi, la plus récente encyclique du pape sur les vertus de l’espérance. Benoît XVI y fait référence à l’ancienne coutume chrétienne d’orner les tombes à l’aide de portraits montrant Jésus sous les traits d’un philosophe : «Par philosophie, à l’époque, on n’entendait pas, en général, une discipline académique difficile […]. Le philosophe était plutôt celui qui savait enseigner l’art essentiel : l’art


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d’être homme de manière droite — l’art de vivre et de mourir.» En ce sens, l’exercice de la raison — lequel comprend l’observation, la découverte et l’invention — trouve son but suprême dans la quête de la source de l’ordre universel. UNE RÉDUCTION DE LA RAISON À Regensburg, Benoît XVI a souligné que la notion de la raison avait changé au fil des siècles. On observe aujourd’hui une «restriction auto-imposée», en vertu de laquelle le pouvoir qu’a la raison humaine d’appréhender Dieu est banalisé, mé connu ou rejeté au profit de la capacité grandissante qu’aurait l’homme d’exercer la providence pour et par lui-même, pour ainsi dire, grâce à la technologie. Bien que le pape ait clairement indiqué à Regensburg que les avancées de la science avaient permis de précieuses améliorations sur divers plans, il s’est du même souffle dit grandement préoccupé par le puissant courant de pensée voulant que soit raisonnable uniquement ce qui est empirement démontrable — ce qui, aux yeux du SaintPère, est une erreur profondément déshumanisante. Car au fond, un concept de la raison qui se limite à ne considérer que les informations transmises par les sens et les preuves expérimentales est un concept incohérent. Une notion purement scientifique de la raison dépend de la rationalité du monde et de l’accessibilité par l’esprit humain à l’ordre de ce monde; elle se trouve à évacuer la source et la garantie de cette intelligibilité : le Créateur. Cette notion restreinte de la raison obscurcit la relation entre l’homme et Dieu. Elle sert également à exclure l’expérience religieuse — laquelle, par nature, n’est pas qu’affaire d’observation sensorielle ou de mesures factuelles — hors de la vie

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publique. La religion est dès lors réduite à une facette facultative de la sphère privée, sans implications pour la communauté dans son ensemble. En conséquence, explique le pape, la conscience devient subjective, chaque personne décide pour ellemême ce qui est éthique et ce qui ne l’est pas. Plutôt que de permettre simplement la coexistence pacifique de différentes visions du monde, le relativisme s’impose comme la seule façon acceptable pour les gens d’assumer leur différence. Alors qu’au contraire, Benoît enseigne que la vérité — et sa quête — est ce qui élève et unifie les êtres humains, avec toutes leurs différences. C’est plutôt le relativisme qui sépare les gens les uns des autres en rejetant la possibilité même que les gens puissent rechercher une vérité authentique et commune, accessible à chaque personne au moyen de la raison. C’est l’agnosticisme public du relativisme qui fait la promotion de l’individualisme radical et de l’isolation et l’aliénation subséquentes. La notion chrétienne de vérité a

«NOUS AVONS BESOIN d’hommes qui gardent le regard tourné vers Dieu» ABOVE: CNS PHOTO/ALESSIA GIULIANI, CATHOLIC PRESS PHOTO RIGHT (TOP): CNS PHOTO BY NANCY WIECHEC (BOTTOM): CNS PHOTO/L’OSSERVATORE ROMANO FROM REUTERS

conclave en vue de l’élection du prochain pape (avril 18-19). 19 avril Élu 265e pape, il prend le nom de Benoît XVI, en l’honneur de saint Benoît, fondateur du monachisme occidental, et de Benoît XV, pape durant la Première Guerre mondiale et promoteur de la paix. 24 avril Installation officielle comme pape Benoît XVI. 13 mai Annonce qu’il renonce à la période d’attente de cinq ans pour l’introduction de la cause de béatification du pape Jean-Paul II. 29 mai Premier voyage italien et Eucharistie en dehors de Rome, en tant que pape Benoît XVI. L’Eucharistie présidée à Bari, en Italie, pour marquer la fin d’un congrès eucharistique italien d’une semaine. 9 juin Rencontre avec 25 dirigeants des organismes juifs mondiaux, au Vatican. 28 juin Lance la publication du Compendium du Catéchisme de l’Église catholique, dont il avait dirigé la rédaction, alors qu’il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. 1er juillet En audience privée, accueille au Vatican le Chevalier suprême, Carl A. Anderson et l’aumônier suprême, Mgr William E. Lori. 18-21 août Premier voyage apostolique à l’étranger et retour au pays du pape. Voyage à Cologne, en Allemagne, à l’occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse. 1er septembre À la suite d’une tragédie survenue quelques jours auparavant dans leur pays, le pape SUITE À LA PAGE 17

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été enrichie par des siècles de dialogue avec la philosophie, et elle est proposée à tous sans exception — mais elle est tout de même et quand même unique au sein des traditions philosophiques et religieuses. La vérité, pour un chrétien, ne se résume pas à un système philosophique ou un ensemble de dogmes. Jésus a dit : «Je suis le chemin et la vérité et la vie» (Jn 14.6). Benoît XVI nous invite à prendre conscience des «vastes horizons» de la raison. Vastes car ce que recherche ultimement la raison, c’est Dieu, qui nous a fait, qui est venu vers nous et qui veut être connu. «Le Logos s’est fait chair et il a habité parmi nous.» VOIR AVEC LES YEUX DE LA FOI Le cardinal Ratzinger a expliqué que la réponse au Christ dans la foi était l’accomplissement de la raison dans son livre, Un tournant pour l’Europe? paru en 1994 : «La foi n’est pas l’abdication de la raison face aux limites de notre connaissance; elle n’est pas une retraite dans l’irrationnel face aux dangers que recèle une raison purement instrumentale. La foi n’est pas l’expression de la lassitude et de l’invention, elle est plutôt le courage d’exister et un éveil à la grandeur et à l’étendue de tout ce qui est réel. La foi est un acte d’affirmation; elle est basée sur la puissance d’un nouveau Oui, lequel devient possible pour l’homme quand celui-ci est touché par Dieu […] Le mysterium, tel que le conçoit la foi, ne reflète pas l’irrationnel mais plutôt les plus grandes profondeurs de la raison divine […] On parle alors de raison créative, du pouvoir du savoir divin qui donne le sens. Ce n’est qu’à partir de cette prémisse que l’on peut correctement saisir le mystère du Christ, et ainsi découvrir que raison et amour s’équivalent.» Il est vrai que la foi — la connaissance de Dieu — ne peut être sujette aux preuves scientifiques. Mais cela

nous montre non pas que la foi est une forme inférieure de connaissance, mais plutôt que la vérification expérimentale ne constitue pas le dernier mot en matière de rationalité. Comme l’écrivait le cardinal Ratzinger, la foi n’est ni irrationnelle ni séparée de l’expérience concrète. La première épître de Jean montre combien fondamentale était l’expérience des disciples — la preuve fournie par leurs sens, l’interprétation de leur raison, l’ouverture de leur esprit —, qui leur a permis de croire en Jésus et de travailler au développement de l’Église : «Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie — car la vie a été manifestée, et nous l’avons vue et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée — ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous écrivons ces choses, afin que notre joie soit parfaite» (1 Jn 1.1-4). Mais qu’en est-il de ceux qui ne voient pas Jésus avec leurs yeux ou ne le touchent pas avec leurs mains ? Quelle expérience — quelle preuve et quelle raison — rendra l’Évangile crédible à leurs yeux ? C’est ici que la nature sociale et ecclésiale de la foi devient évidente : ce sont les autres — ceux qui ont été happés par l’amour du Christ, le Logos dont l’amour fonde le monde — qui constituent eux-mêmes la crédibilité de la foi, par cet amour qu’ils ont reçu et qu’ils irradient vers leurs frères et sœurs. Le cardinal Ratzinger l’a expliqué dans un discours à Bassano, en Italie : «Notre connaissance de Dieu est essentiellement basée sur […] une confiance qui

«C’EST SEULEMENT PAR LE biais d’hommes touchés par Dieu que Dieu peut revenir parmi les hommes» 16

devient participation et qui se vérifie par la suite dans l’expérience de la vie de chaque personne. La relation à Dieu est aussi, et même avant toute chose, une relation avec les autres êtres humains; elle est basée sur la communion entre les hommes» (What Does it Mean to Believe? paru dans la série Christianity and Crisis of Cultures chez Ignatius Press, en 2006). Comprendre notre communion avec autrui et avec Dieu en tant que réalisation la plus complète possible de la rationalité n’enlève pas toute signification et pertinence au savoir scientifique et technologique. Au contraire, cette communion — et le logos d’amour qu’il implique — enrichit toutes les formes de la raison, alors que nous travaillons de concert au bien commun. Cela dit, la possibilité de communion avec Dieu et avec autrui dans le Christ ne peut être rendue crédible qu’à travers le témoignage de ce qui ont expérimenté eux-mêmes cette communion, cette amitié. Voilà pourquoi, plusieurs semaines avant son élection comme pape, le cardinal Ratzinger, dans un discours en hommage à saint Benoît de Nursie, dont il allait porter le nom, a appelé à la manifestation de tels témoignages : «Ce dont nous avons surtout besoin en ce moment de l’histoire, ce sont d’hommes qui, à travers une foi éclairée et vécue, rendent Dieu crédible en ce monde [...] Le témoignage négatif de chrétiens qui parlaient de Dieu en vivant en opposition avec Lui a obscurci l’image de Dieu et ouvert la porte à l’incrédulité. «Nous avons besoin d’hommes qui gardent le regard tourné vers Dieu, en apprenant de Lui la véritable humanité. «Nous avons besoin d’hommes dont l’intelligence soit illuminée par la lumière de Dieu et à qui Dieu ouvre le cœur, de sorte que leur intelligence puisse parler à l’intelligence des autres : c’est seulement par le biais d’hommes touchés par Dieu que Dieu peut revenir parmi les hommes.» Lesley Rice a obtenu en 2006 son diplôme de l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, à Washington, D.C.


L’Évangile de la famille Le premier moyen que Dieu prend pour rencontrer l’humanité c’est la famille. PAR DAVID S. CRAWFORD

A

u cours de ses trois ans comme pape, Benoît XVI a souvent et, avec profondeur traité, de l’aspect central du mariage et de la famille dans la vie et la mission de l’Église. Jusqu’ici, son enseignement se trouve explicitement en continuité avec la riche élaboration de ces idées que présentait le pape Jean-Paul II. En même temps, par contre, Benoît XVI a apporté ses propres intuitions et ses préoccupations personnelles quant à la place du mariage et de la famille dans l’Église et le monde d’aujourd’hui.

LA QUESTION DU RELATIVISME D’abord, il est utile de situer la pensée de Benoît XVI sur le mariage et la famille dans le contexte de thèmes plus globaux de son pontificat. Parmi ceux-ci, mentionnons le problème du «relativisme» dans la culture occidentale, préoccupation qui avait occupé une place importante dans les écrits de Benoît XVI avant son élection. Par relativisme, le pape entend la tendance de rejeter les vérités fondamentales concernant la réalité, telles que celles se rapportant à la signification de la vie humaine et de sa destinée. Aussi, le relativisme rejette-t-il la vérité morale transcendante qui ne provient pas de facteurs sociaux, psychologiques ou biologiques. Le relativisme se présente nettement en contradiction avec la foi catholique, puisque celle-ci insiste RIGHT (FROM TOP): ALL CNS PHOTOS FROM REUTERS; GIANCARLO GIULIANI, CATHOLIC PRESS PHOTO; ALEXANDRA BEIER, REUTERS

sur le fait que nous pouvons découvrir la vérité concernant la réalité, la vie humaine et sa destinée. Toutefois, Benoît XVI a mis en évidence un effet propre au relativisme: la tendance d’isoler l’individu en luimême. Puisque le relativisme se rapporte à la vérité sous-jacente comme incertaine et, en fin de compte, comme inatteignable, Benoît XVI fait souvent remarquer que ce courant de pensée propose «l’individu et ses désirs» comme «critère ultime» de la vie humaine. Une fois perdues les vérités fondamentales, il n’est pas possible d’en arriver à des critères permettant de porter un jugement sur de tels désirs. Ce qui implique que tout désir est légitime. Bien sûr, Benoît XVI n’affirme pas que tous les désirs humains soient mauvais ou sans importance. Il insiste plutôt pour dire qu’ils doivent être enracinés dans la vérité, s’ils doivent attendre au bien et à la dignité de la personne. Selon cette perspective, on comprend facilement que, dans les propos de Benoît XVI sur le mariage et la famille, le relativisme, comme thème, soit revenu avec tant de persistance. Tout comme les mariages et les familles en tant que tels ne peuvent durer très longtemps, s’ils sont fondés sur les désirs des individus détachés de la vérité et de l’amour. C’est ainsi que le mariage et la famille, en tant que réalités culturelles, n’arrivent pas à survivre. C’est pourquoi, le relativisme a eu comme effet sur le mariage et la famille de miner leur stabilité et leur signification sociale, comme le manifeste certains phénomènes comme le divorce sans égard à la responsabilité, l’usage largement reçu d’avoir recours aux contraceptifs, l’accueil de plus en plus répandu des relations sexuelles et des naissances en dehors du mariage, et le soutien social et juridique accru de «mariages homo-

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fait appel aux Iraquiens chrétiens et musulmans pour qu’ils condamnent collectivement la violence répandue dans leur pays. 2-23 octobre Au Vatican, préside au Synode des évêques sur l’Eucharistie. 25 décembre Publication de Deus Caritas Est (Dieu est Amour), la première encyclique de son pontificat. 1er janvier 2006 Annonce que, au cours de mois de janvier, il priera surtout pour les migrants du monde entier. 16 avril Le dimanche de Pâques, Benoît XVI lance un plaidoyer spécial pour la paix, notamment en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient. 25-28 mai Deuxième voyage apostolique à l’étranger. Visite de quatre jours en Pologne, le pays d’origine de son prédécesseur, JeanPaul II. Le voyage comprend des visites aux camps de la mort d’Auschwitz et de Birkenau. 9-14 septembre Quatrième voyage apostolique à l’étranger. Se rend à Munich, Altötting et Regensburg, en Allemagne. 12-19 septembre Un groupe de dirigeants musulmans s’offusquent de certains propos prononcés pape dans son discours au corps professoral de l’université de Regensburg, en Bavière. • Quelques heures après être rentré d’Allemagne (14 septembre), un communiqué est publié expliquant SUITE À LA PAGE 19

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sexuels». C’est ainsi que, à la Rencontre mondiale des familles, tenue à Valence, en Espagne, en 2006, le pape a parlé de «forces centrifuges» éloignant le mariage et la famille de son noyau central et de sa vérité stabilisante. Comme le soutenait Benoît XVI l’an dernier, dans à de telles circonstances, le mariage et la famille sont réduits «à une simple formalisation sociale de liens émotifs». Il en résulte donc que l’amour humain ne trouvera à s’exprimer que dans des relations aux structures instables et qui, en fin de compte, deviennent fugaces et égoïstes. Devant de tels défis, Benoît XVI s’en est maintes et maintes fois rapporté à ce qu’il appelle «la vérité sur le mariage et la famille» ou, encore, «l’Évangile de la famille». «Seul le roc de l’amour total et irrévocable entre un homme et une femme, insista-t-il dans son discours de 2006, peut servir de fondement sur lequel se bâtira une société qui deviendra accueillante de toute l’humanité.» Le pape fit valoir deux aspects cruciaux du mariage et de la famille qui, selon lui, finissent par converger. L’EXPÉRIENCE DE L’AMOUR Il y a d’abord, la question de l’expérience humaine universelle. Le mariage et la famille sont des réalités connues depuis l’origine dans toute culture et toute religion. Ils représentent une vérité universelle sur la personne, intelligibles tant pour les chrétiens que pour les non-chrétiens, du fait que, comme y insistait Jean-Paul II, mariage et famille «se trouvent au fondement le plus intime de la vérité sur l’être humain et sur sa destinée». Le mariage et la famille deviennent donc des éléments inévitables de l’être humain — ce qui, en soi, implique que, dans la formation de la personne, joue l’expérience de se découvrir mâle ou femelle, enfant ou parent, etc. Cette expérience signifie

également que nous sommes appelés à aimer. Puisque la famille est à ce point en lien intime avec «le noyau essentiel de l’être humain», ces questions se trouvent, par le fait même, en relations étroites avec les questions fondamentales et inévitables sur la vie humaine: «Qui suis-je? Qu’est-ce que l’être humain?» Comme le faisait remarquer Benoît XVI dans un discours de 2005, ces questions en suscitent d’autres naturellement: «Dieu existe-t-il? Qui est Dieu? Quel est le véritable aspect de Dieu? Dans sa première encyclique, Deus Caritas Est (Dieu est amour), Benoît XVI dit que nous expérimentons plusieurs types d’amour: l’amour de notre travail et de nos activités, de notre vie sociale et même de nos amis. Toutefois, il souligne que c’est l’amour d’un homme et d’une femme qui apparaît intuitivement comme le type exemplaire de l’amour humain. En effet, l’encyclique commence par nous affirmer que le fondement de l’amour humain, sa «quintessence» (imago perfecta), c’est la relation homme femme qui cherche le bonheur dans le mariage. L’amour entre l’homme et la femme semblerait donc constituer un point de départ de l’intelligence de l’amour humain. L’amour conjugal est donc également le commandement et le soutien de toute autre caractéristique des types d’amour qui existent au sein de la famille. Le relativisme soulève donc un problème fondamental, en ce qu’il ébranle notre appel fondamental et universel à l’amour. Comme l’a expliqué le pape à Valence, le relativisme tend à réduire l’amour à un désir «subjectif et éphémère» du plaisir individuel. Ce qui entraîne une exaltation de la sexualité, retranchée de son authentique signification religieuse et humaine, propre au lien exclusif et permanent du mariage.

«CHAQUE GÉNÉRATION, toute parenté et chaque famille trouvent son origine en Dieu, qui est Père, Fils et Esprit Saint» 18

CONVERGENCE AVEC LA RÉVÉLATION Ces expériences humaines incontournables «convergent» avec le second aspect de l’enseignement de Benoît XVI sur le mariage et la famille: la participation à l’alliance avec Dieu telle que révélée dans l’Ancien Testament et accomplie dans la personne du Christ. Comme nous l’avons vu, la personne est portée, par sa nature même, vers l’amour. Cet appel se fait d’abord sentir par l’expérience du mariage et de la famille. Mais cette même expérience s’ouvre sur la révélation que Dieu fait de lui-même comme amour et, par surcroît,sur la participation à cette révélation. Comme Benoît XVI le dit dans son discours de 2006, à la basilique Saint-Pierre, «le moyen initial et ordinaire que Dieu prend pour rencontrer l’humanité c’est la famille». À Valence, il affirmait avec plus de profondeur encore «que chaque génération, toute parenté et chaque famille trouvent son origine en Dieu, qui est Père, Fils et Esprit Saint». Un premier signe de cette réalité, nota Benoît XVI, c’est que Dieu choisit de devenir homme au sein d’une famille, acceptant comme mère, Marie et, comme père adoptif, Joseph. Ce faisant, il devient également membre de la grande famille humaine. C’est pourquoi, les Évangiles de Matthieu et de Luc s’ouvrent en traçant les origines humaines de Jésus (Mt 1, 1-17, Lc 3, 23-38). Du point de vue plus théologique à la base, toutefois, se trouve le fait que l’Écriture et la tradition ont constamment recours à des analogies conjugales et familiales, et ce, pour décrire les relations fondamentales, tant avec Dieu lui-même — Jésus est le fils unique de Dieu — qu’avec le salut du monde accompli par Dieu. Voici ce qu’écrit Benoît XVI: «Le mariage fondé sur un amour exclusif et définitif devient l’icône de la relation de Dieu avec son peuple et réciproquement» (Deus Caritas Est, 11). Par exemple, l’Écriture et la tradition parlent sans cesse du Christ comme époux et de l’Église comme son épouse; du «mariage» entre les natures humaine et divine dans


Le vie et le ministère

l’Incarnation du Christ dans le sein de Marie; des hommes et des femmes membres de l’Église comme des fils et des filles; de l’Église comme une famille de frères et de sœurs, et ainsi de suite. En d’autres termes, la révélation que Dieu fait de lui-même dans l’Écriture laisse entendre que la façon la plus apte à comprendre ce que signifie notre langage sur l’amour de Dieu et sur la vocation de l’humanité elle-même c’est de les comparer à l’amour conjugal et familial, qui fait partie de la nature de tout homme et de toute femme. La «vérité sur le mariage et la famille, affirmait encore Benoît XVI, en 2005, «a été actualisée dans l’histoire du salut, au cœur de laquelle se trouvent les mots: ’Dieu aime son peuple’». UNE «HISTOIRE D’AMOUR» Les antécédents de cette perspective se trouvent dans les écrits du cardinal Joseph Ratzinger. En effet, le cardinal Ratzinger s’est penché à maintes reprises sur le concept biblique de l’alliance de Dieu avec son peuple et de sa plénitude dans le Christ. Cette relation d’alliance est entreprise avec Adam et Ève dans le livre de la Genèse. Aussi repère-t-on d’autres alliances importantes avec Abraham et Moïse, cette dernière prenant une forme particulièrement juridique. L’Alliance entre Dieu et son peuple prend une tournure d’analogie conjugale, perspective qu’exploitent les écrits des prophètes. Mais comment, en 1995, s’interrogeait le cardinal Ratzinger le langage conjugal des prophètes change-til notre intelligence autant de la signification de l’alliance de Dieu avec son peuple, que de la signification de la loi elle-même? Une fois cette alliance caractérisée par un langage conjugal, l’infidélité souvent répétée d’Israël peut être comparée à une sorte d’adultère. Et sans doute, selon une interprétation réduite à son sens légaliste, Israël mérite bien d’être répudiée telle une épouse infidèle. Mais au lieu de la répudier, Dieu pardonne sans cesse à son épouse. Et nous découvrons le cœur de la loi telle qu’elle finira par être comprise. Le cardinal Ratzinger soutient que la tendance de l’Ancien Testament vers l’analogie conjugale signifie que l’histoire de la relation de Dieu avec son peuple devient une CI-DESSUS: CNS PHOTO/CATHOLIC PRESS PHOTO

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espèce «d’histoire d’amour». Toutefois, le sens conjugal de l’alliance de Dieu avec son peuple trouve sa plénitude dans la personne de Jésus. En effet, si nous tenons qu’une alliance conjugale constitue la façon la plus vraie d’exprimer cette alliance entre Dieu et l’être humain, il s’ensuit que son centre se trouve dans l’union des natures humaine et divine dans la personne du Christ, alors que le Fils s’est fait chair. En communiant à son corps et à son sang dans l’Eucharistie, nous sommes incorporés dans son alliance conjugale et familiale, devenant unis avec l’époux, le Christ, d’une manière analogique à l’union du mari et de la femme dans le mariage. La réalité de chair et de sang dans l’Eucharistie devient, donc dans ses implications les plus profondes, la réalité de l’alliance de Dieu avec l’être humain. C’est la plus grande vérité de la personne, et constitue la source de «l’Évangile de la famille». Comme nous l’affirme Benoît XVI, c’est là que nous découvrons la convergence entre, d’une part, l’amour humain, reflété le plus visiblement dans les relations conjugales et familiales, et d’autre part, «l’amour dans sa forme la plus radicale» — c’est-à-dire, l’amour de Dieu qui sacrifierait son fils unique pour l’amour de ses fils et filles, membres de son Église-épouse (Cf. Deus Caritas Est, 12). David S. Crawford est professeur adjoint de théologie morale et de droit familial à l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, de Washington.

le contexte et l’objet d’une citation tirée du Moyen-Âge contenu dans son discours de Regensburg. 28 novembre – 1er décembre Cinquième voyage apostolique à l’étranger: visite de quatre jours en Turquie. Préside l’Eucharistie à Éphèse. Rend visite au patriarche orthodoxe œcuménique Bartholomée I, à Istanbul et s’arrête à la Mosquée Bleue. 13 mars 2007 Annonce de la publication de l’exhortation apostolique, Sacramentum Caritatis, réunissant les conclusions du synode des évêques de 2005 sur l’Eucharistie et encourage un usage plus répandu du latin dans les célébrations internationales et de l’Eucharistie. 18 avril Publie son premier volume en tant que pape Benoît XVI, premier tome d’un ouvrage intitulé Jésus de Nazareth, qui paraît en allemand, en polonais et en italien. La publication en anglais et en français (Flammarion) ne paraîtra qu’à la mi-mai. En une seule journée, en Italie, il s’en vend plus de 50 000 exemplaires. 9-13 mai Sixième voyage apostolique à l’étranger. Visite de quatre jours au Brésil, à l’occasion de l’ouverture de la Cinquième conférence générale des évêques d’Amérique latine et des Antilles, et la canonisation du premier brésilien indigène, l’abbé Antônio de Sant’ Ana Galvão. 8 juillet Autorise l’usage élargi du rite tridentin de la Messe dans sa lettre apostolique Summorum Pontificum. 7-9 septembre Septième voyage apostolique à l’étranger. Visite de trois jours en Autriche, qui comprend une rencontre avec les dirigeants politiques autrichiens et SUITE À LA PAGE 21

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Un pape d’espérance et d’amour Les deux premières encycliques du pape Benoît XVI nous enseignent les fondements de la moralité chrétienne PAR CARL A. ANDERSON

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orsque Dieu se révèle et appelle l’homme, celui-ci ne peut répondre pleinement à l’amour divin par ses propres forces. Il doit espérer que Dieu lui donnera la capacité de l’aimer en retour et d’agir conformément aux commandements de la charité. L’espérance est l’attente confiante de la bénédiction divine et de la vision bienheureuse de Dieu […]» Cet enseignement tiré du paragraphe 2090 du Catéchisme de l’Église catholique nous révèle pourquoi la première encyclique de Benoît XVI a porté sur la nature de l’amour et de la charité, et la deuxième sur la foi et l’espérance. Dans Deus Caritas Est (Dieu est amour) et Spe Salvi (Sur l’espérance chrétienne), le pape a livré à l’Église des enseignements sur les vertus théologiques de la foi, l’espérance et la charité — les fondements de la vie morale chrétienne. «UNE NOUVELLE RÉALITÉ» Près de quatre décennies avant de devenir pape, le père Joseph Ratzinger avait déclaré ce qui suit à l’occasion d’une retraite qu’il animait pour des étudiants universitaires, en Allemagne : «Ce qui nous tourmente réellement aujourd’hui, ce qui nous

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importune beaucoup plus (et plus encore que la question théorique de savoir si Dieu existe), c’est l’inefficacité du christianisme : après 2000 ans d’histoire chrétienne, aucune nouvelle réalité ne semble se présenter à l’horizon; nous constatons plutôt que le monde est toujours plongé dans les mêmes horreurs et le même désespoir, et animé également par les mêmes espoirs. Et dans nos propres vies, également, nous faisons abondamment l’expérience de l’impuissance de la réalité chrétienne contre toutes ces autres forces qui nous influencent et qui exigent tant de nous.» Le futur pape faisait ainsi état, de manière claire et concise, des préoccupations nourries par ces étudiants jonglant avec les questions ultimes sur Dieu et la révélation chrétienne. Or voilà des préoccupations auxquelles Benoît XVI et chaque prêtre du monde sont confrontés chaque jour, et auxquelles le pape cherche précisément à répondre, dans ses encycliques. Ces préoccupations sont alourdies par le poids grandissant que fait peser sur elles la vague de laïcisation qui frappe la société occidentale. Nous le réalisons particulièrement à l’occasion des grandes célébrations chrétiennes de Noël et de Pâques, lorsque les symboles chrétiens sont exclus de la place publique. Toutefois, une pression plus subtile et plus pernicieuse est constamment à l’œuvre autour de nous, dans la modification du sens que nous donnons à certains mots. Redonner un sens authentiquement chrétien à notre langage, tel est d’ailleurs l’un

des objectifs fondamentaux visés par le pontificat de Benoît XVI. Ses encycliques s’efforcent, par exemple, d’expliquer pourquoi l’espérance chrétienne diffère du simple optimisme ou de l’idée laïque de progrès, et pourquoi la charité chrétienne n’a rien à voir avec l’aide gouvernementale ou d’autres services sociaux analogues. La laïcisation ne menace pas seulement la présence de scènes de la Nativité à Noël ou les mots «sous Dieu» dans le serment d’allégeance au drapeau des États-Unis. Elle dépouille également de sa signification la vie chrétienne en laïcisant le mode de pensée des chrétiens euxmêmes ainsi que leur style de vie. À cause de cela, la laïcisation réduit les possibilités qu’ont les chrétiens de témoigner, par leur vie, d’une «nouvelle réalité dans le monde». DIRE OUI À DIEU «Nous ne pouvons rester neutres quand nous considérons l’idée de Dieu», a déjà également déclaré le cardinal Ratzinger, là encore dans le cadre d’une retraite. «Nous ne pouvons que répondre par oui ou par non, et cela avec les conséquences qui se répercutent jusque dans les moindres détails de notre existence.» Que signifie donc, alors, dire oui à ce Dieu qui est amour ? Quelles sont les conséquences de cette ouverture et de cette acceptation dans notre quotidien le plus concret ? Telle est la question fondamentale posée par Deus Caritas Est. Or on ne peut y répondre que si nous comprenons dès l’abord que la révélation de l’amour divin ne contredit pas les aspirations humaines les plus hautes, mais les propulse au contraire vers des sommets que l’individu ne peut atteindre par lui-même.

«L’HOMME A BESOIN DE DIEU; autrement, il rest privé d’espérance


Dans Deus Caritas Est, nous lisons : «Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un unique commandement. Tous les deux cependant vivent de l’amour prévenant de Dieu qui nous a aimés le premier. Ainsi, il n’est plus question d’un ‘commandement’ qui nous prescrit l’impossible de l’extérieur, mais au contraire d’une expérience de l’amour, donnée de l’intérieur, un amour qui, de par sa nature, doit par la suite être partagé avec d’autres. L’amour grandit par l’amour. L’amour est ‘divin’ parce qu’il vient de Dieu et qu’il nous unit à Dieu, et, à travers ce processus d’unification, il nous transforme en un Nous, qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir un, jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit ‘tout en tous’» (18). De la même façon, que veut-on réellement dire quand nous disons être sauvés par notre espérance dans le Christ ? Comme l’écrit Benoît XVI dans Spe Salvi, «l’homme a besoin de Dieu; autrement, il reste privé d’e-

spérance.» Nous ne pouvons être sauvés «simplement de l’extérieur», par le gouvernement ou par la science, mais seulement par l’amour inconditionnel et absolu. «L’espoir véritable et formidable pour l’homme, celui qui tient bon en dépit de toutes les déceptions, ne saurait être que Dieu — Dieu qui nous a aimés et qui continue à nous aimer ‘jusqu’à la fin’, ‘jusqu’à tout soit accompli’» (cf. 23-31). Deus Caritas Est et Spe Salvi offrent toutes deux une profonde méditation sur les fondements de la vie chrétienne, une méditation qui amène le croyant à réciter sa propre prière à la fin de Deus Caritas Est : «Montre-nous Jésus. Guide-nous vers Lui. Enseigne-nous à Le connaître et à L’aimer, afin que nous puissions, nous aussi, devenir capables d’un amour vrai et être sources d’eau vive au milieu d’un monde assoiffé» (42). Carl A. Anderson, Chevalier Suprême des Chevaliers de Colomb, est le vice-président fondateur de l’Institut Jean Paul II pour les études du mariage et de la famille à Washington, District de Columbia.

Redécouvrir Jésus Le pontificat du pape Benoît XVI est de plus en plus centré sur la compréhension de la personne du Christ

«En ce moment, je me souviens du 22 octobre 1978, quand le pape Jean-Paul II commença son ministère ici, sur la Place Saint-Pierre. Les paroles qu’il prononça alors résonnent encore et continuellement à mes oreilles: “N’ayez pas peur, au

PAR L’ABBE RAYMOND J. DE SOUZA

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e 24 avril 2005, le pape Benoît XVI prononçait l’homélie à l’Eucharistie inaugurale de sa récente élection dans laquelle il rappelait le début du pontificat du pape Jean-Paul II, quelque 26 ans auparavant.

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La vie et le ministère SUITE DE LA PAGE 19

des diplomates internationaux, au cours de laquelle il incite l’Europe à ne pas abandonner ses valeurs chrétiennes. 11 octobre Au-delà de cent dirigeants musulmans haut placés du monde entier, font parvenir une lettre au pape Benoît XVI et autres dirigeants chrétiens proposant que les similitudes théologiques servent de fondement à la paix et à l’entente. 29 novembre Répond à la lettre envoyée par 138 autorités musulmanes invitant un groupe parmi eux à le rencontrer ainsi que les membres du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. L’invitation fut communiquée dans une lettre envoyée au prince Ghazi de Jordanie, artisan du projet des autorités musulmanes. 30 novembre Parution de Spe Salvi, deuxième lettre encyclique du pontificat de Benoît XVI. 25 diciembre Appelle à ce que cesse «le bruit des armes», en Iraq, au Moyen-Orient, en Afghanistan, dans «les terres déchirées du Darfour», et «d’autres situations de crise, souvent malheureusement oubliées». 1er janvier 2008 Message de salutation à plus de 2 millions de personnes qui participent à une manifestation pour la famille à Madrid 20 janvier Sur la place St-Pierre, prononce un discours devant 200 000 personnes, parmi lesquelles beaucoup d’étudiants après l’annulation de sa visite à une université romaine à cause de protestations.

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Qu’entendra le monde de la part du pape Benoît XVI au cours de sa visite pastorale aux États-Unis? Voici quelques thèmes explicitant sa vision de l’Église et du monde, qui se dégagent des deux premières années de son pontificat.


D’après ses propres paroles Les enseignements du pape Benôit XVI depuis avril 2005 jusqu’à aujourd’hui c o l u m b i a /a p r i l 2 0 0 8 x


Les paroles que [le pape JeanPaul II] prononça alors résonnent encore et continuellement à mes oreilles: «N’ayez pas peur, ou contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ». Homélie prononcée à l’imposition du pallium et à la remise de l’anneau du pêcheur, 24 avril

2005

Ce n’est qu’en respectant la dignité inviolable de la personne humaine et en promouvant les libertés individuelles qui en découlent que l’on peut édifier une société civile qui contribue au bien-être de tous ses citoyens. Discours, 16 juin

Celui qui a découvert le Christ ne peut pas ne pas conduire d’autres personnes vers Lui, étant donné qu’une grande joie ne doit pas être gardée pour soi, mais être communiquée. Discours aux participants à la rencontre internationale «UNIV 2006», 10 avril

Je suis convaincu que la façon de donner vie à une société véritablement attentive au bien commun est de rechercher dans l’Évangile les racines de valeurs communes… Tel est le désir ardent de l’Église catholique, dont l’unique intérêt est de diffuser et de témoigner du message d’espérance et d’amour de Jésus Christ. Discours, 23 mai

En nous confiant au Christ, nous ne perdons rien, mais nous gagnons tout. Entre ses mains notre vie acquiert son sens véritable. Homélie prononcée durant la célébration eucharistique, à la place Pilsudzki, à Varsovie, en Pologne, 26 mai

Il est plus que jamais urgent que les hommes et les femmes de notre époque connaissent et rencontrent Jésus et, également grâce à notre exemple, se laissent conquérir par Lui.

Une modernité qui n’est pas enracinée dans d’authentiques valeurs humaines est destinée à être dominée par la tyrannie de l’instabilité et de l’égarement. Discours aux évêques des pays baltes, 23 juin

Que se taisent les armes et que partout la haine cède le pas à l’amour, l’offense au pardon et la discorde à l’union! Angélus, huitième

Régina Coeli, 9 avril

centenaire de la conversion de saint François d’Assise, 17 juin

Aujourd’hui, à l’époque de la mondialisation, cette identité catholique se présente encore comme la réponse la plus adaptée, à condition d’être animée par une sérieuse formation spirituelle et par les principes de la doctrine sociale de l’Église. Audience générale, 23 mai


Comme il est nécessaire que, en ce début de troisième millénaire, la communauté chrétienne tout entière proclame, enseigne et témoigne intégralement des vérités de la foi, de la doctrine et de la morale catholique dans l’unanimité et la concorde!

En Jésus Christ, qui, pour nous, a permis que son coeur soit transpercé, en Lui, est manifesté le vrai visage de Dieu. Veillée avec les jeunes à l’occasion de la 20e Journée mondiale de la Jeunesse, Cologne, 20 août

Faire le signe de la croix signifie prononcer un «oui» visible et public à Celui qui est mort pour nous et qui est ressuscité, au Dieu qui, dans l’humilité et la faiblesse de son amour, est le Tout-Puissant, plus fort que toute la puissance et l’intelligence du monde. Angélus, 11 septembre

Angélus, 3 juillet

Nous savons bien que la paix est avant tout un don de Dieu, qu’il faut implorer avec insistance dans la prière, mais en ce moment, nous voulons également rappeler que celle-ci constitue l’engagement de tous les hommes de bonne volonté. Angélus, Fête de la Transfiguration, 6 août

C’est ce que nous demandons lorsque nous prions: «Que ton Règne vienne». … Nous prions donc afin que la justice et l’amour deviennent des forces décisives dans l’ordre du monde. Homélie, Munich, 10 septembre

La famille est une institution irremplaçable selon le projet de Dieu, dont l’Église ne peut cesser d’annoncer et de promouvoir la valeur fondamentale, pour qu’elle soit toujours vécue avec le sens de sa responsabilité et avec joie. Discours prononcé à la cérémonie d’arrivée à la Rencontre mondiale des familles, à Valence, en Espagne, 8 juillet

Les Chevaliers de Colomb ont, par leur action, construit le Royaume de Dieu sur Terre, et je sais que, où que vous soyez, vous continuerez d’employer vos énergies et votre zèle apostolique à promouvoir la mission de l’Église. Message aux Chevaliers de Colomb lors du 125e Congrès suprême, le 7 août

Comme la vie même de l’homme, la liberté trouve son sens dans l’amour. Qui est en effet le plus libre? Celui qui garde pour lui toutes les possibilités de peur de les perdre, ou celui qui se donne «résolument» dans le service et se retrouve ainsi plein de vie en raison de l’amour qu’il a donné et reçu? Angélus, premier juillet

Toute personne connaissant un minimum l’Évangile du Christ sait qu’il s’agit d’un message de paix par excellence. Angélus, 19 août


La foi ne se réduit pas à un sentiment privé, peut-être même à cacher lorsqu’elle dérange, mais implique la cohérence et le témoignage également dans le domaine public, en faveur de l’homme, de la justice, de la vérité. Angélus, 9 octobre

Telle est la mission de l’Église hier, aujourd’hui et à jamais: annoncer et témoigner du Christ, afin que l’homme, chaque homme, puisse réaliser pleinement sa vocation. Angélus, solemnité du Christ Roi, 20 novembre

Nous avons besoin de familles qui ne se laissent pas entraîner par des courants culturels modernes inspirés de l’hédonisme et du relativisme, mais qui soient au contraire prêtes à accomplir leur mission dans l’Église et la société, avec un généreux dévouement.

L’humanité unie pourra affronter les problèmes nombreux et préoccupants du moment présent: de la menace terroriste aux conditions d’humiliante pauvreté dans laquelle vivent des millions d’êtres humains, de la prolifération des armes aux pandémies et à la dégradation de l’environnement qui menace l’avenir de la planète. Message urbi et orbi, 25 décembre

Nous avons en effet appris que la véritable paix a besoin de la justice, pour corriger les déséquilibres économiques et les désordres politiques qui sont toujours des facteurs de tensions et de menaces dans toute société. Rencontre avec le corps diplomatique, à Ankara, en Turquie, 28 novembre

Angélus, 8 octobre

Cette Bonne nouvelle n’est pas seulement une Parole, mais elle est une Personne, le Christ lui-même, ressuscité, vivant! Homélie, cathédrale de l’Esprit Saint, Istanbul, Turkquie, premier décembre

Celui qui, comme le Samaritain guéri, sait remercier, démontre qu’il ne considère pas toute chose comme un dû, mais comme un don qui, même lorsqu’il parvient par l’intermédiaire des hommes ou de la nature. Angélus, 14 octobre Le Christ est venu précisément pour créer un réseau de communion dans le monde, où tous ensemble, nous pouvons nous porter l’un l’autre et nous aider ainsi à trouver ensemble le chemin de la vie et comprendre que les Commandements de Dieu ne sont pas des obstacles à notre liberté, mais les chemins qui conduisent vers l’autre, vers la plénitude de la vie. Veillée de prière avec les jeunes, Loreto, premier septembre

On pense parfois que la sainteté est une condition privilégiée réservée à quelques élus. En réalité, devenir saint est le devoir de chaque chrétien, et nous pourrions même dire de chaque homme! Angélus, premier novembre


Pour sa part, l’Église, fidèle à la mission reçue de son Fondateur, ne se lasse pas de proclamer partout «l’Évangile de la paix». Message pour la Journée mondiale de la paix, premier janvier

Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un unique commandement. Tous les deux cependant vivent de l’amour prévenant de Dieu qui nous a aimés le premier.»

L’amour véritable se traduit en gestes qui n’excluent personne, à l’exemple du Bon Samaritain, qui, avec une grande ouverture d’esprit, aida un inconnu en difficulté, rencontré «par hasard» le long du chemin (cf. Lc 10, 31).

Deus Caritas Est (18), premier février

2006

Homélie, mercredi des Cendres

2007

La vie est le premier des biens reçus de Dieu et elle est le fondement de tous les autres; garantir le droit à la vie à tous et de façon équitable pour tous est un devoir et l’avenir de l’humanité dépend de son accomplissement. Discours à l’assemblée

Comme j’ai eu l’occasion de l’affirmer, ce n’est pas le rôle propre de l’Église de prendre en charge le combat politique pour réaliser la société la plus juste possible; toutefois, elle ne peut et ne doit pas non plus rester à l’écart de la lutte pour la justice. Sacramentum

générale de l’Académie pontificale pour la vie, 24 février

caritatis, 13 mars

Seuls, le respect de la dignité humaine de tous les migrants, d’un côté, et la reconnaissance par les migrants euxmêmes des valeurs de la société qui les accueille, de l’autre, rendent possible la juste intégration des familles dans les systèmes sociaux, économiques et politiques des pays d’accueil. Angélus, Journée annuelle mondiale annuelle des migrants, 14 janvier

Le lexique familial est un lexique de paix; c’est là qu’il est nécessaire de toujours puiser pour ne pas perdre l’usage du vocabulaire de la paix. Journée mondiale de la paix, premier janvier

Que l’Enfant Jésus apporte le réconfort aux personnes qui sont dans l’épreuve et donne aux responsables des gouvernements la sagesse et le courage de rechercher et de trouver des solutions humaines, justes et durables. Message Urbi et orbi, 25 décembre

La nature humaine et la dimension culturelle s’intègrent dans un processus ample et complexe qui constitue la formation de l’identité, où les deux dimensions, la dimension féminine et la dimension masculine, correspondent l’une à l’autre et se complètent. Discours

2008

de Benoît XVI devant les congressistes du Congrès sur la femme le 10 février


contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ”. Le pape parlait aux forts, aux puissants du monde, qui avaient peur que le Christ les dépossède d’une part de leur pouvoir, s’ils l’avaient laissé entrer et s’ils avaient concédé la liberté à la foi.» Et Benoît XVI d’ajouter, Jean-Paul II ne s’adressait pas à un public restreint. «Le pape parlait en outre à tous les hommes, surtout aux jeunes. En quelque sorte, n’avons-nous pas tous peur — si nous laissons entrer le Christ totalement en nous, si nous nous ouvrons totalement à lui — peur qu’il puisse nous déposséder d’une part de notre vie? N’avons-nous pas peur de renoncer à quelque chose de grand, d’unique, qui rend la vie si belle? Ne risquons-nous pas de nous trouver ensuite dans l’angoisse et privés de liberté? Et encore une fois le Pape voulait dire: Non! Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien — absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande.» Finalement Benoît XVI concluait par cette remarque: «Ainsi, aujourd’hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d’une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes: n’ayez pas peur du Christ! Il n’enlève rien et il donne tout.» QUI EST JÉSUS CHRIST? Bien que, dans son homélie inaugurale, il eût insisté sur la continuité avec son prédécesseur, Benoît XVI a également laissé entendre qu’il y aurait une évolution dans l’accent. Le pontificat de Jean-Paul II a changé le monde en par son insistance sur la réalité de Jésus Christ — Rédempteur de l’homme, comme l’indiquait le titre de sa première encyclique — a eu des répercussions sur l’agencement public de la culture, de la politique et de l’économie. Les puissants et les grands de ce monde devraient s’y arrêter attentivement. Ainsi, Jean-Paul II avait proclamé: «ouvrez [au Christ]

les frontières des États, des systèmes économiques et politiques, des vastes champs de la culture et de la civilisation et du développement». Tout en n’annulant pas les paroles de Jean-Paul II, Benoît XVI prend un peu de recul, pour ainsi dire, en stipulant plutôt que non seulement les sociétés devraient se configurer à la personne de Jésus Christ, mais que notre conception même de la réalité dépend du Verbe Incarné. Dans ses encycliques les plus remarquables, Jean-Paul II a entrepris un programme appelé «humanisme chrétien», ou les répercussions de la foi en Jésus Christ sur la personne. Le passage préféré de JeanPaul II dans les documents du Concile Vatican II fait ressortir que Jésus Christ en arrive-t-il à révéler non seulement qui est Dieu, mais ce qu’il signifie d’être pleinement humain (voir Gaudium et Spes, 22). De l’insistance sur les répercussions de la foi en Jésus, Benoît XVI centre son attention sur la personne même de Jésus Christ. S’il est vrai que, dans sa première encyclique, Deus Caritas Est, il emprunte quelques schémas du pontificat précédent, ceux-ci sont réorganisés pour les centrer d’abord sur l’amour que nous manifeste Jésus, pour ensuite souligner que nous devrions nous aimer les uns les autres. C’est ainsi que le pontificat de Benoît XVI s’est manifesté comme une réponse à la question: «Qui est Jésus Christ?» La réponse à cette question a donné lieu à une œuvre majeure du pontificat de Benoît XVI: son ouvrage en deux tomes intitulé Jésus de Nazareth. Le premier tome parut l’an dernier et le deuxième est en marche. Bien que l’horaire du pape soit chargé d’innombrables exigences, il doit également choisir les travaux personnels particuliers auxquels il consacrera son temps. Benoît XVI a choisi de placer ses

«CELUI QUI FAIT ENTRER le Christ ne perd rien, rien — absolutement rien» 28

œuvres littéraires en tête de liste. Bien que Jean-Paul II nous ait habitués à un pape qui publiait des livres, les siens n’étaient pas des traités de théologie d’envergure. Ils comportaient plutôt des entrevues et des mémoires, et n’avaient aucune prétention à être des œuvres d’un savant. Par contre, Benoît XVI a choisi justement cette voie, c’està-dire de publier une œuvre théologique sérieuse et personnelle sur la personne de Jésus. Le SaintPère précise que cette décision provient d’un désir de corriger «l’impression que nous avons très peu de connaissances certaines de Jésus et que c’est seulement à une époque tardive que la foi en sa divinité a établi l’image que nous avons de lui». Il s’agit d’un enjeu important, comme il le précise dans Jésus de Nazareth. «Cette impression a maintenant pénétré profondément dans les esprits des chrétiens en général, entraînant un état de crise au chapitre de la foi, car le point de départ est mis en doute. En effet, l’amitié intime avec Jésus, dont tout dépend, risque de se cramponner aux nuages.» LA RAISON ÉTERNELLE DE DIEU Tout dépend de la juste idée de Jésus Christ, parce qu’il est le Verbe incarné — la raison éternelle de Dieu — qui révèle que Dieu est à la fois raisonnable, personnel et aimant. Benoît XVI a discuté de cette question dans ses écrits depuis quelque quarante ans — à savoir que c’est seulement en Jésus Christ que nous pouvons nous libérer des mythes et des sorts et des caprices des anciens dieux. Les premiers chrétiens ont dû faire ce choix, et, de façon absolue, ils ont rejeté les dieux des autres nations, même ceux de l’Empire romain, pour se tourner vers le logos — la raison des philosophes — qui s’était révélé comme personne. «Le choix ainsi fait signifiait que l’option se tournait vers le logos, plutôt que toute forme de mythe; que c’était, dans le monde et la religion, la fin de toute mythologie», écrivait en 1968 le cardinal Joseph Ratzinger dans son œuvre de théologie la plus complète, Introduction au christianisme. w w w. ko f c .o r g


Le logos dont écrivait le cardinal Ratzinger, c’est le «dieu des philosophes» — le principe originel de la raison et de l’ordre qui repose dans le cœur de tout être. Ce logos — traduit du grec en français par Verbe — constitue la rationalité que peut atteindre la philosophie. Par contre, ce logos nous est révélé lorsque le Verbe nous est dit en Jésus Christ. Nous croyons dans le Dieu des philosophes, mais nous le connaissons en tant que personne qui nous a parlé en Jésus Christ. Le verbe de foi qui nous est dit n’est nul autre que le Verbe de Dieu lui-même, le Verbe qui s’est fait chair et qui habita parmi nous (cf. Jn 1, 14). Pour Benoît XVI, il s’agit d’une question absolument critique. Sans Jésus Christ, nous n’avons que la raison des philosophes pour combattre l’arbitraire des dieux païens, l’esclavage des forces purement matérielles. Bien que cette raison réussisse à créer un espace pour que Dieu agisse, la raison seule n’apporte pas le salut, n’offre pas de rédemption et n’a pas de rapport aux désirs les plus profonds du cœur. C’est à cette même question que revient le Saint-Père dans sa plus récente encyclique, Spe Salvi. Il note que dans l’histoire des Mages, saint Matthieu nous présente une autre façon de considérer la réalité. En effet, ce ne sont plus les étoiles qui contrôlent les dieux, mais bien Dieu qui contrôle les étoiles. En effet, écrit-il, «ce tableau bouleverse la vision du monde d’alors, qui, de façon différente, est revenue à la mode encore aujourd’hui. Ce ne sont ni les esprits primitifs de l’univers, ni les lois de la matière, qui en fin de compte gouvernent l’univers et de l’humanité, mais un Dieu personnel qui gouverne les étoiles, c’est-à-dire l’univers; ce ne sont pas les lois de la matière et de l’évolution qui ont le dernier mot, mais la raison, la volonté, l’amour — une Personne. Et si nous connaissons cette Personne et qu’il nous connaît, alors vraiment le pouvoir inexorable des éléments matériels n’a plus le dernier mot; nous ne sommes pas esclaves de l’univers et de ses lois, nous sommes libres. Dans les temps anciens, des esprits chercheurs et honnêtes étaient conscients de ces réalités. Le ciel n’est pas vide. La vie n’est pas le

simple produit des lois et du hasard de la matière, mais au-dedans de tout et en même temps au-dessus de tout, il existe une volonté personnelle, il existe un Esprit qui, en Jésus, s’est révélé Amour.»

UNE FOI OSÉE Ce que Benoît XVI déclare — depuis le début d’ailleurs de sa carrière très productive de théologien — est éminemment osé. En effet il dit que sans la raison, l’être humain s’embourbe sans cesse dans des façons de saisir la réalité qui l’assujettissent à l’astrologie, le hasard, la magie, les idéologies politiques, les hauts et les bas des marchés et les progrès techniques. La raison balaie d’un trait ces fausses options, laissant la place à

Dieu. Pourtant, nous ne pouvons atteindre ce Dieu par la seule raison, et donc nous avons besoin qu’il se révèle à nous. C’est ce qu’il a réalisé en Jésus Christ, qui est venu en tant que personne, une personne qui est amour et miséricorde. Prendre le raisonnement à rebours, c’est dire que sans Jésus, nous perdons ce que saint Paul appelle «la liberté des enfants de Dieu» (Rm 8, 21). Certains experts ont observé que Jean-Paul II a été le pape de la liberté. Benoît XVI montre constamment Jésus Christ, celui qui rend possible la liberté. L’abbé Raymond J. de Souza est prêtre de l’archidiocèse de Kingston, en Ontario, et membre du conseil St. Paul the Apostle 9652, de Kingston.

Le pape et la messe Au cœur d’un pontificat marqué par le renouveau eucharistique, le pape Benoît XVI fixe son regard «la source et le sommet» de la vie catholique PAR LE PÈRE JOSEPH FESSIO, s.j.

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ans son homélie inaugurale, le 24 avril 2005, le pape Benoît XVI faisait remarquer: «En ce moment, je n’ai pas besoin de présenter un programme de gouvernement. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer, dans mon message du mercredi 20 avril...» Quel était donc ce «programme de gouvernement» dévoilé quatre jours auparavant, soit le matin après son élection? Le pape n’avait pas pu parler plus

clairement: «L'Eucharistie, cœur de la vie chrétienne et source de la mission évangélisatrice de l’Église, ne peut que constituer le centre permanent et la source du service pétrinien qui m’a été confié.» Dans le même message, Benoît a également montré clairement sa compréhension de son ministère en tant qu’évêque de Rome quand il s’agit de respecter la réforme liturgique exigée par le Concile Vatican II. Il insistait: «Alors que je me prépare moi aussi au service qui est propre au Successeur de Pierre, je veux affirmer avec force la ferme volonté de poursuivre l’engagement de mise en œuvre du Concile Vatican II, dans le sillage de mes Prédécesseurs et en fidèle continuité avec la tradition bimillénaire de l’Église.» Il est intéressant de noter que, en plus d’évoquer continuité et tradition d’un même trait, le pape laisse entendre que Vatican II n’a encore été ni pleinement ni correctement mis en pratique. c o l u m b i a / a v r i l 2 0 0 8 29


RUPTURE VS CROISSANCE ORGANIQUE Dans son autobiographie publiée en 1998, intitulée Ma vie, souvenirs, (Fayard 1998), le cardinal Razinger avait déclaré que l’introduction soudaine du Missel de Paul VI (le missel en usage actuellement) «avait introduit une brèche dans l’histoire de la liturgie dont les conséquences ne pouvaient être que tragiques.» Sa solution? «Un renouveau de la conscience liturgique qui, encore une fois, reconnaît l’unité de l’histoire de la liturgie et qui comprend Vatican II non pas comme une brèche mais plutôt comme une étape de développement… Je suis convaincu que la crise que nous vivons dans l’Église est due en grande partie à la désintégration de la liturgie.» Dans certaines déclarations sur la liturgie, il dit des réformes qui ont suivi Vatican II que, «Une telle situation ne s’est jamais présentée jusqu’ici. C’est absolument contraire aux lois de la croissance liturgique.» Il parle de la «mise en œuvre concrète» de la réforme liturgique comme d’une «dévastation». Et dans son livre L’Esprit de la liturgie (Ad Solem, 2001), le cardinal Ratzinger, compare le renouveau liturgique à la restauration d’une fresque qui est «menacée de destruction». Il est importante de noter que le cardinal Ratzinger ne traite pas des aberrations sauvages occasionnelles ou des abus scandaleux qui ont suivi dans le sillage immédiat de Vatican II. Il s’exprime plutôt en songeant au temps actuel en parlant de la messe telle que la vivent la plupart des catholiques, dans la plupart de nos paroisses, la plupart du temps. L’insistance du pape Benoît sur la réinterprétation de Vatican II en continuité avec la tradition, apparaît avec encore plus d’intensité en décembre 2005, à l’occasion de son premier discours aux cardinaux de la curie romaine. Il y présente en contraste deux catégories d’herméneutique (c’est-à-dire d’interprétation) reliées au concile: «herméneutique de la discontinuité et de la rupture» et «l’herméneutique de la réforme». Et il s’expliquait ainsi: «L’herméneutique de la discontinuité risque de finir par une rupture entre Église pré-

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conciliaire et Église post-conciliaire». COMMENT S’Y PREND-IL? Le premier moyen que prend le pape nouvellement élu comme symbole de son «programme de gouvernance» consiste à prendre le nom Benoît. Saint Benoît (env. 480-547) a été le chef de file du mouvement monastique qui assurera la continuité non seulement de la tradition catholique, mais également celle de la culture gréco-latine, après la chute de l’Empire romain, — chute attribuable à sa corruption, de l’intérieur, et de l’extérieur, à ses ennemis. Saint Benoît dirigera ce mouvement non par son implication dans la sphère politique — de fait il quitte la sphère politique après avoir servi comme magistrat romain. C’est plutôt en faisant de la sainte liturgie le centre de sa vie et de son oeuvre qu’il y arrivera. Au début de l’an 1200, il y aura plus de 40 000 monastères en Europe. La chrétienté est en plein essor, et les moines avaient complètement transformé la culture européenne. Comment? En cherchant Dieu d’abord et en le vénérant en ayant recours au plus grand respect et à la beauté. C’est au cours de l’année de l’Eucharistie qu’est élu le pape Benoît XVI, fait providentiel sur lequel il s’arrête dans son premier message. En août 2005, à Cologne, en Allemagne, il prononce deux discours majeurs, lors de la Journée mondiale de la Jeunesse, qui, elle aussi, s’est déroulée sous un thème eucharistique. Deux mois plus tard, il préside le Synode mondial des évêques, autre événement à thème eucharistique.

En février 2007, Benoît publie son rapport sur le synode, l’exhortation apostolique Sacramentum Caritatis (Le Sacrement de la charité). C’est un tour de force du professeur devenu pape, et le fondement de ce qui pourrait devenir le plus important document historique de sa papauté: Summorum Pontificum, le motu proprio («de sa propre initiative»), publié en juillet. LE MOTU PROPRIO C’est dans la lettre d’introduction de Summorum Pontificum que le pape explique pourquoi il a publié le document. Pourtant, il s’agit clairement d’une question à laquelle il songeait même avant son élection au pontificat. En effet, lors d’une conférence sur la liturgie tenue au monastère bénédictin de Fontgombault, en France, en 2001, il avait déclaré: «Personnellement, j’étais favorable, dès le début, à continuer librement d’utiliser l’ancien missel pour un motif très simple: les gens avaient déjà commencé de parler de rompre avec l’Église préconciliaire… Afin de souligner qu’il n’y a pas de rupture essentielle, qu’il existe une continuité dans l’Église, qui en assure son identité, il semble indispensable que continuer à permettre la célébration d’après l’ancien missel, en signe de l’identité indéfectible de l’Église.» «En observant, poursuit-il, le déroulement de l’application du nouveau Missel, j’y ai trouvé rapidement un deuxième motif: … l’ancien missel sert de point de référence, de critère…» Le motu proprio, c’est largement


connu maintenant, établit que tout prêtre peut célébrer la messe «en l’absence de fidèles» selon l’ancien missel. Peuvent participer à cette messe, «les fidèles qui, librement, de demandent d’y être admis», et ce, «sans aucune permission du Siège apostolique ou de l’Ordinaire (évêque diocésain)». Toutefois, pour les messes avec la participation des fidèles, «il faudrait volontiers souscrire à leurs demandes». Si le curé refuse, les fidèles peuvent en appeler à l’évêque à qui «il est fortement demandé de satisfaire leurs requêtes». Si cet appel n’est pas satisfait, la question peut être renvoyée à la Commission «Ecclesia Dei», commission de la curie romaine qui «exercera l’autorité du Saint-Siège, concernant l’observance et l’application des dispositions [du motu proprio]». Bref, le pape fait en sorte que la messe célébrée selon l’ancien missel puisse être universellement accordée aux prêtres et aux fidèles qui le désirent. QUEL OBJECTIF LE PAPE BENOÎT ENTEND-IL ATTEINDRE? Benoît XVI a formulé deux motifs pour la publication du motu proprio

et a recours à deux expressions pour décrire les résultats qu’il désire obtenir pour l’Église. D’abord, il désire en arriver à «une réconciliation intérieure au cœur de l’Église». Ce qui signifie, à un premier palier, que ceux qui préfèrent l’ancienne messe peuvent maintenant y avoir accès, tandis que ceux qui préfèrent la nouvelle messe n’en seront pas privés. Accueillies dans la charité et la sérénité, ces dispositions devraient, si paradoxal que cela puisse sembler, éliminer toute source de division et d’amertume dont a été infectée l’Église après la réforme liturgique. Plus profondément, toutefois, le motu proprio réconcilie l’Église d’aujourd’hui avec l’Église d’autrefois. Il soulage la rupture et la discontinuité qui a divisé l’Église d’avant et d’après Vatican II. Deuxièmement, le pape espère que les deux formes de l’unique rite romain seront «mutuellement enrichissantes». Il veut que, finalement, l’ancien missel puisse profiter des améliorations du nouveau missel. (Il en mentionne deux: l’incorpora-

tion des messes des nouveaux saints et saintes, et certaines des nouvelles préfaces.) Il veut également que le nouveau missel profite de l’ancien. Là il est moins précis, mais il évoque «le caractère sacré qui attire les gens à l’ancien usage», et la «grande révérence» selon laquelle il espère que sera célébré le nouveau missel. Je crois que Benoît XVI désire que, grâce à un processus graduel, on en arrive à un «usage» ou forme d’ensemble unique de la messe. Et ce sera la forme que la messe aurait prise si le Deuxième Concile du Vatican avait été interprété et le renouveau post-conciliaire mis en œuvre «en continuité avec la tradition bimillénaire de l’Église». Le père Joseph Fessio, jésuite états-unien, est rédacteur d’Ignatius Press, maison de publication qu’il fonda en 1978 et éditeur de la revue Catholic World Report. Il est également professeur et théologien à demeure à l’Ave Maria University, de Naples, en Floride. NOTE: Les citations des œuvres du cardinal Ratzinger sont de Columbia, d’après la version anglaise rédigée par l’auteur originel du présent article, et ne sont pas extraites des publications autorisées par les diverses maisons d’éditions.

Une culture de dialogue Pour le pape Benoît XVI, le dialogue doit être fondé sur la vérité PAR L’ABBÉ BERNARD O’CONNOR

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e 17 janvier dernier, le pape Benoît XVI devait prononcer le discours d’ouverture de l’année universitaire à La Sapienza, université romaine. Certains professeurs — la plupart des scientifiques — ont contesté la visite du pape, prétextant l’inopportunité de sa présence dans une institution séculière. «Ce pape, écrivaient-ils, a toujours manifesté une attitude de fermeture, voire d’hostilité, envers les sciences.» Il en résulta que le pape a annulé sa visite. Les professeurs contestataires se sont dits satisfaits de l’issue, en énonçant

que le pape aurait sans doute profité de l’occasion «pour prétexter que nous rejetons le dialogue». Pour sa part, Benoît XVI n’a jamais fait de tel commentaire, bien qu’il eût été justifié de le faire, car il estime que le dialogue fait partie de sa mission pontificale. D’ailleurs il a souvent recours au terme «dialogue» dans ses écrits et ses discours. Il apparaît non seulement dans les propos qu’il devait livrer à La Sapienza, mais également au corps diplomatique du Vatican, aux ambassadeurs individuellement, aux délégations œcuméniques et aux populations de pays donnés, comme ce fut le cas pour sa lettre avant-gardiste aux catholiques de Chine en mai dernier. PERSPECTIVE ÉQUILIBRÉE C’est au pape Paul VI que nous devons d’avoir attiré l’importance du dialogue au sein de l’Église. En effet, dans son encyclique Ecclesiam Suam, il écrit: «Dans le dialogue on

découvre combien sont divers les chemins. (…) Même s’ils sont divergents, ils peuvent devenir complémentaires si nous poussons notre entretien hors des sentiers battus et si nous lui imposons d’approfondir ses recherches et de renouveler ses expressions» (86). «Dans le dialogue ainsi conduit se réalise l’union de la vérité et de la charité, de l’intelligence et de l’amour» (85). C’est justement ce désir de dialogue et d’interaction qui caractérise l’utilisation que Benoît XVI fait du terme. Il estime essentiellement que la culture du dialogue nous permet de donner la perspective requise pour nous rendre compte que nous partageons en commun certaines valeurs et certaines aspirations. Au cours de son visite aux ÉtatsUnis, Benoît XVI doit animer une discussion à Washington entre les dirigeants de plusieurs religions majeures. Tenant compte des multiples références que le Saint-Père fait c o l u m b i a / a v r i l 2 0 0 8 31


au dialogue depuis son élection, cette rencontre ne saurait être simplement qu’une simple formalité ou hommage symbolique rendu à l’évidence même de la diversité religieuse des États-Unis. Benoît XVI n’a pas l’habitude d’organiser des activités en vue de rehausser sa cote de popularité. Au contraire, les gens sont attirés par son appel sans prétention au dialogue authentique. Le dimanche suivant l’annulation du discours à La Sapienza, une foule estimée à quelque 200 000 personnes a rempli la place Saint-Pierre pour la bénédiction du pape à midi. Un grand nombre d’étudiants de l’université s’était mêlé à la foule, certains avec des pancartes proclamant que «Si Benoît ne peut se rendre à La Sapienza, La Sapienza se rend chez Benoît». À la lumière de ces événements, le pape pourrait bien, lors de sa visite à Washington, aborder les thèmes suivants: ■ Le dialogue influe sur la vie des croyants. S’adressant à l’ambassadeur de la Turquie, le 19 janvier, Benoît XVI précisait que le sens du dialogue est «nécessaire entre les autorités religieuses à tous les niveaux». Pourtant, nous n’aurions pas raison de conclure que les processus de dialogue et ses répercussions s’adressent aux seules autorités religieuses. Au contraire, le mérite du dialogue découle du fait que toutes les personnes «partagent la même vie» doivent reconnaître que leurs intérêts particuliers sont, en fait, une expression du «bien commun». Nos relations sont inextricablement liées; nos objectifs se recoupent; nos espoirs convergent. C’est pourquoi, notait le pape devant un public réuni dans la synagogue de Cologne, en août 2005, «toute discrimination ou vexation des hommes (…) à cause de leur race, de leur couleur, de leur condition ou de leur religion» doivent être rejetées». S’il est vrai que nous de devons pas « passer sous silence les différences existantes ou les minimiser», toutefois, celles-ci ne devraient jamais servir de barrière à notre «témoignage encore plus unanime» pour la paix dans le monde.

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■ Tout dialogue renonce à la violence. En novembre 2005, Benoît XVI déclarait à des représentants du centre Simon Wiesenthal, un groupe juif pour les droits humains, que chrétiens et juifs sont trop conscients «de la spirale des conflits et de la violence». S’adressant à l’ambassadeur de Gambie, en décembre dernier, le pape remarquait que la violence peut être contrecarrée lorsque le dialogue permet que «les attentes des différents groupes soient réadaptées». Le dialogue rehausse «la disposition amicale» innée d’un peuple dont les membres adhèrent à différentes religions. ■ Le dialogue engage à la collaboration. Benoît XVI insiste sur cet élément majeur au cours d’une audience avec le président de la République du Soudan, le 14 septembre 2007. La collaboration et la poursuite de nouvelles initiatives au chapitre de la collaboration sont de valeur vitale égale en vue de notre «devoir d’œuvrer» en faveur d’une plus grande «unité visible» entre les diverses traditions religieuses. Dans son allocution au Conseil mondial des Églises, en juin 2005, Benoît XVI soulignait que ce principe illustre parfaitement le dialogue entre chrétiens. S’adressant à des délégués de traditions religieuses diverses, deux mois auparavant, le pape ajoutait que ce même principe nous motive à «désirer continuer à construire des ponts d'amitié avec les fidèles de toutes les religions, dans le but de rechercher le bien authentique de chaque personne et de la société dans son ensemble». ■ Le dialogue confronte les défis. Au cours de son allocution devant le corps diplomatique du Vatican, le pape insista sur le fait que le dialogue interreligieux et interculturel nous prépare à traiter efficacement «les défis que nous sommes appelés à affronter ensemble», notamment en ce qui concerne la famille, la protection de la personne et la sécurité internationale. Un esprit de dialogue peut également réduire certaines pierres d’achoppement et fait en sorte que nous arrivons à examiner honnêtement et intégralement ces «sujets aussi controversés d'un point de vue historique» et qui ne cessent

Surmonter la distance

Des étudiants de l’université Sapienza de Rome déploient une banderole où on lit : «Si Benoît ne vient pas à la Sapienza, la Sapienza va à Benoît» et «Étudiants avec le pape», lors de l’audience générale hebdomadaire du pape Benoît XVI, dans la salle Paul VI, au Vatican, le 16 janvier dernier. Le pape a accueilli le groupe d’étudiants de la Sapienza le lendemain après l’annulation de sa visite à l’université, par suite de menaces de protestation.

Le clergé de différentes confessions a assisté à l’audience générale hebdomadaire du pape Benoît XVI, le 23 janvier, dans la salle Paul VI du Vatican. Comme c’est la coutume lors de la Semaine (du 18 au 25 janvier) de prière pour l’unité chrétienne, le Saint-Père a consacré son allocution à l’œcuménisme.

de nous diviser» comme le faisait remarquer le pape devant l’Alliance baptiste mondiale, en décembre dernier. ■ Le dialogue cherche à «élargir notre connaissance réciproque» et encourage la réciprocité. C’est en ces termes que Benoît XVI a félicité les évêques du Tchad pour leurs démarches directes et délicates dans leurs «relations entre chrétiens et musulmans». Il a fait de même, l’automne dernier lorsque, en réponse à une «lettre ouverte envoyée par 138 intellectuels musulmans», il soulignait sur le fait que le dialogue suscite


une recherche de la «connaissance objective de la religion de l’autre» et une conscientisation au «partage de l’expérience religieuse». En octobre dernier, il a rappelé aux participants à la Rencontre internationale de la paix de Naples que «la voie du dialogue favorise l’entente entre les différentes sagesses religieuses». Il reconnaissait ainsi que la sagesse peut être partagée entre diverses traditions religieuses. ■ Le dialogue résiste à l’isolement. Les relations, tout comme la connaissance, évoluent. Ainsi, Benoît XVI informe-t-il le Conseil pontifical pour les migrants et les personnes en déplacement, en mai 2006, que les membres devraient «cultiver un style de dialogue ouvert sur les problèmes religieux», ce qui n’entraîne pas un renoncement à nos propres convictions, mais qui communique plutôt que le Christ nous verrait «ouvrir nos bras et nos cœurs à tout le monde». Le dialogue présume que nous pouvons changer de certaines manières. Même les petits pas son dignes d’applaudissements. C’est pourquoi, la demande du roi d’Arabie saoudite de rencontrer le pape Benoît XVI, le 16 novembre dernier était si remarquable. Bien que certaines questions fussent

évitées, la visite fut justement appréciée comme «démarche pour surmonter les distances». Le dialogue devance la réconciliation. Lorsque Benoît XVI s’est rendu en Allemagne, à l’occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse, il rencontrait des représentants de quelques communautés musulmanes. Il a recommande la réconciliation comme moyen, à la fois, d’«éviter de répéter» les erreurs du passé et de renforcer l’urgence que «soit respectée l’identité de chacun». Un tel respect exige que nous nous engagions à «la défense de la liberté religieuse», notamment dans le cas des minorités. Dans son discours de 2008 au corps diplomatique du Vatican il s’est arrête longuement sur ce thème. La quête du respect fraternel et de la réconciliation exige que le «dialogue soit clair, libre de tout relativisme et de tout syncrétisme» — l’accueil sans critique des diverses croyances religieuses. Pour le pape Benoît XVI, le dialogue doit être fondé sur la vérité: sans ambiguïté, sans bémol théologique et sans futile compromis.

UN DON DE DIEU Finalement, Benoît XVI affirme

Reconnaissance et Coopération Le pape Benoît XVI s’est spécialement engagé à promouvoir les relations entre le catholicisme et le judaïsme PAR LE RABBIN DAVID ROSEN

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a cérémonie d’intronisation du pape Benoît XVI sur le trône de LEFT: BOTH CNS PHOTOS: (TOP) DARIO PIGNATELLI, REUTERS; TONY GENTILE, REUTERS

saint Pierre, en 2005, a coïncidé avec la Pâque juive, ce qui a rendu difficile voire impossible, pour les leaders religieux juifs, d’accepter l’invitation à assister à cet événement historique. Le même type de situation se produira lors de la visite du pape aux États-Unis, en avril, qui coïncidera à nouveau avec les cérémonies entourant la Pâque juive. Malgré ce concours de circonstances, le fait d’avoir invité des rabbins à l’intronisation du pape montre très bien à quel point Benoît XVI se préoccupe des liens entre le catholicisme et le judaïsme.

régulièrement qu’il existe dans le «dialogue authentique» une dimension de transcendance. Le progrès que connaît le dialogue est, au bout du compte, un don de Dieu. En mars 2006, devant le Comité juif américain, il rappelait que, puisque «le judaïsme, le christianisme et l’islam croient au Dieu unique, créateur du ciel et de la terre», alors toute préférence pour le dialogue constitue, de fait, une expression de notre héritage commun. Rien d’étonnant que des groupes tels qu’Al-Qaïda s’opposent vigoureusement à un tel dialogue, tout comme ils ont critiqué le voyage du pape en Turquie et à sa rencontre avec le roi d’Arabie saoudite. On voit le reflet de la réponse du pape à ce raisonnement borné dans un message de la communauté Saint’Egidio pour la rencontre des peuples et des religions, en octobre dernier : «Le dialogue affaiblit l’identité de personne, et il encourage tout le monde à découvrir le meilleur dans l’autre. Rien n’est perdu dans le dialogue; tout est possible, grâce au dialogue.» L’abbé Bernard O’Connor, originaire de la Nouvelle-Écosse, est en poste à le Congrégation pour les Églises orientales. Il est Chevalier de Colomb depuis vingt ans.

Un peu plus d’un mois après son élévation au titre de pape, Benoît XVI a reçu une délégation du Comité juif international pour les consultations interreligieuses. Ce groupe, un partenaire officiel de la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec les Juifs, représente les principales organisations de promotion du judaïsme ainsi que les principaux courants de pensée contemporains au sein de cette religion. Fait à noter, Benoît XVI a reçu cette délégation quasi dès le début de son pontificat, avant même d’accueillir des délégations provenant d’autres ramifications du christianisme. Lors de cette rencontre, le pape a dit : «Dans les années ayant suivi le Concile [Vatican II], mes prédécesseurs Paul VI et, tout spécialement, Jean-Paul II, ont entrepris des démarches significatives pour améliorer les relations avec le peuple juif. Et j’ai l’intention de poursuivre dans cette voie.» Joignant le geste à la parole, c o l u m b i a / a v r i l 2 0 0 8 33


Benoît XVI visita une synagogue à Cologne, en Allemagne, durant les Journées mondiales de la jeunesse 2005 — sa première visite en un lieu d’adoration non chrétien, en tant que pape. À cette occasion, il a fait référence à la rencontre mentionnée plus haut en déclarant : «Aujourd’hui, je voudrais réaffirmer que j’ai l’intention de poursuivre avec une grande énergie sur le chemin du dialogue et d’une amitié améliorés avec les Juifs, dans la foulée du leadership décisif initié par le pape Jean-Paul II.» À chaque occasion, Benoît XVI a pris soin d’exposer plus avant ses idées quant à la nature et à l’objectif de ces relations. Tout en reconnaissant le passé tragique et en déplorant la résurgence de l’antisémitisme, le Saint-Père a affirmé que le «patrimoine spirituel» chéri par les chrétiens et les juifs est lui-même la source de la sagesse et de l’inspiration à même de nous guider vers un avenir rempli d’espérance, et en accord avec le Dessein divin.» UN AMI PROCHE Tout au long de la première année de son pontificat, Benoît XVI a continué de rencontrer des organisations et des leaders juifs, y compris les Grands Rabbins d’Israël et celui de Rome. Recevant ce dernier, le pape déclara : «L’Église catholique est proche de vous et est même votre amie. Oui, nous vous aimons et nous ne pouvons d’ailleurs que vous aimer, en raison des Pères : À travers eux, vous êtes pour nous des frères très chers et bien-aimés.» Le pape a également exprimé sa reconnaissance pour la protection divine dont a bénéficié le peuple juif et qui lui a permis d’assurer sa survie au fil des siècles : «Le peuple d’Israël a été libéré à différentes reprises de la main de ses ennemis, et au cours des siècles de l’antisémitisme, dans les moments dramatiques de la Shoah, la main du Tout-puissant l’a soutenu et guidé.» Ces idées étaient au cœur des écrits de Benoît XVI avant même son élection. Ainsi, en décembre 2000, dans un article intitulé «L’héritage d’Abraham, don de Noël» et publié

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dans L’Osservatore Romano, le cardinal Joseph Ratzinger a écrit : «Abraham, Père du peuple d’Israël, Père de la foi, est ainsi la racine de la bénédiction, en lui ‘se béniront toutes les familles de la terre’. La tâche du peuple élu est donc de donner son Dieu — le Dieu unique et véritable — à tous les autres peuples et, en réalité, nous, chrétiens, sommes les héritiers de leur foi au Dieu unique. Notre reconnaissance va donc à nos frères juifs qui, malgré les difficultés de leur histoire, ont conservé, jusqu’à aujourd’hui, la foi en ce Dieu et en témoignent devant tous les autres peuples qui, privés de la connaissance du Dieu unique, ‘demeuraient dans les ténèbres et l’ombre de la mort’ (Lc 1. 79).» CONDAMNER L’ANTISÉMITISME Dans le même article, le cardinal Ratzinger s’intéresse à la question de l’antisémitisme et du degré d’implication du christianisme dans celuici. Il écrit : «Et même si l’ultime et exécrable expérience de la Shoah fut perpétrée au nom d’une idéologie

antichrétienne, qui voulait frapper la foi chrétienne à sa racine abrahamique, en l’espèce du peuple d’Israël, on ne peut nier qu’une résistance insuffisante des chrétiens à ces atrocités s’explique par l’héritage antijudaïque, présent dans l’âme d’un nombre non négligeable de chrétiens.» Benoît XVI a réitéré cette idée voulant que les objectifs antisémites de l’idéologie nazie étaient également antichrétiens lors de sa visite aux camps de concentration d’Auschwitz-Birkenau, en mai 2006. Décrivant les intentions du nazisme, il a alors déclaré : «Au fond, ces criminels violents, par l’anéantissement de ce peuple, poursuivait l'intention de tuer ce Dieu qui appela Abraham […] Par la destruction d’Israël, par la Shoah, ils voulaient en fin de compte arracher les racines sur lesquelles se fonde la foi chrétienne en lui substituant définitivement la foi tirée de soi, la foi dans le pouvoir de l’homme […]» Il ne saurait y avoir de condamnation et de répudiation plus manifestes de l’antisémitisme que

Le pape Benoît XVI franchit le portail du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau, à Oswiecim, en Pologne, le 28 mai 2006. Le pape a rencontré des survivants de cet «abîme de terreur» et prié pour la réconciliation.

«L’ÉGLISE CATHOLIQUE EST proche de vous et est même votre amie»


celles exprimées dans ces mots. S’il est normal de condamner l’antisémitisme en tant que fléau, il est remarquable de le qualifier, à l’instar de Jean-Paul II, de «péché contre Dieu et contre les hommes». Et Benoît XVI a porté le tout encore plus loin en faisant ressortir que l’antisémitisme était un assaut contre les racines mêmes du christianisme, et que tout sentiment hostile à l’égard des Juifs ne pouvait qu’être intolérable aux yeux de tout vrai chrétien. UN OBJECTIF COMMUN : LA PAIX Parmi les thèmes centraux de la vision du monde du pape Benoît XVI, il y a : les liens entre l’Église catholique et le peuple juif; le danger de l’antisémitisme et l’avertissement qu’il recèle, qui ont atteint leur point culminant avec la Shoah; et la responsabilité que doit assumer l’humanité d’abord née de ce «patrimoine commun» et qui doit également tenir compte des leçons de l’Histoire. Nous ne devons pas non plus oublier combien le Saint-Père a une compréhension profonde de la signification qu’a l’État d’Israël pour le peuple juif. En tant que cardinal Ratzinger, il a servi sur le comité spé-

cial du Saint-Siège qui a étudié puis autorisé l’établissement de relations complètes entre Israël et le Vatican. Parmi ses proches amis israéliens figure Zwi Werblowsky, professeur et pionnier du dialogue interreligieux. Le cardinal Ratzinger avait téléphoné à ce dernier à Jérusalem pour partager sa joie face à cet heureux développement, en attribuant le mérite aux travaux de Vatican II. Cela n’est pas négligeable. Ce ne sont pas tous dans l’Église qui connaissent et apprécient le rôle central joué par Israël dans l’identité aussi bien contemporaine qu’historique du peuple juif. Benoît XVI en est bien conscient, lui, et il sait combien la relation entre le Vatican et l’État d’Israël est inextricablement liée aux liens unissant l’Église au peuple juif. Bien entendu, cela engendre certaines complications. Les intérêts en conflit en Terre sainte ainsi que dans le monde musulman ne sauraient par exemple être ignorés. Or, la capacité de réconcilier ces intérêts dépend, en grande partie, de la résolution du conflit israélopalestinien. Si bien que le sujet de la prière pour la paix en Terre sainte revient régulièrement dans les homélies et les discours du pape. Ce

dernier a indiqué qu’une telle paix serait une source de bénédictions pour le monde. En effet, Benoît XVI a souvent fait référence au besoin, pour les juifs et les chrétiens, de prier et de travailler ensemble pour l’objectif de la paix mondiale. Dans son message de l’an dernier à l’occasion de la «Journée du judaïsme» tenue par la Conférence des évêques italiens (ainsi que par certains autres regroupements d’évêques), le pape a déclaré : «Je vous invite donc tous à adresser aujourd’hui une invocation insistante au Seigneur, afin que les juifs et les chrétiens se respectent, s’estiment et collaborent ensemble en vue de la justice et de la paix dans le monde.» Qu’il me soit permis ici d’ajouter, en accord avec la liturgie hébraïque : «Puisse-t-il s’agir de la volonté de notre Père qui est au ciel que cette prière soit le plus tôt possible exaucée.» Le rabbin David Rosen, ex-Grand Rabbin d’Irlande, dirige le Service des affaires interreligieuses du comité juif des États-Unis. Installé à Jérusalem, il est également président du Comité juif international pour les consultations interreligieuses. En octobre 2005, le pape Benoît XVI l’a fait Chevalier de l’Ordre pontifical de saint Grégoire le Grand — le premier Israélien et le seul rabbin orthodoxe à avoir reçu une telle distinction.

Bien cher Saint Père On voit le dynamisme de la vie intellectuelle et spirituelle à plusieurs universités américaines dans ces lettres adressées au pape Benoît XVI par les présidents de ces institutions Une «fête pour le pape»

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ous savez, j’en suis certain, que la Règle de Saint Benoît exhorte tous les moines à se faire les meilleurs intendants possibles des ressources que Dieu leur a confiées. Ici, à l’université LEFT: CNS PHOTO/GIANCARLO GIULIANI, CATHOLIC PRESS PHOTO

Bénédictine d’Atchison, au Kansas, nous savons que les ressources les plus précieuses que nous ayons sont nos étudiants. Et quelle belle ressource il : ils sont exubérants, passionnés, joyeux et compassionnés, engagés dans la foi et loyaux envers l’Église. Ils sont remplis de l’énergie et de la vulnérabilité de la jeunesse, prêts pour un bel avenir, mais ils doivent encore être guidés et formés. Peu de Stephen D. Minnis. temps après Président de l’univerque j’eus sité Bénédictine, aidé assumé les de l’étudiante Anna fonctions de Roper.

président de ce collège, votre bienaimé prédécesseur, le pape Jean Paul ll a rendu l’âme. Je savais que nos étudiants l’aimaient beaucoup, mais je ne m’attendais pas à voir chez eux un chagrin si intense. De plusieurs façons, c’était comme s’ils avaient perdu un membre de leur famille. Et pourtant, quand on a annoncé que vous étiez son successeur, et encore plus quand ils ont appris que vous aviez choisi d’être connu sous le nom de notre université (leur interprétation), il y a eu une explosion de joie. Ce même jour, en soirée, nos étudiants et les moines de l’Abbaye St. Benoît (une de nos communautés commanditaires dont les c o l u m b i a / a v r i l 2 0 0 8 35


racines remontent à l’Abbaye Saint Benoît de Metten, en Bavière) ont organisé une «fête pour le pape» pour célébrer votre élection. Ce soir là, en les regardant parler, chanter, et prier dans le partage de leur joie du moment, de leurs rêves pour l’avenir, et de leur espoir pour le monde, je suis devenu conscient que nous, l’université, devions leur donner le meilleur qu’il soit possible de leur donner. Le meilleur outil d’évangélisation, c’est un témoignage d’amour, des Catholiques authentiques au service de la vérité à qui on peut se fier, joyeux dans leur foi. Notre tâche, donc, est d’aider nos étudiants à realiser leur potentiel pour devenir ces nouveaux évangélisateurs. Nous accomplissons notre mission en donnant une éducation à nos étudiants qui leur permettra de devenir des chefs de file dans la tradition Bénédictine, des chefs qui, par leur poursuite d’un plein développement intellectuel, personnel et spirituel, transformeront le monde. Sur le plan intellectuel, cela signifie la création d’un environnement universitaire dans lequel les étudiants sont poussés à realiser leur plein potentiel par une éducation fondée sur les arts libéraux. En tant qu’institution catholique, nous nous dévouons à «la recherche ardente de la vérité et à la transmettre généreusement» (Ex Corde Ecclesiae) Nous transmettons les richesses du patrimoine intellectuel catholique et nous encourageons nos étudiants à prendre l’habitude d’acquérir des connaissances tout au cours de leur vie. Sur le plan spirituel, les étudiants grandissent dans une ambiance qui favorise la foi en Jésus-Christ. Nous accueillons des étudiants d’autres confessions, et nous les encourageons dans leur quête d’un rapprochement avec Dieu. Tout en respectant la liberté essentielle qui est la clé qui mène à une foi adulte, nous partageons la beauté et le mystère de la foi catholique avec tous les membres de notre communauté. On demande à tous les étudiants de vivre pleinement leur foi.

pour elle au sein du 21e siècle. Une institution catholique et américaine d’études supérieures polyvalentes, l’Université se défini comme étant fidèle aux enseignements que JésusChrist nous a transmis par l’Église. Trois de ses facultés — de philosophie, de théologie et de droit canon — sont de nature ecclésiastique, dont la faculté de droit canon est l’unique faculté de droit canon aux États-Unis. Vouées à faire avancer le dialogue entre la foi et la raison, que feu le pape Jean Paul ll a si bien décrit dans Ex Corde Ecclesiae, les douze facultés de l’Université sont à la recherche de la vérité pour la transmettre par l’excellence de son enseignement et de ses recherches savantes au service de l’Église, de la nation et du monde. Ici, la vie de l’esprit, influencée et enrichie par la riche tradition catholique, est éclairée par notre engagement à la vie de l’âme par un ministère sur place qui place la rencontre avec le Christ dans la prière et la dévotion au premier plan des priorités institutionnelles de l’Université. Au cours des dix dernières années, près de quatre-vingt jeunes hommes sont entrés dans des séminaires, et près de 30 jeunes femmes sont entrées dans la vie religieuse, et ce, en ‘La Raison. La Foi. Servir plus des centaines d’autres étudiants l’Église et la communauté.’ qui servent dans des organismes laïcs bénévoles au sein de la nation et à l’étranger. he Catholic University of L’unique université catholique de America (l’Université notre pays ayant obtenu une charte catholique des Étatsdu Vatican et qui Unis) se est commanditée sent bien par les évêques privilégiée de pouvoir des États-Unis, accueillir Sa Sainteté le The Catholic pape Benoît XVl sur son University of campus à l’occasion de America détient sa première visite aposune responsabiltolique aux États-Unis. ité unique : celle À titre d’université d’aider l’Église à catholique nationale réfléchir sur elledans notre pays, Le président de «The même et sur la notre historique Catholic University façon dont elle influence la culture mission a connu un of America» contemporaine. regain de vitalité et Révérend Père David La réponse enthousiaste de un but bien précis M. O’Connell, CM l’Université à la demande du cardinal Joseph Ratzinger en 2004 d’être l’hôte d’un symposium international sur la loi naturelle comme source de moralité, un symposium qui aura lieu

Ces engagements sont entretenus dans le cadre du charisme Bénédictin. Cela nous appelle à vivre dans l’unité dans notre quête de la vérité, d’être zélés dans notre appui et notre reconnaissance de la dignité de chaque personne, et être engagés à un mode de vie bien équilibré. Par cette structure, les étudiants sont préparés à vivre une vie au service du prochain, tout en dirigeant avec humilité. Notre approche bénédictine bien distincte pour l’éducation, produit des diplômés qui sont engagés à vivre leur vie «de façon à ce que Dieu soit glorifié en toutes choses» (Règle de Saint Benoît). En nous confiant la formation des futurs chefs de l’Église et du monde, Dieu nous a imposé une énorme responsabilité. C’est seulement dans la poursuite de notre vision de construire un des grands collèges catholique des États-Unis que nous pouvons être les meilleurs intendants possibles de ces incroyables ressources. Nous vous remercions d’être venu aux États-Unis. Je vous invite à venir dans un endroit où vous êtes véritablement aimé : l’université Bénédictine.

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«ON DEMANDE À TOUS LES étudiants de vivre pleinement leur foi» 36

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peu de temps avant son arrivée sur le campus en est un exemple. Le meilleur et le plus convaincant témoignage de tout ce que représente l’Université sont les étudiants eux-mêmes : des jeunes gens joyeux, fidèles et engagés dont la vie a changé grâce à ce qu’ils ont appris et vécu ici. Pour eux, «La Raison, La Foi et Servir l’Église et la communauté», c’est plus qu’un mot d’ordre institutionnel. Ces concepts sont le chemin que nos étudiants empruntent dans leur rencontre avec, et leurs efforts d’apporter “le Christ notre espérance” au monde entier.

‘Identité catholique essentielle’

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ans la personne du pape Benoît XVl, l’Université de St. Thomas, au Minnesota accueille chaleureusement aux États-Unis sont ancien étudiant honoraire le plus distingué. Le cardinal Joseph Ratzinger était le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi quand il est venu à l’Université de St Thomas le 13 février 1984 pour célébrer une messe, donner une conférence et recevoir un grade honoris causa. À ce temps, il était reconnu comme un théologien de réputation internationale et un auteur qui avait été professeur en Allemagne jusqu’au moment où il fut nommé archevêque de Munich et Freising en 1977. Quatre ans plus tard, il a été nommé préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, un poste qu’il a occupé jusqu’à son élection au poste de Souverain Pontife en avril 2005. Durant sa visite à St. Thomas, le cardinal Ratzinger a prononcé l’homélie de la messe du 15e anniversaire du séminaire St. John Vianney situé sur notre campus et qui s’avère être le plus grand collège-séminaire des États-Unis. La citation qui accompagnait la présentation du doctorat a fait l’éloge le cardinal Ratzinger pour

son «empressement à nommer et à discuter les difficultés que notre temps cause à la foi et à sa transmission». Vingt-quatre ans plus Le président de tard, St. l’Université de St. Thomas, en ce Thomas,Père Dennis Dease. jour, tente d’abord d’une façon provocante les mêmes questions. Quand je suis devenu président de l’université de St Thomas en 1991, j’ai souligné l’importance de maintenir un engagement inconditionnel envers le développement essentiel d’une identité catholique et l’épanouissement complet de l’étudiant; non seulement de son esprit mais aussi de son cœur et de son âme. Nous commanditons un des plus grands et des meilleurs programmes d’études catholiques du pays. Tous nos étudiants univeritaires doivent suivre trois cours de théologie et deux de philosophie. La mission de notre faculté de droit, fondée il y a sept ans, «d’intégrer la foi et la raison dans la poursuite de la vérité, centrée sur la morale et la justice», est florissante. Les séminaires avec lesquels nous collaborons — St. Paul pour la préparation au sacerdoce et St. John Vianney pour les étudiants du premier cycle — ont grandi. Les inscriptions à St. John Vianney ont doublé à 150 au cours des cinq dernières années. À notre campus de Rome, depuis son inauguration en l’an 2000, plus de 350 étudiants se sont inscrits dans des programmes semestriels. Au cours des 15 dernières années, l’Institut Murray que nous cocommanditons avec l’archidiocèse de St. Paul and Minneapolis, a donné gratuitement des cours d’études avancées à six cents professeurs et directeurs d’écoles. Notre engagement s’étend aussi à l’extérieur des salles de classes. La Fondation Carnegie pour l’avance-

«NOUS APPARTENONS À MARIE, à son Fils, et l’un à l’autre»

ment de l’enseignement a nommé St. Thomas une des 62 institutions «d’engagement communautaire», citant les 80 000 heures de services que nos étudiants et nos employés contribuent annuellement dans la communauté. Nos professeurs, notre personnel et nos étudiants participent aussi à une robuste série de programmes internes pour explorer le sujet des vocations et pour favoriser l’intégration des principes catholiques dans nos vies et au travail. Nous sommes fiers d’avoir un conseil de collège des Chevaliers de Colomb qui compte plus de 60 membres étudiants cette année. Le résultat essentiel : L’Université de St. Thomas s’est efforcée de renforcer son caractère catholique. Nous promettons à votre Sainteté que nous poursuivrons notre quête dans ce domaine dans les années à venir.

«Qu’il ne soit pas dit que nous n’entretenons pas de grands rêves»

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l convient que le nom de notre université commence par un adjectif possessif, et qu’ainsi, il suggère l’appartenance. Notre Dame — notre mère — nous appartient. Nous — ses enfants — lui appartenons. Cette appartenance est au cœur même de l’université et au cœur de l’Église catholique, et ces deux cœurs sont à l’unisson. Le christianisme est précisément ce familial depuis les premiers temps de ses enseignements. Nous appartenons à Marie, à son Fils, et l’un à l’autre. C’est la raison pour laquelle nous disons de nos étudiants, de nos anciens, de notre faculté, de notre personnel, de nos amis et bienfaiteurs qu’ils font partie de la «famille» Notre Dame. En effet, nous sommes une famille. Notre mission, d’abord et avant tout, est d’appartenir à Marie et à son Fils; de secouer et soutenir, non seulement le génie, mais aussi l’amour de ses fils et filles; de les pousser vers une foi transformatrice c o l u m b i a / a v r i l 2 0 0 8 37


Le président de l’Université Notre Dame Père John I. Jenkins, CSC, avec le cardinal Francis Arinze durant une conférence à Rome.

qui leur permet de voir tous les hommes et toutes les femmes comme des frères et des sœurs, fils et filles de Dieu. C’est une mission intimidante, unique à une université catholique et souvent déconcertante pour nos pairs séculiers, mais il ne sera jamais dit que nos rêves ne sont assez grands. L’an dernier, la famille Notre Dame a fêté la béatification du Père Basil Moreau, le fondateur de la congrégation Sainte Croix qui a insisté que «l’esprit ne peut pas être cultivé aux dépens du cœur». Ceux parmi nous qui enseignent, qui font du ministère, qui étudient, qui travaillent et qui vivent ici ont le privilège quotidien de constater le développement culturel et mutuel de l’esprit et du cœur dans toute sa riche variété; dans l’intimité chaleureuse des liturgies des salles de notre résidence, autant que dans les discussion contentieuses mais charitables de nos salles de classes; dans la tumultueuse exubérance des événements sportifs autant que dans le silence recueilli des veilles aux flambeaux à la grotte; dans la concentration attentive des études en soirée autant que dans les services rendus aux malheureux de notre société dans le cadre de programmes du «Center for Social Concerns» (Centre pour les question sociales) par les étudiants de Notre Dame. Bien que nous soyons tous fiers de l’importance accordée à Notre Dame à titre d’université catholique, et que nous soyons honorés de pouvoir servir

forts des belles montagnes Laurel, l’abbé Wimmer et ses compagnons pouvaient difficilement concevoir qu’en 2008, cette fondation deviendrait l’emplacement du plus grand monastère Bénédictin du monde entier, un séminaire pour 59 hommes, une université d’arts libéraux qui accueille 2000 étudiants. Quand le président George W. Bush vous accueillera à la Maison Blanche le jour de votre fête, il vous parlera de sa visite au collège Saint Vincent en mai dernier pour assister à notre remise des diplômes. À cette occasion il a dit aux diplômés que : «Benoît est le saint qui… a aidé à sauver la civilisation occidentale. Benoît est celui qui a inspiré Wimmer, l’homme qui est venu en ce pays pour planter ces idéaux en terre américaine — et fonder ce collège. Benoît était aussi l’inspirateur du pape qui a pris son nom en hommage aux idéaux des Bénédictins, dont croit-il, le monde à besoin maintenant plus que jamais, des idéaux de charité et de communauté». Saint Père, les mots sont incapables d’exprimer notre sens de rela«À la poursuite de la vérité» tion avec vous et notre amour pour vous. Notre séminaire est pourvu de la chaire Pape Benoît otre visite XVl pour la aux ÉtatsProclamation de la Unis nous théologie biblique rappelle et liturgique, et le celle d’un sceau Saint Vincent autre fils de la Bavière, a le drapeau de la Boniface Wimmer, qui a Bavière en arrièrequitté son monastère de fond. Mitten en 1846 et qui a Votre vénérable survécu à un voyage prédécesseur, le périlleux à travers pape Jean Paul ll, a l’Atlantique avec dix-huit dit de l’éducation de ses confrères pour que «c’était la forvenir fonder le premier mation d’étudiants monastère et la première Le président de l’université pour qu’ils vivent université Bénédictine en Saint Vincent Jim Towey, qui tient sa fille Marie, alors âgée leur condition de Amérique — le collège de trois ans en 2006, après disciples du Christ, Saint Vincent, de Latrobe, une conférence de presse pour et, comme tels, traen Pennsylvanie. annoncer sa nomination à la vailler avec efficacQuand ils se sont présidence du collège. ité pour l’évangéliinstallés dans les contresation de la culture et le bien commun de la société». L’université Saint Vincent prend cette admonition au sérieux. Nous incitons nos étudiants à croître intel-

l’église catholique, nous somme conscients que l’Église n’est pas notre cliente, elle est notre Mère. Seuls ses plus humbles serviteurs deviennent les véritables chefs de l’Église, et nous avons conscience que notre responsabilité d’éduquer et d’inspirer les jeunes hommes et femmes à ce service paradoxal est en elle-même un don de Dieu. Ce n’est pas là l’unique responsabilité que Dieu nous assigne, mais pour nous, elle est particulière et nous en sommes reconnaissants. Nous sommes aussi reconnaissants au Saint Père le pape Benoît XVl de nous honorer de sa présence durant sa première visite aux ÉtatsUnis, et, à titre de la première université à accueillir un conseil de Chevaliers de Colomb, Notre Dame et tous les membres de sa famille sont heureux de se joindre aux Chevaliers de Colomb pour bien l’accueillir aux États-Unis. Nous prions pour que sa visite intensifie notre sens d’appartenance, approfondisse notre communion, et intensifie notre désir de la venue du Royaume.

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«PUISSE VOTRE SÉJOUR EN Amérique être une occasion de grande grâce» 38


lectuellement, spirituellement et moralement afin qu’ils gagnent bien leur vie et qu’ils fassent une différence dans le monde. Les cours que nous offrons encouragent la poursuite de la vérité et le développement de la capacité essentielle de raisonnement pour préparer nos diplômés afin qu’ils se donnent de plus grands buts à atteindre dans la vie. Nous ne croyons pas que l’éducation de nos étudiants ne doive se faire qu’en salle de classe. Au cours du semestre actuel, des étudiants du collège Saint Vincent iront à Sao Paolo, au Brésil, pour travailler dans un foyer pour les sidéens situé à quelques kilomètres seulement d’où vous étiez en mai 2007; à Calcutta, en Inde, pour se mettre au service des pauvres dans les missions de Mère Teresa; à Newark, dans le New Jersey, ou l’école secondaire privée St. Benedict transforme la vie de centaines de jeunes des écoles secondaires des quartiers

déshérités; et à la Nouvelle Orléans, en Louisiane, pour participer à un projet de «Habitat For Humanity» [Habit pour l’Humanité] pour des familles victimes de l’ouragan Katrina. Ces projets de service, jumelés à la rigueur de notre programme universitaire, sont une base solide sur laquelle nos étudiants peuvent s’appuyer, quelle que leur confession religieuse. À Saint Vincent, nous nous réjouissons dans notre diversité — près d’un tiers de nos étudiants ne sont pas des Catholiques, et plus de 100 sont membres de minorités. Un quart de nos étudiants participe à un programme de sports universitaires, et beaucoup d’autres à diverses autres activités sportives. Récemment, un groupe d’étudiants de Saint Vincent ont fondé le conseil 14384 des Chevaliers de Colomb qui compte maintenant quarante membres. Sans équivoque, la vision et la vitalité de notre université coulent du

cœur de l’abbaye Saint Vincent. Les 170 moines qui vivent à Saint Vincent, ce qui comprend les douzaines qui enseignent ici et ceux qui couchent dans les dortoirs, inspirent nos étudiants par la parole et l’exemple. Comme vous le faites remarquer dans votre première encyclique Deus Caritas Est, un monastère «manifeste un immense service caritatif envers la communauté». Nos étudiants vivent cette expérience à tous les jours. Puisse votre séjour en Amérique être une occasion de grande grâce pour notre pays et notre collège. Sachez, Saint Père, que vous serez toujours le bienvenue à Saint Vincent, là où la Bavière, Saint Benoît et les arts libéraux catholiques se croissent joyeusement

P. S. Mon fils Joe, qui vous a présenté les offrandes du pain et du vin à la messe de minuit la veille de Noël 2006, vous salue.

Une plate-forme morale Plus que des puissants qui jouent sur la scène politique, en ce qui concerne les difficultés du monde et de son potentiel, les papes parlent un langage moral universel PAR GEORGE WEIGEL

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e 6 mars 1854, une bande de voyous associée au parti anticatholique «Know Nothing» (le parti des ignorants) ont brisé un bloc de marbre que le pape Pie IX avait envoyé aux États-Unis pour qu’il soit inclus avec les matériaux de con-

struction du «Washington Monument». Les voyous ont jeté les morceaux dans la rivière Potomac. Soixante-quatorze ans plus tard, Al. Smith, le gouverneur de l’état de New York, a constaté au cours d’une campagne présidentielle que l’adhésion à la religion catholique constituait encore un handicap politique; la campagne de 1928 étant en proie avec une propagande anticatholique, ce qui lui a valu une cuisante défaite aux mains de Herbert Hoover. Il faut dire cependant que la tension inhérente qui existait, en conséquence d’être un fidèle Catholique et un véritable patriote américain

s’est éventuellement atténuée, et qu’elle semble confinée aux mares vaseuses de la vie publique américaine. Si les Catholiques ont vécu du dur temps avant d’être acceptés politiquement aux États-Unis, la papauté moderne a aussi connu des difficultés pour se faire accepter à la table où l’avenir du monde est discuté. Le moment le plus sombre de l’implication de la papauté dans la vie publique internationale est sans doute le début du 20e siècle. En 191415, le gouvernement italien était tellement déterminé à maintenir le pape Benoît XV dans les limbes diplo-

BENOÎT a fait preuve d’une grande perspicacité pour diagnostiquer les maux culturels du monde» c o l u m b i a / a v r i l 2 0 0 8 39


matiques que l’Italie a demandé des garanties secrètes à la Grande Bretagne pour assurer que le Saint Siège ne participerait pas part à la conférence d’après-guerre sur la paix; c’était une condition pour qu’elle change de bord et s’allie à l’Angleterre durant la Première Guerre mondiale. En 1919, quand la conférence de Versailles remaniait la carte de l’Europe, le Saint Siège avait des relations diplomatiques avec seulement seize pays, dont la plupart était des pays de l’Amérique latine. Même là, sur ce front, grâce à la générosité de Benoît XV qui avait vidé les coffres du Vatican pour aider les prisonniers et les réfugiés durant la guerre, et grâce aux témoignages antitotalitarismes des papes Pie XI et Pie XII, et à l’affection universelle témoignée au pape Jean XXIII dont l’encyclique Pacem in Terris, (Paix sur la terre) semblait s’adresser à l’humanité entière et parler en son nom, la situation a commencé à changer. Donc, quand le pape Paul VI est venu à New York en octobre 1965 pour la première visite d’un pape à l’ONU, il n’a pas été accueilli comme un importun monarque étranger antidémocratique (comme les «Know Nothing» et les bigots du temps de Al Smith l’aurait décrient), ni comme quelqu’un qui est ostensiblement hors de son milieu dans l’arène politique où des gens sérieux débattent des questions importantes (comme le pensaient les Italiens du temps de Benoît XV). Au contraire, Paul VI est venu à l’ONU comme le titulaire d’un poste qui avait développé la capacité de parler au monde entier des préoccupations morales et spirituelles d’une façon unique en son genre. UN GENRE D’INTERVENANT NOUVEAU SUR LA SCÈNE DE LA POLITIQUE MONDIALE L’émergence de la papauté comme point de repère moral, ce qui accorde aux papes un certain pouvoir sur la scène internationale, fut lente à venir. L’historien britannique Owen Chadwick en situe les débuts modernes à la condamnation de la traite des esclaves par le pape Grégoire XVI

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en 1839. Le pape n’avait pas le pouvoir de faire respecter sa condamnation, mais il a quand même dénoncé la traite des esclaves en ce qui était peut-être la première tentative de persuasion morale à l’échelle mondiale par un pape. Pie IX, le successeur de Grégoire, a vendu le dernier des navires de guerre du Vatican (l’Immaculée Conception) quand il est devenu le «prisonnier du Vatican» après la conquête des États du Vatican en 1870; à vrai dire, bien que Pie IX ait mérité l’estime des Catholiques du monde entier, il n’avait pas d’influence sur les affaires internationales. Il a été laissé à son successeur le pape Léon XIII de trouver une méthode d’interaction pontificale avec le monde. Léon a emboîté le pas à Grégoire XVI et il a commencé à repositionner la papauté comme un intervenant nouveau sur la scène politique : témoin et professeur de morale. Sa fabuleuse encyclique de 1891, Rerum Novarum traitait des “nouvelles affaires” du monde industrialisé avec une lucidité qui inspirerait les réformateurs sociaux pour des générations à venir. Le point de départ de Pie XI a été le point d’arrêt de Léon XVIII, et dans son encyclique Quadragesimo Anno de1931, il a brillamment analysé la tendance totalitaire qui engloutissait une grande partie de l’Europe, même s’il présentait la doctrine sociale de l’Église dans une vision détaillée d’une «juste société». Jean XXIII a continué dans la tradition de l’enseignement social des papes, et, avec son encyclique Pacem in Terris précédemment mentionnée, il a obtenu l’attention et le respect du monde entier. Ainsi, quand Paul VI s’est présenté sur la tribune de marbre vert devant l’Assemblée générale de l’ONU en 1965, il se tenait debout sur les épaules de géants pontificaux qui avaient redéfini le pouvoir du Vatican au sein du monde moderne. Il ne s’agissait plus du pouvoir pour faire fléchir le genou de princes pénitents (comme l’a fait Grégoire VII à l’empereur de l’Empire romain Henri IV). C’était un pouvoir différent mais puissant, le pouvoir de la persuasion

morale qui change l’histoire en modifiant la pensée des humains. Pourtant, l’injonction de Paul VI «Plus jamais la guerre! La guerre, plus jamais!», n’a clairement pas été écoutée. Il a fallu un autre pape, Jean Paul II pour démontrer l’efficacité de la nouvelle stratégie du Vatican d’apporter le changement au moyen d’arguments moraux. UN MORALISTE MONDIAL Quand Jean Paul II est venu à l’ONU en octobre 1979, il ne s’était écoulé que quatre mois depuis son retour triomphal en son pays natal, la Pologne. Là, il avait allumé la mèche d’une révolution de conscience qui, durant l’été de 1980, a donné naissance au mouvement «Solidarité» sur les chantiers navals de Gdansk. En redonnant aux Polonais leurs authentiques histoire et culture — que les Nazi avaient tenté de détruire entre 1939 et 1945, et que les communistes tentaient d’usurper depuis 1945 — Jean Paul II a donné à son peuple des outils de résistance que les

Les papes à l’ONU «Finissons-en avec la guerre, plus jamais la guerre. La paix, c’est la paix qui doit guider le destin des peuples et de toute l’humanité.» — Pape Paul VI, discours aux Nations Unies, 4 octobre 1965

«L’organisation des Nations Unies [doit devenir] un centre moral oùtoutes les nations du monde se sentent chez elles, développant la conscience commune d’être, pour ainsi dire, une “famille des nations”.» — Pape Jean-Paul II, discours à l’Organisation des Nations Unies, 5 octobre 1995


matraques du totalitarisme n’ont pu briser. À l’ONU, Jean Paul II a élargi et «globalisé» son message sur les droits de la personne sur lesquels une juste société est assise, et en insistant particulièrement sur le droit fondamental de la liberté de religion. Comme l’a dit plus tard le Sénateur Daniel Patrick Moynihan, un ancien ambassadeur auprès de l’ONU, tout au moins, le massage a été reçu par quelques-uns de ceux à qui il s’adressait. Moynihan a dit «Je témoigne parce que j’étais présent, que les délégués de l’Europe Continentale et de l’Union Soviétique avaient bien compris le sens des paroles du pape, et, pour une fois, dans cette chambre, (ils) avaient l’air plus craintifs qu’ennuyés». Peut-être d’une façon encore plus importante, Jean Paul II a présenté le cas des droits de la personne d’une façon qui était acceptable par quiconque était disposé à accepter l’argument sérieusement. Il parlait un langage moral universel, et ce faisant, montrait au monde entier qu’il était possible de tenir une conversation sur la morale à l’échelle mondiale, et ce, en dépit de la complexité des différents qui existent entre les humains. Quand il est retourné à l’ONU en 1995, la révolution de conscience de Jean Paul II avait triomphé en Europe Centrale et en Europe Continentale, ce qui a mis fin au communisme européen et provoqué l’effondrement de l’Union Soviétique. Mais le pape, qui voyait loin, avait vu venir de

nouveaux dangers : le reste du monde communiste, les régimes autoritaires de l’Asie Orientale, les Musulmans radicaux et les occidentaux postmodernes se concertaient pour dire à leurs manières que les «droits de la personne», c’était une idée concoctée par l’Occident pour être imposée aux autres. Le pape Jean Paul II a insisté que ce n’était pas le cas. Il a dit qu’il existe une loi morale universelle, écrite dans le cœur humain. Nous pouvons apprendre à connaître cette loi en méditant sérieusement sur la vie morale. Cette loi morale universelle révèle certains droits que tout gouvernement doit reconnaître et respecter, sans égard des circonstances culturelles. De plus, a continué le pape, cette loi morale universelle peut être la “grammaire” qui impose la discipline du débat sur l’avenir. PLUS QU’UN INTERVENANT PUISSANT SUR LA SCÈNE POLITIQUE La diplomatie du Saint Siège durant ces premières années du 21e siècle implique plus de 175 pays qui échangent des représentants diplomatiques avec le Vatican. Le représentant permanent du Vatican à l’ONU, l’archevêque Celestino Migliore, participe aux débats d’une pleine gamme de questions sociales, économiques et culturelles qui sont à l’ordre du jour de l’organisme. Mais, quand le pape Benoît XVI se présentera sur la tribune de l’ONU le 18 avril, ce ne sera pas à titre de politicien puissant qu’il le fera, mais

A l’horizon La visite du pape Benoît XVI aux États-Unis n’est qu’un parmi plusieurs événements importants de l’Église qui sont focalisés sur le renouveau de l’Église en Jésus-Christ. PAUL VI: CNS FILE PHOTO; JOHN PAUL II: AP PHOTO/MARK LENIHAN

PAR ROBERT MOYNIHAN

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urant sa visite de six jours aux États-Unis, en avril, le pape Benoît XVI présentera sa vision pour le renouveau en cours de l’Église du 21e siècle. Cette vision est à la foi spirituelle et doctrinale, et elle vise à faire cesser la

comme la voix de la raison morale universelle. Sa présence présentera un défi à ceux qui sépareraient la foi religieuse de la raison (comme le font certains des jihadistes islamiques radicaux et les intellectuels occidentaux de «l’athéisme moderne»). Sa présence affectera aussi ceux qui ont perdu foi en la raison au point où ils imaginent que rien ne peut être toujours «vrai» partout et pour tous. Dans son allocution de Regensburg en septembre 2006, le pape Benoît XVI a fait preuve d’une grande perspicacité pour diagnostiquer les maux culturels du monde, et de les mettreà l’ordre du jour mondial comme sujets de discussion, et ce d’une manière telle qu’aucun président, premier ministre, roi, reine ou secrétairegénéral en est capable. Il aurait été hardi l’observateur qui aurait osé prédire, il y a cent ans, que les papes parleraient un jour au monde entier, et, que le monde écouterait son discours, et parfois modifierait sa façon de voir. C’est pourtant là un aspect de l’histoire de la papauté du 20e siècle qui a réussi à construire la plateforme morale sur laquelle le pape Benoît XVI montera pour s’adresser au monde à l’ONU. George Weigel, eminent agrégé supérieur de recherches du Washington’s «centre d’Éthique et de politique publique de Washington est l’autre des succès de librairie du New York Times «Witness to Hope : The Biography of John Paul II» («Témoin de l’Espoir : la biographie de Jean-Paul II» (Harper Perennial—en anglais uniquement).

confusion qui persiste dans la vie de l’Église depuis la fin du concile Vatican ll. Le pape veut aussi soutenir l’Église qui doit relever les défis d’un monde moderne sécularisé, et de l’Islam renaissant. On pourrait appeler ses efforts dans ce domaine «La réforme bénédictine». Pour parvenir à ces fins, au cours de sa visite du 15 au 20 avril, le pape mettra vraisemblablement l’accent sur trois sujets : l’Eucharistie, d’une façon particulière durant les deux messes en plein air; la catéchèse ou la formation dans la foi, au cours de c o l u m b i a / a v r i l 2 0 0 8 41


plusieurs réunions de moindre ampleur et de rencontre privées; et l’évangélisation par le témoignage des valeurs de l’Évangile. Ce voyage ne sera pas de nature politique, même si l’an 2008 est une année d’échéances électorales aux États-Unis. Le pape ira à la Maison Blanche pour rencontrer le président George W. Bush, et il ira présenter ses hommages sur le «ground zero» à New York. «Le pape est impartial», a dit le Secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, tel que rapporté dans le numéro du six janvier de «Famiglia Cristiana», un hebdomadaire italien. Le cardinal Bertone a dit que le discours du pape à l’ONU »confirmera la nature irremplaçable de l’ONU», et touchera à divers points chauds dans le monde, notamment le Moyen-Orient et l’Afrique. UNE VISITE CENTRÉE SUR LE CHRIST Benoît XVI est pape depuis près de trois ans. Partout où il va, quels que soient les problèmes qu’il confronte, son message comprend trois éléments reliés entre eux : une invitation à rencontrer le Christ, un appel aux croyants d’en apprendre davantage au sujet de Jésus, et le défi d’être des témoins de Jésus dans leur vie quotidienne. Donc, sa visite aux États-Unis sera centrée sur le Christ. Le pape accentuera le rôle central de Jésus comme la source, la vie et les attentes de l’Église. Il enseignera que Jésus-Christ n’est pas un principe ni une idéologie, mais bien une personne que l’on peut rencontrer dans l’Eucharistie, dans les Écritures, dans la prière et dans l’adoration. Il enseignera aussi que l’Église est là pour être le témoin de ce Seigneur vivant, et pour aucune autre raison sociale ou politique, si noble soit-elle. Le pape insistera sur l’importance de la catéchèse. Benoît XVI, qui était professeur avant de devenir évêque, soulignera aux évêques américains et aux éducateurs catholiques, le besoin d’enseigner la

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foi en Jésus, c’est-à-dire le besoin d’une catéchèse claire, d’un enseignement de qualité, au sein des familles, des paroisses, des diocèses, des écoles et des universités. Enfin, le pape soulignera le besoin de témoignage. Il placera l’accent sur le témoignage chrétien dans un monde éprouvé par des solutions violentes et injustes à des problèmes compliqués. Ce sera sûrement un thème tout au long de ce voyage, et d’une façon particulière de son discours à l’ONU à New York. APRÈS LA VISITE Pour le reste de l’an 2008, jusqu’en 2009, le pape et ses plus proches collaborateurs vont continuer à proclamer ces messages à plusieurs événements ecclésiaux. Le premier sur l’horizon c’est le 49e Congrès eucharistique international de Québec du 15 au 22 juin. Le pape ne sera pas présent durant le congrès, mais il déléguera un nonce apostolique pour le représenter. Il est prévu cependant que le pape s’adressera aux participants de la messe de clôture par l’entremise d’un lien télévisé à partir de Rome. «Grâce à la présence d’un nonce apostolique», a dit le cardinal Marc Ouellet de Québec, «la messe de clôture revêtira son importance symbolique d’être la communion visible de l’Église universelle rassemblée à Québec autour de Jésus-Christ présent dans l’Eucharistie». «C’est une occasion pour les Catholiques du monde entier de célébrer leur foi en l’Eucharistie et d’être les témoins de l’Évangile dans des moments de prières partagées, de réflexion et de fraternité». Plus tard, au cours de l’été, le pape assistera à la clôture de la Journée mondiale de la jeunesse, le plus important événement pour les jeunes du monde entier, qui aura lieu à Sydney en Australie du 15 au 20 juillet. Selon les organisateurs, en assis-

tant à la Journée mondiale de la jeunesse, les jeunes du monde entier font un pèlerinage de foi, ils se rencontrent et ils ont la chance de redécouvrir leur vocation baptismale et la présence des sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation, et ainsi découvrir un nouveau zèle apostolique pour mieux témoigner pleinement de l’Évangile dans le monde moderne. Par ailleurs, au cours de l’année, on s’attend à ce que le pape se rende à Lourdes, en France, pour fêter le 150e anniversaire des apparitions de la Vierge Marie en ce lieu. Il est prévu que le pape Benoît XVI assistera à la réunion mondiale des familles à Mexico au début de l’an 2009. À cette réunion en 2006 à Valence, en Espagne, le pape a dit : «Par l’intercession de Marie, ouvrez vos foyers et vos cœurs au Christ pour qu’Il devienne votre force et votre joie, et qu’Il vous aide à vivre en harmonie et à proclamer la force invincible de l’amour véritable au monde entier». Son allocution a souligné la distance qui sépare le subjectivisme du monde moderne et la constance des enseignements de l’Église. «La véritable liberté humaine provient du fait d’avoir été créé à l’image de Dieu» a dit le pape. «L’éducation chrétienne est en conséquence une éducation de liberté au service de la liberté. La famille chrétienne — père, mère et enfants — est donc appelée à faire ces choses, non pas comme une imposition leur venant de l’extérieur, mais plutôt comme un don de la grâce sacramentelle du mariage qui retombe sur les époux. S’ils demeurent ouverts à l’Esprit et implorent son aide, Il ne manquera pas de leur accorder l’amour de Dieu le Père, incarné dans le Christ. … Voilà le message d’espérance que… je souhaite partager avec toutes les familles de la terre». L’ANNÉE DE SAINT PAUL ET AU-DELÀ

«RECHERCHEZ TOUJOURS le bien entre vous et à l’égard de tous»


Un autre aspect du renouveau: Le clergé enouveler l’Église en Amérique signifie également de rétablir la pureté du clergé, des bergers qui veillent sur leurs ouailles. À cette fin, le cardinal Claudio Hummes (shown right), préfet de la congrégation pour le clergé a récemment envoyé une lettre à tous les évêques, les curés, les supérieurs des communautés religieuses et les recteurs des séminaires du monde, leur demandant que chaque diocèse établisse des «cénacles» ou des petits groupes d’adoration eucharistique perpétuelle ayant pour but la «sanctification» des prêtres par la prière. Le cardinal Hummes a annoncé cette initiative dans le numéro du 5 janvier de «L’Oservatore Romano». Il a dit qu’il lançait ce projet explicitement pour combattre les «péchés sexuels» commis par une part «minime» mais quand même significative du clergé. «Nous demandons à chacun de faire “réparation” devant Dieu dans l’adoration eucharistique pour le grave préjudice qui a été causé», a dit le cardinal, «et pour le recouvrement de la dignité des victimes». Avant de devenir pape, le cardinal Joseph Ratzinger a demandé pardon à Dieu en faisant le Chemin de la Croix le vendredi saint de l’an 2005. Il a dit des scandales sexuels du clergé qu’ils étaient «des ordures dans l’Église», plus particulièrement «parmi ceux qui, dans le sacerdoce, doivent appartenir pleinement à Jésus.» Il est donc raisonnable de conclure que Benoît XVl avait pensé à cette initiative de l’adoration eucharistique en expiation des scandales sexuels du clergé avant de devenir pape. Toutefois, l’adoration eucharistique n’est pas seulement pour la sanctification des prêtres; c’est bon pour tous les fidèles de l’Église. Le pape Benoît XVl fait appel à tous les Catholiques de retourner à la pratique de l’adoration eucharistique. — Rapporté par Robert Moynihan

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Le vingt-huit juin prochain, le pape Benoît XVI inaugurera l’année Saint Paul. Il veut que les chrétiens modernes tirent une inspiration de l’Apôtre des Gentils. Le 25 janvier, fête de la Conversion de Saint Paul, il a fait remarquer que Paul avait recommandé vivement aux chrétiens de prier constamment. Cet appel de Paul aux chrétiens de Thessalonique, a dit le pape, donne «force et consistance» aux exhortations contenues dans cette épître «de réprimander ceux qui vivent d’une manière désordonnée, donner du courage à ceux qui en ont peu, soutenir les faibles, et être patients envers tous. Prenez garde que personne ne rende le mal pour le mal; mais recherchez toujours le bien ABOVE: CNS PHOTO/DARIO PIGNATELLI, REUTERS RIGHT: CNS PHOTO FROM REUTERS

entre vous et à l’égard de tous. Soyez toujours dans la joie. Priez sans cesse. Rendez grâce en toute circonstance» (11 Thes 5 : 12-18.) Voilà le message qu’adresse le pape Benoît XVI à l’Église et au monde entier : «Recherchez toujours le bien entre vous et à l’égard de tous». C’est là le but de sa visite aux États-Unis, et celui de tous ses efforts pour guider l’Église sur la mer orageuse sur laquelle nous naviguons actuellement. Robert Moynihan est le rédacteur de la revue Inside the Vatican (Les secréts du Vatican) (www.insidethevatican. com). Il est aussi l’auteur de Let God’s light Shine Forth : The Spritual Vision of Pope Benedict XVI (Que brille la lumière de Dieu : La vision spirituelle du pape Benoît XVI) (Immage Books/Doubleday, 2005).

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Partenaires pour la liberté, la justice et la paix Une histoire des relations diplomatiques des États-Unis avec le Vatican PAR JIM NICHOLSON

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es États-Unis n’ont pas toujours eu les relations diplomatiques variées et dynamiques qu’ils ont présentement. Au 18e siècle, la mission américaine auprès du SaintSiège (l’État pontifical) a été établie essentiellement pour protéger les intérêts commerciaux du pays. Peu de temps après la signature de la Constitution des États-Unis, en 1787, les dirigeants du pays comprirent le besoin d’avoir une représentation consulaire à Rome, qui était à l’époque la capitale de l’État pontifical. En plus de veiller aux intérêts commerciaux et de voir aux besoins de ses ressortissants vivant là-bas, le bureau consulaire permettait de mieux surveiller et faire rapport de l’instabilité révolutionnaire qui secouait l’Europe, au 19e siècle. En juin 1846, Giovanni Maria Mastai-Ferretti est élu pape et prend le nom de Pie IX. Son élection a été le moteur de l’établissement des relations diplomatiques complètes avec le Saint-Siège. Celles-ci allaient de soi aux yeux des citoyens des Étatsuniens établis à Rome, mais semblaient moins pertinentes pour le peuple des États-Unis lui-même ainsi que leur Congrès. Dès juin 1847, de hauts responsables du Vatican exprimaient leur appui tacite au développement des relations entre le Saint-Siège et les États-Unis. Faisant fi des critiques, le président James

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Polk éleva la position du bureau romain de «consul» à «chargé d’affaires». Le 21 mars 1848, le Sénat des États-unien eut à débattre de l’octroi d’un crédit en argent pour le chargé d’affaires du président Polk auprès du Saint-Siège. Étonnamment peu d’objections de nature religieuse furent soulevées au cours du débat. Seuls quelques-uns des opposants à la présence même d’un chargé d’affaires à Rome prétendirent qu’une telle mission n’allait servir qu’à permettre à l’Église catholique de s’établir aux États-Unis. Le sénateur Andrew Butler, de Caroline du Sud, souligna par exemple qu’il ne voyait personnellement aucune raison justifiant l’envoi d’un représentant à Rome. Il prétendait que «notre gouvernement ne nous permet pas de légiférer en matière de religion, et je ne saurais même indirectement cautionner l’établissement d’une mission en vertu de considérations religieuses.» Le sénateur Lewis Cass, du Michigan, ne mit pas de temps, pour sa part, à établir l’importante distinction voulant que les États-Unis envoyaient un représentant auprès du pape en sa qualité de souverain, et non à titre de chef spirituel et temporel de l’Église catholique romaine. Cette distinction faite par le sénateur Cass voilà plus de 150 ans guide toujours l’action de l’ambassade étatsunienne auprès du Saint-Siège. Au bout du compte, le projet de loi votant un crédit passa au Sénat en

1848. La même année, le président Polk désigna Jacob L. Martin en tant que premier chargé d’affaires auprès de l’État pontifical. Bien que les États-Unis entretenaient des relations consulaires officielles avec le Vatican depuis 1797, par la loi de 1848 le pays reconnaissait formellement le Saint-Siège à titre de membre à part entière de la communauté des nations. ARRÊT DU FINANCEMENT Un incident survenu au milieu du 19e siècle mit grandement en danger les relations entre les États-Unis et la papauté. En 1863, durant la Guerre civile américaine, Pie IX envoya une lettre aux archevêques de New York et de la Nouvelle-Orléans leur suggérant de tout faire pour promouvoir la paix. Le président confédéré Jefferson Davis répondit à cette lettre et Pie IX, à son tour, lui répondit en s’adressant à lui à titre de «Illustre et Honorable Jefferson Davis, président des États confédérés d’Amérique.» Aux yeux de plusieurs nordistes, cette salutation constituait une reconnaissance papale du gouvernement confédéré. Le secrétaire d’État du Vatican, Giacomo Antonelli, s’en défendit, insistant pour dire que jamais le pape n’avait voulu prendre position sur le plan politique dans sa lettre à Jefferson Davis. Si certains citoyens des États-Unis s’estimèrent satisfaits de cette mise au point du Saint-Siège, d’autres demeurèrent suspicieux quant aux réelles intentions du Vatican.

LE SAINT-SIÈGE SE JOINT AUX États-Unis dans sa quête de liberté, de justice, de paix et de dignité humaine w w w. k o f c .o r g


Malgré de tels gestes d’amitié, l’opposition à la mission à Rome grandissait. Ses détracteurs finirent par s’imposer en 1867, lorsque le Congrès mit un terme au financement de la mission à Rome. Il fallut ensuite attendre 1940 pour que les États-Unis bénéficient d’une représentation auprès du Saint-Siège. LA COLLABORATION ENTRE LES PRÉSIDENTS ET LES PAPES Tout au long du 19e siècle et au début du 20e, l’Église catholique des États-Unis a grandi en termes de membres, de pouvoir, d’influence et de richesses. Avec l’arrivée massive, à la fin des années 1800, d’immigrants en provenance de contrées catholiques, le pays prit une telle importance que le Saint-Siège ne souhaitait pas faire comme si elle n’existant pas. En 1892, le pape Léon XIII nomma l’archevêque Franceso Satolli comme délégué apostolique auprès de la hiérarchie états-unienne. Afin de minimiser les risques de controverse et de dévalorisation de l’image de l’Église auprès de la population, on mit au point un plan en vertu duquel le prélat Satolli viendrait aux États-Unis sous le prétexte de représenter le pape à l’exposition colombienne de 1892, qui se tenait à Chicago. Malgré la controverse entourant sa présence, l’archevêque demeura au pays durant près de quatre ans. Au milieu des années 1930, la Grande Dépression et divers enjeux nationaux préoccupèrent tant l’Église catholique que le président Franklin Roosevelt, si bien que le gouvernement et celle-ci se mirent à collaborer plus étroitement. La croisade du président Roosevelt contre le chômage, les conditions de travail inéquitables, la discrimination et la pauvreté reflétaient des problèmes auxquels la hiérarchie catholique américaine s’attaquait elle aussi avec vigueur. Roosevelt s’avéra rapidement encouragé par cette bonne relation avec les hautes instances du clergé. RENVERSER DES RÉGIMES TOTALITAIRES Au décès du pape Pie XI en février 1939, le cardinal Eugenio Pacelli fut élu pour lui succéder. Le couronRIGHT: CNS PHOTO COURTESY TOM W. FREEMAN

nement du nouveau pape Pie XII eut lieu le 12 mars, et le président Roosevelt désigna Joseph Kennedy, son ambassadeur au Royaume-Uni, pour le représenter. L’été suivant, un regain d’intérêt pour le renouvellement des relations diplomatiques se faisait sentir, au sein d’une partie de l’establishment politique des États-Unis. En juillet, le Secrétaire d’État Cordell Hull reçut une lettre du sénateur républicain Emanuel Celler, un membre du Congrès d’origine juive, qui sollicitait la restauration des liens diplomatiques avec le Saint-Siège. Dans sa lettre, le sénateur Celler soulignait : «Les événements qui se déroulent à l’étranger montrent hors de tout doute le rôle important que doit jouer la religion pour le maintien de la démocratie, assaillie par les incursions sauvages et sans merci perpétrées par le fascisme, le nazisme et le communisme.» Puis, dans un appel aux accents dramatiques, il ajoutait : «Le rétablissement des relations avec le Saint-Siège permettrait de rappeler avec éclat au monde que l’intolérance ainsi que la haine et le sectarisme religieux ne sauraient être tolérés. Cela attiserait dans nos propres cœurs de la sympathie pour les milliers d’infortunés qui ont été stigmatisés, torturés ou ruinés à cause de la haine et du venin propagé par des dictateurs insensés.» Le sénateur Celler félicita en particulier Pie XII et ses efforts pour réconforter une Europe déchirée par la guerre, concluant par : «Aidons celui-ci dans sa glorieuse mission de paix en envoyant notre délégué auprès de lui.» L’idée d’envoyer un représentant au Vatican commença donc à faire son chemin, incitant le président Roosevelt à inviter le cardinal de New York, Francis Spellman, à un dîner le 24 octobre, afin de discuter de cette question. Le président expliqua au prélat qu’une mission auprès du Saint-Siège devait être à caractère humanitaire, afin d’éviter toute controverse et opposition politique. Sentant que le moment était venu, Roosevelt bougea rapidement et nomma un représentant spécial. La veille de Noël 1939, il envoya un message de Noël au Saint-Siège faisant état de sa préoccupation pour la paix et annonçant la nomination de Myron C. Taylor à titre de

Un salve de 21 coups de canon ’est en 1849 qu’un pape mit pied pour la première fois sur le territoire des États-Unis. En fait, cela se passa peu après que Pie IX eut fui la ferveur révolutionnaire romaine pour la sûreté de la ville côtière de Gaeta. Une fois là-bas, le pape se déplaçait en compagnie du roi Ferdinand II du Royaume des Deux Siciles lorsque le chargé d’affaires américain à Naples, John Rowan, se rendit au palais. À la même époque, le USS Constitution était amarré au port de Gaeta. Le roi Ferdinand exprima le souhait de visiter la frégate et John Rowan, en acceptant, se sentit obligé d’inviter le pape à se joindre à eux.

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Le roi Ferdinand et Pie IX furent accueillis à bord par le capitaine John Gwinn. Or, à l’insu de ces deux chefs d’État, Gwinn avait reçu l’ordre ne pas les accueillir à bord parce que tous deux luttaient pour défendre leur trône contre des forces révolutionnaires, et que les États-Unis voulaient conserver la plus stricte neutralité politique. Car le USS Constitution n’était pas qu’un symbole des États-Unis, c’était aussi, selon les lois navales, une possession américaine extraterritoriale. Le pape Pie IX passa trois heures à bord, saluant les marins, distribuant des chapelets et donnant la bénédiction. Mais il eut le mal de mer, dut aller se reposer dans les quartiers du capitaine et, finalement, quitta le navire salué par une salve de 21 coups de canon. Pour avoir désobéi aux ordres, le capitaine Gwinn fut condamné à passer en cour martiale. Mais avant même la tenue du procès, il mourut d’une hémorragie cérébrale.

représentant personnel du président auprès du Saint-Siège. Au cours des mois qui suivirent, Taylor travailla étroitement avec le Vatican afin de nourrir les réfugiés qui arrivaient des diverses frontières de l’Europe, fournir une aide matérielle aux vicc o l u m b i a / a v r i l 2 0 0 8 45


times de la guerre en Europe de l’Est dent Reagan, les relations avec le avec le Saint-Siège. En juin 1983, et assister les prisonniers de guerre Vatican entrèrent enfin dans une moins d’un an après ce tête-à-tête alliés. La mission des États-Unis phase de maturité. L’Europe com- historique, la Chambre des représendevint un bureau central pour des mençait à vivre une époque de tants soumit une résolution appelant à «l’établissement de relations milliers de lettres envoyées par diplomatiques avec le Vatican». des familles de ce pays, Un projet de loi du Sénat simisoucieuses d’avoir des nouvelles laire à cette résolution fut adopde leurs fils bien-aimés engagés té à l’unanimité le 22 septembre sous les drapeaux. 1983; le 10 janvier 1984, le présiLe 11 décembre 1941, l’Italie dent Reagan annonça la nominaet l’Allemagne déclarent la tion de William Wilson en tant guerre aux États-Unis. Myron que premier ambassadeur des Taylor, retourné dans son pays États-Unis au Saint-Siège. pour soigner une maladie, retourna en Italie en 1942. Lors d’une brève visite au Saint-Siège DES OBJECTIFS COMMUNS en septembre, il réitéra l’engageLes relations diplomatiques qui ment de son pays à remporter ont commencé à la fin du 19e une victoire complète sur les siècle auront été tout au long et forces de l’Axe — un objectif qui Le président Ronald Reagan et le secrétaire d’État du jusqu’à aujourd’hui marquées ne correspondait aux appels Vatican, le cardinal Agostino Casaroli, se rencontrent par des hauts, des bas et des répétés du Saint-Siège pour une dans le cadre du 100e congrès suprême des Chevaliers, interruptions. Il s’en trouvera en 1982. cessation immédiate des hostilpeu pour nier le rôle que le ités. Le 4 juin 1944, les forces Saint-Père et le président des alliées entraient dans Rome et changement révolutionnaire, au États-Unis peuvent jouer pour essayquelques jours plus tard, le débarque- début des années 1980. Moins de er de restreindre la polarité grandisment en Normandie accélérait la fin trois ans après l’arrivée de Reagan à sante qui s’observe dans le monde, à la présidence, les États-Unis avaient cause de l’intolérance religieuse et de du nazisme. Avec la chute de Hitler, une autre un ambassadeur à part entière auprès l’extrémisme. Il s’agit en effet du force menaçante augmentait son du Saint-Siège. En moins de 10 ans, leader de la plus importante puisemprise dans l’Est. Le communisme les reins du communisme soviétique sance temporelle qui fait équipe avec avait posé une menace au Saint-Siège furent brisés. Ronald Reagan recon- l’un des plus grands leaders moraux avant même le début de la Seconde nut le rôle important joué par le du monde, chacun désireux d’aider Guerre mondiale. Selon une note de Saint-Siège dans l’assaut final porté autrui à accepter les traditions culservice rédigée en 1941 par Myron aux forces communistes à l’?uvre en turelles et religieuses qui diffèrent Taylor au sujet d’une conversation Europe de l’Est, et il vit dans le pape des siennes. qu’il avait eue avec un responsable Jean-Paul II un ami et un allié. Je crois fermement, à l’instar de du Vatican, le Saint-Siège avait En 1982, le Saint-Siège démontra mes prédécesseurs et successeurs, indiqué que l’Europe faisait face à clairement son intérêt envers l’étab- que le Saint-Siège bénéficie d’une deux grands dangers : le nazisme et le lissement de relations formelles avec présence internationale à nulle autre communisme. Si la guerre pouvait les États-Unis. Les Chevaliers de pareille. Avec plus de 1 milliard de mettre un terme aux deux dangers, Colomb étaient à planifier la célébra- catholiques à travers le globe, le alors l’Europe pourrait vivre en paix. tion de leur centenaire lorsque Saint-Siège se joint aux États-Unis Par contre, si le communisme William Wilson, le représentant des dans sa quête de liberté, de justice, de demeurait une force active, alors États-Unis auprès du Saint-Siège, paix et de dignité humaine partout l’Europe serait mal en point. reçut un appel du Secrétaire d’État du dans le monde. Il fallut de nombreuses années Vatican, le cardinal Agostino Jim Nicholson a été ambassadeur des Étatspour que les États-Unis, grâce Casaroli, invitant le président Unis au Vatican de 2001 à 2005. Il a servi à titre notamment à ses liens diplomatiques Reagan à assister aux festivités qui de secrétaire d’État aux Anciens Combattants renouvelés et renforcés avec le Saint- allaient se dérouler au Connecticut. de 2005 jusqu’à l’automne 2007. Diplômé de Siège, libèrent le monde et l’Église du Ce dernier accepta l’invitation qui l’Académie militaire de West Point, il a notamment été parachutiste au Vietnam et a pourjoug de l’oppression communiste. lui fut transmise. suivi sa carrière comme réserviste durant 22 Cela dit, le partenariat entre le présiAu congrès des Chevaliers, le ans, avant de se retirer avec le grade de colonel. dent Ronald Reagan et le pape Jean- cardinal Casaroli rencontra en privé Jim Nicholson est également diplômé en droit Paul II était encore loin d’être prévis- durant une heure le président de l’université de Denver. L’article publié ici est extrait, avec autorisation, du livre de ce dernier, Reagan. Selon l’ambassadeur Wilson, intitulé «The United States and the Holy See : ible. cette rencontre donna l’impulsion à The Long Road» (Les États-Unis et le Saint-Sièrge la décision de Reagan d’établir des : le long chemin), paru chez 30 Days Book (© LE PRÉSIDENT ET LE PAPE POLONAIS En 1981, durant le mandat du prési- relations diplomatiques formelles Trenta Giorni Società Coopera-tiva).

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L’Ordre en Images – Solidaires de l’Église

G A D H B E I la cour du couvent. Le cercle a fait don également de 1000$ aux sœurs comme contribution à leur ministère.

C F

A

Au cours d’une collecte au profit de séminaristes, des membres du conseil Holy Family 6099, de Chattanooga, Tennessee, déchargent des canettes d’aluminium. Les frères chevaliers en ont collecté plus de 635 kg, ce qui a rapporté près de 900$. Les fonds ainsi réunis appuient financièrement trois séminaristes; le conseil donne une bourse de 100$ par mois à chaque séminariste.

B

Sous le regard de Maurice Marty, Terry Alaric et du Père Rex Velmonte, Jim Middleton montre le fonctionnement d’une nouvelle porte pour handicapés à l’église St. Anne. Ils sont tous membres du conseil Mgr Francis L. Flynn 6474, d’Osoyoos, Colombie-Britannique, qui a fourni l’argent pour ce projet.

C

Angel M. Rodriguez, député d’État de Porto Rico, et Monseigneur Rubén A. González, de Caguas, participent à la Marche Pro-Vie devant le palais parlementaire à San Juan. Les évêques de Porto Rico, les prêtres et les Chevaliers de Colomb se sont joints à 2000 autres personnes pour assister à une messe et une manifestation pour appuyer la cause Pro-Vie.

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D

Michael Agius, Walter Friedl et le grand chevalier Greg McDonald installent une porte entre la cuisine du centre paroissial et une salle d’entreposage. Le conseil Father J. F. Wattson 8919, de Windsor, Ontario, a entrepris des projets de rénovation de la salle paroissiale, parmi lesquels l’installation d’un ventilateur d’extraction d’air et d’autres rénovations à la salle d’entreposage.

E

L’assemblée Father Lopez, de Pinellas Park, Floride, a monté une garde d’honneur pour la cérémonie d’inauguration d’une nouvelle statue, d’une entrée et d’un jardin à l’église Sacred Heart. Le conseil Father Lopez 5737 et son auxiliaire féminin ont financé et construit la statue que l’on voit dans l’arrière-fond. La nouvelle entrée a été inaugurée à la mémoire du personnel des forces armées, de la police et du service des pompiers.

F

Des membres du cercle des Écuyers Colombiens Corpus Christi 4981, Alabama, avec la Mère Paul des Petites Sœurs des Pauvres. Les écuyers ont donné un coup de main aux sœurs pour faire des travaux dans

G

Sous le regard de Mgr William Schultz et de Brian Schmidt, deux membres du conseil St. James 2370, de Stratford, Connecticut, Joseph Zucco et Chris Freselli montrent le prix qu’ils ont reçu pour services exceptionnels à l’autel. Les prix leur furent remis après la messe en l’église Our Lady of Grace.

H

Des membres du conseil St. Francis of Rome 7809, de Lake Elsinore, Californie, font voir la nouvelle tondeuse à gazon achetée par le conseil pour l’église St. Francis of Rome de Wildomar. Le conseil a réuni les fonds nécessaires pour l’achat de la tondeuse avec une soirée Casino et plusieurs petits déjeuners de crêpes.

I

Des séminaristes du Séminaire Mundelein avec l’évêque auxiliaire Thomas J. Paprocki de Chicago (au premier rang, au centre) après avoir reçu un don de 30 000$ de l’Assemblée Lasalle à Chicago. On utilisera cet argent pour fournir des bourses d’études à 60 séminaristes. On voit également sur cette photo le Fidèle Navigateur Walter J. Galiga, Jr. (premier rang à gauche) et le très révérend Dennis J. Lyle (premier rang, deuxième à partir de la gauche), directeur du Séminaire Mundelein.

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CHEVALIERS

DE COLOMB Au service de Un. Au service de tous.

Les membres de l’Assemblée 1016 Marquis Louis De Montcalm à St. Jean, Québec, montre la bannière de 30 pouces par 20 pieds que l’on a envoyée aux soldats canadiens servant en Afghanistan. Le Conseil St Jean 1145 et le Conseil Vallée des Forts 13605 ont commandité la bannière, et elle avait des signatures de beaucoup de personnes de la communauté.

Construire un monde meilleur un conseil à la fois. Chaque jour, les Chevaliers de partout dans le monde ont la possibilité de faire une différence. Que se soit à travers le service à la communauté, la collecte de fonds ou la prière. Nous célébrons chaque et tout Chevalier pour sa force, sa compassion, et son dévouement à vouloir construire une monde meilleur.

Envoyez-nous les photos de votre conseil pour la rubrique “Chevaliers à l’œuvre”. Les photos peuvent être envoyées par courriel à columbia@kofc.org oubien à Columbia,1 Columbus Plaza, New Haven, CT 06510-3326.


«AVEC L’AIDE DE JÉSUS, CHACUN D’ENTRE VOUS DEVIENDRA UN BON PASTEUR»

Le Christ est le véritable Bon Pasteur qui a donné sa vie pour ses brebis, en se sacrifiant sur la Croix. Il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent, comme le Père le connaît et qu’il connaît le Père (cf. Jn 10, 14-15). (…) Que la certitude que le Christ ne nous abandonne pas et qu’aucun obstacle ne peut empêcher que s’accomplisse le plan universel de salut soient des motifs de constante consolation — même dans les difficultés — et d’inébranlable espérance pour vous. La bonté du Seigneur est toujours avec vous, et elle est puissante.

nourrir de l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. En vous approchant de l’autel, l’école quotidienne de la sainteté, de communion avec Jésus, de la voie qui vous fait entrer dans ses sentiments en vue de renouveler le sacrifice de la Croix, vous découvrirez de plus en plus la richesse et la tendresse de l’amour du divin Maître qui, aujourd’hui, vous appelle à une plus grande amitié avec lui.. Avec l’aide de Jésus, chacun d’entre vous deviendra un Bon Pasteur, prêt, s’il y a lieu, d’offrir votre vie pour lui. Que Marie, mère céleste des prêtres, vous accompagne.

Le sacrement de l’Ordre, que vous recevrez dans quelques instants, fera de vous des partenaires dans la mission même du Christ; vous serez appelés à répandre la semence de sa Parole, la semence qui porte en elle le Royaume de Dieu; pour dispenser la divine miséricorde et nourrir les fidèles à la table de son Corps et de son Sang.

— Passage de l’homélie du pape Benoît XVI à l’Eucharistie d’ordination à la prêtrise, à la basilique Saint-Pierre, le 29 avril 2007.

Pour devenir de dignes ministres, vous devez sans cesse vous

GARDER LA FOI VIVANTE www.kofc.org

JOSEPH RATZINGER Entra au petit séminaire en 1939 et a été ordonné prêtre par le cardinal archevêque de Munich en 1951.

Veuillez encourager le plus possible les vocations à la prêtrise et à la vie religieuse. Vos prières et votre appui ont de l'importance.

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