Plaquette PFE - La Ferme à Culture (Colin Max & Soupot Torea) by Max Colin

2023

Projet de fin d’études

La Ferme à Culture

Une ferme pédagogique exemplaire à Mauguio : reconversion d’une exploitation à dominante viticole en un domaine ouvert au public prônant des pratiques agricoles résilientes

École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier Domaine Architecture et Milieux

Sous la direction de

Stéphanie JANNIN

Max COLIN Torea SOUPOT

LA FERME À CULTURE Une ferme pédagogique exemplaire à Mauguio : reconversion d’une exploitation à dominante viticole en un domaine ouvert au public prônant des pratiques agricoles résilientes Plaquette de présentation du Projet de Fin d’Étude Architecture et Milieux 2022-2023 Présenté par : Max COLIN et Torea SOUPOT Le 27 Juin 2023 Encadré par Stéphanie JANNIN

MEMBRES DU JURY : William HAYET, Architecte DPLG, Maître de conférence Vinicius RADUCANU, Architecte DPLG, docteur en mécanique et génie civil, Maître de conférence Damien VIEILLEVIGNE, Architecte DPLG, Lern Architectes Adrienne COSTA, Architecte DPLG, docteure en architecture, enseignante à l’ENSA Toulouse Sophie LAFENÊTRE, Architecte AUE, directrice de l’Établissement Public Foncier d’Occitanie (EPF)

Résumé du projet de fin d’études : Le projet de la Ferme à Culture s’inscrit dans une stratégie territoriale le long du canal Philippe Lamour, entre Montpellier et Lunel. Il vise à mettre en place un cycle vertueux de Production, Stockage, Transformation, Connexions, Distribution et Consommation pour tendre vers une résilience alimentaire. Cette ferme pédagogique constitue un élément central de l’axe stratégique de Mauguio, qui relie six installations via un cheminement doux. Elle vise à reconnecter la ville et le milieu agricole, séparés par le canal.

Mots-clés : Ferme pédagogique - Ferme exemplaire - Résilience alimentaire - Transition viticole - Agroécologie - Permaculture - Agrotourisme

Située au nord de Mauguio, en milieu agricole, la Ferme à Culture occupe une exploitation existante de 45 hectares, marquée par la viticulture. Grâce à une équipe d’agriculteurs soucieux de l’environnement, la ferme se transforme en un modèle de transition viticole, démontrant la viabilité des pratiques agroécologiques. On y retrouve des cultures résilientes, adaptées à l’évolution des régimes alimentaires, et des dispositifs innovants comme l’agri-photovoltaïque. Ce lieu de sensibilisation met en valeur une agriculture durable en symbiose avec la biodiversité. Elle comprend des bâtiments publics avec des ateliers, une salle d’exposition ou encore des espaces de transformation alimentaire. L’agrotourisme y est développé avec un gîte agricole, tandis qu’une épicerie paysanne et un restaurant assurent la distribution des produits de la ferme. Enfin, des infrastructures agricoles et des logements sont ajoutés pour les exploitants et les saisonniers. La Ferme à Culture se présente ainsi comme une exploitation exemplaire qui permet aux habitants de Mauguio et aux visiteurs de mieux comprendre le monde agricole et le système alimentaire.

Remerciements Nous souhaitons exprimer notre reconnaissance envers toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de cette plaquette de projet de fin d’études. Leur soutien, leur expertise et leur encouragement ont été essentiels pour mener à bien ce travail de recherche. Tout d’abord, nous tenons à remercier notre professeure encadrante, Stéphanie JANNIN, pour son accompagnement précieux tout au long de ce projet de fin d’études. Sa disponibilité, ses conseils avisés et son engagement envers notre réussite académique ont été des facteurs clés pour mener à bout notre projet. Nous remercions également Jordi PIMAS, notre professeur encadrant de semestre 9 pour son enthousiasme et de nous avoir encourager à toujours donner le meilleur de nous-mêmes. Enfin, nous tenons à exprimer notre reconnaissance envers nos proches, nos familles et nos amis, pour leur soutien indéfectible tout au long de nos parcours en études supérieures.

SOMMAIRE DÉTAILLÉ

II.1.2 - Ressources naturelles et patrimoniales du département �� 25

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

II.1.4 - L’agriculture dans l’Hérault : chiffres clés �� 33

I - THÉMATIQUE D’ACTUALITÉ I.1 - L’importance de la transition alimentaire dans la société actuelle �� 12 I.1.1 - Les défis actuels : population croissante, changement climatique, ressources limitées �� 14 I.1.2 - Les impacts environnementaux de l’agriculture intensive : déforestation, pollution, érosion des sols, émissions de gaz à effet de serre �� 15 I.1.3 - Les conséquences sur la santé : malnutrition, obésité, maladies liées à une alimentation de mauvaise qualité �� 15

I.2 - Actions et interventions prometteuses en faveur de la transition alimentaire �� 17 I.2.1 - Promouvoir une agriculture durable : pratiques agroécologiques, diversification des cultures, préservation de la biodiversité �� 18 I.2.2 - Encourage une consommation responsable �� 18 I.2.3 - Favoriser les circuits courts �� 18

I.3 - Agriculture et biodiversité �� 20 I.3.1 - L’importance de l’agriculture dans la biodiversité �� 20 I.3.2 - L’interdépendance entre agriculture et préservation de la biodiversité �� 20

II - ÉTAT DES LIEUX DU TERRITOIRE II.1 - L’Hérault �� 24 II.1.1 - Présentation du département �� 24

II.1.3 - Politique des protections et zones protégées �� 28

II.2 - Le territoire d’étude �� 36 II.2.1 - Le canal Philippe Lamour �� 36 II.2.2 - Analyse du paysage - Séquence du Canal Philippe Lamour �� 38 II.2.3 - Analyse urbaine - Séquence du Canal Philippe Lamour �� 40 II.2.4 - Analyse économique et sociale - Séquence du Canal Philippe Lamour �� 48

III - INTERVENTION À GRANDE ÉCHELLE III.1 - Une stratégie pour renforcer l’ancrage territorial du système alimentaire �� 51 III.1.1 - Penser le système alimentaire comme un cycle �� 51 III.1.2 - Repenser les connexions �� 52 III.1.3 - Des interventions à mutualiser �� 55

III.2 - L’axe stratégique de Mauguio �� 58 III.2.1 - Les différents points polarisants de l’axe �� 60 III.2.2 - Connexions au territoire d’étude �� 66 III.2.3 - Connexions entre les différents points de l’axe �� 71

IV - APPROCHE THÉORIQUE, POURQUOI ET COMMENT CONCEVOIR UNE FERME PÉDAGOGIQUE ? IV.1 - Enjeux climatiques, agriculture et sécurité alimentaire � 74 IV.1.1 - Les conséquence du changement climatique dans le bassin méditerranéen �� 74

IV.1.2 - Les défis posés par le changement climatique dans le domaine de l’agriculture et de la sécurité alimentaire : �� 75

V.3 - Zone propice à l’implantation des bâtiments de la ferme pédagogique �� 104

IV.1.3 - Vers une disparition de la viticulture en Hérault ? �� 76

VI - LA FERME À CULTURE

IV.2 - Démarche prospective : comment nourrir la population dans le futur ? �� 78 IV.2.2 - Évolution des régimes alimentaires �� 78 IV.2.2 - Transformation nécessaire de l’agriculture vers des pratiques plus écologiques �� 78

IV.3 - L’agrotourisme en développement �� 79 IV.4 - Gestion des conflits d’usage et limites de propriété en milieu rural �� 81 IV.5 - Les principes de la permaculture �� 82 IV.6 - Concevoir une ferme pédagogique �� 85

V - TERRITOIRE DE PROJET V.1 - Une exploitation agricole déjà en place �� 87 V.1.1 - Caractéristiques de l’exploitation agricole actuelle �� 87 V.1.2 - Une exploitation au cœur d’un paysage caractéristique �� 88

V.2 - Analyse du site �� 91 V.2.1 - Connexions et rayonnement �� 91 V.2.2 - Bâti existant �� 93 V.2.3 - Analyse bioclimatique et nuisances sonores �� 96 V.2.4 - Surfaces cultivées et espèces végétales présentes �� 99 V.2.5 - Les vues limitées sur le grand paysage �� 102 V.2.6 - Synthèse de l’analyse : �� 103

VI.1 - Aménagement à l’échelle de l’exploitation �� 106 VI.1.1 - Intentions programmatiques à l’échelle de l’exploitation �� 106 VI.1.2 - Évolution envisagée des surfaces cultivées �� 107 VI.1.3 - Parcours mobilités douces pour relier les vues �� 108 VI.1.4 - Gestion des nuisances et aléas �� 110 VI.1.5 - Cheminements des engins agricoles et redécoupage parcellaire �� 110 VI.1.6 - Aménagement du parcours public et gestion des conflits d’usage �� 112 VI.1.7 - Gestion des limites de l’exploitation �� 116 VI.1.8 - Nouvelle répartition des cultures �� 118

VI.2 - Le programme bâti de la ferme pédagogique �� 121 VI.2.1 - Intentions programmatiques de l’ensemble bâti �� 121 VI.2.3 - Tableau des surfaces �� 122

VI.3 - Implantation des bâtiments �� 123 VI.3.1 - Références pour les grandes intentions spatiales �� 123 VI.3.2 - Stratégie d’implantation finale �� 124 VI.3.3 - Gestion de la domanialité au sein des espaces créés �� 126

VI.4 - Projet architectural détaillé �� 129 VI.4.1 - Choix de la zone �� 129 VI.4.2 - Répartition des bâtiments �� 129

VI.5 - Règles communes �� 130

CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 BIBLIOGRAPHIE Documentation �� 134 Articles en ligne �� 134

ANNEXES A - Évolutions de Mudaison et Valergues au cours du temps �� 136 B - Calcul du potentiel de transport de marchandises par vélos cargos sur la voie verte �� 140 C - Calcul de la surface nécessaire aux paddocks �� 141

INTRODUCTION

architectes au regard de ces six années qui se sont écoulées. Comment comprendre les besoins actuels concernant la transition alimentaire ? Comment apporter une réponse architecturale à ces besoins ? Notre travail en binôme découle tout d’abord d’un travail en quatuor qui portait sur l’agriculture et la biodiversité dans un sens large. Nous avons ensuite continué à deux pour nous focaliser sur un territoire d’étude axé sur le canal Philippe Lamour, puis sur un axe perpendiculaire au canal passant par Mauguio. Nous avons développé plusieurs stratégies à plusieurs échelles mais toujours dans l’ambition de mettre en place un cycle vertueux de Production, Stockage, Transformation, Connexions, Distribution et Consommation pour atteindre une résilience alimentaire. Notre problématique directrice est la suivante : Comment retisser une économie locale, agricole et nourricière résiliente pour reconnecter villes et milieux agricoles ?

La croissance démographique prévue d’ici 2050 constitue un défi majeur pour la situation alimentaire et introduit des enjeux considérables. Selon les estimations, la population mondiale devrait atteindre près de 10 milliards de personnes d’ici cette période. Cette augmentation spectaculaire pose des questions cruciales quant à la capacité de notre système alimentaire à nourrir de manière adéquate l’ensemble de la population. Il est très facile aujourd’hui d’accéder à cette nourriture dite « standardisée ». La pression sur les ressources naturelles, telles que les terres agricoles, l’eau et les nutriments, sera exacerbée par cette croissance démographique. Il devient donc essentiel de développer des approches durables de production et de distribution alimentaires afin de répondre à la demande croissante tout en préservant l’environnement. Les conséquences pour l’environnement mais aussi pour la santé sont nombreuses : déforestation, pollution des sols, malnutrition, maladies liées à une alimentation de mauvaise qualité, … Face à cette situation, la transition vers des systèmes alimentaires durables et résilients devient une priorité. Cela implique de repenser nos méthodes de production agricole, en favorisant des pratiques agroécologiques et en encourageant la diversification des cultures. De plus, il est essentiel de promouvoir une consommation responsable, en soutenant les circuits courts et en privilégiant des choix alimentaires plus durables. Cette étape finale de notre parcours en études d’architecture représente une occasion précieuse de remettre en question notre rôle en tant que futurs

Finalement, notre projet de fin d’études consiste à reprendre une exploitation existante à dominance viticole de 45 hectares, dans l’hypothèse où l’exploitation serait en déprise agricole et reprise par un groupe d’agriculteurs motivés pour en faire une ferme pédagogique exemplaire. Notre travail de recherche porte dans un premier temps sur une étude théorique de ce qu’est fondamentalement la transition alimentaire et ce qu’elle implique. Ensuite il s’agira de présenter l’Hérault, ses caractéristiques et particularités tout en amorçant une approche sur notre territoire d’étude le long du canal Philippe Lamour. Dans un troisième temps, nous nous focaliserons sur l’intervention à grande échelle et notre stratégie sur l’axe de Mauguio. Puis nous verrons comment concevoir une ferme pédagogique : quels sont ses objectifs, ses infrastructures, sa spatialité, sa domanialité, ses enjeux, … Dans un cinquième temps, nous analyserons l’exploitation agricole que nous avons choisie. Enfin, nous terminerons par présenter la Ferme à Culture, son aménagement à l’échelle de l’exploitation, son programme dans la zone d’intervention architecturale et l’amorce de l’implantation des bâtiments de nos projets respectifs et des règles que nous nous sommes imposées pour garder une cohérence architecturale.

I - THÉMATIQUE D’ACTUALITÉ I.1 - L’IMPORTANCE DE LA TRANSITION ALIMENTAIRE DANS LA SOCIÉTÉ ACTUELLE La transition alimentaire est un processus nécessaire dans notre société contemporaine, confrontée à de nombreux défis environnementaux, sanitaires et sociaux. Elle consiste à repenser et à transformer nos systèmes alimentaires afin de les rendre plus durables, équitables et respectueux de l’environnement. La transition alimentaire englobe à la fois la production agricole, les modes de consommation et les politiques alimentaires.

Aujourd’hui, l’industrie agroalimentaire a pris une ampleur considérable, avec des aliments transformés, des additifs et des ingrédients d’origine incertaine qui envahissent nos épiceries et nos assiettes. Les produits alimentaires sont souvent transformés, emballés et commercialisés de manière à attirer notre attention et à susciter notre désir, sans toujours fournir les informations claires sur leur composition réelle. De plus, la mondialisation des chaînes d’approvisionnement alimentaire a entraîné une perte de traçabilité des produits que nous consommons. Les aliments parcourent souvent de longues distances avant d’arriver dans nos placards, ce qui rend difficile de connaître leur provenance exacte et les conditions dans lesquelles ils ont été produits. En outre, les pratiques agricoles modernes, axées sur la productivité et les rendements élevés, ont conduit à une utilisation intensive de pesticides, d’engrais chimiques et à la manipulation génétique des cultures, ce qui peut avoir un impact sur la qualité et la sécurité des aliments que nous consommons. Dans ce contexte, il devient de plus en plus difficile de savoir réellement ce que nous mangeons. Les étiquettes des produits alimentaires peuvent être déroutantes, les informations sur les modes de production peuvent être limitées, et il est souvent difficile d’obtenir des réponses claires sur les pratiques agricoles et l’origine des aliments.

Manifeste de la fracture actuelle sur l’agriculture

« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es » Jean Anthelme Brillat-Savarin La citation « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es » de Jean Anthelme Brillat-Savarin1, bien que profonde et significative à son époque, peut sembler moins pertinente de nos jours. Dans notre société moderne, nous sommes confrontés à de nombreux défis en ce qui concerne notre alimentation et la connaissance de ce que nous consommons.

1 Jean Anthelme Brillat-Savarin était un célèbre gastronome français du XVIIIe siècle, connu pour son ouvrage « Physiologie du goût » qui explore les plaisirs de la table et les aspects culturels de l’alimentation.

Par conséquent, la signification profonde de la citation de Brillat-Savarin est quelque peu remise en question. Dans un monde où nous sommes confrontés à une abondance d’aliments transformés, de produits chimiques et de pratiques agricoles controversées, il est devenu plus complexe de déterminer qui nous sommes simplement en regardant ce que nous mangeons. Cependant, cela ne signifie pas que nous devrions abandonner nos efforts pour comprendre et contrôler notre alimentation. Au contraire, cela souligne l’importance d’une prise de conscience croissante concernant nos choix alimentaires. Nous devons être plus conscients de nos habitudes alimentaires, chercher à connaître l’origine et les méthodes de production des aliments que nous consommons, et privilégier les aliments frais, locaux et de saison autant que possible. En fin de compte, bien que la citation puisse sembler moins applicable aujourd’hui, elle peut toujours servir de rappel que notre alimentation joue un rôle essentiel dans notre santé, notre bien-être et notre connexion avec le monde qui nous entoure. C’est en faisant des choix éclairés que nous pouvons réellement comprendre et façonner notre relation avec la nourriture, et par extension, notre identité.

sans prendre en compte les cycles naturels. Les fruits et légumes sont souvent disponibles toute l’année, peu importe leur saisonnalité réelle. Par exemple, les tomates que nous trouvons en hiver proviennent souvent de pays situés dans l’hémisphère opposé, où la main-d’œuvre est moins chère. Ces produits sont récoltés avant leur pleine maturité, stockés en chambre froide et redistribués dans tous les pays. Il suffit de regarder la provenance sur les étals pour constater que nous avons perdu la notion de saisonnalité et la connaissance des moments propices pour acheter certains aliments. Ce problème n’est pas récent, mais ses conséquences sont de plus en plus évidentes aujourd’hui.

Dans le domaine de l’alimentation, le marketing joue un rôle majeur dans la façon dont les produits sont présentés et vendus. Les stratégies de marketing alimentaire visent à attirer notre attention, à susciter nos désirs et à influencer nos choix. Cependant, la réalité derrière ces stratégies commerciales peut souvent être bien éloignée de ce qui est véritablement offert.

Selon une étude de 2013 menée par l’Association Santé Environnement France (ASEF), un écolier sur trois ne savait pas identifier un poireau, une figue ou un artichaut. Cette réalité révèle le niveau d’ignorance croissant par rapport aux aliments que nous consommons. Nos habitudes alimentaires ne nous encouragent pas à prendre le temps de nous intéresser à ce que nous mangeons ni à faire des choix éclairés. Cette ignorance nous pousse de plus en plus vers une négligence de ce qui est essentiel pour notre santé : l’alimentation.

Les emballages colorés, les slogans accrocheurs et les images appétissantes sont souvent utilisés pour créer une perception positive autour d’un produit. Des termes tels que « fait maison », « authentique » ou «traditionnel» sont couramment utilisés pour évoquer une image de qualité et de valeurs familiales. Cependant, il est important de regarder au-delà de ces stratégies de marketing et d’examiner de plus près la réalité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire. La matière première utilisée dans la production des aliments peut provenir de sources industrielles, éloignées de la vision romantique d’une grandmère préparant une soupe avec amour. Les processus de fabrication peuvent impliquer l’utilisation d’additifs, de conservateurs et de techniques de transformation qui peuvent altérer la qualité nutritionnelle et gustative des produits.

Part des élèves qui n’ont pas su identifier les fruits et les légumes suivants selon une étude de l’ASEF de 2013 (Source : https://www.asef-asso.fr/notre-sante/mon-enfant/notre-enquete-sur-lalimentation-des-enfants-2013/)

L’ignorance concernant notre alimentation se manifeste également dans notre méconnaissance des saisons et des origines des produits que nous consommons. Nous sommes devenus déconnectés de la réalité de la production alimentaire, ce qui nous pousse à consommer selon nos envies,

I.1.1 - Les défis actuels : population croissante, changement climatique, ressources limitées Tout d’abord, quels sont les défis actuels concernant la transition alimentaire dans la société de nos jours ? Commençons par la croissance démographique qui continue de manière exponentielle, exerçant une pression croissante sur les systèmes alimentaires mondiaux. La demande en nourriture augmente, nécessitant une production agricole accrue pour répondre aux besoins de la population croissante. Ensuite, le changement climatique constitue un défi majeur pour l’agriculture et la sécurité alimentaire. Les perturbations climatiques telles que les sécheresses, les inondations, les vagues de chaleur et les événements météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquentes et intenses. Elles ont un impact négatif sur les récoltes, les ressources en eau et la productivité agricole, mettant en péril la disponibilité et la stabilité des approvisionnements alimentaires. De plus, nous sommes confrontés à des ressources limitées, notamment en termes de terres cultivables, d’eau douce et d’énergie. La dégradation des sols, l’épuisement des nappes phréatiques, la pollution des ressources en eau et la dépendance aux énergies fossiles posent des défis majeurs pour l’agriculture durable.

Comment le système alimentaire industriel contribue à la crise climatique (Source : https://issuu.com/grain.org)

I.1.2 - Les impacts environnementaux de l’agriculture intensive : déforestation, pollution, érosion des sols, émissions de gaz à effet de serre

I.1.3 - Les conséquences sur la santé : malnutrition, obésité, maladies liées à une alimentation de mauvaise qualité

Les impacts environnementaux de l’agriculture conventionnelle 2 sont nombreux. La déforestation en est un et est souvent liée à l’expansion de l’agriculture intensive. Les forêts sont défrichées pour créer de nouvelles terres agricoles, en particulier pour la production de cultures commerciales à grande échelle telles que le soja, l’huile de palme et la viande bovine. La déforestation entraîne la perte de biodiversité, la destruction des habitats naturels et contribue au changement climatique en libérant des quantités massives de dioxyde de carbone stockées dans les arbres. Puis, l’utilisation intensive de produits chimiques tels que les pesticides et les engrais dans ce type d’agriculture entraîne une pollution de l’environnement. Ces substances chimiques peuvent contaminer les sols, les cours d’eau et les nappes phréatiques, entraînant une perte de biodiversité aquatique et des risques pour la santé humaine. De plus, l’utilisation excessive d’engrais azotés contribue à la formation de zones mortes dans les océans où la vie marine est gravement appauvrie en raison de la surabondance de nutriments.

Les conséquences sur la santé liées à une alimentation de mauvaise qualité sont devenues un problème majeur à l’échelle mondiale. La transition alimentaire, caractérisée par une augmentation de la consommation de produits alimentaires transformés, riches en sucres ajoutés, en graisses saturées et en sel, a contribué à l’émergence de plusieurs problèmes de santé.

L’érosion des sols est un autre impact majeur de l’agriculture conventionnelle. Les pratiques agricoles intensives, telles que le labour intensif et la monoculture, exposent les sols à l’érosion éolienne et hydrique. Cela entraîne la perte de couches fertiles de sol, la diminution de la qualité du sol et la diminution de la capacité des sols à retenir l’eau. L’érosion menace la productivité agricole à long terme et contribue à la détérioration des écosystèmes naturels. Enfin, l’agriculture intensive est responsable d’une part importante des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La production animale intensive, en particulier l’élevage de bovins, génère des émissions importantes de méthane, un gaz à effet de serre très puissant. De plus, la décomposition des résidus de cultures, l’utilisation d’engrais azotés et les émissions liées à l’utilisation de machines agricoles contribuent également aux émissions de dioxyde de carbone et de protoxyde d’azote, qui sont des gaz à effet de serre.

La malnutrition et l’obésité sont deux défis majeurs en matière de santé liés à une alimentation de mauvaise qualité. La malnutrition persiste dans de nombreuses régions, tandis que l’obésité et les maladies chroniques associées sont en augmentation. Une alimentation déséquilibrée avec une surconsommation de produits transformés et pauvres en nutriments essentiels, contribue à ces problèmes. Les récentes crises alimentaires telles que la vache folle, E. Coli, les OGM et le scandale de la viande de cheval remettent en question l’industrialisation de notre alimentation ainsi que les conditions d’élevage et d’agriculture, tandis que la malbouffe et les pratiques agricoles intensives contribuent à des problèmes de santé tels que l’obésité et la carence en micronutriments, avec plus de 2 milliards de personnes souffrant de carences alimentaires et plus de 500 millions d’adultes et 42 millions d’enfants souffrant d’obésité. De plus, l’utilisation des produits phytosanitaires expose les producteurs à des risques de troubles neurologiques et de maladies, mettant en évidence les conséquences néfastes de ces pratiques sur la santé humaine.

2 Synonyme de l’agriculture intensive, c’est une méthode de production agricole qui vise à augmenter considérablement les rendements en utilisant des techniques modernes et des intrants agricoles tels que les engrais chimiques, les pesticides et l’irrigation. Elle se caractérise par une utilisation intensive des ressources, une mécanisation poussée et une concentration élevée des cultures ou des animaux dans des espaces limités. Cette approche met l’accent sur la productivité et l’efficacité, mais peut avoir des conséquences sur l’environnement, la biodiversité et la durabilité à long terme.

Un aperçu des différents éléments du système alimentaire industrialisé et de leurs interactions (Source : resiliencealimentaire.org)

I.2 - ACTIONS ET INTERVENTIONS PROMETTEUSES EN FAVEUR DE LA TRANSITION ALIMENTAIRE De nombreuses initiatives ont été lancées pour promouvoir la transition alimentaire, notamment l’agriculture biologique, l’agroécologie, les circuits courts, la réduction du gaspillage alimentaire, la promotion d’une alimentation plus végétale, etc. Ces actions visent à réduire l’empreinte environnementale de l’agriculture, à améliorer la qualité des aliments produits et à promouvoir des pratiques plus durables tout au long de la chaîne alimentaire.

En 2023 est lancé un “Appel à projets : innover pour réussir les transitions agroécologiques et alimentaires”3. Cet appel à projets, doté d’une enveloppe globale de 200 millions d’euros de “France 2030” a pour objectif de soutenir les initiatives innovantes des entreprises qui contribuent à la transition agroécologique et alimentaire. Il vise à répondre aux enjeux tels que la réduction des gaz à effet de serre, l’adaptation au changement climatique, la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles, ainsi que la production alimentaire durable. L’appel à projets accompagne les entreprises du secteur dans le développement de solutions permettant de s’adapter à un contexte changeant et de réduire l’impact environnemental de l’agriculture. Il promeut des finalités telles quel la santé, la prise en compte des enjeux environnementaux, la souveraineté alimentaire, la traçabilité des aliments et le bien-être de l’animal. L’objectif est de concevoir de nouvelles pratiques ou systèmes de production/transformation, en utilisant des technologies innovantes respectueuses de l’environnement et en favorisant la traçabilité des aliments. Cet appel à projets accompagne les entreprises qui apportent des innovations pour les agriculteurs et les consommateurs. Il fait suite à deux appels à projets précédents et s’inscrit dans une démarche visant à soutenir et amplifier les initiatives dans le domaine de l’alimentation et de l’agriculture. Il favorise également les dynamiques territoriales pour gérer les effets du changement climatique et renforcer le rôle de l’agriculture dans la préservation de l’environnement.

Les jardins familiaux de Malbosc II (Source : https://www.montpellier.fr/)

Dans le cadre de sa politique Ville Nature, la Ville de Montpellier marque un événement important en inaugurant les jardins familiaux de Malbosc II le samedi 10 juin 2023. Cette initiative témoigne de l’engagement de la ville en faveur de la nature en milieu urbain et de la promotion d’un mode de vie plus durable. Les jardins familiaux offrent aux résidents du quartier de Malbosc, la possibilité de cultiver leurs propres fruits, légumes et plantes aromatiques, favorisant ainsi l’autonomie alimentaire, la biodiversité et la convivialité entre les habitants. Cet espace vert devient un lieu de rencontre, d’apprentissage et d’échange autour du jardinage et de la nature, contribuant ainsi à renforcer le lien social au sein de la communauté.

3 Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, avec Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement en charge de France 2030 annoncent la réouverture d’un appel à projets destiné aux entreprises en faveur des transitions agroécologiques et alimentaires, ainsi qu’un appel à manifestation d’intérêt pour développer l’alimentarité des emballages. L’objectif de ces initiatives, portées par les responsables compétents, est de permettre le déploiement de solutions innovantes pour l’agriculture et l’agroalimentaire. Dans cette démarche, France 2030 consacrera un budget de 2,3 milliards d’euros de crédits afin de soutenir une alimentation saine, durable et traçable. Cette initiative témoigne de la volonté de promouvoir des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et de favoriser une alimentation de qualité, tout en garantissant la traçabilité des produits.

I.2.1 - Promouvoir une agriculture durable : pratiques agroécologiques, diversification des cultures, préservation de la biodiversité Les pratiques agroécologiques, telles que la diversification des cultures, la permaculture ou encore l’agroforesterie, jouent un rôle clé dans la transition alimentaire. En encourageant les agriculteurs à adopter ces pratiques, on favorise la durabilité des systèmes agricoles. La diversification des cultures permet de prévenir les maladies et les ravageurs, de restaurer la fertilité des sols et de réduire la dépendance aux produits chimiques. La préservation de la biodiversité agricole contribue à maintenir la résilience des écosystèmes et à promouvoir une alimentation diversifiée et nutritive. I.2.2 - Encourage une consommation responsable Une alimentation équilibrée est essentielle pour une transition alimentaire réussie. Cela implique de promouvoir une consommation responsable, en encourageant les choix alimentaires sains et durables. Sensibiliser les consommateurs aux bienfaits d’une alimentation équilibrée, riche en fruits, légumes, céréales complètes et protéines végétales, peut contribuer à améliorer la santé et à réduire les maladies chroniques liées à l’alimentation. C’est ce qu’il s’est passé à Todmorden, une petite ville du Royaume-Uni, dans la vallée du Yorkshire, à environ 30 kilomètres au nord de Manchester. En 2008, Mary CLEAR et Pam WARHURST, deux résidentes de Todmorden, ont pris conscience de la crise et du déclin qui affectaient leur ville. Convaincues qu’elles ne pouvaient plus compter sur des solutions extérieures, elles ont décidé de ne plus être des victimes passives et de prendre leur destin en main.

Elles ont ainsi développé une vision audacieuse : mobiliser la population locale, encourager la coopération et le partage, et devenir ensemble les acteurs du changement. Elles ont compris que la renaissance de la ville passait par une mobilisation citoyenne et la mise en commun de ressources. L’expérience de Todmorden a inspiré de nombreuses autres villes à travers le monde à adopter des initiatives similaires : le mouvement compte environ 600 villes aujourd’hui. Consommer de manière responsable, c’est également ne pas gaspiller. Le gaspillage alimentaire est un problème majeur dans notre société. Il est essentiel de sensibiliser les individus et les entreprises à l’importance de réduire le gaspillage alimentaire. Cela peut être réalisé par le biais de campagnes de sensibilisation, d’une meilleure gestion des ressources et de la promotion de pratiques telles que le compostage et le don d’aliments. En France, chaque année, environ 10 millions de tonnes de produits alimentaires sont perdus ou gaspillés, ce qui équivaut à une valeur marchande estimée à 16 milliards d’euros. Selon l’étude de l’ADEME4 sur la gestion des pertes et gaspillages alimentaires à travers la chaîne alimentaire, la répartition de ces pertes se présente comme suit : - 32 % lors de la phase de production ; - 21 % lors de la phase de transformation ; - 14 % lors de la phase de distribution ; - 33 % lors de la phase de consommation. I.2.3 - Favoriser les circuits courts L’un des moyens clés de promouvoir la transition alimentaire et de favoriser la souveraineté alimentaire est de soutenir les agriculteurs locaux et de renforcer les marchés de proximité. Les circuits courts désignent le commerce direct entre les producteurs locaux et les consommateurs, sans intermédiaires importants. Ce modèle de distribution raccourcit les distances entre la production et la consommation, ce qui permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport et de promouvoir la durabilité environnementale. Il est mportant dans le but de promouvoir la transition alimentaire de soutenir les agriculteurs locaux en fournissant un soutien financier, technique et logistique aux agriculteurs et producteurs locaux, afin de les aider à maintenir

Leur initiative a commencé avec un simple pied de rhubarbe planté dans un bac à fleurs public, accompagné de l’inscription devenue célèbre : « Food to Share » (de la nourriture à partager).

Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie

et à développer leurs activités. Cela peut être grâce à des subventions, des prêts à taux réduit, des formations professionnelles ou encore des conseils en gestion agricole et des infrastructures adaptées. L’agriculture urbaine est un mouvement croissant qui vise à cultiver des aliments et à élever des animaux dans les zones urbaines. C’est une réponse aux défis de l’urbanisation, de la sécurité alimentaire et de l’environnement. Les jardins communautaires, les toits verts, les serres urbaines et les fermes verticales sont quelques-unes des formes d’agriculture urbaine qui se développent dans les villes du monde entier. L’agriculture urbaine offre de nombreux avantages, notamment la production locale d’aliments frais, la réduction de la dépendance aux transports alimentaires, la promotion de la durabilité environnementale et la création de liens sociaux au sein des communautés. Elle permet également d’améliorer la qualité de l’air, de réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain et de favoriser la biodiversité. En impliquant les habitants dans la production alimentaire, l’agriculture urbaine renforce leur lien avec la nature et leur donne un plus grand contrôle sur leur alimentation.

Pour surmonter ces obstacles, des mesures peuvent être prises pour rendre les produits alimentaires locaux plus accessibles et abordables pour tous. Cela peut impliquer des programmes de soutien financier ou d’incitations pour les populations à faible revenu, tels que des coupons alimentaires ou des réductions spéciales pour les produits locaux dans les marchés de proximité. Il est également important de sensibiliser et d’éduquer les populations sur les avantages d’une alimentation saine, de fournir des ressources éducatives et des programmes de formation en matière de nutrition, et de faciliter l’accès à des lieux de vente de produits frais dans les zones où ils sont moins disponibles.

On estime qu’il existe environ 2 millions de jardins communautaires dans le monde. Les toits verts, qui consistent à aménager des espaces de culture sur les toits des bâtiments, gagnent également en popularité. Plus de 700 hectares de toits verts sont recensés rien qu’à New York. Les serres urbaines, qui utilisent des structures contrôlées pour cultiver des plantes dans les environnements urbains, sont également en expansion. Par exemple, à Montréal, la plus grande serre urbaine au monde s’étend sur plus de 12 000 mètres carrés. En ce qui concerne les chiffres clés, il est estimé que l’agriculture urbaine peut contribuer à la production de 15 à 20% de la nourriture mondiale d’ici 2050. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), plus de 800 millions de personnes pratiquent déjà l’agriculture urbaine à travers le monde, et ce chiffre devrait augmenter à mesure que la population urbaine continue de croître. Dans certaines villes, comme La Havane à Cuba, jusqu’à 90% des produits alimentaires sont cultivés localement grâce à l’agriculture urbaine.

Exemple d’agriculture urbaine à La Havane, Cuba (© Lulu Ash)

Un autre aspect essentiel de la promotion des circuits courts et de la souveraineté alimentaire est de renforcer l’accès à une alimentation de qualité pour tous, en mettant un accent particulier sur les populations défavorisées. Trop souvent, les populations vulnérables sont confrontées à des obstacles économiques, géographiques et sociaux qui limitent leur accès à une alimentation saine et nutritive. Exemple d’agriculture en toits verts à Londres, Angleterre (© Lulu Ash)

I.3 - AGRICULTURE ET BIODIVERSITÉ I.3.1 - L’importance de l’agriculture dans la biodiversité L’agriculture joue un rôle crucial dans la préservation et la promotion de la biodiversité. En tant que système de production alimentaire, elle est étroitement liée à la diversité des espèces végétales et animales présentes sur Terre. Les écosystèmes agricoles abritent une grande variété de plantes cultivées, d’animaux d’élevage et d’organismes bénéfiques tels que les pollinisateurs. Ils contribuent ainsi à maintenir une diversité biologique essentielle à la survie de la planète et à la fourniture de services écosystémiques. L’agriculture offre également des opportunités pour la conservation et la restauration des habitats naturels. Les prairies, les haies, les zones humides et d’autres éléments paysagers présents dans les exploitations agricoles peuvent servir de refuge pour de nombreuses espèces sauvages. Ces espaces offrent des corridors écologiques, favorisant les déplacements des animaux et facilitant les échanges génétiques, contribuant ainsi à la préservation de la biodiversité. I.3.2 - L’interdépendance entre agriculture et préservation de la biodiversité Le terme « biodiversité » est composé de deux mots : « bio » qui signifie vie, et « diversité» qui fait référence à la variété et à la différence. Il a été créé pour décrire la richesse et la variété du monde vivant qui nous entoure. Le concept de biodiversité a été développé dans les années 1980 et est devenu un terme largement utilisé dans les domaines de la biologie et de l’écologie. La biodiversité englobe l’ensemble des formes de vie sur Terre, depuis les microbes invisibles à l’œil nu jusqu’aux plantes, aux animaux et aux écosystèmes complexes. Elle comprend la diversité des espèces, ou aussi dite spécifique (la variété des différentes espèces présentes dans un écosystème donné), la diversité génétique (les variations génétiques au sein d’une même espèce) et la diversité écosystémique (les différentes interactions entre les espèces et leur environnement). La biodiversité joue un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes et des services qu’ils fournissent, tels que la pollinisation des cultures, la purification de l’eau, la régulation du climat et la fourniture d’aliments. Elle contribue également à la résilience des écosystèmes face aux changements environnementaux.

Cependant, la biodiversité est confrontée à de nombreux défis et est actuellement menacée par des activités humaines telles que la destruction des habitats, la pollution, le changement climatique, la surexploitation des ressources et les espèces invasives. La perte de biodiversité a des conséquences profondes sur notre société, notre économie et notre bienêtre, notamment en termes de sécurité alimentaire, de santé humaine et de stabilité des écosystèmes. La préservation de la biodiversité est donc d’une importance cruciale. Il est essentiel de prendre des mesures pour protéger les habitats naturels, promouvoir des pratiques agricoles durables, prévenir l’introduction d’espèces invasives, réglementer la chasse et la pêche, et sensibiliser le public à l’importance de la biodiversité. Ainsi, l’agriculture et la biodiversité sont fortement liées, car les pratiques agricoles peuvent avoir un impact significatif sur la faune et la flore et vice versa. Il est essentiel de trouver un équilibre entre les activités agricoles et la préservation de la biodiversité afin de maintenir des écosystèmes sains et durables. Les mesures de conservation de la biodiversité dans les zones agricoles peuvent contribuer à préserver les habitats naturels, les espèces sauvages et la diversité génétique. L’agriculture intensive, caractérisée par l’utilisation intensive de pesticides, d’engrais chimiques, la monoculture et la perte d’habitats naturels, peut avoir des effets néfastes sur la biodiversité. Cela peut entraîner la diminution de la diversité des espèces, la fragmentation des habitats, la pollution des sols et des cours d’eau, et la disparition des espèces sauvages. La préservation de la biodiversité agricole et la restauration des habitats naturels sont donc essentielles pour réduire ces impacts négatifs. Face à ces impacts environnementaux, la transition vers des pratiques agricoles durables et respectueuses de l’environnement est essentielle.

Croquis d’un modèle d’agriculture intensive

Croquis d’un modèle d’agriculture extensive

Croquis des rôles des interventions agroécologiques dans le paysage

Croquis des interactions entre les différentes entités de la biodiversité

Frise chronologiqe des différents évènements concernant l’industrie alimentaire et son industrie dans le monde et en France

II - ÉTAT DES LIEUX DU TERRITOIRE II.1 - L’HÉRAULT II.1.1 - Présentation du département L’Hérault est un département situé dans la région Occitanie, dans le sud de la France. Bordé par la mer Méditerranée au sud, il est limitrophe des départements du Gard à l’est, de l’Aveyron et du Tarn au nord, et de l’Aude à l’ouest. Avec une superficie d’environ 6 101 km², il abrite une population d’environ 1,17 million d’habitants, ce qui représente une densité de population d’environ 192 habitants/km². Il se classe 18ème parmis les départements les plus peuplés de France. Sur le plan géographique, l’Hérault présente une grande diversité. Au nord, se trouvent les contreforts du Massif central, offrant des paysages montagneux et des plateaux, notamment dans le parc naturel régional du Haut-Languedoc. Au sud, s’étendent les plaines littorales et les zones de lagunes. Le littoral méditerranéen de l’Hérault s’étend sur environ 70 km, offrant de magnifiques plages de sable et abritant des stations balnéaires populaires telles que La Grande-Motte, Palavas-les-Flots et Sète. On le compare souvent à un amphithéâtre paysager commençant, au plus bas, à la mer et remontant sur les sommets montagneux des Cévennes.

Carte des différents paysages de l’Hérault, « amphithéâtre paysager » Inspiration : © Direction départementale des territoires et de la mer de l’Hérault, Atlas Cartographiques, 2020

D’un point de vue géologique, l’Hérault présente une grande variété de formations rocheuses. On y trouve des montagnes calcaires dans le Massif central ainsi que des terrains sédimentaires dans les plaines littorales. Cette diversité géologique favorise la présence de nombreux sites naturels et géologiques remarquables. L’Hérault est également marqué par une évolution démographique positive. La croissance de sa population est soutenue, principalement en raison de l’attrait de son littoral, de son dynamisme économique et de la présence d’universités renommées telles que celle de Montpellier. La population est principalement concentrée dans la région de Montpellier, la plus grande ville du département, ainsi que dans les villes de Béziers et Sète. Les zones rurales de l’Hérault sont également habitées, avec de nombreux villages pittoresques répartis dans les montagnes et les plaines. Carte géologique de l’Hérault Inspiration : © Direction départementale des territoires et de la mer de l’Hérault, Atlas Cartographiques, 2020

II.1.2 - Ressources naturelles et patrimoniales du département Le patrimoine culturel et historique de l’ancienne région Languedoc-Roussillon est remarquable. Les sites historiques sont nombreux, parmi lesquels les arènes de Nîmes, vestiges de l’époque romaine, le majestueux Pont du Gard et les charmants villages pittoresques comme Saint-Guilhem-le-Désert et Pézenas. Le Canal du Midi, également classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, traverse le département, offrant des paysages enchanteurs et témoignant de l’ingéniosité de l’architecture fluviale.

La département est très réputé pour ses ressources viticoles exceptionnelles. Les vins de cette région jouissent d’une renommée internationale, grâce à des appellations d’origine contrôlée telles que les vins AOC Languedoc. Les vignobles en Hérault forment un élément essentiel du paysage, avec leurs rangées de vignes très caractéristiques, façonnant les collines héraultaises. La viticulture occupe une place prépondérante dans l’agriculture de l’Hérault, représentant environ 80 % de celle-ci. Les vignobles couvrent une superficie de 84 900 hectares (sur 185 200 hectares de surfaces agricoles utilisées par les exploitations), ce qui équivaut à près de 45 % de l’espace agricole dédié à la viticulture dans le département. Le département de l’Hérault abrite une biodiversité exceptionnelle, grâce à la variété de ses paysages et de ses écosystèmes. 70% des espèces recensées au niveau national sont présentes dans le département. On y trouve une multitude d’espèces animales et végétales qui contribuent à la richesse biologique de la région.

Arènes de Nîmes

Pont du Gard

Saint-Guilhem-le-Désert

L’Hérault se distingue également par son riche patrimoine architectural, avec ses châteaux, églises, abbayes et maisons de caractère. Parmi les sites les plus emblématiques, on peut citer la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier, un chef-d’œuvre gothique, la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers et l’abbaye cistercienne de Valmagne. Ces témoignages architecturaux retracent l’histoire et la culture de la région.

Cathédrale Saint-Pierre Montpellier

Cathédrale Saint-Nazaire Béziers

Les parcs naturels, tels que le parc naturel régional du Haut-Languedoc et le parc national des Cévennes, préservent des habitats naturels diversifiés, abritant une grande diversité d’espèces. Les forêts, les garrigues, les zones humides et les cours d’eau offrent des refuges essentiels pour de nombreux animaux, dont certains sont endémiques à la région. L’Hérault abrite également des espèces emblématiques, telles que l’aigle de Bonelli, le lynx pardelle, le circaète Jean-le-Blanc et le flamant rose. Les zones côtières et marines sont peuplées de nombreuses espèces marines, notamment des dauphins, des tortues marines et une grande diversité de poissons. La flore de l’Hérault est tout aussi remarquable, avec des espèces méditerranéennes telles que le chêne vert, le pin d’Alep, le thym, le romarin et l’orchidée sauvage. Les zones humides, comme l’étang de Thau, sont riches en végétation aquatique et en espèces d’oiseaux migrateurs.

Abbaye de Valmagne

Paysage de montagnes Gorges de l’Hérault - © N.Chevalier

Paysage de garrigues et collines sèches Massif de la Mourèze - © Sylvain, GOYAV

Paysage de plaines Plaine de Fabrègue - © Christian FERRER

Paysage du littoral Vue sur l’étang de Thau, Sète - © Photo personnelle

Une masse végétale et anthropisée importante, protégée au titre de la ZNIEFF Data : © ZNIEFF/CEN - MNHN & OFB [Ed]. 2003-2022. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) Data : © Bd-topo, ign-2021 Data : © geo.data.gouv.fr

II.1.3 - Politique des protections et zones protégées La préservation de cette biodiversité est une préoccupation majeure dans le département, avec des mesures de conservation et de protection mises en place pour préserver les écosystèmes fragiles et les espèces menacées. Stéphane Jaulin, entomologiste à l’Office pour les insectes et leur environnement à Monferrier-sur-Lez, met en évidence l’importance cruciale des insectes pour la préservation de la biodiversité. Il souligne que sans les insectes, environ 85% des plantes à fleurs pourraient disparaître, mettant ainsi en péril les écosystèmes naturels. De plus, Jaulin souligne le rôle essentiel des insectes pollinisateurs dans la production alimentaire mondiale. La disparition de l’ensemble des insectes pollinisateurs entraînerait une baisse significative de 30% des récoltes alimentaires à l’échelle mondiale. Ce lien étroit entre les cultures agricoles et la biodiversité met en évidence l’interdépendance entre ces deux aspects. Cette prise de conscience souligne l’importance de préserver et de restaurer les habitats naturels nécessaires à la survie des insectes et à leur rôle crucial dans la pollinisation des plantes. L’importance de la biodiversité est indéniable, mais sa protection reste un enjeu crucial. Le département de l’Hérault, grâce à sa diversité de milieux comme vue précédemment, abrite une quantité et une variété d’espèces d’importance européenne. Afin de préserver cette richesse biologique, plusieurs outils de protection sont mis en place. Concernant les protections continentales, on retrouve notamment le réseau Natura 2000, créé en 1992 par l’Union Européenne. En France, on recense 1753 sites classés en deux catégories : les Zones de Protection Spéciales (ZPS) dédiées à la conservation des oiseaux sauvages et des espèces rares, menacées ou vulnérables, et les Zones Spéciales de Conservation (ZSC) visant à préserver la faune, la flore et leurs habitats naturels. L’Hérault compte respectivement 18 ZPS et 34 ZSC.

Des paysages protégés au titre de Natura 2000

Data : © Natura 2000/PN - MNHN & OFB [Ed]. 2003-2022. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) Data : © Bd-topo, ign-2021 Data : © geo.data.gouv.fr

En ce qui concerne les protections marines, le Conservatoire du Littoral joue un rôle primordial. Il s’agit d’un établissement public créé en 1975 sous l’égide du Ministère de l’Environnement. Les zones protégées par le Conservatoire du Littoral interdisent toute artificialisation et accordent une attention particulière à la protection de la faune et de la flore. On dénombre 19 de ces zones dans l’Hérault. Par ailleurs, les sites RAMSAR, qui sont des zones humides d’importance internationale, sont également présents dans le département. Ils répondent à des critères spécifiques et abritent des espèces de poissons et d’oiseaux rares ou vulnérables. On compte 3 sites RAMSAR dans l’Hérault. La ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique) constitue également une importante protection territoriale. Il s’agit d’un inventaire national lancé en 1982 qui recense les zones présentant un intérêt écologique du fait de leur faune et de leur flore caractéristiques. La conservation des ZNIEFF revêt une grande importance, notamment dans le cadre de projets d’aménagement du territoire. Le parc national des Cévennes est un territoire exceptionnel où la conservation de la faune, de la flore, du sol, du sous-sol, de l’atmosphère et des eaux est étroitement surveillée pour éviter toute dégradation. Ce parc national couvre une superficie de 2 700 km² et fait partie des 11 sites protégés qui s’étendent sur plus de 52 000 km² en France. D’autres espèces animales bénéficient d’une protection spécifique en vertu du code de l’environnement. Leur destruction, capture, perturbation, naturalisation ainsi que la destruction de leurs œufs ou de leurs nids sont interdites. Enfin, il est important de souligner que certaines protections peuvent être sujettes à des dérogations. Parfois, il existe une stratification des protections, ce qui signifie qu’une espèce protégée peut faire l’objet d’une dérogation si elle représente un danger pour une autre espèce protégée. Cela soulève la question de la conciliation entre la conservation de la nature et la chaîne alimentaire.

Des paysages maritimes protégés

Data : © CDL/RAMSAR - MNHN & OFB [Ed]. 2003-2022. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) Data : © Bd-topo, ign-2021 Data : © geo.data.gouv.fr

Agriculture viticole Domaine de la Roque, Fontanès - © Château La Roque

Agriculture oléicole Mas de Palat, Gignac - © Mas de Palat

Agriculture céréalière Champ de blé - © Jeff66, Sitytrail

Agriculture conchylicole Huitres de Bouzigues, Loupian - © H.A

II.1.4 - L’agriculture dans l’Hérault : chiffres clés Il est crucial de prendre en compte l’interaction entre les systèmes agricoles et la biodiversité, afin de rétablir une connexion harmonieuse entre ces entités. Une telle reconnexion aurait de nombreux avantages, favorisant à la fois l’agriculture et la biodiversité, tout en adressant les défis contemporains qui entravent notre progression vers la résilience alimentaire. Le pâturage agricole établit un lien symbiotique entre l’agriculture et la biodiversité, où les espèces se nourrissent des cultures, leurs déjections fertilisent les sols et les enrichissent, stimulant ainsi le développement des espèces souterraines. En retour, ces espèces souterraines nourrissent les autres composantes de l’écosystème local, créant ainsi un équilibre dynamique et interdépendant sur le territoire.

La situation de l’agriculture en Hérault présente des défis importants. On constate un vieillissement de la population agricole, avec un tiers des chefs d’exploitation ayant plus de 60 ans. Le renouvellement des générations rencontre des difficultés, et de nombreux agriculteurs partant à la retraite peinent à trouver des successeurs pour leurs exploitations. Cette situation conduit à une expansion continue de l’agriculture intensive sur de nouvelles surfaces, ce qui homogénéise le paysage et peut parfois affecter la qualité des productions.

Bien que la biodiversité puisse parfois entraîner des contraintes pour l’agriculture (ravageurs, maladies, etc.), elle constitue néanmoins une condition essentielle pour des productions abondantes. Les bienfaits de la biodiversité sur les cultures peuvent être observés à quatre niveaux : - L’approvisionnement : production de denrées alimentaires, qu’elles soient végétales ou animales ; - La régulation : garantie d’une production durable en favorisant la pollinisation et en maintenant l’équilibre des chaînes alimentaires ; - Le soutien : maintien des conditions propices à l’agriculture, notamment par l’aération des sols et l’irrigation des cultures ; - La culture : création d’un paysage caractéristique, tel que les vignobles emblématiques de l’Hérault (qui seront problématiques dans un futur proche) ou la conchyliculture du bassin de Thau. En réalité, la biodiversité peut se combiner avec l’agriculture de trois manières : de manière fonctionnelle lorsqu’elle exerce des effets positifs sur les cultures (par exemple, les vers de terre bénéfiques ou les « mauvaises herbes » utiles), indésirable lorsqu’elle nuit aux cultures (comme les espèces invasives) ou neutre en l’absence d’interaction directe avec les cultures.

Sur les 187 451 hectares dédiés à l’agriculture en Hérault, seulement 57% sont des surfaces productives toute l’année. Parmi cette partie productive, 31%, soit près de 32 257 hectares, est consacrée à l’agriculture biologique, ce qui représente plus de trois fois la moyenne nationale. Cela montre qu’une part significative des agriculteurs du département s’engage dans une démarche de recherche de qualité. Malheureusement, la majorité de notre production est exportée, tandis que la majorité des produits que nous consommons sont importés, ce qui accroît les flux logistiques et entraîne des émissions de gaz à effet de serre. Il est donc nécessaire de promouvoir les circuits courts et de favoriser la consommation et la production locales.

Dans cette perspective, si l’on évalue la capacité théorique du département à couvrir les besoins de sa population uniquement par sa propre production, en se basant sur le régime alimentaire moyen d’un Français, il apparaît que l’Hérault ne pourrait satisfaire que 14% de ses besoins actuels en raison de sa population importante. Cependant, à l’échelle de la région, l’Occitanie dispose de la capacité théorique de couvrir les besoins de l’ensemble de sa population, voire plus. Cela démontre qu’en termes de résilience alimentaire, l’Hérault devra préserver une partie des échanges logistiques avec la région. Afin de réduire sa dépendance à ces échanges, il est essentiel que le département oriente sa politique agricole vers une approche extensive, qui contribuerait à résoudre les problèmes évoqués précédemment. Cela implique un changement de système de culture, une diversification des espaces cultivés et la mise en place d’intercultures pour exploiter pleinement le potentiel de production des surfaces agricoles toute l’année. Cette transition doit s’accompagner de l’adaptation des pratiques culturales et de l’entretien et de l’installation d’infrastructures agro-écologiques.

Perte des surfaces agricoles de l’Hérault Inspiration : © Marché de l’Espace Rural Safer LR / IG Safer LR 2010

TYPE DE ZONE

LITTORAL

GARRIGUES

PLAINE

CÉVENNES

NATURE DU SOL

Très sableux parfois limono-argileux

Très calcaire

Calcaire et assez profond

Acide

CLIMAT

Très chaud

Tempéré

Contrasté entre les saisons parfois rude

ENSOLEILLEMENT

Lourdement ensoleillé

Ensoleillement normal et sujet aux précipitations

Précipitations régulières

VÉGÉTATION

Mojoritairement ligneuse

Majoritairement herbacéea

Très mixte

Diversifiée, arbres et plantes

ANIMAUX

Oiseaux, rapaces, insectes et arthropodes

Oiseaux, rapaces, insectes, arthropodes et reptiles

Oiseaux, insectes et petits mammifères

Oiseaux, insectes, petits et gros mammifères

II.2 - LE TERRITOIRE D’ÉTUDE II.2.1 - Le canal Philippe Lamour Le canal Philippe Lamour ou canal du bas-Rhône prend source dans le Rhône. Il traverse ensuite le Gard et arrive en Hérault, où il s’arrête à la station de la Méjanelle, entre Mauguio et Montpellier. Il s’agit d’un canal d’irrigation qui joue un rôle essentiel dans l’approvisionnement en eau de la région. Son histoire remonte au XIXe siècle, lorsque la nécessité d’une meilleure gestion de l’eau agricole se faisait sentir. Une partie du canal continue également à s’écouler de manière souterraine pour rejoindre l’Ouest de Montpellier, ce projet, qui est plus récent, est intitulé Via Aqua Domia.

1 - Station de pompage La Méjanelle

2 - Entrée de la piste cyclable par le canal

Vergers et vignes Candillargues

3 - Déchets plastiques sur un terrain vague

4 - Station de pompage domaine Pierre Blanche

Cultures de fraises Baillargues

5 - Installation indépendante de pompage

6 - Ouvrage hydraulique

Cultures sous serres Mauguio

7 - Paysage agricole le long du canal Philippe Lamour

8 - Station de pompage du Rhône

Gare multimodale et vergers Baillargues

Construit au cours des années 1950, le canal Philippe-Lamour tire parti de l’eau prélevée du Rhône, plus précisément de la rive gauche entre Beaucaire et Fourques, en amont d’Arles. Le véritable départ du canal se situe à la station de pompage Aristide-Dumont, à environ douze kilomètres du Rhône et à une soixantaine de kilomètres de son embouchure. Le canal Philippe Lamour joue un rôle crucial dans l’approvisionnement en eau du sud du Gard et de l’est de l’Hérault. Il est l’une des principales sources d’eau distribuées par le groupe BRL, qui est issu de la Compagnie nationale d’aménagement de la région du Bas-Rhône et du Languedoc. Dans les années 1960, il permet l’alimentation des stations touristiques du littoral créées ou dynamisées par la mission Racine, visant à promouvoir le développement économique de la région. De plus, le canal a contribué à la diversification des activités horticoles et maraîchères dans les cantons de Castries, Lunel et Mauguio. Ainsi, le Canal Philippe Lamour, associé à la mission Racine, a eu un impact significatif sur le développement économique et agricole de la région. Outre son rôle crucial dans l’irrigation, le Canal Philippe Lamour présente également un intérêt touristique et patrimonial. Les promenades le long de ses berges offrent des paysages pittoresques et une atmosphère paisible. Le long du canal, on peut retrouver de nombreux ouvrages hydrauliques, allant du château d’eau à des stations de pompage de différentes tailles, témoignant du savoir-faire technique de l’époque mais également d’aujourd’hui. Aujourd’hui, le Canal Philippe Lamour reste un élément essentiel du système d’irrigation de l’Hérault, contribuant à l’agriculture locale et à l’économie de la région. Il est également apprécié des résidents et des visiteurs pour ses aspects récréatifs, offrant des opportunités de promenade et de détente.

II.2.2 - Analyse du paysage - Séquence du Canal Philippe Lamour L’Hérault occupe une place prépondérante dans le secteur viticole, en tant que premier département viticole de la région Occitanie et deuxième de France. Avec ses 84 900 hectares de surfaces viticoles, cela représente plus de 46% de toute la superficie agricole du département. La viticulture joue un rôle économique majeur dans la région, tant en termes de production que de valorisation des vins. Cependant, dans le contexte de crise environnementale que nous traversons il faut requestionner cette culture qui fait face à un avancement des stades phénologiques de plusieurs vins, un degré al-coolique de plus en plus fort et des rendements de moins en moins bon, causé par l’augmentation de la température. De plus cette culture est assez consommatrice en eau et alors que les besoins en irriga-tion de l’agriculture devraient être multipliés par 1,8 à l’horizon 2050… La viticulture est une culture à réintéroger comme on le verra dans la partie IV.1.3.

II.2.3 - Analyse urbaine - Séquence du Canal Philippe Lamour Évolutions des villes annexées au canal Philippe Lamour au cours du temps Cas de Lansargues et Mauguio (Mudaison et Valergues sont consultables en annexe) L’évolution de ces formes urbaines a engendré plusieurs problématiques, notamment l’artificialisation des sols et le grignotement des terres agricoles. Les espaces autrefois dédiés à l’agriculture sont progressivement convertis en zones urbaines, entraînant une perte de terres cultivables et une fragmentation des espaces naturels. Parallèlement, l’émergence de villages dortoirs, souvent situés en périphérie des grandes villes, a accentué la dépendance à la voiture et les déplacements quotidiens comme c’est le cas de Mauguio qui est aujourd’hui caractérisé de village dortoir. Face à ces enjeux, il devient crucial de protéger les terres agricoles restantes et de favoriser leur maintien pour assurer une production alimentaire locale et durable. Cela implique de repenser les politiques d’aménagement urbain en limitant l’extension des zones urbaines et en privilégiant la rénovation des quartiers existants. La densification urbaine, associée à une mixité des fonctions (logements, commerces, services) favorise la réduction des distances à parcourir et encourage les déplacements à pied, à vélo ou en transports en commun. La réduction de la dépendance à la voiture est également un objectif essentiel pour préserver l’environnement et améliorer la qualité de vie des citoyens. Cela passe par le développement d’infrastructures cyclables et piétonnes, l’amélioration des réseaux de transports en commun, la mise en place de politiques de stationnement incitatives, ainsi que la promotion du covoiturage et de l’autopartage. En résumé, il est impératif de concilier le développement urbain avec la protection des terres agricoles et la réduction de la dépendance à la voiture. Cela nécessite une approche intégrée et durable de l’aménagement du territoire, mettant l’accent sur la préservation des ressources naturelles, la promotion d’une alimentation locale et la création de modes de vie plus durables et respectueux de l’environnement.

Lansargues - 1962

Lansargues - 1982

Lansargues - 2001

Lansargues - 2009

Mauguio - 1962

Mauguio - 1982

Mauguio - 2001

Mauguio - 2009

Analyses des différents tissus urbains de Mauguio

TISSU PAVILLONAIRE LÂCHE

TISSU PAVILLONAIRE DENSE

21,7% d’espace public et collectif 26,1% d’emprise au sol (CES) 11 logements par hectare

39,3% d’espace public et collectif 37,3% d’emprise au sol (CES) 28 logements par hectare

HABITAT COLLECTIF

CENTRE ANCIEN

34,1% d’espace public et collectif 76% d’emprise au sol (CES) 52 logements par hectare

34,1% d’espace public et collectif 64,3% d’emprise au sol (CES) 61 logements par hectare

Cas de Lunel-Viel

Cas de Mauguio

II.2.4 - Analyse économique et sociale - Séquence du Canal Philippe Lamour On recense de nombreuses ZAE (Zones d’Activités Économiques) sur notre territoire d’étude : les entreprises sont majoritairement tournées vers le domaine de l’agriculture, la viticulture, le maraichage ou encore des pépinières. Dans l’étude des statistiques que nous avons réalisé sur les villes de Lunel-Viel et Mauguio, nous remarquons une explosion démographique de ces villes proches de Montpellier. Le nombre d’actifs est élevé et leur dépendance à la voiture l’est également. De ce fait, il y a une réelle problématique de « village dortoir » dans les villes aux alentours de Montpellier.

III - INTERVENTION À GRANDE ÉCHELLE Nous avons ainsi vu dans notre analyse que notre territoire d’étude présentait un système économique et des liaisons territoriales qui avaient été complètement bouleversées avec le temps pour aboutir aujourd’hui à une déconnexion entre, d’une part, des zones urbaines plus ou moins denses, avec beaucoup d’étalement urbain et une problématique de villages dortoirs, et d’autre part, des surfaces agricoles qui ne servent même pas à alimenter les locaux. Ces problèmes semblent assez représentatifs d’un processus de déconnexion global entre zones urbaines et zones rurales, et entre agriculture et ville. De nos jours, le seul « rapport » que nous entretenons avec l’agriculture au sein des villes se fait souvent par le biais d’espaces de distribution : des grandes surfaces où le travail à échelle humaine et tout le processus antérieur à cette distribution sont assez obscurs pour le grand public. On perd alors la notion de localité des produits, et, de ce fait, la conscience des étapes successives de transformation et de transit depuis la production des produits alimentaires.

III.1 - UNE STRATÉGIE POUR RENFORCER L’ANCRAGE TERRITORIAL DU SYSTÈME ALIMENTAIRE III.1.1 - Penser le système alimentaire comme un cycle Pour tendre vers la résilience alimentaire, les actions possibles sont multiples. Nous avons décidé de baser nos interventions selon un cycle : Production – Stockage – Transformation – Connexions – Distribution – Consommation. Aujourd’hui, ces différentes composantes du système alimentaire sont assez décousues et les liens qu’elles entretiennent entre elles sont parfois trop complexes. Nos interventions ont donc été pensées pour clarifier ces liens et renforcer l’ancrage territorial du système alimentaire.

Ainsi, nous souhaitons mettre en place une stratégie territoriale ambitieuse ayant pour objectif la restructuration de toute la portion de territoire que nous avons cadré, afin de retisser une économie locale, agricole et nourricière et reconnecter villes et surfaces agricoles, à la fois physiquement, mais aussi dans l’esprit de la population. Cette stratégie territoriale s’inscrit dans une vision prospective, en prenant en compte la crise environnementale et ses conséquences sur les modes de production des aliments, ainsi que l’évolution possible des régimes alimentaires, qui devraient être de plus en plus axés sur le végétal. Son champ d’action est large et elle implique de repenser nos systèmes agricoles par, entre autres, la mise en valeur des pratiques agroécologiques, l’utilisation de haies bocagères, la diversification des variétés cultivées, ou encore l’utilisation de davantage d’espaces et d’outils mutualisés entre exploitants.

Le cycle Production - Consommation

Chaque partie du cycle regroupe différents acteurs et infrastructures qui peuvent assurer plusieurs fonctions au sein du cycle. Voici quelques exemples non-exhaustifs : En production, on retrouve par exemple les exploitations agricoles, les lycées agricoles ou encore, dans une moindre mesure, les particuliers qui mettent en place des potagers. Mais cette production sous-entend aussi d’autres acteurs qui interviennent en amont en fonction des choix de production. Toute production va être confrontée à des choix sur l’utilisation de semences, d’outils ou de machines agricoles spécifiques, l’utilisation d’engrais ou de pesticides, ou encore la consommation d’énergie sous différentes formes. Une exploitation avec un objectif de résilience alimentaire se doit d’être la plus autonome et la plus respectueuse de l’environnement possible sur ces questions.

III.1.2 - Repenser les connexions Pour parvenir à la mise en place d’un système alimentaire résilient, il faut d’abord travailler sur les connexions entre les différentes entités de ce système pour en assurer le bon fonctionnement. Le but est d’optimiser ces connexions et de réduire les distances entre les différents points du cycle, tout en réfléchissant aux modes de transport les plus adaptés et les moins polluants possible. Nous devons ainsi replacer le territoire d’étude dans son contexte plus large. Pour ce faire, nous avons mobilisé notre analyse du réseau de circulation actuel (cf. carte ci-dessous, disponible dans l’analyse de la Partie II à la page 50) pour identifier des axes structurants à exploiter et assurer la liaison avec les centres urbains environnants, comme Lunel et Montpellier.

Après la production, se pose la question du stockage, qui nécessite des infrastructures bien spécifiques selon les produits concernés. Certains produits nécessitent d’être conservés au frais, dans des chambres froides, tandis que d’autres nécessitent à l’inverse des chambres chaudes ! Puis vient la phase de transformation pour les produits qui ne seront pas consommés à leur état brut. Cette transformation peut se faire de manière industrielle, ou plus artisanale, et les infrastructures concernées varient également selon les produits en question. La connexion désigne ici l’étape de transit des marchandises. La connexion entre transformation et distribution est un axe de travail majeur pour arriver à retrouver une certaine localité et réduire la distance entre production et consommation. C’est également l’étape la plus émettrice en gaz à effet de serre et il est donc important de l’optimiser et d’utiliser des moyens aussi respectueux de l’environnement que possible. La distribution est une phase importante puisqu’elle établit le lien avec les consommateurs. Elle peut se faire par des grandes surfaces, des marchés, ou même des points relais alimentaires. Enfin, la phase de consommation est l’étape finale de tout ce processus. Elle a lieu chez les particuliers directement, dans des établissements de restauration collective, mais aussi dans des espaces de restauration commerciale liés aux métiers de la gastronomie et de l’hôtellerie. Chaque étape de ce cycle, et en particulier l’étape de consommation, produit des déchets organiques qui pourront être mobilisés à nouveau à l’étape de production (engrais, transformation en énergie, etc.)

Analyse du réseau de circulation du territoire d’étude élargi (disponible à la page 50)

Nous avons d’abord identifié les axes routiers structurants de notre stratégie. Le premier est un axe longitudinal, parallèle au canal Philippe Lamour, qui part de Montpellier et traverse plusieurs villes, comme Mauguio et Mudaison, avant d’arriver à Lunel. Nous mobilisons également plusieurs axes transversaux au canal, numérotés dans la synthèse ci-dessous de 1 à 4. Ces axes stratégiques permettent des connexions dans l’épaisseur du territoire d’étude, et c’est notamment le long de l’axe n°1, au niveau de Mauguio, que nous avons développé notre réflexion par la suite. Cependant, comme nous l’avons évoqué précédemment, pour limiter l’impact environnemental lié au transit des marchandises, il est nécessaire de privilégier des mobilités plus douces ou des transports de masse. Nous souhaitons ainsi mobiliser les voies ferrées qui traversent de nombreux axes structurants, en créant des gares, ou plutôt des points de chargement des marchandises à des endroits clés avec des infrastructures importantes du cycle, pour pouvoir acheminer de plus grandes quantités de marchandises et profiter du réseau viaire existant.

Synthèse des connexions stratégiques

Enfin, une attention particulière sera portée sur la voie verte existante, qui s’arrête aujourd’hui au bout du canal d’un côté, et à peine plus loin que Mudaison de l’autre, et qui comporte encore des segments peu qualifiés, comme nous le verrons par la suite. Dans notre stratégie territoriale, cette voie destinée aux mobilités douces est réaménagée et prolongée jusqu’à Lunel, mais aussi jusqu’à Montpellier, où elle trouve une connexion avec la ligne 3 du Tramway, pour un parcours total de 22,5 km. Son réaménagement comprend un élargissement de la piste cyclable pour l’adapter au transport de marchandises en vélo-cargo, mais aussi une requalification de ses abords, qui seront utilisés pour mettre en place des noues paysagères, des espaces de détente pour les usagers, ou encore des potagers collectifs à des emplacements stratégiques. D’après nos calculs (cf. Annexe - B), avec une “flotte” modeste de seulement 12 vélos cargos de grands et petits gabarits, on pourrait faire transiter entre 11 et 13,5 Tonnes de marchandises chaque jour le long de la voie verte. À son extrémité du côté de Montpellier, cette marchandise pourra être transférée dans des tramways adaptés au transport de marchandises, pour faire parvenir ces produits au cœur de la métropole, à la manière du City Cargo, à Amsterdam.

Illustration du chargement d’un City Cargo à Amsterdam (Source : trafficjamfree.wordpress.com)

III.1.3 - Des interventions à mutualiser Une fois cette stratégie de connexion établie dans le territoire d’étude, nous avons réfléchi aux interventions programmatiques possibles pour chaque point du cycle. L’objectif est de multiplier ces entités et de rapprocher les différents éléments déterminants du cycle de production - consommation pour que tout se passe à l’échelle locale, le long des axes structurants de la stratégie. Dans l’idéal, il faut tendre à les mutualiser et mettre en place des infrastructures jouant un rôle dans plusieurs branches du cycle pour réduire davantage les distances à parcourir et optimiser le processus résultant à la consommation. Ainsi, la production, le stockage et la transformation seront parfois combinés dans des installations hybrides. La connexion se fera ensuite directement avec des espaces de distribution à proximité, comme des magasins coopératifs, ou même des points relais alimentaires, à taille humaine, pour éviter à la population de se déplacer dans des grandes surfaces parfois éloignées. La consommation locale sera aussi favorisée par des restaurants avec un approvisionnement en produits locaux, et des établissements de restauration collective (établissements scolaires / communaux). Vous trouverez ci-après la carte stratégie de notre territoire d’étude, illustrant la multiplicité des interventions possibles pour tendre vers la résilience alimentaire. Dans un but de clarté, nous avons représenté des interventions ponctuelles, mais comme nous venons de l’évoquer, il s’agira de mutualiser les infrastructures complémentaires. Ces interventions sont détaillées davantage dans la légende de la carte (cf. page suivante) qui dresse également une liste non exhaustive d’actions complémentaires pour tendre vers un système alimentaire durable et résilient. Le champ d’action est très large et il s’agit d’adapter ces interventions aux problématiques et aux enjeux propres à ce territoire que nous avons identifiés dans notre analyse. Pour ne citer qu’un exemple, dans les villes concernées par notre stratégie, nous souhaitons inciter les gens à consommer de manière plus locale et réduire la part d’actifs travaillant en dehors de leur commune de résidence (effet de village dortoirs) pour tenter de réduire cette problématique. Pour ce faire nous mettons en place des espaces de coworking, et des espaces de restauration communaux à proximité pour inciter les gens à rester sur place.

Une référence : La Ceinture Aliment-Terre Liégeoise1 La Ceinture Aliment-Terre Liégeoise (CATL) est un projet ambitieux visant à créer une économie alimentaire locale, durable et solidaire dans la région de Liège. Mis en place en novembre 2013, son objectif principal est de favoriser les circuits courts, de promouvoir une agriculture durable et de renforcer les liens entre les producteurs locaux et les consommateurs. Pour atteindre ces objectifs, le projet adopte une approche La ceinture aliment-terre de Liège collaborative en fédérant tous les acteurs (Source : www.catl.be) clés de la production, de la transformation et de la circulation des produits alimentaires au sein d’une coopérative. Les agriculteurs, les transformateurs, les distributeurs et les consommateurs travaillent ensemble pour construire un système alimentaire plus résilient. La coopérative facilite l’accès des producteurs à des infrastructures de transformation et de distribution de proximité, encourage la mise en place de filières de commercialisation locales et organise des événements pour sensibiliser et renforcer les liens entre les acteurs. En encourageant les circuits courts, en minimisant les intermédiaires et en favorisant la fraîcheur des produits, la CATL permet une meilleure traçabilité, réduit le gaspillage alimentaire et favorise une alimentation saine et responsable. Grâce à cette coopération, le projet contribue à la construction d’une économie alimentaire locale plus résiliente, durable et équitable, en harmonie avec l’environnement et les besoins des consommateurs.

Extrait du site de la CATL (Source : www.catl.be) 1 D’après l’article suivant : Jonet, Christian, Wiliquet, Claire, (2016), La Ceinture AlimentTerre Liégeoise ou la dynamisation des circuits locaux, UniverSud, https://www.eclosio.ong/ publication/la-ceinture-aliment-terre-liegeoise-ou-la-dynamisation-des-circuits-locaux/

PRODUCTION

Exploitations viticoles : Introduction de nouvelles cultures (vergers, légumineuses) en prévision d’une reconversion complète. Agriculture urbaine (Jardins partagés / familiaux + jardins pédagogiques)

Friches agricoles à remettre en activité - Minoterie en lien avec les boulangeries pour produire du pain local - Légumerie / Conserverie

- Équipement des particuliers, des lieux et des établissements publics de toilettes sèches / à séparation d’urine (engrais)

- Atelier de transformation pour valoriser les productions locales

- Séchoir en grange solaires pour le fourrage des élevages

- Fromagerie

- Bacs de lombricompostage collectifs dans les quartiers pavillonnaires (engrais). - Réutilisation des eaux usées pour l’irrigation. - Développement de la pisciculture au Lac de la Mourre : carpe royale élevée de façon extensive - Projet de ferme exemplaire pour démontrer la viabilité et la rentabilité des fermes agroécologiques - Maison d’Éducation à l’Alimentation Durable (MEAD) - 5 piliers : Cultiver, transformer, Éduquer, Chercher, Essaimer (Régie agricole, Atelier de transformation, lieu d’accueil et d’échange sur les sujets de la résilience alimentaire, visite, atelier de cuisine, événements etc.) - Coopérative agricole générale pour réunir tous les corps de métiers agricoles - Rucher participatif - Installation de semenciers professionnels pour accompagner le développement de l’agriculture biologique - Création de méthaniseurs mutualisés avec des pratiques d’ « hygiénisation », en partenariat avec la coopérative agricole. Ils peuvent être associés à la culture de la spiruline des séchoirs pour rentabiliser la chaleur produite. • Nouvel engrais plus sain • Alimentation en biogaz des navettes, des tracteurs et des autres machines agricoles. • Biogaz vendu sous contrat à la vile via le réseau de gaz naturel

- Unité de préparation de fruits et légumes (et pressoir à jus)

CONNEXIONS

Points de chargement des marchandises sur les trains Prolongation de la voie verte entre Montpellier et Lunel-Viel et élargissement (pour transport en vélo-cargo) - Mutualisation des livraisons (magasins alimentaires, restauration collective, etc.) - Développer les transports en communs (tram) liés à la métropole ?

DISTRIBUTION

- Points relais alimentaires - Magasin alimentaire coopératif - Desserte du Marché-Bus bio - Création d’une monnaie locale pour favoriser les circuits courts - Association qui propose un système d’approvisionnement alimentaire solidaire en circuit court pour les quartiers pavillonnaires (achats groupés)

CONSOMMATION

- Sanctuarisation de certains milieux agricoles

Utilisation de la production locale dans la restauration collective des écoles / collèges / lycées / établissement communal

- Arbres fruitiers et d’arbustes à petits fruits dans la ville (vergers en libre-service).

Restaurant avec approvisionnement local

- Photovoltaïque organiques sur les bâtiments agricoles + prototype d’ombrières agriphotovoltaïque sur cultures - Mise en place d’élevage en Pâturage Tournant Dynamique (PTD) - Généralisation des bocages et des pratiques agroécologiques : • Diversifier les productions vers les céréales, oléo-protéagineux, légumineuses • Allonger les rotations + périodes d’interculture occupées (moutarde ou trèfle) • Réduire le travail du sol • Création de bandes fleuries, de haies, agroforesterie (avec notamment des arbres à fruits coques - noisettes et amandes) • Augmentation des légumineuses destinées à l’alimentation humaine dans les rotations lentilles, haricots ou soja - afin de répondre à l’augmentation de la demande

STOCKAGE

- Bâtiments de stockage (Hangar à grains, silo à grains, hangar pour fourrage, entrepôt de céréales, espaces frigorifiés) mutualisés avec photovoltaïque. - Laiterie - Cuve de stockage du digestat du méthaniseur

TRANSFORMATION

AUTRES

Installations flottantes le long du cours d’eau pour sensibiliser à cette question au niveau des villes, avec un franchissement + photovoltaïque flottant. Construction d’un établissement de restauration collective communal + Atelier de coworking (lien avec la cantine) - encourager les gens à travailler sur place et éviter les villages dortoirs. Développement de l’agro-tourisme (Gites agricoles et autres) + visites à la ferme pour réencrer les exploitations dans un territoire et tisser des liens avec les riverains et les habitants des communes. Création d’hangar-ateliers mutualisés : matériel à l’abri, rassemblé dans un endroit fixe mettant à disposition tout l’outillage nécessaire pour son entretien, et son développement. - Favorisation de la densification (Réinvestissement des centres-villes, Reconversion des friches agricoles et industrielles, Sensibilisation divisions parcellaires (+ BIMBY), Réhabilitations des bâtiments endommagés. - Sensibiliser aux enjeux de la transmission pour limiter la déprise agricole. - Ouverture d’un diplôme universitaire « Chef de projet en alimentation durable – option collectivité territoriale » à Montpellier

III.2 - L’AXE STRATÉGIQUE DE MAUGUIO Pour développer notre réflexion, nous avons décidé de nous projeter sur ce à quoi pourrait ressembler un des axes structurants principaux de notre stratégie territoriale, et comment il serait possible d’y implanter et d’y articuler différentes infrastructures du cycle. L’axe transversal passant par la ville de Mauguio (axe n°1), semblait particulièrement intéressant. Allant de Vendargues jusqu’au bord de l’Étang de l’Or, nous avons aménagé une portion de cet axe, comprenant la ville de Mauguio et des terres agricoles plus au Nord. Cette portion du territoire d’étude nous a permis de travailler sur différents cas de figure allant du centre urbain à la parcelle agricole en passant par le quartier pavillonnaire éparse. On y retrouve d’ailleurs une grande fracture entre urbain et rural au niveau du canal. De plus, les espaces agricoles compris dans la portion de l’axe que nous avons décidé de traiter sont assez représentatifs du territoire d’étude, avec une grande part de viticulture, de l’agriculture intensive, et peu de bocages. Enfin, Mauguio exerce une certaine polarité sur les villes alentours, et la concrétisation de notre stratégie dans et autour de la ville, pourrait donc servir d’exemple. Ainsi, nous avons décidé d’y implanter diverses infrastructures que nous avons décomposées en 6 « points polarisants » reliés par un aménagement paysager dont l’épaisseur et la fonction varient selon les axes. Comme nous le verrons par la suite, ces différents points polarisants sont répartis stratégiquement à des emplacements représentatifs d’une situation particulière de la ville.

La ville de Mauguio (Source : www.google.fr)

Plan Masse de l’aménagement de l’axe de Mauguio

Carte stratégique des différents points polarisants de l’axe de Mauguio

250 m

500 m

1 km

III.2.1 - Les différents points polarisants de l’axe Point n°1 : Le projet de la Ferme à Culture (développé dans le cadre de ce PFE) Le premier point polarisant qui se développe le long de cet axe est la Ferme à Culture, c’est l’objet de notre projet de fin d’études et nous aurons donc l’occasion de revenir sur l’explication du projet. Néanmoins, pour résumer brièvement ce premier point, il s’agit d’une ferme pédagogique qui s’installerait au niveau d’une exploitation existante de 45 ha, dans l’hypothèse d’une déprise agricole, c’est-à-dire l’absence de repreneur. Située en milieu agricole, au Nord-Ouest de Mauguio, elle permet de profiter des qualités de ce paysage horizontal tout en gardant un lien avec la ville du fait de sa proximité avec Mauguio (15mn à pied), et du repère visuel du château d’eau, un élément singulier visible depuis de nombreux points de l’exploitation. De plus, elle se situe en sortie de ville, juste après le franchissement de la voie ferrée par la Départementale 112, ce qui lui offre une grande visibilité.

Cette exploitation a aujourd’hui une utilisation importante de produits phytosanitaires, elle présente très peu de bocages et près de 2/3 de sa superficie agricole est dédiée à la viticulture. L’idée est donc de la réaménager en une ferme accessible au public, mettant en valeur et démontrant la viabilité et la rentabilité des pratiques agroécologiques, de l’utilisation de haies bocagères, de la diversification des variétés cultivées en accord avec l’évolution des régimes alimentaires, ou encore de l’utilisation d’espaces mutualisés avec d’autres exploitants. Elle pourra également servir d’exemple pour la transition aujourd’hui urgente des exploitations viticoles. En effet, comme nous le verrons par la suite, la viticulture est très présente dans le département, mais cette culture doit être requestionnée au regard des changements climatiques à venir. De plus, cette ferme aura un véritable rôle à jouer dans la sensibilisation de la population aux questions de résilience alimentaire, et elle constituera un terrain d’expérimentation intéressant pour tester et mettre en avant des dispositifs innovants. Enfin, elle participera activement au développement de l’agrotourisme dans le territoire d’étude. La Ferme à Culture aura un rôle à jouer dans toutes les branches du cycle production - consommation. Sa production se composera principalement de cultures de diverses légumineuses selon le modèle de la permaculture, ainsi que de l’élevage de vaches en Pâturage Tournant Dynamique (PTD). Elle disposera d’espaces de stockage, parfois actifs, comme une grange à séchoir solaire pour améliorer la qualité des fourrages ; mais aussi d’espaces de transformation, comme une meunerie artisanale, une miellerie, ou encore un atelier de transformation de fruits et légumes. Pour ce qui est des connexions, elle aura un rôle à jouer pour assurer la continuité de l’axe stratégique transversal, notamment en termes de mobilité douces puisqu’elle proposera un parcours reliant le cheminement de cueillette au Sud à son prolongement au Nord, en direction de Vendargues. De plus, cette ferme assurera la distribution de sa production (ainsi que d’autres produits liés à la pratique permacole) dans l’épicerie paysanne, et elle proposera des services de consommation sur place avec un restaurant sur le modèle “farm to table” (de la ferme à la table). Enfin, la Ferme à Culture sera en lien avec les autres points polarisants qui rythment l’axe stratégique. Elle fonctionnera notamment en association avec le méthaniseur en y envoyant de la matière première (couverts végétaux, cultures intermédiaires, herbe en excédent, fumier, etc.) et en y récupérant du biométhane pour alimenter les engins agricoles de l’exploitation.

100 m

200 m

Prémices de l’aménagement de la ferme pédagogique, avant la conception du PFE

400 m

Point n°2 : Pôle d’échanges de marchandises Au niveau de la voie ferrée (qui dessert Montpellier Sud de France), nous mettons en place un pôle d’échanges de marchandises pour favoriser le transport de masse des produits alimentaires sur les lignes de train existantes. Nous créons ainsi une voie de service réservée spécifiquement à la manutention des marchandises et au chargement/déchargement des wagons de marchandises. Cela permet de séparer les activités de manutention du trafic principal des trains voyageurs ou de fret, afin de faciliter les opérations logistiques. La voie de service est située à proximité d’entrepôts de stockage nouvellement créés pour permettre un transfert efficace des marchandises entre les différents modes de transport (train, camion, etc.).

Pôle d’échanges de marchandises

Parc du méthaniseur

Méthaniseur mutualisé

100 m

200 m

des résidus solides résultant de la décomposition : le digestat. » 1 Le biogaz, dans sa forme brute, peut être converti en électricité, en chaleur, ou les deux (cogénération)2. Il peut également être épuré puis injecté dans le réseau de gaz naturel existant, ou utilisé directement comme carburant après purification (on parle de biométhane ou de bioGNV - Gaz Naturel Véhicule)3. Le digestat, quant à lui, peut être utilisé comme engrais naturel pour l’agriculture. En somme, un méthaniseur permet la production d’une énergie propre, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la valorisation des déchets organiques. Situé non loin d’une zone industrielle, notre troisième point polarisant se compose donc d’un parc agro-urbain juxtaposé à un méthaniseur mutualisé, géré par une coopérative agricole créée dans le cadre de notre stratégie. Cette infrastructure est volontairement mise en valeur pour marquer son importance dans le système alimentaire que nous souhaitons mettre en place. La production de biogaz respectueux de l’environnement permet ainsi d’alimenter les navettes qui parcourent l’axe et les engins et machines agricoles ; l’excédent est revendu sous contrat à la ville via le réseau de gaz naturel. En parallèle, le parc agro-urbain du méthaniseur associe jardins comestibles et espaces renaturés avec des espèces végétales sauvages. Juste en dessous, on retrouve un point d’information sur le cheminement de cueillette et un espace de vente de produits transformés issus de cette cueillette (huiles, macérats, tisanes, pommades, etc.). Cet ensemble sera associé, à terme, avec des bassins de spiruline, une micro-algue alimentaire cultivée dans des bassins chauffés grâce à la chaleur émise par le système du méthaniseur.

400 m

Le méthaniseur, son parc, et le pôle d’échanges de marchandises

Point n°3 : Parc du méthaniseur Tout d’abord, qu’est ce qu’une méthaniseur ? Également connu sous le nom de digesteur anaérobie, c’est un système qui convertit la matière organique en biogaz par un processus de fermentation appelé “méthanisation”. Il s’agit de « la dégradation, sous l’action de bactéries, de matières organiques (ou substrats) telles que les matières agricoles et effluents d’élevage (biomasse végétale, fumier, lisier), les biodéchets verts et ménagers, les déchets de l’industrie agro-alimentaire, les boues de stations d’épuration. Cette réaction, appelée digestion anaérobie (en l’absence d’oxygène), produit du biogaz et

Les 3 étapes de la méthanisation : collecte de matières organiques, méthanisation, valorisation (Source : www.wwf.fr)

Exemple de méthaniseur (Source : www.wwf.fr)

1 Inconnu, La méthanisation au service des transitions énergétique et agricole, WWF, https:// www.wwf.fr/champs-daction/climat-energie/transition-energetique/methanisation 2

ibid.

Point n°4 : Équipement polyvalent (Projet développé en S9) Au croisement de tous les flux, nous retrouvons un équipement polyvalent qui a pour but de redéfinir la limite entre ville et terres agricoles, aujourd’hui très marquée par le grand rond-point de l’entrée de Mauguio. C’était l’objet de notre projet du semestre 9, et nous l’avions développé en portant une attention particulière sur l’organisation en plan et la technique constructive, comme vous pourrez le voir sur les pages suivantes.

50 m

100 m

200 m

Axonométrie du projet : Mise en valeur de la structure et franchissement du canal

Cet édifice prend donc la place de ce rondpoint et réorganise les flux à l’entrée de la ville. Il accueille, entre autres, une Maison L’équipement polyvalent, au croisement des flux d’Éducation à l’Alimentation Durable, un espace de co-working, un espace mobilités douces, un espace marchandises avec un pôle dédié aux vélos cargos, un restaurant panoramique et les locaux d’une nouvelle coopérative agricole. Nous souhaitons ici faire une parenthèse sur la Maison d’Éducation à l’Alimentation Durable (ou MEAD) qui occupe une grande partie des surfaces du projet. Il s’agit d’un service municipal ayant pour objectif de faire avancer les réflexions et les actions autour des politiques alimentaires sur l’ensemble des territoires. Pour ce faire, elle allie la pratique et la théorie et fonctionne selon 5 piliers : Cultiver, transformer, Éduquer, Chercher, Essaimer. Elle dispose donc d’un espace d’accueil et d’information, de plusieurs ateliers de transformation, d’une légumerie, d’un petit laboratoire de recherche, d’une salle de conférences ou encore d’un espace d’exposition. Pour revenir au bâtiment, il se démarque de son environnement proche avec l’expression « brute » et assumée des matériaux (pierre massive et bois) et la mise en évidence des éléments structurels du bâtiment. Les façades du bâtiment sont marquées par les poutres treillis à hauteur d’étage qui permettent le franchissement du canal Philippe Lamour par l’étage supérieur. Il s’agit un geste architectural fort, autant dans sa volumétrie que dans son expressivité, pour avoir un effet signal et réaffirmer la place des problématiques liées à l’alimentation durable et l’agriculture au sein de la ville.

Photographies de la maquette du rendu de Semestre 9

Plan du R+1

Plan du RDC

Plans du R+2 et R+3

20 m

40 m

80 m

OUEST

EST

Coupe technique transversale

SUD

NORD

SUD

Coupe technique à l’extrémité du bâtiment

Coupe technique du bâtiment central 0

10 m

20 m

Détails techniques de la façade du bâtiment central

Point n°5 : Espace de co-working et de restauration collective

50 m

100 m

200 m

Plus au Sud, on retrouve le 5ème point polarisant de l’axe, au centre d’un quartier pavillonnaire éparse caractéristique de l’étalement urbain. C’est une zone qui comporte une grande part de logements individuels et peu de services, si ce n’est la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC). On se retrouve donc dans un environnement assez représentatif des problématiques de village dortoirs et où les habitants sont assez dépendants de la voiture. Cette situation particulière en fait l’emplacement idéal pour mettre en place des infrastructures incitant les locaux à rester davantage sur place, et pour travailler sur une optimisation du dernier kilomètre4. Nous avons donc choisi d’y implanter un atelier de coworking associé à un établissement de restauration collective communal pour inciter les locaux à travailler davantage sur place en disposant d’espaces adaptés. Nous souhaitons également y mettre en place un point relais alimentaire pour permettre aux habitants de se faire livrer des produits alimentaires sans avoir à utiliser leur voiture pour aller faire les courses dans des grandes surfaces éloignées. Enfin, une partie du bâtiment sera dédiée à la transformation des produits alimentaires avec une conserverie.

Zoom sur l’espace de co-working (à droite) et le café urbain (à gauche)

Référence de café urbain : Urban Coffee Farm and Brew Bar, conçu par HASSELL (Source : www.archdaily.com)

Point n°6 : Café urbain dans le centre historique Notre dernier point polarisant se situe à l’entrée du noyau historique de Mauguio, dans la ceinture qui l’entoure (surlignée en rouge sur le plan ci-contre). Cette boucle est assez fréquentée par les habitants de Mauguio, c’est un passage obligé pour accéder à la place où se déroule le marché (le point n°1 sur le plan ci-contre), mais aussi à la place au cœur du noyau historique, qui est très appréciée des locaux (point n°2). C’est un espace largement arboré qui est aujourd’hui occupé par de grands espaces de stationnement linéaires qui permettent de désengorger la ville des voitures. Nous avons donc choisi d’y implanter un petit bâtiment comportant un café urbain en structure légère (voir référence ci-après), ainsi qu’un “pavillon de la ferme”, un espace ludique mettant en avant un prototype à l’échelle 1:1 de façade végétalisée par plante grimpante, en référence au système mis en place dans la Ferme à Culture. En complément, cet espace profitera d’un petit square ponctué par la signalétique en acier corten que nous mettons en place le long de l’axe, ainsi que d’un arrêt pour la navette de l’axe de Mauguio. 4 Le « dernier kilomètre » désigne “l’ensemble des agents, opérations et équipements associés et mis en œuvre dans les derniers segments de la chaîne de distribution finale des biens ou services.” (Source : fr.wikipedia.org)

La ceinture autour du noyau historique de Mauguio

III.2.2 - Connexions au territoire d’étude La connexion au territoire d’étude s’effectue de différentes manières. Pour les véhicules motorisés, elle se fait au niveau de l’axe routier longitudinal existant, qui longe le canal Philippe Lamour. Nous mettons également en place une connexion grâce à des trains adaptés au transport de marchandises par le biais du réseau ferré existant, au niveau du pôle d’échanges de marchandises déjà cité précédemment. Enfin, nous mobilisons la voie verte existante qui constitue un levier important pour le développement du transit des marchandises par vélos cargos, et qui s’inscrit donc pleinement une démarche de développement d’un système résilient et plus respectueux de l’environnement. Aujourd’hui, cette voie verte existe, mais elle est peu qualifiée. Elle comporte encore des segments sans revêtement adapté, et, même au niveau des parties davantage qualifiées, les abords de la voie verte ne le sont pas du tout : on se retrouve avec de simples bandes enherbées qui ne l’isolent pas du trafic de la départementale adjacente.

Dans le cadre de l’axe stratégique de Mauguio, nous avons donc imaginé cette requalification de la voie verte de part et d’autre de l’équipement polyvalent, qui constitue le noyau central du transit de marchandises par vélos cargos entre Montpellier et Lunel avec son pôle mobilité. Nous profitons de la largeur disponible entre la voie verte et la départementale pour mettre en place une noue paysagère largement végétalisée. La section de départementale qui passait au Nord de la zone industrielle, à l’Est de l’équipement polyvalent, est d’ailleurs remplacée par cet aménagement paysager qui profite donc de davantage d’épaisseur. Comme vous pouvez le voir sur les coupes et plans suivants, cette noue paysagère varie en largeur tout le long du canal et une passerelle piétonne traverse la noue paysagère aux endroits où elle gagne le plus en épaisseur. La voie verte s’élargit également ponctuellement : du côté de la noue paysagère pour accueillir des jeux pour enfants ou même des potagers collectifs en gradins aux endroits les plus larges ; et du côté du canal pour proposer des espaces ombragés sous des pergolas et des promontoires sur le canal. On peut également remarquer sur les coupes ci-après la présence d’un muret en pierre massive qui borde cette voie pour faire office d’assise. Enfin, au niveau du sol, qui présenterait un revêtement en sable stabilisé, on retrouve une mince ligne d’eau qui file aussi le long de cet axe et qui rejoint un miroir d’eau et des jeux d’eau par endroits. Ces espaces seront activés ponctuellement l’été, à l’occasion d’un événement hebdomadaire d’irrigation de la noue paysagère.

Vue de l’état de la voie verte avant requalification

Sa requalification est donc nécessaire, d’abord pour l’élargir aux endroits les plus étroits afin de permettre le passage des vélos cargos, mais également pour profiter de sa variation d’épaisseur pour réaliser un véritable aménagement paysager végétalisé qui lui procure de l’ombre, des ambiances agréables, et qui accueille ponctuellement des usages.

Référence de voie verte (Source : www.bidarttourisme.com)

Référence de noue paysagère (Source : www.citeverte.com)

100 m

200 m

400 m

Repérage des coupes de l’aménagement le long du canal

Coupe A A’

Coupe B B’

10 m

20 m

Coupe C C’

Coupe D D’

Coupe E E’

10 m

20 m

Coupe F F’

Coupe G G’

Coupe H H’

10 m

20 m

Potagers collectifs le long de la voie verte

10 m

20 m

Miroir d’eau le long de la voie verte

Composition de la voie verte

III.2.3 - Connexions entre les différents points de l’axe Pour connecter les différents points polarisants le long de l’axe stratégique de Mauguio, nous mettons en place deux types d’aménagements. Au Sud du Canal, dans la partie urbanisée de l’axe, on retrouve une signalétique, des aménagements et du mobilier urbain avec un “vocabulaire” commun : l’acier corten et les plantes grimpantes. Comme vous pouvez le voir sur les axonométries suivantes, cette partie de l’axe est ainsi ponctuée de divers dispositifs de signalétique, de portiques végétalisés procurant de l’ombre au cheminement piéton, d’abri bus et d’arrêts pour la navette de l’axe, de garde-corps, de bancs, de rangements pour vélos, ou encore de “bulles potagères” (des potagers verticaux modulaires), le tout employant ce “vocabulaire”. Au niveau de la ceinture autour du noyau historique, les espaces de stationnements exposés disposent également d’ombrières végétalisées par des plantes grimpantes. Enfin, nous profitons de la voie cyclable existante qui permet de relier facilement l’espace polyvalent au centre historique. Au Nord du Canal, nous mettons en place un “cheminement de cueillette”. Cet aménagement paysager est un véritable sentier nourricier ludique qui valorise la cueillette. La cueillette agraire d’une part, sur des segments plantés avec des plantes comestibles connues, dont l’entretien et le maraîchage sont participatifs ; et la cueillette sauvage d’autre part, avec une végétation spontanée et des plantes sauvages comestibles sans entretien, formant des espaces naturels autonomes. Ce cheminement gagne ponctuellement en épaisseur pour former des jardins comestibles ou pour investir des espaces renaturés. Il est adapté aux mobilités douces et reprend la même composition que la voie verte avec un cheminement en sable stabilisé de 4 mètres de large (cf. coupe aux pages suivantes). Pour compléter ce parcours destiné aux mobilités douces et permettre aux habitants et aux touristes de se rendre aux différents points de l’axe en transport motorisé, nous mettons également en place une petite navette dédiée, qui serait alimentée au biogaz issu du méthaniseur (et dont le dépôt se trouverait proche de celui-ci pour faire le plein facilement).

Repérage des axonométries urbaines le long de l’axe de Mauguio

Panneau d’informations Portiques végétalisés Arrêt de navette

Rangements vélos

Garde-corps

Axonométrie urbaine n°1 : Rue étroite en centre-ville

Axonométrie urbaine n°2 : Voirie large avec piste cyclable et places de parking

Signalétique

Banc intégré à des jardinières

Portiques végétalisés Banc et poubelle

Bulle potagère

Abri bus

Axonométrie urbaine n°3 : Voirie large devant la MJC

Autres interventions ponctuelles dans la ville le long de l’axe

10 m

20 m

40 m

Sable stabilisé renforcé avec un liant à la chaux (10cm) Tout venant (30~40cm)

4.00 m

Détail du cheminement de cueillette

IV - APPROCHE THÉORIQUE, POURQUOI ET COMMENT CONCEVOIR UNE FERME PÉDAGOGIQUE ?

région a entraîné une urbanisation excessive des terres et la contamination des sols par des métaux lourds et des pesticides4. De plus, les sols peu profonds de la Méditerranée sont particulièrement vulnérables à l’intrusion de l’eau de mer, à l’érosion, à la sécheresse et aux incendies de forêt. Un rapport de la Commission européenne sur la santé des sols a révélé que jusqu’à 70 % des sols de l’UE perdent leur capacité à assurer des fonctions écologiques essentielles5 et les sols du bassin méditerranéen ne semblent pas échapper à la règle.

IV.1 - ENJEUX CLIMATIQUES, AGRICULTURE ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

En effet, le sol joue un rôle crucial en stockant et en drainant l’eau, ainsi qu’en permettant la croissance des aliments que nous consommons. Cette dégradation du sol perturbe donc ces processus essentiels. Les vignobles méditerranéens, célèbres pour leurs tomates, raisins et olives, sont de plus en plus difficiles à maintenir en raison de cette dégradation. La salinisation des sols participe à cette dégradation et a de graves répercussions sur la biodiversité de la région méditerranéenne, qui abrite de nombreuses espèces endémiques.

IV.1.1 - Les conséquence du changement climatique dans le bassin méditerranéen Le 9 Août 2021 sortait le 1er volet du 6ème rapport du GIEC, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat chargé d’évaluer les données scientifiques, techniques et socio-économiques nécessaires pour mieux comprendre les risques et les conséquences possibles liés au réchauffement climatique, afin d’envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation1. Leur verdict est clair : en 2021, nous avons atteint un réchauffement de +1,09°C par rapport à l’ère préindustrielle2, ce qui a pour conséquence une multiplication des épisodes climatiques extrêmes… Dans le bassin méditerranéen, cela se traduit par une augmentation des vagues de chaleur, des sécheresses prolongées et des précipitations plus intenses, entraînant à son tour des risques accrus d’incendies de forêt, de stress hydrique, de désertification et d’érosion des sols. La région méditerranéenne connaît d’ailleurs une dégradation du sol et une transformation en désert plus rapide que n’importe quelle autre région de l’Union européenne3. Les pratiques foncières non durables et le changement climatique ont épuisé les ressources du sol jusqu’à un point critique. La densité de population de la 1 Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Octobre 2013, Principes régissant les travaux du GIEC, p.p.2, https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/09/ ipcc_principles_fr.pdf 2 Domergue, Lisa, (2022), GIEC : 4 chiffres pour comprendre les effets du changement climatique, Carenews, https://www.carenews.com/carenews-info/news/giec-4-chiffres-pour-comprendre-leseffets-du-changement-climatique 3 Aget, Alexandre, La région méditerranéenne se transforme en désert plus vite qu’ailleurs (Mai 2022), UP Magazine, https://up-magazine.info/planete/climat/99891-la-region-mediterraneennese-transforme-en-desert-plus-vite-quailleurs/

“Le bassin méditerranéen est un haut lieu de la biodiversité dans le monde, mais de nombreux écosystèmes sont menacés par le changement climatique, la gestion des sols, la pollution et la surexploitation. Ces changements climatiques, environnementaux et socio-économiques représentent une menace pour la sécurité alimentaire et la sécurité générale en région Méditerranée.“ 6 La hausse du niveau de la mer dans le bassin méditerranéen constitue également une menace majeure, car elle met en péril les zones côtières qui regroupent des lieux de vie anthropisés actifs et des écosystèmes naturels fragiles. En parallèle, les écosystèmes marins du bassin méditerranéen subissent, eux aussi, les conséquences néfastes du changement climatique. Les températures de l’eau en augmentation et l’acidification des océans ont des effets délétères sur les organismes marins, perturbant les équilibres naturels et menaçant la biodiversité marine. Enfin, il est important de noter que ces changements ont également un impact sur la santé publique et l’économie de la région.

4 Aget, Alexandre, La région méditerranéenne se transforme en désert plus vite qu’ailleurs (Mai 2022), UP Magazine, https://up-magazine.info/planete/climat/99891-la-region-mediterraneennese-transforme-en-desert-plus-vite-quailleurs/ 5

ibid.

IV.1.2 - Les défis posés par le changement climatique dans le domaine de l’agriculture et de la sécurité alimentaire : Tout d’abord, l’augmentation de la variabilité climatique et la multiplication des événements climatiques extrêmes rend plus difficile la planification et la gestion des cultures, car les agriculteurs doivent faire face à des conditions imprévisibles qui peuvent affecter négativement les rendements7. De plus, le dérèglement climatique impact directement le cycle de l’eau, ce qui peut entraîner des pénuries et une diminution de la disponibilité des ressources en eau pour l’agriculture, pourtant essentielles puisqu’on estime que les besoins en irrigation de l’agriculture devraient être multipliés par 1,8 à l’horizon 20508. Les sécheresses plus fréquentes et prolongées peuvent aussi réduire les rendements des cultures, entraîner une dégradation des sols et augmenter la pression sur les ressources hydriques disponibles9. Les secteurs de l’agriculture et de l’élevage du bassin méditerranéen sont d’ailleurs particulièrement menacés et les pénuries d’eau, la dégradation des sols et l’érosion sont des sujets d’actualité. L’augmentation des sécheresses et des fortes précipitations, vont sans aucun doute entraîner des pertes de production et augmenter l’instabilité de la région10. Le changement climatique perturbe également les écosystèmes naturels et entraîne d’ores et déjà une perte importante de biodiversité. Cela peut avoir un impact important sur la pollinisation des cultures et rendre l’agriculture plus vulnérable aux maladies et aux ravageurs. Enfin, les modifications des conditions climatiques peuvent entraîner une migration des zones de culture vers des régions plus favorables 11. Cela 7 FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), La situation de l’alimentation et de l’agriculture - changements climatiques, agriculture et sécurité alimentaire, 2016, pp. 15, En ligne : https://www.fao.org/3/i6372f/i6372f.pdf 8 Naulleau, Audrey et coll., Évaluer numériquement les impacts du changement climatique au sein d’un bassin viticole pour co-construire des stratégies d’adaptation (Décembre 2021), Association Française Agronomie, https://agronomie.asso.fr/aes-11-2-3 9 FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), La situation de l’alimentation et de l’agriculture - changements climatiques, agriculture et sécurité alimentaire, 2016, pp. 15, En ligne : https://www.fao.org/3/i6372f/i6372f.pdf 10 Aget, Alexandre, La région méditerranéenne se transforme en désert plus vite qu’ailleurs (Mai 2022), UP Magazine, https://up-magazine.info/planete/climat/99891-la-region-mediterraneennese-transforme-en-desert-plus-vite-quailleurs/ 11 FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), La situation de l’alimentation et de l’agriculture - changements climatiques, agriculture et sécurité alimentaire, 2016, pp. 15, En ligne : https://www.fao.org/3/i6372f/i6372f.pdf

induit des conséquences socio-économiques importantes, en particulier pour les régions qui dépendent fortement de l’agriculture comme moyen de subsistance. C’est déjà le cas pour certaines cultures et les communautés agricoles doivent sans cesse s’adapter à de nouvelles conditions de croissance des cultures et à de nouveaux défis liés à la gestion des ressources naturelles.

Illustration de la corrélation entre changement climatique et agriculture 12

L’évolution actuelle du climat peut donc compromettre la sécurité alimentaire mondiale car elle perturbe les systèmes de production, ce qui peut entraîner des pénuries alimentaires, une augmentation des prix des aliments et une plus grande vulnérabilité aux crises alimentaires13. Ainsi, pour faire face à ces défis, il est essentiel de mettre en œuvre des stratégies d’adaptation pour l’agriculture, comme l’amélioration de la résilience des cultures, l’utilisation efficace de l’eau, la conservation des sols, la diversification des cultures et la mise en place de systèmes alimentaires durables. Enfin, des politiques et des investissements sont nécessaires pour soutenir les agriculteurs dans leur transition vers des pratiques agricoles plus résilientes et respectueuses de l’environnement, ainsi que pour renforcer le développement de variétés de cultures adaptées aux nouvelles conditions climatiques et la recherche dans ce domaine14. 12 FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), La situation de l’alimentation et de l’agriculture - changements climatiques, agriculture et sécurité alimentaire, 2016, pp. 15, En ligne : https://www.fao.org/3/i6372f/i6372f.pdf 13

ibid.

IV.1.3 - Vers une disparition de la viticulture en Hérault ? Comme nous l’avons déjà évoqué, avec 84 900 ha de surfaces viticoles dans le département, la vigne reste la culture majoritaire de l’Hérault (plus de 46% de sa SAU) et de notre territoire d’étude. C’est d’ailleurs le 1er département viticole de l’Occitanie et le 2ème de France ! Mais quelles sont les conséquences du changement climatique sur cette culture si ancrée dans notre territoire ? L’impact est déjà important, et ce, à l’échelle de la France entière. En effet, avec l’augmentation rapide des températures, les stades de développement de la vigne deviennent plus précoces, exposant les bourgeons au gel après l’hiver1 et entraînant des vendanges qui se déroulent de plus en plus tôt, ce qui complique le choix de la date optimale pour obtenir un équilibre entre le taux d’alcool et l’acidité du vin2. Par exemple, en Alsace, le Riesling a connu un avancement de ses stades phénologiques3 d’en moyenne 4 jours tous les 10 ans selon la Chambre d’Agriculture4. “En période plus chaude du mois d’août et du début septembre, les raisins mûrissent bien plus vite. Ainsi, les sucres peuvent se développer en quelques jours, faisant grimper le taux d’alcool rapidement. Dans le même temps, l’acidité va se réduire drastiquement en aussi peu de temps sous l’effet de la chaleur. Plus d’alcool, moins d’acidité et le vin obtenu se trouve déséquilibré.” 5 En cas d’année chaude et humide, les vignes sont aussi plus susceptibles d’être attaquées par des maladies (notamment des champignons parasites) et des ravageurs6. Les épisodes climatiques extrêmes tels que les fortes pluies, les grêles et les sécheresses se sont multipliés, entraînant des pertes de récolte et 1 Ollat, Nathalie, Touzard, Jean-Marc, Les vins d’appellation vont-ils disparaître ou renaître avec le changement climatique ? (Octobre 2022), The Conversation, https://theconversation.com/les-vinsdappellation-vont-ils-disparaitre-ou-renaitre-avec-le-changement-climatique-191470 2 Mery, Valentin, Viticulture et changement climatique (Juin 2021), Ni Bu Ni Connu, https:// nibuniconnu.fr/viticulture-et-changement-climatique/ 3 Un stade phénologique correspond à une étape spécifique du cycle de développement des plantes, marquée par des changements observables tels que la floraison, la maturation des fruits ou la chute des feuilles. 4 Chambres d’agriculture, La filière viticole face au changement climatique, France, 2022, pp. 8, En ligne : https://chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/ publications/National/plaquette-filiere-viticole_changement-climatique_V8-pages.pdf 5 Mery, Valentin, Viticulture et changement climatique (Juin 2021), Ni Bu Ni Connu, https:// nibuniconnu.fr/viticulture-et-changement-climatique/ 6 Ollat, Nathalie, Touzard, Jean-Marc, Les vins d’appellation vont-ils disparaître ou renaître avec le changement climatique ? (Octobre 2022), The Conversation, https://theconversation.com/les-vinsdappellation-vont-ils-disparaitre-ou-renaitre-avec-le-changement-climatique-191470

des dommages aux vignes7. Mais au-delà des évènements extrêmes ponctuels, certaines régions ont connu une diminution des précipitations, entraînant un stress hydrique croissant qui limite les rendements et altère le processus de maturation des raisins. “Les stress hydriques sont aussi plus prononcés, en particulier en zone méditerranéenne, ce qui limite les rendements et modifie les processus de maturation des raisins. Les raisins deviennent plus sucrés, leurs acides se dégradent plus rapidement, la composition en précurseurs d’arômes change.“ 8 Cela entraîne une modification de la qualité des vins dans l’ensemble des vignobles, avec une augmentation du degré alcoolique moyen à la récolte de + 0,6 degré par décennie9. En Languedoc, il est passé de 11° en moyenne dans les années 1980, à près de 14° depuis 201510. Les vins sont également plus sucrés, moins acides et présentent de nouveaux profils aromatiques. En France, plus de 90 % de la production de vin est associée à des appellations, telles que les AOP (Appellations d’Origine Protégée) ou les IGP (Indications Géographiques Protégées)11. Ces appellations garantissent que la qualité ou certaines caractéristiques des vins sont liées à leurs origines géographiques, et dans le cas des AOP, à un terroir spécifique ainsi qu’à des savoir-faire locaux reconnus. Cependant, le changement climatique et ses conséquences sur les caractéristiques des vins et leur diversité remettent en question la carte des vins sur laquelle se sont calés historiquement ces vignobles d’appellation12 et leur lien avec les terroirs. Il entraîne une plus grande variabilité des millésimes et représente ainsi une menace pour les vins d’appellation en France.

7 Mery, Valentin, Viticulture et changement climatique (Juin 2021), Ni Bu Ni Connu, https:// nibuniconnu.fr/viticulture-et-changement-climatique/ 8 Ollat, Nathalie, Touzard, Jean-Marc, Les vins d’appellation vont-ils disparaître ou renaître avec le changement climatique ? (Octobre 2022), The Conversation, https://theconversation.com/les-vinsdappellation-vont-ils-disparaitre-ou-renaitre-avec-le-changement-climatique-191470 9 Chambres d’agriculture, La filière viticole face au changement climatique, France, 2022, pp. 8, En ligne : https://chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/ publications/National/plaquette-filiere-viticole_changement-climatique_V8-pages.pdf 10 Ollat, Nathalie, Touzard, Jean-Marc, Les vins d’appellation vont-ils disparaître ou renaître avec le changement climatique ? (Octobre 2022), The Conversation, https://theconversation.com/ les-vins-dappellation-vont-ils-disparaitre-ou-renaitre-avec-le-changement-climatique-191470 11

ibid.

En somme, ces changements brusques et rapides mettent d’ores et déjà en péril l’adaptation adéquate de la filière viticole, avec des risques de pertes de récolte et de diminution de la qualité des vins, qui deviennent plus riches en alcool, moins acides et plus concentrés, en altérant par la même occasion leurs liens avec les terroirs. Mais cela va s’aggraver davantage dans le futur ! D’après un article publié dans PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences), on estime qu’une augmentation de la température de +2°C entraînera une diminution de 24% à 56% de la surface viticole en France13. De plus, selon le rapport de l’ONERC (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique), il est probable que le réchauffement climatique ait pour conséquence « une progression significative des zones favorables à la culture de la vigne vers le nord » 14. Les experts scientifiques estiment qu’une augmentation de la température d’au moins un degré d’ici 2035-2050 entraînerait un déplacement moyen des régions viticoles de 180 km vers le nord15. Malheureusement, les vignobles méditerranéens seraient les plus touchés, appelés à disparaître en grande partie. En revanche, les vignobles non-méditerranéens en France pourraient survivre, tandis que de nouvelles régions septentrionales pourraient devenir propices à la viticulture. Cette situation soulève des interrogations chez les acteurs de la filière vitivinicole concernant l’avenir des AOC (Appellations d’Origine Contrôlée) et plus largement des terroirs16. En définitive, même si les vignes ont constamment su s’adapter aux fluctuations climatiques tout au long des siècles, le changement climatique actuel, et son évolution au cours des prochaines décennies, risque d’apporter des modifications profondes à la viticulture française et mondiale. L’Hérault semble être un territoire qui sera particulièrement touché et la vigne devrait naturellement disparaître de notre paysage puisqu’il ne réunira plus les conditions nécessaires pour en faire sa culture de manière pérenne.

Évolution prospective des zones favorables à la culture de la vigne (Source : Indice composite de potentiel viticole d’après Malheiro et al. (2010), Climate Research 43, 163-177)

C’est pourquoi il est nécessaire pour les viticulteurs d’entamer une transition de toute urgence, pour pouvoir faire face à l’inévitable. Dans notre stratégie territoriale, nous souhaitons d’ailleurs agir sur cette question en encourageant la création d’AATEV, une Association d’Aide à la Transition des Exploitations Viticoles, qui permettrait aux viticulteurs d’être épaulés et guider dans cette reconversion.

13 Morales-Castilla, Ignacio, (2020), Diversity buffers winegrowing regions from climate change losses, PNAS , pp. 40, https://doi.org/10.1073/pnas.1906731117 14 Roussel, Isabelle, Scarwell, Helga-Jeanne (dir.), Le changement climatique - Quand le climat nous pousse à changer d’ère, Chapitre 5. Quand le climat impose une mutation des pratiques par Jean-Claude Hinnewinkel, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2010, pp. 358, En ligne : https://books.openedition.org/septentrion/15018 15

ibid.

IV.2 - DÉMARCHE PROSPECTIVE : COMMENT NOURRIR LA POPULATION DANS LE FUTUR ? IV.2.2 - Évolution des régimes alimentaires L’évolution des régimes alimentaires dans le futur est marquée par trois tendances majeures. Tout d’abord, on observe une augmentation de la demande en produits végétaux, en raison des préoccupations liées à la durabilité, à la santé et au bien-être animal. Les régimes végétariens, végétaliens et flexitariens gagnent en popularité. Ensuite, les consommateurs accordent de plus en plus d’importance à l’origine de leurs aliments et à leur impact environnemental, ce qui conduit à une mise en avant des aliments issus de l’agriculture durable. Enfin, la recherche de nouvelles sources de protéines, telles que les insectes, les algues et les protéines cultivées en laboratoire, répond à la croissance démographique mondiale et aux préoccupations de sécurité alimentaire.

Répartition des régimes alimentaires dans la population, selon le pays (Source : Enquête CREDOC pour FranceAgriMer et l’OCHA)

IV.2.2 - Transformation nécessaire de l’agriculture vers des pratiques plus écologiques Pour toutes les raisons citées dans les parties précédentes, il est donc nécessaire de transformer le modèle d’agriculture actuelle vers des pratiques plus écologiques. Cela passe bien entendu par la coopération entre les acteurs de l’agriculture, les politiques favorables et les investissements dans la recherche qui sont nécessaires pour réussir cette transition vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement.

IV.3 - L’AGROTOURISME EN DÉVELOPPEMENT L’agrotourisme, aussi appelé agritourisme, tourisme agricole, tourisme rural ou tout simplement tourisme à la ferme, est une forme de tourisme axée sur la découverte et la participation aux activités agricoles et rurales. Il s’agit d’une expérience immersive qui permet aux visiteurs de se rapprocher de l’agriculture, de participer à des activités agricoles et de se familiariser avec les savoir-faire locaux1. Il permet aux touristes de se rapprocher de la nature, de comprendre les processus de production alimentaire, ou tout simplement de mieux comprendre le mode de vie rural.

et à l’accueil à la ferme 6. Selon les données du réseau, qui est géré par les Chambres d’agriculture, environ 12% des agriculteurs se sont engagés dans l’accueil à la ferme et en 2017, Bienvenue à la ferme a enregistré un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros grâce à ses activités de vente directe et d’agrotourisme7. Cette croissance de l’agrotourisme s’observe à l’échelle mondiale : une étude prospective a estimé que le secteur de l’agrotourisme mondial devrait atteindre 63 milliards de dollars d’ici 20278. Parenthèse sur le WWOOF Le WWOOF, World Wide Opportunities on Organic Farms, littéralement « Opportunités Mondiales (ou internationales) dans les Fermes Biologiques » est un système d’échange volontaire où les participants travaillent comme bénévoles dans des exploitations agricoles biologiques en échange du gîte et du couvert 1. Le concept du WWOOFing a été créé dans les années 19702 et s’est depuis répandu dans de nombreux pays à travers le monde. Les volontaires, appelés « WWOOFers » sont généralement des personnes intéressées par l’agriculture biologique, l’écologie, la durabilité et le mode de vie rural. Ils cherchent à acquérir une expérience pratique dans les fermes biologiques tout en vivant au contact de la nature et en apprenant les techniques agricoles respectueuses de l’environnement. Le WWOOFing est souvent considéré comme une expérience culturelle enrichissante, permettant aux volontaires de découvrir de nouvelles régions, d’apprendre des compétences agricoles et de se connecter avec d’autres personnes partageant les mêmes intérêts3. Ce n’est pas une forme d’agrotourisme à proprement parler, et cela se rapproche davantage d’un travail de saisonnier bénévole, mais l’émergence de cette pratique montre l’intérêt grandissant porté au monde rural et aux exploitations agricoles.

L’agrotourisme trouve ses origines dans le Tyrol du Sud en Italie, où il est devenu une activité populaire dès le 19e siècle. En France, il s’est développé à partir des années 1970-80 dans le cadre de la diversification des activités en milieu rural2. Cette nouvelle forme de tourisme se développe en réponse à la demande croissante des voyageurs pour des expériences respectueuses de l’environnement, culturellement riches et socialement responsables3. Aujourd’hui, il connait un essor significatif grâce à des initiatives telles que les réseaux « Bienvenue à la ferme » et « Accueil paysan »4. Ces réseaux regroupent des agriculteurs qui ouvrent leurs portes aux visiteurs et leur proposent des hébergements, des repas à base de produits locaux et des activités liées à l’agriculture. Selon les chiffres de la Direction générale des entreprises, « en 2016, le tourisme rural représentait près d’un tiers de la fréquentation touristique française, 30 % des nuitées, soit 292 304 nuitées » 5 Actuellement, le réseau Bienvenue à la ferme compte 8 000 agriculteurs membres, ce qui en fait le premier réseau en France dédié à la vente directe

1 WWOOF France, Qui sommes-nous ?, WWOOF France, https://asso.wwoof.fr/qui-sommesnous/

1 Inconnu, L’Agrotourisme | Le Voyage au Vert qui a Tout pour Plaire, Ecopreneur, https:// ecopreneur.fr/agrotourisme-voyage-vert/ 2 Inconnu, Diversifier mes activités agricoles avec l’agrotourisme, Mutualia, https://www. mutualia.fr/agriculteur/infos/economie-et-societe/news/diversifier-mes-activites-agricoles-aveclagrotourisme 3 Durrande-Moreau, Agnès et coll., Le nouvel agritourisme intégré, une tendance du tourisme durable (2017), Téoros, http://journals.openedition.org/teoros/3009 4 Inconnu, L’Agrotourisme | Le Voyage au Vert qui a Tout pour Plaire, Ecopreneur, https:// ecopreneur.fr/agrotourisme-voyage-vert/ 5 Lelievre, Caroline, L’agritourisme récolte près d’un tiers de la fréquentation touristique en France (Mars 2018), TourMag, https://www.tourmag.com/L-agritourisme-recolte-pres-d-un-tiersde-la-frequentation-touristique-en-France_a91902.html

ibid.

6 Lelievre, Caroline, L’agritourisme récolte près d’un tiers de la fréquentation touristique en France (Mars 2018), TourMag, https://www.tourmag.com/L-agritourisme-recolte-pres-d-un-tiersde-la-frequentation-touristique-en-France_a91902.html 7

ibid.

8 Inconnu, Diversifier mes activités agricoles avec l’agrotourisme, Mutualia, https://www. mutualia.fr/agriculteur/infos/economie-et-societe/news/diversifier-mes-activites-agricoles-aveclagrotourisme

Les activités de l’agrotourisme peuvent inclure des visites de fermes, des promenades à travers les champs, la cueillette de fruits et légumes, l’élevage d’animaux, la participation aux activités de la ferme, des ateliers pratiques, la dégustation de produits locaux, la préparation de plats traditionnels, la participation à des événements saisonniers et bien d’autres encore9. Les visiteurs peuvent également profiter de l’hébergement dans des fermes, des gîtes ruraux ou des maisons d’hôtes situés dans des environnements agricoles.

Les principales activités agrotouristiques (Source : https://lelivrescolaire.fr/)

Toutes ces activités font de l’agrotourisme un levier important pour la sensibilisation du public à l’agriculture et à l’alimentation durable. Il offre aux visiteurs une occasion unique de découvrir les processus de production alimentaire de manière concrète, ce qui peut les faire réfléchir à leurs propres choix en matière d’alimentation. Il permet de valoriser la production agricole en mettant en avant la qualité des produits locaux et en racontant l’histoire des exploitations agricoles, ce qui contribue à renforcer l’image et la réputation des produits du terroir, tout en préservant les traditions et les savoir-faire transmis de génération en génération10. De plus, l’interaction directe avec les agriculteurs crée un lien entre les consommateurs et les producteurs qui permet une meilleure compréhension mutuelle et qui favorise une prise de conscience de l’importance de soutenir l’agriculture locale11. Enfin, les fermes agrotouristiques qui adoptent des pratiques agricoles durables peuvent 9 Lelievre, Caroline, L’agritourisme récolte près d’un tiers de la fréquentation touristique en France (Mars 2018), TourMag, https://www.tourmag.com/L-agritourisme-recolte-pres-d-un-tiersde-la-frequentation-touristique-en-France_a91902.html 10 Inconnu, L’Agrotourisme | Le Voyage au Vert qui a Tout pour Plaire, Ecopreneur, https:// ecopreneur.fr/agrotourisme-voyage-vert/ 11

ibid.

servir d’exemple et d’inspiration pour les visiteurs. En mettant en avant des techniques respectueuses de l’environnement, telles que l’agriculture biologique, la permaculture, l’agroforesterie ou la gestion des ressources naturelles, ces fermes contribuent à sensibiliser les visiteurs à l’importance de préserver les terres agricoles, la biodiversité et les écosystèmes locaux pour une agriculture durable à long terme. En somme, l’agrotourisme présente de nombreux avantages, tant pour les visiteurs que pour les communautés locales. Il permet aux touristes de se reconnecter avec la nature, de découvrir de nouveaux paysages et de s’éloigner du rythme effréné de la vie urbaine12. C’est également une opportunité pour en apprendre plus sur les traditions locales, soutenir l’économie rurale et apprécier les produits locaux et les savoir-faire traditionnels. Enfin, l’agrotourisme offre aux visiteurs l’occasion d’avoir un autre regard sur leur alimentation et de mieux appréhender l’importance de préserver la biodiversité et les écosystèmes locaux avec des pratiques agricoles durables et respectueuses de l’environnement. Pour les agriculteurs, cela amène à une diversification de leurs activités qui peut apporter une source de revenus supplémentaire, contribuant ainsi à la pérennité des petites exploitations agricoles13. Cependant, il ne faut pas oublier que l’agrotourisme apporte également son lot de contraintes aux agriculteurs, tels que la nécessité d’investir dans l’accueil des visiteurs, la gestion des aspects administratifs et la conciliation entre les activités agricoles et touristiques14.

12 Inconnu, L’Agrotourisme | Le Voyage au Vert qui a Tout pour Plaire, Ecopreneur, https:// ecopreneur.fr/agrotourisme-voyage-vert/ 13 Inconnu, Diversifier mes activités agricoles avec l’agrotourisme, Mutualia, https://www. mutualia.fr/agriculteur/infos/economie-et-societe/news/diversifier-mes-activites-agricoles-aveclagrotourisme 14 Lelievre, Caroline, L’agritourisme récolte près d’un tiers de la fréquentation touristique en France (Mars 2018), TourMag, https://www.tourmag.com/L-agritourisme-recolte-pres-d-un-tiersde-la-frequentation-touristique-en-France_a91902.html

IV.4 - GESTION DES CONFLITS D’USAGE ET LIMITES DE PROPRIÉTÉ EN MILIEU RURAL L’accueil du public au sein d’une ferme située en milieu agricole peut entraîner des conflits d’usage entre les propriétaires fonciers, les exploitants agricoles, les résidents locaux et les touristes en visite. Ces conflits peuvent être causés par le bruit et les perturbations générés par l’afflux de visiteurs, les dommages qu’ils peuvent causer aux cultures, ou encore la gestion des déchets supplémentaires induits par la forte fréquentation de personnes extérieures1. Généralement, ces perturbations sont gérées par les agriculteurs en charge de la gestion de ladite ferme dans l’enceinte de leur exploitation, mais elles peuvent avoir un impact négatif sur les autres exploitations agricoles aux alentours. Il s’agit donc d’anticiper ces conflits et d’agir en conséquence. Pour ce faire, il faut d’abord impliquer les différentes parties prenantes (y compris les agriculteurs locaux, les résidents, les touristes et les autorités locales) dans le processus décisionnel dès le début du projet, avec des réunions, des ateliers ou des groupes de travail. Pour convaincre les autres exploitants locaux, la coopération peut jouer un rôle essentiel, apportant des avantages mutuels à toutes les parties. Des partenariats pour la vente de produits agricoles ou pour la participation à des événements agricoles locaux peuvent ainsi être envisagés. De plus, il est essentiel d’établir une communication ouverte et transparente entre les agriculteurs et les touristes2. Les agriculteurs peuvent informer les touristes sur les activités agricoles en cours, les règles et horaires à respecter, ou encore les zones d’accès restreint. Les touristes, de leur côté, doivent être conscients des contraintes liées à l’agriculture et de l’importance de respecter les activités agricoles en cours. À ce propos, les fermes ouvertes au public ont un rôle à jouer dans cette sensibilisation du public aux enjeux environnementaux et agricoles. En adoptant cette approche proactive, basée sur la communication et le respect mutuel, il est donc possible de minimiser les conflits d’usage, mais cela ne peut se faire sans une planification adéquate sur le terrain. Il faut coordonner les horaires et les itinéraires des visites avec les activités agricoles, en évitant autant que possible les périodes critiques pour les agriculteurs. De plus, il est primordial de délimiter clairement les zones exclusivement réservées aux activités 1 Michel, Charlotte, L’accès du public aux espaces naturels, agricoles et forestiers et l’exercice du droit de propriété : des équilibres à gérer (2003), ENGREF (AgroParisTech), https://pastel. archives-ouvertes.fr/tel-00007570/document 2

ibid.

pédagogiques, aux cultures, à l’élevage ou à d’autres utilisations agricoles, pour minimiser les interférences et les conflits potentiels3. Cette délimitation peut se faire par le biais de dispositifs dissuasifs, de simples clôtures, ou même par des aménagements paysagers plus intégrés comme les murs « ha-ha ».

Illustration du principe de mur ha-ha (Source : fr.wikipedia.org)

Un mur « ha-ha » est un élément architectural et paysager utilisé pour délimiter des espaces sans entraver la vue sur le paysage environnant1. Il s’agit d’un fossé et/ou d’un mur bas, généralement en pierre, qui sépare une propriété ou un jardin d’un terrain adjacent, sans créer de rupture visuelle. Le ha-ha est principalement utilisé dans les parcs et les jardins paysagers pour créer une transition douce entre les espaces aménagés et la nature environnante2. Sans être infranchissable, ce dispositif permet tout de même une certaine mise à distance entre l’espace dédié au public et l’espace agricole ou naturel. De plus, cela maintient le bétail à l’écart tout en préservant une vue dégagée et un impact visuel minime sur le paysage environnant. Enfin, lorsqu’il intègre un fossé, il peut également jouer un rôle dans la gestion des eaux de ruissellement. Le terme «ha-ha» est dérivé de l’expression française éponyme qui représente la surprise ou l’étonnement que l’on ressent lorsqu’on découvre le mur soudainement à cause de sa faible hauteur et de sa dissimulation dans le paysage3. 1, 2, 3

Inconnu, Ha-ha, Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Ha-ha

3 Michel, Charlotte, L’accès du public aux espaces naturels, agricoles et forestiers et l’exercice du droit de propriété : des équilibres à gérer (2003), ENGREF (AgroParisTech), https://pastel. archives-ouvertes.fr/tel-00007570/document

Mais alors, le public a-t-il le droit de traverser un espace agricole s’il n’est pas délimité avec une clôture ou un autre dispositif ? À ce propos, même en l’absence de délimitation claire, il est généralement interdit de se promener dans un champ ou une prairie, car ce sont des propriétés privées où la présence de personnes peut causer des dégâts aux cultures. Cependant, il peut y avoir des sentiers balisés ou des chemins autorisés pour traverser ces zones, à condition qu’ils soient répertoriés dans l’Atlas de voiries communales ou qu’ils fassent l’objet d’une servitude4. De plus, il faut savoir que les exploitants agricoles ne peuvent pas fermer une voie publique traversant leurs champs ou prairies. Cependant, les exploitants endossent la responsabilité des possibles accidents qui peuvent survenir dans le cadre de l’interaction entre leur terrain privé et de la voie publique5, et notamment lorsque le bétail est en contact avec le public. Il leur appartient donc de prendre des mesures pour assurer la sécurité des promeneurs, notamment par des dispositifs de mise à distance, et de rappeler aux usagers de faire preuve de prudence.

IV.5 - LES PRINCIPES DE LA PERMACULTURE

Ainsi, la gestion des conflits d’usages en milieu agricole peut s’effectuer par un travail d’anticipation, d’implication des différents acteurs concernés, de communication, et de planification adéquate, complémentaires d’un travail minutieux de délimitation et de séparation sur le terrain. Si la question est suffisamment étudiée, elle permet de favoriser une coexistence harmonieuse entre le public, les agriculteurs et les résidents locaux dans les zones rurales.

Tout d’abord, cela commence par l’observation. En effet, elle est attentive de la nature et de l’environnement dans lequel elle opère. Cette observation permet de comprendre les cycles naturels, les interactions entre les différents éléments de l’écosystème et les besoins des êtres vivants qui y résident.

Dans notre projet, la cette gestion fera l’objet d’un travail particulier, avec une mise à distance des espaces agricoles et du public qui n’entrave pas l’interaction visuelle (mur ha-ha), une délimitation nette des espaces privés, et une séparation des flux avec des cheminements indépendants pour les visiteurs et les engins agricoles, afin de préserver l’équilibre entre les activités touristiques et agricoles.

La permaculture est une philosophie de vie, un système de conception écologique qui repose sur l’utilisation de principes et de méthodes durables pour créer un environnement résilient et productif. La permaculture s’inspire de la nature et vise à créer des systèmes agricoles et alimentaires, des habitats et des communautés humaines qui sont en harmonie avec les cycles naturels de la terre. Dans cette partie, il s’agira de détailler les principes de la permaculture, les techniques couramment utilisées et les avantages qu’elle peut apporter à l’environnement et à l’Homme. D’où provient ce type de culture ? Elle repose sur des principes écologiques de base qui ont été développés par les fondateurs de la permaculture, Bill Mollison et David Holmgren, au début des années 1970. Ces principes ont été influencés par l’observation des écosystèmes naturels et sont conçus pour guider la conception de systèmes durables... mais quels sont ces principes ?

Ensuite, elle a une approche empathique, c’est-à-dire qu’elle encourage l’empathie envers toutes formes de vie, y compris les plantes, les animaux et les êtres humains. Cela signifie être attentif aux besoins et aux caractéristiques de chaque élément de l’écosystème, ainsi qu’aux liens qui les unissent. La permaculture utilise une approche de conception holistique pour créer des systèmes écologiques et durables. Cela signifie que les éléments individuels du système sont conçus de manière à ce qu’ils fonctionnent ensemble de manière cohérente et harmonieuse. Elle cherche aussi l’intégration afin que les éléments du système de manière à ce qu’ils se soutiennent mutuellement et créent un équilibre écologique stable. Cela peut inclure l’intégration de différentes cultures, d’animaux et de plantes, ainsi que l’utilisation de techniques de conservation de l’eau et du sol.

4 Inconnu, Comment concilier travaux agricoles et vie à la campagne ? (Août 2021), CELAGRI, https://www.celagri.be/travaux-agricoles-et-vie-a-la-campagne/ 5

ibid.

Il faut encourager la diversité dans les systèmes écologiques, y compris la diversité des espèces, des cultures et des habitats. Cette diversité contribue à créer un écosystème résilient et à réduire les risques de maladies pour les plantes et de ravageurs. La permaculture utilise les ressources disponibles de manière efficace et durable. Cela peut inclure l’utilisation de sources d’énergie renouvelables, la récupération et la réutilisation des déchets, et l’utilisation de techniques de conservation de l’eau. Il y a également un besoin d’auto-régulation, c’est-à-dire créer des systèmes qui sont capables de s’auto-réguler et de maintenir un équilibre écologique stable sans intervention humaine excessive. Enfin, il ne faut pas avoir peur de se tromper et surtout apprendre de l’échec puisque c’est en faisant des erreurs que l’on comprend mieux les cycles naturels et d’améliorer la conception de systèmes durables. Les techniques couramment utilisées en permaculture sont nombreuses et voici une liste non exhaustive de toutes ces pratiques à intégrer pour tendre vers une résilience alimentaire.

Exemple d’un potager en agroforesterie

L’agroforesterie est une technique qui combine la culture d’arbres et d’autres cultures sur le même terrain. Les arbres peuvent fournir de l’ombre, protéger le sol et fournir des nutriments aux cultures voisines. La rotation des cultures est une technique qui implique la culture de différentes cultures sur le même terrain à différents moments de l’année. Cela permet de prévenir l’appauvrissement du sol et de réduire les risques de maladies et de ravageurs. Les associations de cultures différentes sont des cultures de différentes espèces qui sont plantées ensemble pour créer un système écologique diversifié et résilient. Les cultures peuvent se soutenir mutuellement en partageant les nutriments et en repoussant les ravageurs. La conservation de l’eau est une technique qui vise à réduire la consommation d’eau en utilisant des techniques telles que la collecte de l’eau de pluie, la plantation de cultures qui ont besoin de moins d’eau et l’utilisation de systèmes d’irrigation efficaces dans le but de ne pas gaspiller l’eau qui peut être une ressource rare en Hérault par exemple

Les avantages et bienfaits de l’agroforesterie (Source : Ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire de la Forêt)

Le compostage est une technique qui consiste à décomposer des matières organiques telles que des déchets alimentaires et des feuilles pour créer un engrais naturel pour les plantes. L’utilisation de plantes médicinales est une technique qui utilise les propriétés curatives des plantes pour traiter les maladies et prévenir les problèmes de santé. Le Paturage Tournant Dynamique (PTD) est une technique qui peut être utilisée pour fournir de la viande et du lait tout en contribuant à la gestion des terres et à la fertilisation des cultures. Bien évidemment, il faut pouvoir construire de manière responsable, par exemple en utilisant des matériaux naturels, durables et locaux tels que le bois, la pierre et la terre pour construire des habitations et d’autres structures. Cela permet de réduire l’impact environnemental de la construction et de créer des espaces de vie sains et durables. En conclusion, la permaculture est une approche holistique de la conception de systèmes durables qui vise à imiter les processus naturels et à créer des systèmes résilients et productifs. La permaculture est applicable à tous les domaines de la vie, y compris l’agriculture, la construction, la gestion des déchets et la santé. En appliquant les principes de la permaculture, nous pouvons créer des systèmes durables qui préservent l’environnement, améliorent la qualité de vie et offrent une sécurité alimentaire à long terme. Cependant, il vient tout de même à se questionner sur une problématique sous-jacente importe : La permaculture est-elle en opposition avec le progrès ? Ce qui est certain, c’est qu’elle s’appuie sur des principes et des techniques issus de pratiques agricoles traditionnelles, mais elle intègre également les connaissances et les innovations modernes. Elle cherche à combiner le meilleur des deux mondes, en tirant parti des avancées scientifiques tout en respectant les principes écologiques et les cycles naturels. Il est donc possible de voir la permaculture comme une forme de progrès qui vise à réévaluer nos choix et nos actions afin de créer des systèmes plus durables, résilients et en harmonie avec la nature. Elle ne s’oppose pas nécessairement au progrès, mais propose plutôt une réorientation vers une vision plus holistique et éco-responsable du progrès. (Source : jardiniers-professionnels.fr)

Tableau des associations de cultures

IV.6 - CONCEVOIR UNE FERME PÉDAGOGIQUE « Le nombre de fermes pédagogiques a augmenté de façon exponentielle dans les années 90, puis plus doucement depuis 2000 » Une ferme pédagogique est un lieu d’apprentissage et de sensibilisation à l’agriculture et à l’environnement. Elle vise à offrir aux visiteurs, en particulier aux enfants et aux jeunes, une expérience éducative interactive et pratique au sein d’une exploitation agricole. Les fermes pédagogiques mettent l’accent sur la découverte des pratiques agricoles durables, la connexion avec la nature, et la compréhension des enjeux liés à l’alimentation et à l’environnement. Puisque les fermes pédagogiques accueillent fréquemment un public, principalement composé d’enfants, elles sont soumises à une réglementation spécifique et doivent justifier des autorisations nécessaires pour les accueillir. Les visiteurs ont l’opportunité de participer activement aux activités de la ferme, telles que la traite des vaches, la récolte des légumes, le nourrissage des animaux, ou encore la fabrication de produits transformés. Cela permet une compréhension concrète des processus agricoles et favorise l’apprentissage expérientiel. Les fermes pédagogiques mettent également l’accent sur la sensibilisation à l’environnement et à la durabilité. Elles abordent des sujets tels que la biodiversité, la gestion des déchets, l’utilisation responsable de l’eau, la conservation des sols et la promotion d’une alimentation saine et équilibrée. Les animaux de la ferme jouent un rôle central dans l’expérience pédagogique. Les visiteurs ont l’occasion de découvrir différentes espèces d’animaux domestiques, d’apprendre à les soigner, à les nourrir et à comprendre leur rôle dans l’écosystème agricole.

Principe de rotations des cultures (basé sur un article de gammvert.fr)

Généralement, elles présentent des pratiques agricoles durables à travers des vitrines cultivées servant d’exposition pour le grand public. Ainsi, elles peuvent exposer des pratiques telles que l’agroécologie, la permaculture et bien d’autres encore car elles sont nombreuses. Les échanges sociaux et la création de liens communautaires sont deux facteurs clés d’une ferme pédagogique. En effet, les principaux visiteurs sont souvent des groupes scolaires, des familles, des associations ou encore des organisations locales, favorisant ainsi le partage des connaissances et l’engagement communautaire.

Certaines fermes pédagogiques s’orientent vers l’agrotourisme, en d’autres termes une forme de tourisme axée sur les activités agricoles et la vie à la ferme le temps d’un séjour. Maintenant, nous allons nous intéresser à la Ferme des Ruelles, située à Tilly en Normandie. Depuis plus de vingt ans, cette ferme, datant du XVIIe siècle et initialement axée sur la production de cidre, a été reprise en 1992 avec une vision de fonctionner de manière plus respectueuse de l’environnement et du patrimoine, dans le but de préserver ces valeurs pour les générations futures. Depuis 1992, un vaste programme de plantation a été mis en place, comprenant des centaines d’arbres et de haies diversifiées. De plus, plusieurs points d’eau ont été créés pour favoriser la présence de la faune et de la flore. Ces initiatives ont permis le retour de nombreuses espèces, renforçant ainsi la chaîne alimentaire et contribuant à la biodiversité de la région. Les paysages ont également bénéficié de ces changements, comme en témoigne le croquis comparatif entre l’année 1980 et aujourd’hui.

Aujourd’hui la ferme est axée davantage sur la production de céréales et également de produit du terroir notamment cidricoles. L’un des souhaits principaux des nouveaux exploitants l’ayant reprise en 1992 était de travailler avec la nature et non de vouloir la contrôler. En 2017, 600 arbres furent plantés sur 20 hectares de parcelles agricoles dans le but de restaurer un écosystème équilibré et diversifié. L’objectif était clair : revenir à un équilibre naturel sur ces terres. Pour atteindre cet objectif, le choix s’est porté sur un modèle d’exploitation qui associe différentes cultures telles que le blé, le tournesol, avec des arbres tels que les tilleuls, les noyers, au sein d’une même parcelle. Cette association permet une synergie bénéfique : les cultures et les arbres travaillant de concert pour capturer davantage de CO2, réguler le climat et enrichir le sol de manière efficace. Ce mode d’exploitation choisi par eux contribue à préserver l’environnement, tout en favorisant la durabilité et la résilience de l’exploitation. Cette approche novatrice ouvre la voie vers un avenir agricole plus sain et respectueux de la nature. La même année, la ferme a accueilli la création d’un jardin en permaculture. Au cœur de ce jardin, un verger multiétagé a été soigneusement établi dans le but est de favoriser une production autonome et respectueuse de l’environnement. L’objectif principal de ce verger est de minimiser l’utilisation d’énergie fossile, ainsi que de réduire au maximum la consommation d’eau et d’énergie humaine nécessaire à son entretien. Dernièrement, la ferme a rejoint la dynamique de l’agrotourisme et a ouvert une chambre d’hôtes.

Croquis montrant la transition de la Ferme des Ruelles entre 1980 à aujourd’hui, d’un modèle classique à une ferme pédagogique exemplaire.

Photo aérienne de la Ferme des Ruelles

V - TERRITOIRE DE PROJET V.1 - UNE EXPLOITATION AGRICOLE DÉJÀ EN PLACE Comme nous l’avons évoqué dans la partie 3, le projet de la Ferme à Culture constitue le premier point polarisant qui se développe le long de l’axe stratégique de Mauguio. Cette ferme pédagogique exemplaire prend racine au niveau d’une exploitation agricole existante au Nord-Ouest de Mauguio, de l’autre côté du Canal Philippe Lamour. Nous allons donc maintenant nous pencher de plus près sur ce territoire de projet qui possède de nombreuses qualités, mais qui vient aussi avec son lot de contraintes. V.1.1 - Caractéristiques de l’exploitation agricole actuelle Cette exploitation se situe en sortie de ville, juste après le franchissement de la voie ferrée par la Départementale 112, ce qui lui offre une grande visibilité. Elle mesure 45 ha et s’étend majoritairement à l’Ouest de la départementale, qui la traverse. Au cours du 20ème siècle, la surface de l’exploitation a toujours été occupée par des surfaces cultivées1, ce n’est qu’en 1991 que le premier bâtiment agricole y voit le jour (les exploitants de ces surfaces se trouvaient en dehors des délimitations actuelles de l’exploitation, qui était plus grande à l’époque).

Source : remonterletemps.ign.fr

Aperçu de l’étendue de l’exploitation

Une ferme exemplaire dans l’axe stratégique de Mauguio

250 m

500 m

1 km

V.1.2 - Une exploitation au cœur d’un paysage caractéristique Située en milieu agricole, elle permet de profiter des qualités de ce paysage horizontal tout en gardant un lien avec la ville du fait de sa proximité avec Mauguio (15mn à pied), et du repère visuel du château d’eau, un élément singulier visible depuis de nombreux points l’exploitation. Ainsi, comme vous pouvez le voir sur les croquis ci-après, nous retrouvons dans le territoire d’étude plusieurs éléments caractéristiques du paysage rural : • Des groupements végétaux remarquables avec des arbres anciens assez développés, offrant une beauté et une valeur écologique importante. • Quelques lisières arborées, formant des bordures entre les champs et les autres zones du paysage. • Des haies et bosquets, qui jouent un rôle essentiel en tant que corridors écologiques et habitats pour la faune et la flore locales. • Du patrimoine bâti agricole, comprenant des entrepôts, des hangars et des cabanons, témoignant de l’histoire et de l’activité agricole de la région. • Des cheminements agricoles et petits chemins, utilisés par les agriculteurs pour accéder aux différentes parcelles de terre. • Des surfaces cultivées à perte de vue, caractérisant l’activité agricole dominante de la région. • Des prairies, offrant des pâturages pour le bétail et contribuant à la diversité du paysage.

Un paysage agricole caractéristique (prise de vue réalisée en drone)

Analyse des connexions

V.2 - ANALYSE DU SITE V.2.1 - Connexions et rayonnement La carte d’analyse des connexions ci-contre révèle plusieurs éléments importants concernant le fonctionnement de l’exploitation agricole : Tout d’abord, il y a un grand linéaire qui traverse l’exploitation, à savoir la départementale 112. Cette route relie Mauguio à Vendargues et franchit la voie ferrée juste avant d’entrer dans les limites de l’exploitation. Ce franchissement a un impact paysager significatif, comme en témoignent les photos ci-dessous. Ensuite, il existe des voies secondaires et tertiaires, principalement des chemins en terre qui longent les cultures pour permettre le passage des engins agricoles. De plus, nous avons la voie ferrée qui constitue une ligne reliant Montpellier Sud de France à la gare de Nîmes Pont du Gard. Enfin, dans le cadre de la stratégie territoriale, la ferme a Culture aura également un rôle à jouer pour assurer la continuité de l’axe stratégique transversal de Mauguio, notamment en termes de mobilité douces, puisqu’elle devra relier le cheminement de cueillette au Sud à son prolongement au Nord, en direction de Vendargues.

15 mn à pied

Les isochrones réalisés ci-après montrent le potentiel d’accessibilité de ce territoire de projet, à moins de 15 minutes à pied du grand rond point de Mauguio, qui sera remplacé par l’espace polyvalent de notre stratégie, et encore plus proche du méthaniseur et de son parc agro-urbain. En voiture, l’exploitation se situe à à peine plus de 15 minutes de Montpellier et de Lunel, à 15 minutes de Lunel-Viel et à moins de 15 minutes de Mudaison, Candillargues, Lansargues, Valergues, Vendargues et Baillargues.

Impact paysager du franchissement de la départementale D112

(Source : smappen.fr)

Isochrone des espaces accessibles à 15mn à pied

250 m

500 m

1 km

15 mn en voiture

Isochrone des espaces accessibles à 15mn en voiture (Source : smappen.fr)

V.2.2 - Bâti existant

Analyse du bâti existant

V.2.2 - Bâti existant Au niveau de l’exploitation, on trouve divers bâtiments répertoriés sur la carte d’analyse du bâti. Parmi les bâtiments principaux, il y a le hangar construit en 1991, qui est accolé au logement des exploitants (le mas du Tauran). Il dispose d’un large espace extérieur privé ainsi qu’une piscine (cf. plans sur la page suivante). De l’autre côté de la route, plus au sud, se trouve un entrepôt. Les accès privés de ces bâtiments se font par une route : le chemin du Tauran. À l’est de ces bâtiments, en bordure de la départementale, on observe une zone laissée à l’abandon avec une serre et un petit bâtiment en structure légère qui sont détériorés. Enfin, en dehors de l’enceinte de l’exploitation, vers le sud, se trouve une maison qui semble abandonnée.On retrouve également plusieurs petits cabanons agricoles à l’intérieur de l’exploitation. On peut également noter l’absence totale de services dans le contexte immédiat de l’exploitation, qui est entourée de propriétés privées et d’espaces naturels ou cultivés. De plus, aucun monument historique ou patrimonial n’est présent dans un rayon de 500 mètres1. En effet, le seul monument historique classé de Mauguio est la Maison Castanier-Rey, qui se trouve vers le centre de Mauguio à une distance supérieure à 500 mètres.

Source : geoportail.gouv.fr Entrepôt existant

Scan 3D de l’habitation des exploitants actuels, réalisé sur Reality Capture par photogrammétrie

Zone abandonnée

Hangar et logement des exploitants

Plan R+1

Plan de situation

Façade Sud-Est

Plan RDC

V.2.3 - Analyse bioclimatique et nuisances sonores

Températures et précipitations moyennes (Source : meteoblue.com)

D’après les données climatiques du secteur, voici quelques caractéristiques du territoire de projet : En été, notamment en juillet, les journées sont chaudes et sèches, avec une température minimale moyenne de 15°C, une température maximale moyenne de 31°C et une moyenne de 7 mm de précipitations. En hiver, particulièrement en novembre pour les précipitations, on observe une moyenne de 85 mm de précipitations, tandis qu’en janvier, les températures descendent avec une minimale de 1°C et une maximale de 11°C, accompagnées d’une moyenne de 57 mm de précipitations (Source : meteoblue.com). Dans l’ensemble, le climat est caractérisé par le beau temps du sud. En juillet, il y a en moyenne seulement 0,9 jours nuageux et 3,5 jours de pluie, tandis qu’en novembre, on compte en moyenne 9,9 jours nuageux et 8,9 jours de pluie (Source : meteoblue.com). De plus, l’exploitation ne comporte pas de masque solaire important dans son contexte, et les montagnes ont peu d’impact sur la course du soleil en raison de leur faible altitude (Sources : Logiciel Dial et heliorama.com). Par conséquent, le 21 décembre, le soleil se lèvera vers 7h45 et se couchera vers 16h30, tandis que le 21 juin, il se lèvera vers 5h15 et se couchera vers 19h45 environ (voir diagramme solaire sur la carte d’analyse bioclimatique). Le vent dominant est la Tramontane, accompagnée d’un peu de Vent Marin, tous deux venant du nord-nord-ouest et soufflant à une vitesse moyenne de 10 à 20 km/h (Sources : meteoblue.com & windfinder.com).

Quantité de précipitations (Source : meteoblue.com)

Vitesse du vent (Source : meteoblue.com)

Le relief du terrain est généralement plat, à l’exception du franchissement de la voie ferrée par la départementale. Le point culminant se situe autour de 19,50 m NGF et le point le plus bas à environ 13,50 m NGF, avec des pentes allant de moins de 1% à 2%. L’eau de ruissellement qui se forme lors des rares jours de pluie s’écoule lentement le long de ces faibles pentes, et l’exploitation dispose déjà de fossés pour gérer cet écoulement.

Rose des vents selon l’orientation du cadrage (Source : meteoblue.com)

Enfin, on peut identifier deux principales sources de nuisances sonores : tout d’abord, le bruit continu généré par le traffic dense de la départementale 112, qui enregistre environ 55 dB au niveau de la parcelle prévue pour l’intervention architecturale (mesures sur place). Ensuite, le passage des trains sur la voie ferrée, qui génère des nuisances sonores très ponctuelles et qui ne sont donc pas visibles sur la carte d’analyse.

Analyse bioclimatique

Analyse des cultures présentes

V.2.4 - Surfaces cultivées et espèces végétales présentes Selon l’analyse de la carte des cultures présentes, il est clair que plus de la moitié des surfaces cultivées de l’exploitation sont consacrées à la viticulture. On observe également une vaste étendue de prairies permanentes, ainsi que quelques parcelles de céréales et de légumes, un petit nombre d’arbres fruitiers et des parcelles en jachères. La viticulture est omniprésente et caractérise véritablement le paysage, comme le montre la photo ci-dessous. Cependant, comme expliqué dans la partie IV.1.3, malgré sa forte présence dans notre département, cette culture doit être re-questionnée compte tenu des changements climatiques à venir. On peut également noter que cette exploitation fait aujourd’hui un usage important de produits phytosanitaires.

POMMIERS

PARCELLE EN ATTENTE DE SEMIS

LÉGUMES

PRAIRIE PERMANENTE

VIGNES

JACHÈRE

Sur la carte ci-après, on peut observer diverses masses végétales marquantes qui rythment le paysage de l’exploitation, allant d’arbres remarquables isolés à des regroupements arborés. Bien que leur présence soit relativement limitée au regard de la superficie de l’exploitation, ils constituent des points d’ancrage solides pour développer un futur réseau de bocages. Voici également une liste non exhaustive des espèces végétales que nous avons répertoriées sur place : Arbres et arbustes : Calocèdre, Cyprès de l’Arizona, Chêne (Faginé, Vert, Kermès et Teinturier), Amandier commun, Cerisier carré, Troène du Japon ; Autres plantes : Ronce, Inule visqueuse, Chardon de Syrie, Diplotaxe fausseroquette, Lierre des Canaries, Gaillet gratteron, Féverole.

L’omniprésence de la viticulture dans l’exploitation

Analyse des masses végétales impactantes

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Analyse des vues remarquables

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V.2.5 - Les vues limitées sur le grand paysage Sur la carte d’analyse des vues, on peut constater que la plupart des vues offrent peu de profondeur et sont rapidement obstruées par des éléments du paysage environnant (notamment les lisières arborées) indiquées en rouge sur la carte. Cela présente des avantages et permet de se sentir complètement coupé de la ville de Mauguio lorsqu’on se promène sur le site, mais cela laisse peu d’occasion d’observer le grand paysage. Cependant, lorsque nous avons parcouru l’exploitation, nous avons identifié 4 vues remarquables, offrant différentes perspectives en profondeur ou mettant en valeur certains éléments qui composent ce paysage :

Point de vue n°1

Point de vue n°1 : C’est une vue en direction de l’arrivée de la départementale 112, après son passage au-dessus de la voie ferrée. On peut clairement apercevoir le château d’eau de Mauguio, qui sert de repère visuel dans ce vaste paysage rural et nous rappelle le lien avec la ville de Mauguio. Point de vue n°2 : C’est une vue vers l’est depuis le cœur de l’exploitation. On y trouve un point d’intérêt majeur : un grand hangar en pierre massive. De plus, la vue est dégagée sur le territoire de plaines agricoles. Point de vue n°3 : C’est une vue vers l’ouest depuis la bordure de l’exploitation. Cette vue présente plusieurs plans de profondeur, avec une grande pommeraie à droite, une lisière arborée à gauche et une vue dégagée au centre où l’on peut apercevoir une route lointaine et des montagnes.

Point de vue n°2

Point de vue n°4 : On retrouve ici le repère visuel du château d’eau de Mauguio, avec en premier plan une zone cultivée, et sur la gauche, on distingue l’entrepôt existant. Le talus du franchissement de la voie ferrée par la D112 est également moins visible, car il se confond avec les lisières arborées de même hauteur. Point de vue n°3

La ville de Mauguio, invisible depuis le sol de l’exploitation, mais pourtant à proximité immédiate.

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Point de vue n°4

V.2.6 - Synthèse de l’analyse : Axe de la D112 et franchissement de la voie ferrée = un impact paysager très fort, mais permet une bonne desserte de l’exploitation; Arrivée du cheminement de cueillette de la stratégie à prendre en compte pour les mobilités douces. Bâtiments agricoles existants à préserver et zone à l’abandon qu’il faut réinvestir; Très faible topographie et présence de la Tramontane. Nuisances sonores venant de la départementale; Omniprésence de la viticulture à requestionner et masses végétales à développer; 4 vues remarquables sur le grand paysage à valoriser; Zone au Sud propice à l’implantation du cœur de la ferme pédagogique.

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V.3 - ZONE PROPICE À L’IMPLANTATION DES BÂTIMENTS DE LA FERME PÉDAGOGIQUE Après avoir analysé le site, nous avons décidé de choisir l’espace situé à la jonction entre la départementale et le chemin du Tauran comme zone d’intervention architecturale pour la ferme pédagogique. Cette décision repose sur plusieurs considérations : •

Tout d’abord, cet emplacement se trouve au point de reconnexion de la départementale avec la topographie naturelle, après le franchissement de la voie ferrée, ce qui en fait un emplacement stratégique.

•

De plus, c’est l’un des points les plus proches de la ville de Mauguio, situé au niveau de la limite sud de l’exploitation.

•

La surface de cette zone s’étend sur 2,3 hectares, ce qui est suffisant pour accueillir le programme que nous avons prévu.

•

La proximité de la départementale offre une grande visibilité, notamment pour les personnes qui arrivent depuis Mauguio, car ils seront surélevés par rapport au niveau du sol de la zone d’intervention et auront donc une vue plongeante.

•

De plus, cet emplacement permet de créer un accès facile à la départementale, ce qui est pratique pour les visiteurs, ainsi qu’à la route secondaire (chemin du Tauran) empruntée par les engins agricoles.

•

Dans le cadre de la stratégie territoriale, le cheminement de cueillette arrive en ce point pour rentrer dans l’exploitation, ce qui facilite l’accès aux modes de déplacement doux.

•

Enfin, cette zone est à proximité des principaux bâtiments existants, qui seraient donc accessibles rapidement.

La zone d’intervention architecturale

Nous implanterons donc dans cette zone les principaux bâtiments de la ferme, séparés entre une zone privée, semi-privée, et une zone destinée au public comme nous le verrons par la suite…

La jonction avec la D112 et l’arrivée en voiture

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Vues de la zone Orthophoto de la zone et de son contexte, réalisée à partie des prises de vues du drone

Scan 3D de la zone et de son contexte proche, réalisé sur Reality Capture par photogrammétrie

Arrivée sur la zone envisagée pour l’implantation des bâtiments de la ferme

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VI - LA FERME À CULTURE VI.1 - AMÉNAGEMENT À L’ÉCHELLE DE L’EXPLOITATION VI.1.1 - Intentions programmatiques à l’échelle de l’exploitation Pour aménager et valoriser l’exploitation agricole, nous avons établi des intentions programmatiques claires. Tout d’abord, nous souhaitons créer un parcours public à travers les champs, adapté aux mobilités douces, afin de permettre au public de découvrir l’exploitation, nos pratiques agricoles résilientes et les vues remarquables qu’elle offre. Ce circuit éducatif sera également connecté au cheminement de cueillette, favorisant ainsi la continuité avec la stratégie territoriale. Nous envisageons également de mettre en place des techniques d’agroécologie, telles que la création de bocages, pour favoriser une agriculture plus durable. De plus, nous prévoyons de changer les cultures existantes pour des cultures plus adaptées à une alimentation résiliente, en tenant compte des évolutions des régimes alimentaires et des effets du changement climatique.

Un verger libre d’accès investi par des habitant (Source : dna.fr)

Dans le cadre des aménagements paysagers, nous avons prévu la création d’un verger libre d’accès sur le parcours à travers les champs, pouvant servir d’aire de pique-nique pour les visiteurs. Nous souhaitons également d’aménager une parcelle dédiée à l’hortithérapie, une approche thérapeutique par le jardinage et les activités en lien avec la nature, destinée aux enfants, aux personnes en situation de handicap ou aux personnes âgées. De plus, nous prévoyons la création d’une forêt comestible proche de l’espace public, et d’une mare tampon pour gérer l’accumulation des eaux de ruissellement en point bas de l’exploitation. En ce qui concerne les bâtiments, nous envisageons principalement de les implanter dans la zone d’intervention architecturale que nous avons définie précédemment, en séparant clairement l’espace public de la partie privée. Nous avons également l’intention de mettre en place un hangar atelier mutualisé avec d’autres agriculteurs de la coopérative agricole, dans un espace facilement accessible par les autres exploitations. Par ailleurs, nous souhaitons conserver et mobiliser les bâtiments agricoles existants. Enfin, l’accueil du public et les besoins de l’exploitation nous ont conduit à travailler sur un fonctionnement qui limite la nécessité de passer du côté Est de la départementale, pour des questions pratiques.

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La forêt comestible, ou jardin-fôret, une association bénéfique de 7 couches de végétaux (Source : permaculturedesign.fr)

VI.1.2 - Évolution envisagée des surfaces cultivées Au niveau des surfaces cultivées, nous prévoyons plusieurs changements importants : • Développement des bocages : Nous souhaitons créer des zones de bocages comprenant des bandes fleuries, des haies et des arbres fruitiers à coques. Cela permettra d’encourager la biodiversité et d’attirer des auxiliaires bénéfiques pour les cultures. Les bocages serviront également de continuité au cheminement de cueillette. • Révision du parcellaire : Nous envisageons de réduire la taille des parcelles cultivées afin d’introduire davantage de diversité localement et de favoriser les interactions avec les bocages. Cela permettra également une meilleure délimitation des parcelles. • Amélioration de l’accessibilité des surfaces cultivées : Nous prévoyons de mettre en place des chemins agricoles pratiques afin de faciliter l’accès aux différentes zones cultivées. Nous chercherons à éviter les «cul-de-sac» et à optimiser la desserte des surfaces. • Transition anticipé de la viticulture : Nous allons remplacer l’intégralité des surfaces dédiées à la viticulture par d’autres cultures plus adaptées aux changements climatiques. • Augmentation de la production de légumes : Nous souhaitons accroître la part des légumes dans notre production pour répondre à la demande croissante. Nous nous concentrerons notamment sur des légumineuses tels que les lentilles, les haricots et le soja. • Développement de la permaculture et des rotations de cultures : Nous mettrons en œuvre des pratiques telles que la permaculture, la rotation et l’association des cultures. Ces approches rendent les productions moins sensibles aux aléas climatiques et favorisent la durabilité des systèmes agricoles. • Utilisation de techniques innovantes : Nous explorerons des techniques novatrices telles que les cultures sous ombrière agri-photovoltaïque organique. Ces cultures adaptées à un développement semi-ombragé, comme les légumes feuilles, les alliacées, les aromatiques, les radis ou les carottes, permettront également la production d’électricité. • Pratique du semis direct sous couvert vivant : Nous adopterons la pratique du semis direct sous couvert vivant, ce qui signifie aucun travail du sol préalable. Cela réduira notre utilisation de produits phytosanitaires et préservera la qualité du sol en favorisant le développement racinaire des cultures futures.

Enfin, nous souhaitons diversifier la production de l’exploitation en y introduisant l’élevage. Il s’agirait d’un troupeau réduit d’une douzaine de bêtes, mais mixte, avec des races rustiques comme l’Aubrac pour la production de lait ou la Limousine pour la viande. Il fonctionnerait sur la base du Pâturage Tournant Dynamique (PTD) 1, une pratique d’élevage qui permet de faire pâturer les bovins au meilleur stade de pousse de l’herbe, avec des parcelles réduites, mais nombreuses, et une rotation du troupeau tous les 1 ou 2 jours sur la parcelle suivante. L’herbe en excédent sera fauchée et récupérée pour alimenter le méthaniseur ou faire des stocks de fourrage. D’après nos calculs (cf. Annexe C - Calcul de la surface nécessaire aux paddocks), cela nécessiterait une vingtaine de paddocks de 4 000 m² en moyenne.

Exemple de paddocks en PTD (Source : wiki.tripleperformance.fr)

1 Le PTD est une approche de gestion des pâturages qui consiste à établir un équilibre entre la quantité d’herbe disponible et les besoins alimentaires des animaux. Son objectif est d’optimiser l’utilisation des pâturages en ajustant la charge animale et la durée de pâturage. Ainsi, il permet de prévenir le surpâturage et d’assurer une régénération adéquate de l’herbe.

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VI.1.3 - Parcours mobilités douces pour relier les vues Lors de notre analyse, que nous pouvons retrouver sur la carte ci-contre, nous avions constaté que la plupart des vues offraient une faible profondeur et étaient rapidement bloquées par des éléments du paysage environnant. Cependant, nous avions identifié 4 vues remarquables qui présentaient des vues en profondeur et mettaient en valeur des éléments clés du paysage. Nous avons donc décidé de structurer l’aménagement de l’exploitation en nous basant sur ces 4 vues, tout en intégrant nos grandes intentions. Point de vue n°1

Pour cela, il était nécessaire de relier ces différentes vues entre elles. Nous avons donc imaginé une boucle pour le parcours public à travers les champs, qui passerait par chacun des points de vue, tout en créant des aménagements spécifiques autour de chaque vue pour les mettre en valeur. Cette boucle sera également connectée à la stratégie territoriale par le cheminement de cueillette au sud et au nord. Comme nous le verrons par la suite, elle fera l’objet d’un traitement particulier en séquence pour prendre en compte les nuisances et aléas, et donner à voir au mieux les différentes parties de l’exploitation, tout en évitant les conflits d’usages.

Point de vue n°2

Point de vue n°3

Point de vue n°4

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Référence d’ambiance du chemiment imaginé (Source : evreux.fr/)

Parcours à créer entre les vues remarquables

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VI.1.4 - Gestion des nuisances et aléas Lors de notre analyse, nous avons identifié plusieurs nuisances et aléas qui doivent être pris en compte dans l’aménagement de l’exploitation, notamment pour protéger le parcours public. Les principales nuisances comprennent le bruit de la départementale, le vent provenant du Nord-Nord-Ouest (la Tramontane) et l’exposition au soleil dans les zones les plus sensibles. Afin d’accompagner le parcours à travers champs, nous avons mis en place différents types de bocages, comme indiqué sur la carte. Nous avons ainsi prévu des bocages persistants semi-perméables (représentés par de gros pointillés verts clairs) disposés perpendiculairement au sens du vent, qui agiront comme des brise-vent (cf. image ci-contre). Nous avons également prévu des bocages caduques (représentés par de gros pointillés verts foncés) pour offrir de l’ombre pendant l’été et laisser passer le soleil en hiver. De plus, nous avons mis en place des bocages qui joueront le rôle d’écrans acoustiques (représentés par une trame de points verts foncés) disposés parallèlement à la départementale. Bien que la végétation ait une capacité d’atténuation du bruit relativement faible (environ 5 dB), le fait de cacher la départementale 112 pour les utilisateurs du parcours a un effet psycho-acoustique notable et réduit artificiellement cette nuisance pour les promeneurs. Ces bocages jouent également un rôle important pour les cultures environnantes en favorisant la présence d’auxiliaires qui amélioreront les rendements agricoles. Ils contribuent également à la gestion des conflits d’usage en maintenant une distance entre le public et les surfaces cultivées. De plus, les bocages produisent des fruits à coque, ce qui s’accorde parfaitement avec le fonctionnement du cheminement de cueillette. VI.1.5 - Cheminements des engins agricoles et redécoupage parcellaire Le nouveau parcours public à travers champs contribue au redécoupage parcellaire que nous souhaitons mettre en place. En effet, en réduisant la taille des parcelles cultivées, nous introduisons plus de diversité dans les cultures sur un espace restreint et favorisons les interactions avec les bocages développés dans notre stratégie d’aménagement. Mais nous avons également remanié les cheminements destinés aux engins agricoles afin de les optimiser et de garantir une desserte facile de toutes les surfaces cultivées. En nous basant principalement sur le découpage parcellaire existant, nous avons déplacé certains de ces sentiers et en avons créé de nouveaux, en veillant à éviter au Les effets de la maximum le croisement des flux avec le parcours public pour prévenir les végétation sur le vent (Source : permaculturedesign.fr) conflits d’usage.

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111

VI.1.6 - Aménagement du parcours public et gestion des conflits d’usage Pour garantir une expérience agréable le long de la promenade à travers champs, nous avons travaillé sur un séquençage du parcours visible sur les différents profils en travers sur les pages suivantes. Nous avons utilisé divers moyens tels que les murs ha-ha, la topographie et les bocages qui servent également de filtres. Au niveau de chaque point de vue remarquable, on y retrouve un aménagement singulier (cf. coupe 2, 6 et 7). De plus, nous avons pris des mesures pour réduire les croisements entre les voies agricoles et les sentiers pédestres, afin de minimiser les conflits d’usage. Ainsi, chaque aspect de notre parcours public a été conçu pour offrir une expérience immersive et agréable tout en préservant l’intégrité des cultures et en évitant les perturbations entre les visiteurs et les activités agricoles.

Repérage des coupes sur le cheminement et les points remarquables

112

10 m

20 m

Coupe n°1 : Parcours public entre deux cultures

Coupe n°2 : Verger en libre accès et pavillon d’observation

10 m

20 m

Coupe n°3 : Parcours public avec les cultures à hauteur l’œil

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Coupe n°4 : Parcours public mis à distance par des fossés

114

10 m

20 m

Coupe n°5 : Virage du parcours et cabanon agricole existant

Coupe n°6 : Point d’observation sur le grand paysage

10 m

20 m

Coupe n°7 : Point d’observation surrelevé sur les surfaces cultivées

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VI.1.7 - Gestion des limites de l’exploitation Au sein de l’exploitation agricole étudiée, nous avons identifié quatre types de limites distinctes qui définissent son périmètre. Tout d’abord, il y a la limite qui est matérialisée par une route, figurée en bleu sur la carte d’analyse suivante. Cette frontière physique sépare l’exploitation agricole du reste du réseau routier, offrant une délimitation claire entre l’espace agricole et l’espace public. Ensuite, nous avons observé une limite mitoyenne, c’est-à-dire une frontière partagée avec d’autres parcelles agricoles voisines, elle est représentée en vert. Cette limite joue un rôle important dans la séparation des terres cultivées et dans le respect des droits de propriété des différents exploitants. Elle permet également de délimiter les zones d’intervention de chaque exploitant, tout en favorisant la cohérence et la continuité des pratiques agricoles. Pour qualifier ces limites et les inclure dans notre aménagement, nous avons mis en place 2 type de délimitation :

Haie bocagère basse, permettant la vue (Source : gerbeaud.com)

La première, en traits pleins sur la carte, est constituée de bocages denses et opaques, caractérisés par des haies bocagères multi-strates de forte densité. Ces bocages agissent comme des barrières naturelles, offrant une protection et une isolation visuelle entre l’exploitation agricole et les zones environnantes. Ils contribuent à préserver l’intimité de l’exploitation tout en favorisant la biodiversité en fournissant un habitat propice à de nombreuses espèces animales et végétales. De plus, sa forte densité nous permet de cadrer ponctuellement des vues intéressante sur l’extérieur de l’exploitation, notamment au niveau du point de vue n°4, sur la bordure Ouest de l’exploitation. La seconde, en pointillés sur la carte, se compose de bocages peu denses, avec une végétation basse et des haies fruitières. Contrairement au premier type de délimitation, ces masses végétales permettent une certaine transparence visuelle. Elles sont ainsi positionnées stratégiquement pour offrir des vues intéressantes sur les environs. Ces bocages peuvent être aménagés de manière à créer des paysages esthétiques tout en maintenant une certaine séparation entre les différentes zones de l’exploitation.

Haie bocagère dense, obstruant la vue (Source : longuenee-en-anjou.fr)

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Qualification du périmètre de l’exploitation

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VI.1.8 - Nouvelle répartition des cultures Sur la carte des cultures projetée, ci-après, nous pouvons observer la nouvelle répartition des cultures au sein de l’exploitation. Tout d’abord, la viticulture a été entièrement transformée et remplacée par des cultures plus adaptées aux changements climatiques à venir. De plus, nous pouvons constater le développement des bocages, notamment le long du parcours à travers les champs, ce qui améliore les rendements des surfaces cultivées en plus d’être un relais important de biodiversité. Les parcelles cultivées sont de taille réduite et sont aménagées en fonction de la hauteur des cultures, offrant ainsi une variation d’ambiance le long du parcours public tout en préservant les vues structurantes. Par exemple, au niveau du point de vue n°2, une vaste étendue de prairies dédiées au Pâturage Tournant Dynamique (PTD) permet une vue dégagée sur le hangar en pierre massive à l’Est. À ce propos, le Pâturage Tournant Dynamique se déroule sur 22 Paddocks allant de 3 500 à 5 000 m², conformément aux calculs que nous avions réalisés (cf. Annexe C - Calcul de la surface nécessaire aux paddocks). L’ajout de ce système d’élevage permet la production de lait et de viande bovine. Nous pouvons voir que le PTD est situé à l’est de l’exploitation, de part et d’autre de la départementale. Cela permet de limiter la nécessité de traverser cette route, car le pâturage s’effectue de manière autonome et le troupeau réduit peut pâturer la même parcelle pendant parfois deux jours d’affilée. La carte révèle également une augmentation de la production de légumes pour répondre à la demande. Les légumes sont présents sous différentes formes : légumes racines, légumes feuilles cultivés sous des ombrières agriphotovoltaïques organiques pour la production d’électricité, légumineuses associées à des céréales (sorgho et orge) et cultivées selon les principes de la permaculture, ainsi qu’une petite partie cultivée sous serre pour une disponibilité toute l’année. Toutes ces cultures ne sont pas immuables. Au contraire : elles sont en rotation ! On peut d’ailleurs observer la présence d’intercultures, qui sont des couverts végétaux (de trèfles notamment) plantés entre chaque culture pour éviter d’avoir à travailler le sol. Il est également important de noter que La Ferme à Culture fonctionne en étroite collaboration avec le méthaniseur. L’exploitation fournit des matières premières telles que des couverts végétaux, des cultures intermédiaires, de l’herbe excédentaire et du fumier, et en retour, elle récupère du biométhane qui alimente les engins agricoles.

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Production agricole de la Ferme à Culture

0 ha de vignes

5,9 ha de bocages (production de fruits à coques)

1,2 ha de serres 2,3 ha au stade de l’interculture (trèfles), en attente de semis direct de légumineuses sous couvert vivant 3,1 ha de Vergers 4,7 ha de légumes-racines 5,1 ha de légumes feuilles cultivés sous ombrières agri-photovoltaïques organiques pour la production d’électricité. 6,4 ha de légumineuses et de céréales (sorgho et orge) associées en permaculture 9,5 ha de prairies destinées au Pâturage Tournant Dynamique (PTD)

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VI.2 - LE PROGRAMME BÂTI DE LA FERME PÉDAGOGIQUE VI.2.1 - Intentions programmatiques de l’ensemble bâti Dans le cadre du projet de la Ferme à Culture, nous souhaitons créer un ensemble de bâtiment privés et publics. Nous voulions ici parler en détail du programme que nous souhaitons mettre en place. Les bâtiments agricoles et privés : •

•

Un hangar atelier mutualisé avec d’autres agriculteurs de la coopérative agricole, dans un espace facilement accessible par les autres exploitations. Pour cette infrastructure, nous avions déjà repéré un emplacement stratégique au Nord de l’exploitation, visible sur les cartes précédentes. Un grand bâtiment agricole qui réunit un hangar et une grange. La grange serait dimensionnée pour fonctionner comme séchoir solaire, une pratique qui améliore la valeur des fourrages et la structure du bâtiment serait étudiée pour laisser une possibilité d’extension.

•

Un bâtiment d’élevage, regroupant étable, laiterie et salle de traite. Il constituera le point de départ du Pâturage Tournant Dynamique (PTD) et sera également ouvert ponctuellement pour le public.

•

Un extension pour le logement des exploitants.

•

Des logements juxtaposés pour 3 saisonniers et wwoofers. Il s’agirait de logements traversants disposant d’espaces privés extérieurs.

•

Un gîte agricole pour développer l’agrotourisme, avec un espace extérieur pour les clients.

Au cœur de la Ferme à Culture on retrouvera aussi une place et des bâtiments destinés au public, à savoir : •

Un espace d’accueil à l’entrée de la ferme, avec un espace de documentation sur le projet de la Ferme à Culture pour encourager la création de projets similaires.

•

Une épicerie paysanne « Le Panier Fermier », qui permet de vendre en direct la production de la ferme et des espaces de transformation, ainsi que de l’équipement pour la permaculture. Elle serait proche d’un parking végétalisé comportant une aire de livraison.

•

Un restaurant « Graines de Saveurs », proposant des menus sur la base des productions de la ferme.

•

Une salle d’exposition sur la résilience alimentaire.

•

Une salle polyvalente. Elle serait louable par les particuliers, servirait à l’accueil d’évènement en lien avec l’alimentation et l’agriculture, et pourrait communiquer avec la salle d’exposition pour pouvoir l’étendre ponctuellement.

•

Des ateliers pour les activités pédagogiques de la ferme.

•

Un local à outils proche d’espace de culture visibles par le public, et accessible facilement par les ateliers.

•

Un local vélo, proche de l’entrée de la ferme.

•

Un espace de location et de réparation de vélos.

•

Des sanitaires publics.

•

Un ensemble d’espaces de transformation, pour les adhérents d’une association qui les forme pour utiliser l’équipement : - Une meunerie artisanale pour transformer en farine les noisettes, amandes et châtaignes produites par les arbres à fruits coques au niveau des bocages, du cheminement de cueillette et de la forêt comestible. - Un espace de transformation de fruits et légumes. - Une miellerie, proche de son rucher participatif.

121

VI.2.3 - Tableau des surfaces

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VI.3 - IMPLANTATION DES BÂTIMENTS VI.3.1 - Références pour les grandes intentions spatiales Avant de commencer à rentrer réellement dans le projet architectural, nous avons eu une phase préliminaire de recherches sur les grandes intentions spatiales que nous souhaitions mettre en place. Voici quelques-unes des références qui nous ont inspiré durant notre phase de réflexion sur l’implantation des bâtiments.

Intention spatiale

Mise à distance / dissuasion

Cadrage pour valoriser, mettre en avant

Illustrations

Cacher puis révéler la vue

Attirer et guider

Organisation autour d’une cour

Marquer l’entrée

Donner à voir des plans de profondeur - Transparence

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grange à séchoir solaire réunis dans un bâtiment agricole, ainsi que la résidence de séjour temporaire comprenant les logements destinés aux saisonniers et wwoofers d’une part, et le gîte d’autre part. Ces espaces sont mis à distance de la partie réservée au grand public par des surfaces dédiées à l’horticulture et des aménagements paysagers qui nous permettent de gérer la question de la domanialité, comme nous le verrons par la suite.

Prémices de l’implantation des bâtiments, sur le modèle des fermes à cour fermée

VI.3.2 - Stratégie d’implantation finale Notre stratégie d’implantation finale résulte d’une réflexion menée sur la réinterprétation des fermes à cour fermée, une référence à l’organisation traditionnelle de certaines fermes où la cour centrale permettait de desservir tous les bâtiments principaux. Cette forme d’organisation nous est venue instinctivement dès le début de la conception, aux prémices de l’implantation des bâtiments, comme vous pouvez le voir sur un ancien plan masse ci-dessus. Nous avons voulu déconstruire cette image pour lui apporter des qualités spatiales, et l’adapter à notre programme, qui comprend à la fois des espaces publics ouverts et des espaces dédiés aux exploitants. Ainsi, nous avons d’abord cherché à séparer les flux, pour que le grand public perturbe le moins possible le travail des agriculteurs. Dans cette logique, nous avons implanté la zone privée à l’ouest, pour faciliter la connexion avec les espaces privés existants, et nous avons utilisé le raccordement du cheminement agricole créé dans la stratégie comme voie de desserte pour le nouveau bâtiment agricole, comme vous pouvez le voir sur la carte ci-après. À l’est, nous avons aménagé la zone publique autour de la connexion entre le cheminement de cueillette et le début du parcours à travers champs, qui était axé sur le château d’eau de Mauguio. Dans la partie ouest, nous retrouvons les espaces de vie privés, le hangar et la

124

À l’est, nous retrouvons l’ensemble des bâtiments publics organisés selon plusieurs grandes intentions spatiales. Tout d’abord, on remarque le bâtiment d’informations avec l’accueil, mis en valeur par une façade vitrine offrant de la visibilité à la ferme depuis la départementale. Cet effet est renforcé par l’implantation d’une mare tampon en point bas, qui crée une tension visuelle pour les visiteurs piétons au niveau de la séquence d’entrée, grâce au contraste entre cet aménagement paysager bas d’un côté et un espace de végétation haute de l’autre. Les visiteurs arrivent ensuite au niveau du parvis commerçant, qui servira à la vente occasionnelle de plants et de semis de variétés rustiques/ anciens légumes, ainsi qu’à un marché de la seconde chance pour les invendus du marché de Mauguio et pour les petites exploitations en permaculture avoisinantes. C’est une extension logique de l’épicerie paysanne «Le Panier Fermier», à l’extrémité du bâtiment de transformation et de vente. L’autre partie du bâtiment est occupé par les espaces de transformation (miellerie, meunerie et atelier de transformation de fruits et légumes) gérés par une association, et desservis par un patio central fermé. Il est juxtaposé à une « forêt comestible » à l’ouest, et au parking végétalisé de la Ferme à Culture, qui comprend un espace de livraison servant également d’arrêt pour la navette parcourant l’axe stratégique de Mauguio. Après avoir dépassé l’accueil, les visiteurs se retrouvent entre deux espaces de végétation décaissés et aperçoivent les différentes parties du bâtiment d’information le long du chemin (salle polyvalente, salle d’exposition). Ensuite, ils arrivent sur la place de la pratique, en face du restaurant et en continuité avec les ateliers du bâtiment pédagogique. Cette place, agrémentée d’arbres d’ornement, offre un espace de terrasse agréable aux clients du restaurant. Le cheminement est alors détourné pour masquer temporairement l’alignement afin de mieux le redécouvrir par la suite. Au nord du restaurant, nous retrouvons le parvis de l’escapade, qui fait office de vitrine pour l’espace de location et de réparation de vélos, et peut également servir de terrasse supplémentaire si nécessaire pour le restaurant. Le parcours à travers champs se poursuit entre une large noue paysagère et un espace vitrine destiné à mettre en lumière les différentes pratiques de la permaculture. Enfin, au point de jonction avec la boucle du parcours, se trouve le bâtiment d’élevage regroupant l’étable, la salle de traite et la laiterie, ouvert occasionnellement au public pour des visites. Le parcours à travers champ continue ensuite avec la boucle de découverte de l’exploitation et de ses différentes cultures et pratiques innovantes.

Stratégie d’implantation finale

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VI.3.3 - Gestion de la domanialité au sein des espaces créés Pour garantir le bon fonctionnement de notre stratégie d’implantation et gérer au mieux les séparations entre les différentes entités, nous avons accordé une attention particulière à la gestion de la domanialité au sein des espaces créés. Nous avons établi une gradation du privé au public (voir carte ci-dessous), en délimitant des espaces privés (habitation des exploitants), des espaces collectifs privés (logements saisonniers et bâtiments agricoles), des espaces semi-publics (gîte) et des espaces publics accessibles librement. Les pages suivantes présentent différentes coupes mettant en évidence le rôle des noues paysagères, des bocages et des murets en pierre sèche qui marquent ces limites avec mise à distance spatiale, et parfois, visuelle.

Repérage des coupes sur la gestion de la domanialité

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10 m

20 m

Coupe n°1 : Séparation du chemin du Tauran

Coupe n°2 : Entrée véhicule de la zone du collectif privée

Coupe n°3 : Accès piéton à la zone du collectif privée

Coupe n°4 : Séparation entre collectif privé et espace public cultivé

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10 m

20 m

Coupe n°5 : Mise à distance de l’entrée du gîte

Coupe n°6 : Séparation entre l’extérieur du gîte et les espaces extérieurs des logements saisonniers

Coupe n°7 : Séparation entre les espaces extérieurs du gîte et la forêt comestible

Coupe n°8 : Large séparation entre l’espace privé des exploitants et le parcours public

VI.4 - PROJET ARCHITECTURAL DÉTAILLÉ VI.4.1 - Choix de la zone Pour aller plus loin dans le projet architectural, il a fallu déterminer une zone précise à développer. Ainsi, il semblait pertinent de se pencher davantage sur le cœur de la Ferme à Culture puisqu’on y retrouve ses bâtiments phares destinés au public, un cheminement piéton le traversant et de nombreux espaces extérieurs aménagés. Comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessous, la zone encadrée correspond à la zone développée.

VI.4.2 - Répartition des bâtiments Nous avons réparti les bâtiments selon leur positionnement Nord/Sud, ainsi les bâtiments au nord, en marron sur la carte ci-dessous, de la Place de la Pratique (le restaurant « Graines de saveurs » et le bâtiment pédagogique) seront dessinés par Torea alors que les bâtiments sur la partie sud (le bâtiment d’informations et le bâtiment transformations et ventes), en vert sur la carte ci-contre, seront poussés architecturalement par Max. Pour garder une cohérence architecturale au sein du cœur de la Ferme à Culture, nous avons établi des règles communes qui vous pourrez retrouver à la page suivante.

Bâtiments développés dans le cadre du PFE

Répartition des bâtiments

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VI.5 - RÈGLES COMMUNES STRUCTURE BOIS ET ISOLATION PAILLE

MOBILISER LA FORTE ÉPAISSEUR DES MURS

EXPRESSION D’UNE TRAME

INCLINAISON TOITURE DE 15° À 30°

MATÉRIAUX DE FINITION

PIERRE SÈCHE 130

BOIS

MISE EN PLACE DE FAÇADES VÉGÉTALISÉES

ZINC

ENDUIT TERRE

GRIMPANTES

CONCLUSION Pour conclure, le projet de la Ferme à Culture résulte d’un long travail de recherche ponctué par de multiples analyses multiscalaires, allant de l’échelle de l’Hérault celle du projet architectural. Nous avons pu voir dans un premier temps que la question de la transition alimentaire était une thématique essentielle face aux défis actuels tels que la croissance de la population, le changement climatique et la rareté des ressources. De plus, le modèle dominant de l’agriculture intensive a des impacts environnementaux destructeurs, nécessitant une évolution vers des pratiques agricoles plus durables et respectueuses de l’environnement. La sensibilisation à ces enjeux grandit, et des actions en faveur de la transition alimentaire émergent, comme l’adoption de pratiques agroécologiques et la diversification des cultures. Il est crucial de promouvoir une consommation responsable et de favoriser les circuits courts pour réduire notre empreinte écologique et soutenir les producteurs locaux. Notre stratégie territoriale découle de ces observations, puisqu’elle a pour but de mettre en lumière les différentes actions possibles pour tendre vers une certaine résilience alimentaire et reconnecter villes et milieux agricoles. Pour ce faire, nous avons mis en place de nombreuses interventions jouant un rôle dans un - ou plusieurs - domaines du cycle production-consommation, et réparties dans un territoire d’étude allant de l’Est de Montpellier à la ville de Lunel, le long du canal Philippe Lamour. Cette stratégie se base sur différents axes structurants qui permettent des connexions dans l’épaisseur du territoire d’étude, comme l’axe stratégique de Mauguio, composé de 6 points polarisants correspondant à plusieurs interventions possibles du cycle. La Ferme à Culture est l’un de ces points polarisants. Cette ferme pédagogique se situe dans un paysage de plaines agricoles au Nord de la ville, dans les limites d’une exploitation existante de 45 hectares marquée par un modèle d’agriculture intensive pauvre en biodiversité. En réinterrogeant la viticulture, elle se positionne comme une exploitation exemplaire de transition et de transmission démontrant au grand public la viabilité et la rentabilité des pratiques agroécologiques. Son parcours à travers champs permet ainsi de découvrir un mode d’agriculture durable concentré sur des cultures résilientes. Son cœur de ferme accueille plusieurs bâtiments publics centrés sur l’information, la pédagogie, la pratique, la transformation, la distribution et la consommation, permettant aux visiteurs de mieux appréhender la transition alimentaire et de s’informer sur ces questions émergentes. En combinant ces différents espaces fonctionnels, la Ferme à Culture peut donc fonctionner de manière holistique et durable, offrant des aliments frais et sains, des espaces de vie communautaires, des espaces de transformation pour ajouter de la valeur aux produits agricoles, ainsi que des zones naturelles et agricoles régénératrices pour les visiteurs et les résidents-exploitants. Elle se présente ainsi comme un point incontournable de l’axe stratégique de Mauguio, et participe activement à la mise en place d’une économie locale, agricole et nourricière résiliente pour reconnecter la ville et le milieu agricole qui l’entoure.

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BIBLIOGRAPHIE Documentation

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Articles en ligne

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ANNEXES

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A - Évolutions de Mudaison et Valergues au cours du temps

Cas de Mudaison

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Cas de Valergues

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B - Calcul du potentiel de transport de marchandises par vélos cargos sur la voie verte D’après nos recherches, il existe de très nombreux modèles de vélo cargo avec des capacité et des fonctionnalités différentes. Cependant, nous avons identifié deux grandes catégories de vélo cargo : 1 - Les vélos cargos de « petit » gabarit : - Capacité de 100 à 150 Kg (nous retenons une moyenne de 125 Kg) - Possibilité d’assistance électrique (généralement avec) 2 - Les vélos cargos de « grand » gabarit : - Capacité de 200 à 300 Kg (nous retenons une moyenne de 250 Kg) - Avec assistance électrique - Possibilité d’avoir un contenant réfrigéré Généralement, sur un terrain plat (comme c’est le cas pour la voie verte), les vélos cargos roulent à une vitesse avoisinant les 20 à 25km/h et leur assistance électrique leur permet une autonomie de 4 à 5h. Dans notre stratégie, Mauguio est un point central du parcours des marchandises sur la voie verte. En effet, d’un côté l’arrêt de tram de la ligne de tramway 3 de Montpellier n’est qu’à 8,5 km, et de l’autre, Lunel est à 14 km. La ville disposera donc d’un pôle mobilité dédié au vélo-cargos, avec des espaces adaptés pour les stocker et les recharger.

Vélo cargo de « petit » gabarit

On a donc un parcours de 22,5km en tout, qui peut être parcouru en 1h environ pour un vélo cargo. Si l’on prend Mauguio comme point de départ, chaque vélo cargo partira avec une cargaison et pourra donc repasser au moins 4 fois au pôle mobilité récupérer de nouvelles marchandises et en décharger si besoin. Si on met en place une « flotte » de 12 vélos cargos, avec 6 vélos de petite capacité et 6 de grande capacité, cela permet d’avoir un fonctionnement par roulement avec 6 vélos par demi journée (les vélos de la première partie de la journée se rechargent l’après-midi). On se retrouve ainsi avec un potentiel de transit de 2,25 Tonnes (6x125 Kg + 6x250 Kg) qui pourront être rechargés 4 fois. On peut donc faire transiter environ 11,25 Tonnes (2,25 T x 5) - voire même 13,5 T (si on compte un 5ème rechargement) - de marchandises le long de la voie verte chaque jour. Vélo cargo de « grand » gabarit

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C - Calcul de la surface nécessaire aux paddocks Tout d’abord, notons que pour une prairie, le temps de repousse pour un cycle complet est de 40 jours en moyenne1. On souhaite avoir un cheptel - c’est à dire un troupeau - de 6 BL (Bovin Lait), des vaches de race Aubrac pour la production de lait, et 6 BV (Bovin Viande), des vaches de race Limousine pour la production de viande. Or, la consommation moyenne des BL est de 16kg d’herbe par jour, et celle des BV est de 12kg d’herbe par jour2. On a donc une consommation totale moyenne du troupeau de 168kg par jours (16x6+12x6). Selon l’état d’une prairie, la quantité d’herbe disponible pour le pâturage variera. Ainsi, une prairie en mauvais état fournit environ 700kg MS/ha (Matière sèche par hectare), et une prairie en très bon état fournit environ 1000kg MS/ ha3. Nous prendrons donc en considération une valeure moyenne de 850kg MS/ha.

Explication du temps de repousse d’une prairie (Source : alpad40.fr)

En reprenant les 168Kg de MS par jours nécessaires à notre troupeau, on a donc besoin de 168/850 = 0,1976 ha, soit 1976 m², que l’on arrondira à 2000m² : les vaches ont donc besoin de consommer 2000m² de prairie par jour. Ainsi, si on part du principe qu’on les laisse 2 jours dans les mêmes paddocks, il nous faut des paddocks de 4000m² en moyenne. Pour qu’elles puissent faire une rotation de 40j (cycle complet de régénération de la prairie au stade optimal4), il faudra donc 40/2=20, soit une vingtaine de paddocks de 4000m² en moyenne, c’est à dire 80 000m² de paddocks ou 8ha, que l’on arrondira à 9,5ha pour avoir de la marge en été ou en hiver, ou la pousse de l’herbe est plus lente. Durant les autres saisons, cette marge constitue un excédent de fourrage qui pourra être valorisé pour produire du biogaz grâce au méthaniseur.

1 Euskal Herriko Laborantza Ganbara, Pâturage Tournant Dynamique PTD, 2021, pp. 90, En ligne : http://www.alpad40.fr/images/PDF/Formations/PTD%20110221.pdf 2

ibid.

Planification d’un PTD (Source : osez-agroecologie.org)

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