Chronique | Marie-Josée Taillefer
Se retrouver, pour mieux se comprendre La nécessité du contact humain dans la communication Normaliser les problèmes auditifs est un travail constant pour désamorcer les fausses croyances et réduire les conséquences sur la qualité de vie des personnes aux prises avec une perte d’audition. Parmi les différents impacts, la perte auditive peut mener à une altération de l’image de soi, les personnes touchées rapportant une diminution de l’estime et de la confiance personnelles. Plusieurs d’entre elles craignent d’être jugées moins compétentes, moins vives d’esprit ou encore de paraître plus âgées1 ; des préjugés qui n’ont plus leur raison d’être aujourd’hui.
La sensibilisation : un enjeu du domaine des communications Pour bien communiquer, plusieurs facteurs doivent être réunis ; d’une part, il faut partager le même langage que l’autre, d’autre part il faut être en mesure de joindre nos publics en utilisant les canaux ou les espaces privilégiés par ceux-ci. En d’autres mots, il faut aller chercher notre audience là où elle se trouve. Dans le contexte précis de la santé auditive, des défis existent pour transmettre ces messages de façon efficace puisque, par sa nature, la perte auditive agit comme un frein à la communication. Plusieurs études démontrent par ailleurs que les personnes sourdes et malentendantes éprouvent encore davantage de difficultés lorsque vient le temps de s’informer adéquatement en matière de santé2. Depuis les deux dernières décennies, les professionnels exerçant au sein des cliniques Lobe ont appliqué une stratégie en apparence toute simple, mais qui nécessite un effort d’idéation et un renouvellement constant pour joindre les personnes atteintes d’une perte auditive : multiplier les canaux de communication et les points de contact. Par l’organisation d’événements rassembleurs, à l’échelle locale et provinciale, nous avons su réduire au minimum ces obstacles et contribuer à démocratiser l’accès à l’information et aux soins de santé auditive.
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Parmi ces différents canaux, ceux qui impliquent une interaction directe sont ceux qui fonctionnent le mieux. Comme êtres humains, nous sommes tous programmés pour analyser une infinité de signaux qui vont bien au-delà de la parole lorsque nous échangeons, tels que les expressions faciales, la chaleur et le ton de la voix, la posture et les gestes, etc. Les personnes malentendantes, en général, dépendent davantage de ces indicateurs contextuels en situation de communication3. Ce dernier point s’est avéré encore plus vrai pendant la pandémie. Si nous avons tous souffert du manque de contacts sociaux, les personnes malentendantes ont dû subir un poids supplémentaire ; outre le port du masque, dont les effets nuisibles ont été documentés4, la distanciation physique a contribué à appauvrir considérablement les occasions de communication. Étant impliquée depuis 2017 dans les activités du réseau en tant qu’ambassadrice des cliniques Lobe et de la santé auditive, j’ai moi-même pu constater l’importance de la présence et de l’interaction directe lorsqu’on cherche à établir efficacement des liens avec les personnes malentendantes. Les conférences et les séances d’information, les journées de sensibilisation, les kiosques et autres actions sur le terrain sont les initiatives les plus porteuses : le face-à-face, le fameux « présentiel », demeure le contexte le plus riche lorsqu’on veut comprendre et être compris. Le contact humain, par ses nuances, sa chaleur, et sa complexité, demeure l’outil de communication, et de sensibilisation, numéro un. Cette photo a été prise avant la pandémie.
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