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Étude sur la perte auditive et la santé cognitive
Étude sur la perte auditive et la santé
cognitive
La perte auditive est reconnue depuis plus de 3500 ans et, jusqu’à récemment, on la traitait uniquement pour aider les personnes touchées à percevoir et à localiser les sons ainsi qu’à améliorer leur reconnaissance de la parole. Ce sont certainement des aspects importants, mais ce n’est qu’au cours des 20 dernières années que la recherche médicale a dévoilé les effets de la perte auditive sur la santé globale.
Lorsqu’une personne est malentendante, l’effort accru qu’elle doit fournir pour communiquer peut l’amener à se retirer de certaines activités et à être rejetée par ses contacts sociaux. L’isolement social et la solitude qui en résultent peuvent se traduire par une mortalité prématurée; on observe notamment une augmentation de 29 % du risque de maladie coronarienne, de 32 % du risque d’accident vasculaire cérébral et d’environ 50 % du risque de développer une démence. Le lien entre la solitude et ces problèmes de santé chroniques n’est pas totalement établi, mais les scientifiques pensent que la solitude met le système nerveux en état d’alerte permanent (réaction de lutte ou de fuite). Si une brève montée d’adrénaline peut nous sauver la vie en cas de menace immédiate, un flot continu de substances neurochimiques est dommageable pour le cœur, le cerveau et d’autres organes. C’est toutefois la recherche publiée par le Dr Frank Lin, de l’Université Johns Hopkins, qui est sur le point de changer la trajectoire des soins de santé auditive. En 2011, son étude
déterminante a montré que même une perte auditive légère
double le risque de démence. Des études ultérieures ont révélé que la perte auditive triple le risque de chute et que les résultats d’imagerie cérébrale des personnes atteintes d’une perte d’audition indiquent un taux accéléré d’atrophie du cerveau. Là encore, les mécanismes sous-jacents ne sont pas prouvés, mais la « charge cognitive » est probablement en cause : le cerveau travaille tellement fort simplement pour traiter les sons et interpréter le langage qu’il reste peu de capacité de traitement mental pour apprendre. Sans apprentissage, les humains ne forment pas de nouvelles connexions neuronales, et leur capacité à effectuer plusieurs tâches à la fois, ce qui est nécessaire pour réaliser des activités telles que la marche en toute sécurité, est également réduite.

Les appareils auditifs peuvent-ils réduire ces risques ? La réponse définitive sera connue d’ici un an. Le Dr Lin dirige l’étude ACHIEVE sur l’évaluation du vieillissement et de la santé cognitive chez les aînés, financée par les National Institutes of Health (NIH) des États-Unis ; il s’agit du premier grand essai contrôlé randomisé visant à déterminer si les appareils auditifs modifient la trajectoire du déclin cognitif des participants. Une petite phase pilote de l’essai a été achevée en 2017 et a montré que les appareils auditifs ont un effet bénéfique. Si cet effet est confirmé lors de la publication des résultats complets de l’étude ACHIEVE vers la fin 2022 ou le début 2023, les répercussions dans les secteurs cliniques et de santé publique seront considérables pour les 20 prochaines années.
Dre Archelle Georgiou