Magazine Francophonie RFI no 14

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N°14 JUIN 2012

220 Millions de locuteurs de français dans le monde


édito

LE DÉSIR DE FRANÇAIS La langue française est le ciment de l’Organisation Internationale de la Francophonie car la très grande majorité des Etats membres n’a pas le français comme langue maternelle. Mais en même temps, 33 pays ont le français comme langue officielle ou langue de travail.

Clément Duhaime, la langue française est une langue de culture, connue en littérature, en poésie, mais elle est aussi un ferment sur lequel reposent d’autres utilisations de cette langue comme par exemple en politique, en économie ou dans le domaine scientifique. Quelle est alors la place du français ? Il est vrai que le français est plus visible dans le domaine de l’enseignement mais il est présent aussi en politique. Par exemple, quand on réunit à Paris toutes les écoles de formation aux forces de maintien de la paix, le français reste important car l’on sait bien que l’emploi de cette langue partagée aura des conséquences à l’ONU et sur les contingents de la paix qui doivent parler la langue de la population ou la langue de l’Etat pour qu’il n’y ait pas de problème. Quand on réunit les Académies diplomatiques internationales pour en faire un réseau francophone, on fait en sorte que le français reste l’une des grandes langues de la diplomatie mondiale. Ou quand on multiplie les groupes d’ambassadeurs francophones, pas seulement ceux présents à l’OIF mais aussi à l’UNESCO, aux Nations Unies, à l’Union africaine, à l’Union européenne, c’est aussi politique. Ainsi, les pays qui ont adhéré à l’OIF ont cet avantage de bénéficier d’un environnement politique très important avec 75 Etats, le tiers de l’ONU, mais ils ont aussi des obligations à respecter. Si on partage ensemble des valeurs de démocratie, de solidarité, de liberté, il faut que cela puisse être exprimé. Ces groupes sont pour nous des réseaux extraordinaires : on vient de signer une entente avec la Commission de l’Océan indien, on en formalise une avec l’ASEAN, une autre existe déjà avec l’Union africaine, on discute avec le Forum des élus du Pacifique, etc. Cela permet aux francophones de faire entendre leurs voix, une manière pour le français de contribuer à la diversité linguistique. Même chose dans le domaine scientifique, où l’AUF, par ses programmes, mobilité des chercheurs, mobilité des étudiants, fait en sorte que le français reste une langue utilisée dans toutes les formes de création. Le Forum de la langue française de Québec, qui se tiendra en juillet prochain, sera la vitrine de toutes ces actions. S’il n’y a pas un engagement politique fort à tous les niveaux, le français va reculer !

Les Français ont-ils conscience de la richesse de leur langue et de l’impact qu’elle peut avoir dans le monde, ou sont-ils ignorants ou encore arrogants ? Les Français aiment leur langue, même s’il y a une démission de certaines élites qui ont une fascination pour l’anglais comme si l’anglais était la langue de la modernité. Si les Québecois et les Africains éprouvaient cette même attraction, ils ne créeraient pas, que ce soit dans les domaines culturels ou économiques comme ils le font. Les Français ne se sentent pas encore suffisamment menacés comme le Québec a pu le ressentir avec 8 millions de personnes parlant

français entourées de 350 millions d’anglophones. La France a une responsabilité historique en la matière, le français est parti d’ici et d’autre part, la langue est aussi liée à l’économie : regardez du côté de l’Afrique avec 1 milliard d’habitants, 2 dans 30 ans, 600 millions de francophones, une économie à 6%, un rêve pour l’Europe, un potentiel extraordinaire dans les 20 prochaines années, c’est aussi à prendre en considération. Ce seront quelques unes des questions abordées au Forum de Québec avec les jeunes congressistes : estce que le français dans le secteur économique a encore de l’avenir, est-ce qu’on va trouver des emplois, est-ce que le français dans les industries culturelles est encore présent ? Ce brassage d’idées nous permettra peut-être d’être plus optimistes pour l’avenir. Au Nigéria, en Ethiopie, en Afrique du Sud ou au Vietnam, on a remis le français dans le système scolaire car il y a un réel désir de français dans de nombreuses régions du monde. Mais le vrai défi à relever, ce sont les moyens. Plurilinguisme, multilinguisme, diversité des cultures, l’OIF va même plus loin en privilégiant les langues locales. Parce qu’une langue, c’est une identité, une culture, une histoire, le respect de l’autre ? Je reste convaincu que l’OIF est plus moderne qu’elle ne l’a jamais été parce qu’elle a compris que le dialogue des cultures, le respect de l’autre passe par une connaissance d’autrui, mais dans sa différence. Le fait que cette Organisation ait investi pendant 40 ans dans les langues nationales, alors qu’hier on se moquait d’elle en arguant qu’elles allaient disparaître, elle avait fait là un choix stratégique, celui de s’intéresser aux grandes langues africaines transfrontalières plutôt qu’aux 2 à 3000 langues qui existent sur le continent, aux langues que les Etats ont choisies comme langue officielle, en les accompagnant pour les codifier et établir des grammaires bilingues. Une action similaire a été menée avec le créole, avec la langue arabe, ce qui fait qu’aujourd’hui notre discours sur le multilinguisme repose sur des bases solides et qu’il est devenu un discours d’expérience. Ce qui s’est avéré efficace lors de la reconstruction d’Haïti, après les révolutions arabes comme dans les pays africains où la décision a été prise de garder les langues locales, le wolof, le bambara à côté du français. Je précise encore que le français, avec l’anglais, présent sur les 5 continents, est la seconde langue la plus enseignée et une des 10 langues les plus parlées dans le monde. Si l’OIF n’était qu’une agence linguistique, les gens pourraient nous dire que notre combat est vain. Au contraire, dans tous les domaines, avec nos réseaux d’experts, nous donnons la possibilité à tous de faire entendre leurs voix car nous savons que c’est dans sa langue qu’on est le mieux à même d’exprimer des idées. De 23 membres au début, l’OIF en a aujourd’hui 75, c’est peut-être dû à l’originalité du combat que nous menons

Entretien Vicky SOMMET avec Clément DUHAIME Administrateur de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) 2 Francophonie /juin 2012

Sommaire N°14 JUIN 2012

P.2 Clément DUHAIME Edito P.4 Audrey DELACROIX Le français aux JO P.5 Flavien OSANNA L’Afrique en bleue

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P. Tiken Jah FAKOLY Une langue véhiculaire

P.7 Emmanuelle BASTIDE Crise du français P.8 Y.GASSE/G.LEMOINET L’entrepreneuriat P.9 Maria SARBU Le FLE en Roumanie P.10 Michel AUDET Le Forum de Québec P.12 Bruno MARCHAL Réseaux sociaux

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P. Emiliano STRATICO Le FOS en Argentine

P.14 David BAILLAT « Allons-y » à Lahore P.15 Amidou MAIGA Elan Afrique P.16 Vicky SOMMET La liseuse en Afrique

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P. Inga WATERLOT Le français en Russie

P.18 Michèle JACOBS-HERMES Tv5monde P.19 La Francophonie en bref P.20 Les chiffres OIF/RFI juin 2012 / Francophonie 3


LE FRANÇAIS AUX JEUX OLYMPIQUES : UN Dû ?

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e 24 mai 2012 a été signée à Québec, en marge du SportAccord, la Convention pour l’usage de la langue française aux Jeux Olympiques de Londres. La Très Honorable Michaëlle Jean, Grand Témoin de la Francophonie pour les JO 2012, et Lord Sebastian Coe, Président du Comité d’organisation des Jeux de Londres ont signé cet accord qui fixe le niveau minimum d’exigence en matière de respect de la langue française pendant les JO, et identifie les secteurs de collaboration entre, d’une part, l’OIF, les Etats et gouvernements francophones et leurs Ambassades à Londres, et d’autre part, le LOCOG. Signalétique et documentation bilingues, traduction des interventions au cours des cérémonies officielles, recrutement et identification des bénévoles parlant français, envoi de jeunes traducteurs français, belges, suisses, libanais et québécois bilingues et d’un modérateur Facebook en français, etc. Tout y est détaillé, comme c’était déjà le cas pour les Jeux d’Athènes, de Turin, de Pékin et de Vancouver. Depuis les JO d’Athènes en 2004, et surtout depuis ceux de Pékin en 2008, des avancées significatives ont été réalisées pour redonner droit de cité à la langue française sur la scène olympique. La nomination de Grands Témoins de la Francophonie pour les Jeux Olympiques par le Secrétaire général de l’OIF, le développement d’une relation de confiance au plus haut niveau avec le Comité international olympique et avec les Comités nationaux olympiques francophones, la mise en place d’une collaboration étroite avant et pendant les Jeux avec les Comités d’organisation, la forte mobilisation des Ambassades francophones dans les pays organisateurs des Jeux, ont permis d’atteindre nos premiers objectifs : installer, crédibiliser et légitimer la question linguistique et francophone dans la sphère olympique. Toutefois, ces avancées n’en constituent pas pour autant des acquis. Quelle doit donc être la prochaine étape, quel est le bon levier d’action, pour continuer à développer

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L’AFRIQUE EN BLEUE

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e sport français compte dans ses rangs de nombreux athlètes aux origines africaines. Cas d’école avec l’Equipe de France de handball féminin. Sous la tunique bleue se cachent de multiples univers…Que ce soit en football, basket-ball, ou en athlétisme, l’Afrique a toujours constitué un réservoir à champions. Personne n’a oublié cette équipe de France championne du monde en 1998, encensée pour son métissage. En handball, le phénomène remonte à une vingtaine d’années. Le premier porte-drapeau de cette diversité reste incontestablement le Réunionnais Jackson Richardson, sorte de Mickael Jordan à la française. Une percée qui en appellera beaucoup d’autres.

Signature à Québec de la convention entre Michaëlle Jean et Sebastian Co ( Président du LOCOG), en présence de Gilbert Felli (Directeur exécutif pour les Jeux Olympiques au Comité international Olympique).

l’usage du français pendant les Jeux, à promouvoir notre langue sans agacer, sans braquer, sans s’entendre dire que nous menons un combat d’arrière-garde ? D’après la règle 23 de la Charte Olympique, le français est bien la langue officielle du CIO, à égalité avec l’anglais. Quelles obligations cela entraîne-t-il réellement dans un contexte où les organisateurs du plus grand événement sportif international font face quotidiennement à des enjeux économiques, financiers, médiatiques, environnementaux, logistiques, sportifs sécuritaires et politiques considérables, qui, a priori, placent la question linguistique aux derniers rangs de leurs préoccupations ? Il ne suffit sans doute pas de rappeler que le fondateur des Jeux modernes, le Baron Pierre de Coubertin, était français. Ou encore de sommer le CIO de garantir une application plus exigeante de la règle 23. Le Mouvement Olympique est régi par de nombreuses règles auxquelles il est attaché, parmi lesquelles celle de son indépendance à l’égard du pouvoir politique et institutionnel. Les héros et les personnalités des J.O. sont d’abord les athlètes et les membres du CIO ne sont pas des responsables politiques. Dans ce contexte, quel instrument pourrions-nous réellement utiliser ? Le choix de SEM Abdou Diouf, a été de privilégier le levier politique, diplomatique et technique, en étroite relation avec le monde sportif : d’une part, les relations entretenues avec le Président du CIO, Jacques Rogge, et les Présidents des Comités d’organisation des Jeux ; d’autre part, les liens qui unissent le réseau politique, diplomatique et linguistique de nos 75 Etats et gouvernements et le réseau sportif des 75 CNO des pays francophones.

L’expérience acquise et notre expertise linguistique et culturelle peuvent être mises au service du CIO et des COJO : sensibilisation des décideurs dans le cadre de sessions de formations, participation au programme de transfert de connaissances du CIO, formalisation d’une signalétique type bilingue, mise à disposition d’un lexique bilingue à l’intention des arbitres, des journalistes, des traducteurs et des interprètes, création d’un réseau de traducteurs francophones ayant une expérience olympique, etc. Dans cet esprit, nous avons déjà publié un Guide pratique des langues officielles aux Jeux Olympiques, rédigé avec la participation des services de langues officielles des COJO de Pékin, Vancouver et des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Singapour. Il s’agit bien de donner des outils pratiques pour renforcer, faciliter, enrichir son action en faveur du bilinguisme, sans se substituer à ses responsabilités.

Chez les filles, l’apport de joueuses issues du sous-continent est plus récent. Huit finalistes du dernier mondial à Sao Paulo revendiquent cette double culture. Sénégal, Mali, ou bien Cameroun, les origines sont diverses. Si la plupart d’entre elles sont nées en France, les joueuses de l’équipe de France n’hésitent pas à puiser dans leurs racines. Jeunes et véloces, elles présentent de formidables qualités athlétiques. Outre l’aspect purement technique, cette bande de joyeuses copines fait preuve de caractère. Olivier Krumbholz, le sélectionneur de l’équipe de France féminine en témoigne : Elles nous apportent leur force physique, leur façon de vivre, leur spontanéité… Nos joueuses de couleur sont craintes dans le monde. Il ne leur reste plus qu’à porter les bleues vers les sommets.

Accompagner plutôt que revendiquer, susciter l’envie plutôt que se contenter d’exiger le respect des textes, il s’agit de susciter une collaboration équilibrée, basée sur l’échange et la réciprocité. C’est l’approche que nous avons privilégiée au cours de ces 5 dernières années et qui nous permet aujourd’hui d’être des partenaires efficaces, d’envisager la question linguistique dans une approche plus large pour que la question du respect du bilinguisme devienne une évidence naturelle.

A l’heure des Jeux Olympiques de Londres, l’atout de la diversité résonne en grande pompe. Une diversité déjà mise à l’honneur chez les garçons ; et on a vu le résultat avec de multiples titres à la clé. Les autres grandes nations du sport aimeraient disposer d’une telle filière…

Audrey DELACROIX OIF- Commissaire pour la langue française dans les Jeux Olympiques

RFI- Flavien OSANNA

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POUR MOI ....

Ti

out d’abord, pour moi, la langue française c’est une langue qui, dans mon pays, nous permet de communiquer tous entre nous. Il y a plus de 62 ethnies en Côte d’Ivoire, ce n’est donc pas évident … Voilà ce que la langue française nous apporte. J’aurais préféré que ce soit une langue africaine qui nous permette cette communication, mais nous n’avons pas eu le choix. La langue française nous permet de communiquer au sein de la Côte d’Ivoire, mais aussi avec les autres pays, avec des pays comme la Guinée où il y a plusieurs langues, comme le Cameroun où il y a des centaines de langues. En nous offrant cette possibilité la langue française est, à ce titre, quelque chose de positif. Au niveau de ma musique, mes 2 premiers albums étaient entièrement en Dioula (Malinké). C’est d’ailleurs ce qui en partie peut expliquer leur échec. Puis j’ai entendu Alpha Blondy, chanter en français, j’ai alors réalisé que c’était possible de faire du reggae en français. J’avais également la volonté d’être compris par un plus grand nombre d’Ivoiriens. C’est ainsi que j’ai commencé à chanter en français sur l’album Mangercratie (1995), et le succès a été immédiat ! Il faut cependant noter que mes meilleures mélodies me viennent toujours dans ma langue maternelle : le dioula (malinké). Je chante désormais en français, dioula et de plus en plus en anglais, toujours dans le souci de toucher un maximum de personnes. Comme le français n’est pas ma langue maternelle, j’aime aussi travailler avec d’autres auteurs français.

Tiken JAH FAKOLY 6 Francophonie /juin 2012

L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS SOUFFRE-T-IL DE LA CRISE EN EUROPE ? C’est l’une des questions qui ont nourri une discussion dans l’émission « 7 milliards de voisins »sur RFI, lors du salon Expolangues à Paris au début d’année. Le témoignage de Julian Serrano à ce propos est édifiant.

C

et enseignant de FLE (Français Langue Etrangère) est tombé amoureux du français alors qu’il était enfant. Il forme aujourd’hui les futurs enseignants de français en lycée à l’université Castilla-La Mancha, à Cuenca en Espagne. Il est aussi Président de l’Association des professeurs de français de Cuenca et Président de la Fédération Espagnole des Professeurs de Français. Et il s’inquiète : La langue française en Espagne et dans de nombreux pays d’Europe nous a-t-il expliqué sur RFI, est dans une situation pour le moins délicate. Selon lui, la crise économique conduirait à un renforcement d’une situation de monolinguisme « tout anglais », car c’est meilleur marché et plus simple de former des professeurs dans une seule langue, plus facile aussi de ne pas traduire en plusieurs langues, on se met d’accord sur une « lingua franca » qui passe partout, on la simplifie au maximum, cela deviendrait une vraie solution pour beaucoup de gouvernements en déficit selon Julian Serrano. Le risque de pensée unique est souvent soulevé par les enseignants de français, qui s’interrogent sur l’avenir de la diversité européenne. Par ailleurs, en Espagne, en Italie, au Portugal, la deuxième langue étrangère

n’est plus obligatoire pour tous les lycéens du fait des restrictions budgétaires des systèmes d’enseignement. En Espagne, la dernière réforme de l’équivalent du baccalauréat (deux dernières années du secondaire) et de l’accès à l’université en Espagne, met en difficulté ceux qui étudient une deuxième langue étrangère. En effet cette deuxième langue ne compte plus pour l’accès à l’université. Selon l’universitaire Julian Serrano,

les lycéens peuvent en revanche récupérer des points avec une matière comme la biologie pour des études de traduction à l’université ! Nous sommes inquiets car cela provoque une diminution des effectifs en français, lors des dernières années de lycée, puisque les jeunes savent que cela ne rapportera pas de points au Bac. Le français est devenu une langue minoritaire, par rapport à l’anglais, le russe ou le chinois. Une analyse que ne partage pas Fabrice Placet de l’Alliance française de Paris. Ce réseau privé d’associations à travers le monde bénéficierait finalement des difficultés des systèmes publics d’éducation. Nous n’avons jamais eu autant d’étudiants en français et jamais eu autant besoin de professeurs de français. Nous constatons que l’anglais est devenu un pré-requis, on ne pose plus la question de savoir si les jeunes parlent anglais, mais plutôt quelle langue ils maitrisent en dehors de l’anglais. Pour faire la différence sur le marché du travail, c’est la deuxième langue étrangère qui compte. En Europe de l’Est, c’est la classe moyenne qui étudie le français dans nos Alliances.

RFI - Emmanuelle BASTIDE 7 milliards de voisins

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L’ENTREPRENEURIAT, FACTEUR DE DéVELOPPEMENT ET DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETé

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ans la francophonie, au nord comme au sud, la diffusion de la culture entrepreneuriale et la création d’entreprises sont des impératifs pour le développement et la prospérité. Conscients que la création d’entreprises constitue un argument de taille dans la lutte contre la pauvreté et un élément essentiel au développement des collectivités, de plus en plus d’états se dotent de politiques distinctes touchant l’entrepreneuriat et les entreprises. Les universités contribuent à cet effort en fournissant des services de consultation, d’expertise, de formation continue et en tant qu’incubateurs. À Québec, l’Université Laval a mis en place un incubateur en 1993 qui a contribué à créer 515 entreprises parmi les étudiants. En termes de formation, on a institué le Profil entrepreneurial permettant ainsi à plus de 300 étudiants de s’initier à l’entrepreneuriat chaque année.

Les recherches nous ont confirmé que l’entrepreneuriat peut être développé et stimulé. Le potentiel entrepreneurial d’un milieu n’est pas fixé dans le temps. Il peut s’accroître grâce à une variété d’interventions et de changements environnementaux qui favorisent l’émergence du talent entrepreneurial ou rendent son exploitation plus efficace lorsqu’il est déjà existant. Les institutions d’éducation supérieure peuvent ainsi contribuer fortement à l’émergence et au développement des entrepreneurs. L’Université Panthéon-Assas Paris II a créé un Master II Management stratégique et entrepreneuriat qui permet aux étudiants de développer un Business Plan. Ce programme, qui connaît un grand succès, a été élaboré selon le modèle nord américain mais adapté au contexte de la France. Une attitude positive face à l’entrepreneuriat, une manifestation d’approbation dans les écoles et les médias, la présentation de l’entrepreneuriat comme style de vie, la valorisation du succès entrepreneurial à travers la reconnaissance sociale et les honneurs, des aptitudes renforcées ainsi qu’une vigilance accrue à la perception des opportunités, des contenus pédagogiques axés sur la découverte, les inventions, le risque…tous ces facteurs serviront à promouvoir l’entrepreneuriat et à accroître l’utilisation de capacités créatrices déjà implantées dans le milieu. 8 8Francophonie Francophonie /juin /juin 2012 2012

La création d’entreprise est un atout pour le développement des pays francophones du sud. La vitalité et la prospérité d’un pays, son développement durable sont notamment conditionnés par sa capacité à créer des entreprises. Mais le développement de l’entrepreneuriat suppose d’une part que des conditions économiques, sociales et institutionnelles soient réunies pour que les initiatives des créateurs puissent s’épanouir et d’autre part que la population manifeste une motivation pour l’entrepreneuriat. Le développement d’une culture entrepreneuriale forte, impliquant l’ensemble de la société (acteurs politiques et institutionnels, système éducatif, société civile et médias) est le fondement de cet entrepreneuriat dynamique. Par exemple le club Rotary Port Louis Citadelle (île Maurice) qui développe avec des écoles primaires des activités entrepreneuriales autour de la mise en œuvre de jardins de plantes endémiques dans les écoles. La création d’entreprise est par excellence un vecteur de ce développement dans les pays du sud. Il n’y a pas de développement durable sans croissance soutenue, mais il faut aussi que cette croissance soit auto-entretenue. L’investissement et l’aide extérieurs tout en étant nécessaires se révèlent insuffisants. L’entrepreneuriat peut être à l’origine d’un enchaînement vertueux dans la mesure où il favorise la création d’un tissu économique dense de PME en inter relations. Mais il serait illusoire et dangereux de croire qu’il suffit uniquement de favoriser la création d’entreprise pour accéder au développement, c’est une condition nécessaire mais non suffisante, il faut encore que les entreprises créées soient pérennes, d’où l’importance de la mise en place de structures d’accompagnement et de structures de financement adaptées.

Yvon Gasse. Ph.D Université Laval, Québec, Canada

Gérard LEMOINE Docteur en sciences de gestion, Nantes, France (Président du Comité scientifique de la RIFE II)

PERSPECTIVES ACTUELLES DE L’ENSEIGNEMENT DU FLE Confronté à une époque où les débats sur l’identité culturelle semblent se multiplier à l’infini grâce au développement des réseaux communautaires numériques, l’enseignant de FLE doit créer des ponts entre le ressenti des étudiants et une certaine réticence au contact avec l’altérité du français.

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urtout dans une école du milieu rural, comme celle où je travaille, le problème de la motivation des élèves est ardu. Persuadés qu’ils vont passer toute leur vie à labourer la terre, la plupart des apprenants ont été surpris de se retrouver devant une fenêtre vers d’autres univers culturels. Avec le soutien de l’état, les écoles roumaines et leurs élèves se sont acheté des ordinateurs et commencent à bénéficier d’un nombre de plus en plus grand de connexions à Internet. Cherchant à cultiver leur désir de parole et à leur faire connaître le français des jeunes, j’ai choisi les réseaux sociaux comme support innovant et attractif. Au début, on analysait des extraits de dialogues pour observer les particularités du langage des jeunes. Afin de passer doucement du français à étudier à l’école au français familier, les premiers dialogues ont été tirés des discussions dont le langage était assez soigné. Les élèves oralisaient les fragments et s’appropriaient l’écriture des commentaires. J’ai compris ensuite qu’ils pouvaient entrer dans des situations authentiques de communication par des interactions avec des étudiants francophones. L’approche collaborative entre pairs et de courts commentaires sur les pages de leurs nouveaux amis les incitent à s’exprimer, à engager de petites conversations audio ou vidéo et, souvent, à se lier d’amitié avec leurs correspondants. Le projet multilatéral

Comenius que j’ai coordonné pendant deux années a mis en lumière la joie des apprenants de s’élancer dans l’aventure de la pratique d’une langue étrangère. A la recherche de nouvelles pistes pédagogiques numériques, je suis devenue membre de L’Association Roumaine des Professeurs de Français (créée en 1990) et j’ai découvert le site des professeurs de français de Roumanie* conçu comme un outil semblable à un réseau social destiné aux 9300 professeurs de français du pays. Le Forum Mondial de la Langue Française qui se déroulera à Québec sera une occasion unique pour moi de participer à un échange de pratiques actionnelles dans un contexte international. En tant qu’intervenante dans un groupe de discussions centré sur les nouvelles technologies dans l’enseignement du français, j’espère proposer des démarches utiles et, de plus, je suis sûre que je vais enrichir mes moyens pédagogiques à la suite des présentations des enseignants de FLE venu de pays francophones et non francophones.

Maria SARBU Enseignante de français en Roumanie * http://roumanie.vizafle.com

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LE MONDE SUR LE BOUT DE LA LANGUE diversité linguistique. Dès octobre 2011, nous avons lancé un appel à contribution à la communauté internationale afin qu’elle nous soumette des projets, en vue de construire une programmation qui serait véritablement tournée vers les préoccupations de la société civile francophone et francophile du monde entier. Je rappelle que dès le départ, le Secrétaire général a imaginé un événement qui fera une large place à la société civile, et principalement aux jeunes de 18 à 30 ans. Il nous apparaissait donc logique de les associer à la construction de l’événement.

À quelques semaines de l’événement, comment se présente le Forum mondial de la langue française ? Bien, très bien, même ! Vous savez, l’équipe du commissariat a véritablement amorcé les travaux d’organisation à l’été 2011, un an à peine avant la tenue de l’événement. Un an pour réaliser le souhait du Secrétaire général de l’OIF, soit la tenue d’un événement qui mettra en évidence à la fois la dimension internationale de la langue française et son inscription dans des réalités et des pratiques modernes auxquelles les populations, notamment les plus jeunes, trouvent intérêt et plaisir. Déjà, à quelques semaines de l’événement, nous pouvons dire qu’au vu de la programmation offerte aux participants accrédités et à la population de la ville de Québec, le Forum marquera la francophonie dans sa modernité. Plus concrètement, il est le reflet de propositions de créateurs, d’artisans et d’amoureux de la langue française en provenance de tous les continents et sera résolument tourné vers les préoccupations de la société civile. Il fera aussi une belle place à la population locale grâce à une série d’activités festives et culturelles ouvertes à tous. Rappelez-nous brièvement le processus qui a mené à l’élaboration de la programmation? Sous l’impulsion des discussions ayant mené à la déclaration de Montreux et à la lecture des travaux de l’Observatoire de la langue française de l’OIF, j’ai entrepris, dès l’été 2011, une série de consultations auprès de plus d’une centaine de personnes et organismes afin de mieux définir ce à quoi pourrait ressembler un 1er Forum mondial de la langue française. Fort de ces rencontres, il nous est rapidement apparu qu’il était important de centrer la programmation autour de thématiques contemporaines, liées aux usages de la langue française, afin que ce chantier soit moderne, pertinent et qu’il puisse résulter en des actions concrètes pour l’avenir. C’est ainsi que quatre grands thèmes ont été arrêtés par le comité de programmation, soit l’économie, les références culturelles, l’univers numérique et la 10 Francophonie /juin 2012

Considérez-vous avoir été entendu? Absolument ! Ce sont plus de 500 projets, en plus de nos propres initiatives, qui nous ont été soumis. En résumé, le Forum, ce seront notamment quatre conférences thématiques et trois grandes tables

rondes portant sur les défis et les enjeux contemporains auxquels fait face la langue française. Ce sont aussi près de 80 activités différentes, un marché aux idées, une grande rencontre avec Abdou Diouf qui échangera avec les jeunes, des cafés culturels, des présentations technologiques, des classes de maîtres, des débats, des discussions dirigées et des ateliers d’initiation. Il faut de plus souligner que la 2eme Rencontre internationale de la francophonie économique (RIFÉ 2) s’intègrera aussi à la programmation officielle, venant de ce fait enrichir les échanges touchant l’économie, le travail et la formation. C’est enfin une grande assemblée citoyenne qui clôturera l’événement en l’ouvrant sur le monde et son l’avenir. Trois grands spectacles-phares témoigneront de la vitalité de la culture d’expression française. Slam, musique symphonique et chansons, rythmes du monde francophone et en prime, le 5 juillet prochain, la soirée d’ouverture du Festival d’été de Québec, un événement qui sera l’occasion d’une grande célébration de la langue française puisque des artistes d’expression française se produiront sur toutes les scènes. Le Forum, c’est surtout la rencontre de personnalités de haut niveau, de spécialistes, d’experts, d’artistes et de gens venus de tous les horizons et de tous les continents. Mentionnons, au titre de grand conférencier, Francisco Ferrero Campos, ex-directeur de l’Institut Cervantès de Bruxelles, Ghassan Salame, professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences-Po) et directeur de l’Ecole des Affaires internationales de Sciences-Po, Éni Orlandi, professeur à l’Unicamp et à l’Univás au Brésil, John Raston Saul, président du PEN club international, Adama Samassekou, président du réseau Mayaa et Michel Sidibe, directeur exécutif d’ONUSIDA. Seront aussi présentes Marie-Christine Saragosse, PDG de TV5 Monde et Michaëlle Jean, ex-gouverneure générale du Canada et Grand Témoin de la Francophonie aux JO de Londres. Des conférenciers de prestige nous honoreront également de leur présence, tel Pete Selleck, président de la compagnie Michelin pour l’Amérique du Nord, Henri Lopes, ambassadeur de la République du Congo en France, Milad Doueihi, titulaire de la Chaire de recherche sur les cultures numériques à l’Université Laval de Québec, Et beaucoup d’autres encore comme Denise Bombardier, journaliste et auteure québécoise, Xavier Darcos, président exécutif de l’Institut français et Adrienne Charmet-Alix, directrice des programmes de Wikimédia France, qui viendront éclairer ces débats. Le volet artistique et culturel ne sera pas en reste avec Grand Corps Malade, Boucar Diouf et des membres de l’Orchestre de la Francophonie accompagnés de Marie-Josée Lord, jeune chanteuse classique québécoise d’origine haïtienne.

culturelles. Ces partenaires nous assurent donc de la venue de près de 800 personnes, pour une large part de jeunes francophones d’Afrique, d’Europe et des Amériques mais également de nombreux pays qui ne gravitent pas autour de la Francophonie institutionnelle. Au terme des travaux du forum, que souhaitez-vous que nous retenions? Pour la première fois dans l’histoire de la francophonie, la société civile mondiale aura été interpellée sur les grands enjeux liés à la langue française, non pas seulement pendant la tenue du Forum, mais aussi en amont de celui-ci, par la participation à de nombreux événements associés. Nous avons aussi été très actifs sur nos différentes plateformes virtuelles : blogue, compte Twitter, page Facebook, où tout au long de la dernière année, des milliers de personnes intéressées ont pu non seulement suivre les activités de préparation du Forum, mais aussi s’exprimer sur les différentes thématiques du forum et leurs préoccupations communes. Déjà, c’est un excellent signal de l’intérêt de la communauté internationale et un exemple intéressant de participation citoyenne. Nous espérons ainsi contribuer à promouvoir de nouveaux engagements et à encourager de nouvelles pratiques en matière de promotion de la langue française. Plus concrètement, je formule le souhait que les acteurs de la société civile économique, culturelle, académique, pour ne nommer que ceux-là, s’approprient la suite des choses et que lors du prochain Forum mondial de la langue française, on puisse déjà poser les jalons de la mesure du chemin parcouru.

Entretien avec Michel AUDET Commissaire général du Forum

À ce propos, qui sont exactement les participants et comment ont-ils été sélectionnés ? L’idée même de la tenue du Forum a soulevé l’enthousiasme de plusieurs partenaires naturels de la francophonie. Ce sont donc 26 ententes que nous avons conclues avec des partenaires gouvernementaux, des associations du monde universitaire et économique ainsi que des représentants d’associations professionnelles ou

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RéSEAUX SOCIAUX ET NOUVELLES PéDAGOGIES

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oute innovation technopédagogique procède par tâtonnements, possède ses détracteurs, mais aussi ses essais transformés et ses fervents défenseurs. S’intéresser aux réseaux sociaux et construire une pédagogie autour d’un système encore très récent (Facebook et Twitter ne sont accessibles au grand public que depuis 2006), souvent décrié pour la divulgation parfois mal contrôlée des informations données en partage, cela ne va pas de soi. Il faut très vite répondre à des questions sur le sérieux d’une

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pédagogie qui exclut la correction linguistique, délite les frontières entre espaces publics et privés ou oblige à des relations apprenant – enseignant hors « jours ouvrables ». Ainsi, depuis 2011, plusieurs États américains ont interdit aux étudiants et à leurs professeurs d’entretenir des relations par communications privées sur ce type de réseaux. On peut discuter de leur bien-fondé, mais on ne peut nier leur existence et leur croissance auprès d’un public jeune et de moins jeunes ; comme on ne peut nier que les plateformes d’enseignement à distance conçues au départ pour l’entité tricéphale enseignant-cours-institution restent peu réactives et ont un aspect scolaire. Or tous les enseignants le savent : l’apprenant du XXIème siècle est mobile, versatile et zappeur. L’enseignant doit, s’il veut suivre un tant soit peu cette évolution très rapide, se mettre aux mêmes outils, s’intéresser aux mêmes objets et susciter ainsi une certaine tolérance de l’étudiant vis-à-vis de son prof plus tout jeune mais qui vit un peu comme lui. La puissante connectivité des réseaux sociaux et leurs applications de partage instantané de plus en plus nombreuses font que tous ceux qui sont connectés à ce réseau pour le partage tel que les concepteurs l’avaient conçu au départ, ont détourné cet usage pour collaborer

sur des sujets qu’ils rencontrent lors de leurs parcours d’études. Ils créent des espaces dédiés et les administrent afin d’échanger des idées et des informations, construire des documents en coopération. Cette nouvelle manière de travailler et de collaborer offre de nouveaux espaces d’apprentissage qui sont désormais aux mains de nombreux enseignants praticiens, comme de chercheurs en sciences cognitives ; quoiqu’on en pense ou dise, les réseaux sociaux sortent désormais des sphères de l’Internet pour s’immiscer dans nos objets tactiles, se glisser dans nos mémoires visuelles, auditives et kinesthésiques, autant de facteurs permettant un ancrage et une pratique de la langue qui se confronte à toutes les cultures, les savoirs et les situations, bouge et innove. Il s’agit d’une dynamique horizontale, une innovation ascendante comme l’explique le sociologue Dominique Cardon ou bien comme le chante le groupe marseillais IAM l’évolution de la langue française, ça vient de la rue …

Bruno MARCHAL Directeur pédagogique e-FLE Enseignant-chercheur à l’Université Thammasat, Bangkok -Thaïlande

LE FRANCAIS PAR OBJECTIF SPECIFIQUE (FOS) Trait d´union entre langue et travail

L

e FOS se constitue à l´heure actuelle comme un outil d’importance didactique pour articuler compétences en langue et compétences professionnelles. J´aborderai ce sujet en prenant comme exemple l´enseignement du français par objectif spécifique dans le monde professionnel de la restauration et des vins en Argentine. Soulignons tout d´abord que cuisine et vins haut gamme sont des symboles qui représentent des savoir-faire liés à la langue et la culture française en Argentine. En effet, ce pays a hérité une culture française du vin et de la gastronomie qui s´est développée et intensifiée jusqu´à nos jours. Par conséquent, l´appartenance à un milieu français et au savoir-faire/savoir-agir en français dans le monde de la gastronomie et des vins, donnerait du prestige social aux travailleurs dans ces milieux professionnels en plein essor en Argentine. Les attentes des publics à l´heure actuelle vers la langue et la culture française semblent être installées, au moins pour une partie non négligeable, du côté de la gastronomie et de l´œnologie. Le FOS est un pont entre le français et les attentes des publics. Selon J.-M Magiante et C. Parpette, le FOS travaille au cas par cas, ou en d´autres termes, métier par métier, en fonction des demandes et des besoins d´un public précis. Le FOS prépare ainsi des cours sur mesure ayant comme caractéristique l`unicité de la demande d´ingénierie de formation. On n´enseigne pas la langue pour elle- même mais pour en faire quelque chose dans le travail. Les travaux didactiques visent ainsi la décortication de la situation de communication/d´interaction dans les

milieux de travail concernés pour essayer de mimer des tâches authentiques pendant les cours afin de mobiliser les ressources des apprenants. Cette didactique offre un français adapté aux spécificités et aux besoins des ces métiers et des apprenants. Pour un enseignement économique à valeur innovante. L`enseignant aura ainsi pour mission de fournir des outils pour mieux dire, mieux faire et mieux être au travail, et dans les plus brefs délais possibles. La didactique du FOS met en action un discours économique en prenant en compte les formes linguistiques spécifiques dans l´univers de travail concerné. Le langage est vu comme un élément pragmatique, de performance. Si les mots manquent au travail, l´énonciateur perd sa possibilité d´être performant. Ceux qui maîtriseront le mieux plus d´outils de communication seront ceux qui pourront dire et agir de façon plus efficace au travail. Le FOS se penche ainsi en faveur de l´enseignement d´une langue à valeur qualitative et innovante. La francophonie du FOS donnerait au locuteur le droit à la parole des francophones en tant qu´élément complémentaire, mais à la fois de démarcation, c´est-à-dire, une parole de valeur ajoutée pour l´être et son développement, dont son accès et son évolution au travail.

Emiliano STRATICO Formateur FLE spécialisé dans le domaine du FOS tourisme, hôtellerie, gastronomie et œnologie à l’université de Palermo en Argentine

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ELAN -Afrique Une offre francophone pour un enseignement bilingue L’initiative ELAN-Afrique est le fruit de 4 institutions, l’OIF, maître d’ouvrage international, l’AFD, l’AUF et le MAEE et de la volonté des Ministères de l’Education Nationale (MEN) du Bénin, du Burundi, du Burkina Faso, du Cameroun, du Mali, du Niger, de la RDC et du Sénégal de développer une éducation au primaire de qualité.

ALLONS-Y ! CHALO-G !

C

’est le premier magazine d’information en français publié tous les mois au Pakistan par les étudiants de l’Alliance Française de Lahore. À noter, cette ville de 8 M d’habitants (située dans le nord-est du pays et frontalière avec l’Inde) compte plus de 2000 apprenants. Dans la plupart des Alliances, la lettre d’information est souvent rédigée par la direction. L’idée des étudiants ici était, d’une part, informer le public de nos activités linguistiques et culturelles, et, d’autre part, faire connaître les cultures francophones au Pakistan. Les contenus sont donc écrits par les étudiants de l’AFL ou par les institutions partenaires. Les articles sont publiés après relecture et correction des enseignants.

Avant d’aller en cours, les professeurs de français invitaient les élèves avec l’expression Allons-Y! Chalo-G! ; allons-y qui se traduit en ourdou par Chalo-G, le G est prononcé à l’anglaise au Pakistan [d ji]. Le titre est donc composé par un jeu de mots interculturel qui retient l’attention. Le premier numéro est sorti le 1er octobre 2011. Depuis, deux autres numéros ont été publiés et l’aventure continue. Pour le n°4, l’édition sera bilingue (français /anglais) afin de toucher un public plus large et l’objectif serait de proposer, à moyen ou long terme, le magazine en trois langues, en y ajoutant l’ourdou, une des langues nationales officielles. Ce magazine donne des informations sur les cultures française et pakistanaise : les films, la cuisine, la musique, des interviews exclusives de personnalités pakistanaises ou francophones, mais il traite aussi de sujets sérieux comme le cancer du sein, le sida, l’éducation, etc. A travers ce canard, nous essayons de susciter un intérêt pour la langue et la 14 Francophonie /juin 2012

culture françaises ainsi que de faire redécouvrir les trésors de la culture pakistanaise. Par ailleurs, chaque mois, une Alliance Française est mise à l’honneur, car il est important de présenter le réseau des AF à travers le monde ; après Wuhan (Chine) et Osaka (Japon), c’est au tour d’Ahmedabad (Inde) et de Luanda ( Angola) de figurer dans les prochains numéros. Le contexte et les circonstances actuelles à Lahore empêchent une diffusion de campagnes publicitaires de grande envergure, seul ce journal est un moyen de communication discret et limité, qui peut aujourd’hui se propager souterrainement dans ce milieu urbain et ainsi faire connaître l’existence d’une programmation culturelle et la vie pédago-linguistique du centre. Allons-Y! Chalo-G! se veut concis, ce n’est pas un magazine de 30 pages que personne n’oserait prendre à cause de son poids ou de peur de ne pas comprendre ; un juste équilibre est recherché avec des couleurs et des photos attrayantes pour que les gens le prennent et, qu’une fois en main, ils réalisent que ce n’est pas écrit en anglais. Mais après y avoir jeté un coup d’œil, ils découvriront des mots familiers mêlés à des mots inconnus dans un texte apparemment compréhensible. Ils se diront que ce n’est pas difficile, qu’ils peuvent peut-être lire ou apprendre le français. Alors, l’équipe d’Allons-Y! Chalo-G! aura atteint un de ses objectifs.

Ei

lle vise à la promotion et à l’introduction progressive de l’enseignement bilingue au primaire articulant {une langue africaine + la langue française} pour tous les enfants et en particulier ceux des zones rurales pour remédier à l’échec scolaire du à la difficulté d’acquisition de la langue française. Chaque pays ayant une situation linguistique différente, l’objectif poursuivi par ELAN-Afrique est celui d’appuyer, de manière différenciée, les plans d’actions nationaux des pays, conformément à leurs politiques éducatives. D’un point de vue pédagogique et linguistique, les recherches les plus actuelles montrent la pertinence d’un apprentissage initial en langue maternelle ou première. L’importance d’une

bonne compréhension des compétences de base (lecture, écriture et calcul) font partie des concepts primordiaux non seulement pour un parcours scolaire sans-fautes mais aussi pour un apprentissage du français sans difficultés. La volonté de généraliser l’enseignement plurilingue se base sur certaines données mises en avant par l’étude LASCOLAF et d’autres études antérieures qui démontraient, d’une part, qu’à partir de données chiffrées très précises, les élèves en contexte scolaire multilingue obtenaient des meilleurs résultats scolaires par rapport aux élèves des écoles monolingues (scolarisation exclusivement en français) et d’autre part, que les échecs constatés sont dus, le plus souvent, à l’absence totale de formation des maîtres en langues natio-

nales (il arrive même que certains enseignants ne parlent pas la langue qu’ils sont censés enseigner) et à leur insuffisante formation en FLE et FLS. L’amélioration de l’enseignement de base devra se construire autour de deux variables, la formation selon les principes de la Didactique convergente pour les enseignants non seulement pour mieux maîtriser la langue d’enseignement mais aussi les principes fondamentaux didactico-pédagogiques pour bien gérer l’espace classe et la création de nouveaux outils pédagogiques, les bi-grammaires, tenant compte des langues en présence ainsi que de l’environnement socio-culturel de l’apprenant.

OIF-Amidou MAïGA Responsable du programme ELAN

Enfin, le contenu du journal est choisi de façon à toucher le plus de monde possible en proposant des sujets actuels. Le but est de les satisfaire et les apprentis journalistes sont à l’écoute de leurs suggestions et critiques qu’ils peuvent faire parvenir directement ou par mail afin d’améliorer le contenu. Depuis quelques mois, le retour est positif et encourageant et de plus en plus d’étudiants souhaitent participer à cette belle et enrichissante expérience. Et quoi qu’on en dise, le français à sa place au Pakistan.

David BAILLAT Coordinateur pédagogique AFL & Rédacteur en chef www.allonsychalog.wordpress.com

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LE FRANÇAIS RAJEUNIT EN RUSSIE En 2012, nous célébrons l’année croisée de la langue et de la littérature françaises en Russie et de la langue et de la littérature russes en France avec plus de 70 manifestations organisées dans les deux pays pour promouvoir les échanges culturels. Ainsi en mars, la ville de Moscou a été l’invitée d’honneur du Salon du Livre de Paris et la ville de Nice, celle du Salon de Saint-Pétersbourg.

L LE LIVRE ET LA LISEUSE Apprendre à lire, c’est bien, pouvoir lire, c’est mieux. Or nul n’ignore aujourd’hui les difficultés que rencontrent les écoles africaines pour acheter des livres, pour faire en sorte que chaque élève puisse apprendre à lire sur son livre et par la suite continuer son apprentissage en lisant les livres d’une bibliothèque. Le manque crucial d’argent est l’obstacle principal pour résoudre cette question. Même la Banque Mondiale, souvent sollicitée, s’est penchée sur ce problème inhérent au continent africain.

iJ

usqu’au rêve concrétisé par deux hommes, l’Anglais Colin Mc Elwee et l’Américain David Risher confronté pour la première fois à cette réalité en visitant un orphelinat en Equateur. Ils ont fondé ensemble l’ONG Worldreader pour permettre à des enfants, vivant dans les pays en voie de développement, d’accéder à des millions de livres avec un support, le livre numérique. On ne connait que trop bien les bibliothèques fermées à clé pour éviter que les livres ne soient volés ou abimés, ou encore, les salles informatiques, dans les écoles les plus nanties, là aussi accessibles seulement en présence d’un professeur, à certaines heures et certains jours, et sinon fermées à clé pour protéger le matériel de valeur qu’elles contiennent. Worlreader a voulu contrer ce phénomène en permettant à des enfants du Cameroun, de Guinée, du Kenya ou du Ghana d’avoir à disposition quantité de manuels scolaires, de dictionnaires, d’encyclopédies ou de romans. Si aujourd’hui beaucoup d’organisations donnent des livres à l’Afrique, demain toutes les écoles du continent pourraient avoir leurs liseuses électroniques. L’ONG pense que moins on a de choses intéressantes à lire, moins on lit. D’où l’idée que la fourniture de liseuses devrait s’accompagner de formations des enseignants pour mettre en conformité cette nouvelle manière d’animer la classe et l’évolution du système éducatif traditionnel.

16 Francophonie /juin 2012

Ainsi, là où il n’est pas rare de trouver un ouvrage pour 70 élèves, le livre numérique permet à chacun d’avoir à sa portée une bibliothèque toute entière. Techniquement, côté électricité, la charge des batteries des liseuses dure longtemps et les risques sont plutôt à envisager du côté de l’eau, de la poussière ou du bris de matériel. A terme, le téléphone portable pourrait pallier à ces inconvénients avec une application spécifique pour lire des livres numériques. Au niveau des contenus, le projet Gutenberg permet de télécharger des ouvrages classiques, d’autres accords ont été passés avec des éditeurs comme Penguin pour une offre plus large et, pour éviter l’impérialisme culturel, Worlreader met en place une plateforme à l’intention d’auteurs et d’éditeurs africains. A ce jour, quelques centaines d’œuvres d’auteurs locaux sont co-publiés via la plateforme Amazon.

a Russie, qui ne fait pas partie de l’Organisation internationale de la Francophonie dispose d’une vieille tradition francophone héritée du Siècle des Lumières. Il y a 200 ans la noblesse russe s’exprimait exclusivement en français, « ce français recherché dont nos grands-pères avaient l’habitude jusque dans leurs pensées », écrivit Léon Tolstoï. Ce français était porteur des grandes idées nouvelles qui firent écho dans nombre de pays européens. Depuis les choses ont changées. Le français est tombé à la troisième place parmi les langues les plus enseignées dans les universités russes, après l’anglais et l’allemand. Le pays, où les grands-pères pensaient jadis en français, compte aujourd’hui 705000 francophones (0,5% de la population). Le pays possède un réseau de 11 Alliances Françaises très actif, où les enthousiastes de la langue française proposent une offre d’activités allant des cours classiques aux animations originales. Une bonne partie de ces animations est réservée aux plus jeunes car en Russie aujourd’hui, ce ne sont plus les grandspères mais leurs petits-fils et petitesfilles qui affectionnent le français. Ils

sont presque un demi-million à apprendre la langue française dans le secondaire (contre 270 000 étudiants dans le supérieur, selon les chiffres de l’Ambassade de France à Moscou). En Russie, devenue 1er marché européen en audience sur internet devant l’Allemagne et la France (données ComScore) les jeunes apprivoisent la Toile pour échanger avec leurs camarades français. L’année dernière, six établissements scolaires en Russie et en France se sont donné rendez-vous via Internet pour discuter du… développement durable. Les élèves du collège Pierre Ronsard à Limoges (où ils sont 19 à étudier le russe) et les élèves des classes francophones de cinq écoles de la région d’Amourskaya en Sibérie ont eu l’occasion inédite d’étudier ensemble les causes du réchauffement climatique en se servant d’outils multimédia, le tout en français. Ce projet, présenté par l’Association des enseignants de français de la région d’Amourskaya, a été reconnu comme un des quatre meilleurs projets européens lors du Congrès Européen de la FIPF en 2011.

RFI – Inga WATERLOT Chef de la rédaction russe

Le square de la cathédrale au Kremlin

Au Ghana, 500 élèves et leurs instituteurs sont déjà équipés et l’objectif à plus long terme serait de le faire pour 1 million de plus en y incluant les pays francophones d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale et de rehausser la valeur sociale accordée à la lecture, surtout dans les cultures de tradition orale.

Vicky SOMMET www.worldreader.org

juin 2012 / Francophonie 17


La

MA PLUS BELLE HISTOIRE D’AMOUR, C’EST VOUS

en bref 13ème Congrès mondial fipf Le français est-il une langue internationale du 21ème siècle ? A cette question, des professeurs de français, en provenance du monde entier, tenteront de répondre du 23 au 27 juillet à Durban en Afrique du Sud. Entre repli sur soi et accès à la modernité, les congressistes travailleront sur les voies à adopter pour que le français trouve sa vraie place dans les instances officielles, les sociétés multiculturelles, les réseaux sociaux et la toile, dans un enseignement respectueux du texte de l’UNESCO, adopté en 2007, qui prône la diversité culturelle comme un patrimoine commun de l’humanité. Enseigner une langue est un acte fort et l’apprendre ne l’est pas moins. Car au-delà de l’aspect linguistique, il faut aussi prendre en compte l’identité, l’histoire, la culture, ce qui au final est une manière d’exprimer le respect de l’autre. La langue comme outil de paix, une question qui sera peut-être à l’ordre du jour de Durban.

La Francophonie a fait mieux que le Commonwealth : elle est la seule organisation internationale à pouvoir compter sur un média international. Un statut d’opérateur direct qui n’empêche aucunement TV5MONDE de garder toute son indépendance éditoriale. La chaîne se revendique généraliste, exclusivement de langue française *. Et, quoi qu’en disent les esprits chagrins, cela plaît.

Ei

n mars dernier, pour le Printemps de la Francophonie et sa Journée mondiale, TV5MONDE a accompagné des dizaines d’événements à travers le monde. A New-York, nous avons lancé notre chaîne jeunesse, TiVi5MONDE. Deux mille amoureux de tous âges ont adoré tirer la queue du Marsupilami, pendant qu’à Londres, nous soutenions le concert géant organisé par les ambassadeurs francophones et l’OIF et faisions retentir des extraits de notre émission Acoustic, sur Trafalgar Square. Les Britanniques ont adoré, malgré la pluie. En juillet prochain, nous serons à Québec pour le premier Forum mondial de la langue française. Là aussi, avec TV5Québec Canada, l’OIF, nos gouvernements bailleurs de fonds, l’Office franco-québécois pour la Jeunesse, l’ONF… nous ferons bouger les lignes. Puis nous irons à Durban pour le Congrès mondial des Professeurs de français, qui sont nombreux à nous dire qu’ils ne pourraient plus se passer, dans leurs classes, de nos émissions, de notre dispositif pédagogique. Enfin, nous rallierons Kinshasa en octobre. Et nous veillerons, en marge des réunions politiques au sommet qui rassembleront les 75 pays membres de la Francophonie, à aller à la rencontre des étudiants Car, au Sud comme au Nord, la jeunesse est au cœur des préoccupations de la Francophonie et donc de notre chaîne.

Un grand homme de radio français, Jean-Marie Borzeix, disait de la francophonie qu’elle était imprégnée du désir d’échapper à la solitude des nations, à la domination des unes, à la soumission des autres , qu’elle était plus qu’un rêve, une utopie . C’est ce rêve, cette utopie qui a fait que la France, prenant la mesure des attentes de ses pays amis, a fait le choix, dans les années 80 et 90, de construire un environnement audiovisuel extérieur tourné vers le multilatéral. Un rêve conforté à l’occasion du Sommet de Chaillot qui accorda à TV5MONDE le titre d’Opérateur direct de la Francophonie. Deux hommes d’Etat, visionnaires à plus d’un égard, étaient alors en première ligne: François Mitterrand et Abdou Diouf. Leur amour pour la langue française, pour le dialogue des cultures ne s’est pas démenti par la suite Il rejoint 18 Francophonie /juin 2012

Les actions de l’auf en côte d’ivoire Après la violente crise qui a touché la Côte d’Ivoire l’année dernière, les

celui d’un Léopold Sédar Senghor qui s’amusait à dire qu’il avait fait du français une arme subtile contre le colonialisme, et d’un René Depestre qui se plaisait à conduire notre langue à la rivière pour lui frotter le corps avec des herbes parfumées…

trois universités du pays, Cocody, Abobo-Adjamé et Bouaké, ont été fortement endommagées et par conséquent, fermées. L’AUF, conformément à sa mission de soutien à l’enseignement supérieur francophone dans le monde, s’est engagée à les aider pour la rentrée académique 2012-2013 fixée au 3 septembre 2012. Ce plan se structure autour de deux axes : la réouverture des trois universités publiques, la modernisation et la stabilisation à moyen terme de l’université ivoirienne. Ses principaux objectifs : l’accueil des étudiants qui attendent depuis avril 2011 d’entreprendre ou de poursuivre leurs études, l’élaboration de nouveaux parcours de formation, la remobilisation des enseignants-chercheurs et la reconstitution des archives des universités. L’AUF met en place aussi la formation des responsables des universités à la gestion académique et administrative, la mise en ligne de cours, la rédaction de nouvelles formations scientifiques dans les UFR de mathématiques, sciences et biologie et la mise en place de systèmes d’information conformes au système « licence-master-doctorat ».

C’est ce rêve, cette utopie qui inspire aussi, aujourd’hui, les messages des téléspectateurs de TV5MONDE, de nos internautes, de nos amis des réseaux sociaux, où se mêlent félicitations, attentes, passions ! De quoi, dans les situations de turbulence et d’interrogations que connaît le monde, déclencher dans nos équipes la fierté, l‘émotion, la conviction de servir une vraie cause.

L’assemblée parlementaire de la francophonie à québec L’APF parrainera 15 jeunes provenant de

nos parlements jeunesse, des jeunes qui se seront rencontrés à Niamey pour construire une réflexion sur les thèmes du Forum. Par ailleurs, de 250 à 300 parlementaires de l’APF seront à Bruxelles, en juillet prochain, pour la session plénière annuelle avec son Bureau, ses 4 Commissions, la Commission politique, la Commission de l’éducation, de la communication et des affaires culturelles, la Commission de la coopération et du développement, la Commission des affaires parlementaires, le Réseau des femmes et l’Assemblée plénière. Elle clôturera cette session avec un débat sur la place de la Francophonie dans les médias et les nouvelles technologies et devra se prononcer sur une résolution portant sur les situations politiques dans l’espace francophone, sur l’éducation au développement durable, le financement de la riposte au VIH, la régulation du foncier dans une perspective de souveraineté et de sécurité alimentaire, la lutte contre la pratique de l’excision et enfin sur la santé maternelle et infanto-juvénile.

Michèle JACOBS-HERMES Directrice de la Francophonie et des relations institutionnelles * TV5MONDE sous-titre une part significative de ses programmes en 13 langues.

L’AIMF: le dialogue interculturel L’AIMF a choisi de concentrer ses échanges et réflexions sur les thématiques liées

au dialogue interculturel, pour un développement harmonieux et partagé des grands centres urbains, qui ne peut se réaliser sans paix sociale. Les élus locaux ont un rôle majeur à jouer en la matière et l’AIMF souhaite privilégier les échanges d’expériences. Après une première réunion tenue à Bruxelles en mars 2012 sur Les élus locaux dans la gestion des antagonismes économiques et sociaux, l’AIMF poursuivra ces échanges par une rencontre à Genève fin août 2012 sur Les autorités locales et la prévention des conflits. L’Assemblée générale, consacrée au thème Villes, dialogue interculturel et paix, viendra compléter ces travaux à l’automne. Cette démarche annuelle devra permettre de faire émerger un panel d’élus experts en règlement des conflits, à même d’appuyer leurs pairs dans leurs démarches.de prise en compte des dynamiques culturelles dans les politiques et pratiques du développement durable.

Lancement de la Tivi5monde aux USA

Un pôle d’excellence au service du développement L’Université Senghor offre des formations pluridisciplinaires consacrées au développement durable dans un contexte de mondialisation. Elle va les renforcer avec la création des Campus Senghor qui ont vocation à accueillir et à former des étudiants de haut niveau, dans une période où les déplacements sud-nord sont rendus plus difficiles. Cette formule permet de décupler et d’adapter l’offre de formation à la réalité et aux besoins du terrain, sans jamais sacrifier l’exigence d’excellence ou l’Unité de l’Université qui garde l’entière maîtrise académique, pédagogique, administrative et financière des externalisations dans une construction rationnelle et solidement articulée. Ainsi l’Université Senghor et l’Université de Ouagadougou mettent-elles en place un Master international dénommé Dynamiques Culturelles et de développement durable dont l’objectif est de développer des mécanismes de prise en compte des dynamiques culturelles dans les politiques et pratiques du développement durable. Direction DE LA Communication  OIF-Isabelle Finkelstein/Nathalie Heineman AEF-Françoise Hollman Rédaction en chef  Vicky Sommet CRéDITS-PHOTO OIF/Philippe Bordas/Maria Sarbu/Bruno Marchal/Organisme de Tourisme de Buenos-Aires/Jon McCormack/REUTERS/Alexander Zemlianichenko/Pool Russia/TV5MONDE/François Nadeau Gouvernement du Québec/Jean-Marc Munier/Raphaël de Bengy/AEF région Amourskaya. CONTACT vicky.sommet@rfi.fr RéALISATION  Didier Gustin IMPRESSION  éOLE La Station graphique - 93165 Noisy-le-Grand cedex

juin 2012 / Francophonie 19


les chiffres

60%

de francophones de moins de 30 ans Espace francophone 19% du commerce mondial des marchandises

Dans l’UE, le français est la 2ème langue étrangère la plus pratiquée

La Francophonie

870 Millions d’habitants

75

Etats et gouvernements de l’OIF, plus d’un tiers des membres de l’ONU dont 32 ont le français comme langue officielle

900 000 professeurs de français

L’Afrique a le plus grand nombre de francophones avec

96,2 Millions dans les pays membres de l’OIF

600 correspondants et 9 bureaux d’envoyés spéciaux permanents à l’étranger

33,7

millions d’auditeurs

11 sites en langues étrangères

6,8 Millions de visites mensuelles sur le site rfi.fr 26,5 Millions Millions de pages vues d’internautes sur le site par mois Langue française

4

1019

radios partenaires et 180 émetteurs dans 72 pays


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