La lettre du port N°20

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La lettre du port 20_Mise en page 1 18/04/13 10:39 Page2

LA LETTRE DU PORT Journal du Port de Nice et de son quartier

N° 20 I Mai 2013

Lou journal dou pouort de Nissa e doù siéu quartier

Bien chez nous

Bien chez nous

Bien chez nous

Les copains d’abord

Antoine, gardien du port

Les ports de Nice et Villefranche Darse s’exposent

L’Ecole au port : une journée riche d’enseignement

Quirino : le goût de Nice

Bien chez nous

3 questions à

Hervé Martinez,

Antoine, gardien du port

conseiller de quartier, président de l’Association Port Avenir et maître pâtissier d’Aux Délices du Port

Antoine Pecchio est une figure du port qu’il connaît comme sa poche et qu’il a vu évoluer en 76 ans d’existence. « Je suis né au port. Jeune, j’allais me baigner sur la plage de la Païole aujourd’hui disparue. C’était avant la construction du parking Infernet et de l’allongement des quais. J’ai connu le port rempli de dockers, un port beaucoup plus bruyant qu’aujourd’hui ! Comme ce jour où un taureau s’est échappé du mât de charge qui permettait de le hisser sur un bateau et qui a couru avant qu’on l’abatte sur les quais déclenchant une belle frayeur ». Fils de charcutier, Antoine a repris le commerce familial de la place du Pin jusqu’en 1988. « Après la réglementation s’est durcie, il fallait investir pour se mettre aux normes, mes machines dataient du début du siècle. J’ai préféré fermer ». Quelques temps carnavalier, « je fus le premier à équiper le char d’un moteur électrique », ce touche-à-tout entre au port. Jusqu’à sa retraite, il veillera aux allées et venues des usagers et des clients du port. Mais son jardin secret ce sont les nœuds marins : de chaise, d’évadé, en oeil, d’alouette, de cabestan… Il les maîtrise tous à la perfection. Une passion et un savoir-faire qu’il fait partager aux petits et aux grands à chaque manifestation du port. « J’ai appris à les faire avec un oncle cap-hornier. Mon premier, j’ai dû le réaliser à 10 ans pour attacher les saucisses à l’ail ! Depuis je n’ai plus cessé ».

De père en fils depuis 1944, la famille Martinez régale les gourmands du port de Nice et de ses alentours. Aujourd’hui, c’est Hervé Martinez surnommé « le roi du macaron » par le magazine l’Observateur de Monaco qui a repris le flambeau. Comment devient-on maître pâtissier ?

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C’est une longue histoire. Sans doute était-elle écrite un peu dans mes gènes. Mais au départ, je n’imaginais pas reprendre la suite de mon père et de mon grand-père boulangerspâtissiers, installés rue Bonaparte, depuis 1944. Je me destinais à une carrière de footballeur professionnel. Le destin en a décidé autrement. Blessé au centre de formation de l’OGCN, j’ai dû remiser les crampons. Dès lors ma voie semblait toute tracée. Reprendre le flambeau s’imposait comme une évidence. Mais quitte à le faire autant le faire bien et apporter ma touche personnelle. Mon apprentissage je l’ai effectué chez les meilleurs : Lenôtre à Paris puis Pierre Hermé, une référence. J’ai également décidé de m’installer rue Cassini pour rester à la fois dans le quartier du port et proche de la vieille-ville.

2 Quelles sont vos spécialités ? Depuis des générations la maison Martinez est réputée pour la qualité de ses produits dont la fameuse galette des rois provençale. Nous ne mettons pas des morceaux de fruits confits industriels mais de véritables fruits entiers confits artisanaux. J’ai également créé quelques spécialités Maison comme le Plaisir, un biscuit aux amandes, mousse au chocolat, bavaroise à la vanille douce de Madagascar caramélisée. Mais ma passion c’est les macarons. Des amandes, du sucre, du blanc d’œuf et une préparation élaborée selon les recettes de Pierre Hermé. Nous avons 17 parfums à l’année qui, au fil des saisons, évoluent pour laisser place aux goûts du moment et à l’originalité comme le macaron à l’avocat et banane, à la rose et au litchi, au citron vert basilic…

Lou Sourgentin 3

Notre ami Raoul Nathiez, Président du magazine Lou Sourgentin, garde en grande estime son Certificat d’études passé en 1940 … à l’école du port. Écoutons-le l’évoquer pour nous.

Comment se traduit votre attachement au quartier ? Le quartier fait partie de l’ADN familial. Je suis un enfant du port. Je suis né, j’ai grandi et j’ai suivi ma scolarité ici. Et je crois en ce quartier. D’où mon implication. Conseiller de quartier, je suis aussi président de l’association Port Avenir qui a pour vocation de développer des animations : vide-grenier, marché artistique place Garibaldi, carnaval de quartier... Nous travaillons actuellement sur la tenue d’un marché provençal au port et la création d’un village de Noël. Depuis quelques années, le quartier se transforme de façon très positive. Il reste encore beaucoup à faire notamment la réhabilitation de la rue Cassini et de la place Île de Beauté mais je suis convaincu que l’arrivée du tramway sera un plus pour les habitants comme pour les commerçants du port.

Les ports de Nice et Villefranche Darse s’exposent Mémoire des Ports de Méditerranée est le concours lancé en 2012 par la Fédération du Patrimoine Maritime Méditerranéen pour mieux connaitre le patrimoine des 600 sites portuaires remarquables présents sur le pourtour méditerranéen. 14 candidatures ont été retenues dont celles de Villefranche Darse et de Nice. Labellisées Marseille Provence 2013, plusieurs expositions sont déjà programmées cette année : • du 16 mai au 9 juin, à la chapelle des Pénitents Bleus de la Ciotat • et à la fin de l’année, à l’hôtel de région de Marseille.

Chertificat d’estudi. Maugrà lu estudi que m’an permès de devenì proufessour en un coulege, ai gardat preciouhamen lou mieu diplomou dòu CEP qu’ai passat en lou 1940, à l’escola dòu Pouort. Es encadrat e en vista en la mieu bibliouteca ! Lu autre diplomou noun sabi plus doun li ai ficat ! Prova qu’ai lou pu gran respet per lou CEP ! Era la counsecracioun per lu enfan d’ourigina moudesta que lu parent noun poudion li pagà d’estudi au liceou doun si visava lou « bacho ». Calia de pitou per gardà tant d’an lu enfan au Liceou… Le port de Nice vu depuis Au countrari una grana part dei enfan que venion le chateau. Lessieux d’avé lou Chertificat, arrestavon lu estudi per anà travalhà ! La grana proumoucioun era de presentà L’Escola Nourmala per devenì magistre. Nautre, enfan d’ouvrié, de paisan, de pichoui emplegat deveniavan en majourità emplegat, paisan, ouvrié, meme en proulougant lu estudi fin au Brevet ! Es per acò que poudiavan estre fier dòu nouostre CEP que, cau que sigue dich, era d’un nivèu que touplen de diploumat d’ahura noun an !

Le Certificat d’études. Malgré les études qui m’ont permis de devenir professeur dans un collège, j’ai conservé précieusement mon diplôme du Certificat d’Etudes Primaires passé en 1940 à l’école du port. Il est encadré et bien en vue dans ma bibliothèque. Les autres diplômes, je ne sais plus où je les ai mis. Cela prouve que j’ai le plus grand respect pour le CEP ! Il était la consécration pour les enfants d’origine modeste dont les parents ne pouvaient payer les études au lycée où l’on visait le Bac. Il fallait de l’argent pour que les enfants restent tant d’années au Lycée. Au contraire, une grande partie des enfants qui venaient d’obtenir le Certificat arrêtaient les études pour aller travailler. La grande promotion était de présenter l’Ecole Normale pour devenir instituteur. Nous autres, enfants d’ouvriers, de paysans, de petits employés, devenions en majorité employés, paysans, ouvriers, même en prolongeant les études jusqu’au Brevet ! C’est pour cela que nous pouvions être fiers de notre CEP qui, il faut le dire, était d’un niveau que nombre de diplômés d’aujourd’hui n’ont pas. La revue culturelle bilingue nissart-français Lou Sourgentin parait cinq fois par an. Site internet et abonnements sur www.sourgentin.org


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