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Un rêve de gamin

Comme pour la plupart d’entre nous, la pêche de la carpe a été une véritable découverte au cours de ma jeunesse, une fois ce merveilleux virus incubé et les bases... je serai tenté de vous dire : à peu près acquises, me voilà désormais lancé dans un univers, qui, de par son immensité, nous laisse chaque jour, un peu plus rêveurs.

BRUNO FERNANDES

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Me voilà prêt pour mes premières journées de pêche. Encore adolescent, et n’ayant pas d’autre moyen de locomotion que mon vélo. Je devais régulièrement demander à mes parents de me déposer au bord de l’eau, accompagné d’un encombrant matériel, fraîchement acquis. Dans la majorité des styles de pêches pratiqués à cette époque, comme la pêche au coup ou a l’anglaise par exemple, j’accordais toujours un soin particulier au sondage. Me donner les moyens de découvrir ce qui se passait sous la surface, le type de substrat (vase, grave, sable...) sur lequel je pratiquais, ainsi que les différentes profondeurs… des étapes qui me paraissaient primordiales, et qui le sont tout autant au jour d’aujourd’hui.

Quelques années passent...

Après plusieurs sessions effectuées sur de nombreux plans d’eau de ma région, avec des résultats assez satisfaisants, je décide de laisser de côté ce que l’on appelle dans le jargon des carpistes : la pêche de bassines (ces fameux plans d’eau d’une superficie plus ou moins grande, avec une forte densité de poissons, qui, ne l’oublions pas, peuvent parfois se montrer très capricieux !)

Nous y sommes !

Arrivé sur un poste qui ne me permet pas d’y installer un biwy, et n’ en possédant tout simplement pas pour le moment… système D oblige ! Mon abri (de fortune) ne sera tout autre que ma petite Renault Clio, et en guise de bed-chair : le siège côté passager. Après le déchargement, ou aurais-je peut-être dû écrire : le soulagement de cette dernière, puis un placement chirurgicale des cannes, ça pêche ! La première journée se passe sans le moindre bip, d’ailleurs la deuxième et la troisième n’y changeront rien, malgré une activité importante sur deux des trois spots amorcés, et de nombreuses remises en question lors de cette session.

«En bref, je me suis cassé les dents, capot quoi !»

Ma pêche va pouvoir prendre une autre dimension .

Permis de voiture en poche, à 23 ans... il était temps (rires). D’autres horizons s’offrent à moi car, je peux désormais aller jeter mon dévolu sur deux plans d’eau réputés difficiles, dont un possédant une superficie vraiment plus conséquente que toutes celles que j’avais pu pêcher jusque-là. D’après quelques informations recueillies auprès des pêcheurs locaux, il faudrait apparemment que je prévoie d’y passer quelques jours, voire plusieurs nuits pour espérer y obtenir des résultats.

Post prospection et préparation

Pour ne pas déroger à mes vieilles habitudes, un sondage assez vaste de mon futur poste me permet d’y déceler quelques jolis spots à prospecter, à savoir : une canne sera donc placée en bordure sur une tâche de cailloux, une à 70 mètres sur un plateau, et la troisième sur une bordure sauvage. S’en est suivi la mise en place d’une pratique qui m’ était totalement inconnue, celle d’un ALT (amorçage à long terme). Assez onéreux, mon choix s’est rapidement orienté vers les graines (maïs, blé, bird-food pour oiseaux), le tout additionné de quelques billes. J’effectue donc un amorçage de 5 jours consécutifs avec ce mélange, sans exercer la moindre pression de pêche sur le poste. Les jours suivants, mes nombreuses observations me permettent déjà de recueillir de précieuses informations. En effet, après chaque amorçage, la bordure sauvage est régulièrement nettoyée et semble présenter beaucoup d’activités. «C’est plutôt prometteur, mon approche est peut-être la bonne ?»

En rentrant chez moi dépité, avec un mal de dos causé par le siège inconfortable de ma voiture, je me pose énormément de questions, supposant que j’avais peutêtre voulu me lancer dans des stratégies trop farfelues (et/ou) que je ne maîtrisais sûrement pas assez pour le moment. Bref, les jours passent et parviendront tout de même à me faire une raison : je ne suis peut-être pas encore prêt pour ce type de pêche. Je laisse donc ce mauvais épisode dans un coin de ma tête, en restant convaincu que le jour venu, je retournerai percer le mystère de ces lieux...

Onze ans s’écoulent...

Entre cette mésaventure et mars 2020, une année qui je pense, restera gravée à jamais dans l’esprit de nombreuses personnes, avec une crise sanitaire sans précédent, que je n’aurais jamais voulu connaître au cours de ma courte vie, soit ! Comme la majorité d’entre nous, bloqué à la maison, je cogitai (pêche), mais n’étais pas le seul à le faire car, cette fois nous étions deux. Effectivement, après avoir rencontré et échangé avec de nombreux pêcheurs au bord de l’eau, j’ai fini par faire la connaissance de Romain, un passionné partageant de nombreux centres d’intérêt communs, et par la suite... devenu mon binôme de cœur.

Après 15 jours de confinement et plusieurs échanges téléphoniques, nous avons eu suffisamment de temps pour élaborer une stratégie. Celle qui allait peut-être me permettre de ressortir victorieux des lieux qui m’avaient tellement déçu auparavant. De son côté, mon ami les connaissait mieux que quiconque car, il les avait déjà investis beaucoup de temps, pour ne pas dire des années... à arpenter ses berges. pour mon plus grand plaisir, quelques règles sanitaires changent et permettent à quelques-uns de mes fournisseurs de rouvrir leurs portes, me donnant ainsi l’opportunité de pouvoir reprendre une vie plus active. Effectivement, étant artisan dans le bâtiment, ma profession et quelques devis signés me redonnent le privilège de pouvoir circuler librement. Par chance un de mes chantiers se trouve à proximité de ces plans d’eau, serait-ce un signe ! Toutes mes pauses-repas s’effectueront donc au bord de l’eau, accompagné d’une canne à sonder, d’après les infos préalablement fournies par Romain, je retrouve assez facilement trois spots qu’il eût pêché dans sa jeunesse. Comme un accord, nous décidons rapidement de mettre en place un A.L.T, mais cette fois... de très longue durée.

Début avril…

De son côté, Romain restant confiné ne peut que très rarement aller effectuer les amorçages. Il décide donc dès que l’occasion se présente, de venir me déposer quelques kilos de billes à la maison. Cette organisation bien ficelée me permet d’aller les effectuer à sa place, avant d’embaucher… un petit détour non déplaisant qui me permet d’entretenir copieusement nos spots.

Un mois s’écoule,

nous sommes en mai et l’amorçage suit tranquillement son cours, sans avoir trempé la moindre ligne jusqu’à présent, aucune pêche ! L’annonce d’un éventuel déconfinement prévue le 11, commence à bousculer les premiers préparatifs pour retrouver les berges qui nous ont tant manquées...

Le moment venu, nous décidons de partager notre poste, en alternant les touches sur les trois cannes tendues… si toutefois nous avions la chance d’en enregistrer…(rire). Nous sommes sur le poste, et avons, entre guillemets, retrouvé la jouissance d’une certaine liberté. De mon côté, je dois admettre que j’angoissai énormément à l’idée de réitérer l’échec vécue onze ans auparavant, après tant d’investissement pour cette pêche.

Tout est désormais en place, l’attente peut commencer… après une heure de pêche, un premier départ violent sur la canne de bordure me procure une grosse montée d’adrénaline car, cette dernière est placée à proximité d’un obstacle. Malheureusement, cette courte lueur d’espoir laissera vite place à la désillusion car, la ligne cède... alors là, c’est vraiment la poisse !

«Ressaisissons-nous immédiatement...», on remonte tout et on replace le piège. La suite ressemblera à un véritable conte de fées pour nous car, un premier poisson de toute beauté rejoint le tapis de réception. Enfin, je suis parvenu à briser le mystère qui entoure ce lac et durant le reste de la semaine, où nous pêchions que les matinées, nous avons enchaîné les départs et réussi à mettre au sec de nombreux poissons d’exceptions. Enfin soulagé d’avoir pu assouvir ce rêve de gamin en touchant ces fishs sur des eaux réputées difficiles, que du bonheur ! En espérant que mon tout premier récit vous ait permis de passer un bon moment de lecture, Au plaisir de partager avec vous.

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