Un éditeur… Voilà ! (livre collectif de 20 poètes, illustré par Valérie Linder)

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Textes de Cathie Barreau Bernard Bretonnière Jean-Damien Chéné Pascal Commère Patricia Cottron-Daubigné Ariane Dreyfus Antoine Émaz Albane Gellé Luce Guilbaud Roger Lahu Philippe Longchamp Amandine Marembert Jean-Claude Martin Isabelle Pinçon James Sacré Jeanine Salesse Colette Touillier Jean-Claude Touzeil Claude Vercey Jasmine Viguier

UN ÉDITEUR… VOILÀ !

Ainsi tu cesses, Louis ? Tu lâches Le Dé bleu ? Il ne roulera plus, même un tout petit peu ? Prime d’aide à la casse aux très très vieux navires, Crise des PME, ou bien le grand coup d’ire ? Antoine Émaz

À Chaillé-sous-les-Ormeaux, pendant plus de trente ans, l’éditeur Louis Dubost a ouvert la porte de sa maison aux poètes. Le Dé bleu en a accueilli plus d’un… Mais il y a tant à faire au jardin où l’escargot s’impatiente : les semailles et les récoltes des saisons à venir, les verres de vin à partager, les poèmes à écrire… En 2009, il referme donc cette porte. Et les poètes s’en émeuvent. Les voilà qui prennent la plume pour écrire à leur éditeur.

UN ÉDITEUR… VOILÀ !

Cet ouvrage est publié en partenariat avec l’Université de Nantes.

Textes de

vingt poètes

La collection « Le Farfadet bleu » a quitté les éditions L’Idée bleue et poursuit son aventure sous l’enseigne des éditions Cadex.

Illustrations de

Valérie Linder

le farfadet bleu CADEX 19, rue d’en Quissé - Russan 30190 SAINTE-ANASTASIE

www.cadex-editions.net

ISBN 978-2-913388-79-6 Prix : 9 €

9 782913 388796

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Illustrations de Valérie Linder


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Ouvrage publié en partenariat avec l’Université de Nantes

le farfadet bleu CADEX ÉDITIONS

2010 www.cadex-editions.net


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UN ÉDITEUR… VOILÀ !

Illustrations de

Valérie Linder

Textes de Cathie Barreau, Bernard Bretonnière, Jean-Damien Chéné, Pascal Commère, Patricia Cottron-Daubigné, Ariane Dreyfus, Antoine Émaz, Albane Gellé, Luce Guilbaud, Roger Lahu, Philippe Longchamp, Amandine Marembert, Jean-Claude Martin, Isabelle Pinçon, James Sacré, Jeanine Salesse, Colette Touillier, Jean-Claude Touzeil, Claude Vercey, Jasmine Viguier.


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© Raphaël Menegaldo, Mélanie Rouillé, Aude Trichet, étudiants en Métiers du livre à l’IUT de La Roche-sur-Yon, avec la complicité d’Albane Gellé et de Cathie Barreau pour la première édition. © Cadex Éditions pour la présente édition.


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PRÉFACE

À Louis D. et à son Dé bleu, aux escargots du jardin qui ont fini par gagner, à ses amis les poètes… Oui, il fallait absolument rendre hommage quand Louis Dubost a donné le dernier tour de clé à sa maison d’édition. Un éditeur… Voilà ! est d’abord la trace d’une belle fête en leur honneur à tous. L’idée de cette fête qui a eu lieu en mars 2009 à La Roche-sur-Yon a germé dans la tête des étudiants de l’IUT « Métiers du livre » de cette ville (il faut dire que Le Dé bleu, c’était leur escargot à eux, qui connaissaient par coeur la route de Chaillésous-les-Ormeaux). Quand je l’ai soumise à l’éditeur, il n’a pas été contre, je crois même qu’il a été un peu flatté… à condition, a-t-il dit, que les poètes, les éditeurs et les artistes soient là et que le vin (rouge) soit bon. Alors, tout s’est enchaîné comme par magie. Albane Gellé et Luce Guilbaud (des filles, on s’en doute) ont battu le rappel des poètes du Dé bleu. « Et si vous écriviez la lettre d’un auteur à un éditeur en quête de poètes », ont-elles proposé. On sait que la Lettre d'un éditeur de poésie à un poète en quête d'éditeur que Louis Dubost joignait aux refus de manuscrits a fait grincer plus d’une

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dent 1… Vingt d’entre eux, et non des moindres, ont accepté. Nulle componction dans ces drôles d’hommages, un sourire, tendre ou vachard, tout au plus. « C’est la vie voilà ». Au passage pourtant, une tranche d’histoire de la poésie à la frontière de deux siècles, à moins qu’il ne s’agisse, mine de rien, d’un art d’écrire et d’un art d’éditer. Écrire, éditer, lire. Le maître mot est la ronde, celle des mots et des livres, qui rime avec le plaisir. Au désir d’écrire, est corrélé celui d’être lu. Quoi qu’on en dise … Quand l’éditeur, celui qu’on a élu comme premier lecteur, renvoie le manuscrit, la déception est grande. Mais songe-t-on assez à celle de l’éditeur, pour qui la quête du Plaisir du texte vaut toutes ces heures passées à corriger des épreuves, écrire des lettres ou ficeler des paquets ? Dans la Lettre de Louis D., parfois rageuse, le plaisir n’est évoqué qu’en creux. Capter ou décevoir, être saisi ou se déprendre, l’envers et l’endroit dont parle Roland Barthes : « On me présente un texte, écrit-il. Ce texte m’ennuie. On dirait qu’il babille. Vous vous adressez à moi pour que je vous lise, mais je ne suis (…) pour vous ni un corps, ni même un objet, mais seulement un champ, un vase d’expansion ». Ces textes que l’auteur du Plaisir du texte qualifie de « frigides » ont fini par exaspérer l’éditeur. Du moins l’a-t-il cru. Et sans prendre sa 1. Cette lettre, publiée par Ginkgo, a paru pour la première fois en 1998, dans la revue Ficelle.

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retraite (réservée à d’autres grognards…), il a fait un pas de côté, après plus de trente ans au service de la poésie. Mais qu’il le veuille ou non, et les poètes ne le lui ont pas envoyé dire, Le Dé bleu, comme les vraies (et non les « petites ») maisons d’édition, c’est des histoires d’hommes et de femmes, de rires et de coups à boire, d’émotions qui affleurent. C’est une affaire d’engueulades et de réconciliations. Mais c’est surtout une histoire de don, sans laquelle la poésie ne vivrait pas, des poètes à l’éditeur, de l’éditeur à ses lecteurs… Des petits livres traversent les lignes, se posent sur une étagère ou au fond d’un sac, vite lus, dégustés, empruntés et pas rendus, abandonnés ou recueillis. Et dans ces échanges qui ne sont que le signe de la circulation du désir, celui de découvrir ce qu’il pourrait bien y avoir de l’autre côté de la colline, il y a bien de la jouissance. Et c’est encore Barthes qui en parle le mieux, décidément : « Le texte que vous écrivez doit me donner la preuve qu’il me désire. Cette preuve existe : c’est l’écriture. L’écriture est ceci : la science des jouissances du langage, son Kâma-Sûtra (de cette science, il n’y a qu’un traité, l’écriture elle-même) ». Voilà qui permet de saisir comment a opéré la magie de cette « fête au Dé bleu », à La Roche-surYon : c’est au fond parce que, Louis D. a eu en main ces preuves-là qu’a rencontré une telle unanimité l’idée de cet hommage à la poésie.

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Pendant que les poètes écrivaient, en effet, les premiers partenaires sollicités, la Région des Pays de la Loire, la Ville de La Roche-sur-Yon et le Printemps des poètes se sont engagés (Jean-Pierre Siméon en personne inaugura la fête). À l’université de Nantes dont dépend l’IUT, la Direction de la culture et des initiatives n’a pas hésité à prendre les rênes et le Pôle universitaire yonnais a assuré un soutien sans failles. En ville, Le grand R Scène nationale et la médiathèque Benjamin-Rabier ont ouvert leurs portes. Même les libellules de la maison du même nom, à Chaillé, s’en sont mêlées. Et près de cinquante étudiants ont relevé leurs manches… Trois d’entre eux ont réalisé la première maquette de ce livre, avec l’aide de Cathie Barreau. « La poésie ne meurt pas même si le facteur déménage ». Cette fête des poètes, la première d’une longue série, se perpétue aujourd'hui. Louis D. aura lancé la ronde… Françoise Nicol

F. Nicol est maître de conférences à l’université de Nantes.

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À Louis D.


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« LOUIDUBO »

Le « louidubo » étonnera vos amis. Le « louidubo » n’est pas soluble dans l’eau. Le « louidubo » secoue le cocotier. Le « louidubo » essuie convenablement les tempêtes. Le « louidubo » sait ce qu’il veut. Le « louidubo » ne rouille pas, même plongé en milieu hostile. Le « louidubo » gagne à être connu. Le « louidubo » a au moins vingt ans d’avance. Le « louidubo » fume la pipe dans les sens interdits. Le « louidubo » annonce la couleur. Le « louidubo » s’adapte à tous vos besoins. Le « louidubo » ne nécessite aucun entretien. Le « louidubo » gagne à être connu. Le « louidubo » dépasse de la poche. Le « louidubo » n’est pas de bois. Le « louidubo » ne fait pas la quatrième de couverture de la presse pipeule. Le « louidubo » est un pêcheur de perles. Le « louidubo » n’utilise pas de filets dérivants. Le « louidubo » a plus d’un jardin secret. Le « louidubo » voue un culte discret à l’escargot d’une lointaine province. Le « louidubo » a de la suite dans les idées. Le « louidubo » collectionne les libellules de gauche. Le « louidubo » n’a pas son pareil pour vaincre les bouchons.

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Le « louidubo » a du nez et même de la cuisse. Le « louidubo » est charnu et bien charpenté. Le « louidubo » ne tache pas la nappe. Le « louidubo » est long de garde. Jean-Claude Touzeil

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VUE DE DOS AVEC DÉ BLEU

Ce serait une ballade entre les rayons d’une bibliothèque une ballade entre les livres, entre les titres du catalogue d’un éditeur de poésie qui, après avoir guetté les mots et les poèmes de ses contemporains, a décidé de jeter le dé… et celui-ci roule, roule et roulera encore longtemps. Ce serait… une ballade bitume avec le cortège des nombreux sous un ciel trop grand les voici, les voilà, les poètes une fleur noire à la boutonnière un verre dans une main, un livre dans l’autre, celui-ci avec sa pipe celui-là qui s’ennuie sur terre celle qui rêve sur un pont de neige le jeune homme gris solitaire Guillaume des Ors et la femme métamorphique des rieurs, des râleurs, des cyclistes et des marcheurs de rêve. C’était Quand ? Tout cela, disait celui-là ? Ça aime la joie les poètes, pas seulement la douleur ! Ça tient bon la rampe, c’est comme ça ! mais ne nous écartons pas du sujet (ce qu’il faut de patience !) de ces questions posées au paysage

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de ces épisodes de feuilles à l’arbre sec puisque l’ombre tourne certains se reconnaîtront, d’autres prendront le dernier train avant le jour pour nous rejoindre.

Car tout bien pesé, Louis Dubost, éditeur de poésie depuis plus de trente ans a décidé de s’occuper de son jardin, d’être enfin à l’air libre, de faire pousser des favoris et des moustaches vertes à ses plates-bandes. Et oui ! Les mots du poème s’en vont avec l’éditeur qui secoue un peu le poète en lui ! C’est la vie, voilà ! Louis a rassemblé autour de lui des hommes et des femmes qui se ressemblent à travers les mots du poème, les mots de la vie, de ses frissons, de ses froissements, de ses émerveillements, de ses ratures, de ses douleurs, de ses espoirs… Pour certains du catalogue la vie est passée, la vie foudroyée. Le premier avait choisi la place du mort. Mais mort et vif le poète a toujours l’oeil du guetteur car ce qui existe un instant existe pour toujours. La poésie ne meurt pas même si le facteur déménage. Le jour où nous irons nous aussi cultiver les radis bleus par la racine, puisque tout doit disparaître, tout, de la poésie, de l’amitié née d’un long compagnonnage d’écriture et d’instants de vraie vie

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partagée, tout sera là encore de livres qui s’en vont avec leur dos marqué de bleu. Et, comme les écritures courtes sont toujours les meilleures, je salue d’un sourire l’éditeur et l’ami qui nous accompagna toutes ces années donnant forme et livre à nos gestes de dire et d’écrire. C’est la vie, voilà ! Luce Guilbaud

J’ai appuyé mon texte sur ces titres, au catalogue du Dé bleu : Ballade bitume, Jean-Pierre Lesieur. Les Nombreux, Jean-Pascal Dubost. Un ciel trop grand, Jean-Claude Martin. Une fleur noire à la boutonnière, Jacques Morin. Je m’ennuie sur terre, Jean-Pierre Georges. Le Pont de neige, Jeanine Salesse. Un jeune homme gris, Michel Merlen. Guillaume des Ors, Jacques Brémond. La Femme métamorphique, Hervé Merlot. Le Marcheur de rêve, Gérard le Gouic. C’était quand & Tout cela, François de Cornière. Ce qu’il faut de patience, Bernard Bretonnière. Questions posées au paysage, Régis Roux. Épisodes de feuilles à l’arbre sec, Claude Vercey. L’Ombre tourne, Clod’Aria.

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Dernier train avant le jour, Évelyne Morin. L’Air libre, Albane Gellé. Les Moustaches vertes, Luce Guilbaud. Les mots du poème s’en vont, James Sacré. La Vie voilà, Louis Dubost. La vie est passée, Georges L. Godeau. La Place du mort, Gilles Pajot. Mort et vif, Isabelle Pinçon. L’Œil du guetteur, Michel Valprémy. Ce qui existe un instant existe pour toujours, Jean Rivet. Le facteur déménage, Jean-Damien Chéné. Les Radis bleus, Pierre Autin-Grenier. Tout doit disparaître, François de Cornière. Si peu de terre, tout, James Sacré. Les Écritures courtes, James Sacré.

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Bien cher Louis, cher auteur, cher éditeur, sacré bonhomme,

Eh, c’est que tu m’en as appris des choses depuis que nous nous connaissons… La première fois que je t’ai rencontré, c’était au feu Marché de la poésie de Nantes, dans les années 80 ; je me rappelle, autour de nous, Janne et Francis Krembel, Claire d’Aurélie que je n’ai, comme toi, jamais perdus de vue depuis. Oui, bien cher Louis, tu m’en as appris des choses et je vais essayer d’en dresser le compte imparfait, une liste incomplète, quoi, une énumération… Ça t’étonne ? Louis m’a appris qu’un coup de dé (bleu) abolissait les droits d’auteurs. Louis m’a appris à faire attention chaque fois que je monte sur une échelle. Louis m’a appris que l’échelle de la gloire littéraire ne doit nous importer en rien. Louis m’a appris que si l’éditeur le plus représenté dans ma bibliothèque personnelle est Harlequin, c’est à lui que je dois adresser mes manuscrits. Louis m’a appris que la reconnaissance ne doit pas être le but des poètes, mais qu’un tout petit peu de reconnaissance peut encourager pour continuer à écrire (ce que dit joliment Antoine Émaz). Louis m’a appris que lui recommander le manuscrit d’un ami poète apprécié n’en garantissait pas la publication.

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Louis m’a appris que lui réclamer trois fois le contrat d’un troisième livre pouvait rester sans effet. Louis m’a appris que me donner le temps de « jardiner » longtemps dans mes textes avant de les lâcher était salutaire. Louis m’a appris qu’on peut filtrer les appels téléphoniques en laissant constamment son poste sur la fonction répondeur. Louis m’a appris qu’on peut prendre un pseudonyme pour publier incognito des textes dans des revues – s’amusant, les abusant. Louis m’a appris que lui demander de choisir – à ma place – dans mes textes pour amaigrir mon manuscrit ne servait de rien – puisqu’il a tout publié. Louis m’a appris qu’ouvrir une bouteille dès qu’un visiteur passe le seuil de sa maison est une belle preuve de fraternité. Louis m’a appris que lire pour la première fois dans son catalogue Pierre Autin-Grenier, Michel Baglin, Gabriel Cousin, Ariane Dreyfus, Georges L. Godeau, Vahé Godel, Gaspard Hons, Alain Jégou, Sarah Kirsch, Roger Lahu, Jean-Damien Chéné, François de Cornière, Sophie G. Lucas, Alain Malherbe, Robert Piccamiglio, Valérie Rouzeau, Joël Sadeler, Éric Sautou, Claude Vercey, Alain Wexler – qu’il me pardonne d’en oublier, qu’ils me pardonnent, les oubliés – allait m’ouvrir de grands horizons et aiguiser mon esprit critique (à mon propre endroit particulièrement). Louis m’a appris que l’auteur de la méchante

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formule « éditeur invisible et périssable » avait péri avant Le Dé bleu. Louis m’a appris que correspondre avec Pierre Autin-Grenier, François de Cornière, Jean-François Dubois, Roger Lahu, Antoine Émaz, Jean-Pierre Georges, Sophie G. Lucas, Valérie Rouzeau, n’aurait pu se faire sans lui. Louis m’a appris qu’un poète-éditeur ne s’autoédite pas systématiquement. Louis m’a appris que je lui dois d’entretenir autant de relations fraternelles avec des écrivains – Pascal Commère, Luce Guilbaud, Gilles Pajot, James Sacré, Annelyse Simao et Bruno Berchoud – avec lesquels j’ai partagé un inoubliable petitdéjeuner angevin – là encore, qu’il me pardonne d’en oublier, qu’ils me pardonnent les oubliés. Louis m’a appris que je ne mourrais pas nécessairement de honte si je me mettais à lire tout seul mes textes en public. Louis m’a appris que fumer la pipe convenait parfaitement aux tempéraments bonhommes – j’ai essayé, je n’y suis pas arrivé. Louis m’a appris à contacter sur sa recomman dation un autre éditeur qui est une éditrice, l’« adorable » (dirait Roland Barthes) et amicale Marie-Chistine Moreau de La Part des Anges. Louis m’a appris à découvrir des lecteurs, sais pas, j’ai pas compté, mais Françoise, Ronan, Nadine, Yvon, Olivier, James, Sandrine, Martine, Jean, Roger, Christophe, Éric, Dominique, JeanLuc, Gil, Anne, Annaïg, Brigitte, Jean-Paul,

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François, Paul, Sylvain, Philippe, Michel, Guy, Catherine, Jean-Pierre, Pascale, Isa, Jean-François, Bernard, Xavier… Louis m’a appris à me prendre pour une star le 7 septembre 2000 à 13 h 20 lorsque je découvris qu’une belle inconnue en robe à smocks jaunes et orange lisait l’un de mes livres du Dé bleu en déjeunant à La Brioche dorée 5 rue du Calvaire 44 000 Nantes (je peux produire deux témoins). Louis m’a appris que c’est avant tout à l’auteur de construire et d’organiser son livre, plutôt qu’à l’éditeur. Louis m’a appris qu’il ne rechignait pas sur les 4e de couverture rédigées par les auteurs (souvent meilleurs dans l’exercice si l’on considère les 4 de couv pondues par les grozéditeurs). Louis m’a appris qu’un éditeur peut demander à un auteur de changer le titre de son livre (La Chasse d’eau d’Hegel est ainsi devenu Dans la compagnie des anges). Louis m’a appris qu’un éditeur peut brutaliser verbalement un poète mal léché. Louis m’a appris qu’un éditeur peut offrir un livre à un étudiant sans le sou. Louis m’a appris qu’un bonhomme de sa trempe pouvait être mi-figue mi-raisin, mi-dur mi-tendre, mi-cuit mi-cru. Louis m’a appris qu’un éditeur pouvait sagement décider de sa retraite – active – et que ça se fêtait, nom d’une pipe ! Bernard Bretonnière

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QUATRE QUATRAINS – PLUS UN – D’UN AUTEUR À UN ÉDITEUR DE POÉSIE EN QUÊTE DE POÈTES

Un jour, de sa Vendée un éditeur en quête vint à se demander : Où sont les vrais poètes ? On l’a cru fatigué lui l’éditeur habile qui souvent a largué des poètes débiles On a joué aux dés pour trouver un poète à l’esprit farfadet dont les mots soient en fête Et les bleus ont gagné les escargots en tête ornementés, parés de leur esperluette. p.s.

J’ai convoqué Papa pour conduire ce train Il a guidé mes pas et sont nés ces quatrains. Colette Touillier

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Cher Louis,

Le mot MERCI en grandes lettres pour ces années jusqu’à vingt ans presque en arrière ! J’avais vingt ans tiens justement et on m’avait tu te souviens coupé la langue ou quelque chose dans la gorge j’avançais les yeux bandés muette ignorante du monde entier et mes poèmes dans mon sac comme la seule chose un peu certaine. Ta réponse à ma lettre a été une vraie réponse ça commençait bien même si sur le moment évidemment j’ai détesté ta dureté je me disais c’est qui ce type qui m’engueule sans me connaître quel culot non mais je rêve. Il faut croire que tes mots ont sonné juste je suis allée pieds sur des oeufs au rendez-vous Péniche bleue que tu disais, un poète vivant lisait et moi me suis sentie vivante aussi et dans le vif du sujet. Mon souvenir est à la fois précis et flou je te revois me souriant ah c’est vous qui m’avez écrit, oui c’est moi à qui vous avez répondu je vais les lire les poètes que vous me dites c’est sûr certain et je m’abonne pour commencer à votre Dé bleu. Super gentil je me suis dit, pas comme les mots de sa fou tue lettre. Les années qui ont suivi : correspondance, toi attentif à mes questions à mes poèmes une amitié petit à petit et ce jour dix ans plus tard dans une rue de Rochefort je me souviens tu m’as demandé si j’avais des textes ensemble qui tiendraient la route un livre c’est ça pour Le Dé bleu ? J’étais toute folle à l’intérieur tellement contente et

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tellement fière je suis restée sérieuse devant toi euh oui promis je vais chercher trier ranger j’ai pas tardé à t’envoyer mon Air libre. J’étais partie à la campagne avec quelques liens seulement gardés parmi la poésie parce qu’il n’y avait pas que des vrais gentils en ville de Nantes dans la poésie. T’étais de ces liens-là gardés précieux et t’es même vite arrivé dans ma campagne je t’avais invité sur une place au séquoïa puis dans une grange de Saffré avec tes livres tous tes livres. Avec des filles et cent mille doutes on disait des poèmes Pajot Pinçon Autin-Grenier ton catalogue un trésor dans des cafés ou des prisons on voyageait on est allées jusqu’au Québec de Gaston avec dans nos valises tes bonnes adresses et tes bons plans pour TroisRivières la capitale Poésie. Tu as dit oui toujours dit oui après Saffré ce fut Oudon puis Abbaretz et puis Saumur. Entre temps il y a eu d’autres salons d’autres rencontres de Rochefort-sur-Loire à Noisyle-Sec en passant par Lyon et même ma mère sur sa route de St Jacques te croise à Limoges par hasard parmi des livres et des poètes forcément oui ! Le mot confiance de moi à toi et vice versa depuis toutes ces années. Et la complicité de se dire parfois notre ras-le-bol de la poésie, et des poët-poët alors, oui bien d’accord ! Tu arrêtes cette année ton aventure d’éditeur mais tu écris évidemment tu as écrit tu vas écrire et puis la vie de ta tribu enfants les grands et les petits autour de toi valent bien tous les livres du monde n’est-ce pas et puis ouste les auteurs de toute façon tu leur as toujours dit gentiment ouste à

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tes auteurs allez donc voir un peu ailleurs pas ton genre de faire l’exclusif tu aimes plutôt partager. Tu ne publieras plus de nouveaux livres de moi mais tu resteras ça oui mon éditeur pour L’Air libre Aucun silence et En toutes circonstances c’est comme ça quoi qu’on y fasse les liens sont là et je serai contente heureuse oui toujours quand on se reverra quand on s’écrira quand on se parlera avec des livres ou du vin rouge ou les deux ou seulement du vin rouge ou avec rien du tout voilà. Merci Louis. Et mille bises. Albane Gellé

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LETTRE À L’ÉDITEUR

« Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud » René Char, Fureur et Mystère « S’il est vrai que nous ne pouvons vivre qu’une petite partie de ce qui est en nous – qu’advient-il du reste ? » Pascal Mercier, Train de nuit pour Lisbonne

Arrache-toi, Louis Dubost, tu fais bien, et de nous arracher par ce mouvement de départ à notre rose paix de gentils vieux rentiers assis sur l’œuvre entreposée dans tes caves, à rêver qu’elle mûrisse, à attendre que nous réveille un matin la garce postérité ! Mais le soleil oublie un jour de se lever, et tout pareil l’astre éditeur jette les clés et s’éclipse. Nous pousserons des cris d’indiens plumés tout vifs, bien sûr ! mais nos regrets d’orphelins, qu’on les mâte à coup de pelles comme dans les soutes on assomme l’inconnu avant de le balancer dans la gueule de l’océan ! Au vrai tu ne pars pas, Louis Dubost, et encore moins tu nous quittes, comme m’écrivait hier un maladroit : tu demeures, et nous ne sommes point quitte, tu fais tout juste un pas de côté :

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je reconnais bien là cette manière de se tenir au bord d’une assemblée, évasif à mordiller le tuyau de sa pipe, jouisseur devant l’excitation des protagonistes, à tâter le bois dont sont décidément faits les hommes et dont à la fin il arrive qu’on se lasse. « La poésie, oui, mais les poètes, merde ! » disait déjà le maître et seigneur de Goudargues. Pouah ! les vilains oiseaux ! Leurs ailes de géants… : assez joué, mes poulots ; assez roulé le dé : il a montré ses faces et le bleu de son cul : nos invendus tournent vinaigre, les chefs d’œuvre finissent en tas au secret du cellier, en piles de feuilles mortes qui se dégradent en stocks : voilà, on croit rendre service, devoir rendre justice, on tourne par plaisir la manivelle d’une ronéo, on agrafe et l’on se retrouve tous les dimanches de son unique vie à dresser des stands sur les foires, à protéger la petite entreprise née du hasard et qui toujours menace alors qu’il ferait bon de tremper la plume au fil d’un courant, les orteils dans la fraîcheur de l’eau, à défaire les perruques de ses petits-enfants, à se risquer en haut de l’échelle ou sur le cerisier sans crainte de mettre en péril davantage que soi-même.

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Arrache toi, Louis Dubost, tu fais bien de fuir l’ignorance des pisse-lyres, la vindicte des refusés, l’ébriété des photocopieuses, la condescendance des éditeurs de Paris et de leurs mules médiatiques, meute combien plus ingrate qu’un terreau de jardin, où sans réserve et sans discours les parterres de haricots, les carrés de pommes de terre donnent. Qui ira reprocher à un homme de vouloir avant l’attaque du scherzo raccorder son violon ? Tu as fait ta part, Louis Dubost, et bien faite, de la corvée collective à laquelle chacun pour le bien de tous devrait à son tour se plier : aux petits marquis, aux toujours vierges et toujours inflammables, aux jeunes retraités si étonnamment verts, à ceux qui jamais n’ouvrent un livre par crainte de troubler les pures sources de l’inspiration, à eux les beaux messieurs et gentes dames, de se coltiner les taches d’arrière boutiques, de se salir les mains : à toi la part d’irresponsabilité qui te revient, Louis Dubost : nous sommes quelques-uns au coude à coude avec toi, à la table basse du banquet à lever notre verre – hourra ! – à la prochaine saison du poète. Claude Vercey

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RECONNAISSANCE À UN

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« PAYS »

Saluer Le Dé bleu, certes. Célébrer sa disparition, que non ! Celle de Louis, moins encore. Et bien qu’éveillé aux pompes ecclésiales dès l’enfance, je n’entends guère en l’espèce tenir l’un des cordons du drap funèbre. Cela dit, il me faut bien reconnaître que le dénommé aura été l’éditeur de quatre cents livres de poésie, ou peu s’en faut, dont un certain nombre émanent de poètes qu’on lit, et relira. Étant entendu qu’il faudrait considérer la liste d’un peu plus près. Faute d’analyser sur le champ le catalogue en profondeur, nous retiendrons ce qu’il faut de ténacité, de persévérance, bref d’amour de l’écrit, si ce n’est de la vie tout court, quand ce ne serait pas d’amour de l’autre, pour poursuivre durant tant d’années pareille besogne au service de la poésie. Un éditeur décroche. Petit, qui plus est, selon le jargon du métier. On ne s’aperçoit de rien. Viendra un temps, pourtant, où les générations présentes et à venir chercheront en vain une porte où frapper. J’aimerais pour ma part me souvenir des origines du Dé bleu, c’est-à-dire de ses premiers opuscules ronéotés et agrafés. Puisque l’aventure démarre ainsi. Edmond Thomas, dont on connaît le savoir faire, n’est pas encore entré en piste. La typographie, c’est pour les annuaires des cercles privés et autres travaux de ville. Ou bien pour les Livres. J’entends : ceux qui présentent une tranche redon-

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dante et, par là même, une espérance de vente au public. Qu’en est-il des poètes – des jeunes poètes, alors ? Appelés à se faire plumer selon une formule à compte d’auteur largement pratiquée. S’il devient, au fil des années, l’éditeur attitré d’un bon nombre d’entre eux, Dubost est aussi – et surtout – celui qui publia leurs premiers livres. Cela ne doit pas manquer d’être dit. Dans la lignée de Chambelland en quelque sorte. Autre éditeur de poésie. Autre Bourguignon ! Avec moins d’embonpoint, toutefois, de panache. Et Dubost ne joue pas les mousquetaires. Encore que. Au premier abord, l’homme fait preuve d’un calme serein. Affiche une force tranquille, affrontant tous dilemmes avec bonhomie. Un mot me vient alors et c’est humanisme. Tant l’homme de Chaillé m’a toujours semblé ne rien négliger de ce qui touche à la personne humaine, traitant les affaires de la poésie avec le respect et le sérieux qu’il accorde à celles de la vie ordinaire. De la cité, disons-le. Car il n’échappe à personne que ce natif de Saône-et-Loire, devenu vendéen par le hasard des nominations académiques, garde, dans son personnage comme dans sa vie, une façon d’empoigne raisonnable pour ce qui constitue, ou devrait constituer encore, le bagage du citoyen. Le mot paraîtra déplacé ici, peut-être. Je pense toutefois que l’intéressé ne s’en offusquera pas. Mais je parle de l’homme, et non du Dé bleu. Tant il est vrai qu’aux yeux de ses contemporains

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les deux restent étroitement mêlés. Et cela dès le nom – L’Idée bleue n’ayant fait que prolonger astucieusement une semblable euphonie. Si Le Dé bleu « est » Louis Dubost, il est aussi et bien sûr quelque chose en plus. Quelque chose qui, s’ajoutant, recouvre un engagement sans faille au service de la poésie. Engagement non dissociable de son travail d’éditeur, lequel a su, au fil de plus de trente années de combat (mot constitutif du Dé bleu), rassembler assez largement autour de lui. Des auteurs avant tout, mais aussi – et surtout – des lecteurs. Abonnés, ou non. Dans tous les cas, des sympathies, des partages. Pareille conception du métier le conduisant, par ailleurs, à ne pas en faire son gagne-pain, comme pour conserver intacte l’énergie nécessaire à son activité d’éditeur, désintéressée s’il se peut. Laquelle activité dépassera bien vite sa seule personne, témoignant ainsi de ce que Le Dé bleu relève en fin de compte d’une somme, au sens d’une addition s’entend. Ce qu’on pourrait dire de l’homme lui-même. Soucieux de ne pas ériger la structure en école, il saura accueillir, au nom d’une liberté d’esprit revendiquée tant à travers ses choix que dans la gouvernance de sa boutique, les rencontres, aussi bien que les talents, et cela sans dogmatisme. S’ensuit un catalogue éclectique, mais non point commun, qui témoigne davantage d’un sens de l’ouverture que de la moindre compromission. Sans jamais donner dans la vieillerie académique, à qui il tourne le dos d’emblée, il accueille l’envol d’une émotion neuve, aussi bien que la célébration de

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l’instant, non sans faire place à d’autres écritures, restées proches des goûts premiers, celles-là même qui sont inscrites dans le terreau d’une pensée qui questionne le monde. Le dénominateur commun restant la défense du poème, à travers des productions différentes, mais particulières, tant par la qualité de l’écriture que par l’authenticité de l’expérience dont elles découlent chacune à leur façon. Avec une prédilection marquée pour la concision, la ligne courte. Je n’ai pas connu Louis Dubost à ses tout premiers débuts. Comme tant d’autres je reçois ses publications, par abonnement, ainsi que je n’ai cessé de le faire, ou peu s’en faut, au long des décennies qui ont suivi. Une impression me revient alors. Le Dé bleu, c’est Char. Formule qui m’apparaît bien lapidaire aujourd’hui. Mais j’avais à résoudre d’autres démêlés à l’époque. Et pour neuf qu’il pouvait paraître, ce ton-là laissait entendre à mon oreille un timbre quelque peu péremptoire. Y manquait-il le chant – ou le déchant ? Le gras, ainsi qu’on le dit pour le vin. J’ai souvenir qu’alors la poésie lorgne du côté de la philosophie, le lyrisme s’assèche. Nombre d’écritures se réclament plus ou moins ouvertement de l’auteur des Feuillets d’Hypnos. Est-ce à dire que le format des livres du Dé bleu, qui n’a pas changé depuis lors et reste parfaitement identifiable, vient de cette reconnaissance de l’aphorisme, du fragment… Avec Saint John Perse, ou Claudel, c’eût été d’autres livres !

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Mais je ne suis pas sans partager quelques amours avec mon « pays ». Paul Chaulot, notamment ; Frénaud bien sûr. Mais c’est plus tard. À l’âge mûr. Lorsque l’on retrouve dans ses origines, et pas seulement géographiques, dans son cheminement, ce qui reste malgré tout la base de nos oscillations entre l’ombre et la lumière, la terre grasse et le roc. Tous fondements d’une voix lente et longue à s’établir. Celle-là même qu’une jeunesse ardente s’active d’abord, et toujours, à passer par le feu. Pascal Commère

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Très cher et estimé sidérostat,

Ayant eu la jale de galipoter les eupeptiques et choroïdiennes chénopodes installées aux marges de ton lycoperdon de sidérite pour le sabouler contre les myrmécophiles blasements qui se mussent à l’assaut, trusquinés de manuscrits très fongistatiques et toujours d’un jugal fluate, la langue intarissable et les mains clapises de la plus tenace doloire, j’ai la chance de prévariquer déjà deux sacolèves dans ton leptolithique lantanier. Et je suis dans l’attente d’une brachycéphale pretintaille, un étambot accouardi pour bientôt, un passe-debout varlopé à l’aramon blèche, ralingué à obvenir un peu de laxité dans quelques runes, rugines et petites noèses que j’ai floculées dans le siècle passé, créosotés par de petites maisons de sidérose (comme on dit), toutes khédivialement hongrées. Certes, si je voulais, j’aurais beaucoup à dire ! Sur la dirimante extrudeuse par exemple, la haute livarde du torque, les bradykinines lévogyres ou qui excorient en numismate, le balivage qui n’est « artistique » qu’à titre de lieu commun, qui ne l’est de toute façon que gréseusement, etc. Après trentecinq ans de souquenille, transverbérant au commensal de tes siglaisons et surtout des quelques oligophrénies rudérales – qualificatif qui absterge à débrutir la très pectique glabelle du mot « oligophrénies » ici émorfilé – que tu sus donc essanger à

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leurs pébrines, tu calamistres de là-haut le basin rudéral coruscant où toutes sortes d’ombrines rudérales, et même ombriennement rudérales, moitissent une parulie sibilante (et bien sûr rudérale, parfois jusqu’à l’écœurement) tandis que des broquettes, elles aussi rudérales, en graticulant nolisent entre leurs hâtiveaux, bourdant d’une si aduste cuscute qu’elles sont la plupart du temps sur une seule élodée, et de temps à autre bouffissent un œstrus sigmoïde – ou au moins un œstrus paulien – de la pegmatite pellagreuse, parfois même deux zinzolins avec dermeste. Et pendant ce temps, la rudenture sur son petit spicilège de jouquet a rustiqué vers la parousie, pour lourer les andains sur les pochouses, levretter quelques péculats obvies sur des concaténations très oghamiques, et, du moins si le fenouillet déclinque dans le bon portulan et à la bonne mirbane, échampir un petit coup. Comme tu vois, très cher et estimé sidérostat, je n’ai pas mâché mes mots. Pas hésité un instant à te dire mon fongible minage, mon oculus rubéfiant, toute ma partiaire tonture, la plus pédicellée, même la plus sinapisée qui soit. Tout cela, nous sommes, j’en suis sûr, nombreux à le penser. Cette fois, c’est dit ! Haut et clair ! Très pulpairement à toi, Philippe Longchamp

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Louis, je n’en ai pas fini d’attendre ton coup de sonnette quand tu débarques dans ma banlieue. Tu dis : « Je pose ma valise, je mange un morceau et je repars ». À Saint-Sulpice au marché de la poésie ou à Montreuil. Alors on parle, de ce qui presse ou de ce qui peut attendre. Des livres que tu viens juste de publier : « Les livres sont des îles où les mots prennent leur temps », écris-tu dans L’Île d’elle. On s’informe de nos enfants ou plutôt de nos petits-enfants, d’un ami que la vie lâche, des fruits et des confitures qui en résultent. De ta maison en Bourgogne. Et les escargots ! Les voilà qui descendent tranquillement de Chaillé en passant sous les salades et les ormes que tu replantas. Et puis ils grimpent tout en haut de la pile des livres au fur et à mesure que tu ouvres les cartons. Ils viennent chatouiller les esprits capricieux ou chagrins des poètes pas toujours bien lunés. Tous ces auteurs, ça en ferait un beau compost ! D’ailleurs, c’est bien ce que tu cherches à réaliser quand tu nous fait lire et rencontrer les uns les autres, chacun sa singularité, sa musique, ses mots en catastrophe, en délire, en eau dormante. On se frotte comme petites cornes sondant les obstacles. Tu essaies de nous mettre des yeux au bout des vers. Ça fait des étincelles, car… « Seule la poésie pourrait donner une chance à notre part d’ombre » (L’Île d’elle). Et l’espoir que la poésie en profitera.

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Notre première rencontre eut lieu vers 1985 à la faveur d’une commande : Des pronoms mal transparents de James Sacré. On s’est écrit ; j’ai envoyé des poèmes à des revues que tu aimais. En 1987, c’est toi qui m’en demandais. Tu as édité mon premier livre Les Toits gris et j’en étais tout ensoleillée. « Un livre s’est ouvert » (L’Île d’elle). Maintenant il te faut bien penser à toi. Tous ces mots qui piétinent pendant que tu fais passer ceux des autres : « Les mots fusent comme des petites flammes bleues » (La Vie voilà). Ainsi on se retrouve dans une cave d’un bistrot de Paris à écouter / voir On a mis Papy dans le coffre de la voiture. Ta voix passe dans celle de la comédienne. On a envie de pleurer. « J’écris coagulant la langue la foi le doute à la façon des poètes » La Vie voilà Et maintenant poète, c’est toi qui vas te colleter avec les éditeurs ! N’importe ; tu es l’ami. De toute façon, ma maison t’est ouverte. Tiens, voilà les clefs. Jeanine Salesse

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LETTRE AU PASSÉ ET À LOUIS DUBOST

Remontons le magnétoscope, plus de trente ans en arrière. Je viens d’interrompre un compte d’auteur (c’est mon premier manuscrit, je suis encore innocent) chez « l’éditeur » Millas-Martin (paix à son âme !), car il me demande des frais supplémentaires pour justifier mes petits textes en prose. Je vais voir Roger Gaillard (le CALCRE débute aussi : il décernera bientôt son Requin d’or aux « éditions » Saint-Germain-des-Prés), il me dit qu’un nouvel éditeur s’est établi en Vendée et commence à faire des choses intéressantes. Est-ce que je lui écris d’abord ? Lui envoie des textes ? Est-ce que je passe le voir lors de vacances sur la côte atlantique ? Est-ce qu’il y a Claude (Vercey) – qui allait souvent à La Tranche-sur-Mer en été – lors de cette première rencontre ? Pour être franc, j’ai oublié. Chaillé-sous-les-Ormeaux, c’est pas évident à trouver, et Le Dé bleu, pas marqué en gros sur la grille ou la maison. Mais je me souviens d’un grenier déjà empli de bouquins et d’une Gestetner qui trônait sur une table : eh ! oui, le traitement de texte n’existait pas encore, ni la PAO et Denis Roche se croyait « moderne » quand il délimitait son vers par le déplacement du chariot de sa machine à écrire !

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Je me souviens de déjeuners de soleil avec Claude, déjà nommé, Luce (Guilbaud), JeanDamien (Chéné)… Je me souviens d’un repas où Louis nous quitta « pour aller voir le curé » !!! Nous rîmes grassement (à l’époque, le SIDA passait pour réservé aux homosexuels). Je me souviens d’une photo (chez moi) où il tient ma fille sur ses genoux. C’est pour ça qu’il m’a édité, parce que j’ai menacé de révéler ses mœurs douteuses (pourtant la pédophilie ne faisait pas recette comme aujourd’hui !) C’est vieux, tout ça. Depuis Le Dé bleu a grandi, pris un dos carré, nous mal au dos. J’ai toujours connu Louis pestant contre les « auteurs » qui lui bouffaient le temps et la possibilité d’écrire. Aujourd’hui l’auteur a enfin terrassé l’éditeur. Mais pour toutes les années où l’auteur a attendu, laissant l’éditeur faire son œuvre et nous donner la vie, merci à toi, Louis. Jean-Claude Martin

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À LOUIS DUBOST

ça devait bien arriver prendre ta retraite depuis quelques années tu en parles et voilà c’est fait l’idée bleue n’éditera plus la fin d’une belle aventure de 35 ans on va pas dire mais ça fait quelque chose c’est forcé ça ne nous empêchera pas d’écrire ç’est sûr sans doute pas non plus d’être publié ça ne nous empêchera pas de lire c’est sûr aussi peut-être même qu’on sera un peu plus curieux puisque dans notre boîte à lettres ce sera un peu plus maigre désormais mais juste on reste là avec tous nos mercis dans la gorge nos mercis d’auteurs à qui tu as donné la possibilité d’être lus nos mercis de lecteurs pour tous ces livres lus, relus, re-relus promenés avec soi, prêtés, donnés, tâchés, cornés, perdus, rachetés… tous ces mercis qu’on voudrait te dire et le manque que ça va faire tout de même tu te rends compte un peu ? j’ai découvert le dé bleu devenu l’idée bleue avec la pluie nantaise il n’y a pas si longtemps de ça à peine une dizaine d’années

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j’y ai trouvé un climat bien plus chaleureux que celui de Loire-Atlantique un espace dans lequel circuler des voix qui depuis font comme une famille alors bien sûr la famille demeure et il en reste encore à lire simplement il va manquer comme un endroit un lieu ouvert où se sentir un peu chez soi Jasmine Viguier

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HOMMAGE À LOUIS

Présentée au marché de la poésie à Paris en quelle année déjà ? 1995 ? ou 1996 ? par Patrick Dubost, un ami poète qui me reste très cher, derrière son « comptoir » de livres, tous beaux avec couvertures imagées, à vanter l’homme à la pipe les mérites de ses collections, surtout, surtout, un abonnement quatre livres année, formule magique pour durer, et cette volonté d’éditer des femmes-poètes, aux côtés de Luce Guilbaud, Ariane Dreyfus… j’ai trouvé une place pour deux livres qui me tiennent au cœur, surtout Ut qui pourtant n’a pas su faire son chemin de vie, prise en photo avec d’autres femmes quelques années plus tard, parmi lesquelles Valérie Rouzeau dont il a été fier de publier un texte qui a trouvé ses lecteurs, sinon de Louis, jovial et beau parleur, que dire ? un homme prêt à donner beaucoup de son temps passionné pour ouvrir au grand public la poésie, pour stimuler les pupilles et les papilles, mettre les mots dans l’oreille, goûter aux fines gourmandises, aussi pour sonder le beau dans le grand répertoire des voies libres et aventureuses de la poésie… merci à Louis de sa présence éditoriale et de son travail acharné vers le grand bleu ! Isabelle Pinçon

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À Monsieur Louis Dubost éditeur Monsieur Je viens de voir une publicité pour votre livre Lettre ouverte d’un éditeur à un auteur en quête d’éditeur, et comme je n’ai pas encore eu l’occasion de le lire, merci de me dire, en deux mots, ce que je dois vous envoyer pour être publié chez vous. Veuillez… Jean-Damien Chéné

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Cher Louis,

Je ne vais pas écrire une lettre pour te féliciter… ni d’avoir créé et fait vivre Le Dé bleu, ni de le jeter maintenant pour qu’il roule seul jusqu’à tant d’autres lecteurs : c’est un six, tu as tout gagné ! Et les lecteurs aussi ! Mais une lettre pour te remercier. D’abord pour les écritures découvertes à travers tes collections, Godeau (déjà lu dans une plaquette de chez Gallimard), Jean-Claude Martin, Valérie Rouzeau, Saïd Mohamed, Sophie Loizeau, Albane Gellé, Jean-Pierre Gorges, Patricia CottronDaubigné, Thierry Le Pennec, Isabelle Pinçon, Magali Thuillier … La liste complète serait longue ; et des voix que je connaissais déjà un peu et que tu as, parmi les premiers, propulsées vers le devant de la scène, celle d’Ariane Dreyfus, celle d’Éric Sautou, avec bien d’autres que je citais à l’instant. Te remercier pour l’accueil toujours chaleureux (accueil qui est aussi celui de Marie-Jo en votre maison de Chaillé-sous-les-Ormeaux), et la parole partagée, aussi bien dans « l’atelier » qu’au jardin, ou qu’autour de délicieux repas dans la plus agréable amitié. Et te remercier pour toute l’aide apportée à mes propres livres. En particulier c’est bien grâce à toi

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que mes poèmes ont trouvé des lecteurs en Vendée. Cela a commencé avec une de ces toutes petites plaquettes du début, fabriquées si laborieusement (et sans doute amoureusement aussi, dans un minutieux et patient travail qu’on aura peine à imaginer aujourd’hui) avec les plus rudimentaires moyens, machine à écrire et ronéo. J’ai beaucoup aimé cette première fragile plaquette dans laquelle d’ailleurs tu m’as demandé d’ajouter quelques textes de menue réflexion, premier essai pour moi de mettre ensemble des poèmes et de courts textes critiques, ce qui fut très certainement le point de départ de plusieurs livres écrits par la suite. Publier aux éditions du Dé bleu, ce fut aussi le plaisir de rencontrer un artiste tel que Michel Raimbaud, ou de travailler avec cet autre, Edwin Apps, qui, bien avant les pugilats ecclésiastiques récents du Saint-Sépulcre, savait déjà imaginer des batailles d’évêques dans les marais de Maillezais. J’ai toujours eu très grand plaisir à ouvrir un des livrets du « Farfadet bleu » qui n’est pas à mon sens une collection pour enfants, mais une collection où des poètes, et des artistes, laissent parler mieux qu’ailleurs l’enfant qui ne cesse de vivre en eux. Parfois aussi, cependant, il fallait défendre mes convictions contre tes préférences… Ainsi tu trouvais le titre Écritures courtes bien peu fruité (c’était je crois ton mot) pour du Sacré ! Mais tu savais aussi deviner et respecter ce qui importait vraiment

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à tes auteurs… Autant que tu as su conseiller, les rudoyant ferme à l’occasion, beaucoup de jeunes (et moins jeunes) porteurs de manuscrits. Et puis Le Dé bleu ce fut l’organisateur de beaucoup des premières lectures que j’ai faites en France, d’un étoilement de rencontres : en Vendée, à Nantes, à Angers, Abbaretz, Rochefort-sur-Loire, et bien au-delà. Voilà de bien maigres mots pour remercier vraiment le très attentionné et important éditeur que tu as été, merveilleusement efficace, de plus, pour la diffusion des livres que tu publies…. Te souviens-tu que cette première plaquette ronéotée (La Transparence du pro nom elle) fut remarquée par La Quinzaine littéraire ? Cher Louis, de la Vendée où tu venais de t’installer, et que je moi j’avais quittée, merci d’être venu me chercher en Nouvelle-Angleterre pour me ramener au « pays » pour que peut-être je m’y ressource, comme en dit ; j’en suis reparti lesté de ces livres que tu m’as donnés autant que je les ai écrits : souviens-toi de cette dédicace que tu m’as demandée pour l’un des poèmes d’Écritures courtes : quel plaisir tu m’as fait ! C’était comme donner à ce poème le titre qui lui manquait ! Cette dédicace, tu le sens bien, elle convient pour tous mes livres parus au Dé bleu. James Sacré

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Ainsi tu cesses, Louis ? Tu lâches Le Dé bleu ? Il ne roulera plus, même un tout petit peu ? Prime d’aide à la casse aux très très vieux navires, Crise des PME, ou bien le grand coup d’ire ? Je ne puis demeurer rimaillant plus longtemps. Pas le genre de la maison. En fait, je ne sais trop comment t’écrire. Tu cesses ; j’aime bien ce mot, actif ; cesser, mettre fin. Ce n’est pas échouer ; on aurait pu continuer, mais on arrête parce que ça suffit. On a fait le travail, longtemps, un travail de soutier, comme celui de prof de base. De temps en temps, une prime, une gratification tombe (je ne sais pas si tu es palmé ou méritant…) mais elle passe vite dans la moulinette des jours. Le boulot d’éditeur doit être aussi passionnant qu’ingrat : peu de mercis, beaucoup de s’il vous plaît, ça use à la longue. Reste ce qui est fait ; je préfère ce présent passif au passé composé. Et en tout premier lieu, je mettrais ces écritures féminines que tu as fortement rendues visibles ces dernières années. Inutile de donner des noms, suffit de lire les livres, mais c’est un point très important. Un autre, c’est de continuer un contre-courant à partir des années 70 – on l’a parfois appelé « poésie du quotidien », « poésie du moins que rien »… qu’est-ce que ça fait ? Mais rien à voir non plus avec le « nouveau lyrisme » des années 80. Le Dé bleu a tracé une route d’écart pour une poésie qui, sous des formes très diverses, interroge vivre, la langue, la réalité, l’époque… sans

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jamais s’embourber dans l’ornière régionale, ni se perdre dans les courants dominants. Donner lieu. Telle me paraît être la raison d’exister d’un éditeur, et la confiance qui va avec. Les auteurs ont parfois de grandes gueules, tu le sais, mais jamais aussi grandes que leurs angoisses. Tu cesses – tu as raison, si tu ne vois plus pourquoi continuer. « Je » n’est pas un autre, il est plusieurs ; normal que chacun demande son tour. Reste que le bar avec son néon bleu en forme de dé, il va manquer. Bonne énergie à toi, et amitié. Antoine Émaz

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Cher Louis qui a le premier Vraiment premier Accepté mes miettes Tu m’as fait le cadeau du chemin Maintenant tu veux en entier Non plus d’une mais de deux Mains être dans ta vie L’embrasser dehors Jamais loin d’elle la poésie Que tu aimes Nous continuons tous à marcher Et ainsi nous saluer Les voix traversent les pages Elles peuvent écoute Tu es celui qui nous rappelle Que le ciel est bleu ! Ariane Dreyfus

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Cher Louis,

Pas simple cette lettre. Je la commence, pleine de l’énergie de belles rencontres poétiques à SaintYrieix-la-Perche, la continue en revenant d’un séjour à Hossegor (ah, tout ce que permet la détestable voiture, même écrire) et maintenant, là, à la maison. Mais ni les châtaignes de la Haute-Vienne que nous avons ramassées malgré les interdits, ni les paquets de mer dont la sauvagerie délie la pensée, ni la grisaille mélancolique des marais que tu connais bien n’y font rien. L’exercice est difficile. Une lettre de reconnaissance, publique ! On y craint le ridicule ! Battre en retraite pourtant est impossible. L’engagement est pris. Et puis la retraite, c’est toi qui as eu la mauvaise idée de la prendre. Oui, désolée Louis, mais il faut que tu l’entendes, je dis bien la mauvaise idée. Si, comme j’en suis sûre, l’un des mots qui pourrait te caractériser est celui de transmission, comment as-tu pu imaginer nous abandonner ? Je pense aux auteurs que tu aurais guidés vers les bonnes rencontres, les bonnes revues où frotter leurs textes, à ceux, les mêmes et d’autres dont tu aurais dégonflé l’ego, transpercé par ta fameuse lettre, à ceux aussi qui comprirent que des échanges vifs avec toi étaient constructeurs (autofiction ??!!). Oui, vraiment, mauvaise idée.

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Mais l’amitié se doit d’être généreuse. Alors je reprends, j’élimine les reproches égoïstes; tu nous donneras d’autres plaisirs, à commencer par celui, fort, de lire tes écrits, trop rares jusqu’ici, à cause des poètes chronophages. Et j’aurai, moi, la chance de défiler à tes côtés dans les manifs organisées Place Napoléon à La Roche, puisque pour toi comme pour moi être poète rime avec rébellion. Et nous en profiterons alors pour discuter de tes écrits, des miens, du monde comme il va mal, ce que nous crierons bien fort contre ceux à qui nous devons pourtant le plaisir de battre le pavé ensemble. Je te remercie pour tout Je t’embrasse Patricia Cottron-Daubigné

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Louis,

J’enlève un « Monsieur qui n’est pas mon prénom », premiers mots d’une longue lettre d’encouragement datée du 28 février 2000. La revue Contre-allées fête ses dix ans en 2008 et voilà quasiment autant d’années de correspondance avec Le Dé/ L’Idée bleu(e). Un rayonnage entier de bibliothèque Ikea en ormeaux, rempli des services de presse de Chaillé. Et nombre de chroniques de lectures dans les pages de la revue. Alors quand Albane Gellé m’a demandé de t’écrire une lettre surprise hommage, je me suis dit que j’allais composer celle-ci avec des morceaux de tes lettres archivées par Romain dans des Esseltes en carton. J’en ai également retrouvé dans les tiroirs de mon bureau et de ma table de nuit, parmi manuscrits, nuisette, bouquins (dans le grenier ? non, m’a répondu Romain) ; l’occasion de les relire et de les rassembler. Beaucoup de cartes postales et deux longues et belles lettres, la première de 2000 (lue, je me souviens, sur un lit estudiantin à Clermont-Ferrand). Des phrases qui saluent le travail collectif de Contreallées – « vous restituez à la poésie une dimension (voire une fonction quasi organique) qui est celle du plaisir » – et mon travail poétique – « j’aime bien votre érotisme direct, et pas exhibitionniste ». Des phrases qui tissent déjà des liens : « les gens de ma génération (celle de vos parents !) », « une bande de

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20 / 23 ans », « voilà qui me comble d’aise : la relève se prépare, audacieuse et sans complexe ; vous pensez bien que je suis preneur ! ». La seconde longue lettre est datée du 29 décembre 2006, dans un « moment de vacance, le corps et l’esprit un tantinet engourdis – le froid (un peu), le guère-envie de s’activer, les lendemains de fête de famille qui sont aussi les veilles d’autres fêtes, etc. – entre deux polars et deux grilles du sudoku – ah ! Ne rigolez pas ! ». Il s’agit là d’une lettre émouvante, complimentant le contenu du numéro 19-20 de la revue Contre-allées et celui de l’article théorique de Romain, « L’expérimentation du vécu », paru dans le numéro 132 de la revue Décharge. « Je suis très fier d’être reconnu comme un des pères, d’avoir édité aussi la plupart des pères que vous vous reconnaissez ». Une phrase prolonge la réflexion sur l’acte d’écriture poétique : « un poète est un inventeur, ou invente à partir de ce qu’on a pour augmenter un peu l’appropriation du monde ». Tu y soulignes également l’importance de connaître l’atmosphère éditoriale d’un éditeur pour les poètes cherchant à être publiés, tes propos confirmant la nécessité d’énoncer précisément cette atmosphère : « tout ça pour ça : je m’y retrouve. Et je vous dois l’immense plaisir de trouver très fortement et clairement formulé un climat éditorial que, certes je subodorais au feeling, et que je n’avais pas moi-même réussi à vraiment décrire et cerner ». Un courrier du nouvel an qu’on n’a pas oublié, dont les

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termes chaleureux et reconnaissants sont cristallisés dans les formules initiales et finales : « chers vous deux », « amitié aux chers remuants enfants ». Courriers d’un éditeur de poésie qui trouve « la conjoncture bien morose » à un poète en quête d’éditeur : « toutes mes excuses de répondre si tard à votre manuscrit mais, comme je vous l’ai dit à Clermont, j’étais pas mal en vadrouille entre le 15 février et le 30 avril ; puis, je me suis mis au vert, en Bourgogne, jusqu’à mi-mai, avant de galoper à nouveau jusqu’au 10 juillet ». « Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas changé d’avis, et je publierai volontiers votre manuscrit resserré dans le Farfadet, le seul problème étant le délai de parution : les affaires sont moroses en ce moment, mais on pourrait envisager une publication en 2008. À ClermontFerrand, apportez-moi votre version resserrée ». « Le manuscrit me paraît tout à fait cohérent, plus resserré, me plaît quoi ! Je n’éditerai pas cette année, mais en 2008, ça vous va ? ». « Amandine, je ne vous oublie pas ; votre Farfadet paraîtra avant la cessation définitive des éditions – fin 2008, si j’ai les sous ». « Chère Amandine, mais non, je ne vous ai pas oubliée… ! Et votre Farfadet sera un des derniers livres que j’éditerai, sans doute au printemps 2009 (peut-être avant, si je peux payer l’imprimeur !)». Ce qui est chouette dans cette histoire, c’est que l’éditeur éprouve la patience du poète. Tellement patiente d’ailleurs et ne voyant pas le temps filer qu’elle traîne pour raccourcir son titre.

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Une carte postale le 17 décembre 2008, un coup de téléphone, et hop, une nouvelle proposition de titre est trouvée deux jours avant Noël. « J’ai confié l’illustration à une jeune illustratrice de… Mâcon ! Ainsi, une aventure éditoriale commencée à Mâcon se terminera quasi par un clin d’œil aux origines ! ». Je me souviens aussi d’une carte envoyée assez récemment où tu m’écrivais qu’il te plaisait que mon Farfadet soit le dernier livre que tu allais publier avant les « funérailles » de tes éditions pour des raisons symboliques : « une jeune femme », et, de surcroît, « éditrice » (même si, je l’avoue, c’est Romain qui tient la boutique à bout de bras). Par contre, c’est la seule carte que, pour l’instant, j’ai égarée. Je ne désespère pas de remettre la main dessus. Enfin, il faut que je termine cette lettre en rendant hommage à l’escargot et à son épouse, la libellule. C’est le festival « Poètes au potager » qui m’en donne l’occasion. « Autre remarquable innovation : le festival des Poètes au potager ! On en reparlera, et ça me parle à moi qui possède, entretiens et prends plaisir dans… cinq ares potagers ! ». « J’aime beaucoup – je passe beaucoup de temps au… potager ! – votre intitulé Poètes au potager. Ça fait envie d’être… invité ! ». « Mon ego aimerait bien, un jour, que je fasse partie de la confrérie des Poètes au potager : géniale idée ! ». « Ici, il pleut (22 avril 2008), et pas moyen de se mettre au boulot potager ! Alors j’écris à propos du jardin », « je viens de terminer un conte épicurien, très potager »,

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« ci-joint vous trouverez un cornichon, élément d’un ensemble que je peine à construire : c’est parti d’une commande de livre ». Une suggestion alors : cultive bien ton jardin. Et tu seras sérieux avec l’objet de tes rêves, une évidence qui passe pas, une île d’elle / d’ailes de demoiselle au luma. « Je vous embrasse (Romain, tu permets ?)» et je t’embrasse. Amandine Marembert P.S. Depuis cette lettre d’une poète en quête d’éditeur, je suis devenue la dernière farfadette bleue avec la parution, en mai 2009, de Toboggans des maisons qui a fait prendre à ta maison d’édition la dernière pente et m’a accueillie dans une autre, Cadex, coéditrice du livre. P.P.S. En octobre dernier, tu as généreusement doté Contre-allées de toute la collection du Dé bleu – y compris des raretés collectors –, déposant les livres à la villa des roses… en compagnie de Mâcon-Igé. « Chez vous ils seront chez eux », as-tu précisé. Nous ferons vieillir tes livres aussi bien que ton vin. Promis. P.P.P.S. Le potager des poètes attend donc celui qui l’a abonné aux Quatre saisons du jardin bio – véritable lecture en poésie. Pour y déguster la part du merle.

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LETTRE D'UN AUTEUR À UN ÉDITEUR DE POÉSIE EN QUÊTE DE POÈTES

Cher Monsieur Dubost,

Ne cherchez plus ! j’arrive ! je suis là ! cessez votre quête : je suis votre homme, que dis-je, je suis votre Graal ! en chair et os et quelques bas morceaux le tout enrobé de poils ! vous n’attendiez que moi ! vous n’espériez que moi ! vous m’avez ! tout à vous ! je vous embrasse je vous pelote je vous câline (et plus si affinités) ! Mais venons-en d’emblée à l’essentiel : quel tirage envisagez-vous ? avez-vous d’ores et déjà pris des contacts avec les medias ? jusqu’où êtesvous prêt à aller concernant mes droits d’auteur ? et pour les remboursements de frais de déplacement et d’hébergement de vos auteurs quels sont vos tarifs ?

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Pour le reste, ne vous inquiétez de rien, je vous écris le bouquin fissa, vous l’expédie dans la semaine, prévoyez SVP une couverture flashy. Faut qu’ça accroche l’œil. Un truc fun quoi ! Pour le titre c’est pareil, faut faire tilt illico : Tiens bon l’échelle coco je grimpe : ça serait bien non ? (y a plein de sous-entendus, de connotations, vous trouvez pas ? ) Je sens déjà que vous et moi on va se kiffer ! Hozan Kebo

P.S. À propos, vous faites dans quoi comme poésies, genre classiques qui riment et tout le tralala ou plus déstructurées, dites-moi vite avant que je me lance.

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Cher Louis,

Le 8 octobre 1986, je recevais une lettre de l’éditeur du Dé bleu, Louis Dubost. Je vois la jeune femme brune, trois bambins dans ses jupes, ouvrir cette lettre, la lire, ne pas la comprendre tout à fait, se réjouir que l’homme ait pris le temps d’une longue lettre, chercher des yeux des mots positifs en parcourant très vite, puis s’en retourner aux enfants qui l’appellent et lui disent comme souvent : « maman, tu rêves ! » ; je vois la jeune femme brune s’asseoir à la table de la cuisine le soir, une fois les enfants couchés, les histoires racontées, les yeux fermés, je la vois déplier à nouveau la lettre, la relire. Qu’a-t-elle lu ? Ce dont je me souviens c’est qu’elle avait compris qu’il y avait du chemin à faire, qu’il était possible de le faire, que l’éditeur l’encourageait. C’est là que dut naître, dans les mots mêmes de l’éditeur, « s’attarder » disait-il, « crayon en main » sur les poèmes, c’est là que l’idée de travailler, de se mettre à l’ouvrage comme son père dans son atelier, c’est là dans la lettre de l’éditeur que naquit très discrètement, à peine consciemment, l’envie de l’atelier d’écriture, terme encore inconnu d’elle. Il y avait pourtant maintes difficultés devant elle, des douleurs à venir, des bouleversements de vies,

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des choix de liberté pour écrire, des solitudes bienfaisantes. On ne sait rien de ce qui nous attend, et on sait tout. Au fond de nous, c’est décidé. Écrire malgré. Elle a lu aussi ce que peut être le travail de l’éditeur et, sous l’ampoule de la cuisine, un œil par la fenêtre sur le jardin dans la nuit (cette manie de rêver et de faire des phrases en silence apparemment), elle s’étonne de la confidence de l’homme. Il se plaint de tous ces textes sur son bureau, ceux qui ne correspondent pas à la ligne du Dé bleu, ceux qui ne l’intéressent pas. « Mais il y a quelque chose chez vous » écrit-il. À relire la lettre de Louis, vingt-trois ans plus tard, je me dis que tout y était, tout ce que l’écriture et l’atelier supposent : la lecture, le langage, l’écriture et la réécriture, l’attention au monde et à la sensibilité, la nécessité d’un texte, la parole qu’il donne au lecteur. Et si cette lettre est une des origines de ce que j’ai fait plus tard, j’ai su aussi que ce que je pouvais écrire ou dire à ceux qui m’ont remis leurs écrits était important pour eux, déterminant. Toute démarche d’écriture, même maladroite, mérite reconnaissance. Tout texte mérite un avis exigeant et bienveillant. Et c’est là toute l’affaire ; que fait l’éditeur du manuscrit qu’il reçoit ? Il est envahi, il a trop à lire, il s’ennuie à lire, il cherche le texte qui le réveillera, il cherche le texte qui lui dira comment marchent le

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monde et sa propre vie. Une maison d’édition est une carte d’identité : celle de l’éditeur. Entre le 8 septembre 1986 et le 7 mars 2009, j’ai écrit. Il y a plusieurs livres, mais pas au Dé bleu. À deux reprises pourtant, tu m’as demandé quelques textes : pour En Vendée Voilà et pour L’Évidence d’aimer. Puis en 2003, tu m’as fait un signe inoubliable : quand mon texte Cellule a paru chez Inventaire-Invention, tu m’as envoyé un mot, « Cathie, ça c’est ta voix ». Quelques années plus tard, quand mon premier livre a paru aux éditions Laurence Teper, tout de suite tu m’as appelée : « viens lire à Chaillé ». C’était l’hiver, j’avais le cœur en marmelade, la voix mal assurée. J’ai fait comme tu m’as dit Louis, crayon en main. Je crois que c’est mieux désormais. Et l’amitié a fait le reste. Tu n’es pas loin, je le sais, même si je ne t’entends pas. Ce que tu dis Louis est important. Sois prudent, pense à dire le meilleur, parce qu’il y a toujours quelque chose de bon en nous et c’est là-dessus que nous pourrons nous appuyer pour tenter de sauver ce qui reste d’humain, ce qui reste de poésie. Cathie Barreau

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Vous l’aurez compris, ces vingt poètes ont tous été publiés aux éditions Le Dé bleu / L’Idée bleue. Vous pourrez trouver les livres cités dans cet ouvrage auprès des éditeurs qui poursuivent leur diffusion : Éclats d’encre pour la collection « Le Dé bleu », Cénomane pour la collection « Les Mots-nambules », et Cadex pour la collection « Le Farfadet bleu ».

Valérie LINDER, née en 1969 à La Roche-sur-Yon (Vendée), vit à Clisson, près de Nantes. Elle enseigne les Arts Appliqués. Plasticienne, elle a exposé ses travaux dans plusieurs lieux en France. Elle a illustré La Belle Vitesse d’Ariane Dreyfus, Mange-matin de Valérie Rouzeau et Des sourires et des pommes de Louis Dubost parus dans la collection « Le Farfadet bleu ». Elle a illustré d’autres textes d’auteurs, notamment ceux d’Amandine Marembert (Du baume stick dans la douceur, La Yaourtière éditions), Ariane Dreyfus (couvertures de L’Inhabitable et La terre voudrait recommencer chez Flammarion, Iris c’est votre bleu au Castor Astral), Hoai Huong Nguyen (Parfums et Déserts chez L’Harmattan). Les éditions Esperluète ont publié Grammaire de l’amante en 2005 et J’habite une seule maison en 2008, dont elle signe à la fois les textes et les illustrations. Par ailleurs, elle crée et diffuse de petites collections de cartes postales.


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Achevé d’imprimer en novembre 2010 sur les presses de In-Octo à Salasc (Languedoc-Roussillon). Dépôt légal : 4e trimestre 2010. ISBN

978-2-913388-79-6


Textes de Cathie Barreau Bernard Bretonnière Jean-Damien Chéné Pascal Commère Patricia Cottron-Daubigné Ariane Dreyfus Antoine Émaz Albane Gellé Luce Guilbaud Roger Lahu Philippe Longchamp Amandine Marembert Jean-Claude Martin Isabelle Pinçon James Sacré Jeanine Salesse Colette Touillier Jean-Claude Touzeil Claude Vercey Jasmine Viguier

UN ÉDITEUR… VOILÀ !

Ainsi tu cesses, Louis ? Tu lâches Le Dé bleu ? Il ne roulera plus, même un tout petit peu ? Prime d’aide à la casse aux très très vieux navires, Crise des PME, ou bien le grand coup d’ire ? Antoine Émaz

À Chaillé-sous-les-Ormeaux, pendant plus de trente ans, l’éditeur Louis Dubost a ouvert la porte de sa maison aux poètes. Le Dé bleu en a accueilli plus d’un… Mais il y a tant à faire au jardin où l’escargot s’impatiente : les semailles et les récoltes des saisons à venir, les verres de vin à partager, les poèmes à écrire… En 2009, il referme donc cette porte. Et les poètes s’en émeuvent. Les voilà qui prennent la plume pour écrire à leur éditeur.

UN ÉDITEUR… VOILÀ !

Cet ouvrage est publié en partenariat avec l’Université de Nantes.

Textes de

vingt poètes

La collection « Le Farfadet bleu » a quitté les éditions L’Idée bleue et poursuit son aventure sous l’enseigne des éditions Cadex.

Illustrations de

Valérie Linder

le farfadet bleu CADEX 19, rue d’en Quissé - Russan 30190 SAINTE-ANASTASIE

www.cadex-editions.net

ISBN 978-2-913388-79-6 Prix : 9 €

9 782913 388796

fb

le farfadet bleu CADEX ÉDITIONS

Illustrations de Valérie Linder


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