BRUZZ - editie 1772

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RETOUR À L’ÉCOLE AVEC LAURA WANDEL

« Je tente de rappeler aux adultes qu’eux aussi ont eu des peurs immenses quand ils étaient enfants » pas présenté de scénario. Nous expliquions le début d’une situation et nous leur demandions comment elle pouvait se poursuivre. En général, ils inventaient des choses qui correspondaient à ce que j’avais en tête. Nous laissions ensuite les enfants improviser et à la fin, ils dessinaient la scène en question sur un carton. Ces dessins sont devenus leur scénario visuel.

Avez-vous aussi mis du temps à trouver un lieu de tournage ? BRUZZ | INTERVIEW

WANDEL : Évidemment. Je crois que j’ai fait toutes

Dans le film immersif Un Monde, Laura Wandel base la mise en scène sur la perception de la jeune Nora. « La caméra reste à tout moment à hauteur d’enfant. »

tion de Nora. Mon caméraman s’est adapté à chaque mouvement de Maya Vanderbeque (la jeune actrice au talent naturel qui joue Nora). Je l’accompagnais et je dirigeais Maya directement. Parfois, je lui disais même de regarder à gauche ou à droite. La caméra reste à tout moment à hauteur d’enfant. Par conséquent, vous n’avez pratiquement aucune vue d’ensemble, aucune vue dégagée sur l’environnement. Cela enferme le personnage. Dans la première scène, en entrant dans la nouvelle école, on a l’impression que Nora est engloutie par le bâtiment. Le son, lui aussi, vous immerge. Rien n’est plus bruyant qu’une cour de récréation. Les cris assourdissants viennent de partout et vous assaillent. Cela contribue sans doute au sentiment d’anxiété et aux éruptions de violence.

La légende veut que les réalisateur.ice.s qui travaillent avec des enfants ou des animaux cherchent les ennuis. Cela ne vous a pas refroidie. WANDEL : Je ne vais pas dire que je trouve les diffi-

cultés attrayantes. Mais j’aime les défis. J’écris et j’écris sans me soucier de savoir si une scène est trop difficile. On verra après. Je prépare tout à 32

l’avance. J’en ai besoin. Quand on n’a que 25 jours de tournage, on ne peut pas y arriver sans une préparation méticuleuse. Il y avait deux coaches pour enfants. À partir d’avril, nous avons organisé un atelier de cinéma tous les week-ends. En jouant, nous avons appris aux enfants à ne pas regarder dans la caméra. Nous ne leur avons

les écoles de Bruxelles. Je savais très bien ce que je voulais et ce n’était pas facile à trouver. Je cherchais une école avec des grilles qui donnaient sur la cour de récréation et des couloirs sans fin dans lesquels on peut se perdre. Nous avons tourné à l’Athénée Royal Andrée Thomas de Forest. C’est un beau bâtiment, mais qui a aussi quelque chose de flippant et de sinistre. Le cadre idéal. Le fait de retourner ensemble à l’école et de passer toute la journée dans une école a réveillé de nombreux souvenirs au sein de l’équipe du film. Tout le monde quasiment est venu me parler de ses expériences à l’école. C’est fou. L’odeur de la cantine évoquait de nombreux souvenirs. L’odeur est la seule chose qui manque au cinéma. Imaginez, un film qui sente la cantine de l’école. UN MONDE BE, dir.: Laura Wandel, act.: Maya Vanderbeque, Günter Duret, Laura Verlinden

HARDE LESSEN OP DE SPEELPLAATS

HARD LESSONS ON THE PLAYGROUND

Met haar debuutfilm Un monde katapulteert Laura Wandel de kijker terug naar de eerste schooldag en de brutale realiteit van de speelplaats. Het filmfestival van Cannes ging al voor de bijl, nu Wandels thuisstad Brussel nog. De filmmaker laat ons door de ogen van een zesjarig meisje, Nora, naar de schoolwereld kijken, en zien hoe haar oudere broer op de speelplaats wordt gepest. “De camera blijft elk moment op kinderhoogte. Daardoor heb je bijna geen overzicht.” Een benauwende ervaring. Wandel: “Ik was een beetje bang in Cannes. Un monde is een radicale film. Maar hij slaat aan. Zoveel kijkers willen me vertellen over hun eigen schoolervaringen.”

With her debut film Un Monde, Laura Wandel catapults the viewer back to the first day of school and the brutal reality of the playground. The Cannes film festival done and dusted, it is now time for Wandel’s home city of Brussels. The filmmaker lets us look at the school world through the eyes of a six-year-old girl, Nora, and see how her older brother is bullied on the playground. “The camera stays at child height every moment. As a result, you have almost no overview.” An oppressive experience. Wandel: “I was a bit scared in Cannes. Un Monde is a radical film. But they liked it, and so many film-goers want to tell me about their own school experiences.”

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