
16 minute read
Rêver de politique avec Denis Morin
Face à Donald Trump et consorts, que m’apprend l’attitude « processwork » ? Je souhaite témoigner ici de mes tentatives passées pour proposer le processwork dans l’espace politique, mais surtout des informations et ressentis actuels qui m’encouragent à développer cet axe avec une énergie renouvelée.
M o n s u j e t « c h a u d » d u m o m e n t
Plusieurs démocraties en Europe et en Amérique ont récemment porté au pouvoir des personnages improbables et apparemment très mal qualifiés pour leurs fonctions. Je pense bien sûr à Donald Trump pour les USA, mais aussi à Jair Bolsonaro au Brésil, à Viktor Orban en Hongrie et à Boris Johnson pour le Royaume Uni, le dernier en date. Ces personnages ont été régulièrement portés au pouvoir par leurs systèmes politiques respectifs, basés sur des élections dites « démocratiques ». Ils sont donc tout à fait légitimes sur ce plan. Leur arrivée au pouvoir est souvent expliquée dans les médias par un mot : « populisme ». Selon cette analyse, ils manipuleraient leurs électeurs pour se faire élire, en mentant effrontément, en jouant sur les peurs (en particulier celle de l’avenir), les émotions dites négatives et leurs corollaires (racisme, haine, méfiance, discrimination, repli sur soi...).
Si l’on considère le cas le plus emblématique, celui de Donald Trump, on peut observer en effet que ce personnage est critiqué sur le plan personnel pour son comportement irrationnel, pour ses messages injurieux, pour son arrogance, pour ses brusques changements d’avis, pour ses positions qui privilégient ses intérêts à court terme… Cette critique est aussi le signe qu’un tel comportement peut fasciner, même ses détracteurs.
Ces critiques n’empêchent cependant pas la répétition de ce phénomène d’accession au pouvoir de personnages qui lui ressemblent étrangement. Le cas de Boris Johnson est à ce titre très instructif car nous avons pu assister en direct à son arrivée au pouvoir envers et contre toutes les informations prouvant son incapacité à gouverner « rationnellement ». Ses électeurs (en l’occurrence les adhérents du parti conservateur qui ne représentent sans doute pas tous les électeurs de son pays) n’ont en effet pas tenu compte de ses erreurs manifestes dans ses précédents postes de responsabilité (maire de Londres, ministre des Affaires étrangères).
Comment je le « travaille »
Qu’est-ce que le processwork6 a à voir avec cela, me direz-vous ?
6 « processwork » est ici utilisé pour décrire d’un seul mot l’approche proposée par Arnold et Amy Mindell (http://www.aamindell.net/). Cette approche a été introduite en France par Maurice Brasher et y est actuellement promue par la Maison du processwork (https://processwork.info/)
J’aimerais partager avec vous ce que dix années de pratique et de formation en processwork (complétées plus récemment par l’InnerRelationshipFocusing7) m’ont appris :
- Explorer ce qui en moi ne comprend pas, réagit, se révolte face à cette montée du populisme et au comportement haineux et irresponsable de ses représentants ;
- Observer les « patterns», les structures formelles qui se répètent, au-delà des contenus, des idées qu’ils véhiculent ;
- Ressentir en moi comment résonnent les émotions globales (« timespirits» 8) qui envahissent nos démocraties prétendument bien organisées et les déstabilisent ;
- Accueillir toutes les parties de moi (physiques, émotionnelles, mentales) qui ont besoin de s’exprimer à ce sujet.
Le plus important, c’est de faire l’expérience de ce travail personnel. Mais c’est difficilement transmissible dans un article. C’est le paradoxe de cette approche : elle se transmet d’abord par l’expérience. Ceci explique sans doute en partie sa progression bien plus rapide dans de nombreux pays (USA, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne...) comparativement à la France.
En travaillant sur ces processus, voici ce que j’apprends et que je souhaite néanmoins partager :
• Je suis de nationalité et de culture française et quelque chose en moi prend plaisir à manier des concepts, de grandes idées. C’est ce qui me pousse à partager mes apprentissages, mes impressions ci-dessous ;
• Je vois dans cette montée du populisme et l’arrivée au pouvoir de ces personnages le symptôme d’un manque, d’un angle mort dans les systèmes sensés réguler les relations internationales. De nombreux systèmes, organisations et processus ont été mis au point à la sortie de la Seconde
Guerre mondiale (ONU, traités internationaux...). Ils ont pour vocation de réguler les relations, de faciliter les négociations internationales en cas de conflits, et plus généralement d’offrir un cadre commun à toutes les nations. Ces mécanismes ont joué un rôle important depuis cinquante ans en fondant les relations internationales sur des traités, des accords écrits et un droit international de plus en plus développé. Au-delà des critiques récurrentes qui leur sont faites (inefficacité, lourdeur, passivité, contrôle par les grandes puissances...), j’ai pu observer qu’ils cherchent à exclure l’irrationalité, les émotions brutes, les changements soudains d’opinions. • Selon moi, un pressentiment est de plus en plus partagé dans le monde que nous vivons les derniers moments de notre système économique qui surexploite les ressources de la planète.
Nous sommes de plus en plus nombreux à sentir qu’un effondrement généralisé nous menace.
Et cela génère une peur énorme de l’avenir, qui peut nous amener jusqu’au repli sur soi. Dans
7 Inner relationship focusing est une approche initialement développée par Eugene Gendlin et modifiée ensuite par Ann Weiser Cornell (https://focusingresources.com/). Cette approche visant à explorer et accueillir tous nos ressentis intérieurs est enseignée en France par Pascal Hastir et Coralie Rahms sous le nom d’autoaccompagnement en pleine présence (https://autoaccompagnement.com/). J’utilise ici le terme « Focusing » pour évoquer cette approche. 8 Timespirit (l’air du temps) est une notion inspirée du « Zeitgeist » de la philosophie allemande. Elle englobe les phénomènes invisibles au sein d’un groupe humain (ambiance, atmosphère, émotions généralisées...) qui peuvent être très puissants, d’autant plus qu’ils ne sont pas conscients.
ce contexte émotionnel où notre survie est en jeu, les traités, les règles de bonne conduite, les processus que je qualifie de « linéaires » (voir ci-dessous) sont débordés.
• L’un des présupposés9 du processwork est que l’exclusion d’un des pôles d’une polarité génère automatiquement le renforcement de ce pôle rejeté, mais sous une forme inattendue, puisque sa manifestation directe est réprimée. Un exemple classique de ce mécanisme sur le plan psychologique est la répression sexuelle, qui pourra produire des symptômes physiques ou inciter à des comportements pervers. Toutes les parties exclues se vengent alors en revenant sur le devant de la scène dans les rôles les plus puissants, donc les plus dangereux.
• J’observe également la montée concomitante d’un mouvement dit des « complotistes » ou
« conspirationnistes », qui ne croient plus aucun discours officiel et adhèrent instantanément et massivement à de opinions surgies de nulle part (« fake news ») qu’on pourrait qualifier de saugrenues. C’est selon moi une autre manifestation de ces parties exclues et négligées.
M o n a p p r e n t i s s a g e
Ce que le phénomène Donald Trump m’enseigne, ou plutôt me confirme : les organisations humaines doivent accueillir les êtres humains qui les composent dans toutes leurs dimensions. Si elles cherchent à créer un homme idéal (sous-entendu à notre époque : rationnel, serein, sage, honnête, franc, constant dans ses positions et bien sûr dans ses valeurs…), alors elles produisent, involontairement bien sûr, des tyrans irrationnels, irascibles, énervés, menteurs, hypocrites, inconstants.
Or, nous pouvons nous aussi reconnaître parfois ces émotions en nous, observer de tels comportements chez nous, surtout quand nous ne nous contrôlons plus, quand nous sommes « hors de nous », ou encore dans nos rêves, dans nos fantasmes… A titre personnel, je suis parfois ulcéré par les propos et les décisions de Donald Trump (retrait de l’accord sur le climat, déclarations racistes et sexistes...). Il y a donc de la colère en moi, parfois aussi un sentiment d’impuissance face à ces comportements qui pourraient nous entraîner dans une guerre mondiale (conflit actuel entre USA et Iran).
Nous sommes faits de toutes ces choses-là, que je propose de qualifier de « parties de nous », même si certaines d’entre elles ne peuvent véritablement s’exprimer que dans notre intimité ou par des symptômes physiques non verbalisés. Si nous cherchons à éliminer, à supprimer ces parties, nous les refoulons dans notre inconscient (individuel ou collectif). Comme les personnes d’un groupe humain qui ne se sentent pas reconnues, incluses dans le groupe, elles disparaîtront peut-être un moment, mais pour mieux revenir à la charge, sous des formes les plus surprenantes, voire les plus dérangeantes. Mieux vaut donc les reconnaître, malgré leur mauvais caractère, et même si cela ne nous fait pas plaisir. Cela ne signifie pas leur obéir bien sûr, puisque ce ne sont que des parties de nous et que nous ne sommes pas identifiés à elles.
Dans nos sociétés hautement policées et régulées, les parties de nous socialement inacceptables ont été assez systématiquement refoulées, en tout cas sévèrement dépréciées. Des méthodes
9 Un présupposé est une hypothèse que l’on peut faire et qui n’est pertinente que dans la mesure où elle agit, c’est-à-dire où elle permet d’observer plus en profondeur les processus en œuvre.
permettant de compenser ces refoulements ont alors naturellement vu le jour (théâtre, psychanalyse, psychothérapies comportementale…). Aujourd’hui, une infinité de pratiques ont été développées, visant à faciliter l’expression des émotions et des ressentis physiques refoulés. Personnellement, j’ai découvert que le processwork et le Focusingme permettent d’accueillir toutes ces parties en moi. Ces pratiques m’aident également à accueillir toutes les parties dont ceux qui m’entourent sont constitués.
Q u e l i m p a c t s u r m a p r a t i q u e ?
Mon présupposé actuel est que nous avons besoin, pour vivre pleinement avec nous-mêmes, avec d’autres êtres humains et avec la nature, de processus linéaires (ordres du jour, objectifs, compte-rendus, chartes, contrats, traités…) et de processus non linéaires (chaotiques, confus, sans objectifs et sans résultats attendus). Les premiers processus (que je qualifie de linéaires10 car ils sont conçus pour se dérouler par étapes successives, dans des conditions précises et le plus souvent écrites) sont indispensables pour prendre des décisions collectives, pour se définir des objectifs communs, pour les réaliser, pour réguler la plupart de nos conflits. Ils ne cessent d’évoluer, de se perfectionner pour inclure les avis les plus divers. C’est ainsi que se développent aujourd’hui des méthodes de gouvernance par consensus, inspirées de la sociocratie11 et de la communication non violente12 . Les techniques de médiation fleurissent dans de nombreux domaines (famille, entreprises, relations entre citoyens et administrations). Ces processus définissent également ce qui est autorisé, ou « bon » par opposition à ce qui est interdit ou « pas souhaitable ».
En polarité avec ces processus structurés et normés, on trouve les processus non linéaires, qui n’ont pas de séquence programmée, n’espèrent aucun résultat concret, n’ont pas d’objectifs préalables, sont pratiquement irracontables et sont le plus souvent chaotiques et confus. L’autre caractéristique qui les différencie des processus linéaires est l’absence de jugement sur ce qui est bon ou mauvais. Tout ce qui vient pendant le processus est accueilli. Une seule limite est néanmoins posée : ne pas se faire mal à soi-même et ne pas faire mal aux autres.
L’expérience (mon expérience bien sûr mais aussi celle de nombreux processworkers et de Focuseurs) montre qu’il est salutaire de faire l’expérience de ces processus chaotiques, confus et inconfortables, de les traverser sans savoir a priori ce qui va en sortir. Car quelque chose peut alors se produire, quelque chose que les processus linéaires bloquent le plus souvent. Ce quelque chose agit ensuite, sans nécessairement passer par la conscience. Le processwork et le Focusing , en particulier, offrent des cadres sécurisés à ces processus non linéaires. Les facilitateurs (ou « compagnons » pour le Focusing) créent en effet le cadre spatial et temporel et sont fondamentalement respectueux de ce qui est en train de se passer. C’est ce qui offre à toutes ces
10 C’est Maurice Brasher qui m’a fait découvrir cette polarité entre processus linéaires et processus non linéaires, inspirée de la physique quantique et qui a initié ma réflexion sur ce sujet. 11 La sociocratie est un mode de gouvernance partagée qui permet à une organisation, quelle que soit sa taille — d'une famille à un pays — , de fonctionner efficacement selon un mode auto-organisé caractérisé par des prises de décision distribuées sur l'ensemble de la structure. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Sociocratie) 12 La Communication non violente (CNV) est un processus de communication élaboré par Marshall B. Rosenberg dans les années 1970, basé sur l'empathie, l'authenticité et la responsabilité. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Communication_non_violente)
parties de nous la sécurité nécessaire, pour qu’elles puissent s’exprimer et vivre ce qu’elles ont à vivre, si elles le souhaitent.
D ’ o ù v i e n s-j e , o ù v a i s-j e ?
Ce constat sur le besoin actuel de processus non linéaires est d’abord le fruit d’une expérience personnelle de coach et de facilitateur, intervenant dans différents espaces :
• L’espace intérieur (accompagnement individuel)
• L’espace du groupe (accompagnement des organisations)
• L’espace de la cité, l’espace politique (accompagnement des collectivités humaines)
Concrètement, j’interviens surtout dans les deux premiers espaces. J’accompagne ainsi les personnes, les organisations et les groupes à l’aide d’outils de coaching puissants basés sur des processus linéaires. Quand ces outils trouvent leurs limites, quand ça bloque, je mets en œuvre des processus non linéaires en utilisant le processwork et/ou le Focusing . Ces moments souvent chaotiques et confus une fois traversés, j’accompagne alors les personnes, organisations et groupes dans l’intégration de ces nouvelles informations souvent surprenantes, inattendues, percutantes, puis dans leurs prises de décision à l’aide des outils de coaching.
Depuis plusieurs années, je cherche cependant à développer mon activité dans le 3e espace, l’espace politique (au sens large), avec un succès limité jusqu’à présent, je dois le dire. Mes associés et moi avons ainsi proposé en vain notre approche à tous les préfets de France, forts de l’expérience concluante de trois réunions publiques (« Open Forums13 ») organisées en 2014. Nous avons également proposé notre approche à la Solar Impulse Foundation, dans le cadre des 1 000 solutions pour le climat, là encore sans succès. Une dizaine d’Open Forums ont cependant pu être organisés en France depuis cinq ans. Ils ont permis en particulier de débloquer des projets d’infrastructure (usines de méthanisation notamment) qui risquaient de ne jamais voir le jour (voir à ce sujet le site https://www.openforumandco.org/).
Mon apprentissage lié au phénomène Donald Trump me fait penser aujourd’hui que la situation est en train de changer et que l’approche non linéaire est à la fois de plus en plus nécessaire et de mieux en mieux perçue. L’ouverture actuelle vers des formes plus participatives de la démocratie en est un signe.
C’est ainsi que j’ai organisé récemment, dans le cadre du grand débat national, un débat public local sur la transition écologique qui a suscité beaucoup d’intérêt. J’ai également contribué personnellement au grand débat national en répondant aux questions relatives à la transition écologique (voir l’encadré ci-dessous).
13 Les Open Forums sont ouverts à toutes les personnes intéressées par un projet, par un thème. Ils peuvent réunir parfois plusieurs centaines de personnes et nécessitent alors l’intervention d’une équipe de facilitateurs expérimentés. Voir https://www.openforumandco.org/.
➢ Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème (du
changement climatique) ?
Nous devons réfléchir collectivement à ce défi majeur pour l'humanité. Cela peut se faire à l'occasion de débats locaux, puis régionaux, nationaux et finalement internationaux qui réuniraient des citoyens volontaires et d'autres tirés au sort, ainsi que des responsables politiques. Ces débats seraient organisés sous la forme de Forums ouverts (OpenForums) pour permettre à chacun de s'exprimer et de débattre, au plan intellectuel, émotionnel et même corporel (par sa position dans l'espace et les mouvements). Dans la plupart des pays, des facilitateurs sont déjà formés à ces techniques (voir : https://www.openforumandco.org/) et pourraient animer ces débats. Ces débats permettront de dépasser les peurs, les résistances aux changements, les sentiments d'impuissance et de désespoir que l'ampleur de la tâche génère. Ils permettront de trouver l'énergie et de saisir l'opportunité qui nous est donnée (grâce à cette crise) de créer un monde plus juste et plus respectueux de toutes les formes de vie.
➢ Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière
d'environnement au niveau européen et international ?
Prolonger le grand débat national en organisant des débats locaux systématiques à l'échelle concernée pour tous les projets d'infrastructures et les projets qui impactent l'environnement. Ces débats doivent aller au-delà des consultations organisées aujourd'hui par la CNDP14 (souvent pour la forme malheureusement). Ils doivent être vraiment ouverts et sans censure émotionnelle. Les décisions prises ensuite doivent intégrer toutes les informations qui ont émergé lors de ces débats, même celles provenant de groupes minoritaires. C'est à la France de montrer l'exemple d'une véritable démocratie participative qui complète et par là renouvelle le modèle de la démocratie représentative, que la France a contribué à créer.
Je ne sais pas si j’ai été entendu, mais la création de la Convention citoyenne pour le Climat me semble répondre en partie à ma suggestion et je souhaite donc leur proposer l’approche « processwork » pour faciliter les débats avec les 150 Français tirés au sort et représentant la société française dans toute sa diversité.
Retour vers l’intérieur
Le « travail » sur Donald Trump et consorts m’a conforté dans mon présupposé sur la complémentarité entre processus linéaires et processus non linéaires. Je ne suis plus « happé » par les nouvelles venant de ces personnages. Je peux contribuer (à mon niveau) à essayer de
14 CNDP : Commission nationale du débat public : son rôle est de faire respecter et d’assurer la correcte mise en place des procédures de démocratie participative prévues par la loi ou promues de manière volontaire par les pouvoirs publics. Ces procédures servent à faire exprimer les citoyens sur les projets et les politiques publiques à fort impact socio-économique et environnemental et à permettre aux décideurs d’être éclairés par les contributions et par l’expression du grand public.
neutraliser leurs décisions néfastes sans pour autant dépenser une énergie inutile (émotionnellement en particulier) dans ce combat.
C’est ainsi que j’ai décidé d’œuvrer encore plus pour la démocratie profonde (DeepDemocracy) en organisant des Openforumssur tous les sujets politiques « chauds », sans tabous ni censure. Je crois que c’est la meilleure façon d’accueillir toutes les émotions, tous les ressentis sur ces sujets et d’éviter ainsi qu’ils ne cherchent à se venger en prenant le pouvoir par l’entremise de quelques nouveaux tyrans.
Je suis également plus clair sur mon champ d’action, là où je peux être utile. Je peux concentrer mes efforts sur ce champ. J’observe que chaque personne, chaque groupe a son rythme, ses phases, et qu’il est plus important de les suivre que de les précéder. Cela s’applique à notre société française toute entière, qui se libère peu à peu du cartésianisme et qui s’ouvre peu à peu, à son rythme, à la non linéarité.
J’invite donc tous les citoyens, acteurs plus ou moins passifs de la vie publique, à demander, voire à susciter des débats ouverts sur les sujets qui les préoccupent. C’est essentiel pour faire évoluer nos démocraties confrontées à des enjeux extrêmement complexes et inquiétants. Le processwork est l’un des outils qui pourrait sécuriser ces débats et permettre d’aboutir ensuite à des consensus, ou bien à des désaccords de bonne qualité.