Noël dans les yeux de Joseph • Raphaël CHARRIER

R APHAËL CHARRIER

NOË L DANS LES YEUX DE

JOSEPH Vivez la naissance de Jésus avec son père adoptif

Noël dans les yeux de Joseph R APHAËL CHARRIER

R APHAËL CHARRIER

NOË L DANS LES YEUX DE

JOSEPH Vivez la naissance de Jésus avec son père adoptif

Les éditeurs remercient chaleureusement Viviane, Édith, Myriam et Claudine pour leur contribution à cet ouvrage.

Noël dans les yeux de Joseph : Vivez la naissance de Jésus avec son père adoptif • Raphaël Charrier © 2023 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge, 59164 Marpent, France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Couverture et mise en page : NouvelleCreation Illustration de couverture : Freepik Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21. Texte copyright © 2007 Société biblique de Genève. Avec permission. Reproduit avec aimable autorisation.

Tous droits réservés.

Impression n° XXXXX • Evoluprint, 10 rue du Parc, 31151 Fenouillet, France ISBN 978-2-36249-836-7 ISBN 978-2-36249-837-4

broché numérique

Dépôt légal 3e trimestre 2023

TABLE DES MATIÈRES

Introduction / 9 Ô Marie, si tu savais, tout le mal que tu me fais / 17 Pourquoi moi ? / 27

Plus rien ne m’étonne, jusqu’ici tout va bien / 33 Mission impossible / 37

Mon incrédulité encore une fois percée à jour / 41 Une odeur de fromage dans la nuit / 45 Une odeur de mages dans la nuit / 51 Jésus est venu pour nous sauver / 57 Récit de la nativité / 61 Remerciements / 65

Pour Abigaël et Samuel. Être votre père me fait comprendre chaque jour un peu plus l’étendue de l’amour du Père qui a envoyé son Fils pour nous.

Introduction

Tout est parti d’une idée…

Et si Joseph nous racontait, dans les mots d’aujourd’hui, comment il a vécu la naissance de Jésus ? Être fiancé à une jeune femme vierge enceinte par l’action du Saint-Esprit, recevoir la visite d’un ange, devenir le père adoptif du Fils de Dieu et du Sauveur du monde : cela n’arrive pas tous les jours !

Or, Joseph était un simple homme, comme nous.

Il n’était ni un saint, ni un super-héros.

Comment auriez-vous réagi à sa place ?

Comment a-t-il, quant à lui, appris le chemin de la confiance en Dieu et de l’obéissance ?

En me basant sur les récits bibliques, je me suis donné pour mission de me glisser dans la peau de ce témoin clé mais discret des évènements qui ont bouleversé l’Histoire.

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J’ai délivré mon récit à l’oral une première fois.

Aujourd’hui, je vous le partage par écrit. Êtes-vous prêts à vivre Noël différemment ? Cette année, mettez-vous dans les sandales de Joseph.

Ma prière, c’est que vous sortiez de cette expérience atypique avec la confiance renouvelée que les voies de Dieu sont parfois surprenantes, mais qu’elles sont toujours bonnes.

Joyeux Noël !

Raphaël Charrier.

D

e moi, l’Histoire ne retiendra pas grand-chose.

Je suis quelqu’un de plutôt discret. Je suis plus à l’aise dans mon atelier, à travailler le bois qu’à écrire.

Mais ce que je m’apprête à vous révéler mérite que je fasse l’effort.

Je veux vous raconter comment moi, Monsieur Tout-le-monde, j’ai été bouleversé par des événements extraordinaires qui ont le pouvoir de transformer votre vie.

Je m’appelle Joseph, un nom banal qui cache une origine complexe. Je suis le descendant direct du roi David. Sa postérité est peu glorieuse…

Au jeu des sept familles, personne ne manque à l’appel : le meurtrier, le traître, l’étrangère, le débauché, la prostituée, l’infidèle, le manipulateur.

Notre héritage royal n’est pas glorieux, non plus.

Il est fait de choix qui ont conduit notre peuple à la désobéissance, loin de Dieu et vers sa chute.

Depuis des siècles, nous déclinons sous les dominations étrangères. On dirait que tous les grands Empires se sont donné le mot pour faire de nous leur paillasson, pour piétiner nos espoirs et notre dignité.

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Noël dans les yeux de Joseph

Aujourd’hui, nous ne sommes même plus une nation. Nous n’avons plus de frontières, plus d’indépendance, plus de trône… À quoi ça sert d’être issu de la lignée royale d’un peuple divisé, dispersé et dominé ?

On choisit ses amis, pas sa famille. C’est mon cas.

Dieu, en revanche, nous a choisis puis l’a regretté.

Je ne vois pas d’autre explication.

Il y a bien longtemps, il nous a fait des promesses extraordinaires. Mais je crois qu’il nous a oubliés.

Pour lui, un jour est comme mille ans, et ça fait quatre siècles qu’il nous ignore. Que faut-il en conclure ?

J’affermirai ta descendance pour toujours et j’établirai ton trône pour l’éternité.

Psaumes 89.5

Tu parles ! Nous sommes un peuple sans roi, sans Dieu et sans liberté. Moi, pour éviter d’être déçu, j’avais donc décidé de ne m’attendre à rien et de me concentrer sur mon futur: Marie.

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Ô Marie, si tu savais, tout le mal que tu me fais

Je suis né à Bethléem, au sud-est de Jérusalem.

Mais plus jeune, je me suis installé dans le nord de la Galilée, dans un village que vous ne connaissez probablement pas, Nazareth. Des ruelles étroites et sinueuses de cette bourgade tranquille se dégage une atmosphère apaisante, loin de l’agitation des grandes cités. C’est ici qu’il y a quelques années, j’ai rencontré Marie (qui va bientôt devenir ma Marie).

C’est un beau petit village, plutôt agréable. J’habite la rue des Artisans, un passage animé où résonnent les marteaux et les scies, à deux cents mètres de la synagogue. Ce serait un petit coin d’Éden si nous ne vivions pas sous les menaces quotidiennes des soldats romains (maudits soient-ils !). Ils aiment le pouvoir qu’ils ont sur notre terre. Sans leurs taxes, 19

Noël dans les yeux de Joseph

ma petite entreprise ne connaîtrait pas la crise.

Malgré ces contraintes, je travaille dur pour offrir à Marie une maison digne de ce nom.

Mais un jour, ma vie a basculé. J’étais sur un chantier en bord de village. Il faisait beau, c’était une matinée parfaite pour mon ouvrage. Je m’étais arrêté pour boire et Marie s’approchait au loin.

Comme d’habitude, quand je la vois, je suis heureux. Il y a quelques mois, je l’ai demandée en mariage à ses parents et ils ont dit « oui » ! Je suis l’homme le plus béni de la région. Marie, c’est mon rayon de soleil.

Mais ce jour-là, une ombre planait sur son visage.

En apercevant sa mine préoccupée, je me suis dit qu’elle venait probablement me parler, encore une fois, de l’organisation du mariage. Ça a tendance à la mettre sous pression. On ne s’est toujours pas décidés sur le choix du vin. À Cana, il est pas mal, mais surcoté. Et puis, il faut choisir le verset pour le papyrus d’invitation. Quelle galère, ces préparatifs !

La onzième plaie d’Égypte. Vivement que l’on passe à autre chose. ȣ Joseph, descends du toit s’il te plaît, il faut qu’on parle, m’a-t-elle dit.

Elle a immédiatement baissé les yeux. J’ai vu qu’elle n’était pas bien, mais sa visite ne tombait pas au bon moment. J’avais du retard et le temps, c’est de l’argent.

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Ô Marie, si tu savais, tout le mal que tu me fais

Si ça continuait comme ça, on allait devoir vivre dans une étable. Comble pour un charpentier ! En même temps, je ne voulais pas être la risée du village. ȣ Écoute, Marie, il faut vraiment que je finisse rapidement, le temps va tourner à l’orage… On pourrait parler du mariage un peu plus tard, non ? Tu n’as qu’à laisser ta mère choisir le verset et ton père, le vin. De toute façon, c’est comme ça que ça finira, sinon ils vont nous faire une grossesse nerveuse. Et puis pour l’invitation de ta cousine, on n’a qu’à dire que… ȣ Ce n’est pas de ça que je veux te parler, Joseph, m’a-t-elle coupé. Descends, s’il te plaît ! ȣ Marie, dis-moi ça d’en bas, comme ça, je gagne du temps. Je dois finir avant qu’il pleuve.

Ses yeux étaient plus chargés d’eau que les nuages. ȣ Joseph, il faut vraiment que tu descendes. S’il te plaît. Ça avait l’air très sérieux, tout ça. Marie ne pleure pas pour un rien. J’ai glissé le long de l’échelle et nous nous sommes assis tous les deux à l’ombre, sous le figuier de la cour. Le silence s’est installé, je n’osais pas le briser. De grosses gouttes tombaient çà et là, sur les énormes feuilles de l’arbre. ȣ Joseph… m’a-t-elle dit, la voix pleine de larmes.

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Noël dans les yeux de Joseph

Elle s’est arrêtée et a sangloté. J’ai senti qu’elle allait accoucher d’une sacrée nouvelle. Un mauvais pressentiment grandissait en moi. Puis, elle a murmuré quelque chose d’incompréhensible. ȣ Tu peux répéter s’il te plaît ? ȣ Joseph… je suis enceinte ! a-t-elle lâché. ȣ Haha, très drôle ! ai-je dit, incrédule.

Il commençait à pleuvoir des cordes. ȣ Je ne plaisante pas Joseph, je suis enceinte.

Mes oreilles se sont mises à bourdonner, un étau comprimait mon thorax. Je n’ai pas entendu la suite.

Un gouffre venait de s’ouvrir sous mes pieds et de m’engloutir tout entier. Mon cœur et mes rêves venaient d’être brisés. Comment avait-elle pu me faire ça ?

Les quelques personnes encore à l’extérieur se réfugiaient à l’abri des maisons. Nous étions les seuls dehors, désormais.

Dans mon esprit, les conséquences de ses paroles défilaient plus violemment que l’orage qui venait d’éclater : avec qui m’avait-elle trahi ? Comment avait-elle pu ? Qu’allaient dire nos parents ? Qu’allaient dire le village et les anciens de la synagogue ? Marie allait se faire lapider ou boire les eaux amères. Et moi, 22

Ô Marie, si tu savais, tout le mal que tu me fais

je serai déshonoré à jamais. Et Dieu, quelle punition allait-il nous infliger ? Pourquoi s’acharnait-il ainsi sur moi ?

Marie continuait de parler, mais j’étais déjà bien loin, perdu dans des ténèbres intérieures. Comment avait-elle pu me faire une chose pareille ? Elle qui disait m’aimer piétinait mon cœur. Comment avais-je pu me tromper à ce point sur son compte ?

De grosses gouttes glacées tombaient des feuilles et nous étions trempés. ȣ Joseph, Joseph, tu m’écoutes ? Je ne t’ai pas trompé, m’a-t-elle dit. Je te le promets devant l’Éternel. ȣ Quoi ? Mais qu’est-ce que…

Mais quel idiot ! Bien sûr qu’elle ne m’avait pas trahi ! Comment avais-je pu penser ça d’elle ?

Marie, c’est une fille bien. Jamais elle ne serait allée voir un autre homme, jamais elle n’aurait osé. Mais, mais alors… Je n’osais pas la regarder de peur de tomber dans les pommes. J’ai bondi et réajusté ma ceinture de travail. ȣ Marie, qui est l’homme qui t’a fait violence ? Dis-le moi vite !

Ma main avait déjà empoigné mon marteau et mes phalanges commençaient à blanchir. La rage m’envahissait. Je devais être fort. Ce que David avait fait à 23

Noël dans les yeux de Joseph

Goliath était un câlin comparé à ce qu’allait subir le lâche qui lui avait fait ça. Que ce soit un Romain n’y changerait rien. De toute façon, notre mariage était fichu. Je n’avais plus rien à perdre. ȣ Joseph, écoute-moi…

Elle s’est levée et a pris mon visage entre ses mains.

Je tentais de m’en dégager. ȣ Joseph, regarde-moi, s’il te plaît, a-t-elle insisté.

Les larmes coulaient toujours sur ses joues. En levant les yeux, j’ai vu quelque chose qui me troublait encore un peu plus. Son regard. J’y percevais d’autres émotions que la peur ou la honte : la paix, et même la joie... Je crois même que je ne l’avais jamais vue aussi paisible. Ça y est, on l’a perdue, la Marie, me suis-je dit. Et je n’allais pas tarder à la rejoindre si elle continuait à jouer avec mes nerfs.

Alors que je prenais mon inspiration pour lui redemander qui l’avait violée, elle m’a pris de court. ȣ Joseph, le bébé que je porte en moi, eh bien… c’est Dieu qui me l’a donné.

Je n’en pouvais plus, elle allait me rendre dingue à jouer comme ça avec moi.

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Ô Marie, si tu savais, tout le mal que tu me fais

ȣ Mais tu es devenue complètement folle ! Ô Marie, si tu savais, tout le mal que… ȣ Joseph, tais-toi et écoute !

Elle a continué en me racontant qu’un ange lui avait rendu visite, la veille au matin, quand elle allait puiser de l’eau. ȣ L’ange m’a dit : « N’aie pas peur, Marie, car Dieu t’a accordé sa faveur. Voici : bientôt tu seras enceinte et tu mettras au monde un fils ; tu le nommeras Jésus. Il sera grand. Il sera appelé “Fils du TrèsHaut”, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre. Il régnera éternellement sur le peuple issu de Jacob, et son règne n’aura pas de fin » (Luc 1.30-33).

J’ai posé la paume de ma main sur son front. Elle a fait un mouvement de recul. ȣ Que fais-tu ? ȣ Je vérifie, je crois que tu as de la fièvre. ȣ Ce n’est pas drôle, Joseph ! ȣ Marie, tu réalises ce que tu me dis ? lui ai-je répondu, en levant les bras au ciel. Tu te rends compte que ce que tu me dis n’a aucun sens ? Si tu veux m’expliquer qu’en fait tu n’es pas vierge, il y a d’autres moyens.

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